lundi 31 août 2020

De l’instrumentalisation du terrorisme islamiste à l’orchestration du terrorisme viral

Les attentats du 11 septembre 2001 avaient constitué le prétexte à la mise en œuvre des nouvelles reconfigurations politiques et géostratégiques impulsées par l’hyperpuissance américaine. Sur fond de sidération mondiale suscitée par la psychose généralisée, dès le lendemain des attentats, les autorités américaines avaient déployé promptement leur stratégie machiavélique : mobilisation de la population derrière l’état de guerre, renforcement de l’appareil répressif de l’État, réaffirmation de la puissance de l’Amérique matérialisée par une politique interventionniste impérialiste tous azimuts, opérée au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste. De fait, immédiatement après les attentats du 11 septembre 2001, les instances politiques et médiatiques américaines ont été embrigadées pour enrôler la population dans les entreprises guerrières impérialistes. Tous les pays stratégiques du Tiers-monde étaient susceptibles d’être envahis, toutes les nations économiquement concurrentes, torpillées, toutes les puissances militaires potentiellement rivales, neutralisées. Dans le même temps, au niveau national, en un temps record, l’appareil politique a mis en œuvre ses plans de durcissement de la machine judiciaire et policière répressive, sa nouvelle législation sécuritaire liberticide. Du jour au lendemain, la crise terroriste (aujourd’hui on parle de crise sanitaire du Covid-19) a servi de prétexte à l’aggravation de la récession économique et au démantèlement des budgets des programmes sociaux. Tous les fonds étaient désormais alloués à l’effort de guerre impérialiste et à la sécurité nationale. La promptitude avec laquelle ces mesures ont été adoptées révèle qu’elles avaient été ficelées depuis longtemps, préparées et planifiées par les cercles restreints opaques américains (à l’instar des mesures antisociales et liberticides décrétées actuellement dans la majorité des pays). Sur le plan international, le dessein réel de la guerre n’était pas tant l’anéantissement du terrorisme islamiste que la réaffirmation de la domination militaire américaine sur tout le globe, implantée au lendemain de l’effondrement du bloc impérialiste rival soviétique. Durant deux décennies, les États-Unis ont ainsi mené plusieurs opérations militaires d’envergure : contre l’Irak, l’Afghanistan, la Serbie, le réseau Al Qaïda, etc. Dans chacune de ses interventions impérialistes, les États-Unis avaient contraint leurs alliés, telles la France, la Grande Bretagne, l’Allemagne, à s’enrôler sous le drapeau américain ; l’ensemble des pays du monde à se plier au calendrier géostratégique étasunien, à s’incliner devant la volonté de l’Oncle Sam, à se soumettre devant les intérêts de la grande puissance victorieuse de la Guerre froide. Cependant, ces dernières années, le terrorisme islamiste étant devenu inopérant en matière de manipulation idéologique, pour avoir épuisé toutes ses potentialités de dévoiement politique et d’enrégimentement caporalisée, les classes dominantes (occidentales) se sont résolues à s’offrir un autre ferment terrorisant, le coronavirus, pour passer à un degré supérieur en matière de gouvernance par la manipulation et la terreur de la population, exercée dans le cadre du nouvel ordre mondial chaotique menacé d’éclatement sous l’effet de la récession économique. Sans conteste, le Covid-19 signe l’entrée des États occidentaux, en particulier, et des pays du Tiers-monde, en général, dans l’ère du despotisme, autrement dit de l’extinction de la « démocratie » représentative. Désormais, toute la planète, depuis le simple village jusqu’à la grande mégalopole, en passant par toutes les «maisons», sont soumis aux lois d’exception, à l’état de siège, au couvre-feu, à la surveillance technologique. À la dictature du confinement. Au confinement de la démocratie. Au nom de la prétendue lutte contre le virus, l’ensemble des États du monde, dans une action concertée, ont décrété des mesures de confinement pénitentiaire, des recommandations sanitaires spécieuses, des despotiques prescriptions médicales suspectes d’inanité. Le coronavirus devient le catalyseur de l’aggiornamento planétaire et l’agent dérivatif de divertissement de la foule mondiale plongée dans la psychose généralisée, orchestrée par les médias inféodés aux puissances financières et étatiques. Quelles ont été les véritables motivations de la tactique politique de confinement total apparemment préjudiciable aux intérêts économiques et sanitaires des pays ? Aujourd’hui, il est clairement établi, eu égard aux conséquences catastrophiques provoquées par la décision d’arrêter la production (du moins certains secteurs industriels) et la commercialisation (secteurs tertiaire et quaternaire), de mettre en quarantaine des centaines de millions de travailleurs (producteurs de valeur), qu’il s’est agi là d’une véritable volonté de torpiller l’économie, chapeautée par quelques factions du grand capital financier. Cette entreprise de torpillage répond à priori à une réaction mécanique du capital actée officiellement par les gouvernements. À première vue, certes les intérêts ayant présidé à la tactique de confinement généralisé ont semblé opposer aux intérêts vitaux des bourgeoisies nationales. Mais, ils sont conformes aux intérêts du grand capital international. Une chose est sûre : le cataclysme économique actuel ne doit rien au hasard. Ce désordre apparent s’inscrit dans la stratégie de la théorie du « chaos constructif » (ou « destruction créatrice », selon l’expression de Joseph Schumpeter) visant la mise en œuvre accélérée de la gouvernance mondiale du grand capital financier (occidental), dans le cadre d’une économie dématérialisée, numérisée, ubérisée, assujettie au télétravail et l’e-commerce (économes en coûts de locaux, en facturations diverses liées à l’entretien, électricité, eau, assurance, frais de repas et de transport dus aux salariés, etc.). L’ère de l’économie «�physique Â» et réelle est révolue. Bienvenue dans l’économie dématérialisée et virtuelle à entreprises évanescentes, à réglementations salariales disloquées, à avantages sociaux démantelés, à rémunérations drastiquement comprimées. Faut-il mentionner que le camp sino-russe ne compte pas assister impuissant à cette tentative de reconfiguration du monde actionnée par le grand capital occidental, au plan économique comme au plan militaire. À cet égard, dans un contexte de crise économique aiguë et de menace d’éclatement imminent de la « bulle financière », la pandémie du Covid-19 a constitué, pour le grand capital financier, une opportunité inespérée pour accélérer le processus de purgation de l’économie et de concentration de la propriété des moyens de production, de commercialisation et de gouvernance mondialisée. Par cette opération de purge économique exécutée à la faveur du confinement généralisé où les populations ont été mises à la disette et les grandes entreprises généreusement subventionnées, le grand capital financier escompte relancer l’économie à son profit, après avoir éliminé les secteurs et les entreprises insuffisamment adaptés à la globalisation contemporaine, ou plus exactement instaurer une économie de guerre destinée à neutraliser l’adversaire économique extérieur (le camp rival chinois), et surtout l’ennemi intérieur (le prolétariat) par la répression de toute velléité de résistance populaire. Ce maquignonnage économique, effectué dans une période de paix, donc sans conflits armés, a pour dessein la concentration monopolistique des moyens de production et de commercialisation, mais également la destruction simultanée d’une grande partie des forces productives (comme lors des deux Guerres mondiales) et d’une partie des capitaux financiers superflus, afin d’éviter la réitération rapide de la constitution de la « bulle financière » susceptible de compromettre la reconstruction économique numérisée. Aujourd’hui, le manque de réactivité des États devant la pandémie du Covid-19 s’éclaire à la lumière de l’actualité à posteriori moins dramatique en matière de mortalité que les prévisions catastrophistes annoncées par les médias inféodés aux puissances financières (l’Impérial Collège London annonçait insidieusement, au début de l’épidémie, pour créer un climat de psychose légitimant les mesures de confinement et d’arrêt de l’économie, des millions morts).Tout s’était passé comme si toutes les conditions avaient été délibérément réunies pour favoriser la tactique de confinement total avec son corollaire d’arrêt de l’économie. Ces « défaillances » sanitaires programmées, illustrées notamment par les carences en matière d’urgence médicale et l’absence d’équipements médicaux, laissent subodorer une stratégie du chaos planifiée, fomentée par les différents gouvernements inféodés aux puissances financières. L’absence d’adoption de mesures sanitaires précoces, telles que les contrôles aux frontières et aux aéroports, la défaillance médicale illustrée par les pénuries des équipements (masques, tests, gants, gels hydro alcooliques, respirateurs), semblent constituer des preuves de la volonté des pouvoirs de favoriser cette refondation du monde (sic) par la destruction des pans entiers de l’économie considérés comme obsolètes. Cette refondation économique est devenue primordiale pour le grand capital mondial en proie à une crise de revalorisation. Elle s’inscrit dans la politique de financiarisation de l’économie. Pour pérenniser sa domination de classe au moyen d’une restructuration du capitalisme, le grand capital est résolu à sacrifier des pans entiers de l’économie planétaire et à réduire à la misère des centaines de millions de personnes. Quitte à financer la « nouvelle économie », reconfigurée selon les intérêts du capital financier, par les États, autrement dit avec l’argent des contribuables (des travailleurs) et l’endettement (payé également par les futures générations de travailleurs au moyen de l’augmentation des impôts). Par la faute de l’application de cette mesure de confinement totalitaire, même les pays sous-développés et émergents, quoiqu’épargnés par la pandémie du Covid-19, ont subi les conséquences dramatiques de l’arrêt mondial de l’économie, par la précipitation de centaines de millions de personnes dans le chômage endémique et la misère. Indéniablement, à la faveur de la pandémie du Covid-19 à la gestion sanitaire délibérément calamiteuse, le monde (occidental) a basculé de la démocratie formelle au totalitarisme réel. Que le contexte viral soit l’œuvre de la nature ou d’une main invisible d’un laboratoire, importe peu. Assurément, le virus existe. Les États s’en servent comme arme de terrorisme et de neutralisation des populations, aujourd’hui condamnées à vivre sous la terreur sanitaire pour les soigner de leur « maladive propension subversive », très virulente ces dernières années. Ainsi, le virus aura permis d’appliquer diligemment et intelligemment la stratégie de confinement, cette forme d’internement carcéral de la population mondiale, prémices à la militarisation de la société et à l’enrégimentement guerrier. De surcroît, toutes les classes dirigeantes ont entrevu l’opportunité offerte par la pandémie, notamment la possibilité d’étriller les archaïques Constitutions, les libérales règles politiques et les lois sociales protectrices, devenues des entraves à la nouvelle gouvernance despotique dictée par la situation de crise économique systémique mondiale, vectrice de menaces d’explosions sociales. De manière générale, en période de crise instrumentalisée avec cynisme par les classes dominantes, l’état de nécessité exonère toutes les transgressions juridiques, toutes les illégalités politiques, toutes les violations des libertés, tous les crimes sociaux perpétrés contre la population par l’État. Aujourd’hui, à la faveur de la crise sanitaire du Covid-19, au nom du prétendu sauvetage de la santé de la population, les gouvernants mutilent tous les droits politiques et sociaux de cette même population. Incontestablement, le monde est entré dans l’ère de la gouvernance par le terrorisme viral, devenu l’unique modalité d’administration totalitaire, indispensable aux classes possédantes dans cette période de récession économique travaillée par la recrudescence de la lutte des classes. En tout état de cause, la promptitude avec laquelle l’ensemble des États ont mis en Å“uvre leur stratégie contre-insurrectionnelle matérialisée par les mesures de confinement et d’état de siège, les spécieuses prescriptions sanitaires comminatoires,  révèle les intentions réelles de cette guerre sanitaire, menée non pas contre le virus mais contre toutes les réglementations politiques et sociales libres, contre toutes les institutions sociales et législations protectrices encore en vigueur, en un mot contre les peuples, les travailleurs, le prolétariat, dans le cadre de la reconfiguration despotique d’un nouvel ordre économique. Quoi qu’il en soit, si la pandémie finira par s’éteindre, en revanche toutes les lois liberticides et antisociales votées à l’occasion de cette crise sanitaire du Covid-19 s’implanteront définitivement dans le paysage politique et social de la société désormais tailladée par la paupérisation absolue et garrottée par le Pouvoir absolu du grand capital financier. Sans conteste, le Covid-19 aura été le prétexte à l’instauration d’une guerre contre-insurrectionnelle, menée par les États pour tenter de contenir les tempêtes subversives sociales provoquées par la récession économique. Au nom de la lutte contre le virus, il s’agit en vrai d’une guerre de classe contre l’ensemble des peuples, contre les travailleurs, leurs droits, leurs institutions, leurs protections sociales, mis en place depuis plus d’un siècle. Il s’agit ni plus ni moins d’un retour à la tyrannie de l’époque de la monarchie absolue dépourvue d’institutions démocratiques, d’une volonté de démantèlement de toutes les règles de « l’État de droit », devenues inopérantes pour contenir la guerre de classe en germination, en fermentation. Ainsi, nous vivons la fin d’un monde capitaliste, celui de la démocratie bourgeoise avec ses Parlements, son État de droit, ses pouvoirs législatifs désormais superflus car les lois et les mesures sont dictées directement par le Pouvoir exécutif (ou plus exactement le grand capital), sans être ratifiées par les représentations nationales, autrement dit les Assemblées nationales. Nous assistons à la fin de la souveraineté du pouvoir judiciaire désormais dépouillée de son apparente et illusoire indépendance, à la mort de la liberté d’expression et de la presse, illustrée par la disparition des fonctions de contrepoids correctif démocratiques défendues par des instances de régulation libres, désormais menacées de disparition car encombrantes en période de guerre de classe. Cela dévoile également le caractère illusoire de la démocratie bourgeoise. En effet, la démocratie est la feuille de vigne derrière laquelle se dissimule la dictature du capital. Dans l’histoire, Démocratie et Dictature, deux modes de régulation politique au sein du même système de production capitaliste, se succèdent alternativement, au sein du même État, au gré des conjonctures économiques et sociales. La stratégie appliquée à la faveur de la pandémie est avant tout une stratégie totalitaire de contre-insurrection pérenne. Elle ne tolère aucun contre-pouvoir, aucune opposition politique, aucune protestation sociale, aucune grève ouvrière, aucun parti révolutionnaire, aucun « citoyen » subversif, aucune voix discordante, aucune urne électorale sinon l’urne funèbre des cadavres décimés par la répression ou la guerre, toutes deux appelées à se généraliser, à s’institutionnaliser, à occuper l’espace public déserté par la démocratie, la prospérité économique, le progrès social. De manière globale, d’un point de vue géostratégique, dans cette période marquée par des tensions commerciales exacerbées, pour l’Occident l’infléchissement vers le totalitarisme moderne est motivé par deux raisons capitales. D’une part, pour une raison endogène, autrement dit pour des motivations de sécurité intérieure. En effet, pour affronter l’inéluctable subversion intérieure prévisible, provoquée par la dépression économique, l’Occident blinde son État, caporalise sa gouvernance. D’autre part, pour une raison exogène, autrement dit pour des mobiles impérialistes. Effectivement, pour préparer l’imminente guerre extérieure contre le nouvel ennemi nommément désigné, en l’espèce le dragon économique chinois, nouvelle puissance incontestable économique, l’Occident enrégimente sa population. Dans les deux cas, s’impose la militarisation de la société pour tout à la fois neutraliser et enrégimenter la population, pour transformer chaque « citoyen » en soldat dans la perspective de l’imminente conflagration militaire généralisée. Ce n’est pas la première fois que l’Occident joue à l’apprenti sorcier. À de nombreuses reprises dans son histoire meurtrière, pour résoudre ses contradictions, il a activé des foyers de déstabilisation contagieuse létale. Il ne faut pas oublier que l’Europe moderne capitaliste est devenue une machine à produire de la destruction tous azimuts dès la fin XVIIIe siècle, illustrée notamment par le processus de déshumanisation de ses habitants arrachés à leur société villageoise millénaire fondée sur la solidarité, destruction amplifiée par les deux guerres mondiales (le qualificatif « européennes » serait plus approprié), et les totalitarismes fascistes et staliniens (tous deux européens), (sans oublier le Japon et la guerre sur le Pacifique. NDLR). De même, il ne faut pas oublier que l’Occident « civilisé » a été le laboratoire du terrorisme. Le terrorisme est une invention occidentale. En effet, le terrorisme aveugle comme la guerre génocidaire sont l’apanage des sociétés capitalistes occidentales (surtout capitalistes qu’occidentales… Chine et Japon, la Birmanie aussi ont génocidé dans leur coin de continent. NDLR). Avant de revêtir les oripeaux de l’islamisme fabriqués par ailleurs par les puissances impérialistes occidentales, le terrorisme s’est longtemps, de la Russie tsariste en passant par la France de la Troisième république et des années 60, l’Italie, l’Allemagne, les États-Unis d’Amérique et l’Irlande du XXe siècle, les mouvements sionistes européens (ashkénazes) des années 1930-1940, attifé du costume civilisé occidental. Assurément, à la faveur de la pandémie du coronavirus, la fragilité du monde actuel apparaît avec netteté. L’enjeu socioéconomique et politique est autrement plus dangereux que le coronavirus. In fine, le bilan sera plus dramatique après la crise sanitaire et le confinement. Le nombre de morts attendu sera autrement plus important que celui du virus, morts occasionnés à la fois par les famines et les guerres. Quoi qu’il en soit, la particularité de la crise économique actuelle, dévastatrice par son ampleur, outre le fait d’être présentée mensongèrement comme avoir été provoquée par le Covid-19, est d’apparaître comme totalement étrangère aux contradictions internes du capital. Cette mystification permet à l’État (de tous les États) de dissimuler les causes profondes de la crise, mais elle lui offre surtout une occasion inespérée de décréter, sous couvert de lutte contre la pandémie du Covid-19, des mesures liberticides, des recommandations coercitives, promulguées avec l’assentiment de la population tétanisée par la terreur virale distillée par les médias inféodés aux puissants. Tout se passe comme si, avant la survenue de l’épidémie, le monde capitaliste filait le parfait amour avec la croissance économique, le plein emploi, l’échange commercial pacifique, l’écoulement fluide des marchandises, la prospérité sociale. Tout allait bien dans le meilleur des mondes du système capitaliste. En résumé, on vivait dans le capitalisme parfait, comme disaient autrefois les économistes libéraux. Puis, soudainement, comme à l’époque des impuissantes sociétés primitives dominées par les forces  de la nature, l’irruption d’un microscopique et invisible virus a totalement ébranlé la plus grande civilisation scientifique et technologique de l’histoire de l’humanité, le monde moderne capitaliste qui, soit dit au passage, dépense 2000 milliards de dollars chaque année dans l’achat de l’armement pour combattre on ne sait quel ennemi « dans cette période censément de paix Â», mais est incapable d’aligner une armée de médecins et de personnels soignants dotés..
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Discours historique de Robert Kennedy Jr. du 29 août 2020 à Berlin «Ich bin ein Berliner»

