samedi 29 août 2020

APPEL À TÉMOINS (Sinclair Dumontais)

YSENGRIMUS — Sinclair Dumontais nous fait entrer dans le tout nouveau mystère dont il est le découvreur et l’instigateur. Il s’agit cette fois-ci de la situation insolite et inattendue de son vieil ami Bertrand Vimont. Bertrand et Sinclair sont deux hardis compagnons de cabarets qui se côtoient depuis des années. Un jour, Bertrand s’absente et il laisse une lettre à Sinclair. Sinclair la lit et est un peu abasourdi par son contenu. Bertrand y apparaît sous un angle distinct, vif, inattendu, romanesque, presque passionnant. C’est parfaitement incongru et l’un dans l’autre assez peu crédible. Un peu par hasard, puis plus méthodiquement, Sinclair découvre que Bertrand a écrit ainsi une lettre à un peu tout son petit monde: son épouse, sa fille, un collègue de travail, son employeur, un autre pilier de cabaret comme lui, son père, sa mère, un de ses anciens enseignants de fac et j’en passe. Ces lettres ont en commun une information capitale. Bertrand annonce à son correspondant ou sa correspondante du moment qu’il s’en va, qu’il disparaît corps et âme, qu’il se tire, pour toujours et irréversiblement. Et c’est ici que l’anicroche s’installe. Bertrand aurait pu photocopier ou recopier la même lettre, pour chaque individu auquel il s’adresse. Il n’en fait rien. Non seulement chaque lettre est personnalisée et originale mais elle donne de l’escapade irréversible de Bertrand une version radicalement différente à tous les coups et ce, avec des écarts de caractéristiques qui font qu’au final les différentes versions ne sont tout simplement pas compatibles entre elles. C’est donc en confrontant et comparant ses multiples missives d’adieu qu’on découvre ce que Bertrand est vraiment: un mythomane sériel, un menteur pathologique multidirectionnel. Et je m’empresse d’ajouter: peut-être. Car fondamentalement, on n’en sait fichtre rien. Une de ces lettres est peut-être la vraie et les autres lui servent de maquis, de planque, de camouflage, de colonne d’enfumage. Ou alors, tous ces exposés prospectifs circonstanciés sont peut-être les pièces torves et éparses d’un immense montage inextricablement turlupiné dont les déterminations fondamentales, unitaires et programmatiques, nous échappent encore… nous échapperont toujours, peut-être. Au fil des lettres, on développe le sentiment chicoté et amer que Bertrand ajuste finement son déploiement épistolaire à la personne qui est le destinataire exclusif de la lettre du moment. En apparence, au premier degré, il semble que ces documents n’étaient absolument pas faits pour êtres comparés. On y sent que, par segments soigneusement modularisés, en isolat, au cas par cas, à chaque personne avec laquelle il communique, Bertrand livre ce que cette personne attend, appréhende, retient, imagine ou espère de lui. Chaque missive est une sorte de soliloque d’isoloir en somme, ou encore une confession méticuleusement ajustée. L’exercice transversal de Sinclair Dumontais est alors de réunir les lettres en un paradigme lourd d’apories mais fatalement révélateur de quelque chose de plus profond, de plus fouillé, de moins intime, de plus foireux aussi. En faisant ce travail de colligation, il est clair et net que Sinclair trahit Bertrand (du moins une certaine version de Bertrand). Sinclair Dumontais démolit le petit montage sectoriel de Bertrand Vimont et en met à jour les ressorts. Et Sinclair Dumontais va plus loin. Il sent que le Lecteur, le grand lecteur collectif que nous sommes tous, peut apporter l’élément qui manque à la sidérante démarche narrative (dont la vériconditionnalité devient progressivement problématique) de Bertrand Vimont. Sinclair réunit donc ces lettres et, sans vergogne, il les publie, avec un petit appareil critique. Le court roman Appel à témoins est donc une menue brassée épistolaire qu’on nous donne à lire, dans un désordre apparent ou, mieux, un ordre non révélé. Les réactions épistolaires à ces aveux sincères ou toc n’existent pas (l’émetteur des lettres initiales étant parti sans laisser d’adresse aux récipiendaires, il n’attend pas le retour du courrier). On ne nous