mardi 28 mars 2017

[Bien sûr…] Et maintenant l’Éducation Nationale recommande le Décodex !

[Bien sûr…] Et maintenant l'Éducation Nationale recommande le Décodex !

Pays en perdition…

Le 8 février dernier, j’ai alerté sur la volonté du Monde d’investir les écoles :

J’ai bien vu que j’ai eu un succès d’estime.  🙁

Vous savez, en général, il y a des principes assez simples (genre : “on ne doit pas aller en prison pour des opinions non violentes”, “un journaliste n’a rien à faire dans une école, c’est aux enseignants à enseigner”, etc.). Ou on les respecte, ou on ne le respecte pas. Après, il y a toujours des situations limites, où on voudra inciter à briser le principe “pour la bonne cause”. Mais très souvent, quand la digue est brisée, on ne peut plus arrêter le mouvement.

Hier, j’ai ainsi reçu ce mail d’un lecteur :

Bonjour M. Berruyer,

Je viens d'un seul coup de me rendre compte à quel point vous avez 1000 fois raisons sur cet affaire de Decodex, et qu'il est du devoir de tous de ne rien laisser passer. Mon fils est en 5e, et en tant que parent d'élève je m'informe de ce qui s'y passe comme tous les autres parents via Liberscol [NdR : le “cartable électronique” du collège auquel ont accès les parents]. Et voilà ce que le collège vient d'envoyer à tous les parents :

http://www.clemi.fr/fileadmin/user_upload/espace_familles/guide_emi_la_famille_tout_ecran.pdf

S'il vous plaît ne zappez pas et allez à la page 22 de ce document, vous y lirez un chapitre tenez-vous bien de Mr Samuel Laurent. Je suis plus qu'en colère et je vais faire un scandale dès demain au collège de mon fils. Ce qu'il se passe est gravissime, et je vous soutient à 100% dans votre action en justice contre ces gens, il ne faut plus rien laisser passer. Y aura-t'il une 2e collecte ? Je veux participer. Ne lachez rien. Bien à vous,

Voici ce qu’on y trouve :

On notera au passage que le Clémi est récidiviste, car dans le “dossier pédagogique 2017 de la Semaine de la presse et des médias dans l’école” qui vient d’avoir lieu, on trouve des recommandations pour le blog Conspiracy Watch de Rudy Reichstadt dont a vu les méthodes… (nous en reparlerons) :

Ainsi, je voudrais donc savoir si quelques personnes ont envie de se bouger un peu, pour m’aider à remonter ce sujet aux associations de parents d’élèves, au Ministère et aux élus du Clémi ? Me contacter ici.

En attendant vous pouvez réagir, en contactant le Clémi (Par mail, Twitter @LeCLEMI, Facebook), pour vous plaindre en indiquant entre autres qu’il ne revient pas au Clémi de faire de la publicité pour des entreprises privées (comme Le Monde), et encore moins pour des outils biaisés et très contestables comme le Décodex.

Sinon, ce n’est pas grave, c’est Samuel Laurent qui va éduquer vos enfants… 🙂

Je vous laisse en tout cas imaginer où ce mouvement en sera dans 2 ou 3 ans à ce rythme sans réaction – ils ont bien dit qu’ils étaient “en guerre“…

P.S. Le lecteur m’a réécrit ce soir :

Bonjour Olivier,
J'ai exprimé ce matin tout mon ressenti au directeur du collège de mon fils en lui faisant remarquer :
1 – qu'une information se devait d'être neutre et non partisane
2 – que j'étais adulte et responsable et que je n'avais nullement envie d'être « guidé » (Surtout par Samuel Laurent)
3 – qu'un collège relevant de l'Éducation Nationale censé défendre la langue française diffuse un document truffé d'anglicismes (digital native, real life, fact-checking etc.), même s'ils sont devenus à tort ou à raison langage courant sur le Net, me paraissait contraire à la loi du 4 août 1994 et à notre constitution.
Je l'ai senti gêné, et sans que je lui demande il a purement et simplement retiré ce document du Liberscol du collège. Fin de l'épisode. (Pour l'instant)

Lors de la publication de vos premiers articles sur le Decodex j'avoue très honnêtement avoir fait partie des personnes qui trouvaient que vous en faisiez trop. Cet épisode m'a ouvert les yeux et votre réaction était je le reconnais saine. Cette histoire va beaucoup plus loin qu'on ne le pense.
Cordialement,

Comme quoi, la mobilisation, ça paye… 🙂  Mais combien d’autres collèges où cela continue ?

