lundi 6 mars 2017

Le principe du Décodex illustré par l’équipe Macron : discréditer les gêneurs

Le principe du Décodex illustré par l'équipe Macron : discréditer les gêneurs

Fantastique illustration du danger du Décodex – ou, plus précisément, d’une liste officielle de sites “non fiables” établie par le journal Le Monde.

J’ai comparé dès le début ce Décodex avec l’Index de l’Église Catholique. Nous allons voir que les mêmes conséquences surviennent sur la liberté d’expression.

C’est la raison pour laquelle j’en parle autant, et que ce sujet ne m’a jamais fait sourire – malgré son aspect éminemment ridicule en première approche.

Comme je vous l’ai dit, beaucoup de choses se passent sur mon compte Twitter depuis une semaine – jetez-y un oeil @OBerruyer (n’hésitez pas à nous suivre)

Je rappelle que les 25 questions que j’ai posées à Macron (à partir d’un article du Canard Enchaîné et de ses déclarations de patrimoine) sont ici, avec une synthèse au début de l’article.

I. La question 18…

J’ai continué à tweeté hier certaines questions à Emmanuel Macron. À force, on est arrivé à la question 18 – évidemment plus accessoire que les autres :

macron

La TeamMacron  (“équipe Macron”) est constitué des membres de l’équipe du Leader Minimo, dont, apparemment Sylvain Maillard @SylvainMaillard son porte-parole :

CEO = PDG

Eh bien, croyez-le : j’ai obtenu une réponse officielle de l’équipe Macron ! Et du lourd (3 mars, 17h49) :

Ah, le LDD n’est pas plafonné, fichtre, il faut d’urgence changer la documentation officielle :

Mais que dit le lien de la TeamMacron vers le site du Crédit Mutuel ?

On voit pourtant clairement que le Crédit Mutuel a simplement fait du marketing et a greffé deux simples livrets bancaires sur un LDD…

EDIT : on m’a envoyé les Conditions générales du Crédit Mutuel (merci A.), ce qui confirme :

Il aurait donc fallu scinder en 3 la somme dans sa déclaration de patrimoine :

Notez que – oh surprise -, c’était bien mon hypothèse principale sur ce point accessoire, dans mon article aux 25 questions à Macron (dernière phrase) :

Le point intéressant, là, pour moi, était le manque de soin dans la rédaction de la déclaration. Déclarer 40 000 € pour un LDD, c’est comme déclarer 158 000 €sur un Livret A, il y a un problème, ça doit faire “tilt” quand on a quelques connaissances de base sur les placements – a fortiori quand on est un Inspecteur général des finances, et qu’on est ministre de l’Économie…

Mais il y a mieux. Beaucoup mieux.

II. L’Index Décodex

La Team Macron avait dit autre chose avant de se sentir obligée de faire semblant de répondre (16h57 et 17h18) :

Impressionnant, non ?

J’ai pensé dès le début (voir ce billet) qu’il arriverait très vite ce genre de choses avec l’Index du Monde, qui a pour simple objet de déconsidérer une source dans son intégralité. Ce phénomène se répand depuis sur les réseaux sociaux à mon détriment :

samuel-laurent samuel-laurent

samuel-laurent

On comprend bien que ce Décodex mine ma Liberté d’expression et de Débat : mes contradicteurs s’appuieront désormais toujours sur l’autorité du Monde pour discréditer mes propos a priori, sans même prendre la peine d’y répondre…

Et la Team Macron @TeamMacron2017 se lâche encore aujourd’hui – et passe la deuxième couche, montrant toute son honnêteté intellectuelle :

Les types ne sont pas élus, et ils se permettent déjà ça. Ca promet pour la suite…

ce que perçoivent bien les lecteurs malins :

Bon, en tous cas, avec son #AuRevoir (unique pour moi, merci), la Team espère sans doute pouvoir me congédier comme un domestique, me prenant peut-être pour un des journalistes qui le suit au quotidien.

Bref, je ne lâche rien :

Enfin, vous voyez bien que, quand on a des choses à cacher, on applique souvent une stratégie visant à attirer l’attention sur des sujets les plus accessoires possibles (genre le peu de soin mis à remplir la case LDD), loin du sujet problématique (genre avoir gagné l’équivalent d’une petite cagnotte du loto et à avoir tout dilapidé en 2 à 3 ans, en étant en plus à l’Élysée – ce qui est parfaitement légal, mais qui interroge sur la personnalité de M. Macron).

Mais comme la Team Macron aime les anecdotes, continuons… Par exemple, juste pour rire, avec l’association de financement de la campagne, déclarée au Tribunal de Commerce (archive) comme ayant une “Activité des agents et courtiers d’assurances”

Eh, Monsieur Macron, je peux avoir un devis pour l’assurance de ma voiture, svp ?

Plus sérieusement, même la simple déclaration de sa voiture pose question :

Au delà des erreurs et détails anecdotiques, peut-il 1/ confirmer qu’il a acheté à 28 ans une voiture à 40 000 € 2/ indiquer son salaire annuel l’année de l’achat…

Merci de vos réponses – on passera ensuite aux plus sérieuses – sur vos dépenses, sur l’achat de votre appartement, sur les affaires de M. Hermand, sur vos interventions sur le projet de loi de séparation des activités bancaires, etc… Et ce malgré votre proverbiale timidité :

Bref, comme on dit :

URL: http://www.les-crises.fr/le-principe-du-decodex-illustre-par-lequipe-macron-discrediter-les-geneurs/

Emmanuel Todd : « C’est un pays en cours de stabilisation morale qui vient d’élire Trump »

Emmanuel Todd : « C'est un pays en cours de stabilisation morale qui vient d'élire Trump »

Source : Le Comptoir, Emmanuel Todd, 01-03-2017

Jeudi 9 février, Emmanuel Todd nous reçoit dans son appartement parisien pour un entretien fleuve sur l'élection de Donald Trump, les États-Unis et la situation politique mondiale, que nous vous proposons en deux parties. Si notre ligne politique peut diverger de celle du chercheur Todd et de sa promotion d'un capitalisme régulé, il demeure pour nous une référence intellectuelle contemporaine majeure. Anthropologue, historien, démographe, sociologue et essayiste, Todd est ingénieur de recherche à l'Institut national d'études démographiques (Ined). Il est principalement connu pour ses travaux sur les systèmes familiaux et leur rôle politique. En quatre décennies, le chercheur s'est notamment illustré en prophétisant l'effondrement de l'URSS (« La chute finale », 1976) et les printemps arabes (« Le rendez-vous des civilisations », avec Youssef Courbage, 2007). Il a également mis en lumière les faiblesses de la construction européenne et de la mondialisation. 

Le Comptoir : Le 8 novembre 2016, Donald Trump remportait à la surprise générale l'élection présidentielle américaine. Comme lors du référendum sur le Brexit en juin de la même année, ou du rejet français du Traité établissant une Constitution pour l'Europe (TCE) en mai 2005, les élites politico-médiatiques n'avaient rien vu venir. Pourquoi, à chaque scrutin, les élites semblent-elles de plus en plus déconnectées des électeurs ?

Emmanuel Todd : Je crois que la séparation fondamentale entre peuple et élites – c'est une image, car c'est toujours plus compliqué – a pour point de départ la différenciation éducative produite par le développement du supérieur. Au lendemain de la guerre, dans les démocraties occidentales, tout le monde avait fait l'école primaire – aux États-Unis, ils avaient également fait l'école secondaire –, les sociétés étaient assez homogènes et très peu de gens pouvaient se vanter d'avoir fait des études supérieures. Nous sommes passés, ensuite, à des taux de 40 % de gens qui font des études supérieures par génération. Ils forment une masse sociale qui peut vivre dans un entre-soi. Il y a eu un phénomène d'implosion sur soi de ce groupe qui peut se raconter qu'il est supérieur, tout en prétendant qu'il est en démocratie. C'est un phénomène universel et pour moi, c'est la vraie raison. Il y a des décalages. L'arrivée à maturité de ce groupe social se réalise dès 1965 aux États-Unis. En France, nous avons trente ans de retard et ça s'effectue en 1995. Les gens des diverses strates éducatives ne se connaissent plus. Ceux d'en haut vivent sans le savoir dans un ghetto culturel. Dans le cas d'un pays comme la France, nous avons par exemple l'apparition d'un cinéma intimiste, avec des préoccupations bourgeoises déconnectées des cruautés de la globalisation économique. Il y a des choses très bien dans cette culture d'en haut. L'écologie, les festivals de musique classique ou branchée, les expositions de peinture impressionniste ou expressionniste, le mariage pour tous : toutes ces choses sont bonnes. Mais il y a des personnes avec des préoccupations autres, qui souhaitent juste survivre économiquement et qui n'ont pas fait d'études supérieures. C'est en tout cas ce que j'écris dans mes livres, je ne vais pas changer d'avis soudainement.

Une analyse qui rejoint en partie celle de Christopher Lasch en 1994, dans La révolte des élites et la trahison de la démocratie (The Revolt of the Elites and the Betrayal of Democracy)…

Ben écoutez, La révolte des élites, je l'ai là [il attrape un exemplaire de The Revolt of the Elites posé sur sa table]. Oui, peut-être. Honnêtement, j'avais publié le bouquin de Lasch sur le narcissisme [La culture du narcissisme, NDLR] quand j'étais jeune éditeur chez Laffont. J'avais été très attentif à ce livre, dont j'avais revu la traduction. Mais je ne suis même plus sûr d'avoir lu La révolte des élites. C'est ça, l'âge. [Rires] Mais je sais de quoi il s'agit, c'est vrai que c'est à peu près ça. Par contre, je diverge de Lasch et de gens qui dénoncent les élites pour supposer des qualités spéciales au peuple. Je l'ai cru à une époque, mais je n'en suis plus là. Les élites trahissent le peuple, c'est certain. J'estime même de plus en plus qu'il y a au sein des élites des phénomènes de stupidité induits par le conformisme interne du groupe, une autodestruction intellectuelle collective. Mais je ne pense plus que le peuple soit intrinsèquement meilleur. L'idée selon laquelle, parce qu'il est moins éduqué ou moins bien loti, le peuple serait moralement supérieur est idiote, c'est une entorse subtile au principe d'égalité. Adhérer pleinement au principe d'égalité, c'est être capable de critiquer simultanément élites et peuple. Et c'est très important dans le contexte actuel. Cela permet d'échapper au piège d'une opposition facile entre un populo xénophobe qui vote Le Pen et les crétins diplômés qui nous ont fabriqué l'euro. C'est toute la société française qu'on doit condamner dans sa médiocrité intellectuelle et morale.

En 2008, alors que presque toute la gauche se félicitait de l'élection d'un Noir à la Maison-Blanche, vous étiez l'un des rares à émettre des doutes sur ce symbole. Selon vous, Barack Obama n'avait pas de programme économique. La percée inattendue de Bernie Sanders à la primaire démocrate et la victoire de Trump sont-elles les symptômes de l'échec d'Obama ?

Je crois que c'est le symptôme d'un changement d'humeur de la société américaine dans son cœur, qui est un cœur blanc puisque la démocratie américaine est à l'origine blanche. Depuis longtemps, je suis convaincu que parce que les Anglo-Saxons ne sont au départ pas très à l'aise avec la notion d'égalité, le sentiment démocratique aux États-Unis est très associé à l'exclusion des Indiens et des Noirs. Il y a quand même 72 % du corps électoral qui est blanc. Obama a mené une politique de sauvetage de l'économie américaine tout à fait estimable dans la grande crise de 2007-2008, mais il n'a pas remis en question les fondamentaux du consensus de Washington : le libre-échange, la liberté de circulation du capital et donc les mécanismes qui ont assuré la dégradation des conditions de vie et la sécurité des classes moyennes et des milieux populaires américains. Dans les années 1950, la classe moyenne comprenait la classe ouvrière aux États-Unis. Les ouvriers ont été  "reprolétarisés" par la globalisation et les classes moyennes ont été mises en danger. Il y a eu, en 2016, une sorte de révolte.