Discours historique de Robert Kennedy Jr. à Berlin le 29 août 2020. Il parle de plusieurs sujets dont la 5G, le Covid19, la crise actuelle, Big Pharma, du nazisme etc. «Ich bin ein Berliner» («Je suis un Berlinois»)� «  Chez …
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dimanche 30 août 2020

Réflexions sur les fondements de la démocratie britannique – par Richard Ekins

Source : Judicial Power Project, Richard Ekins Dans sa cinquième et dernière conférence, Jonathan Sumption conclut ses réflexions sur « le déclin de la politique et la montée du droit pour combler le vide ». La conférence nous encourage à résister aux appels à une constitution écrite, appels qui, selon Sumption, « marquent le point extrême » de « notre habitude persistante de chercher des solutions juridiques à des problèmes qui sont vraiment politiques ». Il défend plutôt les mérites de notre constitution historique et les efforts pour consolider les fondements politiques de notre démocratie. Sumption fait remarquer qu’une constitution écrite élargirait presque certainement le rôle constitutionnel des juges et que le but de tout projet en ce sens a été de réduire le pouvoir législatif. Il réitère son scepticisme « à l’égard des affirmations selon lesquelles notre système de gouvernement peut être amélioré en y injectant un élément juridique plus large ». Je partage ce scepticisme. Bien sûr, les changements juridiques ne sont pas tous égaux. Les accords de décentralisation, dont le conférencier fait ensuite l’éloge, impliquent une modification du droit constitutionnel et élargissent la compétence des tribunaux de façon importante, mais ne transforment pas l’équilibre constitutionnel entre les autorités politiques et juridiques. La question essentielle, comme le laisse entendre Sumption, est de savoir si les changements juridiques neutralisent ou diluent le pouvoir législatif et la démocratie parlementaire. La constitution britannique est centrée sur « la souveraineté du Parlement », dont Sumption dit à juste titre qu’elle « est le fondement de notre démocratie ». Le Parlement est limité non par la loi mais par des conventions, qui « tirent leur force d’un sentiment politique partagé ». Le gouvernement occupe une place centrale au sein du Parlement, qui « n’est pas seulement un organe législatif ou délibératif, mais un instrument de gouvernement ». Lire la suite
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Stopcovid : les trois erreurs qui plombent l’application