livre donc pas de réponses à ces lettres. Il n’y a pas d’échange, pas de correspondance. On peut suggérer que Sinclair Dumontais vient d’inventer ou de réinventer le roman épistolaire unilatéral. On se retrouve au bout du compte avec une série disparate mais vive de bilans de vie (gorgés parfois de singulières et passionnantes élaborations philosophiques). On écarquille les yeux devant l’ultime lettre à une épouse, à une fille, à un père, à une mère, à une amoureuse secrète. Dix, douze, quinze vies s’étalent devant nous. Une seule de ces lettres serait poignante dans sa singularité, sa radicalité et son ardeur. Leur accumulation fait furieusement froncer les sourcils. Qu’est-ce que c’est que ce truc? Qui est Bertrand Vimont? Et, osons-le mot, qui suis-je? Il y a, dans tout ceci, une sorte de dialectique implacable. Plus Bertrand Vimont se démarque dans la fuite, plus il semble se justifier, se corréler, se soumettre, se donner dans la narration. Il nous livre le virevoltant baratineur qui sommeille en chacun de nous, du simple fait de vivre dans ce monde ordinaire qui ne nous permet jamais de réaliser ou de révoquer les rêves de ceux et celles qu’on estime ou dont on se sent les obligés… Voici un singulier roman-mitraille, fugitif mais fulgurant, qui reste avec nous, et dont on sent tinter la rhapsodie éclectico-méthodique comme autant de redites scintillantes de ce qui aurait aléatoirement pu advenir de nous. . . . Sinclair Dumontais, Appel à témjoins, Montréal, ÉLP éditeur, 2018, formats ePub ou Mobi. . . .
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Figures de style 5

ALLAN ERWAN BERGER — Dernier épisode des cornichons du jeudi. Nous en finissons avec les figures de style. Comme elles sont douteuses, compliquées, tétrapiloctomesques, rares et biscornues, on leur a donné des noms grecs pour faire plus sérieux. Quelques-unes sont utiles. Prolepse�: C’est prévenir une objection. C’est aussi déplacer un mot, ou un groupe de mots, pour lui donner du relief. Vous me direz que j’exagère ; mais c’est que vous ne l’avez pas vu ! Car, ce cornichon, s’il n’avait été seul dans son bocal, n’y aurait point tenu. Pronomination : Périphrase qui se réduit à exprimer son sujet non pas en le décrivant exhaustivement, mais en faisant ressortir son trait le plus reconnaissable, le plus reconnu. Ami du blanc vynaigre et des oignons grelots, Il dort, verd sous-marin, au pays des bocaux. Prosopopée : À votre santé. Je ne puis causer, mais voilà : on me fait causer. Moi, cornichon mirifique, issu du croisement d’une citrouille et d’un concombre d’ânes, je te le dis en vérité : si tu me manges, tu auras des ennuis gastriques, des rots, et de traîtres flatulences. Passe ton chemin ! La suspension ménage, qui l’eût cru, du suspense. On attend de connaître le fin mot de l’affaire… Et il ne vient pas.: bbb Pierre Bézoukhov n’aurait jamais cru cela possible. Ce qui le fixait, de l’autre côté de la paroi de verre, n’aurait jamais du exister. « Natacha, Natacha, est-ce toi ? Â» cria-t-il désemparé à son reflet ; mais ni le reflet ni la chose dans le conteneur ne répondirent. « Belle pièce, n’est-ce pas ? Â» Dans son dos, le jeune prince Kuragin s’était rapproché, et contemplait d’un air amusé ce qui flottait derrière la vitre. ― Anatole Vassilievitch… ― Oui mon cher ? Â» Mais Pierre ne sut comment poursuivre. Le dégoût que lui inspirait ce dandy sans foi ni conscience lui ôtait en même temps tous ses moyens. Il resta muet, se détourna, fixa l’aquarium et ce qu’il contenait. Comment Dieu avait-il pu autoriser la survie d’une telle créature ? « Vous ne voulez pas savoir ce qui est arrivé ? Â» demanda le prince Anatole. Pierre le regarda, hagard. « Cette teinte verte… Vous… Pourquoi souriez-vous ? ― Qu’est-ce qui vous a fait dire que c’était Natacha ? Â» Mais à ce moment-là, l’opercule intérieur du sas s’ouvrit. Un technicien apparut, en masque et combinaison. « C’est l’heure, messieurs. Les visites sont terminées Â». Syllepse : Redoutable ! La syllepse stylistique associe, au mot sur lequel on l’applique, non seulement le sens premier, obvie, mais aussi un autre sens, facile à deviner. Très