Le premier élément qui m'a intéressé – et c'était normal puisque dans L'illusion économique (1997) je dénonçais le libre-échange –, c'est la remise en question du libre-échange, qui était commune à Trump et Sanders. C'est parce que le protectionnisme est commun aux deux que nous pouvons affirmer être face à une évolution de fond de la société américaine. C'est vrai que le phénomène Trump est incroyable : le type fout en l'air le Parti républicain pendant la primaire et fout en l'air les Démocrates ensuite. Mais jusqu'au bout, et des vidéos le prouvent, j'ai cru que c'était possible, parce que j'étais tombé sur des études démographiques largement diffusées. Je ne sais plus si je les avais vues mentionnées dans le New York Times, dans le Washington Post, ou dans les deux. Elles révèlent que la mortalité des Blancs de 45-54 ans a augmenté aux États-Unis entre 1999 et 2013. Pour les Américains, le débat sur les merveilles du libre-échange est clos. Ils ont compris. Il faut partir de l'électorat et pas de Trump. L'électorat est en révolte et les États-Unis ont une tradition démocratique plus solide que la nôtre, à la réserve près qu'il s'agit d'une démocratie blanche.

« Trump a donc foutu en l'air le Parti républicain racial avec ses thématiques économiques, pendant que le Parti démocrate est resté sur ses positions raciales banales. »

Beaucoup de commentateurs ont vu dans l'élection du milliardaire Trump une victoire des classes populaires. Or, encore une fois, celles-ci se sont majoritairement abstenues. En outre, 58 % des Blancs ont voté Trump, contre 37 % pour Clinton. Réciproquement, 74 % des non-Blancs ont préféré la candidate démocrate. L'élection de Trump ne reflète-t-elle pas le retour de la question ethnique dans une Amérique qui s'est crue post-raciale après l'élection d'Obama ?

Non, je ne le pense pas. Bien entendu, la question raciale reste lancinante. D'abord, il faut savoir que la situation des Noirs, toujours ghettoïsés, et celle des Hispaniques, pauvres mais en voie d'assimilation, n'est pas du tout la même, même si le Parti démocrate a un discours de ciblage général des minorités. Comme aux précédentes élections, les Noirs ont voté très majoritairement pour la candidate démocrate (89%), mais avec un taux d'abstention plus élevé, parce que les Clinton sont assez ambivalents dans leurs rapports à la question, contrairement à Obama. Toute la politique américaine, depuis Nixon – et ça a culminé avec Reagan –, a été marquée par un Parti républicain qui a fait fortune en devenant un parti blanc, résistant aux mesures de déségrégation et à l'affirmative action (discrimination positive). Les Républicains ont inventé la technique du dog-whistle, c'est-à-dire du "sifflet à chien", qui agit sans qu'on l'entende. Un langage codé permet de bien faire comprendre à l'électorat blanc qu'il faut détruire le welfare (les aides sociales), censé n'aller qu'aux Noirs. C'est ce qui a permis au Parti républicain de mener une politique économique absolument défavorable à son propre électorat, c'est-à-dire de diminuer les impôts des riches et de continuer à foutre en l'air la classe ouvrière blanche par le libre-échange. Trump est à l'opposé du dog-whistle. Il avait un double discours : d'un côté, un discours xénophobe tourné contre le Mexique – et pas contre les Noirs, qui sont sur le territoire américain – et de l'autre, des thématiques économiques quasi-marxistes. Pour moi, Trump est le contraire du racialisme républicain traditionnel. Il a mené le débat sur le terrain économique, face à des Démocrates qui activaient inlassablement, sur le mode de la bien-pensance, la question raciale, en se présentant comme les défenseurs des Noirs et en expliquant que si on appartenait à tel groupe, on devait voter de telle manière. Trump a donc foutu en l'air le Parti républicain racial avec ses thématiques économiques, pendant que le Parti démocrate est resté sur ses positions raciales banales.

Justement, vous semblez voir, dans l'élection de Donald Trump, l'amorce d'une sortie de la séquence néolibérale qui avait été marquée par l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher et Ronald Reagan au début des années 1980. La dénonciation du libre-échange ou la volonté de rétablir le Glass-Steagall Act– aboli par l'administration Clinton – qui séparait les banques de dépôt des banques d'affaires sont effectivement en rupture avec le discours tenu à la fois par les Républicains et les Démocrates. Les premières mesures de dérégulation financière annoncées dès le lendemain de son élection, comme l'abolition de la loi Dodd-Frank – régulation timide des marchés financiers introduite sous Obama – ne sont-elles pas plutôt le signe que ce discours protectionniste et régulateur n'était qu'une façade et que le consensus de Washington continue de faire loi ?

Le problème, c'est qu'en France, nous sommes confrontés à une méconnaissance de ce qu'est le protectionnisme. C'est un certain type de régulation par l'État, mais ce n'est surtout pas une technique de régulation hostile au marché. C'est la fixation d'une limite autour d'un marché, qui doit rester capitaliste et libéral. Dans la théorie classique du protectionnisme, il n'y a pas de contradiction entre le fait de prendre des mesures de libéralisation en interne et le fait de protéger en externe. En formalisant, nous pourrions dire qu'il y a deux forces qui s'opposent aux États-Unis : un parti national et un parti globaliste. Nous pourrions dire que le parti national se caractérise par une protection aux frontières – des biens, de la circulation des personnes, le tout avec une bonne base xénophobe – mais qui n'est pas hostile au marché et qui a pour seul but de relancer un capitalisme interne qui fabrique des biens. En gros, il explique que les entreprises peuvent se faire de l'argent autrement. En face, il y a le parti globaliste qui va laisser les frontières ouvertes, en expliquant que cela va fonctionner même si la théorie économique explique que cela va générer des dégâts et des inégalités, le tout devant être compensé par de la redistribution et du welfare. J'ai obtenu la réédition de l'ouvrage classique de l'économiste Friedrich List sur le protectionnisme [Système national d'économie politique, Gallimard, 1998, NDLR], que j'ai préfacée en expliquant bien que le protectionnisme n'était qu'une branche du libéralisme. Marx détestait List. Je me suis retrouvé dans des émissions de radio face à des incultes qui me répliquaient : « Vous voulez transformer la France en Corée du Nord ? » Ce sont des ignorants qui pensent qu'en économie, le protectionnisme est une branche de l'étatisme. Évidemment, ici, je fais comme si Trump et son équipe avaient une conscience parfaite de ce qu'ils font, ce qui n'est pas le cas. J'évoque l'idéal-type wébérien du libéralisme protectionniste.

« Quand j'ai pensé que Trump pouvait être élu, j'étais au fond en train d'admettre que mon modèle anthropologique était insuffisant. »

Vous expliquez donc que Trump est le promoteur d'un capitalisme national qui va relancer la production de biens. Mais pour le moment, il a surtout annoncé des mesures de dérégulation de la finance et a manifesté son envie de revenir sur les maigres mesures de régulation de l'administration Obama !

Mais ce n'est pas cela qui est important.

La financiarisation de l'économie a généralement nui au capitalisme productif que vous défendez…

Mais l'important, c'est la protection contre l'arrivée de marchandises fabriquées par des gens sous-payés. Une économie qui se protège avec des barrières tarifaires à 30-40 % – c'est une tradition américaine, c'était ainsi avant la guerre de 1914, si mes souvenirs sont exacts –, c'est une économie qui, même si toutes les règles internes deviennent plus libérales, est soumise à des contraintes différentes. C'est une économie où les ouvriers et les ingénieurs vont redevenir nécessaires ! Alors il y aura toujours des gens – c'est le principe du capitalisme – qui voudront se faire de l'argent. Il faudra seulement qu'ils le fassent autrement. Si nous nous en tenons à une approche marxiste, et souhaitons combattre les puissances d'argent, éventuellement abolir le Capital, nous restons à côté du problème. La question, c'est de savoir s'il existe une technique qui permet que des gens s'enrichissent et que cela profite à tout le monde dans l'espace national.

Vous avez longtemps soutenu que l'acceptation par le monde anglo-saxon de la globalisation et de la montée des inégalités qui en découle renvoyait à la structure familiale de type nucléaire et individualiste, indifférente à la valeur d'égalité. Le Brexit et l'élection de Trump ne sont-ils pas, au contraire, la preuve que l'action des peuples peut échapper, du moins dans certaines limites, aux déterminations anthropologiques ?

Je suis dans un manuscrit où je suis en train de traiter justement cette question. Pour moi, c'est la vraie question. Jusqu'à présent, j'étais résigné à l'enfermement de "l'anglosphère" dans son néo-libéralisme par son indifférence à l'égalité. Dans l'ensemble, mon modèle anthropologique ne fonctionne pas mal. L'idée d'un communisme fabriqué par une famille communautaire, égalitaire et autoritaire explique très bien l'histoire russe. La famille nucléaire absolue explique très bien le modèle libéral anglo-saxon, ainsi que le développement du capitalisme. Le fait que les gens ne sont pas très sensibles aux États-Unis ou en Angleterre à l'idéal d'égalité explique pourquoi le capitalisme y fonctionne de manière bien huilée et pourquoi les individus ne sont pas choqués quand certains font du profit. Mais entre 2000 et 2015, nous avons atteint la limite du modèle. Et bien sûr, les peuples peuvent transcender leur détermination anthropologique, mais à un certain niveau de souffrance seulement. C'est pour cela que la hausse de la mortalité a été un avertisseur qui m'a permis d'échapper à mon propre modèle. Quand j'ai pensé que Trump pouvait être élu, j'étais au fond en train d'admettre que mon modèle anthropologique était insuffisant. Mais c'est finalement la même chose qui s'est passée avec la chute du communisme.

Ce que vous écriviez dans La chute finale (1976)…

Mon modèle anthropologique dit que les traditions communautaires russes expliquent très bien l'invention du communisme. Mais de même que le libéralisme a emmené la société américaine à un niveau de souffrance exagéré, qui a provoqué la révolte de 2016, le communisme avait atteint vers 1975 un niveau d'absurdité tel, avec une hausse de la mortalité infantile, qu'il s'est effondré en 1990. Par contre, ce que nous dit déjà l'existence ultérieure de la Russie, c'est que l'atteinte de ce point de rupture peut amener une modification du système économique, mais ne fait pas sortir définitivement la population de sa culture. Je pense qu'il y a une démocratie en Russie. Les Russes votent à 80 % pour Poutine. C'est une forme de démocratie autoritaire. Mais le fonctionnement de la société garde beaucoup des traditions communautaires d'autrefois. Le système américain tente de se réformer, mais il va garder ses traits libéraux et non égalitaires fondamentaux. D'ailleurs, quand je décrivais un protectionnisme qui laisse fonctionner le capitalisme en interne, c'est exactement cela que j'évoquais.

« Le retour au national promu par Trump devrait s'accompagner d'une "désuniversalisation" des problèmes. »

En 1981, vous introduisiez Christopher Lasch en France, en faisant traduire La culture du narcissisme (sous le titre Le Complexe de Narcisse). L'intellectuel américain y analysait la destruction de la structure familiale américaine et ses conséquences néfastes. Les élections que nous venons de vivre s'inscrivent-elles dans la séquence décrite par Lasch ?

Lire la suite sur : Le Comptoir, Emmanuel Todd, 01-03-2017

URL: http://www.les-crises.fr/emmanuel-todd-cest-un-pays-en-cours-de-stabilisation-morale-qui-vient-delire-trump/

Revue de presse du 06/03/2017

Revue de presse du 06/03/2017

Merci à nos contributeurs pour cette revue de presse. Pour rejoindre l’équipe de la revue, vous pouvez postuler via le formulaire de contact du blog.