Par Rubin Sfadj. Un article de Telos Approuvée par l’Assemblée nationale, l’application StopCovid était disponible dès le 2 juin. Mais chaque jour s’alimente la chronique d’un fiasco annoncé, et il y a fort à parier que bien peu de Français, au départ favorables à l’initiative, installeront StopCovid sur leur smartphone — pour autant que l’application fonctionne… Comment un projet au départ tout à fait louable — armer la stratégie de déconfinement «�test and trace Â» d’un bras numérique — s’est-il, en quelques semaines seulement, écrasé en rase campagne alors que tous les feux étaient au vert et que, chez nos voisins, des applications similaires ont été déployées sans difficulté ? Retour sur les trois erreurs majeures qui plombent StopCovid. Première erreur de Stopcovid : le « design par comité » Si vous voulez offrir un enterrement de première classe à un projet, confiez son pilotage à un comité suffisamment étendu, et la nature humaine fera le reste. C’est la première erreur, en forme de péché originel : « Officiellement, le gouvernement avance sur un projet piloté par l’institut de recherche publique Inria, en lien avec le comité Care nommé par l’Élysée pour faire face à l’épidémie. La Direction interministérielle du numérique (Dinum) et l’Agence nationale de sécurité informatique (Anssi) s’attellent au codage et à la protection de la future application, parfois en écoutant quelques start-up. Par exemple, Unspread (une émanation de l’agence Fabernovel) a fait des propositions sur le design de l’application. Â» À cette ribambelle d’instituts, de comités, de commissions et d’agences s’ajoutent les inévitables usual suspects chargés d’apporter leurs bras et leur expertise au développement de StopCovid : Orange, CapGemini, Dassault Systems, Sopra-Steria et Sia Partners. Un couple constitué d’une seule de ces émanations de l’État et d’un acteur privé unique aurait sans doute pu « sortir Â» un projet d’application en quelques semaines voire quelques jours. Mais, pour des raisons qu’on imagine davantage politiques que techniques, on a préféré embarquer tout le monde, ou presque. Cela fait beaucoup de participants autour de la table pour un projet assez limité et surtout très urgent. Outre la lenteur qu’elle induit dans les prises de décision, les risques de cette approche, caricaturée sous le nom de « design par comité Â», sont bien connus : choix techniques contre-productifs, déresponsabilisation à tous les étages et quasi-impossibilité de changer son fusil d’épaule en cas de pépin, façon Titanic à l’approche de l’iceberg. Comme on va le voir, s’agissant de StopCovid, ils se sont tous réalisés. Deuxième erreur : l’entêtement dans un mauvais choix d’architecture Dans une déclaration surprenante, le secrétaire d’État chargé du numérique, Cédric O, a révélé la deuxième erreur, celle qui plombe certainement le plus StopCovid : « Apple aurait pu nous aider à faire en sorte que cela marche encore mieux sur les iPhones. Ils n’ont pas souhaité le faire, pour une raison d’ailleurs que je ne m’explique guère, a commenté le ministre. Qu’une grande entreprise qui ne s’est jamais aussi bien portée en termes économiques n’aide pas un gouvernement à lutter contre la crise, il faudra s’en souvenir le moment venu. » Pour comprendre de quoi il retourne, il faut revenir un instant aux fondamentaux de l’informatique. Tout système d’information, qu’il s’agisse du réseau informatique d’une PME, d’une application mobile ou d’un traitement massif de données de santé, repose sur ce que l’on appelle une architecture. Ce terme n’est pas emprunté par hasard au monde de la construction : comme pour la conception d’un édifice, le premier et le plus important des choix à effectuer est celui de l’ossature du système. En matière informatique, deux grands modes d’organisation sont envisageables : une architecture centralisée, dans laquelle les données transitent par un serveur central, qui réalise lui-même les traitements ; ou bien une architecture décentralisée, c’est-à-dire sans serveur central, dans laquelle les données sont directement traitées sur les terminaux des utilisateurs (ici, nos téléphones mobiles). Chaque type d’architecture présente des avantages et des inconvénients. Parce que les données sont stockées sur un serveur « maître Â», une architecture centralisée permet théoriquement de réaliser des traitements plus riches qu’une architecture décentralisée. Mais, pour la même raison, les architectures décentralisées sont considérées comme plus sûres que les architectures centralisées : lorsque les données ne sont pas réunies en un même lieu mais dispersées sur des milliers voire des millions de terminaux, même le plus chevronné des pirates aura du mal à mettre la main sur la base tout entière. Dans le cas de StopCovid, Cédric O a annoncé que la France privilégierait une architecture centralisée, mieux adaptée selon lui aux finalités du contact tracing et aux impératifs de la souveraineté numérique française. Ce choix s’est rapidement révélé catastrophique : d’une part parce qu’il a placé la France en ultra-minorité parmi ses partenaires européens, écartant ainsi toute perspective d’interopérabilité ; d’autre part et surtout parce qu’il ne correspond pas à l’option prise par Apple et Google, qui ont joint leurs forces pour fournir gratuitement aux États un kit de contact tracing « clés en main Â» (une « API Â» dans le jargon informatique) reposant, pour les raisons de sécurité exposées plus haut, sur une architecture… décentralisée. À ce stade de la compétition, la France aurait pu faire Å“uvre de pragmatisme, abandonner ses plans centralistes, et rentrer dans le rang européen. StopCovid serait opérationnelle depuis au moins une semaine, et tous les doutes auraient été levés sur son niveau de sécurité. Mais, peut-être parce que les parties prenantes étaient trop nombreuses et que personne n’avait franchement envie de réviser sa copie (cf. première erreur) ; peut-être aussi, et c’est moins avouable encore, par un soupçon de chauvinisme (cf. troisième erreur, nous y reviendrons), la France s’est arcboutée sur sa position, fustigeant Apple (mais pas Google, bizarrement) pour son refus d’aménager, pour l’État français et lui seul, une voie royale et unique au monde vers le contenu intime des iPhones. Troisième erreur : une communication d’un autre temps Quand bien même StopCovid devait sortir de l’ornière, de moins en moins de Français risquent de l’installer sur leur mobile. La troisième erreur relève de la communication : « En fait, il n’y a même pas de données : personne n’aura accès à qui est contaminé, et personne ne sera capable de retracer qui a contaminé qui. Â» Deux ans presque jour pour jour après l’entrée en vigueur du RGPD, experts et régulateurs débattent encore des qualités et des défauts du fameux règlement européen sur la protection des données personnelles : est-il trop ou pas assez contraignant ? facile ou difficile à interpréter ? bien ou mal adapté aux futurs défis de l’intelligence artificielle, etc. Il y a un point, en revanche, sur lequel tous s’accordent : le RGPD a consacré la protection des données personnelles comme enjeu de société. En Europe, aux États-Unis et même en Asie, les piratages de données personnelles, les failles de sécurité ou encore les pratiques peu recommandables de certaines plateformes ne passent plus comme des lettres à la poste. Les citoyens ont pris conscience que leurs données font partie de leur patrimoine, qu’elles ont une valeur, et ils demandent des garanties quant à leur protection. De la part de Cédric O, dire « il n’y aura même pas de données Â» est une erreur de communication majeure, non seulement parce que c’est faux, mais surtout parce que personne, pas seulement les spécialistes, ne peut y croire une seconde. Bien sûr qu’il « y aura des données Â», et c’est tout à fait normal ; la question est de savoir lesquelles, et comment elles seront protégées. Et là : « On a demandé à des communautés de hackers d’attaquer pour tester la robustesse. Personne n’a réussi à cracker le système. Â» En plus de créer de la défiance, cette stratégie de communication, appliquée ci-dessus par Stéphane Richard, sonne comme un défi lancé à une population qui ne vit que de cela : les pirates informatiques. Ce n’est pas la meilleure idée lorsqu’on a fait le choix d’une architecture centralisée et donc plus perméable, par définition, aux piratages. Conclusion : non seulement les doutes subsistent sur la sécurité des choix techniques opérés et sur l’utilisation qui sera faite des données, mais personne n’est capable de dire si et comment StopCovid fonctionnera sur nos smartphones. Pas étonnant que de moins en moins de Français envisagent de l’utiliser… Considérée individuellement, chacune de ces trois erreurs — design par comité, entêtement dans des choix intenables, communication ratée — s’explique, se justifie et aurait même pu être surmontée. Mais prises ensemble, elles ont toutes les chances d’expédier StopCovid au cimetière des fiascos technologiques français. Quel gâchis ! — Sur le web Ces articles pourraient vous intéresser: Stopcovid : au mieux inutile, au pire risqué StopCovid : quelle efficacité ? Quel coût pour les libertés individuelles ? StopCovid une application qui vous veut du bien ? Covid-19 : les entrepreneurs et le digital à l’épreuve
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Benjamin Rubin, l’aiguille bifurquée contre la variole – Les Héros du progrès (32)

Par Alexander C. R. Hammond. Un article de HumanProgress Voici le trente-deuxième épisode d’une série d’articles intitulée «�Les Héros du progrès Â». Cette rubrique est une courte présentation des héros qui ont apporté une contribution extraordinaire au bien-être de l’humanité. Notre héros de la semaine est Benjamin Rubin, le microbiologiste américain qui a inventé l’aiguille bifurquée. Elle a été déterminante dans la campagne de 1980 de l’OMS qui a mené à l’éradication complète de la variole, la seule maladie infectieuse à pouvoir s’en prévaloir. Au milieu des années 1970, cette aiguille a permis d’administrer plus de 200 millions de vaccins chaque année. On estime que grâce à elle, plus de cent millions de vies ont été sauvées et des centaines de millions de personnes n’ont pas contracté la variole. Benjamin Rubin est né à New York le 27 septembre 1917. Enfant, il était fasciné par la science. En 1934, il s’inscrit au City College de New York pour étudier la biochimie. Il décroche son diplôme scientifique en 1937. En 1938, il obtient sa maîtrise en biologie à Virginia Tech. Après avoir occupé différents postes de laboratoire, il s’installe à l’université de Yale en 1944 pour y travailler comme assistant de recherche et étudier en vue de son doctorat. En 1947, l’université de Yale lui décerne son doctorat en microbiologie et il commence à travailler dans différents laboratoires et universités. En 1954, il devient professeur en santé publique et médecine préventive à l’université Baylor. En 1960, il occupe un poste aux laboratoires Wyeth en Pennsylvanie et c’est là qu’il élabore son invention qui allait changer le monde. Dans les années 1960, la variole tuait plus de deux millions de personnes chaque année. Aucun remède n’existant, on ne pouvait pas traiter une personne atteinte de cette maladie. Avant l’aiguille bifurquée de Rubin, on utilisait, pour les campagnes de vaccination, un pistolet injecteur spécifique. Mais l’entretien de ces appareils était onéreux, il fallait une formation spéciale pour les utiliser et ils manquaient souvent de fiabilité. De ce fait, des centaines de millions de personnes, la plupart vivant dans dans zones pauvres et peu peuplées, restaient vulnérables à la variole. Il a créé son aiguille bifurquée en modifiant le chas d’une aiguille de machine à coudre. Il l’a rogné jusqu’à le rendre fourchu, c’est-à-dire avec deux dents. Ainsi, cette aiguille est une mince tige d’acier d’environ 6 cm de long avec deux dents à son extrémité. Smallpox vaccine injection-credit James Gathany Content Provider-CDC-Public Domain-Wikipedia Quand sa partie fourchue est trempée dans un flacon de vaccin antivariolique lyophilisé, c’est la juste quantité de vaccin qui se retrouve entre les deux dents. À l’aide de cette aiguille la peau du haut du bras du patient sera percée quinze fois dans une petite zone circulaire. À l’inverse du pistolet injecteur, l’aiguille de Rubin ne coûtait presque rien, moins de 5 dollars le millier d’aiguilles. De plus, une fois stérilisée avec de l’eau bouillante ou en la passant sur une flamme, elle pouvait être réutilisée sans fin. Par ailleurs, il n’était pas nécessaire de désinfecter au préalable la peau du patient. Et enfin, l’aiguille utilisait nettement moins de sérum. Alors qu’avec un pistolet injecteur on pouvait faire 25 vaccinations par flacon, l’aiguille bifurquée permettait d’en faire une centaine. On pouvait également former n’importe qui à son utilisation, en quelques minutes à peine, au lieu de faire appel à un soignant spécialement formé. Tout cela a abouti à une adoption rapide de l’aiguille comme alternative économique aux pistolets injecteurs difficiles à utiliser, coûteux et souvent peu fiables. Elle a été le principal outil de l’OMS pour éradiquer la variole lors de la campagne menée de 1966 à 1977. Dans les dernières années, on a estimé que les aiguilles ont servi à administrer plus de 200 millions de vaccins par an. En 1980, l’OMS a déclaré que la variole était vaincue : pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, on avait réussi à éradiquer une maladie mortelle. Le forum économique mondial a estimé que depuis son invention en 1961, cette aiguille avait permis de sauver plus de 130 millions de vies. En 1984, Rubin devient professeur au Philadelphia College for Osteopathic Medicine. Il prend sa retraite en 1995 après avoir contribué à plus de 150 publications scientifiques au cours de sa carrière. Durant sa vie, il a reçu à juste titre de nombreuses récompenses académiques. En 1992, il a été intronisé au National Inventors Hall of Fame. Il meurt le 10 mars 2010, à 93 ans. Grâce en partie aux travaux de Benjamin Rubin, la variole, une maladie qui a hanté l’humanité pendant des millénaires a finalement disparu. Pour avoir sauvé les vies de plus de cent millions de personnes et rendu le monde fondamentalement meilleur, Benjamin Rubin mérite bien sa place comme notre trente-deuxième héros du progrès. Les Héros du progrès, c’est aussi : * Willem Kolff, organes artificiels et dialyse * John Harington invente la chasse d’eau * Alessandro Volta invente la pile électrique * Lucy Wills contre l’anémie macrocytaire * Kate Sheppard, première suffragette * Wilhelm Röntgen, les rayons X * Tu Youyou, l’artémisinine contre le palu * Banting et Best traitent le diabète * Willis Haviland Carrier invente la climatisation * Virginia Apgar sauve la vie des nouveau-nés * Alfred Sommer, la vitamine A * David Nalin, la réhydratation par voie orale * Louis Pasteur, père de la microbiologie * Paul Hermann Müller, les propriétés insecticides du DDT * Malcom McLean, les conteneurs de transport * Abel Wolman et Linn Enslow, la purification de l’eau * Pearl Kendrick & Grace Eldering vaccinent contre la coqueluche * Gutenberg, la diffusion du savoir * James Watt, la vapeur, moteur du progrès * Joseph Lister, stérilisation et asepsie * Maurice Hilleman, des vaccins vitaux * Françoise Barré-Sinoussi, la découverte du VIH * Richard Cobden, héros du libre-échange * William Wilberforce : une vie contre l’esclavage * Ronald Ross : la transmission du paludisme * Alexander Fleming et la pénicilline * Jonas Salk et le vaccin contre la polio * Landsteiner et Lewisohn, l’art de la transfusion * Edward Jenner, pionnier du vaccin contre la variole * Fritz Haber et Carl Bosch, le rendement des cultures * Norman Borlaug, père de la révolution verte — Traduction par Joel Sagnes de Heroes of Progress, Pt. 32: Benjamin Rubin Ces articles pourraient vous intéresser: Louis Pasteur, père de la microbiologie – Les Héros du progrès (19) Pearl Kendrick & Grace Eldering vaccinent contre la coqueluche – Les Héros du progrès (15) Maurice Hilleman, des vaccins vitaux – Les Héros du progrès (11) Jonas Salk et le vaccin contre la polio – Les Héros du Progrès (5)
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samedi 29 août 2020

