vendredi 10 février 2017

[“Et c’est pas fini !”] Merci pour tous vos soutiens, et c’est pas fini, je vous prépare encore de belles surprises !

["Et c'est pas fini !"] Merci pour tous vos soutiens, et c'est pas fini, je vous prépare encore de belles surprises !

Merci pour tous vos soutiens, et c’est pas fini, je vous prépare encore de belles surprises…

Restez bien à l’écoute les prochains jours…

Je me battrai en tous cas de mon mieux pour lutter contre ces projets orwelliens de censure (indirecte) d’Internet, visant clairement à limiter la Liberté d’expression et d’information.

Ce combat ne fait que commencer…

(Mais va falloir m’aider un peu quand même, hein… 🙂    J’ai besoin de gens avec du temps dans les 48 prochaines heures, pour des recherches sur internet, c’est important – me contacter, et un organisateur dispo serait l’idéal Merci)

URL: http://www.les-crises.fr/et-cest-pas-fini-merci-pour-tous-vos-soutiens-et-cest-pas-fini-je-vous-prepare-encore-de-belles-surprises/

Décodex : le Monde peut-il impunément dénigrer ses concurrents ? Par Éric Verhaeghe

Décodex : le Monde peut-il impunément dénigrer ses concurrents ? Par Éric Verhaeghe

Source : Atlantico, Éric Verhaeghe, 09-02-2017

Juge, accusé, et enquêteur à la fois, Le Monde est dans une position déontologique fort difficile à défendre avec son nouveau gadget Decodex. Surtout quand ils se permettent de juger les autres.

Le Monde a lancé le Decodex, un site qui indique quelles sont les bonnes publications à lire sur Internet, et quelles sont celles dont il faut se méfier. Dans la pratique, tous les sites subventionnés par le ministère de la Culture employant des journalistes titulaires d’une carte de presse (selon les conditions de remise de laquelle il faudra un jour se pencher: ce sera pas triste !) sont renseignés comme fiables. Tous ceux qui sont indépendants sont suspects de complotisme ou de diverses turpitudes dès lors qu’ils ne délivrent pas la parole officielle.

C’est le cas des sites de mes amis Simone Wapler et Olivier Berruyer. L’une se voit (de façon grotesque) reprocher de colporter des thèses complotistes. L’autre se voit reprocher ses positions sur l’Ukraine, au nom du reproche global de propagation de fausses nouvelles.

Cette seule classification permet de mesurer l’intelligence et la pertinence de cet outil baroque qui décrédibilise encore un peu plus une vieille dame de la presse papier qui n’en finit pas de sombrer.

Sur le fond, il me paraissait indispensable de replacer le sujet moins dans sa dimension politique (après tout, le Monde a bien le droit de violer son principe d’impartialité en disant qui sont ses chouchous et qui sont ses ennemis).

Le Monde, une société commerciale qui reçoit des subventions publiques

Rappelons d’abord un point que le petit milieu connaît bien: Le Monde est abondamment subventionné par l’Etat. Selon les chiffres cités par Le Monde lui-même (mais minorés cette année par le ministère de la Culture), cette société de presse reçoit chaque année plus de 15 millions € pour rester en vie. Quand on se souvient que le quotidien, qui réalise un chiffre d’affaires autour de 350 millions €, est détenu par le trio Bergé-Pigasse-Niel, on mesure une fois plus que le budget de la Culture ne profite pas aux plus pauvres. Bien au contraire.

On mesure aussi que l’Etat apporte bon an mal an environ 5% du chiffre d’affaires du Monde. L’Etat, c’est-à-dire le contribuable bien entendu.

À trop tirer sur la corde…

Manifestement, cet avantage objectif extrêmement important ne suffit pas au Monde pour équilibrer ses comptes et développer son activité de société de presse. Alors qu’il bénéficie d’une aide que l’on cherchera tôt ou tard à qualifier d’aide d’Etat devant la Commission Européenne, il faut maintenant que ce chouchou du pouvoir tire à boulets rouges sur ses petits concurrents du Net.

Mais jusqu’où ses gougnaffiers qui vivent sur notre dos pousseront-ils la provocation?

Ce sont les internautes qui ont financé le Decodex

Car, soyons clairs, le fameux Decodex n’est pas un outil financé par le Monde, mais par le contribuable. Sans les subventions de l’Etat, on imagine mal que les actionnaires du journal aient accepté de payer de leur poche cette opération, alors que le titre perd de l’argent. Donc, maintenant, tu paies directement des outils qui te prennent pour un crétin ou qui t’explique que ton site est nul. Mais on rêve là?

Et en plus, ce sont des journalistes payés par des militants du PS qui viennent t’expliquer ce qu’il faut lire ou pas.

Un dénigrement commercial caractérisé

Imagine-t-on Coca-Cola dresser la liste des boissons bonnes ou pas pour la santé ? Imagine-t-on Coca-Cola lancer un site Internet qui recommande de ne pas boire du Breizh Cola ou du Corsicola parce que ces boissons seraient dangereuses, ou contrefaites?

Imagine-t-on Renault lancer un site déconseillant de rouler en Volkswagen parce que le moteur des voitures allemande serait plus polluant?

Bien entendu, ces marques peuvent toujours s’essayer à dénigrer leurs concurrentes sur des bases qui leur sont propres.

Mais elles auront rapidement à faire à quelques procédures juridiques.

S’agissant du Monde, le dénigrement est si massif, et la mauvaise foi des auteurs est si caractéristique, qu’une action de groupe de tous les sites victimes de cette pratique toxique mériterait d’être menée. Ne serait-il pas amusant que toutes les victimes se coalisent et demandent in fine au Monde une réparation du préjudice qui mettrait le journal en faillite?

Je m’en réjouis par avance.

La réaction nobiliaire une fois de plus à l’oeuvre

Une fois de plus, donc, l’ancien monde (sans mauvais jeu de mots) et son aristocratie décadente livre des combats d’arrière-garde pour sauver leurs privilèges.
Jusqu’au jour où…
Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l’auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr
Diplômé de l’Ena (promotion Copernic) et titulaire d’une maîtrise de philosophie et d’un Dea d’histoire à l’université Paris-I, il est né à Liège en 1968.
Source : Atlantico, Éric Verhaeghe, 09-02-2017

URL: http://www.les-crises.fr/decodex-le-monde-peut-il-impunement-denigrer-ses-concurrents-par-eric-verhaeghe/

Alep, plaidoyer pour la liberté d’analyse et une géopolitique cohérente de la France, par Djordje Kuzmanovic

Alep, plaidoyer pour la liberté d'analyse et une géopolitique cohérente de la France, par Djordje Kuzmanovic

Bel exemple de chasse à l’homme (lire ce billet avant)

Source : Le blog de Djordje Kuzmanovic20/12/2016

Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire, c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques – Jean Jaurès, Discours à la jeunesse, Juillet 1903.

Ces derniers jours, j'ai été la cible d'attaques répétées, dans plusieurs médias – FranceInterLe Mondele JDDLibération et Le Nouvel Observateur –, tendant à me présenter comme un soutien de Bachar el-Assad et/ou de Poutine et à m'accuser d'incompréhension par rapport aux événements en cours en Syrie, voire d'insensibilité face à la tragédie vécue par les civils d'Alep. Il est bien entendu qu'à travers ma personne, il s'agit là de viser Jean-Luc Mélenchon en tant que candidat à la présidence de la République, porteur d'une vision de la guerre en Syrie et d'une ligne géostratégique indépendantiste pour la France à même de redonner à notre pays sa grandeur et son autonomie. Gardant l'espoir que le débat reste encore possible – sur cette question comme sur toute autre. Je me permets donc de répondre à ces critiques, tout en précisant que je ne minimise pas les souffrances du peuple syrien, mais que je dénonce la propagande mensongère et le deux poids deux mesures qui conduisent aux guerres futures. Je ne suis pas favorable au dictateur Bachar-Al Assad, mais je dénonce le terrorisme djihadiste sanguinaire et l'ineptie de la ligne géostratégique française. Je ne suis pas pro-Poutine comme le répètent les atlantistes, je suis pour l’indépendance de la France.

Excuses sur un des tweets et pratiques journalistiques 

Précisons tout d'abord qu'on me reproche essentiellement deux « tweets », que l'on juge ignominieux. Dans le premier, j'affirme que la couverture médiatique des événements en Syrie est orwellienne. Dans le second, je remarque que l'information selon laquelle le principal hôpital d'Alep a été détruit par les bombardements a été répétée plusieurs fois sur les quelques derniers mois. C'est en extrapolant à partir de ces deux publications de 140 caractères chacune qu'on me reproche de manquer de compassion à l'égard des civils tués et de ne pas dénoncer, comme je devrais, la barbarie dont font preuve les régimes de Bachar el-Assad et celui de Vladimir Poutine.

Si je ne retire rien au premier tweet concernant la propagande orwellienne – je m'en explique plus amplement plus bas –, je regrette le second sur l'hôpital. En raison de la concision des messages Twitter, aucune argumentation sérieuse n'est possible, ce qui laisse la porte ouverte à toutes les interprétations, y compris les plus absurdes et haïssables. Ce tweet, qui cherchait à dénoncer la propagande à l'œuvre dans les guerres sur un exemple spécifique, a blessé un grand nombre de camarades du Parti de Gauche, comme de citoyens non partisans, légitimement horrifiés par les images de morts provenant d'Alep. Je m'en excuse publiquement, mais demande de me faire la grâce de lire ce texte jusqu'au bout, car si condamné je dois être, moralement, publiquement ou politiquement, autant que ce soit pour les bonnes raisons et en toute connaissance de cause. Ces explications sont aussi exhaustives que possible, et permettent à chacun d'accéder aisément aux sources par liens hypertextes.