URL: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-06032017/

Sciences et Avenir se met en quatre pour Emmanuel Macron, par Laurent Dauré

Sciences et Avenir se met en quatre pour Emmanuel Macron, par Laurent Dauré

Source : ACRIMED, Laurent Dauré, 02-03-2017

Emmanuel Macron est-il « le candidat des médias [1] » ? On se bornera ici à montrer modestement qu'il est au moins le candidat privilégié par Sciences et Avenir, deuxième magazine de vulgarisation scientifique le plus diffusé [2]. Histoire d'un cas de « synergie » dans le domaine de la presse…

Le moins que l'on puisse dire c'est que Sciences et Avenir a mis les petits plats dans les grands pour rendre compte de « l'événement », à savoir un entretien de deux heures organisé par le magazine entre Emmanuel Macron et cinq scientifiques (Jean-Claude Ameisen, Claudine Hermann, Axel Khan, Hubert Reeves et Cédric Villani [3]).

Quatre pages dans l'édition de mars 2017, avec le nom du candidat en (très) grand sur la couverture, et sur le site du mensuel dédié à « l'actualité des sciences », six articles et… vingt-neuf vidéos [4] !

Dans Sciences et Avenir (et Macron), les autres candidats sont marrons

Il ne nous appartient pas de commenter ici le contenu des échanges dont le thème général était « Quelle place pour la science en France ? » Toutefois, sans sortir du rôle d'Acrimed, on peut constater que le « débat »annoncé sur la couverture du magazine ressemble plutôt à une audience accordée par Emmanuel Macron à cinq scientifiques de renom : une audience qui met le candidat et ses idées en valeur, les plaçant au centre de l'attention. Cette promotion est rehaussée par la configuration de la rencontre : « cinq grands scientifiques », transformés pour l'occasion en panélistes (bienveillants), lui posent des questions pour s'enquérir de ses positions sur les différents sujets abordés.

Le mensuel justifie ainsi l'initiative : « À moins de trois mois de l'élection présidentielle, grâce à la médiation de Sciences et Avenir, les cinq éminents scientifiques […] ont pu librement s'entretenir pendant deux heures avec Emmanuel Macron, candidat qui nous avait directement fait savoir son souhait de s'exprimer sur ces sujets d'avenir . » D'où l'on comprend que c'est le fondateur d'« En marche ! » qui a demandé à la rédaction du magazine d'être reçu dans ses pages, celle-ci, manifestement soucieuse de lui donner satisfaction, se contentant de déterminer les modalités.

Sans doute consciente de l'impression que risque de produire l'accueil royal réservé à Emmanuel Macron, la rédaction précise : «  Sciences et Avenir a fait parvenir la série des questions abordées lors de cet entretien aux autres candidats à l'élection présidentielle. Leurs réponses seront publiées dans une prochaine édition du magazine ainsi que sur notre site Internet [5]. » Comme la seule édition du magazine avant le scrutin sera celle du mois d'avril (alors que le premier tour de l'élection présidentielle doit se tenir le 23 de ce mois-là), il est donc d'ores et déjà clair que les autres candidats ne bénéficieront pas du même traitement qu'Emmanuel Macron, à la fois qualitativement et quantitativement. Toutes leurs réponses seront réunies dans une même édition – on doute qu'il leur soit accordé quatre pages chacun… – et ils ne seront ni filmés ni photographiés en train de tenir en haleine des scientifiques connus.

Un internaute déclarant être un abonné de Sciences et Avenir exprime bien sur le site du magazine le mécontentement que la « préférence Macron » peut légitimement susciter chez les lecteurs d'une publication dédiée à la vulgarisation scientifique :

Le seul mathématicien médiatique de France est… pro-Macron

Il y aurait un travail spécifique à faire sur la médiatisation de Cédric Villani, l'un des cinq membres du panel de scientifiques sélectionnés par Sciences et Avenir (voir quelques réflexions à ce sujet en annexe). Ce mathématicien est un soutien officiel de l'ancien locataire de Bercy. Il le dit très explicitement dans cette intervention lors du meeting d'Emmanuel Macron à Lyon (4 février 2017) ou dans cet entretienaccordé à Mediapart (24 février 2017). Pourquoi la rédaction de Sciences et Avenir n'a-t-elle pas informé les lecteurs de cet élément d'appréciation important ? Cela leur aurait permis de comprendre pourquoi le mathématicien n'a cessé de tendre des perches fraternelles à son candidat lors de l'échange avec les cinq scientifiques, comme celle-ci par exemple : « Les grandes universités se plaignent de ne pas avoir vraiment d'autonomie, de rester contraintes face à la puissance publique concernant l'utilisation de leur budget [6]. »

Une étonnante « synergie » entre Sciences et Avenir et Challenges

Le « débat » publié par Sciences et Avenir n'a pas été sans écho, du moins au sein du groupe Perdriel, détenu à 93 % par l'industriel [7] et homme de presse Claude Perdriel, cofondateur – avec Jean Daniel – du Nouvel Observateur et fondateur du Matin de Paris [8]. Celui-ci possède également l'hebdomadaire économique Challenges [9].

On comprend immédiatement le concept de « synergie » dans un groupe de presse en prenant connaissance de l'article de Challenges.frqui rend compte de « l'entretien événement » de Sciences et Avenir ; la rédaction du site le présente complaisamment ainsi : « Alors que ses adversaires lui tirent leurs meilleures flèches, brocardant son absence de programme (dont la présentation détaillée est prévue début mars), ironisant sur ses sorties de route (la colonisation ; la manif pour tous), Emmanuel Macron s'intéresse au temps long, voire très long, celui de la recherche scientifique, de la transition écologique, de l'avenir de la planète dans les colonnes de Sciences et Avenir ».

Et l'on est d'autant moins surpris par cette synergie qu'Emmanuel Macron a fait la Une de Challenges sept fois, entre août 2012 et février 2017. [10]

On sera d'autant moins stupéfait par cette prévenance que Challenges.frpubliait le 16 octobre 2016 un très long entretien en trois parties du marcheur en chef, alors qu'aucune autre personnalité politique n'a bénéficié d'un tel privilège. Et, pour couronner le tout, dans un éditorial paru le 30 janvier dernier sur le site de l'hebdomadaire, l'éditorialiste Maurice Szafran entend démontrer – c'est le titre – « Pourquoi Emmanuel Macron n'est pas le candidat des médias, ainsi que nous l'avions relevé dans cet article : « À Challenges, une voix s'élève contre le Macron-bashing médiatique ».

Une coïncidence troublante : un propriétaire macronphile

Évidemment, il n'est nul besoin d'imaginer une intervention directe du propriétaire sur les deux organes de presse, et notamment sur Sciences et Avenir, dont il est le président et directeur de la publication, bien qu'il ait la réputation d'être particulièrement interventionniste, comme on le voit dans le documentaire de Raymond Depardon sur les débuts du Matin de Paris – Numéros zéro (1980) [11] – et comme le confirme le rôle qu'il a joué dans le licenciement d'Aude Lancelin de la rédaction de L'Obs. [12]

Ce serait donc – peut-être ou sans doute ? – en toute « indépendance » (puisque c'est le mot qui lui conviendrait) que la rédaction de Sciences et Avenir a choisi de privilégier Emmanuel Macron. Et Claude Perdriel a alors tout lieu de se réjouir de cette coïncidence bienvenue. En effet, ce dernier, aujourd'hui âgé de 90 ans, soutient très officiellement la candidature d'Emmanuel Macron à l'élection présidentielle. Il retrouve chez celui-ci « quelque chose de Mendès France », le considère comme « un homme libre qui dit ce qu'il pense et qui réfléchit »« très cultivé » et allant « au fond des choses » [13].

Pourtant, Claude Perdriel a souhaité nuancer son soutien. Il déclarait ainsi au Figaro (24 octobre 2016) : « Soyons précis : je n'ai pas dit que je "soutenais" Emmanuel Macron. Ses idées sont salutaires. Elles apportent une perspective de changements qui manquait dans le débat politique et idéologique. Jamais la bataille droite-gauche n'a été aussi violente. Dans ce contexte, j'apprécie qu'Emmanuel Macron "parle vrai", qu'il cherche des solutions novatrices. J'écoute Macron et j'entends la musique, les paroles de Mendès France, de Mauroy, de Rocard ou de Delors – ceux qui incarnent cette gauche à laquelle je me suis toujours référé. » Et il ajoutait : « Ces réflexions, cet éventuel engagement, n'engagent que moi et non pas Challenges. »

Dans la même interview, il affirmait qu'il n'exerce aucune pression pro-Macron : « Notre journal s'est doté d'une charte et nous tenons à ce qu'elle soit respectée […]. À l'intérieur d'un journal règne un pluralisme d'opinions, c'est cela qui est merveilleux. »

À en juger par le merveilleux pluralisme d'opinions qui règne dans les magazines que Claude Perdriel dirige, on est en droit de se demander à quoi sert la charte éthique dont il semble si fier ? Et qui est chargé de la faire respecter ?

* * *
Challenges a évidemment le droit de soutenir Emmanuel Macron si c'est le souhait de la rédaction, et pas seulement du propriétaire. Mais autant le dire clairement, nier l'évidence de ce soutien serait une insulte à l'intelligence des lecteurs (trois couvertures en trois mois…).

Mais le cas de Sciences et Avenir est différent compte tenu de l'objet du magazine. Nous peinons à croire que la rédaction d'un mensuel dédié à l'actualité des sciences approuve collectivement d'être mise au service du candidat préféré de l'actionnaire du titre. La directrice de la rédaction, Dominique Leglu, et le rédacteur en chef du pôle digital, Olivier Lascar, semblent consentants, mais qu'en est-il du reste de l'équipe [14] ? À cette heure nous ignorons s'il y a eu des protestations en interne [15].

Quoi qu'il en soit, élection présidentielle oblige, la chefferie éditoriale de Sciences et Avenir s'assoit sur la déontologie la plus élémentaire pour favoriser le candidat qui a la préférence du propriétaire. Avec Claude Perdriel, le pluralisme est en effet « merveilleux », c'est-à-dire imaginaire.

Laurent Dauré

* * *
Annexe : 
À propos de Cédric Villani, le très médiatique mathématicien pro-Macron

Les médias dominants semblent considérer que Cédric Villani est l'unique mathématicien français digne d'intérêt [16]. Nous ne nous prononcerons évidemment pas sur les travaux qu'il a produits dans sa discipline, nous n'en avons ni la compétence ni la vocation. En dehors de l'effet de notoriété généré par les distinctions académiques reçues et les nombreuses responsabilités exercées [17], il nous semble que cette exposition médiatique exceptionnelle pour un mathématicien s'explique par trois facteurs qui se renforcent mutuellement :  
– (1) la prédilection des journalistes pour la figure romanesque du scientifique original et un brin excentrique [18] ; 
– (2) les aptitudes de Cédric Villani à l'autopromotion ; 
– (3) sa proximité avec certains cercles de pouvoir.

Le mathématicien est par exemple l'un des sept membres du conseil scientifique de la Commission européenne [19], administrateur du think tank EuropaNova et « Young Leader » de la French-American Foundation [20], comme Emmanuel Macron, pour ne citer qu'un autre « élu » [21].

Cédric Villani a officialisé son soutien à ce dernier en février 2017. Et à qui Sciences et Avenir consacrait la couverture de son édition ce mois-là [22] ?…

[1L'expression est peut-être mal choisie, mais les articles réunis dans la rubrique de notre site consacrée au traitement médiatique de l'ancien ministre de l'Économie fournissent quelques éléments d'appréciation. De même que cette tribune de Thomas Guénolé publiée sur Marianne.net.

[2La diffusion du mensuel – 238 885 exemplaires en moyenne par numéro en 2016 (selon l'ACPM) – est inférieure à celle de son vieux concurrent Science et Vie (281 532).

[3Notons au passage que ces scientifiques sont parmi les plus médiatisés en France – il ne manque en fait qu'Yves Coppens, Boris Cyrulnik et Étienne Klein – ; c'est moins le cas pour Claudine Hermann, la seule femme du panel. La France ne compte-t-elle vraiment qu'une petite dizaine de scientifiques méritant la faveur des médias ?…

[4Il faudrait ajouter les nombreuses photos montrant les cinq scientifiques buvant les paroles d'Emmanuel Macron, ces images étant à la disposition des médias qui souhaiteraient à leur tour relater « l'événement ».