Précision : il n’y a aucune allusion ethnique dans mon propos – je cherchais juste un dessin d’évangélisateur. Les journalistes risquent bien de commencer plutôt par Louis le Grand que par Bobigny…

URL: http://www.les-crises.fr/bien-sur-et-maintenant-leducation-nationale-recommande-le-decodex/

Trusts : Invalidation de l’amende proportionnelle de 12,5% par le Conseil constitutionnel, par Nicolas Marguerat, Avocat

Trusts : Invalidation de l'amende proportionnelle de 12,5% par le Conseil constitutionnel, par Nicolas Marguerat, Avocat

En passant, toujours dans notre série “Le Conseil Constitutionnel 2.0”

Source : Village de la Justice, Nicolas Marguerat, 23-03-2017

Dans sa décision 2016-554 du 22 juillet 2016, le Conseil constitutionnel avait annulé l'alinéa 2 de l'article 1736 du Code général des impôts qui prévoyait une amende proportionnelle de 5% pour non-déclaration des comptes détenus à l'étranger dès lors que le montant global desdits comptes était supérieur à 50.000 euros.

Dans une nouvelle décision 2017-618 du 16 mars 2017, le Conseil constitutionnel a annulé les dispositions de l'article 1736, IV bis du Code général des impôts (applicables jusqu'au 31 décembre 2016) qui prévoyaient une amende proportionnelle de 5% ou de 12,5% pour défaut de déclaration des trusts constitués à l'étranger.

L'amende proportionnelle de 5% a été applicable du 29 juillet 2011 au 8 décembre 2013 dès lors que ce montant était supérieur à l'amende forfaitaire de 10.000 euros (c'est-à-dire en pratique lorsque la valeur du trust excédait 200.000 euros) et celle de 12,5 % du 8 décembre 2013 au 31 décembre 2016 dès lors que ce montant était supérieur à l'amende forfaitaire de 20.000 euros (c'est-à-dire en pratique lorsque la valeur du trust excédait 160.000 euros) pour les infractions relatives aux déclarations devant être souscrites durant ces périodes.

Le Conseil d'État avait transmis au Conseil constitutionnel le 26 décembre 2016 une question prioritaire de constitutionnalité en interrogeant le Conseil sur le fait de savoir si les dispositions de l'article 1736, IV bis du Code général des impôts prévoyant, d'une part, l'amende proportionnelle (de 5% ou 12,5%) portaient atteinte en particulier au principe de proportionnalité des peines et, d'autre part, l'amende forfaitaire (de 10.000 euros ou 20.000 euros) portaient également atteinte aux principes d'égalité devant la loi et d'individualisation des peines.

L'inconstitutionnalité de l'amende proportionnelle était attendue puisque le Conseil constitutionnel avait déjà sanctionné l'alinéa 2 de l'article 1736 du Code général des impôts sur la base des mêmes arguments dans sa décision du 22 juillet 2016…

Le Conseil constitutionnel avait estimé dans ladite décision de ce qu'en sanctionnant le manquement à une obligation déclarative une amende calculée par application d'un pourcentage du solde du compte bancaire non déclaré méconnaissait le principe de proportionnalité des peines.

Le Conseil constitutionnel avait décidé, au visa de l'article 8 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, que « l'amende de 5%, qui réprime l'absence de déclaration annuelle des comptes bancaires ouverts, utilisés ou clos à l'étranger, est fixée en pourcentage du solde de ces comptes dès lors que le total de ces soldes excède 50 000 euros au 31 décembre de l'année. Cette amende est encourue même dans l'hypothèse où les sommes figurant sur ces comptes n'ont pas été soustraites frauduleusement à l'impôt. En prévoyant une amende proportionnelle pour un simple manquement à une obligation déclarative, le législateur a instauré une sanction manifestement disproportionnée à la gravité des faits qu'il a entendu réprimer. Dès lors, sans qu'il soit besoin d'examiner l'autre grief, les dispositions contestées, qui méconnaissent le principe de proportionnalité des peines, doivent être déclarées contraires à la Constitution. »

Le Conseil constitutionnel avait par contre validé le principe de l'amende forfaitaire.

Bis repetita placent !