Je voudrais d'emblée souligner que contrairement à ce que devrait être une pratique journalistique de base, je n'ai été contacté par aucun des journalistes qui m'incriminent en extrapolant des positions politiques générales à partir de deux tweets ou en reprenant ce que leurs collègues ont initialement dit ou écrit. On conviendra qu'il s'agit là d'une attitude étrange pour les thuriféraires des valeurs démocratiques dont ils seraient les uniques défenseurs.

Un émoi légitime face au drame humain vécu par les civils et l'expression d'un dissensus

Non, je ne suis pas indifférent à la mort et à la souffrance d'enfants dans les guerres. Je les connais même sans doute mieux qu'une grande partie des personnes qui me le reprochent, pour avoir été, dans le cadre d'une opération humanitaire, assistant responsable d'un camp pour enfants orphelins ou perdus au Rwanda en 1994, peu après le génocide, mais aussi pour avoir vu une ville – Belgrade, où je suis né – bombardée, en 1999, par la plus formidable armada aérienne de l'histoire, conduite par l'OTAN. Ces bombardements, dont la ville garde toujours les stigmates, n'avaient d'ailleurs suscité à l'époque aucun émoi en Occident. Enfin, j'ai eu l'honneur de servir en tant qu'officier dans l'armée française ; participer à une opération extérieure en Afghanistan, en 2006-2007, m'a donné l'occasion d'appréhender directement la guerre et la tragédie qu'elle représente.

Il ne s'agit donc pas de ma part de nier la tragédie vécue par les civils pris sous les bombes, et on cherchera en vain une citation en ce sens venant de ma part. Les morts, d'Alep ou d'ailleurs, surtout des enfants, font au contraire écho aux images épouvantables que je porte dans ma mémoire. La prise d'une ville – moment particulièrement sanglant dans tout conflit armé – est toujours une catastrophe pour les civils, otages et cibles – volontaires ou non – des belligérants, qui risquent de manquer de nourriture, d'être blessés, violentés ou tués. Même si le combat est moralement et politiquement légitime, la violence subie par les civils est intolérable et particulièrement cruelle dans les zones urbaines où chaque rue est une nasse, où la menace de tireurs embusqués est omniprésente. Devant toute souffrance de civils, on ne peut que compatir ; pour reprendre les termes souvent utilisés ces derniers jours par les médias, elle signe toujours, peu ou prou, la mort de l'humanité. Mais partout et à chaque fois ;pas uniquement à Alep. Au-delà de ce constat, commun à tous les êtres humains doués de sensibilité, les conflits armés, pas plus que n'importe quel autre événement, ne peuvent échapper aux interprétations divergentes. Le problème survient lorsqu'un conflit en particulier acquiert soudain un statut spécial dans la couverture médiatique pour devenir une sorte d'icône dont il est interdit de commenter le sens.

C'est précisément ce qui se passe avec la bataille d'Alep. Dans la longue série de conflits qui ont secoué le monde, et en particulier le Moyen-Orient, depuis quinze ans, peu d'événements ont suscité une adhésion aussi massive des commentateurs à une version particulière de l'histoire et ont produit une injonction aussi forte adressée à tout un chacun de s'y conformer. Dans ce contexte, toute voix discordante, qui s'interroge à la fois sur la production de ce consensus, sur les raisons de l'émotion collective ainsi construite et sur le bien-fondé de l'éclairage apporté apparaît proprement hérétique. Pourtant aucune tragédie ne nous exonère du devoir non seulement de compatir, mais aussi de chercher à comprendre ; et ce n'est pas en clouant au pilori quiconque s'écarte de la version « approuvée » du conflit syrien qui prévaut dans les médias qu'on résout les problèmes qui conduisent à ces tragédies. Je crois au contraire que c'est le rôle d'un responsable politique de sortir du cadre compassionnel commun – même s'il est légitime – pour s'interroger sur les causes, comprendre dans toute sa complexité la course des événements qui conduisent aux drames et chercher des réponses adéquates.

Revenons donc aux deux tweets incriminés pour en développer le propos. Le tweet qui affirme que le dernier hôpital d'Alep a manifestement été détruit une quinzaine de fois ne vise pas, encore une fois, à moquer la tragédie d'enfants qui meurent à Alep faute de soins ; il cherche à attirer l'attention sur l'incroyable guerre de l'information qui double les hostilités physiques sur le terrain, utilisant tous les moyens possibles pour provoquer l'émotion, l'indignation et la haine. Cette propagande est évidemment menée par toutes les parties ; est-ce une raison suffisante pour ne pas dénoncer les excès commis du « bon » côté, le nôtre ? J'aurais d'ailleurs tout autant pu aborder cette propagande par d'autres biais. Quoi qu'il en soit, l'erreur a été de le faire sur Twitter où il est impossible de développer une réflexion construite.

Dans les articles de Libération et du Monde, il est écrit que je ne base ma remarque que sur des tweets informant de la destruction du « dernier hôpital d'Alep » et non sur des articles de véritables journalistes écrivant dans la presse respectable. Il est vrai que les tweets sur le sujet sont légion – les recenser serait beaucoup trop long –, mais contrairement à ce qui a été suggéré dans ces articles, mon tweet malheureux m’a bien été inspiré par la lecture de la presse légitime. Mon tweet datait du 13 décembre ; voici quelques exemples de publications antérieures que Le Monde et Libération peuvent considérer comme sérieuses car produites par leurs confrères : Le Monde du 21 octobre« Alep sans médecins ni chirurgiens », le Washington Post du 16 novembre « Les avions de guerre bombardent l'hôpital des enfants alors qu'Assad relance l'offensive sur Alep »The Guardian du 19 novembre « Le dernier hôpital d'Alep-Est détruit par des frappes aériennes »,  le Huffington Post du 21 novembre « Les bombardements forcent les médecins à fermer le dernier hôpital pour enfants d'Alep », Al-Jazeera du 27 novembre « Dans le dernier hôpital d'Alep-Est même plus d'espace pour marcher », L'India Times du 4 décembre « En Syrie partie 3 : Avec le dernier hôpital détruit, Alep s'annonce comme le plus grand bain de sang de l'Histoire contemporaine ». Encore une fois, il ne s'agit pas de nier la souffrance bien réelle que peuvent endurer les civils pris sous le feu destructeur, mais de montrer à ces journalistes et à ceux qui ont pu être choqués par mon tweet que je ne suis pas de mauvaise foi et que je sais, en tant qu'ancien officier des opérations psychologiques, reconnaître une manipulation destinée à impressionner.

Ce reproche est par ailleurs relativement cocasse compte tenu du fait que les tweets sont souvent la seule base des informations dont disposent les journalistes qui me critiquent. En effet, il y a très peu de journalistes sur le terrain et aucune organisation internationale digne de ce nom, comme le rappelle fort justement le journaliste Patrick Coburn dans The Independent du 2 décembre « Voilà pourquoi tout ce que vous avez pu lire sur la guerre en Syrie pourrait s'avérer faux ». L'autre source d'information des médias, aveuglément reprise depuis des années, est l'organisation portant le nom irréprochable d'Observatoire syrien des droits de l'homme. Il s'agit en fait d'une source particulièrement illégitime puisqu'elle est une émanation des Frères Musulmans, financée par l'Arabie Saoudite et le Qatar et… basée à Londres ; pourtant, elle est la référence pour dénoncer les crimes et compter les morts. C'est, je l'affirme, une manipulation pure et simple du public, qui dure depuis trop longtemps.

 

Le caractère orwellien de la couverture médiatique du conflit

Oui, pour qualifier la couverture médiatique du conflit en Syrie, j'ai utilisé le terme « orwellienne », et je suis prêt à réitérer cette qualification. Par orwellien, j'entends faisant penser à la réalité décrite par Orwell dans 1984. Dans ce roman, les trois puissances qui se partagent le monde – OcéaniaEstasia et Eurasia – sont perpétuellement en guerre, et voilà comment l'auteur décrit la manière dont cette guerre est présentée à la population : « Mais retrouver l'histoire de toute la période, dire qui combattait contre qui à un moment donné était absolument impossible. Tous les rapports écrits ou oraux ne faisaient jamais allusion qu'à l'événement actuel. En ce moment, par exemple, en 1984 (si c'était bien 1984) l'Océania était alliée à l'Estasia et en guerre avec l'Eurasia. Dans aucune émission publique ou privée il n'était admis que les trois puissances avaient été, à une autre époque, groupées différemment. Winston savait fort bien qu'il y avait seulement quatre ans, l'Océania était en guerre avec l'Estasia et alliée à l'Eurasia. Mais ce n'était qu'un renseignement furtif et frauduleux qu'il avait retenu par hasard parce qu'il ne maîtrisait pas suffisamment sa mémoire. Officiellement, le changement de partenaires n'avait jamais eu lieu. L'Océania était en guerre avec l'Eurasia. L'Océania avait, par conséquent, toujours été en guerre avec l'Eurasia. L'ennemi du moment représentait toujours le mal absolu et il s'ensuivait qu'aucune entente passée ou future avec lui n'était possible. »

Oui, la couverture médiatique du conflit en Syrie m'a souvent fait penser à cette citation d'Orwell. En 2001, à la suite des attentats de New York, Al-Qaïda a été désignée comme le mal absolu et combattue par la coalition internationale sur tous les fronts possibles. Etd'une certaine manière légitimement : ne s'agit-il pas d'une organisation terroriste criminelle, agissant à l'échelle internationale, et dont Daech n'est qu'un des avatars ? Al-Qaïda est encore combattue aujourd'hui au Mali par les forces armées françaises, qui y ont mené et y mènent un remarquable et difficile combat contre les terroristes et autres criminels (opérations ServalEpervier, puis Barkhane). Elle a frappé les villes européennes, le 11 mars 2004 à Madrid, le 7 juillet 2005 à Londres ou encore à Paris lors de l'attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 par les frères Kouachi qui se sont revendiqués spécifiquement d'Al-Qaïda au Yémen. À chaque fois, là aussi légitimement, l'émotion populaire a été immense, l'inquiétude et la colère aussi. L'Étatislamique a ensuite pris le relais, avec les terribles attaques de novembre 2015, dites du Bataclan, les pires qui aient jamais ensanglanté la France. Et je ne parle même pas ici du volume proprement sidérant de victimes provoquées par ces organisations lors d'opération terroristes conduites dans des pays musulmans (ou dont la religion majoritaires est l'islam) : plus de 30 000 morts depuis les attentats de Charlie Hebdo – que l'on se représente bien ce chiffre, qui ne semble pas gêner ceux qui ont quelques tendresses pour les avatars d'Al-Qaïda, rapidement repeint en démocrates, du seul fait qu'ils combattent contre les troupes syriennes régulières et les Russes. Il faut aussi bien se souvenir de ce chiffre quand les mouvances d'extrême droite en France tentent de faire croire que les terroristes islamistes en veulent exclusivement à la France ou à l'Occident ou à leurs valeurs. Le terrorisme islamiste représente une plaie internationale frappant tousazimuts et sans distinction de nationalité, de religion ou de zone géographique ; c'est un des multiples fléaux de la mondialisation incontrôlée, dont les racines théoriques se trouvent dans les monarchies théocratiques wahhabites du Golfe, Arabie Saoudite et Qatar en tête.