[5Cette formulation est celle qui figure sur le site du magazine, la version papier en comporte une très similaire.

[6Claudine Hermann n'est pas en reste dans ce registre : « La connexion entre le monde universitaire et le monde de l'entreprise est insuffisante ». On imagine Emmanuel Macron profondément déstabilisé par cette remarque iconoclaste.

[7Claude Perdriel a bâti sa fortune grâce à la société SFA, inventrice du Sanibroyeur.

[8Le Matin de Paris est un quotidien qui a paru de 1977 à 1987. Claude Perdriel a cédé l'intégralité du capital de L'Obs – nouveau nom du Nouvel Observateur – (et également de Rue89) aux actionnaires du groupe Le Monde : Pierre Bergé, Xaviel Niel et Mathieu Pigasse. La cession s'est faite en deux fois ; deux tiers en 2014, le tiers restant en 2016. À ce sujet et plus largement sur ses investissements dans les médias, lire cette interview de Claude Perdriel aux Échos.fr (9 janvier 2014)

[9Le groupe Perdriel possède aussi depuis juin 2016 la société Sophia Publications, qui édite Historia, L'Histoire, Le Magazine littéraire et La Recherche. Pour en savoir plus sur cette acquisition, lire cet article des Échos.fr (23 juin 2016).

[10Successivement les 30 août 2012, 27 novembre 2014, 21 octobre 2015, 18 février 2016, 8 décembre 2016, 19 janvier 2017 et 19 février 2017. On remarque la nette intensification depuis la fin de l'année 2016.

[11Nous avions programmé ce film instructif dans notre cycle de projections-débats sur le thème « À l'intérieur des rédactions ».

[12Voir notre article consacré à ce licenciement.

[13Ces propos sont issus d'une interview sur France Inter (17 octobre 2016), dont Jean-Dominique Merchet a rendu compte le même jour dans cet article publié sur le site Internet de L'Opinion.

[14Notons en passant qu'Armelle Thoraval est simultanément « Rédactrice en chef et Directrice numérique de Challenges.fr et Directrice numérique de Sciences et Avenir » (c'est précisé ici).

[15À Challenges, une motion de censure visant Vincent Beaufils (directeur de la rédaction) et Armelle Thoraval a été votée à 64 % le 24 février, mais les motifs tiennent plus à ce qui est perçu comme une absence de stratégie et une désorganisation ambiante qu'à un ras-le-bol face à la Macron-mania.

[16Il a fallu qu'Alexandre Grothendieck meure (le 13 novembre 2014) pour que les médias s'intéressent – un tout petit peu et mal – à lui et à ses travaux. Il était pourtant considéré depuis longtemps par les spécialistes comme l'un des mathématiciens les plus importants du XXe siècle. Comme Cédric Villani, il avait reçu la médaille Fields, la plus prestigieuse récompense dans le domaine des mathématiques. Alexandre Grothendieck avait par ailleurs une œuvre littéraire, avec notamment une autobiographie intitulée Récoltes et Semailles.

[18Les médias accordent beaucoup d'importance au « look désuet et baroque » (Télérama.fr, 22 octobre 2011) de Cédric Villani, « coiffé à la Chopin et habillé comme Dorian Gray »(Madame Firago.fr, 9 octobre 2010). Le scientifique, parlant lui-même volontiers de son apparence, déclare qu'il est « un peu la Lady Gaga des mathématiques » (dans l'entretien à Télérama.fr dont le titre est « Cédric Villani, "la Lady Gaga des maths" »).

[19Voir ce texte du blog de Sylvestre Huet sur Libération.fr.

[20Selon cet article de Jean-Michel Quatrepoint publié dans Le Monde diplomatique (novembre 2016), la French-American Foundation est une « fondation privée [qui] organise des séminaires de deux ans où une douzaine de jeunes Français côtoient les élites américaines de la même classe d'âge. Officiellement, l'objectif est de favoriser le dialogue franco-américain. En réalité, il s'agit de bien faire comprendre aux futurs décideurs français – entrepreneurs, responsables politiques, journalistes – les bienfaits de la mondialisation à l'anglo-saxonne. »

[21Consulter la page Wikipédia de la fondation pour une liste étoffée des « Young Leaders ».

[22C'est-à-dire le numéro qui précède celui avec Emmanuel Macron et le panel de scientifiques

URL: http://www.les-crises.fr/sciences-et-avenir-se-met-en-quatre-pour-emmanuel-macron-par-laurent-daure/

Macron a bien claqué un Smic par jour pendant 3 ans ! (+ 25 questions à lui poser sur des bizarreries sur son patrimoine) (1/5)

Macron a bien claqué un Smic par jour pendant 3 ans ! (+ 25 questions à lui poser sur des bizarreries sur son patrimoine) (1/5)

(Billet du 24 février 2016) Retour sur le patrimoine d’Emmanuel Macron. La presse refuse à l’évidence de traiter ce problème sérieusement.

Cette nouvelle analyse fait suite à ce premier billet, fondé à l’époque sur les révélations du Canard Enchaîné du 1er juin 2016 – M. Macron refusant toujours de répondre aux questions précises. J’ai donc développé dans ce billet plus précisément les choses, tout en sachant que, si les ordres de grandeur sont très clairs, il reste des détails à préciser pour préciser cette étude, que seul M. Macron peut donner.

Je rappelle enfin que ce blog est apolitique, et ne vise personne en particulier. Il cherche simplement à jouer un rôle de vigie citoyenne et à organiser du débat participatif pour faire avancer la recherche de la Vérité.

Série : Le Phénomène Macron…

Sommaire

0. Résumé pour ceux qui ne veulent pas tout lire 🙂

Ce billet est très dense et complet. Il montre au passage la différence de traitement qu’il est possible de faire dans l’analyse des deux déclarations de patrimoine de vingt lignes de M. Macron, selon que l’on souhaite être exhaustif (comme ici) ou selon qu’on soit un grand titre de presse.

Si vous ne voulez pas tout lire, je résume mes principales questions à M. Macron ici :

  1. M. Macron, vous avez gagné (surtout chez Rothschild) ≈ 2,7 millions d'euros bruts entre 2011 et 2013, soit ≈ 1,4 million d'euros nets après impôts. Vous déclarez un patrimoine quasi nul en 2014. Cela signifierait une dilapidation d'environ 1 SMIC PAR JOUR durant 3 ans. Votre porte-parole a indiqué que vous aviez « pas mal dépensé ». Pourriez-vous vous expliquer, et justifier la réalité et la composition de ces dépenses ? (Question 2)
  2. M. Macron, en 2007, à 30 ans, vous décidez d’acheter un appartement. Vous gagnez alors environ 40 000 € par an, et n'avez guère d'apport personnel. Vous choisissez un appartement de 83 m² à Paris à 890 000 €, soit un investissement de plus de 1 000 000 € avec travaux et frais de notaire. En théorie, cela signifie donc aux taux d’intérêts de 2007 plus de 40 000 € de simple charge d'intérêts par an. Pourquoi un tel choix aussi disproportionné avec vos revenus ? (Question 4)
  3. M. Macron, pour financer votre achat, vous empruntez en 2007 selon vos déclarations au JDD 550 000 € à votre ami multimillionnaire, le regretté Henry Hermand, et 400 000 € au Crédit Mutuel. Le tout avec 40 000 € de revenus annuels. Comment les avez-vous convaincus – surtout la Banque – que vous auriez un jour assez d'argent pour les rembourser ? Saviez-vous  donc que vous deviendriez associé-gérant chez Rothschild 5 ans plus tard ? (Question 5)
  4. M. Macron, sans le prêt de 550 000 € sans intérêts à débourser (seulement en 2022) de votre ami multimillionnaire, le regretté Henry Hermand, vous n'auriez jamais pu acheter votre appartement en 2007. Êtes-vous intervenu à l'Élysée ou à Bercy sur des affaires le concernant lui ou son secteur d'activité (immobilier, start-up, presse…) ? (Question 6) 
  5. M. Macron, vous déclarez avoir acheté en 2007 votre appartement 960 000 € avec travaux. Vous avez estimé vous-même votre appartement 935 000 € en 2014. Comme le souligne le Canard enchaîné, les prix ont augmenté de 33 % dans votre quartier durant ces 7 ans. Vous avez indiqué au Canard enchaîné avoir “acheté cher“. “Acheter cher”, ici, ce serait donc avoir payé au moins 250 000 € de trop pour un appartement qui n’était en plus pas du tout dans vos moyens de l’époque.  Pourriez-vous donc nous expliquer pourquoi vous êtes un des très rares Parisiens en moins-value dans cette période ? (Question 9)
  6. M. Macron, vous passez chez Rothschild d'une rémunération en rythme annuel de 137 000 € en 2009 à 2 600 000 € en 2012. Une telle progression salariale est-elle fréquente ? Puisque vous avez apparemment dilapidé presque tout cet argent en 3 ans, pourquoi avoir quitté Rothschild en 2012 ? Êtes-vous censé y revenir si vous perdez en avril ? (Question 11)
  7. On lit sur le site du magazine Capital (06/11/2014) que vous auriez appelé en 2013 la rapporteure PS du projet de loi  de séparation des banques « plusieurs fois pour lui demander de retirer deux amendements non favorables à [vos] amis banquiers. Elle avait fait la sourde oreille. » Pouvez-vous nous confirmer ces faits et vous en expliquer ? Pouvez-vous nous confirmer qu'ils n'ont aucun lien avec la question précédente ?  (Questions 12 et 25)
  8. Selon vos déclarations au JDD, vous gagnez 1 500 000 € après impôts chez Rothschild essentiellement en 2011-12. Il semble bien que mi-2012, vous empruntiez 200 000 € de plus au Crédit mutuel. Est-ce vrai ? Pourquoi augmenter votre endettement bancaire dans ces conditions, surtout d'un tel montant ?  (Question 13)
  9. M. Macron, malgré vos plantureux revenus, vous empruntez au Crédit Mutuel le 23/11/2011 “350 000 € pour des travaux dans la résidence secondaire” – qui appartient à votre épouse. À quoi correspondent ces gigantesques travaux ? N’est-ce pas un peu excessif, surtout quand on a apparemment déjà du mal à se désendetter ? (Question 16)
  10. M. Macron, un LDD de 40 000 €, c'est une possibilité réservée aux anciens ministres ? Pour les autres personnes, c'est normalement limité à 12 000 €, non ? (hors intérêts capitalisés) Est-ce une erreur de saisie dans votre déclaration ? (Question 18)
  11. D’après le site du tribunal de commerce, votre association de financement aurait un code d’activité NAF 6622Z, qui est celui des Agents et courtiers d’assurance. Est-ce une simple erreur de plus ? (Question 23)
  12. M. Macron, vous avez certifié avoir acheté : 1/ 40 000 € 2/ une Volkswagen EOS en 2005 (à 28 ans) 3/ d'occasion 4/ que vous avez estimée à 6 000 € en 2014. Or 1/ la VW EOS n'est commercialisée qu'à partir de 2006 2/ mi-2006, le modèle le plus cher neuf vaut 36 000 € 3/ la plupart des modèles de 2006 valent 10 à 12 k€ en 2014 4/ 40 000 € semblent être supérieurs à votre rémunération annuelle 2005. D'où vient le souci ? Estimez-vous important qu’un ministre remplisse avec soin les 20 lignes de sa déclaration pour que les citoyens puissent exercer un contrôle démocratique ?

