vendredi 10 mars 2017

[Alerte] Un révisionniste ukrainien à la Sorbonne ce week-end + ACTION

[Alerte] Un révisionniste ukrainien à la Sorbonne ce week-end + ACTION

On aura donc tout vu avec l’Ukraine… Un faussaire révisionniste accueilli en grandes pompes à la Sorbonne.

  1. Un révisionniste ukrainien à la Sorbonne ce week-end + ACTION
  2. Volodymyr Viatrovich : l'historien qui blanchit le passé historique de l'Ukraine, par Josh Cohen
  3. Mensonges et légitimation dans la construction nationale en Ukraine (2005-2010), par Delphine Bechtel

L’historien négationniste ukrainien Volodymyr Viatrovich sera – a priori – à Paris samedi pour un colloque organisé par les pro-Maidan canal historique – ce qui a déclenché de vives réactions à l’international (attention NO NEWS en France) :

Le soutien d'un collaborateur nazi représente l'Ukraine à un colloque sur l'Holocauste, par The Times of Israel

Source : The Times of Israel, JTA, 07-03-2017 (version internationale, JTA)

Les Juifs ukrainiens protestent contre la présence de l'historien d'état Volodymyr Vyatrovych qui avait rendu hommage au leader du pays pendant la Deuxième guerre mondiale

Volodymyr Vyatrovych, historien à la tête d’un institut ukrainien public. (Crédit : CC BY-SA/Wikimedia)

Les Juifs ukrainiens protestent contre la participation à un colloque international consacré à l'Holocauste d'un historien d'état qui avait rendu hommage à un collaborateur nazi et chef d'escouade, dont les soldats avaient massacré des Juifs.

Eduard Dolinsky, directeur du comité juif ukrainien, a dénoncé la semaine dernière la présence attendue de Volodymyr Vyatrovych, directeur de l'Institut ukrainien de la mémoire nationale, lors d'une conférence organisée cette semaine à Paris et intitulée : « L'Holocauste en Ukraine : De nouvelles perspectives sur les maux du XXe siècle ».

Vyatrovych, à la tête de cette institution publique depuis 2014, « est un falsificateur et un manipulateur des faits historiques qui a non seulement reproché aux Juifs la Grande Famine, mais qui nie l'idéologie et les pratiques antisémites » de l'Organisation des nationalistes et de l'armée insurrectionnelle ukrainienne, a expliqué Dolinsky dans un communiqué.

Connus respectivement sous les sigles OUN et UPA, les deux groupes avaient combattu durant la première moitié du 20e siècle la domination soviétique et brièvement collaboré avec les forces d'occupation nazies avant de se retourner contre elles. Encouragées par les vitupérations antisémites d'un grand nombre de ses dirigeants, les troupes de l'UPA ont assassiné des milliers de Juifs dans les années 1940, selon le Centre Simon Wiesenthal.

Dans une interview publiée au mois de janvier dans le magazine Novoy Vremya, Vyatrovych avait nommé Roman Choukhevytch, ancien chef de l'UPA, comme étant l'une des cinq « personnalités éminentes ayant changé le cours de l'Histoire », aux côtés de Winston Churchill, Johannes Gutenberg, Vaclav Havel et Elon Musk. Selon certains historiens, l'épouse de Choukhevytch aurait porté secours à une femme juive durant l'Holocauste.

Selon le professeur d'histoire de l'université de Yale Timothy Snyder, les miliciens de l'UPA ont assassiné des milliers de Polonais et de Juifs sous les ordres de Choukhevytch.

Aujourd'hui, Choukhevytch et d'autres nationalistes de l'époque de l'Holocauste sont considérés en Ukraine comme des héros en raison de leur opposition aux Soviétiques. Ce sentiment s'est encore accru après le renversement, en 2014, de l'ancien président Viktor Yanukovych au cours d'une révolution menée par des nationalistes qui s'opposaient à sa corruption et à une subordination apparente du pays à la Russie.

Efraim Zuroff. (Crédit : JTA via Creative Commons)

La déférence devant les collaborateurs des nazis et les tentatives de placer à égalité nazisme et communisme ont proliféré dans les pays du bloc de l'est ces dernières années. Dans certains de ces pays, les tentatives visant à introduire de telles équivalences ont également servi à passer sous silence le soutien populaire et même l'enthousiasme qu'avait pu susciter le meurtre des Juifs durant l'Holocauste, selon Efraim Zuroff, directeur de la section Israël et Europe de l'est du Centre Simon Wiesenthal .

La semaine dernière, le gouvernement de la Croatie, pays dont le gouvernement avait collaboré avec les nazis, a établi un organisme qui sera responsable de l'émission de « recommandations pour la régulation légale de l'utilisation […] des insignes et des symboles des régimes non-démocratiques », un langage qui partout ailleurs dans la région a été utilisé dans des législations interdisant les symboles nazis et communistes.

En Slovaquie, une institution publique scientifique et culturelle a retiré le mois dernier d'internet une vidéo qu'elle avait produite, affirmant que les Juifs du pays auraient été tués même sans la formation du protectorat slovaque du collaborateur nazi Jozef Tiso. La vidéo, intitulée « sans le 14 mars », en référence à la date à laquelle l'Etat avait été établi en 1939, avait été rapidement dénoncée par des groupes antifascistes et par plusieurs organisations juives.

La même institution, Matica Slovenská, a annoncé qu'elle prévoyait de diffuser une nouvelle vidéo consacrée aux atrocités soviétiques.

Source : The Times of Israel, JTA, 07-03-2017

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Une pétition de grands universitaires circulent contre la venue de cette sorte de ce révisionniste

Nous sommes inquiets du fait que Volodymyr Viatrovych, le directeur de l'Institut Ukrainien de la Mémoire Nationale, parlera au colloque « La Shoah en Ukraine. Nouvelles perspectives sur les malheurs du XXe siècle » qui aura lieu du 9 au 11 mars 2017. Il a été largement démontré que ses publications ne correspondent pas aux critères académiques internationaux et qu'elles sont au service d'un agenda politique nationaliste.

Il a joué un rôle clef dans l'élaboration de lois qui ont été sévèrement critiquées dans la communauté académique internationale pour leur fort potentiel à asphyxier un débat libre sur l'Histoire du nationalisme Ukrainien, surtout durant la Seconde Guerre mondiale. Nous comprenons le besoin d'une discussion ouverte et controversée, mais nous croyons que l'invitation de Volodymyr Viatrovych à parler sur ce sujet à votre conférence risque de normaliser et de légitimer des tentatives politisées de minimiser l'importance des idées et actions antisémites des nationalistes Ukrainiens surant la Seconde Guerre mondiale. (Source)

 

Signatures :

Delphine Bechtel, Université Paris-Sorbonne (Paris IV), UFR d'Etudes germaniques et Nordiques et CIRCE – Centre Interdisciplinaire de Recherches Centre-Européennes

Annie Epelboin, Université Paris VIII

Charles Urjewicz, Professeur émérite à lNALCO

Felix Ackermann, German Historical Institute, Warsaw

Tarik Cyril Amar, Associate Professor, Department of History, Columbia University

Volodymyr Artiukh, PhD Candidate, Central European University, Budapest

Omer Bartov, John P. Birkelund Distinguished Professor of European History, Department of History

Elissa Bemporad, Jerry and William Ungar Chair in East European Jewish History and the Holocaust, Associate Professor, Department of History, Queens College and the CUNY Graduate Center

Waitman Wade Beorn, PhD Lecturer, Corcoran Department of History, University of Virginia

Jeffrey Burds, Associate Professor of History, Northeastern University

Johan Dietsch, Lund University, Sweden

Rossen Djagalov, Assistant Professor of Russian and Slavic Studies, NYU

Elżbieta Janicka, Institut of Slavic Studies, Polish Academy of Sciences

Olga Linkiewicz, Tadeusz Manteuffel Institute of History, Warsaw

Christian Ganzer, PhD Candidate, Leipzig University

J. Arch Getty, Distinguished Research Professor of Russian History, UCLA

Jan Grabowski, Professor/Professeur titulaire, Department of History/Département d'histoire, University of Ottawa/Université d'Ottawa

Jan T. Gross, Norman B. Tomlinson '16 and '48 Professor of War and Society, Professor of History, Princeton University

Jared McBride, Lecturer, History Department, UCLA

Mykhailo Minakov, D. Habil., Associate Professor, Department of Philosophy and Religious Studies, University of Kyiv-Mohyla Academy, Editor-in-chief, Ideology and Politics Journal, President, Foundation for Good Politics/Eastern European Analytical Group

Andriy Movchan, Journalist, Ukraine

Marla Raucher Osborn, Lawyer

Constantine Pleshakov, PhD

Dr. Alexander Prusin, Professor of History, Humanities Department, New Mexico Tech

David Alan Rich, Lecturer and Visiting Researcher, Catholic University of America

Brandon M. Schechter, Elihu Rose Scholar in Modern Military History, History Department, New York University

Helene Sinnreich, Fern and Manfred Steinfeld Associate Professor in Judaic Studies, University of Tennessee at Knoxville

Richard Steigmann-Gall, PhD, Associate Professor of History, Director of Jewish Studies, 2004-2010, Kent State University

Per Anders Rudling, Associate Professor, Lund University, Senior Visiting Fellow, National University of Singapore

Rakefet Zalashik, Edinburgh University

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ACTION

Je vous propose d’agir pour m’aider à alerter à propos de la venue de cette sorte de Faurisson ukrainien, invité par Galia ACKERMAN et Philippe de LARA.

Le programme est là

Cela fera d’ailleurs les pieds aux réseaux néo-conservateurs, qui ont fait annuler un colloque sur la Syrie à le Sorbonne il y a quelques semaines…

Je vous propose donc, si vous le souhaitez, d’envoyer ce mail très vite :

Madame, Monsieur

je découvre que Monsieur Volodymyr Viatrovich interviendra a priori samedi 11 mars dans une conférence à la Sorbonne/ Paris Assas que vous organisez/parrainez/soutenez :

http://www.fondationshoah.org/sites/default/files/IMG/pdf/Programme

Vous n’êtes pas sans savoir que cet “historien” ukrainien est hautement controversé, étant accusé par de nombreux pairs d’être un faussaire, de manipuler les archives, de ne pas respecter les règles déontologiques de la profession, et de nier le rôle des nationalistes ukrainiens dans la Shoah.