APPEL À TÉMOINS (Sinclair Dumontais)

YSENGRIMUS — Sinclair Dumontais nous fait entrer dans le tout nouveau mystère dont il est le découvreur et l’instigateur. Il s’agit cette fois-ci de la situation insolite et inattendue de son vieil ami Bertrand Vimont. Bertrand et Sinclair sont deux hardis compagnons de cabarets qui se côtoient depuis des années. Un jour, Bertrand s’absente et il laisse une lettre à Sinclair. Sinclair la lit et est un peu abasourdi par son contenu. Bertrand y apparaît sous un angle distinct, vif, inattendu, romanesque, presque passionnant. C’est parfaitement incongru et l’un dans l’autre assez peu crédible. Un peu par hasard, puis plus méthodiquement, Sinclair découvre que Bertrand a écrit ainsi une lettre à un peu tout son petit monde: son épouse, sa fille, un collègue de travail, son employeur, un autre pilier de cabaret comme lui, son père, sa mère, un de ses anciens enseignants de fac et j’en passe. Ces lettres ont en commun une information capitale. Bertrand annonce à son correspondant ou sa correspondante du moment qu’il s’en va, qu’il disparaît corps et âme, qu’il se tire, pour toujours et irréversiblement. Et c’est ici que l’anicroche s’installe. Bertrand aurait pu photocopier ou recopier la même lettre, pour chaque individu auquel il s’adresse. Il n’en fait rien. Non seulement chaque lettre est personnalisée et originale mais elle donne de l’escapade irréversible de Bertrand une version radicalement différente à tous les coups et ce, avec des écarts de caractéristiques qui font qu’au final les différentes versions ne sont tout simplement pas compatibles entre elles. C’est donc en confrontant et comparant ses multiples missives d’adieu qu’on découvre ce que Bertrand est vraiment: un mythomane sériel, un menteur pathologique multidirectionnel. Et je m’empresse d’ajouter: peut-être. Car fondamentalement, on n’en sait fichtre rien. Une de ces lettres est peut-être la vraie et les autres lui servent de maquis, de planque, de camouflage, de colonne d’enfumage. Ou alors, tous ces exposés prospectifs circonstanciés sont peut-être les pièces torves et éparses d’un immense montage inextricablement turlupiné dont les déterminations fondamentales, unitaires et programmatiques, nous échappent encore… nous échapperont toujours, peut-être. Au fil des lettres, on développe le sentiment chicoté et amer que Bertrand ajuste finement son déploiement épistolaire à la personne qui est le destinataire exclusif de la lettre du moment. En apparence, au premier degré, il semble que ces documents n’étaient absolument pas faits pour êtres comparés. On y sent que, par segments soigneusement modularisés, en isolat, au cas par cas, à chaque personne avec laquelle il communique, Bertrand livre ce que cette personne attend, appréhende, retient, imagine ou espère de lui. Chaque missive est une sorte de soliloque d’isoloir en somme, ou encore une confession méticuleusement ajustée. L’exercice transversal de Sinclair Dumontais est alors de réunir les lettres en un paradigme lourd d’apories mais fatalement révélateur de quelque chose de plus profond, de plus fouillé, de moins intime, de plus foireux aussi. En faisant ce travail de colligation, il est clair et net que Sinclair trahit Bertrand (du moins une certaine version de Bertrand). Sinclair Dumontais démolit le petit montage sectoriel de Bertrand Vimont et en met à jour les ressorts. Et Sinclair Dumontais va plus loin. Il sent que le Lecteur, le grand lecteur collectif que nous sommes tous, peut apporter l’élément qui manque à la sidérante démarche narrative (dont la vériconditionnalité devient progressivement problématique) de Bertrand Vimont. Sinclair réunit donc ces lettres et, sans vergogne, il les publie, avec un petit appareil critique. Le court roman Appel à témoins est donc une menue brassée épistolaire qu’on nous donne à lire, dans un désordre apparent ou, mieux, un ordre non révélé. Les réactions épistolaires à ces aveux sincères ou toc n’existent pas (l’émetteur des lettres initiales étant parti sans laisser d’adresse aux récipiendaires, il n’attend pas le retour du courrier). On ne nous livre donc pas de réponses à ces lettres. Il n’y a pas d’échange, pas de correspondance. On peut suggérer que Sinclair Dumontais vient d’inventer ou de réinventer le roman épistolaire unilatéral. On se retrouve au bout du compte avec une série disparate mais vive de bilans de vie (gorgés parfois de singulières et passionnantes élaborations philosophiques). On écarquille les yeux devant l’ultime lettre à une épouse, à une fille, à un père, à une mère, à une amoureuse secrète. Dix, douze, quinze vies s’étalent devant nous. Une seule de ces lettres serait poignante dans sa singularité, sa radicalité et son ardeur. Leur accumulation fait furieusement froncer les sourcils. Qu’est-ce que c’est que ce truc? Qui est Bertrand Vimont? Et, osons-le mot, qui suis-je? Il y a, dans tout ceci, une sorte de dialectique implacable. Plus Bertrand Vimont se démarque dans la fuite, plus il semble se justifier, se corréler, se soumettre, se donner dans la narration. Il nous livre le virevoltant baratineur qui sommeille en chacun de nous, du simple fait de vivre dans ce monde ordinaire qui ne nous permet jamais de réaliser ou de révoquer les rêves de ceux et celles qu’on estime ou dont on se sent les obligés… Voici un singulier roman-mitraille, fugitif mais fulgurant, qui reste avec nous, et dont on sent tinter la rhapsodie éclectico-méthodique comme autant de redites scintillantes de ce qui aurait aléatoirement pu advenir de nous. . . . Sinclair Dumontais, Appel à témjoins, Montréal, ÉLP éditeur, 2018, formats ePub ou Mobi. . . .
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Figures de style 5

ALLAN ERWAN BERGER — Dernier épisode des cornichons du jeudi. Nous en finissons avec les figures de style. Comme elles sont douteuses, compliquées, tétrapiloctomesques, rares et biscornues, on leur a donné des noms grecs pour faire plus sérieux. Quelques-unes sont utiles. Prolepse�: C’est prévenir une objection. C’est aussi déplacer un mot, ou un groupe de mots, pour lui donner du relief. Vous me direz que j’exagère ; mais c’est que vous ne l’avez pas vu ! Car, ce cornichon, s’il n’avait été seul dans son bocal, n’y aurait point tenu. Pronomination : Périphrase qui se réduit à exprimer son sujet non pas en le décrivant exhaustivement, mais en faisant ressortir son trait le plus reconnaissable, le plus reconnu. Ami du blanc vynaigre et des oignons grelots, Il dort, verd sous-marin, au pays des bocaux. Prosopopée : À votre santé. Je ne puis causer, mais voilà : on me fait causer. Moi, cornichon mirifique, issu du croisement d’une citrouille et d’un concombre d’ânes, je te le dis en vérité : si tu me manges, tu auras des ennuis gastriques, des rots, et de traîtres flatulences. Passe ton chemin ! La suspension ménage, qui l’eût cru, du suspense. On attend de connaître le fin mot de l’affaire… Et il ne vient pas.: bbb Pierre Bézoukhov n’aurait jamais cru cela possible. Ce qui le fixait, de l’autre côté de la paroi de verre, n’aurait jamais du exister. « Natacha, Natacha, est-ce toi ? Â» cria-t-il désemparé à son reflet ; mais ni le reflet ni la chose dans le conteneur ne répondirent. « Belle pièce, n’est-ce pas ? Â» Dans son dos, le jeune prince Kuragin s’était rapproché, et contemplait d’un air amusé ce qui flottait derrière la vitre. ― Anatole Vassilievitch… ― Oui mon cher ? Â» Mais Pierre ne sut comment poursuivre. Le dégoût que lui inspirait ce dandy sans foi ni conscience lui ôtait en même temps tous ses moyens. Il resta muet, se détourna, fixa l’aquarium et ce qu’il contenait. Comment Dieu avait-il pu autoriser la survie d’une telle créature ? « Vous ne voulez pas savoir ce qui est arrivé ? Â» demanda le prince Anatole. Pierre le regarda, hagard. « Cette teinte verte… Vous… Pourquoi souriez-vous ? ― Qu’est-ce qui vous a fait dire que c’était Natacha ? Â» Mais à ce moment-là, l’opercule intérieur du sas s’ouvrit. Un technicien apparut, en masque et combinaison. « C’est l’heure, messieurs. Les visites sont terminées Â». Syllepse : Redoutable ! La syllepse stylistique associe, au mot sur lequel on l’applique, non seulement le sens premier, obvie, mais aussi un autre sens, facile à deviner. Très utilisé, bien entendu, pour les grivoiseries. Oh, mais, quel beau cornichon ! Et comme il semble ferme ! Et ses petits grelots, comme ils sont chou ! Synchise : Synchise n’était pas le beau-frère d’Anchise. Cette chose embrouille tout d’une phrase, y rajoute des parenthèses, les poivre de digressions assommantes, de questions stupides, afin que le lecteur se retrouve perdu dans les broussailles. Peut-on, je vous le demande, d’un cornichon (c’est à dire de ce qu’il est habituellement convenu de nommer comme tel, parce que là, tout de même, j’ai un doute – ne s’agirait-il pas plutôt d’une espèce de pastèque granuleuse avec des poils ?), envisager, donc, qu’un seul spécimen remplisse, je ne dis pas un verre à dents – ce qui ne serait déjà pas si mal â€“ mais un bocal tout entier ? Tautologie : Une tautologie est toujours vraie. Elle énonce même une évidence tellement stupide qu’elle noue dérobe à la vue, l’air de rien, le mensonge qu’elle suggère pourtant. Car une tautologie manipule ; elle donne à croire. D’un bocal où flotte un unique cornichon bien gros : Tout cornichon de ce bocal est garanti géant ! Traductio : Répétition d’un même mot, mais sous des formes ou des modes différents. Niché dans un bocal nichant au buffet, voici un beau concombre. Truisme : C’est une lapalissade. On énonce une évidence comme si c’était une découverte. Ouah, une porte ouverte ! Vite, enfonçons-la ! Un gros cornichon prend beaucoup de place, tandis qu’un petit n’en prend pas. Il en va de même avec les oignons, les saucisses, et jusqu’aux estomacs. Zeugma : Qui attelle un bÅ“uf avec un âne cherche les ennuis, ou veut prendre une photo. C’est pourtant ce que tout écrivain aime à faire de temps à autre. C’est évidemment pittoresque, riche de sens, mais alors : quand c’est raté, c’est terriblement raté ! Surtout lorsqu’il n’y a pas d’accord… Voici un exemple, bien hideux comme il se doit : C’était un grand bocal rempli de petits oignons et d’une énorme promesse verte ; ceux-ci me dégoûtaient, mais celle-là, ah seigneur, certainement pas ! Et c’est fini, terminé, abouti, rincé. Le bocal est vide.
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Augmentation du nombre de décès dus au coronavirus dans les maisons de retraite au Canada