Mais ces derniers mois, la couverture du conflit en Syrie – l'un des fiefs de ces deux organisations islamistes – semble frappée de schizophrénie. On parle de temps en temps de l'EI, plus jamais d'Al-Qaïda ou si peu, en catimini ; on parle beaucoup de la guerre menée par Bachar el-Assad ; mais on ne rapproche jamais ces deux informations. Certes, lorsqu'on le fait, le tableau qui en ressort est moins simple et moins confortable que celui d'une guerre où le bien (les rebelles démocratiques) combattrait le mal (le régime totalitaire). Mais cette amnésie et cette incapacité à faire tenir ensemble toutes les données nécessaires à la compréhension de la situation, fussent-elles inconfortables, suit très précisément le schéma orwellien décrit dans le passage de 1984 cité plus haut, qu'Orwell appelle la « double pensée ». Est-il criminel de remarquer cette particularité inquiétante de la couverture médiatique de ces tragiques événements ? D'essayer d'en comprendre les raisons ? De rappeler l'autre côté de la réalité, qu'on essaie sans cesse de refouler au point où certains communiqués qui passent dans les informations deviennent proprement incompréhensibles ? Ainsi, lors des combats simultanés à Palmyre et à Alep des dernières semaines, il était très malaisé pour une personne moyennement informée de comprendre qui attaque qui dans ces villes, les « gentils » et les « méchants » semblant changer de rôles sans aucune explication.

Par ailleurs, d'autres conflits tragiques aux conséquences humanitaires comparables, parfois pires, sont en cours au même moment sans que cela ne produise un émoi équivalent, ni dans les médias ni au sein du gouvernement. Il ne s'agit pas de nier les souffrances à Alep en en invoquant d'autres ailleurs, mais de s'interroger sérieusement sur le désintérêt quasi complet, ou au mieux léger et parcellaire, pour les autres conflits. Je tiens à préciser ici que je ne porte aucun jugement sur les citoyens français, mais sur les médias et les politiques qui s’adressent à eux. Je pense que l'émoi et l'horreur seraient pires encore si pendant plusieurs semaines on montrait dans les médias les souffrances des civils yéménites. Que se passe-t-il là-bas ? Un conflit qui dure depuis presque deux ans ou au moins 10 000 civils sont morts, dont au moins 4 000 en raison de bombardements, et où… 14 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire. Pire, au Yémen, selon l'UNICEF, 2,2 millions, oui, 2,2 millions d'enfants souffrent de malnutrition aigüe dont 460 000 de malnutrition aigüe sévère. Je ne posterai pas ici de photos d'enfants en « malnutrition aigüe sévère », mais c'est terrifiant. Face à cette tragédie, le nouveau Premier ministre de la France n’évoque pas un crime contre l'humanité ; et pourtant c'est le cas, mais c'est dû à une guerre menée par l'Arabie Saoudite et le Qatar avec l'appui des États-Unis, soit tous des « alliés » de la France, qui livre aux deux premiers pays des armes en volume considérable. Les causes de la malnutrition et de la famine sont simples : le Yémen, pays pauvre avec peu de terres arables, importe la plus grosse partie de son alimentation, or les ports de ce pays subissent un blocus militaire de la part de l'Arabie Saoudite et du Qatar. Où est l'indignation ? Où sont les reportages ? Où sont les tribunes envolées dans nos médias et les pétitions en ligne ? Où sont les sanctions économiques ? Quid des résolutions à l'ONU ? On se le demande.

On se souviendra également du bombardement, le 3 octobre 2015, de l'hôpital de Kunduz tenu par Médecins sans Frontières, dont on trouvera le rapport ici. Ce n'était pas le premier hôpital bombardé par les États-Unis. Peut-être était-ce par erreur ? En tout état de cause, la couverture médiatique en avait été assez sobre et nul appel exigeant une explication de la part des États-Unis n'a vu le jour, pas plus, bien sûr, que des demandes de sanctions.

Être la patrie des droits de l'homme ne nous autorise justement pas à utiliser ces droits et l'indignation dont en suscite la violation de façon variable. On ne peut pas les invoquer uniquement pour dénoncer les actions de nos adversaires ou concurrents géopolitiques et les oublier lorsqu'il s'agit d'opérations menées pour appuyer notre hégémonie, ou celle de notre suzerain, les États-Unis. Si les droits de l'homme ne sont pas invoqués systématiquement et avec la même force pour tous les crimes, alors ils sont dévoyés.

 

Qui défend Alep, « djihadistes islamistes » ou « rebelles modérés » ?

Une fois intégré l'aspect toujours terrifiant de toute guerre, en particulier dans les zones urbaines, la question à se poser est de savoir qui fait la guerre contre qui et dans quel but politique. Il est bien évident que si la ville d'Alep était défendue par des « rebelles modérés » ou des forces combattantes démocratiques visant à renverser le régime dictatorial d'Assad, la légitimité de leur combat aurait été totale, le crime des Russes complet et la non-assistance par les États occidentaux tragique. C'est en gros le tableau dessiné dans nos médias. Malheureusement, la réalité concrète est tout autre.

Il est important de noter qu'un des premiers axes de propagande est d'avoir créé la confusion dans les esprits en se référant à Alep alors que les combats et les bombardements avaient lieu à Alep-Est. Alep-Ouest est tenue depuis des années par le gouvernement syrien et compte plus d'un million d'habitants ; c'est là qu'allaient se réfugier, le plus souvent, les civils qui pouvaient se dégager d'Alep-Est. Alep-Est, elle, comptait moins de 150 000 habitants (dans la dernière phase des combats, depuis le 15 novembre, Robert Balanche, chercheur au Washington Institute for Near Est Policy, n'en comptait plus que 20 à 30 000), que la guerre a forcés à vivre dans des conditions abominables : sans accès à l'eau potable, aux soins ou à une nourriture descente. La dureté des conditions de vie, inhérente à la tragédie que vivent les populations civiles en état de siège, était aggravée par les privations organisées volontairement par les groupes djihadistes qui nous ont été présentés comme défendant les populations ; ainsi lors de la prise d'Alep-Est a-t-on pu assister à la découverte de colossales réserves de nourriture, détournées de l'aide humanitaire et refusées aux populations civiles. Par ailleurs, les djihadistes tiraient depuis des mois sur Alep-Ouest (souvent depuis l'hôpital d'Alep-Est), et surtout sur les zones chrétiennes – sans, là non plus, provoquer une grande émotion dans nos médias (un exemple ici tiré du Monde ou du Point).

Si la ville d'Alep-Est était tenue principalement par des djihadistes apparentés d'une manière ou d'une autre à Al-Qaïda ou à Daech, la ligne morale et politique à tenir face aux événements devient beaucoup moins évidente. Pouvait-on soutenir sans réserve leurs revendications et leur combat contre l'armée de Bachar el-Assad ? Souhaiterions-nous sérieusement que des organisations terroristes prennent le contrôle de villes entières, de régions, voire de l'États, et s'y implantent durablement ?

On me rétorquera peut-être qu'assimiler la rébellion démocratique aux islamistes d'Al-Qaïda relève d'un simplisme outrancier. Pourtant les informations indiquant que la rébellion démocratique a depuis longtemps été phagocytée par les djihadistes ne manquent pas ; on se réfèrera utilement à l'article du journaliste Bachir El-Khoury dans Le Monde diplomatique intitulé « Qui sont les rebelles syriens ? » (du mois de décembre et toujours disponible en kiosque), qui a le mérite d'être exhaustif tout en adoptant un ton neutre. On pourra aussi se référer à Robert Balanche dans La Croix : « A Alep-Est, les rebelles sont cantonnés dans un périmètre d'environ 10 km², où ils compteraient 6 000 à 7 000 combattants. Ceux-ci appartiennent en majorité à deux groupes de la coalition salafiste-djihadiste Jaish Al-Fatah, le Front Fatah Al-Cham (ex-Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaida), de tendance internationaliste, et Ahrar Al-Cham, de tendance locale. « Il n'y a pas de groupe laïque à Alep-Est depuis 2012-2013, précise le chercheur. Tous ont été éliminés par les islamistes ». Ou encore à Robert Fisk dont l'analyse, que je fais mienne, dans cet article de The Independent est la plus lucide tant sur la situation globale, les combats à Alep, la cruauté du régime syrien, la bouffonnerie de nos gouvernements et les conséquences à long terme : « Mais il est temps de dire l’autre vérité: que nombre des “rebelles” que nous, les Occidentaux, avons soutenus – et que notre absurde premier ministre Theresa May a indirectement bénis (…) – sont les plus cruels et les plus impitoyables des combattants au Moyen-Orient. Et tandis que nous avons été saisis d'effroi par Daech pendant le siège de Mossoul (un événement trop semblable à Alep, bien que vous ne le penseriez pas en lisant notre récit de l’histoire), nous avons volontairement ignoré le comportement des rebelles d’Alep ».