C’est expliqué par exemple ici :

http://www.les-crises.fr/?p=165201

et là :

http://www.les-crises.fr/?p=165115

Une pétition d’universitaires remet en cause sa venue comme vous le voyez.

Avouez qu’un négationniste à une conférence nommée “La Shoah en Ukraine. Nouvelles perspectives” a en effet de quoi inquiéter.

Je souhaitais donc avoir vos explications et réponses à ces remarques, afin de connaitre la position de votre institution sur cet inquiétant sujet.

Je vous remercie par avance.

Bien cordialement.

à ces adresses :

1/ http://www.paris-sorbonne.fr/l-universite/nous-contacter/

(Sorbonne : 01 40 46 20 19 – email : ceremonies.sorbonne@ac-paris.fr)

@SorbonneParis1 , @Paris_Sorbonne@AssasParisII

2/ http://www.fondationshoah.org/contact

(Fondation pour la Mémoire de la Shoah  – 01 53 42 63 10)

@Fondation_Shoah

3/ camille.andronik@inalco.fr pour l’Inalco

Il est temps de cesser enfin la complaisance avec l’extrême-droite ukrainienne.

Allez, on compte sur vous ! Et si certains veulent aller voir de plus près samedi…

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Pour rire, al vision du Comité Ukraine de Libération :

viatrovych

(tu m’étonnes qu’il va être nouveau le regard…)

Un nouveau regard sur la Shoah en Ukraine

Source : Libération, Renaud Rebardy, 23-02-2017

Babi Yar en 1941 par un photographe de la Wehrmacht. Document fourni par Willy Malizsewski

Un colloque à Paris, début mars, va se pencher sur le thème très sensible des relations entre les Ukrainiens et les Juifs durant la seconde guerre mondiale. Il s'agit pour les chercheurs d'établir les faits, encore mal connus, pour que puisse s'écrire une histoire commune.

Par Renaud Rebardy, journaliste

L'Université de Paris II Panthéon Assas et le Forum européen pour l'Ukraine organisent du 9 au 11 mars un colloque sur la Shoah en Ukraine, avec la participation de chercheurs venus d'Ukraine ainsi que des spécialistes français, tels Nicolas Werth et Annette Wievorka, mais aussi américains, israéliens et anglais. En préambule, le 8 mars à 18h, dans les salons d'honneur de l'INALCO, à Paris, aura lieu une table ronde sur le thème : « Juifs et Ukrainiens : vers l'écriture d'une histoire commune ».

Ces deux rencontres procèdent de la même démarche. Elle vise à favoriser une meilleure connaissance des faits, alors que les événements tragiques de la seconde guerre mondiale « pèsent sur les relations entre Juifs et Ukrainiens à la fois en Ukraine et à l'étranger, en particulier en France où la légende noire de l'antisémitisme ukrainien a de profondes racines depuis le procès de l'assassin de Simon Petliura en 1926 », écrivent les organisateurs du colloque, Galia Ackerman et Philippe de Lara.

Ce colloque permettra de confronter les travaux d'historiens, spécialistes de la seconde guerre mondiale, comme Leonid Finberg, directeur du Centre Judaica, à l'Académie Mohyla de Kiev, ou Volodymyr Viatrovych, directeur de l'Institut de la Mémoire Nationale, en Ukraine. Ce dernier planchera par exemple sur « la question juive dans l'idéologie de l'OUN entre 1920 et 1950 ».

Il s'agit là d'un sujet très sensible. L'OUN, en effet, est l'organisation des nationalistes ukrainiens. Or toute une propagande soviétique visant à discréditer le mouvement national ukrainien, a voulu les peindre sous les traits d'antisémites maladifs. Qu'en était-il en réalité ? Parmi les nationalistes ukrainiens, y a-t-il eu réellement la volonté de promouvoir un discours antisémite ?

OB : Non, aucun “discours”, juste des dizaines de milliers de meurtres…

Qui ont été les Ukrainiens ayant participé à des massacres ? Certains étaient-ils des nationalistes et sont-ils passés de l'OUN à la collaboration ? Tels sont quelques-uns des sujets qu'il s'agit d'examiner, à la lumière des archives qui s'ouvrent et en tentant de porter dessus un regard neuf.

« Nous sommes convaincus que la mémoire, la compréhension mutuelle et le partage des témoignages doivent aller de pair avec un examen approfondi du contexte historique, y compris des questions controversées et douloureuses, telles que les collaborateurs locaux qui ont participé à l'extermination des juifs, ou l'attitude des résistants (nationalistes et communistes) face à l'extermination. Les tragédies du passé et les malentendus entourant ces tragédies ne peuvent être surmontés que par une recherche honnête et complète de la vérité », expliquent les organisateurs du colloque.

L'ensemble de ces manifestations sont gratuites et accessibles sur inscription. La table ronde est prévue le mercredi 8 mars 2017, de18h à 20h dans les Salons d'honneur de l'INALCO, 2 rue de Lille, 75006 Paris. Il faut s'inscrire auprès de galia.ackerman@gmail.com.

Le colloque se déroule ensuite du 9 au 10 mars, amphithéâtre Liard, à la Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne à Paris et se poursuivra le 11 mars à l'Université Panthéon-Assas,12 place du Panthéon, 75005 Paris. Le programme détaillé peut être obtenu auprès de raisa.s.ostapenko@gmail.com, qui est également en charge d'enregistrer les inscriptions.

Source : Libération, Renaud Rebardy, 23-02-2017

URL: http://www.les-crises.fr/un-revisionniste-ukrainien-a-la-sorbonne-ce-week-end-action/

Post-Démocratie : Après Hollande, Lémédia élimineront-ils Fillon ? (1er Tour)

Post-Démocratie : Après Hollande, Lémédia élimineront-ils Fillon ? (1er Tour)

C’est inouï : une sorte de kidnapping de la Démocratie par les Médias – au services de quelques intérêts bien compris – est en train de se dérouler sous nos yeux.

J’ai toujours été choqué par le fait qu’on ait tranquillement accordé “l’indépendance politique” à la Banque centrale – donc au regroupement de personnes représentant les puissances d’argent. Ainsi, depuis 1992, un des principaux outils économiques échappe au pouvoir politique, donc au périmètre de la délibération démocratique.

Par ailleurs, de plus en plus de décisions économiques ont été transférées au niveau européen – surtout depuis 2013, où on est passé d’un contrôle budgétaire à un réel contrôle économique, donc politique – , échappant lui aussi à la délibération démocratique nationale. Pour ceux qui ignorent l’existence des Grandes orientations des politiques économiques de l’Union Européenne, je recommande de lire ce billet, issu de cette série. C’est à se demander si nos élections Présidentielles ne seraient plus désormais que de simple élections “régionales européennes” pour amuser la galerie, la capacité de notre Président d’agir en profondeur sur le sort du pays allant bientôt se retrouver au même niveau que celle du Président de la Région Bretagne.

Taquin, je me suis donc demandé depuis lors s’il n’allait pas arriver un moment où on allait nous dire que, comme la Banque centrale, il faudrait accorder “l’indépendance politique” au Président de la République, en en confiant la nomination à une poignée de personnes “qui savent, elles” – on ne sait jamais avec tous ces électeurs “popuazlistes” qui votent de moins en moins comme on leur demande…

J’avoue que je ne pensais pas voir ça aussi vite…

12 octobre 2016, 1er tour de la Présidentielle Médiatique : Hollande est coulé par Le Monde

Le 12 octobre 2016 est en fait un jour très important pour notre Démocratie – et on ne s’en est absolument pas rendu compte, ni sur le moment, ni même après.

C’est le jour où est sorti le livre Un président ne devrait pas dire ça, des journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme.

Ce livre a évidemment beaucoup plus dans les médias – autant de boue d’un coup, ce n’est pas commun.

Quand j’ai appris que Hollande avait accordé 61 entretiens tout au long du quinquennat aux deux auteurs qu’il connaissait depuis des décennies, j’ai pensé “Hollande vit vraiment sur une autre Planète”.

En effet, je comprends qu’un chef d’État ait envie que quelqu’un écrive l’histoire de son mandat. Pour Mitterrand ce fut Attali, et avant lui, pour de Gaulle, ce fut Alain Peyrefitte – deux proches, lettrés. Ce dernier raconte ceci dans le fantastique C’était de Gaulle :

Au bout de quelques jours d’agitation médiatique, puis de scandale politique, je me suis donc dit “mais qu’est ce qui a pris à Hollande de faire ce livre avant la fin de son mandat ?”, et en plus avec des journalistes du Monde ! C’est vraiment suicidaire !

Il s’est avéré que Hollande connaissait ces journalistes et les appréciait beaucoup. Il leur a fait confiance et leur a accordé plus de 60 entretiens.

Et voilà que les journalistes sortent ce livre avant que Hollande annonce s’il se représente ou non. Ils écrivent même ces lignes proprement hallucinantes dans leur préface – dont je vous recommande hautement la lecture pour édification sur l’éthique journalistique :

Bien sûr, Hollande est grandement responsable de sa situation – on se demande même s’il ne serait pas proche de la nécessité d’être mis sous protection juridique à ce stade. Mais oublions le : c’est bien le comportement de ces “journalistes” (qui ont sorti de grandes affaires, surtout contre l’UMP) qui est ici fascinant. Notons que Libération les a qualifiés d’asociaux et qu’ils ont une étonnante vision de leur métier finalement dans Le Parisien :

Déjà, tout ce qui surligné dans la préface pose de très lourdes questions éthiques. Tout comme interpelle le mépris en dégoulinant pour un Président qui leur a fait une confiance inimaginable et un cadeau inestimable (y compris financier à 200 000 exemplaires…). Après, il est vrai que, comme l’a joliment rappelé Antoine Bernheim “La reconnaissance est une maladie du chien non transmissible à l’homme.”