Question bonus : M. Macron, que pensez-vous de cette déclaration de Charles de Gaulle ? « Mon seul adversaire, celui de la France, n'a jamais cessé d'être l'Argent. » [Charles de Gaulle, 11 décembre 1969, discussion avec André Malraux, cité dans Les chênes qu’on abat, Gallimard)

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AVERTISSEMENT: On prendra donc les analyses avec prudence. Il s’agit simplement d’aiguillonner les journalistes pour qu’ils creusent eux-mêmes ces questions, et enquêtent enfin sérieusement sur ce sujet qu’ils laissent de côté depuis 8 mois. 

Je compléterai / modifierai au mieux, en fonction des retours que fera M. Macron ce qui n’est qu’un premier jet, afin que les lecteurs spécialistes puissent réagir et nous aider à améliorer l’étude – objet même de cet espace d’échange participatif qui ne prétend détenir aucune vérité.

Les conclusions à ce stade sont simples :

  • primo, il se confirme qu’Emmanuel Macron a bien consommé (et pas pas seulement dépensé – bref l’argent a été “claqué”, ou donné) en moyenne un SMIC par jour durant 3 ans. Ce qui est parfaitement légal au demeurant ; il ne s’agit pas de remettre en question l’honnêteté de M. Macron, mais simplement de comprendre comment a géré ses propres affaires quelqu’un qui demande à gérer le pays ;
  • de nombreuses autres questions, importantes, se posent sur ses choix financiers, et méritent des réponses d’Emmanuel Macron, afin de comprendre sa relation à l’argent. J’en pose 25 pour illustrer, sans prétendre être exhaustif.

Bref, aux journalistes d’agir, désormais.

I. Retour sur notre analyse du Patrimoine Macron l’été 2016

Par ailleurs, M. Macron a évidemment droit au respect de sa vie privée en général, mais les informations tendant à éclairer ses motivations, son rapport à l’argent, ses capacités de gestion, ses relations, son éthique, son caractère ne peuvent être balayées d’un revers de la main, quand on brigue la magistrature suprême. Savoir si une personne qui veut gérer le pays a bien géré sa vie n’est pas anecdotique pour moi. Le reste – y compris les sales rumeurs personnelles qui sont sorties sur M. Macron -, elles, doivent être balayées. Dernier point, oui on parle d’argent privé et pas d’argent public ; mais encore faut-il que l’argent privé l’ait été légalement (je n’ai aucun doute sur ce point concernant M. Macron) mais aussi éthiquement (c’est-à-dire qu’il doit être ni plus ni moins la simple contrepartie du travail fourni durant la période rémunérée).

Petit rappel pour commencer. Le 1er juin 2016, l’indispensable Canard Enchaîné faisait les révélations suivantes (Source) :

Bref :


Par conséquent, très étonné par le refus de M. Macron de répondre aux questions du Canard enchaîné (ce n’est jamais très bon signe), et, plus encore, par le manque de curiosité de la presse, j’ai décidé d’analyser le patrimoine d’Emmanuel Macron, et d’en faire un billet ; devant tant de cachotteries, je le fais évidemment très sérieusement, mais j’utilise un ton un peu gouailleur.  L’article se diffuse un peu en juin, avant de “buzzer” très fortement en janvier-février, et d’atteindre le record de 180 000 vues.

Comme c’est une analyse finalement assez simple (regardez vous-même à quoi ressemble la déclaration de patrimoine – 19 lignes !), cela montre déjà qu’il y a un souci avec les médias, car il leur aurait été assez facile de faire la même chose – d’autant que certains ont prétendu avoir enquêté sérieusement.

La conclusion du billet précédent est qu’il me semblait y avoir un problème avec le patrimoine de M. Macron, ou plutôt qu’il était hors normes : il avait gagné vraiment beaucoup d’argent chez Rothschild mais en 2014 avait un patrimoine rachitique, voire, selon mes premières estimations, légèrement négatif – en tout cas disons vraiment faible – ayant apparemment un peu plus de dettes que d’actifs.

La difficulté de l’estimation était qu’on ne connaissait pas sa part dans l’appartement commun avec son épouse et qu’il avait un prêt apparemment in fine (voir plus bas) dont il n’avait pas indiqué les intérêts qui seraient versés à terme (tout en bas, “intérêts capitalisés”).

macron

On se demande d’ailleurs pourquoi la HATVP autorise à ne pas indiquer le montant estimatif de ces intérêts. Il est vrai que pour les autres prêts, amortissables annuellement, on considère que ce sont des charges de l’année, et cela ne figure pas comme une dette dans un calcul de patrimoine. Mais ici, si on a bien affaire à un prêt in fine (amortissable plus ou moins régulièrement – qui a d’ailleurs été prorogé), le montant qui s’accumule est tel qu’il faut le connaitre pour apprécier le patrimoine réel…

Remarque méthodologique : j’avais estimé le cumul final de ces intérêts à 159 000 € environ jusqu’au terme de 2022 avec un taux d’intérêt que j’estimais à 3 % ; on a appris ce mois-ci que le taux était en fait de 3,5 %, ce qui aurait alors abouti à 189 000 € au final. Mais le prêt a été remboursé en 2016. On pourrait bien entendu faire les choses différemment – les lecteurs comptables l’auront noté -, plusieurs méthodes sont défendables. Mais je retiens celle de la prise en compte de l’estimation rétroactive des intérêts finalement dus maintenant qu’on connait la fin de l’histoire (si tous les intérêts ont bien été payés à la fin). Cela permet pour moi de percevoir au mieux l’évolution réelle du patrimoine de M. Macron, et elle semble très bien coller à la réalité maintenant que ce prêt a été soldé. On arrive à 130 000 € environ.

On voit que ce n’est pas rien du tout. Mais ce point est à confirmer, il y a très peu d’informations dessus.

Un autre point m’avait beaucoup étonné : le fait que M. Macron soit vraiment un énarque Inspecteur Général des Finances (IGF) “anti-système” – situation qu’à l’époque, il ne le revendiquait alors pas encore. Car il n’est pas commun de voir une personne de ce profil refuser d’entrer dans la logique bancaire actuelle et de ne pas leur demander un prêt. 🙂 Je plaisante.

Mais, plus sérieusement, l’important est que ce prêt dont on parle de 550 000 € a été souscrit auprès… d’un ami multimillionnaire de M. Macron –  sans  aucun remboursement les premières années ! Et comme on l’a vu, il refusait alors fermement d’en dévoiler l’identité au Canard enchaîné – ce qui me semblait très gênant quand on est ministre de l’Économie. Comme je l’ai écrit en juin :

macron

Voilà où nous en étions l’été 2016. Poursuivons l’analyse aujourd’hui, Emmanuel Macron n’étant plus ministre.

II. Henry Hermand, le multimillionnaire bienfaiteur d’Emmanuel Macron

Mon billet de juin commençait par ces mots assez clairs :

macron

Eh bien, finalement, rien ne se passa, aucun journaliste n’étudia alors ce sujet.

Cependant, en aout 2016, on a appris incidemment, noyé dans un article de BFM, l’identité de la “banque très privée” de M. Macron : il s’agissait d’Henry Hermand, son “parrain” en politique :

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Henry Hermand est la 288e fortune française…

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…avec 220 millions d’euros. On apprend aussi dans l’article à propos de M. Hermand (92 ans) que :

  • “Il se dit même que l’ancien ministre ne prendrait aucune décision importante sans consulter le nonagénaire, qui ne cesse de chanter les louanges de son protégé.” ;
  • “Je lui apporte mon expérience, des années de vie politique. Je suis un peu l’homme de l’ombre”, reconnaît Henry Hermand, celui qui “évite de trop parler de (lui)” et “donne des idées” ;
  • “Je lui ai fait rencontrer des milieux d’affaires, on a eu des réunions en Angleterre et il y aura des contacts directs entre Emmanuel Macron et la présidence des États-Unis” ;
  • Le mentor prête même ses bureaux à “En Marche”.

En fait, c’était même carrément son témoin de mariage en 2007.

À part cette information étrangement sortie des limbes, rien d’autre ne s’est passé….

…jusqu’à ce que mon article “buzze” un peu fin janvier, et oblige la presse à enfin s’intéresser un peu à ce sujet non anecdotique.

Mais avant de regarder ceci, nous allons nous pencher de nouveau sur le patrimoine d’Emmanuel Macron, disposant de nouvelles informations.

III. Le patrimoine d’Emmanuel Macron

La réglementation actuelle, votée après l’affaire Cahuzac, est une très belle avancée au niveau de la transparence, reconnaissons-le – sans elle, ce billet n’existerait pas.

Mais beaucoup de chausse-trappes sont laissées pour rendre difficile le contrôle réel du patrimoine des élus.

L’idée de base est simple :

  • on regarde le patrimoine du ministre à son entrée au gouvernement ;
  • on regarde les revenus du ministre avant et pendant sa participation au gouvernement ;
  • on regarde le patrimoine du ministre à sa sortie du gouvernement ;
  • et on analyse pour voir si tout est normal.

On note que c’est un contrôle vraiment minimal, il est peu probable que beaucoup de choses se passent en 2 ou 3 ans au gouvernement, mais c’est un début.

C’est plutôt tout au long de la carrière politique des élus qu’il faut faire ce suivi – et on en est loin. C’est d’ailleurs une vraie bonne question pour la présidentielle, à poser aux candidats – avec d’autres.

Alors comme M. Macron a quitté le gouvernement, sa déclaration de sortie vient d’être publiée sur le site de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Politique, où je me suis rendu :

Passons sur l’arrivée sur le site, j’imagine payé classiquement les yeux de la tête à une agence de com’ afin d’avoir une page d’accueil qui fait mal à la tête quand on arrive dessus (oubliez le fond vidéo en page d’accueil les amis 😉 ), mais où ne trouve pas facilement voire du tout ce qu’on vient chercher. Parce que si on trouve ensuite très facilement la très récente déclaration de sortie de M. Macron, déposée le 26 janvier 2017 :

le PETIT souci est qu’on ne trouve plus les anciennes déclarations de revenus et de situation patrimoniale à l’entrée au gouvernement en 2014 ! (ou alors, ils les ont très bien cachées, ce qui revient au même).

Pas grave, on ne me la fait pas, et je m’en étais bien douté : j’avais donc archivé ces déclarations sur ce blog. Elles sont là, avec la dernière que j’archive aussi : 2014 revenus / 2014 Patrimoine Entrée / 2016 Patrimoine Sortie. Voilà – de rien. 🙂

Ah oui, je remercie aussi la HATVP pour son humour :

macron

“Pour faciliter les choses, on ne vous donne pas de données Excel, mais des pdf à ressaisir à la main” => Merci pour ce moment, la HATVP !

J’ai un un petit message personnel à la HATVP – des fois qu’ils veulent améliorer le modèle sachant qu’il y en aura plein à remplir dans 2 mois… 🙂  Passez donc la liste si vous voulez gagner du temps.

Je peux même leur en suggérer d’autres, de ma main, vu le temps perdu inutilement

  • “Toi aussi cherche des heures les anciennes déclarations !”
  • “On a changé le format entre 2014 et 2016, ça ne vous gêne pas au moins ?”
  • “On a rajouté aussi les comptes financiers des conjoints sans trop le dire. Et on ne vous donne aucune information sur leur patrimoine, donc c’est super utile pour comprendre les évolutions de patrimoine de l’élu.”
  • “Ah, et les comptes des conjoints on les a bien mélangés avec les comptes de l’élu – vous ferez bien attention de ne pas vous planter, comme on a planqué leurs noms, une erreur est si vite arrivée…”
  • “On ne vous met pas les conditions des prêts (type, taux d’intérêt, conditions de remboursement, garanties…), c’est accessoire pour comprendre un patrimoine, non ?”
  • “On ne vous met pas les quote-part des couples pour les biens communs, c’est accessoire pour comprendre un patrimoine, non ?”
  • “On ne vous dit pas si les emprunts sont conjoints ou pas, ni les quote-parts dans le premier cas”
  • “C’est quoi des intérêts capitalisés sur un emprunt in fine ?”
  • “Bien sûr, tous les revenus indiqués sont bruts, on en vous donne pas les revenus nets après tous les impôts, c’est accessoire pour comprendre l’évolution d’un patrimoine entre deux dates, non ?”
  • “Et on ne met pas le total de chaque poste de patrimoine, ce serait trop simple, faites-le avec votre calculatrice…”
  • “Et bien sûr, on ne met pas le total général du patrimoine du ministre à la fin – vu que c’est le but même de cet exercice de transparence – ce serait trop simple, faites-le avec votre calculatrice…”

=> “Merci pour ce moment” de recherche pénible, chers élus et la HATVP !