Fréderic Pinchon décrit les mêmes réalités pour France Info : « La plupart des habitants d’Alep-Est est allée à Alep-Ouest, c'est-à-dire les zones gouvernementales. (…) La poche de rébellion d’Alep-Est ne représente pas les civils. (…) Par ailleurs, sur la question de la réalité de la rébellion à l’est d’Alep, on a sans doute été beaucoup intoxiqué en Europe et en Occident en général. (…) À travers des négociations secrètes, ces rebelles ont obtenu un sauf-conduit. Et ce en négociant avec les Russes et non avec les Syriens. Depuis deux ans, les Russes sont à la manœuvre sur l'ensemble du territoire et négocient des trêves. Pour une grande partie, cette rébellion va soit rendre des armes, soit s'intégrer dans des unités de l'armée syrienne, soit partir pour Idleb, qui va rester la dernière zone que l'armée de Bachar Al-Assad n'a pas réussi à réduire. L'offensive à Idleb a d'ailleurs déjà commencé avec l'aide de l'aviation américaine. (…) Les civils dans leur grande majorité qui vivaient encore à Alep-Est ont servi de boucliers humains, comme en ce moment à Mossoul, l'État islamique se sert des habitants de Mossoul comme boucliers humains. On nous a présenté pendant quelques mois une situation qui ne correspondait pas à la réalité. »

La réalité, c'est que les « rebelles modérés » comme nous aimons à les qualifier dans les médias dominants sont pour la plupart des combattants d'Al-Nosra (soit Al-Qaïda) ou sous la coupe de cette organisation. Ces fanatiques au pouvoir seraient la pire chose que l'on puisse souhaiter à un pays – même la très étasunienne fondation Carnegie ne peut que constater la volonté d'Al-Nosra de transformer la Syrie en un État régi par la Charia. Pour la sécurité de la France et de l'Europe, pour l'avenir de la Syrie, la première chose à faire est de se débarrasser de ces groupes terroristes et d'organiser une transition démocratique sous mandat de l'ONU.

Il faut bien comprendre ce qui s'est passé à Alep-Est. Dans cette partie de la ville, les djihadistes en perte de puissance, acculés, font ce qu'ils ont fait hier à Manbij et ce qu'ils feront demain à Mossoul, après-demain à Raqqa, Al-Bab ou Idlib : prendre en otage les populations, exécuter ceux qui tentent de fuir et s'en servir comme boucliers humains, le plus souvent en s'abritant dans ou autour des éventuels hôpitaux. En août dernier, les forces armées kurdes de l'YPG (Unités de Protection du Peuple, l'armée du Rojava) ont repris aux djihadistes de Daech la ville de Manbij, au prix de terribles combats. Lors de la phase finale de l'assaut, les Kurdes ont dû négocier avec les djihadistes et avec les États-Unis un accord dont les termes étaient les suivants : les djihadistes survivants pourraient se retirer avec leurs familles, leurs blessés et leurs armes légères, les États-Unis promettant de ne pas les bombarder dans leur retraite vers Raqqa ; en échange les djihadistes promettaient de ne pas exécuter les milliers de civils pris en otage, ainsi que l'a décrit Patrice Franceschi. La bataille de Manbij n'était qu'une, bien qu'héroïque, parmi tant d'autres combats (par exemple à Kobané) livrés par les Kurdes. Éminemment utile pour la France, il ne provoquera pas d'émoi particulier, car ne sera que peu relaté, même si l'on doit souligner l'assistance des forces spéciales françaises dans ces combats. À Alep-Est, il se passe peu ou prou la même chose qu'à Manbij : les combattants djihadistes ont tenu la population civile en otage – si l'on veut une source parfaitement officielle pour s'en convaincre, on peut consulter le rapport de Robert Coville, porte-parole du Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme. Désormais, les combattants survivants étant autorisés à quitter Alep par les Russes, qui organisent ces corridors et l'armée syrienne, pour aller au Nord vers les territoires et villes encore sous leur contrôle. À Mossoul, la coalition menée par les États-Unis attaque et livre, elle aussi, combat dans des hôpitaux. Et pourquoi ? Non pas par barbarie étasunienne ou irakienne, mais par nécessité, parce que les djihadistes de Daech ont fait de l'hôpital de Mossoul un centre de commandement. Il s'agit d'une stratégie délibérée et systématiquement appliquée par des fanatiques, à Alep-Est comme ailleurs. Demain, il faudra organiser les mêmes corridors pour libérer les derniers civils et permettre aux djihadistes survivants de se replier sans quoi ils se feront sauter. Non, l'idée que les civils d'Alep-Est étaient tenus en otage par les combattants islamistes n'est pas juste une opinion, mais une réalité avérée par les faits. Le pire est à venir quand l'une ou l'autre des coalitions arriveront au dernier bastion tenu par les djihadistes, quand il n'y aura plus ultimement où fuir, alors un immense bain de sang sera à craindre.

La forte présence d'islamistes dans les rangs des combattants n'est en rien une surprise, ni une anomalie. Même un spectateur non averti qui s'est intéressé au minimum à la manière dont les choses se sont déroulées dans tous les pays touchés par le printemps arabe a pu se rendre compte que dans cette région l'islamisme prospérait sur le terreau de l'instabilité étatique et de la guerre civile, et qu'en l'absence de solution politique rapide, c'est lui qui occupait généralement le terrain. La lecture des rapports, dès 2011, de personnalités comme Alain Chouet, ex-patron du service de renseignement de sécurité de la DGSE, longtemps en poste en Syrie, aurait été utile à certains (voir des éléments ici). Certes, si les islamistes ont pu à ce point s'imposer au sein de l'opposition anti-Assad, c'est aussi parce que les puissances occidentales ont tardé à soutenir les manifestations contre le régime ; mais ils étaient là dès l'origine, et l'issue actuelle n'était alors en rien imprévisible. En partant de cette donnée du terrain, et quelles que soient les réserves qu'on peut émettre à l'égard du régime syrien, surtout au bout de cinq ans de guerre civile, la position consistant à soutenir la puissance étatique, dans cette région, ne peut pas juste être balayée d'un revers de main au prétexte qu'elle serait immorale. Elle l'est certainement en partie, car c'est le cas de toutes les positions réalistes ; mais l'est-elle plus que celle qui consiste à « oublier » qui sont les insurgés qui ont tenu les quartiers est d'Alep, y retenant des civils en otage ? Que celle qui consiste à refuser de combattre ces groupes, directement responsables de centaines de morts sur le sol français, sous prétexte que cela renforcerait le régime d'Assad – qui ne menace actuellement, soit dit en passant, ni la France, ni aucun autre pays occidental ? Avec ce genre d'interrogations, on est obligé de quitter le terrain moralisateur pour entrer dans la politique. Que souhaite vraiment l'Europe ? Si l'on quitte le fonctionnement orwellien qui conduit à oublier aujourd'hui qui a été l'ennemi hier, pour se concentrer sur un éternel présent, qui veut-on voir l'emporter dans ce conflit, et de quelle manière ? Certes, le plus acceptable serait que gagne l'opposition démocratique, contre les islamistes fanatiques et le gouvernement coupable de cruauté envers sa propre population ; mais on sait tous que cela relève d'un vœu pieux. Faut-il donc, pour apparaître moral aux yeux des médias, se limiter aux vœux pieux, refusant – parce qu'elles sont toutes imparfaites, donc partiellement immorales – de considérer les solutions qui s'offrent réellement sur le terrain ?

Oui, si l'on regarde la réalité des forces en présence, et si l'on accepte de se souvenir du déroulement des conflits précédents dans la région, vieux de quelques années seulement, la forte présence voire la suprématie, au sein des insurgés, de djihadistes islamistes devrait nous amener à nous interroger sur la politique à mener à leur égard. Énoncer cette idée revient simplement à prendre acte de ce qui nous est donné, aussi différent soit-il de ce que nous voudrions avoir.

On peut évidemment choisir une posture parfaitement morale, qui implique qu'aucune action ne saurait justifier une seule larme d'enfant. Mais il faut alors en tirer toutes les conséquences. Ne prétendons plus, dans ce cas, « combattre » qui que ce soit, islamistes ou régimes autoritaires. Ne prétendons pas faire la guerre au terrorisme. Acceptons que nous ne supportons aucune responsabilité directe dans la mort de civils ; dans ce cas, et puisque dans le monde réel, il n'existe pas de guerre sans pertes civiles – cela n'existe que dans l'imaginaire orwellien, là aussi, qui nous impose l'illusion de « frappes chirurgicales » –, acceptons aussi l'impuissance qui s'ensuit. À mon sens, une telle position est parfaitement intenable, mais si d'aucuns veulent vraiment en faire un programme, qu'ils commencent par la formuler clairement.