MAIS il reste une question fondamentale – très étrangement non abordée dans la préface : mais QUAND devait sortir ce livre alors ?

Et en fait, le porte-parole du gouvernement a répondu, et personne n’a tiqué :

Ainsi, selon le gouvernement, le livre devait sortir APRÈS le quinquennat – information qui a très peu circulé, pas grand chose à part ces 2 articles.

Je n’ai pas vu la réaction des journalistes à ces accusations. Sans doute diront-ils qu’ils avaient dit le contraire à Hollande une fois à la fin d’un repas bien arrosé, mais enfin, on voit mal pour le coup Hollande avoir vraiment accepté une sortie fin 2016, en plus en n’ayant pas lu le livre…

Et dans tous les cas, une vraie question éthique aurait dû se poser aux deux journalistes asociaux : il est évident que la publication du livre allait mettre le feu à la gauche, et compromettre très gravement la candidature de François Hollande.

Tout le monde sait ce que je pense de François Hollande : il ne s’est pas passé sur ce blog une semaine depuis 2012 sans que je le critique – c’est probablement le pire Président de la Ve République, c’est en tout cas le seul tellement impopulaire qu’il n’a pas pu se représenter…

Je ne me réveille donc jamais en sueur déplorant sa non-candidature. Je ne sais d’ailleurs pas vraiment si c’est une bonne chose ou pas qu’il ait abandonné. Peut-être aurait-il gagné la primaire, peut-être que Macron aurait un score bien plus faible. Peut-être cela aurait-il avantagé Fillon du coup. Peut-être…

Ce que je sais, en tout cas, c’est qu’on ne le saura jamais. Car il n’a pu être in fine candidat, et que j’estime que ce n’était pas au journal Le Monde d’en décider, mais aux citoyens…

Et je dis bien au Monde, car ce journal n’a pas viré ces deux journalistes suite à ce qui semble bien être de multiples et graves entorses éthiques aux lourdes conséquences. Et ça les amuse apparemment :

Suicide ou Assassinat ?

Mais le 2e tour est vite arrivé… (à suivre)

URL: http://www.les-crises.fr/post-democratie-apres-hollande-lemedia-elimineront-ils-fillon/

Volodymyr Viatrovich : l’historien qui blanchit le passé historique de l’Ukraine, par Josh Cohen

Volodymyr Viatrovich : l'historien qui blanchit le passé historique de l'Ukraine, par Josh Cohen

Excellent article de la grande revue américaine Foreign Policy… Belle réflexion sur l’Histoire sous influence.

  1. Un révisionniste ukrainien à la Sorbonne ce week-end + ACTION
  2. Volodymyr Viatrovich : l'historien qui blanchit le passé historique de l'Ukraine, par Josh Cohen
  3. Mensonges et légitimation dans la construction nationale en Ukraine (2005-2010), par Delphine Bechtel

 

Source : Foreign Policy, Josh Cohen, 02-05-2016

Volodymyr Viatrovich est en train d'effacer tous les témoignages du passé raciste et sanglant – nettoyages ethniques et pogroms des archives officielles

Quand il s'agit de politique et d'histoire, une mémoire pointue peut être bien dangereuse. En Ukraine, alors que le pays lutte avec son identité, c'est doublement vrai. Pendant que les partis politiques ukrainiens tentent de pousser le pays soit vers l'Europe, soit vers la Russie, un historien ukrainien, jeune étoile montante, Volodymyr Viatrovych s'est positionné en plein milieu de cette bataille.

Soutenant une vision nationaliste et révisionniste de l'Histoire qui glorifie le mouvement du pays vers l'indépendance – expurgée de ses chapitres sanglants et opportunistes – Viatrovych a tenté de réécrire l'histoire moderne du pays, pour blanchir l'implication des groupes ukrainiens nationalistes dans l'Holocauste et les nettoyages ethniques de Polonais durant la Seconde guerre mondiale. Et aujourd'hui, il est en train de gagner.

En mai 2015, le président Petro Poroshenko a signé une loi ordonnant le transfert des archives provenant « d'organes soviétiques de répression », tel que le KGB et son successeur, le Service de Sécurité Ukrainien (SBU) vers un organisme gouvernemental nommé l'Institut Ukrainien pour la Mémoire Nationale.

Dirigée par le jeune chercheur, et chargée de la « mise en œuvre de la politique gouvernementale afférant à la restauration et la préservation de la mémoire nationale du peuple ukrainien » – l'Institut a reçu des millions de documents, y compris des informations sur des dissidents politiques, des campagnes de propagande contre la religion, des activités d'organisations nationalistes ukrainiennes, des activités d'espionnage et de contre-espionnage du KGB, et d'affaires criminelles liées aux purges staliniennes.

Sous la loi des archives, une des quatre « lois sur la mémoire » rédigées par Viatrovych, le mandat semblant anodin de l'institut est simplement une couverture pour présenter une vision biaisée et unilatérale de l'histoire ukrainienne moderne – et qui pourrait bien impacter le chemin que prend le pays.

La controverse se concentre sur un récit qui amplifie les crimes soviétiques et glorifie les combattants nationalistes ukrainiens tout en ignorant le rôle majeur qu'ils ont joué dans les nettoyages ethniques de juifs et de Polonais entre 1941 et 1945, après l'invasion de l’ex-Union Soviétique par les nazis.

À la place, la vision de Viatrovych de l'histoire nous parle de guérillas rebelles qui se sont héroïquement battus contre la toute puissance soviétique.

Elle transmet aussi le message à ceux qui ne s'identifient pas aux faiseurs de mythes ethno-nationalistes du pays – comme beaucoup de russophones dans l'Est de l'Ukraine qui célèbrent toujours l'héroïsme de l'Armée Rouge durant la seconde guerre mondiale – qu'ils sont « out ». Et plus particulièrement, les intellectuels craignent maintenant le risque de représailles s'ils ne suivent pas la ligne officielle – ou ne soutiennent pas Viatrovych dans ses distorsions historiques. Sous le règne de Viatrovych, le pays pourrait bien entrer dans une nouvelle et terrifiante ère de censure.

Bien que des événements ayant eu lieu il y a 75 ans pourraient sembler être de l'histoire ancienne, ils sont très présents dans la guerre de l'information que se livrent la Russie et l'Ukraine.

Le révisionnisme se concentre sur deux groupes nationalistes ukrainiens : l'Organisation des Ukrainiens Nationalistes (OUN) et l'Armée Ukrainienne Insurgée (UPA), qui se sont battues pour une Ukraine indépendante. Durant la guerre, ces groupes ont tué des dizaines de milliers de juifs et ont lancé une violente campagne de nettoyage ethnique qui a tué pas moins de 100 000 Polonais. Créée en 1929 pour libérer l'Ukraine du giron Soviétique, l'OUN a défendu la notion d'une nation ukrainienne ethniquement pure. Lorsque les nazis ont envahi l'Union Soviétique en 1941, l'OUN et sont chef charismatique Stepan Bandera, ont accueilli l'invasion comme un pas en avant vers l'indépendance ukrainienne. Ses membres ont commis un pogrom à Lviv qui tua 5000 juifs, et les milices de l'OUN ont joué un rôle majeur dans les violences contre les juifs dans l'Est de l'Ukraine qui ont coûté la vie à 35 000 juifs.

Cependant, Hitler ne souhaitait pas donner son indépendance à l'Ukraine. En 1943, l'OUN avait pris violemment le contrôle de l'UPA et s'est déclarée opposée tant aux Allemands, qui alors battaient retraite, qu'aux Soviétiques qui arrivaient.

De nombreux membres de l'UPA avaient déjà assisté les nazis en tant que police auxiliaire ukrainienne, dans l'extermination de centaines de milliers de juifs dans l'Ouest de l'Ukraine en 1941 et 1942, et devenaient maintenant les petits soldats d'une nouvelle vague de nettoyages ethniques en Ukraine en 1943 et 1944, cette fois-ci directement contre les Polonais.

Quand les soviétiques s'approchèrent en 1944, l'OUN repris sa coopération avec les Allemands et continua de combattre les Soviétiques jusque dans les années 50, avant d'être définitivement écrasée par l'Armée Rouge.

Cet héritage de sacrifice contre les Soviétiques continue à pousser de nombreux nationalistes ukrainiens à voir Bandera et l'OUN-UPA comme des héros dont le courage a permis de garder en vie le rêve de nation Ukrainienne.

Maintenant que l'Ukraine cherche à se défaire des griffes russes, les nationalistes ukrainiens ajoutent de l'eau au moulin de la machine à propagande du Kremlin, qui déclare que l'Ukraine post-révolutionnaire est dirigée par des fascistes et des néo-nazis.

Cette nouvelle loi, qui promet que les personnes qui « présenteront une attitude irrespectueuse » vis-à-vis de ces groupes, ou bien qui « nieraient la légitimité » de la lutte de l'Ukraine pour son indépendance durant le XXème siècle seront poursuivies en justice (bien qu'aucune peine ne soit précisée), signifie aussi que l'Ukraine indépendante est partiellement construite sur une narrative falsifiée sur l'Holocauste.

En transférant le contrôle des archives nationales à Viatrovych, les nationalistes ukrainiens se sont assurés que la gestion de la mémoire nationale est maintenant entre de « bonnes » mains.

***

Depuis le début de sa carrière, il a été une étoile montante. Viatrovich est titulaire de l'équivalent d'un doctorat de l'université de Lviv, située dans la ville Ouest-ukrainienne où il est né, et est un orateur doué et passionné, bien qu'il ait tendance à parfois s'emporter.