utilisé, bien entendu, pour les grivoiseries. Oh, mais, quel beau cornichon ! Et comme il semble ferme ! Et ses petits grelots, comme ils sont chou ! Synchise : Synchise n’était pas le beau-frère d’Anchise. Cette chose embrouille tout d’une phrase, y rajoute des parenthèses, les poivre de digressions assommantes, de questions stupides, afin que le lecteur se retrouve perdu dans les broussailles. Peut-on, je vous le demande, d’un cornichon (c’est à dire de ce qu’il est habituellement convenu de nommer comme tel, parce que là, tout de même, j’ai un doute – ne s’agirait-il pas plutôt d’une espèce de pastèque granuleuse avec des poils ?), envisager, donc, qu’un seul spécimen remplisse, je ne dis pas un verre à dents – ce qui ne serait déjà pas si mal â€“ mais un bocal tout entier ? Tautologie : Une tautologie est toujours vraie. Elle énonce même une évidence tellement stupide qu’elle noue dérobe à la vue, l’air de rien, le mensonge qu’elle suggère pourtant. Car une tautologie manipule ; elle donne à croire. D’un bocal où flotte un unique cornichon bien gros : Tout cornichon de ce bocal est garanti géant ! Traductio : Répétition d’un même mot, mais sous des formes ou des modes différents. Niché dans un bocal nichant au buffet, voici un beau concombre. Truisme : C’est une lapalissade. On énonce une évidence comme si c’était une découverte. Ouah, une porte ouverte ! Vite, enfonçons-la ! Un gros cornichon prend beaucoup de place, tandis qu’un petit n’en prend pas. Il en va de même avec les oignons, les saucisses, et jusqu’aux estomacs. Zeugma : Qui attelle un bÅ“uf avec un âne cherche les ennuis, ou veut prendre une photo. C’est pourtant ce que tout écrivain aime à faire de temps à autre. C’est évidemment pittoresque, riche de sens, mais alors : quand c’est raté, c’est terriblement raté ! Surtout lorsqu’il n’y a pas d’accord… Voici un exemple, bien hideux comme il se doit : C’était un grand bocal rempli de petits oignons et d’une énorme promesse verte ; ceux-ci me dégoûtaient, mais celle-là, ah seigneur, certainement pas ! Et c’est fini, terminé, abouti, rincé. Le bocal est vide.
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Augmentation du nombre de décès dus au coronavirus dans les maisons de retraite au Canada

Par Penny Smith 10 avril 2020 Dans tout le Canada, les établissements de soins pour personnes âgées sont dévastés par la propagation mortelle de COVID-19. Plus de 600 maisons de retraite et de soins infirmiers dans tout le pays ont signalé un nombre croissant d’infections et de décès, le Québec et l’Ontario dans le centre du Canada et la province de la côte ouest de la Colombie-Britannique étant les plus touchés. L’échec abject de tous les niveaux de gouvernement à se préparer à cette pandémie virale prévisible et prévue, leur incompétence criminelle dans la lutte contre le virus et les ravages causés depuis des décennies au système de santé publique ont rendu les établissements de soins particulièrement vulnérables à la COVID-19 et permis au virus de se propager comme un feu de forêt. Il faut ajouter à cela le fait que de larges pans des soins aux personnes âgées ont été privatisés, ce qui a entraîné une course vers le bas en matière de conditions de travail et la gestion des établissements avec des budgets serrés afin d’augmenter les profits des entreprises. En Ontario, au moins 40 résidents de foyers pour personnes âgées sont morts de la COVID-19, et près de 80 foyers pour personnes âgées dans toute la province ont signalé des infections. À la maison de retraite Seven Oaks de Toronto, huit résidents sont décédés et 69 résidents et membres du personnel ont été répertoriés comme des cas présumés de coronavirus. À la maison de retraite Pinecrest à Bobcaygeon, quatorze résidents ont péri. «C’est une zone de guerre. Je n’ai jamais rien vu de tel en toutes mes années de soins infirmiers», a déclaré Sarah Gardiner, infirmière à Pinecrest, aux médias locaux. «Ils sont si effrayés … et je n’ai rien pour les rassurer.» Le Lynn Valley Care Centre de North Vancouver, en Colombie-Britannique – foyer de l’épidémie initiale dans la province – a enregistré 51 résidents