Par Penny Smith 10 avril 2020 Dans tout le Canada, les établissements de soins pour personnes âgées sont dévastés par la propagation mortelle de COVID-19. Plus de 600 maisons de retraite et de soins infirmiers dans tout le pays ont signalé un nombre croissant d’infections et de décès, le Québec et l’Ontario dans le centre du Canada et la province de la côte ouest de la Colombie-Britannique étant les plus touchés. L’échec abject de tous les niveaux de gouvernement à se préparer à cette pandémie virale prévisible et prévue, leur incompétence criminelle dans la lutte contre le virus et les ravages causés depuis des décennies au système de santé publique ont rendu les établissements de soins particulièrement vulnérables à la COVID-19 et permis au virus de se propager comme un feu de forêt. Il faut ajouter à cela le fait que de larges pans des soins aux personnes âgées ont été privatisés, ce qui a entraîné une course vers le bas en matière de conditions de travail et la gestion des établissements avec des budgets serrés afin d’augmenter les profits des entreprises. En Ontario, au moins 40 résidents de foyers pour personnes âgées sont morts de la COVID-19, et près de 80 foyers pour personnes âgées dans toute la province ont signalé des infections. À la maison de retraite Seven Oaks de Toronto, huit résidents sont décédés et 69 résidents et membres du personnel ont été répertoriés comme des cas présumés de coronavirus. À la maison de retraite Pinecrest à Bobcaygeon, quatorze résidents ont péri. «C’est une zone de guerre. Je n’ai jamais rien vu de tel en toutes mes années de soins infirmiers», a déclaré Sarah Gardiner, infirmière à Pinecrest, aux médias locaux. «Ils sont si effrayés … et je n’ai rien pour les rassurer.» Le Lynn Valley Care Centre de North Vancouver, en Colombie-Britannique – foyer de l’épidémie initiale dans la province – a enregistré 51 résidents infectés, 26 membres du personnel infectés et 15 décès. À ce jour, au moins 21 maisons de retraite de Colombie-Britannique, situées principalement dans la région métropolitaine de Vancouver, ont signalé des cas. Au total, la province a enregistré 39 décès liés à la COVID-19, dont la grande majorité est survenue dans des maisons de soins pour personnes âgées. La situation est encore pire au Québec, où, à la semaine dernière, près d’un quart des quelque 2.200 foyers pour personnes âgées et établissements de soins de longue durée de la province avaient signalé au moins une infection. Le taux de mortalité chez les personnes âgées dû à la COVID-19 est estimé à environ 15%, ce qui est beaucoup plus élevé que dans la population générale. La vulnérabilité à la maladie et les problèmes de santé existants, en plus des conditions de vie en communauté et de l’exposition à une main-d’œuvre itinérante, les rendent particulièrement vulnérables à la propagation du virus mortel. Les travailleurs sociaux sont également extrêmement vulnérables, même s’ils sont considérés comme faisant partie du groupe d’âge des jeunes en bonne santé. En raison des bas salaires et des conditions de travail précaires, ils sont souvent obligés de travailler dans plusieurs maisons de soins, ce qui augmente la probabilité de propagation de la maladie. En outre, le manque d’équipements de protection individuelle (EPI), notamment de masques et de gants, est encore plus prononcé dans le secteur des soins que dans les hôpitaux, où les équipements de protection individuelle sont déjà sévèrement rationnés. Le personnel soignant est donc plus susceptible d’être infecté et a autant de mal à se faire dépister et traiter que les autres catégories de travailleurs. Dans des conditions horribles, semblables à celles d’une prison, où une épidémie mortelle a placé de nombreuses personnes âgées sous des ordres de quarantaine stricts, les résidents confus et effrayés sont contraints de s’isoler indéfiniment sans contact avec leurs amis et leur famille. Des restrictions draconiennes en matière de dépistage les empêchent de savoir qui est ou n’est pas infecté, y compris eux-mêmes. Dans de nombreux cas, les responsables des établissements n’ont pas informé les membres de la famille et les résidents de la présence du virus. Les terrifiantes épidémies virales sont aggravées par le manque de prestataires de soins pour répondre aux besoins quotidiens de base des personnes âgées dans les maisons de retraite, comme se nourrir et se laver: l’issue tragique de décennies de réduction des salaires et des services, et de la privatisation du système de santé publique. Les absences des travailleurs pour cause de maladie et la crainte d’une infection due à des conditions de travail dangereuses n’ont fait qu’aggraver le manque de personnel. L’annonce par le premier ministre de droite de l’Ontario, Doug Ford, que son gouvernement crée un «anneau de fer» de protection autour des personnes âgées est une fraude odieuse. L’engagement pathétique de son gouvernement de 243 millions de dollars pour protéger les travailleurs et les résidents des établissements de soins de longue durée ne commence même pas à s’attaquer aux politiques d’«efficacité» qui ont ravagé le système de santé de la province, réduit fortement les heures hebdomadaires des travailleurs de soutien et des thérapeutes dans les maisons de soins, et dans un geste scandaleux, réduit même le nombre minimum de bains autorisés pour les résidents. Après avoir annoncé que la santé et la sécurité des personnes âgées en résidence «est une question de vie ou de mort», le premier ministre québécois de droite François Legault a promis la modique somme de 133 millions de dollars en aide d’urgence, tandis que son gouvernement de la CAQ (Coalition Avenir Québec) a sournoisement exigé d’autres concessions encore de la part des 550.000 infirmières et autres travailleurs du secteur public de la province qui sont actuellement en première ligne de la crise de COVID-19. Ce n’est que la semaine dernière, et après de nombreux décès dans des maisons de soins en Colombie-Britannique, que le gouvernement provincial du Nouveau Parti démocratique, soutenu par les Verts, a pris la peine d’inclure des tests quotidiens pour les travailleurs des maisons de soins dans son «plan d’action» COVID-19. Les travailleurs sociaux dont le test de dépistage du virus est négatif seront désormais affectés à un seul établissement de soins, une mesure qui aurait dû être prise il y a des années au lendemain de la crise du SRAS de 2002-2003, lorsque le lien entre les déplacements des travailleurs sociaux et la propagation de la maladie a été reconnu pour la première fois. La réponse du gouvernement fédéral n’a pas été moins désordonnée. Tout en offrant un financement dérisoire de 3 milliards de dollars au système de santé, dont la majorité sera dirigée par des entreprises à but lucratif, le gouvernement libéral de Justin Trudeau, avec le soutien unanime des conservateurs «d’opposition», du NPD, du Bloc Québécois et des Verts, achemine promptement plus de 650 milliards de dollars dans les poches des banques et des grandes entreprises. La dévastation de COVID-19 qui a pris place dans les maisons de soins souligne le besoin immédiat de tests méticuleux, de recherche systématique des contacts et de l’achat urgent de respirateurs et d’équipements de protection individuelle pour tout le personnel médical. Pourtant, comme c’est le cas partout en Amérique du Nord et en Europe, ces ressources essentielles ne sont pas mises à disposition. L’indifférence criminelle de l’élite dirigeante à l’égard du sort des résidents des maisons de retraite et des travailleurs mal payés est encore soulignée par leurs efforts méprisables pour faire porter la responsabilité des décès en masse sur les épaules de la population en général. Certains parents de personnes âgées résidant dans des maisons de soins reçoivent des lettres de prestataires de soins affirmant qu’il n’y aurait «aucun avantage» pour leur proche atteint de la COVID-19 à être hospitalisé. À la maison de soins Pinecrest, le directeur médical a envoyé des courriers électroniques préparant les membres de la famille au choix dévastateur de permettre ou non à leurs proches âgés d’utiliser un respirateur. La lettre disait: «Un patient frêle qui est placé sous respirateur risque de souffrir beaucoup et de ne pas survivre… Je vous demande à tous de bien réfléchir à ce qui serait dans le meilleur intérêt de vos proches». Cette campagne visant à laisser effectivement les personnes âgées mourir est soutenue par la classe dirigeante et, il faut malheureusement le noter, par une grande partie de l’establishment médical dans tout le pays. Dans le Globe and Mail, le «journal officiel» du Canada, un commentaire intitulé «Le coronavirus est l’occasion d’avoir les conversations de fin de vie dont nous avons besoin», un certain Gordon Rubenfeld, professeur de médecine à l’université de Toronto, a déclaré: «Le coronavirus est une occasion de parler à vos parents, grands-parents, tantes, oncles et proches atteints de maladies chroniques au sujet de la réanimation. Car si vous ne leur parlez pas de cela maintenant, vous risquez d’avoir une conversation beaucoup plus difficile avec moi plus tard». Presque toutes les provinces ont mis en place des comités dits «d’éthique médicale» pour déterminer qui doit être privé de soins et effectivement abandonné à la mort, lorsque le nombre inadéquat de respirateurs, de lits de soins intensifs et d’autres équipements sera totalement épuisé. Les médias d’entreprise font la promotion de ces comités d’«éthique médicale» comme un moyen rationnel d’attribuer les maigres ressources et de soulager la détresse psychologique des travailleurs de la santé de première ligne. Mais quand il est question des actions en bourse des banques et des grandes entreprises, qui font maintenant la queue pour se gaver des largesses de l’État alors que les secteurs de la santé et des soins sont privés de ressources, les médias n’ont pas le temps de discuter d’éthique – ce qui démontre que leur «moralité» est entièrement déterminée par les intérêts mercenaires de leur classe. (Article paru en anglais le 7 avril 2020)
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vendredi 28 août 2020