Le chercheur de 35 ans s'est d'abord fait un nom à l'Institut pour l'Étude du Mouvement de Libération, connu sous son acronyme ukrainien TsDVR, une organisation créée pour promouvoir la narrative héroïque des OUN-UPA, où il a commencé à travailler en 2002. En 2006 il en était devenu le directeur. Pendant ce temps, il a publié des livres à la gloire de l'OUN-UPA, a lancé des programmes pour aider les intellectuels ukrainiens à promouvoir les vues nationalistes, et servir de pont aux ultra-nationalistes dans la diaspora qui financent largement le TsDVR.

En 2008, en plus de son rôle au TsDVR, Viktor Yushchenko, le président de l'époque, désignât Viatrovych comme chef des archives du Service de Sécurité Ukrainien (SBU).

Le Président Yushchenko (2005-2010) fit de la promotion de la mythologie OUN-UPA une part fondamentale de son héritage, faisant réécrire les livres scolaires, renommant les rues, et élevant les chefs de l'OUN-UPA au rang de « héros de l'Ukraine ». En tant que principal gardien de la mémoire de Yushchenko – autant au TsDVR qu'au SBU – Viatrovich était son bras droit dans cette croisade. Il a continué à pousser une représentation héroïque de l'OUN-UPA et de leurs leaders Bandera, Yaroslav Stetsko et Roman Sukhevych, financée par l'état. « La bataille de l'Ukraine pour son indépendance est l'une des pierres angulaires de notre identité nationale, » écrivit Viatrovych dans la Pravda en 2010. « Parce que sans l'UPA, sans Bandera, sans Shukhevych, il n'y aurait pas d'état ukrainien contemporain, il n'y aurait pas de nation ukrainienne contemporaine. »

Vyatrovich est aussi régulièrement cité dans les médias ukrainiens, et même en allant aussi loin qu'en défendant la division SS Ukrainienne Galicie qui combattit au côté des nazis durant la seconde guerre mondiale.

Après que Victor Yanukovych ait été élu président en 2010, Vyatrovich disparut des écrans radar. Yanukovich était glorifié dans l'Est de l'Ukraine et était un ami de la Russie, ainsi il ne partageait pas avec le chercheur une lecture nationaliste de l'Histoire. Durant cette période Viatrovych a passé quelques temps en Amérique du Nord, pour une série de conférences, ainsi que pour un court séjour à l'Institut de Recherche Ukrainien à Harvard (HURI). Il a par ailleurs continué son activisme académique en écrivant des livres et des articles à la gloire de l'OUN-UPA. En 2013 il a essayé de briser et d'interrompre un atelier sur le nationalisme ukrainien et russe qui se déroulait à l'institut Harriman à Columbia. Lorsque la révolution de Maïdan éjecta Yanukovich du pouvoir en février 2014, Vyatrovych est revenu au premier plan.

En mars 2014, Vyatrovich a été nommé à la tête de l'Institut Ukrainien pour la Mémoire Nationale – une nomination prestigieuse pour un chercheur relativement jeune. Bien qu'il ne soit pas très clair qui décida de cette nomination, ses services sous Yushchenko lui ont sans doute accordé les faveurs des nationalistes. Il y a de fortes chances que cette nomination ait été faite pour récompenser les nationalistes qui ont soutenu la révolution de Maïdan. Les nationalistes ont fourni une grande partie de la force utilisée dans la bataille contre les forces de sécurité de Yanukovych durant la révolte, ont formé le cœur de bataillons privés comme le Secteur Droit et ont joué un rôle clé dans les combats contre les séparatistes du Donbass après l'annexion de la Crimée par la Russie.

Bien que son étoile politique continuait de monter, l'intégrité de Viatrovych en tant qu'historien était largement attaquée au sein de pays occidentaux ainsi que par un certain nombre d'historiens respectés en Ukraine. Selon Jared McBride, chercheur à l'Institut Kennan et membre du Musée Mémorial de l'Holocauste aux États-Unis, « la glorification de l'OUN-UPA n'est pas réduite à l'Histoire. C'est un projet politique actuel qui consolide une vue très unilatérale dans la société ukrainienne, qui n'a une profonde résonance que dans la province occidentale de Galicie. »

Bien que le point de vue de Viatrovych soit très populaire dans l'Ouest de l'Ukraine, où il y a de nombreux monuments à Bandera, et des rues à son nom (le TsDVR lui même se trouve sur la rue Bandera à Lviv), bon nombre d'ukrainiens dans le Sud et l'Est de l'Ukraine n'apprécient pas l'héritage nationaliste de la Seconde guerre mondiale.

À Lougansk dans l'Est du pays, et en Crimée, les gouvernements locaux ont érigé des monuments aux victimes de l'OUN-UPA. De ce fait, imposer une vision nationaliste de l'Histoire à tout le pays nécessite d'éradiquer les croyances et les identités de nombreux autres Ukrainiens, qui ne partagent pas la narrative nationaliste.

À cet effet, Viatrovych a relégué les faits historiques incompatibles avec cette narratives à de la « propagande soviétique. » Dans son livre de 2006, la Position de l'OUN vis-à-vis des juifs : élaboration d'une position sur fond de catastrophe, il tentait d'exonérer l'OUN de sa collaboration à l'Holocauste, ignorant une très grande quantité de données historiques sur le sujet. Le livre a été largement critiqué par des historiens occidentaux. Le professeur John-Paul Himka de l'Université de l'Alberta, l'un des spécialistes de l'Histoire ukrainienne les plus reconnus depuis trois décennies le décrit comme « employant une série de procédés douteux : rejetant les sources qui compromettent l'OUN, acceptant sans aucune critique des sources censurées émanant des cercles de l'OUN de l'émigration, se gardant de reconnaître un quelconque antisémitisme dans les textes de l'OUN. » (Source)

Encore plus inquiétant pour l'intégrité future des archives ukrainiennes sous Viatrovych : sa réputation en sein des historiens occidentaux à vouloir prétendument ignorer ou même falsifier des documents historiques.

« Les chercheurs de son équipe publient des documents falsifiés » dit Jeffrey Burds, professeur d'histoire Russe et Soviétique à l'Université Northeastern. « Je le sais car j'ai vu les originaux, fait des copies et comparé leurs transcriptions aux originaux. »

Burds a décrit un livre de 898 pages contenant des documents transcrits par un des collègues de Viatrovych, que Viatrovych utilise pour défendre sa revendication comme quoi il libèrera tout ce qui est nécessaire des archives ukrainiennes pour examen par les chercheurs. Burds cependant, décrit ceci comme un « monument de blanchissage et de falsification avec des mots, des phrases et des paragraphes entiers supprimés. Qu'est-ce qui a été supprimé ? » Burds continue. « Tout ce qui critique le nationalisme ukrainien, tout ce qui prouve les conflits à la tête de l'OUN-UPA, des sections de rapports d'interrogatoires où les interrogés divulguaient des preuves contre d'autres nationalistes, des enregistrements d'atrocités. »

L'expérience de Burds n'est pas inhabituelle. J'ai été en contact et interviewé un certain nombre d'historiens pour cet article, et leurs griefs face à Viatrovych sont remarquablement constants : faits historiques établis ignorés, documents falsifiés et nettoyés et accès restreint sous sa surveillance aux archives du SBU.

« J'ai eu du mal à travailler aux archives du Service de Sécurité Ukrainien, quand Viatrovich était à sa tête. » dit Marco Carynnyk, un émigré Ukrainien-Canadien, et chercheur indépendant sur l'Histoire Ukrainienne du XXème siècle depuis de nombreuses années. « J'ai aussi la preuve que Viatrovych a falsifié des données historiques dans ses propres publications, puis a trouvé des excuses pour ne pas me laisser voir les données qui pourraient le démontrer. »

McBride confirme les dires de Carynnyk, notant que « quand Viatrovych était le chef des archivistes au SBU, il créa une archive numérique ouverte aux citoyens ukrainiens et aux étrangers. Malgré ce développement plutôt positif, lui et son équipe se sont assurés d'avoir exclu tous les documents des archives qui pourraient donner une mauvaise image de l'OUN-UPA, incluant leur participation à l'Holocauste et d'autres crimes de guerre. »

Avec toutes ces mauvaises expériences qu'ont endurées autant d'historiens avec Viatrovych, laisser toutes les archives les plus sensibles de la nation sous son contrôle est un signe que les choses n'iront que plus mal. Compte tenu de son profil, on peut aisément imaginer que Viatrovych contrôlera ce qui peut – ou ne peut pas – sortir des archives de l'Institut Ukrainien pour la Mémoire Nationale.

***

Les historiens ukrainiens se sont déjà inquiétés ouvertement sur la façon dont la nouvelle loi sur les archives affectera leurs recherches. Le syndicat des Archivistes d'Ukraine s’est opposé à la loi, et l'historien ukrainien Stanislav Serhiyenko l'a dénoncée comme une opportunité pour Viatrovich et son Institut pour la Mémoire de « monopoliser et restreindre l'accès à tout un pan de documents significatifs, qui sont  incompatibles avec sa vision primitive de l'histoire moderne de l'Ukraine, ou dans le pire des cas, de détruire des documents. Des études non biaisées de l'Histoire soviétique, de l'OUN, l'UPA, etc. seront alors impossibles. » Soixante-dix historiens ont signé une lettre ouverte à Poroshenko, lui demandant d'opposer un véto au projet de loi qui bannit toute critique de l'OUN-UPA.

Viatrovych a riposté, « l'inquiétude sur les possibles interventions de politiciens dans des discussions académiques, qui est une des raisons principales de cette lettre, n'est pas nécessaire. »

Les inquiétudes de Serhiyenko sont cependant bel et bien fondées, et un incident récent montre bien la pression que subissent les historiens ukrainiens pour laver les atrocités commises par l'OUN-UPA.