 

L'indignation sélective et les exemples passés

Poser ces questions ne fait de moi ni un monstre froid insensible à la souffrance d'enfants, ni un soutien de Bachar Al-Assad ; mais puisque c'est sur le terrain moral que se situent la plupart des attaques qui me sont adressées, et au-delà de ma personne à tous ceux qui essaient de réfléchir dans ces termes, revenons un instant sur cet épisode particulièrement aigu de moralisme sélectif qui vient de nous être imposé par la couverture de ce conflit et sur la question que j'ai déjà posée au début de cet article. Ceux qui s'indignent aujourd'hui haut et fort devant les victimes civiles d'Alep-Est et qui couvrent d'injures, en public et plus encore en privé, ceux dont l'indignation ne leur semble pas suffisante, où sont-ils pour dénoncer les milliers de morts au Yémen ? Pour s'étonner de la grande discrétion qui entoure les souffrances de la population civile de Mossoul ? Où étaient-ils pour déplorer les plus de 4 000 morts civils de Falluja, ville d'Irak assiégée par les États-Unis, où est né le concept même de Daech puisque c'est à partir de cette bataille qu'Al-Zarqaoui, patron d'Al-Qaïda en Irak, fondera cette organisation qui signe l'union entre Al-Qaïda et les anciens baasistes irakiens, tous chassés de l'appareil d'État irakien par les États-Unis pour y être remplacés par les non moins mafieux chiites du clan al-Maliki ?

L'objection consiste généralement à rétorquer que le Yémen, Faloudja, la Libye, le Nicaragua, le Vietnam, etc. n'excusent en rien Alep ; que les manquements à l'humanité de la part de nos alliés, voire de nos propres forces armées n'exonèrent en rien ceux du régime syrien ou des Russes. Certes, ils n'exonèrent pas ! Mais peut-on au moins s'interroger sur les raisons de ces indignations sélectives ? Sur la fabrication de ces crises soudaines d'émotion collective à propos d'un fait, certes terrible, mais finalement tristement banal, dans la série des atrocités qui marquent ce début du XXIe siècle ? Est-on sûr à ce point que les 1 000 (ou plus ? on ne le saura pas tout de suite) morts civils confirmées d'Alep-Est signent davantage le naufrage de l'humanité que les 4 000 de Falloudja ? Et qui s'intéresse aux morts de l'Afrique des Grands Lacs entre 1996 et 2006 ? On est là entre 6 millions et 12 millions de morts.

Comme le montrent Chomsky dans Manufacturing Consent, ou encore Serge Halimi et Dominique Vidal dans L'Opinion, ça se travaille, les indignations sélectives sont toujours les fruits d'une politique, et donc d'une propagande construite. Ne pas souhaiter privilégier une tragédie sur une autre n'est pas une marque d'inhumanité, mais un refus de mettre la réflexion au placard sous l'effet de l'injonction au consensus émotionnel imposé via des efforts massifs de cette propagande.

Car enfin, j'imagine que l'argument suprême consiste à affirmer que dans ce conflit-là, dans cette bataille-là, à la différence de toutes les autres, on sait exactement qui sont les bons et les méchants ; on sait que tous les tweets sur la destruction du dernier hôpital d'Alep sont vrais, tout simplement parce qu’en douter vous expose à l'accusation d'inhumanité. On sait que toutes les informations fournies par l'Observatoire syrien des droits de l'homme, sise à Londres, sont exactes. On sait que les Russes mentent toujours, et nos chancelleries et surtout Washington, jamais. L'histoire ancienne comme la plus récente – Kosovo, l'Irak, la Lybie – ne nous apprend donc décidément rien.

Énumérons, dans le désordre, et sans prétention à l'exhaustivité, l'histoire des bébés arrachés de leurs couveuses au Koweït en 1991 ; celle du faux charnier de Timisoara en 1989 ; le délire médiatique et politique sur le « génocide en cours au Kosovo » qui permettra à Bill Clinton de lancer la guerre dite du Kosovo et de légitimer l'OTAN comme vecteur militaire de l'impérialisme étasunien auquel s'inféodèrent alors les Européens ; la défense tout azimut de l'UCK et de son chef Hasim Thaci, actuel Premier ministre du Kosovo, malgré les rapports accablants sur la mafia institutionnalisée et le trafic d'organes humains ; la fiole contenant les armes chimiques agitée par un homme d'État respectable du pays le plus libre de la planète à l'ONU en 2003 pour justifier la deuxième guerre d'Irak dont nous ne finissons pas de payer le prix ; la mise en scène rocambolesque de la libération factice de la soldate Jessica Lynch, le 23 mars 2003, en réalité sauvée par les militaires irakiens ; la justification de la guerre au Nicaragua par l'entremise des contras armés par la vente illégale d'armes à l'Iran (alors sous embargo) ; ou encore, bien avant, en 1964, l'incident du Golfe du Tonkin qui permettra aux États-Unis de lancer la terrible guerre du Vietnam où Mosanto (jamais sanctionné) s'illustrera par le déversement de l'agent orange qui encore aujourd'hui tue dans ce qui aura été la pire guerre chimique de l'histoire de l'humanité. J'arrête là, car on pourrait dérouler cette liste sur des pages. Tout cela, donc, n'implique pas de s'interroger devant les images et les « informations » qu'on nous soumet lors des crises ? De se souvenir des leçons du passé pour tenter de démêler le vrai et le faux dans le flot des « faits » qu'on nous somme de croire sur-le-champ ? Pour ma part, ces références passées m'incitent a priori à me méfier fortement de toute information provenant ou validée par Washington. C'est peut-être un tort, mais je crois qu'il s'agit surtout d'un réflexe sain, tant le côté pathétique de ces images et informations tend à en interdire toute interprétation, car devant l'horreur, on n'est censé que s'émouvoir. Je suis radicalement contre cette posture. La manipulation des informations est une bien plus grande offense aux victimes réelles que les interrogations que toute personne censée peut avoir devant des vérités et des indignations devenues obligatoires. Ne pas pouvoir interroger l'information qu'on nous soumet, fût-elle dramatique, ne pas pouvoir exercer son esprit critique, n'est-ce pas une dérive dangereuse, même lorsqu'elle est imposée au prétexte de bons sentiments ? N'est-ce pas, cela aussi, orwellien au sens strict du terme ?

Ainsi, je me permets de mettre encore une fois en doute la moralité supposée des indignations sélectives organisées. L'émotion obligatoire, et obligatoirement manifestée dans les interventions publiques, n'aide en rien à prévenir les bombardements dans un pays étranger. Elle est rarement suivie de faits concrets, et nos gouvernants le savent bien – ils ne la pratiquent que pour se donner une bonne image tout en illustrant par là-même leur impuissance. Et lorsqu'elle s'accompagne, comme souvent, de la production d'un ennemi de circonstance, chargé de tous les maux, représentant le mal – forcément cruel, tuant les civils à dessein, menteur et manipulateur, par opposition au camp d'en face, compatissant, précautionneux, honnête et transparent –, ce n'est plus aux bons sentiments que cette indignation s'adresse, mais aux mauvais. L'histoire de la guerre froide ne nous a donc, elle non plus, rien appris ? Ces moments d'hystérie collective sans possibilité de réflexion produisent de la haine, qui reste ensuite enracinée dans les consciences et facilite, le moment venu, l'enthousiasme guerrier capable de pousser des gens à partir, la fleur au fusil, combattre des adversaires qu'ils ont appris à détester sans jamais s'être donné la peine de les comprendre.

Ceux qui critiquent ma position peuvent bien la trouver cynique ; la leur, toute rose qu'elle soit, me paraît effrayante, car c'est celle qui conduit aux guerres. J'en veux pour preuve l'ahurissante tribune dans Le Monde du 13 décembre 2016 des « pacifistes » Yannick Jadot et Raphael Glucksmann qualifiant exclusivement Poutine et Al-Assad de terroristes (« Poutine et Al-Assad sont des «terroristes» et ceux qui les soutiennent en France sont leurs complices ») tout en réussissant l'exploit de ne pas parler une seule fois des terroristes djihadistes d'Al-Nosra, ni de leurs financiers et inspirateurs wahhabites. Candidat à l'élection présidentielle, Yannick Jadot fait ici preuve d'une attitude bien peu sérieuse en adoptant une ligne mêlant suivisme absolu des États-Unis et attitude hostile à l'égard de la Russie, visiblement coupable de tous les maux. Comment peut-on ne pas se rendre compte que, quoi qu'on pense de la politique intérieure russe, ce « russian bashing » induit un risque d'escalade avec ce pays, que certains faucons à Washington et à l'OTAN souhaitent ouvertement, mais dont on peine à voir l'intérêt pour la France ? Ce genre d'analyse moralisatrice à l'emporte-pièce, qui n'a pour but que de se faire bien voir d'un public mal informé, évite de se pencher sur les motivations des puissances régionales. Turquie, Iran, Irak, Israël, Qatar et Arabie Saoudite ont des visées sur la Syrie, tant dans le but de dépecer le pays (but avéré d'un Erdogan souhaitant reconstruire un pan de l'empire Ottoman jusqu'à Mossoul ou au moins la bande turkmène à sa frontière ou encore d'Israël souhaitant annexer le plateau du Golan, où se trouvent les sources du Jourdain et des réserves avérées de pétrole et qu'elle occupe illégalement depuis 1973), que pour dominer un peu plus le marché des hydrocarbures, et leurs stratégies ont joué et jouent un rôle central dans le chaos syrien. De leur côté, les Russes défendent bien évidemment leurs intérêts géostratégiques, qui le nierait ? Il s'agit pour eux de ne pas perdre leur base militaire de Tarsus sur la mer Méditerranée, de combattre et contenir les 2500 djihadistes russophones servant dans les rangs de Daesh ou d'Al-Nosra tout en étant ne perdant pas la main sur les hydrocarbures de la région. Quant aux Etats-Unis, ils poursuivent leur œuvre chaotique de de désintégration du Proche et du Moyen-Orient, de contrôle des hydrocarbures et de suppression des gouvernement nationalistes, laïques et socialisant comme ils l'avaient initié dès 1953 en renversant le gouvernement élu de Mohammad Mossadegh par une opération de la CIA comme celle-ci l'a avoué récemment.