infectés, 26 membres du personnel infectés et 15 décès. À ce jour, au moins 21 maisons de retraite de Colombie-Britannique, situées principalement dans la région métropolitaine de Vancouver, ont signalé des cas. Au total, la province a enregistré 39 décès liés à la COVID-19, dont la grande majorité est survenue dans des maisons de soins pour personnes âgées. La situation est encore pire au Québec, où, à la semaine dernière, près d’un quart des quelque 2.200 foyers pour personnes âgées et établissements de soins de longue durée de la province avaient signalé au moins une infection. Le taux de mortalité chez les personnes âgées dû à la COVID-19 est estimé à environ 15%, ce qui est beaucoup plus élevé que dans la population générale. La vulnérabilité à la maladie et les problèmes de santé existants, en plus des conditions de vie en communauté et de l’exposition à une main-d’œuvre itinérante, les rendent particulièrement vulnérables à la propagation du virus mortel. Les travailleurs sociaux sont également extrêmement vulnérables, même s’ils sont considérés comme faisant partie du groupe d’âge des jeunes en bonne santé. En raison des bas salaires et des conditions de travail précaires, ils sont souvent obligés de travailler dans plusieurs maisons de soins, ce qui augmente la probabilité de propagation de la maladie. En outre, le manque d’équipements de protection individuelle (EPI), notamment de masques et de gants, est encore plus prononcé dans le secteur des soins que dans les hôpitaux, où les équipements de protection individuelle sont déjà sévèrement rationnés. Le personnel soignant est donc plus susceptible d’être infecté et a autant de mal à se faire dépister et traiter que les autres catégories de travailleurs. Dans des conditions horribles, semblables à celles d’une prison, où une épidémie mortelle a placé de nombreuses personnes âgées sous des ordres de quarantaine stricts, les résidents confus et effrayés sont contraints de s’isoler indéfiniment sans contact avec leurs amis et leur famille. Des restrictions draconiennes en matière de dépistage les empêchent de savoir qui est ou n’est pas infecté, y compris eux-mêmes. Dans de nombreux cas, les responsables des établissements n’ont pas informé les membres de la famille et les résidents de la présence du virus. Les terrifiantes épidémies virales sont aggravées par le manque de prestataires de soins pour répondre aux besoins quotidiens de base des personnes âgées dans les maisons de retraite, comme se nourrir et se laver: l’issue tragique de décennies de réduction des salaires et des services, et de la privatisation du système de santé publique. Les absences des travailleurs pour cause de maladie et la crainte d’une infection due à des conditions de travail dangereuses n’ont fait qu’aggraver le manque de personnel. L’annonce par le premier ministre de droite de l’Ontario, Doug Ford, que son gouvernement crée un «anneau de fer» de protection autour des personnes âgées est une fraude odieuse. L’engagement pathétique de son gouvernement de 243 millions de dollars pour protéger les travailleurs et les résidents des établissements de soins de longue durée ne commence même pas à s’attaquer aux politiques d’«efficacité» qui ont ravagé le système de santé de la province, réduit fortement les heures hebdomadaires des travailleurs de soutien et des thérapeutes dans les maisons de soins, et dans un geste scandaleux, réduit même le nombre minimum de bains autorisés pour les résidents. Après avoir annoncé que la santé et la sécurité des personnes âgées en résidence «est une question de vie ou de mort», le premier ministre québécois de droite François Legault a promis la modique somme de 133 millions de dollars en aide d’urgence, tandis que son gouvernement de la CAQ (Coalition Avenir Québec) a sournoisement exigé d’autres concessions encore de la part des 550.000 infirmières et autres travailleurs du secteur public de la province qui sont actuellement en première ligne de la crise de COVID-19. Ce n’est que la semaine dernière, et après de nombreux décès dans des maisons de soins en Colombie-Britannique, que le gouvernement