Suite à la publication de la lettre, l’initiateur de cette législation Yuri Choukhevytch a réagi furieusement. Choukhevytch, fils du chef de l'UPA Roman Choukhevytch, et activiste politique d'extrême-droite depuis longtemps, a envoyé une lettre au ministre de l'éducation Serhiy Kvit clamant que « les services spéciaux russes ont produit cette lettre et ont demandé à des historiens « patriotes » de la publier. » Kvit, lui aussi un activiste d'extrême droite depuis longtemps, et l'auteur d'une biographie admirative de l'un des théoriciens clefs du nationalisme ethnique ukrainien, a surligné sur sa copie de la lettre le nom des historiens ukrainiens signataires, laissant planer une ambiance menaçante.

De plus, Kvit a contacté au moins un de ces historiens ukrainiens, un chercheur établi et réputé, lui demandant de rédiger une réponse à la lettre, désavouant sa position et la condamnant.

Comme le notait la lettre, « le contenu et l'esprit de ces quatre lois contredit l'un des droits politiques les plus fondamentaux : le droit de liberté d'expression […] ces 15 dernières années, Vladimir Poutine a investi énormément de ressources dans la politisation de l'Histoire. Ce serait un désastre si l'Ukraine suivait la même direction, même partiellement ou timidement. »

Si les Historiens ukrainiens ne peuvent pas signer une simple lettre sur la liberté d'expression en toute sécurité, quelles sont les chances pour eux d'être autorisés à réaliser des recherches objectives sur des sujets sensibles, alors que Viatrovych récupère le contrôle des archives les plus importantes de la nation ?

En réponse à un e-mail que j'ai envoyé à Viatrovych le 24 février (dans lequel je l'informais de la publication de cet article, et dans lequel je lui demandais des commentaires sur la représentation dans l'Ukraine contemporaine des organisation nationalistes durant la période de la Seconde guerre mondiale), il a nié avec véhémence les accusation levées contre lui dans cet article.

Viatrovich considère les allégations d'historiens occidentaux comme quoi il ignore ou falsifie des documents histoires comme « sans fondement. » En réponse à une question sur le fait si les inquiétudes du Syndicat des Archivistes d'Ukraine étaient fondées, Viatrovych a répondu, « durant tout mon travail en relation avec les archives, j'ai travaillé exclusivement sur leur ouverture, de ce fait, je ne vois aucune raison  de s'inquiéter que maintenant j'allais en restreindre l'accès. »

Dans cette même réponse, Viatrovych a aussi nié que l'OUN et l'UPA a effectué un nettoyage ethnique sur les juifs et les Polonais après l'invasion de l'Union Soviétique par les nazis, rejetant les accusations comme « une part intégrale de la guerre d'information que l'URSS a menée contre le mouvement ukrainien de libération de puis la seconde guerre mondiale. »

Alors que Viatrovych  admettait aussi (par e-mail) que certains membres de l'OUN soutenaient des visions antisémites, il soutient que « la plus grande partie des membres de l'OUN étaient ceux qui considéraient que l'extermination des juifs par les nazis n'étaient pas leur problème, puisque leur but premier était de défendre la population ukrainienne contre la répression allemande, » écrit Viatrovych. « C'est pour cette raison que [au début de 1943] ils [l'OUN] ont créé l'UPA. Les accusation comme quoi des soldats de cette armée ont pris part à l'Holocauste ne sont pas fondée puisqu'au moment de sa création, les nazis avaient quasiment terminé la destruction des juifs, » conclut-il.

Le problème est que la défense de Viatrovych de l'OUN et de l'UPA ne concorde pas avec les preuves détaillées présentées par de nombreux historiens occidentaux. L'idéologie de l'OUN était explicitement antisémite, décrivant les juifs comme « un corps hostile prédominant dans notre organisme national » et utilisait des éléments de langage comme « combattez les juifs comme des défenseurs du régime Moscovite-Bolchevique » et « l'Ukraine aux ukrainiens ! … Mort à la communauté juive-moscovite !»

En fait, mais avant l'invasion de l'Union Soviétique par les nazis, les leaders d'OUN tels que Yaroslav Stetsko ont explicitement soutenu les méthodes allemandes d'exterminations de juifs.

La logique de Viatrovych sur l'UPA sonne creux elle aussi. Des centaines de témoignages de juifs survivants – dont nombreux sont documentés de façon exhaustive par Himka – confirment que l'UPA a abattu bon nombre de juifs encore en vie dans l'Ouest de l'Ukraine avant 1943.

De plus, alors que Viatrovych présente un nombre compris entre 70 000 et 100 000 Polonais tués par l'UPA entre 1943 et 1944 comme un effet collatéral d'une guerre « polono-ukrainienne, » là-encore des documents historiques le contredisent. En réalité, des rapports de l'UPA confirment que le groupe tuait les Polonais aussi systématiquement que les nazis tuaient les juifs.

Le commandant suprême de l'UPA, Dmytro Kliachkivs'kyi a explicitement déclaré : « nous devrions lancer une action de liquidation à large échelle contre les éléments polonais. Durant l'évacuation de l'armée allemande, nous devrions trouver le moment approprié pour liquider entièrement la population mâle âgée de 16 à 60 ans. » Considérant que plus de 70% des cadres dirigeants de l'UPA avaient un passif de collaborateurs nazis, rien de tout cela n'est surprenant.

Alors que ces débats entre Viatrovych et les historiens occidentaux peuvent sembler académiques, c'est loin d'en être le cas. En juin dernier, le Ministère de l'Éducation de Kvit a publié une directive aux enseignants concernant la « nécessité d'accentuer le patriotisme et la moralité des activistes du mouvement de libération, » incluant le fait de dépeindre l'UPA comme « un symbole de patriotisme et d'esprit de sacrifice dans la lutte pour une Ukraine indépendante » et Bandera comme un « remarquable représentant du peuple ukrainien. » Plus récemment, l'Institut Ukrainien pour la Mémoire Nationale de Viatrovych a proposé que la ville de Kiev a renommé deux rues au nom de Bandera et de l'ancien commandant suprême de l'UPA  et de la Schutzmannschaft Roman Choukhevytch.

La consolidation de la démocratie ukrainienne – sans compter son ambition d'intégrer l'Union Européenne – nécessite que le pays soit capable d'affronter les aspects les plus sombres de son passé. Mais si Viatrovych suit son chemin, cette repentance pourrait très bien ne jamais arriver, et l'Ukraine n'obtiendra jamais une réconciliation complète avec son passé compliqué.

Source : Foreign Policy, Josh Cohen, 02-05-2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

P.S. : dans l’urgence, la traduction n’a pas été relue. Si quelqu’un peut le faire et nous indiquer ses remarques sur les éventuelles modifications importantes à apporter ? Merci d’avance.

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Pour les passionnés, je vous remets ces anciens billets sur l’Histoire de la 2e guerre mondiale en Ukraine :

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Quelques avis d’universitaires sur Viatrovych (la plupart en anglais) :

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On le voit ici pour un article dans un magazine où on lui demande de nommer les cinq personnalités exceptionnelles qui, selon lui, ont changé le cours de l’Histoire. Il cite Gutenberg, Churchill, Havel, Elon Musk et… Roman Choukhevytch :

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Sa fiche Wikipedia est éloquente : c’est un nationaliste ukrainien, engagé sous l’uniforme nazi et un génocidaire :

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Brute largement dénoncée par le centre Simon Wiesenthal :

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On retrouve donc ce sympathique historien au cœur de la Révolution de Maïdan :

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et donc à l’Assemblée Nationale :

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Il faut dire qu’on aura été de nouveau été bien informé par Piotr Smolar dans Le Monde en 2014 :

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ou encore en 2016 :

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Merci à tous ces journalistes pour leur bonne information du public français, donc…

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La parole est à la défense pour finir – ce sera sur EuroMaïdan, évidemment :

Un de ses collègues le défend :

Eh oui, cessons de “diaboliser” l’UPA génocidaire ! Wikipedia :

Elle plait bien au nouveau Président, alors…

Ce sont aussi des héros, faisons la part des choses !

Et enfin la réponse de l’intéressé – pleine de vide :

Dans cette interview Vyatrovirch se surpasse :

Faisons plus de nuances avec les nazis et les soviets quand même !

URL: http://www.les-crises.fr/volodymyr-viatrovich-l-historien-qui-blanchit-le-passe-historique-de-l-ukraine-par-josh-cohen/

Mensonges et légitimation dans la construction nationale en Ukraine (2005-2010), par Delphine Bechtel

Mensonges et légitimation dans la construction nationale en Ukraine (2005-2010), par Delphine Bechtel

  1. Un révisionniste ukrainien à la Sorbonne ce week-end + ACTION
  2. Volodymyr Viatrovich : l'historien qui blanchit le passé historique de l'Ukraine, par Josh Cohen
  3. Mensonges et légitimation dans la construction nationale en Ukraine (2005-2010), par Delphine Bechtel

Source : ELH Revues, Delphine Bechtel, Octobre 2012

Résumé

Depuis son indépendance, et surtout à partir de la présidence de Viktor Iouchtchenko, l'Ukraine s'est construit un nouveau grand récit historique, appelé à fonder la grandeur héroïque de sa nation. Le mensonge ici se décline en un déni du caractère multiculturel de sa population (aux dépens en particulier de ses composantes juives et polonaises) et, concernant la part de l'Ukraine dans les événements de la Seconde Guerre mondiale, en un révisionnisme alimenté par la propagande nationaliste précédemment développée par un certain nombre d'intellectuels de la diaspora.