Plan de relance : un secret d’État

Par Jacques Garello. Les Français peuvent être rassurés�: le plan de relance est prêt. C’est Bruno Le Maire qui a annoncé cette bonne nouvelle lundi dernier sur RTL. Le ministre de l’Économie a donné les grandes lignes du Plan : 100 milliards de dépenses nouvelles hors budget, à étaler sur deux ans. Mais il ne peut entrer dans le détail pour l’instant. Le secret est bien gardé mais tout sera précisé d’ici la fin de l’année. Je comprends que ce plan, à la manière d’un prototype présenté au salon de l’auto, soit protégé jusqu’au dernier moment. Car une chose est sûre : il s’agit d’un prototype, puisqu’il assemble tout et son contraire. Il assemble situation sanitaire et situation économique, transition écologique et croissance économique, mesures conjoncturelles et évolutions structurelles, économie de la demande et économie de l’offre, et évidemment gauche et droite. C’est l’ingénieur Macron qui est à la manÅ“uvre de l’innovation. Et c’est le charisme de Bruno Le Maire qui retient le chaland. Les opposants aux dirigeants actuels ont la mauvaise foi de dénoncer des incohérences destinées à désorienter le peuple et à distraire l’opinion publique jusqu’à l’ouverture de la campagne des présidentielles, mais pour ma part je dois avouer avoir été surpris de la façon dont le ministre de l’Économie a tenté de concilier économie de la demande et économie de l’offre. Certes, politiquement il faut donner des gages aux Français de toutes opinions, de toutes conditions, mais à mon sens la science économique s’accommode difficilement d’une synthèse entre Keynes et Hayek, entre Malthus et Say. Relancer la dépense et stimuler la production « Que les Français dépensent au lieu d’épargner Â» : ce souhait, cette invitation de Bruno Le Maire est dans la plus pure des logiques keynésiennes. C’est la demande globale qui détermine le niveau du revenu national, et si la demande spontanée est essoufflée, la dépense publique est appelée en renfort. Voilà pourquoi 100 milliards ne sont pas de trop. Financer la dépense, privée ou publique n’est pas un problème : la dette publique y pourvoira car, contrairement aux dires des économistes libéraux, le ministre soutient que le niveau actuel de la dette française (120 % du PIB) est raisonnable et n’a gonflé que de 20 % cette année, uniquement à cause du confinement, et on pourrait digérer cet accident en 20 ans. C’est possible, dit-il, parce que grâce à la relance la production va démarrer. Et voici maintenant un beau couplet sur la production : en France on ne travaille pas assez, il y a trop d’impôts, alors que les capacités des Français sont extraordinaires – ce qui apparaîtrait dans les excellentes performances de croissance depuis le début de l’ère Macron. Si la production est aujourd’hui insuffisante c’est sans doute que les producteurs français sont victimes de la concurrence déloyale des étrangers, Américains et Chinois en tête. Les économistes libéraux ont deux objections à présenter ici : 1° En aucun cas la demande globale n’est le moteur de l’économie. Il n’y a demande que s’il y a revenu, et il n’y a revenu qu’en rémunération de biens et services produits et vendus, ces rémunérations s’appellent salaire, intérêt et profit. La loi de Say est inéluctable ; on ne peut dépenser un argent qui n’a pas été gagné. Les dépenses publiques ne sont possibles que par une redistribution des revenus primaires, elles n’ont d’autre financement que l’impôt actuel ou futur. Le ministre nous fait croire qu’il n’y aura pas de fiscalité supplémentaire, mais il attend beaucoup d’argent de la taxation des GAFA, et surtout les projets de relèvement de la fiscalité foncière sont déjà bien au point à Bercy : les plus-values seront bientôt taxées. 2° Comment stimuler la production en multipliant chaque jour les contraintes qui pèsent sur les entreprises ? Si les entreprises et les emplois sont aujourd’hui en ruine, c’est à la manière dont le confinement a été déclaré et organisé qu’ont le doit. Et l’avenir est pour longtemps compromis dans de nombreux secteurs (comme le tourisme, la restauration, les transports, l’habillement) par une réglementation arbitraire, confuse et discriminatoire. C’est que le gouvernement a maintenu deux priorités : la « guerre » contre la Covid (« la situation économique et la situation sanitaire ont été mises au même niveau »), et la transition écologique (30 % des ressources du plan seront affectées à la décarbonisation). Comment croire à la croissance quand des millions de chômeurs et des milliers d’entrepreneurs ont été asphyxiés ? Les aides promises pour écarter « toute faillite Â» (Macron) n’ont jamais été apportées et seront à terme dès le mois prochain (comme en ce qui concerne le chômage partiel). Bref, la croissance n’est pas une affaire politique menée à travers d’audacieuses interventions macro-économiques. Elle est affaire de confiance, et les producteurs français n’ont pas beaucoup de raisons d’avoir confiance. Comme après les crises de 2001 et 2008 les politiciens français ne se sont jamais ralliés à « l’économie de l’offre », ils croient aux relances par l’État et au pouvoir d’achat factice plutôt qu’à la liberté et la compétitivité des entreprises. Nationaliser l’épargne, planifier l’économie Curieuse coïncidence : les 100 milliards du plan relance sont rapprochés par le ministre des 100 milliards placés par les épargnants français dans leurs livrets A. Malthus et Keynes ont déjà fait la leçon aux épargnants : ils ne veulent pas consommer, donc ils réduisent les débouchés et ruinent les entreprises. Il ne vient pas à l’esprit du ministre que les Français accumulent de l’épargne par précaution : ils craignent dans l’immédiat pour leur emploi, pour leur affaire, pour leur pouvoir d’achat. Ils craignent aussi pour leur retraite – dont la réforme est toujours prometteuse. Ils ne peuvent être tenus pour de mauvais citoyens au prétexte qu’ils trouvent plus prudent de faire des économies que de contribuer à la relance de la croissance française. D’ailleurs il y a bien un moyen pour l’État de récupérer cette épargne et de la remettre dans le circuit, sans demander l’avis des déposants : c’est que la législation bancaire dans notre pays oblige caisses d’épargne mais aussi banques de dépôts à confier les sommes épargnées à la Caisse des Dépôts et Consignations, de loin la plus grande des puissances financières de France. Directement ou par l’intermédiaire de ses nombreuses filiales la Caisse finance nombre d’investissements considérés comme prioritaires par le pouvoir politique : grands travaux, logement social, etc. Le climat général est actuellement au monopole public de l’investissement. Le financement boursier est trop proche d’une logique capitaliste (il a été pourtant exempté d’impôt sur la fortune), le financement bancaire est trop prisonnier de la réglementation internationale, le financement personnel sous toutes ses formes est fiscalement ruineux, puisque la « justice sociale » exige de confisquer les profits. Heureusement demeure l’investissement par l’État et ses instances financières, dont notamment France Stratégie, dirigée par Jean Pisani Ferri, résurrection du Commissariat au Plan désaffecté depuis 2006. Bruno Le Maire ne cache pas les espoirs qu’íl met dans l’investissement orienté par l’État, capable de repérer les « gisements de la croissance future » – ce que le marché ne peut faire puisqu’il serait en quelque sorte « prisonnier des prix pratiqués actuellement ». Ainsi, en dépit des apparences, le Plan de relance peut-il s’inscrire dans un choix politique et stratégique : revenir à la planification, ressusciter le Commissariat au Plan. Quelques candidats à la tête de ce Commissariat sont évoqués, il est dit que François Bayrou pourrait convenir. La France serait évidemment le seul pays de l’OCDE à faire le choix de la planification ; comme en 1981 d’ailleurs. Il faut dire que nos politiciens ont toujours été attirés par la « troisième voie », dont on sait qu’elle est une impasse. Sa séduction politique est incontestable : ni de droite ni de gauche, indépendance garantie vis-à-vis des États-Unis comme de la Chine. Sa consistance économique est nulle puisqu’on ne peut juxtaposer deux systèmes de révélation des préférences, de choix des facteurs productifs et de répartition des résultats : c’est ou bien le marché, procédure de démocratie économique directe, à travers le « plébiscite quotidien du marché Â» (Hayek), ou bien le plan, procédure de démocratie économique indirecte, les choix étant faits par des représentants élus par le peuple « La démocratie politique soutient et garantit la démocratie économique Â» (Georges Marchais). Je dois dire que cette inclusion du plan de relance dans un projet de planification globale n’est pas acceptée par tous les membres du gouvernement. Olivier Dusopt, Secrétaire d’État à la Dépense publique, a insisté sur ce point : « Les dépenses engagées seront conjoncturelles et surtout pas structurelles ». On respire : les 100 milliards du plan de relance ne sont qu’un effort d’appoint, d’ailleurs non inscrit au budget 2021, et mis en Å“uvre en dehors du Parlement, puisqu’il y aura certainement de multiples réunions avec des « corps intermédiaires », syndicats, lobbies, associations, territoires, etc. pour un partage équitable de ce qui restera après que la facture écologique, en particulier celle de la Convention Citoyenne pour le Climat, et les investissements du futur, sélectionnés par France Stratégie, soient payés. Voilà en effet de quoi rassurer : aucune réforme structurelle n’est en vue et sont malvenues les idées qui expliquent le chômage et la ruine économique de la France par le refus pérenne de réformer l’environnement institutionnel des entreprises française : la tyrannie du statu quo sera reconduite. Plan de relance de l’État En conclusion, je suggère de préciser ce qu’est le plan de relance. Il est un soutien financier non négligeable d’une relance de l’État. Fort du succès incontestable que l’État français a remporté dans sa maîtrise du Covid, fort de l’alignement de l’Union européenne sur le projet français après l’accord historique de juillet, fort du crédit personnel accordé à notre Président dans la diplomatie mondiale, fort de notre avance dans la transition écologique animée par la « démocratie délibérative », les étatistes se disent qu’il est temps de redonner à l’État la place qu’il mérite dans l’économie française, domaine partiellement et stupidement abandonné au marché et à la mondialisation. Mais pour l’instant il ne faut pas dévoiler ce projet, dont j’ai osé évoquer la logique : le secret sera bien gardé, cette discrétion permettra de prolonger plus facilement la relance de l’État dans la perspective d’un second quinquennat. Ces articles pourraient vous intéresser: Les incohérences de l’État vont-elles tuer la relance ? « Haut commissariat au plan » : faut-il le ressusciter ? Plan de relance européen, solution politique française La République otage des hauts fonctionnaires ?
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Le Mur : un paysage de rêve autoritaire au nouveau Far West

Source : Consortium News, William deBuys William deBuys fait un bilan de la catastrophe humanitaire et environnementale du mur frontalier de Trump. Remplacement de la clôture de la frontière en Californie en 2019 près du poste d’entrée de Tecate. (Douanes et protection des frontières des États-Unis) Un nouveau Far West a pris racine non loin de Tombstone, en Arizona, connu par beaucoup pour ses reconstitutions faussement historiques du vieil Ouest. Il s’agit d’un long et étroit territoire – un patchwork géographique – qui s’étend vers l’est à travers le Nouveau Mexique et descend le Rio Grande texan jusqu’au Golfe du Mexique. Il s’étend également vers l’ouest à travers des centaines de kilomètres de désert jusqu’en Californie et l’océan Pacifique. Comme l’ancien Far West, celui-ci est sans loi, excepté la loi des armes. Mais ce vieil Ouest était sans loi, faute de gouvernement. Celui-ci est sans loi à cause de lui. Le département de la sécurité intérieure, sous l’autorité conférée par le Congrès, a déclaré plus de 50 lois fédérales inopérantes le long de certaines sections de la frontière américaine avec le Mexique, pour mieux construire le mur frontalier que Donald Trump a promis à sa « base ». D’innombrables lois étatiques et ordonnances locales ont également été balayées. Comme on pouvait s’y attendre, la loi sur les espèces menacées d’extinction fait partie de celles qui sont tombées. Il en va de même pour le National Historic Preservation Act, le Wilderness Act, les lois limitant la pollution de l’air et de l’eau, et les mesures de protection de la faune, des paysages, des sites sacrés amérindiens, et même des grottes et des fossiles. Lire la suite
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Quartier Libre – « L’effondrement du capitalisme a commencé »

Source : QG TV, Youtube  Aude Lancelin reçoit le philosophe Alain Deneault, penseur du néolibéralisme, pour un Quartier Libre sur l’effondrement du capitalisme déjà commencé. Source : QG TV, Youtube Lire la suite
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jeudi 27 août 2020