provincial du Nouveau Parti démocratique, soutenu par les Verts, a pris la peine d’inclure des tests quotidiens pour les travailleurs des maisons de soins dans son «plan d’action» COVID-19. Les travailleurs sociaux dont le test de dépistage du virus est négatif seront désormais affectés à un seul établissement de soins, une mesure qui aurait dû être prise il y a des années au lendemain de la crise du SRAS de 2002-2003, lorsque le lien entre les déplacements des travailleurs sociaux et la propagation de la maladie a été reconnu pour la première fois. La réponse du gouvernement fédéral n’a pas été moins désordonnée. Tout en offrant un financement dérisoire de 3 milliards de dollars au système de santé, dont la majorité sera dirigée par des entreprises à but lucratif, le gouvernement libéral de Justin Trudeau, avec le soutien unanime des conservateurs «d’opposition», du NPD, du Bloc Québécois et des Verts, achemine promptement plus de 650 milliards de dollars dans les poches des banques et des grandes entreprises. La dévastation de COVID-19 qui a pris place dans les maisons de soins souligne le besoin immédiat de tests méticuleux, de recherche systématique des contacts et de l’achat urgent de respirateurs et d’équipements de protection individuelle pour tout le personnel médical. Pourtant, comme c’est le cas partout en Amérique du Nord et en Europe, ces ressources essentielles ne sont pas mises à disposition. L’indifférence criminelle de l’élite dirigeante à l’égard du sort des résidents des maisons de retraite et des travailleurs mal payés est encore soulignée par leurs efforts méprisables pour faire porter la responsabilité des décès en masse sur les épaules de la population en général. Certains parents de personnes âgées résidant dans des maisons de soins reçoivent des lettres de prestataires de soins affirmant qu’il n’y aurait «aucun avantage» pour leur proche atteint de la COVID-19 à être hospitalisé. À la maison de soins Pinecrest, le directeur médical a envoyé des courriers électroniques préparant les membres de la famille au choix dévastateur de permettre ou non à leurs proches âgés d’utiliser un respirateur. La lettre disait: «Un patient frêle qui est placé sous respirateur risque de souffrir beaucoup et de ne pas survivre… Je vous demande à tous de bien réfléchir à ce qui serait dans le meilleur intérêt de vos proches». Cette campagne visant à laisser effectivement les personnes âgées mourir est soutenue par la classe dirigeante et, il faut malheureusement le noter, par une grande partie de l’establishment médical dans tout le pays. Dans le Globe and Mail, le «journal officiel» du Canada, un commentaire intitulé «Le coronavirus est l’occasion d’avoir les conversations de fin de vie dont nous avons besoin», un certain Gordon Rubenfeld, professeur de médecine à l’université de Toronto, a déclaré: «Le coronavirus est une occasion de parler à vos parents, grands-parents, tantes, oncles et proches atteints de maladies chroniques au sujet de la réanimation. Car si vous ne leur parlez pas de cela maintenant, vous risquez d’avoir une conversation beaucoup plus difficile avec moi plus tard». Presque toutes les provinces ont mis en place des comités dits «d’éthique médicale» pour déterminer qui doit être privé de soins et effectivement abandonné à la mort, lorsque le nombre inadéquat de respirateurs, de lits de soins intensifs et d’autres équipements sera totalement épuisé. Les médias d’entreprise font la promotion de ces comités d’«éthique médicale» comme un moyen rationnel d’attribuer les maigres ressources et de soulager la détresse psychologique des travailleurs de la santé de première ligne. Mais quand il est question des actions en bourse des banques et des grandes entreprises, qui font maintenant la queue pour se gaver des largesses de l’État alors que les secteurs de la santé et des soins sont privés de ressources, les médias n’ont pas le temps de discuter d’éthique – ce qui démontre que leur «moralité» est entièrement déterminée par les intérêts mercenaires de leur classe. (Article paru en anglais le 7 avril 2020)
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