Comment en sommes-nous arrivés là ou les dérives d'une diplomatie française sans colonne vertébrale

Encore une fois, si l'indignation face à la mort des civils et nécessaire, il est tout autant nécessaire de s'interroger sur l'attitude de ceux qui nous gouvernent devant de telles crises. Et en la matière, l'audit est assez lamentable et les rodomontades du nouveau premier ministre Bernard Cazeneuve, quin'effraient personne, ne masqueront pas longtemps les responsabilités des gouvernements PS, et avant LR, dans le drame syrien, et la déconfiture de notre diplomatie dans la région. Ce positionnement « À l'Ouest de l'Ouest », en surenchère par rapport aux États-Unis, décrit par Jean-Pierre Chevènement, ne peut conduire qu'à l'isolement de la France et à son effacement diplomatique, largement amorcé. Comme le souligne Caroline Galactéros, « la France manifeste une totale incompréhension du réel (…) en démontrant à la face du monde et surtout à l'ennemi – qui observe notre incohérence diplomatique et politique – qu'elle pratique le grand écart stratégique au dépend de nos concitoyens. Comment justifier notre combat au Mali contre les djihadistes sunnites, notre soutien en Irak aux chiites contre les sunnites, et en Syrie notre appui aux groupuscules sunnites les plus extrémistes contre Bachar al-Assad… tout en prétendant profiter du marché iranien… et vendre des armes aux Saoudiens et aux Qataris sunnites qui sont les financiers du djihadisme mondial ? »

Les groupes djihadistes qui pullulent en Irak, en Syrie, au Yémen, au Sahel, ou en Libye, les attentats qui ont frappé le monde, ont tous une même origine : le salafisme wahhabite. Cette idéologie provient d'Arabie Saoudite qui grâce à ses immenses capacités financières, tirées des revenus du pétrole, la diffuse depuis des décennies partout dans le monde tout en s'armant de manière disproportionnée (elle du 3e budget de dépenses militaires mondial pour un PIB qui est le 20e mondial et sa population qui est la 41ème mondial). Depuis des décennies également, les États-Unis instrumentalisent l'islamisme wahhabite militant sans réellement le contrôler, et ce au service de leurs intérêts géopolitiques, comme on a pu le constater dès la première guerre d'Afghanistan quand les moudjahidines ont été armés, entraînés et financés par la CIA et en particulier un petit groupe de combattants « internationalistes islamistes » guidées par un certain Ben Laden. Cette ligne a été maintenue jusqu'à l'actuelle guerre en Syrie avec les conséquences que l'on sait. La guerre illégitime d'Irak en 2003 a accéléré le processus de désintégration du mouvement de la Nahda : en désagrégeant volontairement la totalité de l'État irakien baasiste (traitement qui n'avait même pas été réservé aux restes de l'État allemand en 1945 après la défaite des nazis), les États-Unis ont fait de l'Irak un foyer du djihadisme international. La conséquence la plus tragique aura été de favoriser la création de Daech, mix explosif des baasistes irakiens sunnites et des éléments d'Al-Qaïda sans lequel bien des apprentis terroristes n'en seraient restés qu'au fantasme. Là encore les États-Unis ont laissé faire, les combattants de la nouvelle organisation allant s'installer en Syrie en raison du vide créé dans certaines régions par la guerre civile. Il est utile ici de citer ce mail de Jake Sullivan (conseiller spécial d'Hillary Clinton pour la campagne présidentielle de 2016) à Hillary Clinton où il déclare « Al-Qaïda est de notre côté en Syrie » (sic !).

Les coupables directs sont bien dans le Golfe, et ce sont en particulier l'Arabie Saoudite et le Qatar. Certes, les djihadistes ne sont pas totalement contrôlables ; en 2003, ils mènent ainsi des attentats sur le sol de l'Arabie Saoudite. La répression est sévère, mais seulement à l'intérieur du pays, le financement des groupes djihadistes hors de ses frontières continuant de plus belle, en particulier en Syrie, par le biais de financement direct, non de l'État, mais des grandes familles du Royaume. Il en va de même pour le Qatar, autre allié de la France. Enfin la Turquie, notre allié direct au sein de l'OTAN, a servi de base arrière aux divers groupes djihadistes, de source de ravitaillement logistique, de havre de repos, offrant soins, possibilités d'entraînement et facilités de financement dans ses banques, et achetant à Daech pétrole et coton. Censée elle aussi participer à la coalition en lutte contre l'État islamique, elle soutient de fait les djihadistes en qui elle voit un contrepoids aux forces kurdes, qui comptent pourtant parmi les meilleurs alliés au sol de la coalition. Ainsi, depuis l'attentat de Suruç de juin 2015, perpétré par Daech, la Turquie d'Erdogan utilisera principalement sa force militaire pour attaquer les Kurdes du Rojava, empêcher aux combattants kurdes de se replier (à Kobané en 2015 comme à Manbij en août 2016 où elle a carrément et ostensiblement servi la logistique de Daech), reprendre la guerre avec le PKK, mener une répression impitoyable contre les forces démocratiques et de gauche en Turquie et contre les Kurdes. Elle a mené des opérations militaires d'envergure entraînant la mort de centaines de civils dans des villes comme Sour ou à Djizré, dont Corine Morel-Darleuxet moi-même avons été témoins sur place, sans là encore provoquer l'émotion des médias occidentaux ni de nos gouvernants. Et pourtant, ce sont bien les Kurdes, en particulier du Rojava, qui depuis quatre ans assurent le gros des combats contre les djihadistes tout en étant une force politique démocratique et militaire sérieuse face à Bachar al-Assad.

À chaque fois, notre gouvernement a fait l'autruche, préférant dénoncer en chaque circonstance la Russie, dont l'intervention en Syrie a pourtant réussi à changer la donne stratégique. Il est nécessaire de rappeler ici, sans pour autant être accusé de « pro-poutinisme », ainsi que l’a fort bien dénoncé récemment Pascal Boniface dans Mediapart, que l'intervention russe a fait suite, d'une part, à la menace de voir Daech prendre Damas, et d'autre part, au refus occidental, et spécifiquement français, de suivre la proposition formulée par la Russie devant l'assemblée générale de l'ONU en septembre 2015 de mettre en place une coalition internationale sous mandat de l'ONU pour défaire les djihadistes en Syrie et en Irak. Le camp occidental a refusé cette proposition (que la France défend pourtant maintenant) en exigeant, comme préalable, le départ de Bachar el-Assad « avec qui on ne peut négocier » (mais on se demande avec qui on négocie à l'issue d'une guerre, si ce n'est pas avec un ennemi). Sans l'intervention russe, Daech serait maintenant un acteur étatique de premier plan et aurait fait le grand pas vers la mise en place de son grand projet géopolitique : le renouveau du califat. Si ce projet avait abouti, il est aisé d'imaginer le sort des populations civiles non sunnites, à commencer par les chrétiens de Syrie. La Russie avait également proposé en 2012 un plan de sortie de pouvoir de Bachar sur 5 ans, accepté par une partie de l’opposition syrienne. C’est bien l’obsession des occidentaux de détruire l’Etat syrien qui a amené le conflit dans la tragédie où il est aujourd’hui.

 

Plus profondément, la tragédie de la diplomatie française tient aux relations plus que douteuses qu'elle entretient avec les monarchies théocratiques du Golfe, à commencer par l'Arabie Saoudite et le Qatar. Il y a tout d'abord les contrats d'armement colossaux qui obèrent toute critique d'autres États en ce qui concerne le non-respect des droits de l'homme dans ces pays où la charia est de rigueur, où l'on décapite, tranche les mains des voleurs et où les femmes n'ont quasiment aucun droit. Mais aussi des accointances politiques : régulièrement, que l'on soit PS ou LR, on se rend au Qatar ou en Arabie Saoudite chercher financement et soutien au point où on arrive à des caricatures de tentatives de corruption par nos « élites » politiques – on pourra écouter (réécouter ?) avec bonheur l'émission radiophonique de Là-bas si j'y suis « Le Qatar déchaîné »du 30 novembre 2013 où l'on décrit par le menu la visite de nos élites politiques lors du départ du précédent ambassadeur du Qatar et qui vaudra en partie à l'émission d'être déprogrammée malgré son audience record. Pire encore, la diplomatie française, beaucoup trop influencée par les néoconservateurs (la « secte » atlantiste extrême du quai d'Orsay ou les personnalités issues de la French-American Foundation), a fait sienne la vision anti-iranienne du conflit syrien des Saoudiens – maintenant complètement ridiculisée par le fait que les États-Unis eux-mêmes renforcent le camp chiite en offrant Mossoul au gouvernement chiite de Bagdad qu'ils ont installé. Cette grille de lecture ethnico-religieuse a favorisé l'enlisement du conflit syrien et le renforcement des organisations djihadistes. Elle a amené le gouvernement à lancer la France dans une « guerre au terrorisme » perdue d'avance, car on ne fait pas la guerre à des concepts, au lieu de favoriser des solutions politiques sans lesquelles les embardées militaires ne font que produire encore plus de terroristes.

L'artisan principal du tête-à-queue diplomatique français au Proche-Orient, en dehors de François Hollande, Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls, est Laurent Fabius. Fabius a finalisé l'effondrement de la grande diplomatie française au Proche-Orient, disqualifiant la France dans cette région du monde où son influence a longtemps été importante, laissant le champ libre à de nouveaux acteurs comme la Russie et même la Chine. Mais Fabius s'est surtout surpassé en Syrie. Alors que la conférence de l'opposition démocratique syrienne se déroulait à Genève, le 30 janvier 2013, Fabius a organisé, le même jour, une contre-conférence de « l'opposition syrienne » à Paris, réunissant des intervenants adoubés par le Qatar et l'Arabie Saoudite. Il a ainsi fortement contribué à saborder les accords de Genève 2 quand Assad était encore faible, que Daech n'était pas pleinement constitué et que la Russie n'était pas intervenue en Syrie.