Plan

– La construction d'un récit nationaliste galicien en Ukraine occidentale
– L'historiographie comme entreprise étatique : les stratégies de légitimation scientifique de l'OUN/UPA
– La présidence Iouchtchenko, un passé difficile à effacer ?
  • 1 L'historiographie ukrainienne est celle d'une nation jeune, en pleine construction, dont l'histoire est discontinue et fortement liée à l'histoire russe, polonaise et, pour certaines régions, autrichienne, hongroise, tchécoslovaque, etc. Depuis l'indépendance, en 1991, les historiens s'évertuent à produire un grand narrative de la nation, la faisant remonter, en l'absence de véritable continuité chronologique, géographique et étatique, à la Rous' kiévaine, puis à la principauté de Galicie, passant ensuite aux Cosaques zaporogues, aux deux tentatives éphémères d'indépendance en 1918-1919, et enfin à l'invasion allemande de l'URSS en juin 1941.
  • 1 C'est ainsi qu'on appelle en russe la Seconde Guerre mondiale.
  • 2 David Marples, Heroes and Villains : Creating National History in Contemporary Ukraine, Budapest/Ne (…)

2Cette production historiographique a pris naissance dès le tournant des années 1990 dans le berceau du nationalisme ukrainien, à Lviv, la capitale de l'Ukraine occidentale, avant de s'étendre progressivement au centre du pays et à la capitale, Kiev. Durant la présidence de Viktor Iouchtchenko (2005-2010), notamment, a été menée jusque par les plus hautes instances du pouvoir une relecture de l'histoire dont le but était, face à l'ancienne épopée soviétique de la « Grande Guerre patriotique1 », de créer un récit de l'histoire nationale fondé sur des stratégies d'héroïsation et de victimisation2 des seuls Ukrainiens ethniques et occultant la composante multiculturelle du pays, et de retracer les « efforts de libération » et de construction de l'État ukrainien. Cela n'est pas allé sans un certain révisionnisme, concernant notamment les périodes sombres de l'histoire, comme la Seconde Guerre mondiale.

La construction d'un récit nationaliste galicien en Ukraine occidentale

  • 3 Delphine Bechtel, « Lemberg/Lwów/Lvov/Lviv : identités d'une "ville aux frontières imprécises" », (…)

3Depuis les années 1990, les intellectuels et les édiles de Lviv, capitale de la région historique de Galicie (l'ancienne Lemberg autrichienne, puis la Lwów polonaise de l'entre-deux-guerres), ont entrepris de réinventer le passé de leur région. L'appellation « Galicie », tombée en désuétude sous l'ère soviétique, a été réinvestie avec une réactivation folklorique du mythe habsbourgeois (ouverture de cafés « viennois », marques de produits alimentaires faisant référence à la tradition « galicienne »). Ce particularisme s'est exprimé notamment à travers la revue Yi (nommée d'après la lettre ï, qui distingue l'alphabet ukrainien de l'alphabet russe), dirigée par Taras Vozniak et financée par la Fondation Heinrich Böll, qui a défendu dans les années 2000 une version douce du nationalisme local, consacrant plusieurs numéros tant aux conflits qu'à la réconciliation polono-ukrainienne et judéo-ukrainienne. Vozniak veut œuvrer en faveur d'une intégration rapide de l'Ukraine à l'Europe et a soutenu l'idée de faire de Lviv la « Strasbourg de l'Europe centrale de l'Est » et la capitale culturelle d'une Ukraine tournée vers l'Occident3.

4Dans cette région, berceau du nationalisme ukrainien, rurale et ukrainophone (contrairement à l'est du pays, industriel et russophone), gréco-catholique (contrairement à l'Est orthodoxe) et nationaliste (contrairement à l'Est, culturellement plus lié à la Russie), les fidèles de l'OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens), mouvement ukrainien terroriste, fasciste, xénophobe et antisémite fondé en 1929, et de sa branche combattante l'UPA (Armée insurrectionnelle ukrainienne) se réveillent. Le parti UNA-UNSO (Assemblée nationale ukrainienne / Organisation national-socialiste ukrainienne), parti nationaliste ouvertement pronazi qui s'est renommé Svoboda (Liberté) après sa dissolution en 2004, et ses sbires bottés brandissant des drapeaux rouges et noirs évoquant les couleurs nazies défilent régulièrement lors des manifestations locales. Son leader, Oleh Tiahnybok, également élu député en 2002 au sein de la coalition Notre Ukraine de Iouchtchenko, dont il est l'un des soutiens, mène régulièrement campagne avec les slogans « L'Ukraine aux Ukrainiens » et « Dehors les Moscovites et les Juifs ».

  • 4 Aux élections locales de 2010, le parti Svoboda a obtenu entre 20 % et 30 % des voix en Galicie et  (…)

5Depuis les élections locales de 2009 et 2010, Svoboda dispose d'une influence déterminante dans les conseils régionaux de Lviv et de Ternopil4, tandis que les discours et les thématiques nationalistes ont gagné droit de cité dans toute la région. D'autant qu'un certain nombre de députés de l'ancienne UNA-UNSO siègent désormais sous l'étiquette d'autres partis, comme Andriy Shkil, réélu plusieurs fois député de Lviv dans le Bloc Ioulia Tymochenko. Cette radicalisation de la vie politique locale et l'acceptabilité croissante des thèses nationalistes extrémistes se sont vite traduites par la décision des conseils municipaux de la région de renommer des rues en l'honneur de nationalistes ukrainiens de l'OUN/UPA et d'ériger des monuments à ces leaders fascistes, impliqués dans la purification ethnique de la Galicie (les massacres de Polonais en 1942-1943 en Volhynie et en Galicie, ainsi que la collaboration avec les nazis dans l'anéantissement des Juifs).

6Ainsi, le musée d'Histoire de la ville de Lviv présente depuis 2006 une exposition dédiée aux « efforts de libération du peuple ukrainien » qui glorifie en réalité les bataillons Nachtigall et Roland, composés d'Ukrainiens embrigadés par les nazis, qui ont marché sur Lviv en juin 1941 en portant l'uniforme de la Wehrmacht, et la division SS-Galizien, constituée de volontaires ukrainiens ayant prêté serment à Hitler en 1943. Les théoriciens du fascisme ukrainien, tel Dmytro Dontsov, ainsi que les leaders de l'OUN/UPA, notamment Stepan Bandera et Roman Shukhevytch, deux fascistes et criminels de guerre notoires, sont célébrés à Lviv comme des figures de la quête d'indépendance ukrainienne. Relèvent particulièrement de la désinformation et du négationnisme les changements délibérés des légendes qui accompagnent les photos historiques et les objets exposés : les appellations allemandes ont disparu au profit de traductions ukrainiennes anodines, et le terme « SS » est carrément supprimé. Ainsi les bataillons Nachtigall et Roland apparaissent désormais sous la dénomination « Division des nationalistes ukrainiens », tandis que la division SS-Galizien devient l'inoffensive « Première Division ukrainienne », faisant croire à l'existence d'une armée ukrainienne indépendante des nazis. L'uniforme exposé a de surcroît été expurgé des galons, têtes de mort et insignes SS, tandis qu'une mention en petits caractères indique qu'il s'agit d'une « reconstitution ». C'est tout le passé collaborationniste de l'Ukraine que l'on cache ici aux visiteurs, afin de rendre acceptable l'héroïsation de criminels de guerre ayant collaboré avec les nazis.

Vitrine du musée d'Histoire de la ville de Lviv
Uniforme de la SS-Galizien sans les galons et insignes de la SS, présenté comme une « reconstitution ».
À l'arrière-plan : affiche de propagande antisoviétique et antisémite de 1943, publicité en ukrainien pour l'enrôlement dans la SS : « Venez combattre le bolchevisme dans les rangs de la Division galicienne ».
© Delphine Bechtel, 2007

  • Parallèlement, une véritable invention de l'histoire héroïque nationale se met en place, comme le démontre le complexe mémoriel inauguré en 2007 au cimetière Lytchakiv, à Lviv. Dominant l'ancien cimetière des défenseurs polonais de Lwów morts en combattant les indépendantistes ukrainiens en 1918-1919, les autorités locales ont construit un immense mausolée, avec un ensemble de stèles commémoratives aux « combattants pour la liberté » de l'Ukraine, ceux de 1918-1919, puis de 1941-1945 comme le bataillon Nachtigall et la SS-Galizien. Cette dernière est commémorée par une tombe du soldat inconnu, la seule au monde qui soit dédiée à un soldat de la SS5.

Stèle à la mémoire de la division SS-Galizien, cimetière Lytchakiv, Lviv
Inscription visible sur cette face de la colonne : « 1re Division "Galicie" ». Le mot « SS » a disparu de l'appellation.
© Delphine Bechtel, 2007

Tombe du soldat inconnu de la division SS-Galizien, cimetière Lytchakiv, Lviv
Inscription : « Ici repose un combattant inconnu de la Division "Galicie", qui a donné sa vie pour la liberté du peuple ukrainien à la bataille de Brody en juillet 1944 ». La division SS-Galizien est ici commémorée comme unité ayant combattu l'Armée rouge, notamment à travers la bataille de Brody (petite ville de Galicie, à 80 % juive à l'époque – c'est la ville natale de Joseph Roth), où l'armée allemande encerclée subit une cuisante défaite.
© Delphine Bechtel, 2007

  • Comme dans les manuels d'histoire récents, on cherche à accréditer les « dates clés » de la construction de l'État ukrainien : l'éphémère indépendance de 1918-1919, puis l'« Acte du 30 juin 1941 », par lequel Yaroslav Stetsko, un des dirigeants de l'OUN proche de Bandera, proclama l'indépendance – proclamation inattendue et annulée une semaine plus tard par les nazis6.

9S'inscrivant davantage dans la tradition du martyrologe, des monuments commémoratifs aux victimes des persécutions staliniennes ont été dressés devant les prisons des rues Zamarstynivska et Lonskoho, où le NKVD avait fait abattre plus de 3 000 détenus en juin 1941, juste avant l'invasion allemande. Les Ukrainiens ethniques y sont montrés comme les seules victimes du stalinisme, alors que les déportations et la soviétisation forcée ont touché en premier lieu les élites polonaises et les Juifs. Plus encore, nulle part ne sont mentionnés les pogromes sanglants du mois de juillet 1941, perpétrés notamment par la milice et les nationalistes ukrainiens, qui ont fait près de 7 000 morts à Lviv, justement sur le terrain de ces mêmes prisons, et plusieurs dizaines de milliers en Ukraine occidentale.

  • 7 Rossolinski-Liebe, art. cit. (notre traduction).