Mais revenons à notre mouton. Il y a une évolution majeure sur le patrimoine de M. Macron entre 2014 et 2016 : il a revendu son appartement et donc soldé ses emprunts – ce qui simplifie considérablement l’analyse de son patrimoine, merci à lui.  🙂

Je rappelle en effet qu’il est assez difficile d’y voir clair sur le patrimoine immobilier ; l’appartement parisien a été acquis en commun avec son épouse, mais il semble bien que ce soit lui qui ait souscrit personnellement la plupart des emprunts (ce qui parait logique vu les faibles revenus de son épouse par rapport à lui). Ce serait à confirmer, la déclaration HATVP est très peu claire. Je fais donc à ce stade une hypothèse, qu’il faudra confirmer : l’appartement a été acquis par une quote-part de 90 % Macron 10 % sa femme ; et que les dettes sont bien 100 % à M. Macron. Au final, on verra que cette hypothèse change peu de choses au final – l’appartement ayant été depuis revendu.

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Je vais vous faire gagner du temps, nous n’allons pas entrer de nouveau dans les détails. Je vous propose l’exercice que la HATVP devrait faire si la Transparence était vraiment son but. On arrive à ceci :

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N.B. : je rappelle qu’il y a 2 inconnues sur 2014 : primo la quote-part de M. Macron sur son appartement et secundo le montant des intérêts du prêt in fine qu’il a payés à M. Hermand en 2016. Ces estimations me semblent logiques, raisonnables et prudentes ; elles sont à confirmer. Cependant, comme nous disposons d’une vision réelle et sans aucune hypothèse majeure pour le patrimoine en 2016, les hypothèses sur 2014 ont donc peu d’impact pour l’analyse.

On peut synthétiser le patrimoine ainsi :

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ou ainsi :

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Il y a plein de questions qui se posent en analysant la déclaration de M. Macron. Mais de très loin, de très très loin, la principale est la disproportion de son patrimoine quasi inexistant avec les revenus pharaoniques qu’il a encaissés et que voilà :

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C’est à dire avec ceci : près de 3,4 millions d’euros bruts gagnés entre 2009 et 2016 (en rouge les gains chez Rothschild, en bleu hors Rothschild) !

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Ce qui représente environ 1 800 000 euros nets après impôts sur la période de 8 ans ici présentée.

Et c’est encore plus flagrant quand on regarde seulement 2011-2013, années de l’explosion des revenus chez Rothschild :

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Par prudence, au vu des hypothèses prises, on indique seulement “proche de 0” pour son patrimoine, plutôt que “négatif”

Comme on a sa déclaration de patrimoine de 2014, on constate qu’il a donc consommé environ 2,6 millions d’euros bruts, donc environ 1,4 million d’euros nets en 3 ans, ramenant son patrimoine net à presque rien (largement négatif pour moi).

Cela représente donc environ 1 250 € consommés par jour, soit plus d’un SMIC consommé par jour.

C’est d’ailleurs indiqué dans la presse, mais non dit clairement – on en reparlera dans le prochain billet :

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(Ou alors qu’il s’explique enfin clairement)

Et c’est là que c’est très étonnant : comment Emmanuel Macron a-t-il pu consommer plus d’un SMIC par jour pendant 3 ans ?

Et on parle bien ici de consommation, pas de simples dépenses : le patrimoine doit baisser.

Ce n’est pas si dur de dépenser 1 SMIC par jour : par exemple, il “suffit” d’acheter une voiture à 30 000 € par mois – ou un yacht ou des tonnes de bijoux à sa femme… Mais dans ces cas, si l’argent est bien dépensé, il n’est PAS consommé. En début de mois, il y avait 30 000 € sur un compte en banque, à la fin, il n’y sont plus, mais on a dans son patrimoine une voiture à 30 000 € : le patrimoine n’a pas baissé.

Dans le cas de M. Macron, il faut vraiment le “perdre”, bref le “claquer” : manger du caviar tous les jours, acheter et jeter un costume tous les jours, tout donner aux bonnes œuvres, perdre au poker – je ne sais pas… Mais j’avoue que j’aimerais bien savoir car cela dépasse un peu mon entendement – c’est simplement ce que je demande depuis 8 mois...

Et on voit que c’est la bonne piste – on y reviendra, mais son porte-parole a indiqué ça cette semaine :

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Il serait intéressant d’en savoir plus ce “train de vie”…

Train de vie, qui, en plus d’être franchement hallucinant (ok pour un prince saoudien qui parcourt le monde, mais là on parle d’un banquier d’affaires et d’un secrétaire général adjoint de la présidence de la République, activités peu connues pour leur temps libre), a la singulière particularité (contrairement à un prince saoudien… 🙂 ) de le conduire à un patrimoine négatif – bref, techniquement, Macron était ruiné mi-2016 !

Donc la presse devrait cesser de s’intéresser à “pourquoi il ne paye pas d’ISF”, car il y a probablement pas mal de SDF plus riches que lui (il leur suffit de pas avoir trop de dettes…), vu qu’il possède nettement moins que rien…

Mais cette question, centrale, est loin d’être la seule. Comme on le verra, en voici d’autres…

IV. 20 questions à Emmanuel Macron sur son patrimoine (Spécial Journalistes)

Le journalisme d’investigation sombre chaque jour de plus en plus, transformé en “journalisme CTRL+F” type “Panama papers” livrés à domicile, ou simple “tweetage” sans fin. On constate donc qu’il ne semble ni vouloir ni même avoir encore les maigres capacités d’investigation nécessaires à analyser correctement le patrimoine de M. Macron, et à le questionner. Je n’aurais pas dû lui faire confiance en juin. 😉

Je vais donc rédiger les questions que je souhaiterais poser à M. Macron sur son patrimoine – que je poste aux bons soins d’Internet, dès fois qu’un vrai journaliste ce soit perdu sur ce blog… 😉

Question n°1 : M. Macron, pouvez-vous nous confirmer que vous n’avez rien oublié de déclarer ? Je ne remets pas du tout en cause votre probité, mais vous comprendrez qu’on puisse se poser des questions au vu de l’analyse de vos déclarations. Je pense plutôt à des investissements légaux particuliers (par ex. investissements productifs, je ne sais pas) qu’on pourrait même imaginer, étrangement, pouvoir ne pas être déclarés à la HATVP (c’est une simple hypothèse ; mais dans ce cas, il y aurait un souci avec les règles de déclaration). Je ne crois pas du tout à un souci de type “compte à l’étranger” car, dans ce cas, on ne révèle évidemment pas les revenus gargantuesques au fisc – qui s’est d’ailleurs penché sur vos déclarations… J’ai aussi bien noté votre :

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Question n°2 : M. Macron, pourriez-vous me confirmer les ordres de grandeur de mon étude précédente svp ? Avez-vous donc bien aujourd’hui un patrimoine nul après avoir gagné plus de 1,8 million d’euros après impôts ? Confirmez-vous que vous avez bien tout consommé ? Quelles étaient vos dépenses mensuelles moyennes en 2011 et 2012 ? Pourrais-je avoir simplement votre solde total de trésorerie mensuel “dépenses/recettes” durant cette époque ? Comment consomme-t-on autant d’argent aussi vite ? Quels ont été vos 10 plus gros postes de consommation (restaurants, habillement, voyages, cadeaux, dons aux œuvres, boites de nuit, poker, etc. — je ne sais pas —) cumulés sur la période ? Quand avez-vous trouvé le temps de tant dépenser – Rothschild puis l’Élysée laissant normalement très peu de temps libre ? Vos revenus ayant chuté, avez-vous facilement pu mettre fin à une telle frénésie de dépenses ? Pourriez-vous nous prouver la réalité de telles dépenses qui n’ont laissé aucune trace dans votre patrimoine ? Accepteriez-vous de mandater une très haute personnalité du Commissariat aux Comptes français, et lui confier l’intégralité de vos comptes, afin qu’il en fasse une synthèse (dans les 2 ou 3 semaines) ?

J’ai ensuite plusieurs questions concernant votre appartement et votre endettement. Mais avant une question simple, par curiosité :

Question n°3 : M. Macron, on apprend dans la presse que vous avez contracté un prêt familial de 50 000 € étant jeune. À quelle date, auprès de qui et dans quel but ? Vos deux parents sont médecins, vous avez fait Sciences Po dont les frais de scolarité (au vu de leur situation) + les frais de vie parisienne pourraient correspondre à ce montant. Ensuite, vous êtes devenu fonctionnaire “salarié” en entrant à l’ENA. Me confirmez-vous que ce prêt a servi uniquement à payer vos études ? À Sciences-Po uniquement ? Mais je comprends mal : les droits d’inscription croissent avec les revenus des parents ; ceux-ci ne vous ont pas aidé ? Mais alors pourquoi être resté rattaché à eux, et ne pas avoir demandé des droits réduits, voire une bourse ? Ou ce prêt n’a-t-il alors rien à voir avec vos études – pour l’apport pour votre appartement par exemple ? Pour votre voiture ? Je demande, car on constate aisément une nette tendance au surendettement et aux dépenses apparemment frénétiques de votre part (enfin, si en on croit vos déclarations), et je me demande quand tout ceci a commencé.

Question n°4 : M. Macron, en 2007, à 30 ans, jeune marié, vous décidez d’acheter un appartement – avec, apparemment, une faible quote-part de votre épouse, qui gagne peu. Vous gagnez alors environ 40 000 € par an (Source : AFP) :

Vous choisissez un appartement de 85 m² à Paris, que vous payez 890 000 €  et y faites alors 70 000 € de travaux (réalisés à l’achat j’imagine, vu le montant élevé ?), portant l’investissement à 960 000 € (hors droit de mutation – 60 000 € de plus environ).  Bref, on est donc à plus de 1 000 000 € d’euros d’investissement, le tout avec très peu d’apport personnel, un emprunt d’au moins 900 000 € (voire 950 000 € – et on ne sait pas si votre femme en a fait un en plus de son côté) et un couple gagnant a priori moins de 90 000 € par an. Or, à l’époque, les taux d’intérêt sont non négligeables :

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Dans votre situation, dans l’absolu, et avec assurance, s’il fallait tout emprunter classiquement, vous auriez eu un taux d’intérêt autour de 4,5 %, soit, pour vos 950 k€ empruntés, une simple charge d’intérêts la première année de plus de 40 000 €, soit environ 60 000 € avec de l’amortissement, soit autour de 70 % de taux d’endettement du ménage – délirant… Qu’est-ce qui vous a fait penser que cet investissement était dans vos moyens ? Vos proches ont-ils tenté de vous en dissuader ?

Question n°5 : M. Macron, vous avez donc beaucoup de chance, votre “banque très privée” Henry Hermand vient vous aider, et vous prête 550 000 € sur 10 ans, sorte de prêt in fine, avec intérêts a priori payables à la fin. [Rappel sur un prêt in fine de 550 000 € : vous empruntez 550 000 € ; ne payez strictement rien pendant 10 ans ; et au bout de 10 ans vous devez rembourser d’un coup les 550 000 € + tous les intérêts capitalisés depuis l’origine, ce qui est énorme. Pratique mais… dangereux, il faut être sûr d’avoir l’argent à la fin, et donc, en l’espèce, être sûr et certain d’avoir une énorme progression de revenus…]. Pourriez-vous tout d’abord nous en fournir le plan d’amortissement théorique à l’origine, et réel maintenant qu’il est soldé ?