Comme le rapportait France Info le 14 mars 2013, Fabius a été l'un des acteurs principaux, en France, de la levée de l'embargosurla livraison d'armes aux djihadistes, sous couvert d'armement de « l'opposition démocratique », tout en sachant parfaitement où ces armes atterrissaient concrètement. Son rôle dans l'assistance par la France de groupes djihadistes serait à déterminer, mais mérite en soi une enquête parlementaire. Fabius a été, au gouvernement français et dans le camp atlantiste, un des principaux boutefeux exigeant une intervention militaire contre Damas après l'attaque chimique contre le quartier de la Ghouta, faisant preuve d'une inconséquence extrême. On se souviendra que la France s'est ridiculisée dans cette affaire après qu'Obama s'est rétracté – fort heureusement d'ailleurs, car cela aurait sans doute permis à Daech de prendre la capitale syrienne, plongeant alors le Proche-Orient dans une situation géopolitique inédite et particulièrement explosive. Il est apparu récemment que cette attaque avait été réalisée à partir d'un stock de gaz… libyen, selon l'organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OPCW). Fabius a également été en première ligne, en France, pour donner aux groupes terroristes djihadistes des appellations aux connotations positives telles que « résistants », « rebelles », « rebelles modérés », etc. Il n'a jamais rien eu à redire sur l'attitude de la Turquie dont j'ai rappelé plus haut le rôle de base arrière des djihadistes.

L'impossibilité de parvenir à un accord pacifique – certes, très difficile – en Syrie entre les différents belligérants est le fait d'une politique atlantiste folle où le départ de Bachar el-Assad était présenté comme le préalable à toute négociation. Fabius a été un des plus fanatiquesinstigateursde cette politique désastreuse pour la paix dans le monde, mettant de l'huile sur le feu d'une guerre qui n'en avait pas besoin. Par contre, Fabius avait les yeux de Chimène pour… Al-Qaïda. Ce seul point devrait le conduire devant la Cour de justice de la République pour trahison. Fabius déclarait en effet, en décembre 2012, à Marrakech : “Le front Al-Nosra fait du bon boulot en Syrie, il est difficile de les désavouer“. Pour rappel, Al-Nosra est la branche syrienne d'Al-Qaïda. Récemment, sous la pression de la Turquie et du Qatar, cette organisation s'est rebaptisée « Jabhat Fatal al-Cham », afin d'apparaître plus acceptable aux yeux des médias occidentaux, en particulier dans ce que certains qualifient de « défense d'Alep », soit la prise en otage de plusieurs dizaines de milliers d'habitants dans un peu plus d'un tiers de la ville.

Il est plus que temps pour ceux qui sont aux commandes de la diplomatie française de rendre des comptes. L'histoire les jugera, mais il est légitime d'ores et déjà de se demander qui la France a armé dans le conflit syrien – puisque cet armement est maintenant avéré –, avec quelles armes et avec quel suivi. Les citoyens doivent se réapproprier ces questions et exiger des réponses claires quant au choix des alliances dans lesquelles la France a été engagée. L'Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie, les États-Unis ont des intérêts qui pour beaucoup ne sont pas les nôtres. Ils ont hautement contribué à la déstabilisation du Proche-Orient, avec pour résultat immédiat des actions terroristes à répétition, d'abord dans le monde arabe, puis en France et en Belgique, et l'escalade militaire qui a conduit aux tragédies telles que celle d'Alep-Est.

La France doit cesser de s'enfermer dans des postures dogmatiques et retrouver, notamment sur le dossier syrien, la diplomatie de médiation qui a, dans un passé pas si lointain, été sa marque de fabrique. Elle devrait ainsi, tout en soutenant les restes de l'opposition démocratique à Bachar al-Assad, chercher à construire une coalition internationale sous mandat de l'ONU pour éradiquer les groupes terroristes les plus dangereux. Il faudrait rouvrir l'ambassade de France à Damas, non en soutien au régime syrien (si les ambassades ne fonctionnaient que dans les pays respectant la démocratie et les droits de l'homme, il faudrait en fermer des dizaines), mais pour se donner les moyens d'une action sur place, permettre l'échange d'informations avec les services de renseignement, disposer d'une antenne officielle de la DGSE et offrir un appui, sinon un point de repli, aux éventuels opposants au régime. Il faudrait pour cela que la France retrouve son indépendance en sortant de l'OTAN et se démarque totalement du Qatar, de l'Arabie Saoudite et de la Turquie pour contribuer à les forcer à modifier leur ligne géostratégique. C'est en définitive tout le système d'alliances de la France et sa vision internationale qui doivent être repensés si nous souhaitons à horizon visible contribuer à mettre un terme à la menace de la guerre et du terrorisme.

Source : Le blog de Djordje Kuzmanovic20/12/2016

URL: http://www.les-crises.fr/alep-plaidoyer-pour-la-liberte-danalyse-et-une-geopolitique-coherente-de-la-france-par-djordje-kuzmanovic/

Ukraine – on en rirait presque… (mise à jour)

Ukraine – on en rirait presque… (mise à jour)

[Billet publié le 13 mai 2016] En Ukraine, le président du Parlement, Volodymyr Groïsman, a été nommé premier ministre en remplacement de Iatseniouk. On lira sa prose délirante des années 1990 dans ce billet.

Bien entendu, nos médias ne reprennent pas les dépêches internationales (contrairement aux ukrainiens ou aux arméniens par exemple) précisant l'identifié du nouveau Président du Parlement : le bien connu André Parouby :

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article du grand quotidien ukrainien traduit donc par Le Monde avec une fidélité toute strausskahnienne :

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Bilan de la presse française :

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Ce qui est dommage, quand on connait le pédigrée du type – il n’y a qu’à consulter Wikipédia, certes en anglais :

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mais on a déjà l’essentiel en français :

“En 1991, il fonde le Parti social-nationaliste d’Ukraine avec Oleg Tyahnybok; ce parti combinant le nationalisme radical et plusieurs traits néo-nazi et se revendiquait du nazisme.” [Wikipédia]

Pour mémoire, il a créé le parti néo-nazi ukrainien “Parti social-national ukrainien” en 1991, devenu Svoboda en 2004 – au moment où il l’a quitté. Il en a longtemps dirigé la milice paramilitaire (les SA locaux quoi)…

Il faut le voir pour le croire… Par chance, nous avions réalisé un long dossier là-dessus en 2014… :

 

Eh bien le 26 avril, Parouby a fièrement tweeté sa rencontre fructueuse avec la Ministre américaine des affaires étrangères pour l’Europe, la fameuse Victoria Nulland, et son souhait de continuer à sanctionner la Russie :

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Mais chuuuuut, c’est surement de la propagande pro-russe payée par le Poutine du Kremlin de Moscou de sinistre mémoire…

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Mais bon, cela rappelle le bon vieux temps pour les États-Unis notez…

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Mise à jour mai 2016

Je découvre qu’il avait été reçu avant même sa nomination, en février 2016, au Canada, par le Premier Ministre Libéral-qui-est-trop-moderne-et-chouette Justin Trudeau :

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Et là, le 13 mai, par le Président de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (source) :

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Bref :

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N’hésitez donc pas (et je vous y encourage vivement) à faire un petit tweet avec l’image en anglais audit Président : Pedro Agramunt : @PACE_President

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EDIT : Lire ici ce billet sur les écrits de 1999 de Parouby

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Conclusion :

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URL: http://www.les-crises.fr/ukraine-on-en-rirait-presque/

[Maïdan, 2 ans déjà] L’information sur l’Ukraine vue par le Monde…

[Maïdan, 2 ans déjà] L'information sur l'Ukraine vue par le Monde…

[Video du 20/02/2016] Un petite vidéo “clin d’oeil” pour tous ceux qui ont suivi de près les évènements en Ukraine il y a 2 ans, avec Piotr Smolar…

Une pièce de plus dans la longue “martyrologie” de l’information en France…

Version sous-titrée en russe :

N’hésitez surtout pas à rediffuser !

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Les Ukrainiens commémorent la répresssion sanglante du Maïdan

Article pas très tendre de l’AFP, mais il faut parfois savoir lire entre les lignes

Souce : AFP dans L’Obs, 20/02/2016

Kiev (AFP) – Les Ukrainiens commémorent samedi la répression sanglante du Maïdan, il y a deux ans, épicentre de la contestation pro-européenne, entre la fierté d’avoir changé le cours de l’histoire [OB : Coup d’État, guerre civile !] et l’amertume face à la lenteur des changements [OB : les non-changements du tout] pour lesquels ils avaient milité.

Une marche aura lieu samedi matin sur l’allée de la Centurie céleste où sont morts la plupart de plus de 100 victimes de la répression. Des “projecteurs de la dignité” seront allumés dans la soirée sur des endroits où sont tombés les manifestants.

Une prière pour l’Ukraine et d’autres rassemblements réunissant soldats qui avaient combattu dans l’Est séparatiste prorusse, volontaires et militants auront lieu dans la journée.

Les deux années qui ont suivi ces violences à Kiev, ont été ponctuées par des bouleversements tragiques pour les Ukrainiens.

Après la chute du régime prorusse du président Viktor Ianoukovitch [OB : qui a passé 4 ans à mégocier un accord d’association avec l’UE, et qui a eu comme ministre le président actuel – super “prorusse” le gouvernement !]  en février 2014, la Russie a annexé le mois suivant la péninsule ukrainienne de Crimée. Peu après, un conflit armé dans l’Est a éclaté faisant depuis plus de 9.000 morts.

Plus de 250 responsables présumés des tueries sont poursuivis par la justice ukrainienne, mais aucune condamnation retentissante n’a encore été prononcée.