10Si la ville de Lviv a pu être justement caractérisée à la fois de « jungle mémorielle » et de « palimpseste mémoriel7 » au vu de la valse des monuments qui a accompagné les nombreux bouleversements étatiques qu'elle a traversés, elle est aujourd'hui placée sous le signe d'une ukrainisation de plus en plus radicale et d'une politique de commémoration sélective, voire délibérément tronquée.

L'historiographie comme entreprise étatique : les stratégies de légitimation scientifique de l'OUN/UPA

  • 8 On désigne par ce mot, qui signifie en ukrainien « extermination par la faim », la grande famine qu (…)

11Tout cela n'aurait pas été possible sans la politique mémorielle menée au plus haut niveau de l'État depuis la révolution orange et l'élection du président Iouchtchenko. Ce dernier a poursuivi tout au long de son mandat une politique d'ukrainisation et de nationalisation du pays qui s'appuie sur les vues des milieux de la diaspora ukrainienne liés à l'OUN/UPA tout comme sur celles des néonationalistes d'Ukraine occidentale. Pour étayer sa politique de construction mémorielle, il s'est doté d'un appareil étatique : en 2005, il fonde l'Institut pour la mémoire nationale, créé sur le modèle de l'institut éponyme en Pologne, dont le but est de diffuser l'interprétation officielle de l'histoire. En premier lieu, par une loi de 2006, la Grande Famine ukrainienne est érigée au rang de génocide et tout négationnisme en la matière constitue désormais une infraction à la loi. L'Holodomor8, souvent appelé « holocauste », supplante le génocide des Juifs dans le discours victimaire officiel. Des chiffres fantaisistes allant jusqu'à dix millions de morts ukrainiens sont cités, tandis qu'est occultée la dimension transversale de cette Grande Famine stalinienne, qui s'est étendue jusqu'à la Volga et au Kazakhstan.

  • 9 Décrets présidentiels d'octobre 2007 no 966/2007 relatif à la commémoration du 65e anniversaire de  (…)

12Mais il s'agit surtout de fonder un discours héroïque : depuis 2005, lors des commémorations de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Iouchtchenko met sur un pied d'égalité les vétérans de l'Armée rouge et ceux qu'il appelle « les combattants pour la liberté » de l'Ukraine. Il octroie aux vétérans de l'UPA des décorations ainsi que l'accès à une pension d'ancien combattant, et réhabilite Roman Shukhevytch, chef du bataillon Nachtigall et de l'UPA, en lui décernant fin 2007 le titre de « héros de l'Ukraine »9.

  • 10 Volodymyr Viatrovytch, Stavlennia OUN do evreiiv : Formuvannia pozytsii na tli katastrofy, Lviv, MS (…)
  • 11 « Lehenda pro Nachtigall » (en ukrainien), reproduit sur la page <memorial.kiev.ua/content/view/539 (…)
  • 12 Voir « Security Service of Ukraine reveals documents that unmask Soviet myths about the OUN », Den'(…)
  • 13 John-Paul Himka, « True and False Lessons from the Nachtigall Episode », Brama, <www.brama.com/news (…)

13Trois institutions officielles collaborent sous la présidence de Iouchtchenko à l'entreprise de blanchiment de l'OUN/UPA : l'Institut pour la mémoire nationale, le Centre pour l'étude du mouvement de libération, établi en 2002 à Lviv et dirigé par l'historien Volodymyr Viatrovytch, et surtout le SBU, le Service de la Sécurité d'État, qui a remplacé le KGB et a hérité de ses archives, sur lesquelles il dispose d'un monopole. Les trois institutions se soutiennent et se corroborent mutuellement, fonctionnant grâce à un réseau de jeunes historiens acquis à la cause de l'OUN/UPA. Viatrovytch est l'un des plus actifs : en 2006, il publie un livre fondé sur des citations tronquées qui dénie tout antisémitisme au sein de l'OUN10 ; en 2007, il tente de réhabiliter la mémoire du bataillon Nachtigall en faisant remonter la « légende autour de Nachtigall », c'est-à-dire l'accusation de massacres, notamment de pogromes, à une tentative soviétique pour déstabiliser le gouvernement Adenauer dans les années 196011. En 2008, Oleksandr Ishchuk, un autre jeune historien travaillant aux archives du SBU, déterre un texte qui exonérerait l'OUN de toute implication dans les pogromes : d'après cette « chronique » datée du 4 juillet 1941, la Gestapo aurait invité les Ukrainiens à en commettre un à Lviv, mais l'OUN aurait interdit à ses membres d'y participer12. Toutefois, selon l'historien ukraino-américain John-Paul Himka, ce document, comme bien d'autres, a probablement été écrit après 1943, à un moment où l'organisation, sentant le vent tourner, avait donné l'ordre d'expurger et de trafiquer ses archives afin de donner l'impression que c'étaient les Allemands et les Soviétiques qui étaient coupables d'actes antisémites, et non les Ukrainiens13.

  • 14 Pour plus de détails, voir Grzegorz Rossolinski-Liebe, « Celebrating Fascism and War Criminality in (…)

14Il faut rappeler que, depuis des décennies, une vaste œuvre de propagande est menée par des idéologues des milieux ukrainiens immigrés notamment au Canada, en Angleterre et en Allemagne, qui vise à présenter l'histoire de l'OUN/UPA comme celle d'organisations démocratiques, pro-occidentales, voire philosémites. Parmi les plus connus, Mykola Lebed', ancien leader de l'OUN et fondateur de l'UPA, recruté par la CIA (qui ne répugnait pas à incorporer d'anciens nazis et fascistes), dont les archives ont été récemment transférées au Harvard Ukrainian Institute, avait détruit et redactylographié tous les originaux des années de guerre, procédant ainsi à une falsification à grande échelle ; l'équipe réunie à Toronto autour du vétéran de l'UPA Petro Potichnyj a pour sa part publié dans la longue série de volumes Litopys UPA les chroniques (soigneusement expurgées de toute mention d'antisémitisme) de l'UPA. Pour parler de la France, mentionnons Volodymyr Kosyk, docteur en histoire de l'université Paris-I – Sorbonne (!) et vice-directeur de l'Université ukrainienne libre de Munich, auteur d'un ouvrage paru en 1986 à Paris, L'Allemagne national-socialiste et l'Ukraine, qui réussit le tour de force de ne pas receler un mot sur la collaboration ou la destruction des Juifs d'Ukraine. Citons encore Petro Myrtchuk, ancien de l'OUN, dont les pamphlets nationalistes suintent l'antisémitisme primaire14. On n'hésite pas à recourir à la mystification pour présenter l'UPA comme philosémite : ainsi, le même Myrtchuk publie la pseudo-autobiographie de Stella Krentsbakh, une Juive ukrainienne qui aurait dû sa survie à l'UPA, texte qui s'est révélé être un faux mais reste fréquemment cité.

  • 15 Propos tenus par Valentyn Nalyvaytchenko, président du SBU, dans « KGB provoked Ukrainian-Jewish co (…)

15Dans le sillage de ces travaux de la diaspora, des publications et des colloques sont organisés en Ukraine afin de prouver que les Ukrainiens et les Juifs combattaient côte à côte contre le totalitarisme et le régime communiste, et que les atrocités qui ont été reportées par les témoins juifs seraient en réalité le fait du KGB, lequel aurait envoyé des agents soviétiques déguisés en Ukrainiens pour tuer des Juifs15 !

  • 16 Voir le décret présidentiel du 23 janvier 2009 relatif à la déclassification, la publication et l'é (…)
  • 17 Tarik C. Amar, Ihor Balyns'kyi, Yaroslav Hrytsak (dir.), Strasti za Banderoiu, Kyiv, Hrani-T ; voir (…)

16Enfin, en décembre 2008, le directeur de l'Institut pour la mémoire nationale, Ihor Ioukhnovskyi, attèle ses historiens à la tâche la plus ardue : la réhabilitation du chef de l'OUN lui-même, l'extrémiste fasciste Stepan Bandera. Dans ce but, Iouchtchenko déclassifie en janvier 2009 une nouvelle fournée de documents sur l'OUN/UPA conservés au SBU16 et, fin janvier 2010, juste avant de quitter le pouvoir, décerne le titre de « héros de l'Ukraine » à Bandera. Entre-temps, les historiens ont rivalisé pour célébrer le nouveau héros, à tel point que la désinformation, la manipulation des sources, le négationnisme et même la légitimation de massacres finissent par obtenir droit de cité, y compris dans les milieux universitaires. Témoigne des errances de l'époque le volume Strasti za Banderoiu (Les passions autour de Bandera), édité en 2010 par un collectif d'historiens – dont Tarik Amar et Yaroslav Hrytsak, de Lviv –, qui juxtapose sans commentaire des textes de pure idéologie glorifiant le leader fasciste et d'autres, plus nuancés17. En offrant un forum et une plate-forme respectables à ce type d'opinion antidémocratique, les deux historiens de Lviv, eux-mêmes modérés, cautionnent et légitiment hélas un discours xénophobe et dangereux.

La présidence Iouchtchenko, un passé difficile à effacer ?

17Voulant ancrer l'identité ukrainienne dans un récit héroïque fondé sur des faits d'armes et réhabiliter les chefs de guerre liés à l'OUN/UPA, Iouchtchenko a tenté de faire reconnaître des narrations historiques empreintes d'idéologie, de nationalisme ethnique, de xénophobie, et d'ériger en héros des personnages suspects et criminels. Cette tentative a échoué, ne serait-ce que parce que la moitié orientale du pays, russophone et au passé lié aux partisans soviétiques et à l'Armée rouge, l'a refusée. Les conseils municipaux de villes comme Kharkiv, Donetsk ou Lugansk ont réagi vivement contre les mesures présidentielles, et à Kharkiv, Simferopol, Sumy, etc., ont été érigés, en signe de protestation, des monuments aux victimes de l'UPA, comme il en existe aussi beaucoup en Pologne. La politique mémorielle de Iouchtchenko a donc divisé le pays en deux, isolé l'Ukraine de ses voisins et de l'Europe, et décrédibilisé la recherche et les milieux académiques ukrainiens, tout en les subordonnant à des institutions d'État chargées de produire une version gouvernementale de l'histoire.