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Au vu de votre situation financière de très jeune fonctionnaire en 2007, comment diable avez-vous convaincu M. Hermand que vous seriez millionnaire en 2011-2012, après une progression de carrière inouïe chez Rotshchild (et donc que vous étiez un Mozart de la banque privée – où vous n’aviez encore jamais mis les pieds…) – et que vous pourriez donc lui rembourser ces sommes extravagantes empruntées ? Quel était d’ailleurs, en gros, votre patrimoine net en 2007 ? Était-il déjà négatif ? Mais avez-vous déjà eu un patrimoine net positif ?

Je dis ça, car des lecteurs pourraient se demander si votre carrière n’avait pas été prédéfinie bien en amont, comme un plan écrit à l’avance pour les 15 ans à venir. Comme nous luttons ici contre le conspirationnisme, je ne peux y croire. Pourriez-vous cependant nous indiquer la vérité ? Pourquoi et comment croyiez-vous tellement “en votre avenir” ? (Source : JDD 12/02)

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On croit rêver qu’un journaliste écrive ça sans se poser de questions…

Qu’avez-vous expliqué à M. Hermand ? Accepteriez-vous de refaire l’exercice pour moi : “Nous sommes en 2007, vous n’avez pas un sou, vous venez d’emprunter 400 000 € (apparemment) au Crédit Mutuel, et vous devez me convaincre de vous prêter 550 000 € à me rembourser dans 10 ans ; comment me convainquez-vous ?”

Question n°6 : M. Macron, durant votre période à l’Élysée puis au gouvernement, avez-vous eu à traiter de sujets touchant de près ou de loin à une des très nombreuses activités de M. Hermand ? Pourquoi avoir refusé de révéler son nom au Canard enchaîné en mai 2016 ? Ne trouvez-vous pas gênant, qu’un Ministre de l’Économie doive autant d’argent à un multimillionnaire – tout respectable qu’il fût ?

Question n°7 : M. Macron, Votre projet immobilier était totalement impossible sans l’énorme aide de M. Hermand. Avez-vous songé, plutôt qu’à accepter de telles largesses, à vous rabattre sur, soit une location, soit un appartement bien plus modeste ? Avez-vous envisagé un achat en petite couronne, comme la plupart des primo-accédants de 30 ans ?

Question n°8 : M. Macron, M. Hermand était votre témoin de mariage, on peut comprendre son aide et ses largesses. Il a complété votre emprunt auprès du Crédit Mutuel pour votre appartement, qui était de 350 000 € ou plutôt 400 000 € – les sources divergent (JDD pourtant à 1 semaine d’écart 12/02 et 19/02 ?) Pourriez-vous nous en fournir le plan d’amortissement ?

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JDD 12/02/16 : Prêt a priori personnel de M. Macron : 350 + 550 = 900 k€

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JDD 19/02/16 : Prêt a priori personnel de M. Macron : 950 k€ (on va y arriver…)

Ma question est très simple : mais comment diable avez-vous pu convaincre le Crédit Mutuel de financer un tel projet “Folie des grandeurs” vu vos revenus à l’époque (sachant que, à moins d’être devin, vous ne pouviez savoir vous-même que vous seriez millionnaire 5 ans plus tard), qui faisait exploser l’endettement de votre couple ? Je veux bien que vous croyiez “en votre avenir” – mais comment la banque a-t-elle pu y croire elle aussi, sur quelles bases ? Vous êtes-vous adressé classiquement à votre agence bancaire, ou avez-vous demandé un appui quelconque, par exemple via votre réseau de l’Inspection des Finances ou d’Henri Hermand ?

Le Crédit Mutuel n’a-t-il pas tiqué ? Que vous-a-t-il conseillé ? Comment a-t-il pu accepter un tel risque ? Quelles étaient vos garanties pour un projet aussi démesuré, sans apport personnel réel ou presque ? Quel était votre cautionnement ? M. Hermand s’est-il porté garant pour vous ? Si oui, sur toute la somme ?

Comment ont-ils pu savoir au Crédit Mutuel que vous gagneriez des millions 5 ans plus tard chez Rotshchild après une progression de carrière inouïe ? Mais quel est votre secret M. Macron ?

Question n°9 : M. Macron, vous avez estimé vous-même votre appartement 935 000 € en 2014. Comme le souligne le Canard enchaîné, les prix ont augmenté de 33 % dans votre quartier en 7 ans.

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Sa valeur était donc normalement d’environ 935 000 / 1,33 ≈ 700 000 € en 2007. Vous y avez certes fait 70 000 € de travaux à l’achat, dont disons 50 000 € de non somptuaires et valorisables dans le prix. Cela signifie que le prix d’achat réel de votre appartement a été de 890 000 + 50 000 = 940 000 €. Vous auriez donc, selon ce premier calcul, payé 34 % trop cher.

2e calcul : basons-nous sur un prix de vente constaté de 980 000 € en 2016. Selon l’INSEE, les prix parisiens n’ont pas augmenté entre mi-2014 et mi-2016 , votre appartement aurait donc pris 33 % depuis 2007, ce qui le mettrait alors à l’époque à 980 000 / 1,33 ≈ 735 000 €, soit 28 % trop cher.

Vous reconnaissez vous même dans le Canard : J’ai acheté cher“. Cher” représente ici environ +30 %, soit 220 000 € de trop.

La question est donc simple, M. Macron : la situation financière de votre couple ne vous permettait clairement pas, normalement, d’acheter un 85 m² dans Paris sans apport personnel réel. Pourquoi diable alors surpayer un appartement plus de 200 000 € ? Qu’avait donc de si spécial cet appartement ? Où est l’erreur de raisonnement – car il doit forcément y en avoir une, non ?

Question n°10 : M. Macron, comment avez-vous trouvé votre appartement en 2007 ? Êtes-vous passé par une agence ? Si oui, laquelle ? Pourriez-vous l’autoriser à répondre à mes questions, afin d’avoir son estimation du bien à l’époque ? Connaissiez-vous le vendeur ? M. Hermand connaissait-il le vendeur ? Un de vos proches connaissait-il cet heureux vendeur avant la vente ? Avez-vous eu à traiter d’autres affaires avec le vendeur durant votre passage à l’Élysée ou à Bercy ?

Question n°11 : M. Macron, observons votre progression de carrière (la partie gauche du tableau surtout) :

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2008 arrivée ; 2009 : Directeur ; 2010 Gérant ; 2011 : associé-Gérant et donc, 2012 l’Élysée. Est-ce une progression normale chez Rothschild ? Y a-t-il beaucoup de précédents ? Pouvez-vous en citer ?

Après, il est vrai que votre ancien patron chez Rothschild, François Henrot, en expose bien certaines raisons, c’est à ne pas manquer… 🙂

Question n°12 : M. Macron, vous êtes un homme cultivé et brillant, il n’y a pas de doute.  Votre situation patrimoniale montre clairement que vous n’êtes pas un homme d’argent – mais bien au contraire, un homme de dettes. Chez Rothschild, vous gagnez 1,4 million d’euros en 2011 et 1 million d’euros en 2012. Vous avez presque tout dépensé immédiatement – je parierais presque qu’il y a plusieurs mois où vous consommez même 2 SMIC par jour en moyenne, vous offrant un train de vie de nabab. Vous y avez déjà répondu, mais j’aimerais, bien plus de précisions : pourquoi avez-vous tout quitté en 2012 pour aller gagner une misère à l’Élysée ? Vous n’aimez pas l’argent, vous avez le sens de l’État, toutçatoutça, oui, je sais.

Mais on parle de 1,4 million d’euro en 2011 chez Rothschild.

Et 1 million d’euros en 2012 – attention, seulement du 1er janvier 2012 au 15 mai 2012, jour de votre nomination.

Et vous avez tout laissé tomber, cessant du jour au lendemain votre consommation débridée ?

Mais quel était votre plan de carrière alors ? Revenir chez Rothschild en 2017 en cas de défaite de Hollande ? D’ailleurs, y retournerez-vous si vous perdez en mai ? Le trajet Rothschild-Élysée-Rothschild  est-il une piste (la Commission de déontologie de la fonction publique étant clairement en coma dépassé depuis des années – cf. cette émission de France Culture sur ce scandale) ?

Durant votre période à l’Élysée puis au gouvernement, avez-vous eu à traiter de sujets touchant de près ou de loin à une des très nombreuses activités de la banque Rothschild – et donc à l’organisation du secteur bancaire ? Par exemple, quelle était votre position lors des débats sur le projet de loi mort-né de scission des banques – analyse de Finance Watch ici ?

Question n°13 : M. Macron, passons à l’époque Rothschild et aux impacts que l’afflux d’argent a eus sur votre patrimoine. Vous gagnez donc près de 1,5 million d’euros en 3 ans à partir de 2010. C’est bienvenu puisque vous démarrez la période avec environ 1 030 000 € de dettes (l’effet magique du prêt in fine avec les intérêts qui courent… + 50 000 € de dette familiale). Que faites-vous alors au niveau de vos dettes ? On n’a pas le détail, on en est donc réduit à quelques suppositions (à confirmer ou à infirmer, merci d’avance) :

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On note 3 évolutions importantes dans cette période 2011-2012 :

  • le prêt “Banque très privée Hermand” est remboursé en partie pour 350 000 € (je vois mal comment vous auriez commencé à rembourser avant, mais vous nous direz) ; ne restent en 2014 que 200 000 € à rembourser. Il a en revanche été prorogé de 5 ans pour le solde de 100 000 € et les intérêts ;
  • le prêt immobilier de la résidence principale est “refinancé” à hauteur de… 600 000 € sur 20 ans. Comme il était a priori de 400 000 € en 2007 (cf. JDD v2), il devait rester en 2012 un capital restant dû d’environ 330 000 € . L’encours de cet emprunt a donc été augmenté de 270 000 € ; 
  • un nouvel emprunt est effectué pour 350 000 € pour des “travaux dans la résidence secondaire”.

Or : -350 + 270 + 350 = + 270

Ainsi, M. Macron, quand, endetté à hauteur de 1 million d’euros, vous gagnez 1,5 million d’euros – selon les déclarations de votre porte-parole (cf. JDD) :

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vous arrivez donc à presque tout consommer votre nouveau capital, et à emprunter près de 300 000 euros de plus… Est-ce exact ? Trouvez-vous ceci normal ? Pouvez-vous nous expliquer votre addiction à la dette ?

Question n°14 : M. Macron, pourquoi rembourser 300 000 € à M. Hermand, et pas la totalité pour vous libérer de cette contrainte et rembourser votre ami qui a bloqué pour vous un demi-million sans intérêt pendant 10 ans (intérêts payables à la fin) ? Pourquoi avoir demandé à prolonger le prêt 5 ans de plus pour le solde d’intérêt et de 100 000 € ?

Question n°15 : M. Macron, pourquoi avoir refinancé en 2012 votre ancien crédit (de 400 000 ou 350 000 € à l’origine ?) en le passant à 600 000 €, alors que vous crouliez sous l’argent ? Pourquoi ne pas avoir remboursé tous vos prêts avant 2016 ? Y a-t-il un lien avec la faillite de votre “banque très privée” après 92 ans de lucrative activité – je veux dire avec le fait que M. Hermand, grand résistant, soit malheureusement décédé fin 2016 ? (je vous présente mes condoléances)

Question n°16 : M. Macron, malgré vos plantureux revenus de 2011 chez Rothschild, vous empruntez au Crédit Mutuel le 23/11/2011 “350 000 € pour des travaux dans la résidence secondaire” – qui appartient à votre épouse. À quoi correspondent ces gigantesques travaux ? C’était à ce point un taudis ? N’est-ce pas un peu excessif, surtout quand on a apparemment déjà du mal à se désendetter ? Est-ce parce que, là-encore, vous avez “acheté cher” à vos artisans ? (Voir les informations ici et ).