Dans sa décision du 16 mars 2017, le Conseil constitutionnel censure donc l'amende proportionnelle (de 5% applicable jusqu'au 8 décembre 2013 et de 12,5 % applicable jusqu'au 31 décembre 2016) en ce que celle-ci méconnait le principe de proportionnalité des peines.

En effet, le Conseil constitutionnel retient […]

Lire la suite sur : Village de la Justice, Nicolas Marguerat, 23-03-2017

URL: http://www.les-crises.fr/trusts-invalidation-de-lamende-proportionnelle-de-125-par-le-conseil-constitutionnel-par-nicolas-marguerat-avocat/

Graphique de Marine Le Pen sur TF1 : “Décodeurs” ou déconneurs ? Par Emmanuel Lévy

Graphique de Marine Le Pen sur TF1 : "Décodeurs" ou déconneurs ? Par Emmanuel Lévy

Comme quoi, il reste encore des journalistes dans le pays… 😉

N.B. la non réévaluation monétaire de l’Allemagne est aussi un problème pour le Royaume-Uni… et les États-Unis par exemple.

Source : Marianne, Emmanuel Lévy,  23/03/2017

Pour démonter l’argumentaire anti-euro de Marine Le Pen, nos confrères des Décodeurs du “Monde” se sont attaqués au graphique que la candidate a exposé lors du débat. Problème : à trop vouloir jouer les justiciers, l’équipe en oublie parfois la rigueur mathématique.

Titré « Les manipulations graphiques de Marine Le Pen sur l'euro », l’article des Décodeurs promettait d’envoyer du lourd. Il s’agissait de montrer que le graphique brandi par Marine Le Pen lors du débat des 5 « gros » candidats sur TF1 le 20 mars, était trompeur. Celui-ci visait à montrer un lien de causalité entre, d’une part, l’introduction de l’euro et, d’autre part, la désindustrialisation de la France, notamment, et, inversement, la bonne tenue de l’industrie allemande, processus décrit par les statistiques de la production industrielle. L’euro responsable de la débâcle industrielle du pays, ce thème est un des principaux axes du Front national, qui propose la sortie de la monnaie unique, tandis que Jean-Luc Melenchon, lui aussi critique vis-à-vis de l’euro, évoque le retour à une monnaie commune.

La démonstration s’attaque d’abord sur la forme

Pour étayer son propos, la candidate du FN exhibe donc un graphique tiré de séries qui semblent être sourcées OCDE. Ce n’est pas ce point que contestent les Décodeurs, mais le fait d’avoir utiliser une base 100 en 2001.

Cette opération mathématique (on applique à chacune des courbes deux opérations, une division par la valeur qui est la leur au point de référence, puis une multiplication par cent) est une technique courante en économie pour apprécier et comparer des phénomènes. En math, cela s’appelle une homothétie, et cette opération (la multiplication par un scalaire positif) conserve les principales propriétés de la courbe, son sens, sa vitesse notamment. On peut même parfois voir des graphiques appliquant une autre transformation, le logarithme, mais qu’importe… La base 100, c’est standard.

Au passage, dire que l’utilisation de la base 100 « fait naturellement croiser les courbes », est mathématiquement faux, elle peuvent tangenter, à l’instar des trajectoires de deux boules de billard qui se cognent.

Une autre critique des Décodeurs est l’absence d’un référentiel extérieur à l’euro. En effet, si l’on veut tester l’hypothèse selon laquelle c’est le facteur euro qui explique la désindustrialisation de la France, il est nécessaire d’observer un autre pays qui ne dispose pas de la monnaie unique sur la même période. Ce qu’en effet Marine Le Pen ne fait pas. Comme les Décodeurs, Marianne a ajouté la courbe retraçant l’évolution de la production industrielle de la Grande-Bretagne, en corrigeant la petite erreur de nos confrères qui on mal calibré leur base 100 pour l’Allemagne…

Voilà qui permet de discuter du fond

Si Marine Le Pen affecte toute la responsabilité du déséquilibre entre la situation de l’Allemagne d’un coté et celles des autres pays de la zone euro de l’autre, les Décodeurs, eux, disculpent entièrement la monnaie unique, et chargent « la crise financière partie des Etats-Unis, en 2008, qui a largement fait chuter la production des secteurs industriels.»