18Certes, le nouveau président, Viktor Yanoukovytch, a annulé le titre de héros de l'Ukraine décerné à Bandera et à Shukhevytch, a fait retirer le qualificatif de génocide à la Grande Famine, a renvoyé Ioukhnovskyi et Viatrovytch de leurs postes et a placé les instituts de recherche et le SBU sous l'autorité du nouveau pouvoir.

19Toutefois, ces mesures, également antidémocratiques par ailleurs, n'effacent pas le mal fait durant l'ère de la présidence orange. L'extrême droite progresse fortement en Ukraine ; le racisme, l'antisémitisme, la xénophobie, qui se déploient jusque sur les terrains de football, où les supporters du club Karpaty Lviv arborent des drapeaux nazis, s'étalent à ciel ouvert. L'ouest du pays s'est encore radicalisé et vote désormais pour le parti Svoboda plutôt que pour les partis orange, déconsidérés par la faillite du président sortant et l'incarcération de Ioulia Tymochenko.

  • 18 Voir « Petition by historians in response to detention of their colleague Ruslan Zabily », <khpg.or (…)
  • 19 Per A. Rudling, Jared McBride, « Ukrainian Academic Freedom and Democracy under Siege », The Algeme (…)

20En face, Yanoukovytch remet de l'ordre de manière autoritaire, allant jusqu'à intimider les chercheurs nationalistes : Ruslan Zabilyi, à l'époque directeur du musée de la prison « Tiurma na Lonskoho » à Lviv, a ainsi été soumis en septembre 2010 à une garde à vue musclée de quatorze heures par le SBU, qui lui a confisqué son ordinateur18. Certes. Mais, d'un autre côté, Svoboda jouit d'une toute-puissance et d'une impunité totale : n'a-t-il pas réussi à empêcher une série de conférences de l'historien polonais Grzegorz Rossolinski-Liebe, qui vient d'achever à l'université de Hambourg une thèse sur Bandera et qui était invité en Ukraine par l'ambassade d'Allemagne et la Fondation Heinrich Böll pour parler de Bandera en tant que fasciste19 ? Quand des centaines d'extrémistes de Svoboda ont entouré l'ambassade en brandissant des panneaux traitant le jeune historien de « fasciste », « nazi », « ukrainophobe » et le comparant à… Goebbels, il y eut très peu de réactions de la part de la communauté scientifique ukrainienne et même internationale. Des jeunes chercheurs ont été intimidés, menacés de perdre leur bourse ou leur soutien institutionnel s'ils signaient la pétition en sa faveur. Personne n'ose se mesurer à Svoboda, qui gagne sur tous les plans, reléguant la critique de Bandera au rang d'une « provocation » allemande ou, comme on l'a prétendu bien à tort, d'une bravade d'un historien fantasque qui serait à la solde du Parti des régions, le parti de Yanoukovytch.

21L'entreprise de blanchiment de l'OUN/UPA et des périodes les plus noires de l'histoire ukrainienne se poursuit dans les milieux de l'émigration, et même dans les départements d'études ukrainiennes des universités d'outre-Atlantique, comme à Harvard, où Viatrovytch a trouvé un refuge comme chercheur invité. En Ukraine occidentale, les mentalités n'ont pas changé et se sont même trouvées confortées par les ennuis que le nouveau régime fait subir aux nationalistes. Dans le même temps, la recherche continue d'être assujettie au pouvoir, dans une Ukraine de plus en plus poutinisée ou rien d'approchant la liberté et l'indépendance de la recherche et de l'histoire n'existera avant longtemps…

NOTES

1 C'est ainsi qu'on appelle en russe la Seconde Guerre mondiale.

2 David Marples, Heroes and Villains : Creating National History in Contemporary Ukraine, Budapest/New York, Central European University Press, 2007.

3 Delphine Bechtel, « Lemberg/Lwów/Lvov/Lviv : identités d'une "ville aux frontières imprécises" », Diogène, no 210, 2005, p. 73-84. Voir Yi, no 29, Genius loci. Leopolis. Lviv. Lemberg. Lwów, 2003.

4 Aux élections locales de 2010, le parti Svoboda a obtenu entre 20 % et 30 % des voix en Galicie et un tiers des sièges au conseil municipal de Lviv.

5 Voir Grzegorz Rossolinski-Liebe, « Der Raum der Stadt Lemberg in den Schichten seiner politischen Denkmäler », Kakanien Revisited, 2009, accessible à partir de la page <www.kakanien.ac.at/beitr/fallstudie/GRossolinski-Liebe1/?page=2&alpha=r>, cons. août 2012.

6 Malgré les bonnes volontés collaborationnistes de Stetsko et des autres dirigeants de l'OUN face à l'invasion allemande, à laquelle ils participèrent, malgré leur antisémitisme et leur vision d'un État ukrainien fasciste sur le modèle de la Slovaquie de Tiso ou de la Croatie de Pavelic, l'indépendance de l'Ukraine ne correspondait pas aux projets d'Hitler.

7 Rossolinski-Liebe, art. cit. (notre traduction).

8 On désigne par ce mot, qui signifie en ukrainien « extermination par la faim », la grande famine qui fit entre 3 et 5 millions de victimes en Ukraine en 1932-1933.

9 Décrets présidentiels d'octobre 2007 no 966/2007 relatif à la commémoration du 65e anniversaire de la création de l'UPA ; no 958/2007 relatif à la remise de décorations de l'État ukrainien aux participants à la lutte de libération nationale ; no 965/2007 relatif à l'octroi du titre de héros de l'Ukraine à R. Shukhevytch.

10 Volodymyr Viatrovytch, Stavlennia OUN do evreiiv : Formuvannia pozytsii na tli katastrofy, Lviv, MS, 2006.

11 « Lehenda pro Nachtigall » (en ukrainien), reproduit sur la page <memorial.kiev.ua/content/view/539/149/>, déc. 2007, cons. 21 août 2012.En 1959, lors du procès de Theodor Oberländer, référent allemand de Shukhevytch dans la Wehrmacht et alors ministre en RFA, l'Union soviétique, par le biais de la RDA, a rendu publics des documents sur les atrocités commises par les membres de l'OUN.

12 Voir « Security Service of Ukraine reveals documents that unmask Soviet myths about the OUN », Den', <www.day.kiev.ua/en/article/day-after-day/security-service-ukraine-reveals-documents-unmask-soviet-myths-about-oun>, 12 févr. 2008, cons. 21 août 2012. Sur les pogromes, voir Delphine Bechtel, « Les pogroms en Galicie, 1941 : des pages blanches de l'histoire à une histoire en pointillés ? », dans Luba Jurgenson, Alexandre Prstojevic (dir.), Des témoins aux héritiers : l'écriture de la Shoah et la culture européenne, Pétra, 2012, p. 111-130 ; John-Paul Himka, « The Lviv Pogrom of 1941 : The Germans, Ukrainian Nationalists, and the Carnival Crowd », Canadian Slavonic Papers/Revue canadienne des slavistes, vol. 53, no 2-4, 2011, p. 209-244.

13 John-Paul Himka, « True and False Lessons from the Nachtigall Episode », Brama, <www.brama.com/news/press/2008/03/080319himka_nachtigall.html>, 19 mars 2008, cons. 21 août 2012.

14 Pour plus de détails, voir Grzegorz Rossolinski-Liebe, « Celebrating Fascism and War Criminality in Edmonton. The Political Myth and Cult of Stepan Bandera in Multicultural Canada », Kakanien Revisited, 29 déc. 2010, accessible à partir de la page <www.kakanien.ac.at/beitr/fallstudie/GRossolinski-Liebe2/?page=2&alpha=r>, cons. 21 août 2012 ; Per A. Rudling, « The OUN, the UPA and the Holocaust : A Study in the Manufacturing of Historical Myths », Carl Beck Papers in Russian & East European Studies, no 2107, 21 déc. 2011.

15 Propos tenus par Valentyn Nalyvaytchenko, président du SBU, dans « KGB provoked Ukrainian-Jewish conflits : SBU publicised documents », <www.axisglobe.com/article.asp?article=1533>, cons. janv. 2010 (des trois liens vers cette information, tous ont été désactivés depuis – signe de la mystification ?), et Oleksandr Ishchuk ; cf. Sofia Grachova, « Unknown Victims : Ethnic-Based Violence of the World War II Era in Ukrainian Politics of History after 2004 », Daniyliw Lecture2008, <www.ukrainianstudies.uottawa.ca/pdf/Danyliw08%20Grachova%20Paper.pdf>, cons. 21 août 2012.

16 Voir le décret présidentiel du 23 janvier 2009 relatif à la déclassification, la publication et l'étude de documents d'archives liés au combat pour la libération nationale ukrainienne, aux répressions politiques et au Holodomor en Ukraine.

17 Tarik C. Amar, Ihor Balyns'kyi, Yaroslav Hrytsak (dir.), Strasti za Banderoiu, Kyiv, Hrani-T ; voir également la critique du livre par Franziska Bruder, <defendinghistory.com/strasti-za-banderoju-%E2%80%98bandera-passion%E2%80%99-by-franziska-bruder/25453>, 20 nov. 2010, cons. 21 août 2012.

18 Voir « Petition by historians in response to detention of their colleague Ruslan Zabily », <khpg.org/en/index.php?id=1284550630>, 15 sept. 2010, cons. 21 août 2012.

19 Per A. Rudling, Jared McBride, « Ukrainian Academic Freedom and Democracy under Siege », The Algemeiner, <www.algemeiner.com/2012/03/01/ukrainian-academic-freedom-and-democracy-under-siege/>, 1er mars 2012, cons. 21 août 2012.

Source : ELH Revues, Delphine Bechtel, Octobre 2012

URL: http://www.les-crises.fr/mensonges-et-legitimation-dans-la-construction-nationale-en-ukraine-2005-2010-par-delphine-bechtel/