Coronavirus : cette crise qui n’en finit pas

Par Paul Touboul. Nous vivons encore en ce mois d’août sous l’empire de ce coronavirus qui avait abordé nos rives en mars dernier et continue de faire la Une de l’actualité. On aurait pu penser que la phase de déconfinement nous amènerait tout naturellement vers une sortie de crise. Or, c’est un autre scénario qui se déroule sous nos yeux dont on peut lister sans peine les aspects les plus parlants. Des appels à la prudence n’ont cessé d’être lancés au prétexte que l’épidémie est loin d’être terminée et qu’une seconde vague est toujours à craindre. Une campagne de tests à tout va a été entreprise pour dépister les sujets contaminés et dessiner ainsi la cartographie d’une épidémie souterraine prête à s’embraser de nouveau. Dans le sillage d’une pensée aux abois, le port de masques dans les lieux clos a été imposé et des sanctions prévues en cas de non-respect. Les règles de distanciation physique continuent d’être prônées comme gestes-barrière déterminants. Relayant celui des morts, le comptage des contaminés détectés fait la Une des médias, participant à l’entretien d’un vécu de crise persistante. La survivance d’îlots épidémiques dans les pays voisins est complaisamment rapportée pour corroborer sans le dire la thèse d’une épidémie prête à resurgir. Les jeunes sont montrés du doigt comme de dangereux vecteurs de l’infection, laquelle, très souvent inapparente chez eux, n’en est que plus redoutable. Une peur sournoise a été instillée dans les esprits, visible dans l’espace public où nombre de comportements en témoigne. S’embrasser entre proches est désormais teinté de mauvaise conscience assumée. Force est de constater que nous ne sommes pas seuls à nous sentir en guerre permanente contre le virus. D’autre pays, en Europe ou ailleurs, sont dans le même état d’esprit. Des objections à l’alarmisme ambiant On ne peut s’empêcher de constater que l’attitude alarmiste actuelle rencontre en fait bien des objections. La courbe en cloche de l’épidémie dessinée par le nombre de contaminations en fonction du temps évolue vers un terme prochain sans montrer de nouveau rebond. Le nombre de décès attribué à la virose est ridiculement bas sans commune mesure avec les chiffres du mois d’avril. Des contaminés récemment détectés à la faveur du dépistage, rien n’indique l’ancienneté du comptage d’autant plus que les tests sont incapables de faire la distinction entre virus morts et vivants et seraient même en défaut dans 20 % des cas au bas mot. Or, aujourd’hui tout contaminé dépisté est comptabilisé nouveau malade. La persistance de clusters dans l’ouest du pays peut traduire l’invasion tardive de ces régions en lien avec la direction suivie par la nuée virale. Que le grand Paris, par son étendue et la densité de population connaisse encore des îlots actifs, la chose peut se concevoir, sans tomber pour autant dans le catastrophisme. Pourtant, les médias d’information ressassent à l’envi que les clusters ont toute chance d’être les avant-postes d’une nouvelle vague. Enfin, l’on sait maintenant que les enfants et adolescents, ayant pu rencontrer dans leur vie toutes sortes de coronavirus, sont pour la moitié d’entre eux au moins déjà immunisés contre l’actuel Covid-19. Pourquoi avoir choisi le scénario catastrophe ? Ce constat établi, restent les explications à proposer pour rendre compte de telles dérives. C’est certainement la pratique de l’exercice la plus délicate tant la dramatisation actuelle est proprement sidérante et son ampleur inédite. Et pour commencer, pourquoi avoir fait le choix du scénario catastrophe, et ce contre l’évidence des données épidémiologiques recueillies jusqu’à ce jour ? On peut comprendre que l’ampleur des chiffres de mortalité du mois d’avril en pleine phase d’invasion virale ait contribué à l’édification d’une vision tragique de l’évènement et conduit à redouter un nouveau débordement des structures hospitalières. Mais toute tragédie a une fin et l’on aurait pu s’acheminer avec soulagement vers une issue prochaine. Les services de réanimation s’étaient enfin vidés et la mortalité devenue insignifiante. Alors persister dans la guerre contre un ennemi sur le départ pose question. Car c’est bien dans cette voie que l’on s’est engagé, arguant que ce virus nouveau et par suite imprévisible, était capable de tout et donc d’évoluer selon des modes inattendus. Le principe de précaution, pourquoi ? Continuer de dévider un arsenal de mesures défensives contre toute logique apparente, sinon celle censée débusquer un mal qui court, tel est le fondement de l’action actuelle. Or, tout laisse à penser, sur le vu de l’expérience acquise un peu partout, que le confinement, considéré comme la mesure protectrice par excellence, n’est pas parvenu à influer significativement sur le profil de l’épidémie et les taux de mortalité. L’expérience suédoise jouerait même en faveur d’une politique laissant l’invasion virale se heurter in fine à la barrière d’une immunité collective. En dépit des apparences, le débat sur le sujet reste donc ouvert, ce qui rend d’autant plus incompréhensible la persistance de déclarations laissant planer la menace d’un re-confinement face à la résurgence de contaminations ici ou là. Et l’imposition de masques dans l’espace public se passe également de toute preuve scientifique. À l’évidence, dans l’incertitude, joue ici, semble-t-il, un principe de précaution. En faire trop, même si cela peut être en grande partie inutile, vaut mieux que courir le risque de pêcher par défaut. L’opinion sera toujours sensible à une débauche d’énergie face à un danger redoutable. À l’opposé, une apparence d’absentéisme est plus à risque d’être retournée à charge contre son auteur. Les agissements actuels peuvent aussi être le pendant des errements de départ où l’absence de tests de dépistage et aussi de masques en pleine phase d’invasion épidémique a fait cruellement défaut. Alors, autant se rattraper par la suite et même en rajouter pour renforcer une image d’extrême vigilance et d’autorité experte, cette dernière particulièrement mise à mal dans les premiers temps. Le maintien d’un état de crise tend à faire oublier les débuts. Nos gouvernants nous montrent, en cette période estivale, qu’ils sont toujours sur le pont, ôtant aux critiques toute opportunité de se manifester. Prolonger la situation actuelle en s’aidant de la traque de clusters viraux peut aider à revisiter positivement l’histoire de la pandémie. Une fois l’évènement passé, se maintiendra le souvenir d’un activisme de bon aloi et de dirigeants exemplaires. Pourquoi la peur domine ? Reste que le soubassement de la stratégie en cours demeure la peur. Et l’on doit d’interroger sur cette peur devenue manifeste jour après jour au point d’infiltrer la tonalité des informations, commentaires et débats et de diffuser tout naturellement vers le public. Le coronavirus fait peur à l’évidence. Pourtant son bilan ne le distingue pas particulièrement des virus respiratoires, notamment grippaux, ces derniers ayant pu frapper dans le passé avec une même violence sélectivement dirigée vers les personnes âgées ou malades. Certes on a encore à apprendre de ce Covid-19 et les données recensées en dessinent aujourd’hui une image plus claire. Il faut en outre compter sur les mutations spontanées du germe, lesquelles semblent en avoir réduit l’agressivité. Pourtant l’équation continue d’être : on ne connait pas notre ennemi, autant jouer la carte du pire. Par son ampleur, son excès même, ses éléments d’irrationalité, cette peur interroge sur notre monde soudain pris de panique face à un agent censé véhiculer la mort à tout instant, en tout lieu. Et qu’en fin de compte le risque ne s’avère guère différent de celui d’autres épidémies du passé, le fait est balayé d’un revers de main. La peur a ses propres lois, élabore un discours qui s’alimente de la même logique folle, concourt chaque jour à sa survie qui devient une fin en soi. Il y a en la matière des relents d’apocalypse. La fin de la vie humaine est en perspective. Cette vie il nous faut la défendre et chasser avec une rigueur impitoyable les semences de destruction. Pareille prise de conscience de la précarité du monde renvoie au rêve transhumaniste dans lequel versait il y a peu notre intelligence. Pourquoi faire passer la santé avant le contexte économique et social ? Ainsi, tout au long de l’épidémie, la préservation de la vie a été clamée comme objectif suprême des actions menées contre le coronavirus. Évènement unique en soi, ceux dont le métier a cette finalité, médecins et personnel soignant, ont été célébrés tels des héros engagés dans un combat titanesque. Et bien des voix, sans distinction d’appartenance, ont souligné l’aspect inédit de la décision politique qui a su mettre de côté les enjeux nationaux au seul profit de la santé des gens. Mais n’est-ce pas là une vision bornée des choses que celle de vouloir dissocier la vie en soi du contexte économique et social ? A l’évidence la pauvreté, le chômage sont associés à un risque accru de maladie et de mort prématurée. Or, le confinement a déjà eu son lot de tragédies que catalysait la misère physiologique et aussi sociale. Le suivi de pathologies chroniques a été gravement délaissé. Et le régime de contrainte persistant dans lequel nous vivons depuis plusieurs mois a enclenché une crise économique majeure dont les conséquences pourraient être désastreuses en termes de santé publique. Cette perspective, pourtant, ne semble pas émouvoir outre mesure nos décideurs toujours droits dans leurs bottes face à la crise sanitaire. Pourquoi la délation prend le dessus ? Chaque jour, les temps que nous vivons exhalent une ambiance délétère où se mêlent anxiété, incertitude face à l’avenir, peur diffuse, soupçon. Il faut y ajouter violence sourde, agressivité. Tout citoyen lambda peut aujourd’hui s’ériger en justicier pour faire respecter les gestes barrière par ceux, plus rétifs, qui se voient accusés de négligence coupable mettant en péril la vie des autres. Certains édiles ont été même jusqu’à encourager la délation. La traque des insoumis par les forces de police avec sanction financière à la clé témoigne du virage pris par le pouvoir, lequel arbore en la matière une tonalité autoritaire de plus en plus éloignée d’une gestion démocratique. Au nom de la santé la notion de débat tend à disparaitre. Nous voilà pris en charge sans avoir notre mot à dire. L’État agit pour notre bien. Toute opposition devient irrecevable. Une pensée totalitaire que l’on croyait pour longtemps bannie de l’Occident, refait surface soi-disant pour la bonne cause. Et les comportements se plient avec une docilité qui renvoie à des temps douloureux de notre histoire. Qu’en est-il de la course aux� vaccins ? Risquons-nous enfin à soulever des lièvres, que d’aucuns rangeraient dans la catégorie du complotisme. Ainsi alimenter la peur et maintenir vivant le spectre de l’épidémie ouvre forcément la voie à des solutions miracle lesquelles, il faut bien le dire, se parent aussi d’avantages financiers juteux. Big Pharma joue sa partition en coulisses. La course aux vaccins est lancée et leur fabrication prochaine annoncée comme la parade sans faille opposée dans l’avenir au virus. Peu importe que l’épidémie soit à bout de souffle et que la survenue de résurgences saisonnières reste hypothétique. Le vaccin continue d’être présenté comme l’arme radicale qui réglera tous nos problèmes. Et les États de se positionner dès maintenant auprès de grands groupes pharmaceutiques en vue de l’acquisition de doses par millions. Comprenne qui pourra ! Reste que la dramatisation actuelle de la situation montrerait là un visage fort peu ragoûtant. Des restrictions, jusqu’à quand ? Enfin le régime d’urgence sanitaire en cours a ouvert la voie à l’imposition de règles par décret, devant lesquelles chacun courbe l’échine, santé oblige. Dans ce sillage l’obéissance va de soi. Et tant pis pour les manifestations collectives de quelque nature que ce soit, qu’il s’agisse de fête ou de protestation, puisque tout regroupement d’humains véhicule un risque de propagation virale, information martelée ad nauseam. Alors la tentation peut se faire jour, à l’approche de la rentrée, de maintenir les mesures contraignantes le temps qu’il faut, ce qui permettrait d’annihiler, à cette période de l’année où s’expriment volontiers les crises sociales, toute tentation de manifestations de rue ou d’appel à la grève. Rien n’interdit de penser que nos gouvernants, au moment de fixer une date d’allègement ou de suspension des règles sanitaires actuelles, fasse plutôt le choix d’en retarder la fin, politique oblige. Force est de reconnaître que nous vivons des temps inédits où plus que jamais la manière qu’a l’Homme de régir sa relation au monde est posée. Face aux fléaux naturels, comme en bien d’autres circonstances, les connaissances acquises, passées au filtre de la prise de décision, se heurtent à la part d’inconnu qui fait de toute direction un choix parmi d’autres justifié par la lecture de l’évènement, le background scientifique, l’expérience, le pragmatisme, sans compter les facteurs subjectifs non négligeables. Il faudrait y ajouter des éléments en lien avec la société elle-même. Ce qui se passe aujourd’hui à propos de l’épidémie suscitera, à n’en pas douter, dans l’avenir des études dont le recul devrait permettre plus de pertinence. Et s’il fallait pour conclure caractériser en quelques mots le monde du coronavirus, viendraient, derrière une arrogance de façade, la fragilité et la peur de l’Homme privé de transcendance. Ces articles pourraient vous intéresser: Covid-19 : Saison 2, épisode 1 ? Retrouverons-nous un jour nos libertés perdues ? 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Maoïsme et progressisme radical : une troublante analogie 