La maison secondaire des Macron

Question n°17 : M. Macron, comment avez-vous trouvé un acquéreur pour votre appartement en 2016 ? Êtes-vous passé par une agence ? Si oui, laquelle ? Pourriez-vous l’autoriser à répondre à mes questions, afin d’avoir son estimation du bien ? L’acheteur a acheté 980 000 € en 2016 un bien que vous estimiez à 935 000 € en 2014, les prix n’ayant pas bougé. Soit 5 % plus cher. Connaissiez-vous l’acheteur auparavant ? M. Hermand connaissait-il l’acheteur ? Un de vos proches connaissait-il l’acheteur ? Avez-vous eu à intervenir sur des dossiers de l’acheteur durant votre période à l’Élysée ou à Bercy ?

Question n°18 : M. Macron, comment faites-vous pour avoir un Livret de Développement Durable de 40 000 € – alors que les LDD sont limités à 12 000 € (hors intérêts capitalisés, mais ils ne peuvent évidemment atteindre ce chiffre) (Source) ?

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Je pense que c’est simplement un livret bancaire classique, mais enfin, il n’y a que 18 lignes remplies dans votre déclaration de 2016 : cela aurait été respectueux de les renseigner avec soin…

Question n°19 : M. Macron, vous aviez en 2014 une voiture que vous indiquez avoir “achetée d’occasion” à 28 ans, en 2005, 40 000 € :

Il se trouve que 40 000 € correspondent normalement à votre niveau de salaire annuel de l’époque (Source : JDD 12/02 – je le remets) :

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Comment avez-vous financé son achat ? Est-ce à ça qu’ont servi les fameux 50 000 € de “prêt familial” ? Une telle dépense somptuaire vous semble-t-elle normale ? Là encore, saviez-vous à 28 ans que vous seriez millionnaire 7 ans plus tard ? Si oui, comment ? Si non, comment expliquer un tel achat ?

Question n°20 : M. Macron, pourquoi avoir récemment revendu votre voiture ? Pourquoi n’en avez-vous plus pour votre campagne ? Dommage, c’était une jolie “Voiture du peuple” (Volks-wagen) de “gauche” – achetée cependant 40 000 € d’occasion (sic.) (sources ici et ) :

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Question n°21 – et dernière, en bonus, puisque liée au journal le Monde : M. Macron, changeons de sujet, éloignons-nous de votre patrimoine. Cette incroyable histoire racontée par le grand journaliste Adrien de Tricornot est-elle vraie ? Avez-vous rencontré un des acheteurs potentiels du Monde (tiens, tiens…) en 2010 en douce alors que vous conseilliez bénévolement la société des journalistes (cf aussi Mediapart) ?

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&

Voilà !


V. Questions de plus suite à Mise-à-jour participative n°1

EDIT 26/02 : MERCI aux lecteurs. Toute la force de ce blog est justement de s’enrichir mutuellement. Au vu des riches retours, j’ai d’autres questions à M. Macron.

Compléments à la question n°17

Petite incise – amusante – , sur la  vente de l’appartement. En octobre 2015, la presse indique que M. Macron a mis son appartement de 83 m² du XVe arrondissement en vente, pour “acheter plus petit” (Source) :

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Il semble bien en effet que M. Macron n’ait aucune détestation pour les riches… Quant à “préserver le même train de vie”, comment dire… ?

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Oh, oui, qui pourrait penser à la “folie des grandeurs” : il quitte un 83 m² pour acheter “plus petit”… (Source)

En septembre 2016, on apprend (Source) :

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Finalement, c’est vrai qu’on est plus à l’aise dans 150 m² “plut petit” que 83 m²… Mais bon, c’est vrai que 200 €, c’est beaucoup pour les petites gens comme vous…

Par ailleurs, comme, en octobre 2015, un autre article à la plume toute pujadassique (Source) posait la question de la plus-value :

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La réponse est simple : presque AUCUNE ! Emmanuel Macron est quand même un des très rares Parisiens à avoir acheté un appartement de 83 m² en 2007, et à l’avoir revendu en 2016 presque sans plus-value (et en perte nette si on compte les frais de notaires et les travaux…)

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=> Moins-value sur l’opération immobilière complète…

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=> En 9 ans, hors plus-ou-moins-value, il aurait été plus intéressant à M. Macron de louer que d’acheter. Je précise pour les lecteurs, ne faites pas l’erreur de Macron, n’investissez pas sur un coup de tête ! Les prix sont très élevés, les perspectives de plus-values sont faibles, vous voyez qu’en 10 ans on ne rentabilise déjà l’investissement – il faut donc être sûr de rester 10/15 ans dans l’appartement pour acheter…

Réponse à la question n°17

Le sujet m’ayant intrigué, j’ai du coup enquêté ce week-end.

J’étais embêté avec les 980 k€ de prix de vente de son appartement, vraiment très élevé :

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Mais ne connaissant pas le quartier exact du XVe, tout était possible.

J’ai donc cherché et, finalement, très facilement trouvé l’ancienne adresse de M. Macron (sérieusement, M. Macron, il ne faut pas laisser ses cordonnées personnelles et téléphoniques dans l’annuaire sur Internet quand on est ministre, c’est dangereux – pensez vraiment à la liste rouge (je ne mets évidemment pas le lien…). Et bien entendu, pensez aussi à sécuriser aussi votre site Internet sérieusement.).

Si je ne me trompe pas, votre ancien appartement est donc celui-ci, tout en haut, non ? (enfin, un des deux… Corrigez-moi svp. J’ai vérifié et validé l’adresse mais je ne sais pas si c’est la bonne photo)
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Mignon, mais ce n’est pas Versailles non plus… C’était bien là ou pas ?

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Bon, j’avoue très sympa donc, un duplex de 62m² avec une dépendance au dessus et la grande terrasse ? Ca augmente donc le prix, c’est normal.

Voici l’estimation faite ce jour par le décidément très efficace Meilleursagents.com :

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Ainsi, le prix de vente de votre appartement est donc apparemment normal – on va laisser le jeune couple qui vous l’a acheté tranquille alors. 🙂

C’est donc bien le prix d’achat en 2007 et lui seul qui n’était absolument pas normal – ainsi que votre estimation de 2014 à 935 k€, 7 à 8 % trop basse je dirais. Tsss.

Mais du coup, vous (ou un de vos proches) le connaissiez ou pas l’ingénieur qui vous l’a vendu ? Car au prix de 890 k€ en 2007, il a vraiment eu du bol de tomber sur un Inspecteur Général des Finances comme vous dites-moi…

Question n°22  : Revenons à l’ancienne voiture de M. Macron. Pas pour faire une fixation, mais il me semble intéressant de voir quels ont été les choix à 28 ans d’une personne qui veut diriger le pays à 40… La déclaration :

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Une Volkwagen EOS achetée 40 000 € d’occasion en 2005, valant 6 000 € en 2014 donc, hmmm ?

1/ Date de début de production de cette voiture : mi-2006 (source : Wikipedia, LaCentrale)

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2/ Prix maximum neuve catalogue mi-2006 (hors options, certes…) neuve : 36 000 € (source : Catalogue Constructeur Volkswagen 08/2006)

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3/ Prix de revente de l’occasion en 2014 (source : La Centrale en 2014) : autour de 10 000 à 14 000 €. À moins d’être cabossée, elle valait vraiment vraisemblablement plus de 6 000 €. M. Macron pourrait-il nous dire à combien il l’a revendue ?

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On disait donc “Une Volkswagen EOS achetée 40 000 € d’occasion en 2005, valant 6 000 € en 2014”. Kamoulox !

M. Macron, pouvez-vous expliquer ceci ? Quelle était le modèle de votre EOS et ses options ? Vous semblez avoir négocié la voiture comme votre appartement, finalement. Mais M. Macron, avez-vous déjà fait une bonne affaire financière dans votre vie ? C’est apparemment fort agréable de faire des affaires avec vous – une vraie poule aux oeufs d’or en somme…

Question n°23  : D’après le site du Tribunal de Commerce (archive), votre association de financement a un code d’activité NAF 6622Z, qui est celui des Agents et courtiers d’assurance. Sérieusement ?

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Par exemple, celle de Mélenchon en comparaison :

ou Sarkozy 2012 :

Bref :

Question n°24  : M. Macron, j’ai appris que votre association de financement est présidée par Christian Dargnat, ex-directeur général de BNP Paribas Asset Management – ouf, j’ai eu peur que cela manque de banquiers par chez vous 🙂 .

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Votre QG de campagne vient de s’installer dans 1 000 m² dans le XVe.

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Je n’ai pas trouvé le tout nouveau propriétaire à qui vous louez votre QG, l’immeuble ayant été vendu fin 2016 par… BNP.

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Ma question est simplement : y-a-t-il un lien, un soutien de la BNP durant votre compagne ?

Question n°25  – en lien avec la question 12 : Le magazine Capital de novembre 2014 rapporte ceci :

“Le nouveau ministre est un redoutable séducteur. «Je me souviens d’un dîner à l’Elysée durant lequel il a mis les équipes de Merkel dans sa poche, et en allemand s’il vous plaît», se souvient Laurence Parisot, l’ex-présidente du Medef. Mais il sait aussi mettre la pression. La députée socialiste des Hautes-Alpes, Karine Berger, en témoigne. Lors du vote sur la loi de séparation des banques de dépôt et d’investissement en début de mandat, le jeune secrétaire général adjoint de l’Elysée avait appelé l’élue plusieurs fois pour lui demander de retirer deux amendements non favorables à ses amis banquiers. Elle avait fait la sourde oreille. Passer en force : Pigasse aussi sait faire…

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M. Macron, que cela vous inspire-t-il ?

À suivre…


VI. Et comme il vaut mieux en rire…

Monsieur Macron, je vous remercie d’avoir pris le temps de me lire – et je compte sur vous pour les réponses… (Sources  : L’Express et Paris Match)

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Tu m’étonnes qu’il ne veuille pas qu’on s’intéresse à ses déclarations de patrimoine… Et ce sont les mêmes qui sont dans des gouvernements qui t’expliquent que, pas de souci, le gouvernement doit pouvoir t’espionner parce que “Quand on n’a rien à cacher… etc.”

J’imagine que la presse va se ruer sur tout ça, et on aura des réponses cette semaine :

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Je vous recommande de lire maintenant le billet sur l’analyse de la couverture médiatique de cette affaire ici…

Pour conclure, je préfère en rire, et vous laisse avec ceci – comme l’a dit un commentateur : “Trois petits tours et puits sans fonds !” (merci JB) 🙂

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Qui perd gagne en effet…

P.S. je dédie ce billet au journal Le Mondeet surtout à Jérôme Fenoglio, aux Décodeurs, à Samuel Laurent, à Adrien Sénécat (vous comprenez pourquoi j’avais mieux à faire qu’à répondre à vos enfantillages obscènes sur Twitter, je travaille moi…) -, et à la clique de Néo-conservateurs français, principalement Rudy Reichsdatd et Nicolas Tenzer.

Il ne m’a pas échappé que leur stupéfiant acharnement diffamatoire à mon encontre – et dont ils répondront – a commencé très peu de temps après ma première analyse du patrimoine de leur candidat Macron.

C’est probablement du hasard (ça arrive), bien entendu, mais j’avoue que cela m’a clairement fait suspecter que j’avais peut-être dû approcher d’un  gros loup, et qu’il fallait que je m’y replonge très sérieusement.

C’est donc fait.

Qu’ils en soient remerciés, car, vraiment, sans eux, ce billet n’aurait pas existé (bien joué, j’avais décidé de ne pas m’occuper des présidentiables !). 🙂
P.P.S. Soutenez-nous sur Twitter en vous abonnant à @OBerruyer – il y a encore des choses croustillantes à venir ce week-end et la semaine prochaine…

P.P.S : désolé pour les coquilles, elles seront corrigées ce soir… C’est beaucoup de boulot pour une personne seule.

 

URL: http://www.les-crises.fr/macron-a-bien-claque-un-smic-par-jour-pendant-3-ans-20-questions-a-lui-poser-sur-des-bizarreries-sur-son-patrimoine/