Ce tableau 1 qui reprend celui de Marine Le Pen, avec la courbe britannique, montre bien que le facteur euro est un bon candidat pour expliquer une part non négligeable de la perte de compétitivité des pays du Sud, dont la France. Pas tout certes, mais les destins de la France et de la Grande Bretagne sont parallèles, et l’on voit bien que notre voisin d’outre-Manche, qui a la main sur sa monnaie, s’en tire mieux.

Ce tableau 2, qui reprend les même données mais place la base 100 en 2007, permet, lui, d’appréhender le facteur « crise financière » sur l’évolution des productions industrielles. Si les 5 pays doivent faire face à une chute massive, l’Allemagne retrouve dès 2011 son niveau d’avant la crise, elle semble même retrouver sa croissance tendancielle pour finir à 103 en 2016. Ce n’est le cas d’aucune autre nation. En 2016, la production industrielle de l’Espagne, la plus amochée, demeurent 25% inférieure à son niveau de 2007, la France en perd 13% et la Grande-Bretagne 5%.

Comment expliquer ces destins si différents

L’Allemagne a fait d’importants choix de société et d’organisation de son système de production à la suite, et même un peu avant, l’introduction de la monnaie unique. On peut ainsi citer : la modération salariale décidée sous Schroeder ; l’intensification de sa spécialisation dans des secteurs, comme les machines outils, portés par la croissance mondiale du commerce ; mais aussi l’approfondissement de la sous-traitance avec ses voisins de la mittle europa, Pologne et République tchèque en tête, qui ont eu la bonne idée de rester en dehors de l’euro, ce qui leur permet d’ajuster leur compétitivité coût aux besoins de leur grand voisin donneur d’ordres. Cette intensification des avantages compétitifs vis-à-vis de ses concurrents français, mais aussi britanniques et Américains, a permis à l’Allemagne de profiter pleinement des effets de la monnaie unique. Et notamment du taux de change.
Comme le taux de change de l’euro résultant de façon implicite comme la moyenne de ceux qui auraient dû s’appliquer pour chaque pays, l’Allemagne a pu profiter d’une monnaie plus faible que ses excédents commerciaux le laissait présager. Durant les années d’après guerre, le mark se renchérissait, les salaires allemands augmentaient au même rythme que la productivité et sa traduction, les excédents commerciaux. Ce n’est plus le cas après 2002, des montagnes de cash se sont accumulées outre-Rhin. Du cash qui a trouvé tout naturel de financer la bulle immobilière espagnole, comme le déficit grec. Ce déséquilibre inhérent à l’euro – ce que les économistes anticipaient parfaitement sachant que notre zone monétaire n’est pas optimale – a explosé avec la crise des subprimes venue d’Amérique.

Conclusion : aux effets de premier tour, l’euro a bien favorisé le pays disposant des meilleurs atouts, d’autant qu’il a tout fait pour les renforcer, s’ajoutent les effets de second tour, du fait des déséquilibres inhérents.

Mettre tout sur le dos de l’euro comme le fait Marine Le Pen n’a cependant pas plus de sens. La financiarisation des économies, la montée en puissance industrielle de la Chine, comme les déséquilibres mondiaux, sans compter, pour la France, les mauvais choix industriels de nos gouvernements successifs et des dirigeants (Areva, Alstom, Alcatel pour ne citer que ces trois catastrophes industrielles), ont une part notable dans le processus de perte de substance industrielle de l’hexagone. Mais l’euro est un facteur loin, très loin d’être marginal.

Réfléchir à l’avenir de notre monnaie, comme le font des économistes tel Thomas Piketty (lui souhaite un parlement de l’euro) loin d’être proche de la candidate frontriste n’a rien d’incroyable. Le débat est loin d'être éteint. Dans La Fin de l’Union européenne (*), Coralie Delaume et David Cayla évoquent une sortie, quand le prix Nobel Joseph Stiglitz l'appelle explicitement de ses voeux : l'Union européenne et la zone euro en particulier sont des échecs économiques. D'autres estiment que les coûts sont infiniment supérieurs aux bénéfices qu'une telle sortie entraînerait. C'est un débat, arguments contre arguments, qui ne peut être escamoté.

(*) La Fin de l’Union européenne, Edition Michalon, 255p., 19€

Article mis à jour le 24.03.2017 à 16h5

Suite à la publication de notre article, Le Monde a publié une nouvelle version de son papier, reconnaissant que la version originale avait pu “susciter des malentendus“.