Par Bertrand Buisson. Même si l’Histoire ne se répète jamais, on y trouve toujours de troublantes analogies. La civilisation occidentale chrétienne est aujourd’hui bouleversée par l’émergence d’un progressisme radical qui remet en cause toutes ses normes, ses valeurs et ses croyances. Mais derrière sa volonté d’émancipation face à l’ordre établi, ce mouvement dégage un véritable désir punitif qui n’est pas sans rappeler un précédent historique trop méconnu : la Révolution culturelle menée par Mao dans la Chine communiste entre 1966 et 1976. En effet, cette révolution de la jeunesse urbaine chinoise contre le pouvoir du Parti communiste a été instrumentalisée par Mao pour détruire ses rivaux au sein de l’appareil d’État. Croyant faire la révolution, ces millions de jeunes vont ainsi œuvrer avec une énergie insoupçonnée à la destruction de la civilisation chinoise. Pour le sinologue Jean-Luc Domenach1, il s’agit d’une paradoxale « rébellion répressive ». Nous allons voir qu’il existe de nombreuses analogies entre ce mouvement et le progressisme radical, tant sur leurs ressorts idéologiques que sur leurs modes opératoires. Et ces analogies sont riches en enseignements civiques. Un mécanisme idéologique semblable En lançant la «�Grande révolution culturelle prolétarienne Â» (GRCP) au printemps 1966, Mao donne pour mission aux Gardes rouges de détruire toutes les références culturelles antérieure à l’établissement du régime communiste en 1949. On retrouve cette exhortation contre ce qui sera dénommé les « quatre vieilleries Â» dans l’éditorial du Quotidien du peuple du 1er juin 19662 : La révolution culturelle prolétarienne vise à détruire de fond en comble la pensée, la culture, les mÅ“urs et les coutumes anciennes, que les classes exploiteuses utilisèrent au cours des millénaires pour empoisonner le peuple, et à créer et développer parmi les larges masses populaires une pensée, une culture, des mÅ“urs et coutumes totalement nouvelles, celles du prolétariat. Pour advenir l’ordre nouveau doit donc détruire tout ce qui l’a précédé. Dans une vision marxiste radicale, l’ensemble de la civilisation chinoise est considéré comme oppressif et corrompu. Rien ne peut ni ne doit en être sauvé. La rédemption passe par l’éradication. On retrouve ce fond idéologique par exemple dans la mouvance néo-féministe qui estime que toute notre culture est le produit d’un patriarcat oppresseur et qu’il faut donc remplacer l’intégralité des mÅ“urs anciennes régissant les rapports entre les hommes et les femmes. Mais également dans la mouvance décoloniale qui affirme que l’histoire du monde se résume par la domination des Blancs sur les racisés et qu’il faut donc effacer toutes les traces de cette histoire. L’exploitation des frustrations de la jeunesse Le ressort sociologique de la révolution culturelle repose sur la mise en opposition des jeunes et des anciens3. Ce que l’on retrouve aussi aujourd’hui avec Greta Thunberg et son « vous avez volé mes rêves et mon enfance Â» ou encore le fameux « ok boomer Â». Pour s’attaquer aux intellectuels, artistes et cadres du parti qui lui résistaient, Mao a mobilisé les millions de jeunes urbains scolarisés. Il a misé sur leur frustration de devoir subir un ordre rigide alors qu’ils étaient biberonnés aux exploits de la révolution communiste de 1949. Leur besoin de reconnaissance et leur soif de revanche étaient très forts. Il a aussi misé sur leur jeunesse puisque entièrement éduqués dans le dogme maoïste, ils n’avaient aucune autre arme intellectuelle à leur portée. Les Gardes rouges ont donc été ses partisans les plus fanatiques, voulant faire appliquer à la lettre les slogans maoïstes appris par cÅ“ur. Quelques 200 000 enseignants, intellectuels et artistes furent torturés, emprisonnés ou assassinés par eux entre 1966 et 1967. La destruction du passé Dans leur furie destructrice, les Gardes rouges s’en sont aussi pris aux objets incarnant les « vieilleries Â». Livres, monuments et antiquités sont détruits. Même les registres généalogiques sont brûlés et de nombreuses personnes doivent changer de prénom. Les rues sont débaptisées, tout comme les écoles. Les films, spectacles et musiques sont interdits. Seules quelques Å“uvres produites par les maoïstes et conformes au maoïsme sont autorisées. Cela n’est pas sans rappeler de nombreux faits d’actualité récents. Les destructions de statues aux États-Unis ou en Europe dans le cadre du mouvement « Black lives matter ». On a aussi vu les élèves du lycée Colbert de Thionville le faire rebaptiser Rosa Parks. Le chef d’œuvre du Septième art Autant en emporte le vent a été retiré du catalogue de HBO puis sa projection parisienne déprogrammée. Les romans Huckleberry Finn ou La Case de l’oncle Tom ont été retirés de programmes scolaires et de bibliothèques américaines. En 2019, des groupes antiracistes avaient fait interdire une pièce de l’auteur antique Eschyle à la Sorbonne. La Ligue de défense noire africaine a même affirmé le 30 mai que « La France de Clodion le Chevelu, de Jeanne d’Arc, de Philippe Pétain ou de Charles de Gaulle n’est plus ! Â», appelant au « renommage (sic) des rues, places et lycées Â» et réclamant que Montesquieu, Napoléon ou le général de Gaulle soient remisés dans un « musée des mauvais hommes Â». La surveillance mutuelle  Le maoïsme est allé beaucoup plus loin que le stalinisme dans le contrôle social, au point même d’effrayer certains observateurs soviétiques. En Chine, la répression n’est pas policière et secrète mais populaire et publique. Elle s’exerce notamment par les « meeting de lutte Â», qui sont des séances de critique et d’autocritique devant renforcer le conformisme idéologique. Les personnes suspectées d’être contre-révolutionnaires sont accusées publiquement et doivent subir les insultes de la foule, sous les exhortations de cadres du parti ou de gardes rouges. Chacun peut inspecter les pensées de l’autre et est appelé à être plus radical que son voisin, sous peine d’être suspecté à son tour. En ce qui concerne l’accusé, il est considéré comme coupable et ne peut que se repentir, c’est l’autocritique. Toute contestation renforce la culpabilité et le déchaînement de la foule. La pratique actuelle du « online shaming Â» (ou « humiliation en ligne ») n’est rien d’autre que des meetings de lutte numériques. On ne compte plus le nombre d’influenceurs, de personnalités ou même de simples internautes qui au moindre propos pouvant toucher un membre d’une minorité sexuelle, ethnique ou religieuse, ont subit le déchaînement des réseaux sociaux. Une fois pris dans la tourmente ils ne peuvent plus se défendre puisque noyés sous la masse des accusations et des insultes. Leur seule solution est de reconnaître qu’ils ont mal pensé. Récemment, accusé de machisme pour avoir critiqué le mouvement #MeeToo, le ministre de la Justice a été contraint d’affirmer publiquement « je suis féministe et je le dis, sans avoir à rougir, je suis féministe Â». La mort sociale Sous Mao, les accusés étaient aussi promis à l’ostracisme. Après leur critique publique, les proches étaient vivement incités à rompre tous liens avec l’accusé, sous peine d’être accusés à leur tour. Les femmes étaient incitées à divorcer, les employeurs à licencier et les voisins à ne plus leur parler. Ce mécanisme faisait pleinement partie de la « terreur démocratique Â» voulue par Mao pour inciter chacun à devenir un auxiliaire du pouvoir. Et d’ailleurs, souvent, les enfants devinrent les accusateurs de leurs propres parents, poussant le contrôle idéologique jusqu’au sein des foyers. Cette pratique de la mise à mort sociale s’est largement instaurée sur les réseaux sociaux avec la cancel culture qui est même revendiquée par les progressistes radicaux comme moyen de lutte contre la haine. Dans le cadre de l’humiliation publique, il s’agit de faire disparaître l’accusé des réseaux sociaux ainsi que de sa vie réelle. Pour la partie virtuelle, il s’agit de signaler massivement aux plateformes numériques (Facebook, Youtube, Twitter, etc.) les comptes des personnes accusées afin d’en obtenir la fermeture. Et si les plateformes ne suivent pas, la campagne d’accusation peut se retourner contre elles, au point que Facebook est aujourd’hui boycotté par les annonceurs pour ne pas avoir supprimé suffisamment de comptes d’utilisateurs suite au meurtre de George Floyd. Pour la partie réelle, il s’agit de révéler des informations sur la vie privée (doxing), comme par exemple le nom de son employeur. Le but est d’obtenir, par le déchaînement de la fureur populaire envers l’entreprise, le renvoi de l’accusé. Mais souvent, la simple accusation suffit à ruiner la vie d’une personne. Sandra Muller, l’égérie du mouvement #BalanceTonPorc lancé sur twitter en 2017, a accusé à tort son ancien patron de harcèlement. Et même si la justice a condamné l’activiste en 2019 pour dénonciation calomnieuse, la victime y a quand même perdu sa femme et son travail. La rééducation Les Gardes rouges ont envoyé 3 à 4 millions de personnes dans les Laogai, ces camps de rééducation créés par Mao en 1950 d’où un tiers des prisonniers ne revinrent jamais. Dans ces camps, les accusés-coupables devaient travailler en groupe sur leur autocritique puis étudier les citations de Mao jusqu’à ce qu’ils deviennent conformes idéologiquement. Évidemment, le fait de travailler en groupe avait pour but d’assurer la surveillance mutuelle. On retrouve ce même réflexe dans le clip de la chanteuse Angèle Balance ton quoi, sorti en 2019 afin de soutenir le mouvement #BalanceTonPorc. Il met en scène un tribunal où les hommes sont jugés pour sexisme. Les coupables y sont envoyés non pas en prison mais dans un camp de rééducation (anti-sexism academy) pour apprendre lors de séances de groupe à penser comme il faut. Le danger Si le politiquement correct d’aujourd’hui est dangereux, ce n’est pas seulement qu’il interdit de dire certaines choses mais surtout qu’il oblige à en dire d’autres. Comme l’explique Jean Pasqualini, franco-chinois incarcéré sept années dans un camp de rééducation maoïste, le but de l’autocritique « n’est pas tellement de vous faire inventer des crimes inexistants, mais de vous faire admettre que la vie ordinaire que vous meniez était pourrie, coupable et passible de châtiment, puisqu’elle ne correspondait pas à leur propre conception de la vie4». Aux yeux des progressistes radicaux, il faudrait avouer qu’en tant qu’homme vous avez forcément violé ou cautionné la culture du viol, qu’en tant que Blanc vous avez forcément des privilèges, que si vous êtes en bonne santé vous devez véhiculer la grossophobie, etc. C’est un mouvement de déracinement massif. L’historien Loris Chavanette explique : « une fois le processus de déculturation engagé, difficile de l’arrêter car c’est alors la course à la mesure la plus radicale, à la démagogie5 ». On le reconnaît lorsque la lutte antiraciste devient raciste en collant une étiquette aux Blancs, quand les antifascistes deviennent fascistes en utilisant la violence contre tout opposant ou lorsque les féministes deviennent antiféministes en voulant imposer aux femmes de se comporter comme des hommes. C’est le signal d’un tournant totalitaire dont la masse se méfie trop peu car il n’est incarné que par une petite minorité. Mais l’usage de la terreur démocratique telle qu’utilisée par Mao et ses Gardes rouges, permet de s’imposer à tous. Et comme dans le cas chinois, cette nouvelle rébellion répressive interroge sur sa capacité à servir le pouvoir en divisant et soumettant le peuple. What do you want to do ? New mailCopy * J-L. Domenach, Chine : l’archipel oublié, 1992. ↩ * Principal quotidien chinois, édité par le Parti communiste chinois. L’éditorial est tiré du dossier très complet sur la GRCP du site https://materialisme-dialectique.com/la-grande-revolution-culturelle-proletarienne/ ↩ * Tel qu’expliqué par jean-Louis Margolin dans Le livre noir du communisme, dans le passage de son chapitre sur la Chine maoïste consacré aux acteurs de la révolution pp.605-609. ↩ * Dans Prisonnier de Mao : sept ans dans un camp de travail en Chine, 1975. ↩ * « Déboulonnage de statues: « La Révolution française avait ouvert la boîte de Pandore Â» », Le Figaro, 16 juin 2020. ↩ Ces articles pourraient vous intéresser: La décroissance, cette gauche qui a renoncé au progrès Cette gauche réactionnaire en guerre contre le futur Cyberpunk 2077 : polémiques ridicules et débats d’avant-garde Minecraft fête ses 10 ans sans son créateur, trop politiquement sulfureux
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