Source : Marianne, Emmanuel Lévy,  23/03/2017

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Lire aussi sur Arrêts sur Images…

LA COURBE DE LE PEN, L’EURO, ET LA PRODUCTION : PAS DE MANIPULATION…mais des choix de représentation orientés

Source : Arrêt sur images, Manuel Vicuña, Capucine Truong, 22/03/2017

L’introduction de l’euro aurait bénéficié à l’industrie allemande au détriment de la France. C’est ce qu’a voulu prouver Marine Le Pen au débat télévisé de TF1, le 20 mars, en brandissant un graphique. Sans attendre, le graphique en question a été scruté par les Décodeurs du Monde. Leur verdict : un graphique “trompeur”“une manipulation.” Analyse immédiatement réfutée par le blogueur Olivier Berruyer. Qu’en est-il ? Selon nous, le graphique n’est pas erroné, mais est un choix de représentation parmi d’autres, qui a certes l’avantage de servir le propos de la candidate. Trompeur ? Ce serait plutôt l’analyse qu’en tire la candidate qui est sujette à caution.

C'est un graphique que Marine le Pen présente face caméra. Lundi 20 mars, lors du débat organisé sur TF1, la candidate FN a réitéré sa volonté de sortir la France de l'euro. Pour étayer son propos, elle a brandi un graphique censé montrer qu'en termes de production industrielle, le passage à l'euro en 2001 a bénéficié à l'Allemagne plutôt qu'à la France. Un graphique qui divise. Les Décodeurs du Monde démontent un ensemble de courbes “trompeur” et pointent “les manipulations graphiques” de Marine Le Pen. Voilà qui a donné lieu à d'autres accusations de manipulation, cette fois ci à l'encontre des Décodeurs, de la part d'Olivier Berruyer qui multiplie les passes d’armes avec l’équipe des Décodeurs depuis que son site Les-crises.fr a reçu un carton rouge de la part du Decodex (voir notre émissionavec le responsable des Décodeurs).

 

À lire sur : Arrêt sur images, Manuel Vicuña, Capucine Truong, 22/03/2017

URL: http://www.les-crises.fr/graphique-de-marine-le-pen-sur-tf1-decodeurs-ou-deconneurs-par-emmanuel-levy/

[Vidéo] La dette en héritage. 100% Econoclastes n°02

[Vidéo] La dette en héritage. 100% Econoclastes n°02

J’ai participé au tournage du prochain 100 % Éconoclastes, qui sera probablement diffusé lundi. En attendant, je vous recommande cette émission, si vous ne l’avez pas vue au début du mois…

Source : Youtube, Les Econoclastes, 06-03-2017

La dette en héritage. 100% Econoclastes n°02
Avec Philippe Béchade, Pierre Sabatier, Olivier Delamarche, Olivier Berruyer, Benjamin Louvet et Jean-Pierre Corbel.

Source : Youtube, Les Econoclastes, 06-03-2017

URL: http://www.les-crises.fr/video-la-dette-en-heritage-100-econoclastes-n02/

[Fake journalisme, True militantisme] Jamais 2 sans 3…

[Fake journalisme, True militantisme] Jamais 2 sans 3…

Eh bien, vu la réaction des Décodeurs, je suis contraint de faire un 3e et dernier billet sur le sujet du graphique de Marine Le Pen (que je ne soutiens en rien, je le rappelle… Notez aussi que ce n’est pas moi qui parle de Marine Le Pen toutes les 12 minutes, hein…), car son traitement est pour moi une fantastique illustration du fonctionnement de ces “fact-checkers”.

La presse ayant beaucoup rebondi sur le traitement des Décodeurs et les erreurs de l’article (ce qui a suscité deux articles de ma part ici et ), ils ont mis à jour leur billet.

Bien entendu, un Décodeur ne se “trompe” jamais, il “complète” :

Pour le coup, c’est vrai qu’ils ont complété : l’article est passé de 3 600 caractères à 9 600 ! + 170 %

Je vous laisse le consulter ici.

Quelques commentaires pour rire. Les Décodeurs poursuivent donc notre éducation mathématique… :
samuel-laurent-0

C’est une remarque juste en théorie (on peut manipuler facilement un graphique en ne partant pas de 0), mais c’est faux en l’espèce, car 55 est le niveau en 1974, donc vous avez bien toute la courbe sur une très longue période. Cela permet au contraire de mieux voir ce qui se passe…
samuel-laurent-0

Fascinant, ils sont en train de dire qu’une base 100 est trompeuse…

samuel-laurent-0

Bon déjà, ils se trompent encore la Base 1975 et la Base 1974 mais passons. Et oh, ils démarrent le graphique à 50 et pas à 0 (“trompeur !”). Bon, eh bien on arrive toujours aux mêmes conclusions pour France et Italie hein…

samuel-laurent-0

“Les niveaux de production industrielle français ont connu des variations très proches” : toi aussi, parle le français comme les Décodeurs  🙂

Attention, c’est un article qu’ils ont dû réécrire, ils y ont donc apporté beaucoup de soin, on ne se moque pas.

samuel-laurent-0

Ahhhh les belles “réformes en profondeur” pour entuber ses voisins, c’est génial. Bien sûr que ça a eu un fort effet – car la nécessaire réévaluation monétaire de l’Allemagne après ceci n’a jamais eu lieu !

Ces journalistes ne semblent pas avoir bien compris que si l’euro est néfaste, c’est qu’il empêche les monnaies de “réaligner” les économies divergentes dirons-nous. Mais ce n’est évidemment pas l’euro qui fait diverger en soi les économies ! Ici la réforme Schröder a fait diverger l’économie allemande, sans mécanisme de compensation…

samuel-laurent-0

Ah, ils nous sortent “l’expert” “Karl Benke” (ils n’en ont hélas pas trouvé 4 ou 5 divergents à interviewer pour nous informer sérieusement : ils ont donc seulement pris un texte de 2012).

N’ayant jamais entendu de ce type, “Karl Benke”, je regarde sur Google :

samuel-laurent-0

Rien, juste un joueur de Hockey…. 🙁

Je regarde leur source :

samuel-laurent-0

Ah oui, il s’appelle en fait “Karl Brenke”, ça va mieux en citant correctement le nom du gars…

samuel-laurent-0

Aucune fiche dans le Wikipedia anglais, juste le minimum syndical dans le Wikipedia allemand :

samuel-laurent-0

Du très lourd comme économiste quoi… Alors que les “prix Nobel” Stiglitz, Krugman, Sen ont écrit plein de choses contre l’euro… Pas grave.

D’ailleurs, j’imagine comme ils l’ont trouvé : l’article qu’ils citent est le premier sur Google quand on cherche “Production industrielle France Allemagne”…

samuel-laurent-0

Tiens, d’ailleurs on peut écouter le gars ici :

samuel-laurent-0

Il nous explique à 1a minute 40 que, gros problème, il y a 80 % des réfugiés en Allemagne qui n’ont pas de qualification, et qu’en plus ils ne parlent pas allemand… Du lourd.

Tout comme son analyse de la situation française :

samuel-laurent-0

Il sait donc bien lire un graphique, bravo 🙂

Les Décodeurs reprennent :

samuel-laurent-0

C’est vrai qu’il n’y a clairement aucune corrélation qui saute aux yeux entre la fin du flottement franc/mark (fin des années 90, cela s’étale sur quelques années) et les balances commerciales…  🙂

Ils concluent enfin par ce joli :

Je crois que c’est clair !

En conclusion, on constate bien que vous avez ici un journalisme militant, qui a décidé coûte de coûte de limiter au maximum les critiques contre l’euro, c’est-à-dire d’essayer de conclure sur un débat qui divise beaucoup d’économistes – le tout sans même en interviewer.

Bien entendu, il est en plus orienté, car il est clair qu’ils ne fact-checkeront probablement jamais ces lignes du programme de Macron par exemple :

Bref:

 

URL: http://www.les-crises.fr/fake-journalisme-true-militantisme-jamais-2-sans-3/

Le “fake journalisme” premier atout de la campagne du FN

Le "fake journalisme" premier atout de la campagne du FN

Comme nous l’avons vu dans le billet d’avant-hier, Les Décodeurs ont inventé une prétendue “Manipulation” de Marine Le Pen sur son graphique sur la production industrielle. Billet qui, en plus, comprenait des erreurs :
decodeurs

Ce qui confirme une chose montrée plusieurs fois ici depuis 2 mois : on constate parfois chez le Décodeurs un réel manque de soin dans le traitement des faits. Et qu’ils sélectionnent leurs faits à fact-checker principalement dans le vivier qui viendra conforter leurs avis et opinions politiques. On ne voit ainsi jamais chez eux une analyse qui montrera que, dans un cas donné, Marine Le Pen ou François Asselineau avaient raison, ou que Rudy Reichtadt avait tort…

Du coup, l’attitude des Décodeurs a été telle que, bien évidement, elle a été très facilement mise en exergue par Marine Le Pen, qui  a ainsi pu montrer à ses électeurs qu’une telle attitude du Monde venait conforter ses analyses sur les médias et les journalistes…

I. La réponse de Marine Le Pen aux Décodeurs

C’est sûr que face à des personnes pareilles, Marine Le Pen joue sur du velours…

Et en effet, elle a soigneusement choisi ses mots, et il n’y a pour moi presque rien à redire sur cette réponse et sa méthodologie.

Dans sa prestation, on pouvait tiquer sur le fait qu’elle avait l’air de tout attribuer à l’euro, ce qui est excessif ; la mondialisation a eu aussi un effet. Mais parler “d’impact significatif” est assez évident.

Bref, “bravo” aux Décodeurs pour avoir ainsi aidé à la campagne de Mme Le Pen…

II. Pour les pas-matheux

Petits rappels, de nouveau. En présentant en base 100, on perd le niveau réel de la production industrielle (la France produit, elle, plus ou moins que l’Allemagne), mais on peut en revanche comparer très justement l’évolution desdites productions (où augmente-t-elle le plus vite ?). L’année de la Base 100 ne change rien au calcul, c’est juste une commodité de présentation, ou bien un zoom qu’on souhaite faire sur une date donnée. Changer d’année revient en gros à “glisser” verticalement des courbes identiques pour le superposer différemment.

Bref, quand on veut comparer l'impact (impact possible, il faut un peu de recul dans l’analyse pour voir s’il y a causalité ou simple corrélation) de l’euro, on doit en effet faire ce graphique en base 2001 :

Si on prend une base 2010, eh bien ça ne change rien à l'analyse, évidement ! (ce sont quasiment les mêmes courbes)

Si ça les amuse, je peux prendre aussi une base 1975 (on passe d’une année à l’autre en multipliant tout par le même chiffre):

Comme il y a trop de courbes, gardons la France et l’Italie, les plus impactées :

Et pour les journalistes, voici la France seule (avec un lissage glissant 3 ans) :

(comme ça semble complexe, je vous ai mis une courbe de tendance polynomiale de degré 6, pour bien représenter la courbe, formule jointe)

Alors autant on peut discuter de la part exacte de l’euro là-dedans, autant ça semble incroyable de refuser le fait que le maximum historique de la production industrielle française ET italienne soit en 2000.

“Post-vérité” qu’ils disaient ?

III. Quand l’Obs manipule vraiment le graphique !

On découvre alors un article de L’Obs-Rue89 sur ce sujet, qui contient de choses très intéressantes. Mais on découvre aussi, hélas, que pour le coup il manipule vraiment le graphique lui ! Le titre de l’article était neutre :

Au prétexte de passer en base 2010 (si ça les amuse…), ils mettent ça :

Et là pour le coup, en coupant l’historique avant 2000, on ne perçoit plus du tout la cassure de l’euro évidement !

Les explications données sont en revanche intéressantes :

mais ils précisent bien :

Ben oui : l’Allemagne a entubé ses voisins sans en payer le prix à cause de l’euro…

Après, on a le rêve classique (on pourrait tous êtres gentils ! Et les Allemands pourraient donner de l’argent aux autres…)  :

Tu m'étonnes ! On a vu le progrès de coopération en 18 ans…

IV. Quand Europe 1 déraille

Et alors Europe 1 est parti dans les affabulations, par la plume de la journaliste Amandine Réaux.

Cela faisait suite au passage de Marine Le Pen chez Bourdin qui l’a allumée là-dessus :

 

 

C’est quand même affolant d’en arriver à inventer des trucs pareils !

Ah, un mot sur la journaliste rédactrice, Amandine Réaux (Source) :

On comprend mieux : on a désormais confié notre information à des post-ados de 25 ans, dont 10 % du vocabulaire est constitué des mots : Fake News, Intox, Décodeurs, manipulation, complotisme, fact-checking, post vérité et “bouh on n’aime pas les journalistes”… Et qui se pensent capables de traiter sans problème de n’importe quel sujet sans le connaître.

Alors que, justement, le GROS problème actuel, ce n’est pas les FAKE NEWS, mais les FAKE JOURNALISTS qui ont évidemment perdu la confiance du public ! Et ce n’est pas près de s’arranger, vu qu’ils continuent à faire exactement les mêmes erreurs que leurs confrères américains avant l’élection de Trump…

V. Quand les Décodeurs en remettent une (mauvaise) couche

Bonne nouvelle, les Décodeurs ont corrigé leur article !

Mauvaise nouvelle, ils n’y ont pas corrigé leurs erreurs (comme on l’a vu plusieurs fois) !

On voit qu’ils ont rajouté une phrase, mais ils n’ont pas corrigé le graphique erroné…

Pas plus qu’ils n’ont corrigé leur phrase sur la croissance après 2002…

Et ils se contentent de rajouter fièrement le passage sur les “réformes en profondeur” (ils ont oublié le classique “nécessaires”), alors que, comme Rue89 l’a rappelé, ça a marché entre autres parce que leur monnaie ne s’est pas appréciée… Donc grâce à l’euro…

N.B. au passage, on voit que, quand ça les arrange, les Décodeurs ne trouvent pas que la base 100 est manipulatoire… (Sources ici et )

VI. Et l’euro dans tout ça ?

Ce sujet “euro” est d’une tristesse intellectuelle… Comment n’aurait-il pas eu un sombre impact puisqu’on a coupé le mécanisme automatique d'ajustement de compétitivités entre notre pays et notre voisin plus productif que nous : la dépréciation monétaire ! Je vous remets au passage l’évolution de différentes monnaies face au mark à partir de 1970 :

mark allemand deutsche

Comment imaginer qu’on va tout figer et qu’il n’y aura pas de conséquences ?

Comment peut-on refuser de tenir compte de tant de grands économistes qui disent que ce projet a échoué et qu’il est désormais dangereux ?

Dès 1993, Paul Krugman prévenait dans cet article qui a fait date, que la Monnaie Unique européenne (EMU) en diminuant les coûts de transaction entre pays, allait fatalement conduire à une spécialisation des pays européens sur le modèle des Etat américains (les entreprises se regroupant en cherchant des économies d'échelle n’ayant plus à gérer les risques de change) :

Je cite de nouveau ces analyses prophétiques de 2006 de Milton Friedman (comme quoi, on balaye large…) : ici et ici – il avait compris que l’économie, c'est d’abord de la politique…

On citera aussi ce papier de 2012 tout en clarté de Martin Feldstein sur la distorsion (à la baisse) des taux d'intérêt pour les pays d'Europe du Sud de 2001 à 2008 par la création de l'euro, entraînant ces derniers à développer les activités qui accompagnent très souvent les booms de crédit (non-exportable, immobilier et services) (N.B. : si des pros ont des références de ce type de grands économistes, merci de les indiquer en commentaire)

Ou encore Joseph Stiglitz

L’article précédent de Rue89 dit aussi :

C’est sûr que ça a été génial pour des crises d’endettement, sans fin, et pour des crises de compétitivité sur les salaires au lieu des monnaies… On économise 10 € de change quand on va en Grèce. Mais il a fallu prêter 250 Md€ à la Grèce… Bien joué !

Pour le dernier point, Généreux me semble moins affirmatif, quand je lis la source indiquée dans l’article Rue89 :

 Il parlait de l’euro ou du rapprochement politique ?

Enfin, comme l’a indiqué un commentateur :Avant 1992, les Yougoslaves pouvaient dire fièrement (et crétinement) "le dinar yougoslave est un élément, parmi d'autres, qui font qu'il ne peut plus y avoir de guerre en Yougoslavie"…

 

Bref, on voit en conclusion qu’on a des journalistes prêts à tout (quitte à nous sacrifier) pour ne pas admettre les lourdes erreurs lors de la création de l’euro, tous les problèmes ayant été minimisés à l’époque par la presse pour faire voter oui à Maastricht.

Ils se servent pour cela de Marine Le Pen, “bien pratique pour ne pas argumenter” comme dirait Amandine Réaux…

Et donc, dans un style si “années Staline”, on sent tous ces “fake journalists” tout à fait prêts, si Marine le Pen disait que l’eau ça mouille, à la fact-checker pour montrer qu’en fait, l’eau est sèche…

URL: http://www.les-crises.fr/le-fake-journalisme-premier-atout-de-la-campagne-du-fn/