Le niveau de vie de la plupart des Ukrainiens a drastiquement chuté dans le sillage de la dépréciation de la monnaie et de l’inflation. Et le pays a sombré dans des querelles politiques [OB : comment ça “querelles politiques ?” Lesquelles ?] entre dirigeants pro-occidentaux et des scandales de corruption qui rappellent les pratiques courantes du régime d’avant le Maïdan.

– ‘capables de tout’ –

Mais ceux qui ont participé aux trois mois de contestation sur le Maïdan se réjouissent aujourd’hui du changement des mentalités provoqués par ce soulèvement, même s’ils sont déçus par le pouvoir en place.

Ils reprochent surtout aux autorités leur échec total dans la lutte contre la corruption, une des principales exigences du Maïdan.

Oui, enfin, ça veut donc dire que les nouveaux sont corrompus, quoi…

“Mes espoirs pour la lutte contre la corruption n’ont pas été satisfaits. Mais nous sommes capables de faire tout cela. Je suis content que les gens soient mobilisés depuis le Maïdan”, explique Konstantin Levitski, un étudiant de 30 ans.

“Sur le plan moral les changements ont été positifs. Les gens ont cessé d’avoir peur du pouvoir. Si nous avons renversé la “Famille de Ianoukovitch” (le très puissant clan politico-financier de l’ancien président, ndlr), nous sommes capables de chasser tout pouvoir si nécessaire“, lance-t-il.

Encore un gars bien. Comme l’Ukraine a toujours été une Démocratie, il suffit aussi d’attendre les prochaines élections, hein…

Une mise en garde adressée au président Petro Porochenko, l’un des hommes les plus riches du pays dont la fortune a grimpé depuis son arrivée au pouvoir malgré la crise et la guerre qu’il avait promis d’arrêter en trois mois.

Les gens au pouvoir n’ont pas changé. Le président a fait des tas de promesses qu’il n’a pas tenues”, insiste l’étudiant.

Pour l’avocat Roman Masselko, 35 ans, qui a défendu les militants arrêtés pendant la contestation, c’est l’impunité qui érode le système.

Le banc des accusés est très petit, deux ans après le massacre et ce sont de simples exécutants qui sont poursuivis“, a-t-il affirmé à l’AFP. “L’enquête est délibérément sabotée (…) et la responsabilité en revient au pouvoir politique“, juge M. Masselko.

OB : euh, ah bon, on ne poursuit pas bien les crimes commis par le régime honni précédent ?

Et le gouvernement a saboté l’enquête sur 100 morts en Europe ? Et ça ne fait la Une, ni l’objet d’enquêtes de journalistes occidentaux ??

Sur 330 juges accusés d’avoir rendu des jugements injustes contre les militants du Maïdan, “seulement 10 ont été limogés, une vingtaine font l’objet de poursuites criminelles, mais 90% d’entre eux continuent de travailler”, s’insurge-t-il.

Malgré ce constat amer, l’avocat reste optimiste : “Après le Maïdan la société ukrainienne sait qu’il n’y a pas de portes qui ne puissent être ouvertes”.

Et Kateryna Chevtchenko, 63 ans, s’emporte contre les dirigeants d’aujourd’hui qui “se sont servis des manifestants”. “Cette année je n’ai même pas pu m’acheter une bouteille de vin mousseux pour le Nouvel an. Et là-haut ils continuent de voler“, peste la retraitée qui avait manifesté jour et nuit en 2014, se disant prête à recommencer.

Beau bilan, quoi…

Souce : AFP dans L’Obs, 20/02/2016

URL: http://www.les-crises.fr/maidan-2-ans-deja-linformation-sur-lukraine-vue-par-le-monde/

[Scandale] Un FAKE était la source du Monde pour pourrir ma réputation ! (Fake inventé par Bruno Zeni sur LeMonde.fr !)

[Scandale] Un FAKE était la source du Monde pour pourrir ma réputation ! (Fake inventé par Bruno Zeni sur LeMonde.fr !)

  • I. LA Source du Monde pour essayer de détruire ce blog
  • II. Bruno Zeni
  • III. La grosse Intox / “Fake News” de Bruno Zeni
  • IV. Le service après-vente du Fake par Bruno Zeni
  • VI. C’est là que c’est “énorme”…
  • V. Quant à la 2e accusation…
  • VII. Bonus
  • VIII. Attends, attends, il y a d’autres victimes du Monde !
  • IX. Nouveau “Big Up” à l’équipe des Décodeurs du Monde

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Article important pour illustrer les dérives qui se succèdent depuis 6 mois.a

Et en échange de la longueur, vous verrez que c’est vraiment drôle. (enfin, parce que ce n’est pas vous qui en êtes la cible…).

Il se résume très simplement : la source des Décodeurs du Monde pour attenter à ma réputation est un gros fake délirant, très simple à détecter !

I. LA Source du Monde pour essayer de détruire ce blog

Comme vous le savez, les gommetteur en chef des Décodeurs du Monde, ont décidé d’en attribuer une rouge à ce site, au motif suivant :

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Je rappelle ma vision, que j’avais exposée clairement là par exemple, en encadré dès le début pour que tout le monde comprenne assez facilement :

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En gros, je suis assez proche de la vision de Valery Giscard d’Estaing exposée ici !

Et plus généralement je ne crois à aucun complot délirant ! Et surtout pas en Ukraine ! Il faut vraiment ne jamais avoir lu un seul de mes billets pour oser prétendre le contraire…

Et je me suis crevé à faire une série pour démonter les théories fantaisistes sur le 11 Septembre – 10 billets ici sur le seul Pentagone, avec des centaines de photos !

Comme vous le voyez, à l’appui de ce choix de classer ce site avec les Reptiliens et les Antisémites : UNE source unique, indiquée clairement par les Décodeurs du Monde :

Ainsi, un journaliste s’appuie sur une SEULE SOURCE, qui est un BLOG hébergé par LeMonde.fr pour classer ce site en ROUGE DANGEREUX NE RESTEZ PAS LÀ !!!!

Sachant pertinemment qu’en agissant ainsi, il vise à détruire ma réputation, à détruire des années de travail ayant permis de publier près de 3 000 billets, voire à détruisant ma vie sociale (parce que de tels propos tamponnés par Le Monde fort de son image peuvent signer une véritable mort sociale.

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II. Bruno Zeni

J’ai dû voir de mémoire, 3 fois dans ma vie, M. Bruno Zeni, alias Onubre Einz, entre 2010 et 2013.

Il avait lancé un petit blog personnel, dont 100 % des billets étaient des analyses de graphiques sur la Crise économique américaine (Croissance, Dette…).

Là où j’aurais évidement dû me méfier, c’est que son blog était hébergé sur lemonde.fr… (Source)

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Comme je faisais moi aussi ce genre de graphiques, que mon blog avait connu un succès très rapide (bien aidé au démarrage par Paul Jorion, qui m’avait fait connaitre en reprenant certains de mes billets sur le sien, ce dont je lui suis très reconnaissant), et que Bruno Zeni désespérait d’avoir un faible lectorat, il m’avait semblé naturel de lui proposer de faire la même chose en reprenant gracieusement 9 ou 10 de ses billets, comme je le faisais d’ailleurs avec d’autres blogueurs – 1 de plus ou 1 de moins me suis-je dit, si ça peut aider la cause d’Internet…

Zeni accepta donc, tout heureux de pouvoir accéder, – enfin -, à un peu de notoriété. Cependant  ses billets devenant plus agressifs envers d’autres économistes, et générant des retours plutôt négatifs, il était clair pour moi que je ne renouvellerai pas l’expérience à la fin de la série de “Onubre Einz”. En mai 2014, je commençais ma série Ukraine, qui visait à montrer que la réalité était bien plus complexe que le conte de fées présenté par la presse.

Bruno Zeni s’énerva alors brutalement, et m’écrivit d’abord pour que je cesse d’évoquer des questions sur lesquelles, selon lui, j’écrivais n’importe quoi. Je demeurai stupéfait, car outre qu’il ne parlait jamais de géopolitique, il était surtout incapable de m’expliquer clairement en quoi j’aurais pu me tromper (pour que je corrige éventuellement) et en quoi les visions présentées sur ce site étaient fausses (ma vision rejoignait celle de Pierre Maillard, l’ancien conseiller diplomatique de Charles de Gaulle, que j’étais allé interviewer…). Il me demanda rapidement, courroucé, de cesser sa collaboration et me demanda que j’efface tous ses billets, ce que je fis. Les choses en restèrent là – sans la moindre acrimonie de ma part (cesser de le publier m'arrangeait), puisque tout ceci relevait pour moi plus de la 4e dimension qu’autre chose, et je passais à la suite de la série sur l’Ukraine.

Mais on me signala un jour, début 2015, qu'”Onubre Einz” avait écrit sur son blog l’été 2014 plusieurs billets m’attaquant fortement de façon diffamatoire et injurieuse. Hélas, et il faut savoir, la prescription de la diffamation sur Internet est de 3 mois, et je ne pouvais de plus rien faire – la loi sur la presse de 1881, applicable ici, ne semblant plus très compatible avec Internet…

Mais avant d’aller plus loin, je vais enfin répondre à son billet.

III. La grosse Intox / “Fake News” de Bruno Zeni

L’attaque principale de Bruno Zeni contre moi concerne ce passage de mon article source du 8 mai 2014 sur la Responsabilité de l’UE dans la Crise ukrainienne, indiquant :

Au sommet Europe/Ukraine du 25 février 2013, Viktor Ianoukovitch indiqua qu'il ferait de son mieux pour répondre aux demandes européennes, et déclara :

« Je poursuis les négociations avec la Russie pour trouver le bon modèle pour une coopération avec l'Union Douanière orientale »

Mais ce même jour, le président de la Commission José Manuel Barroso indiqua que :

« Un pays ne peut à la fois être membre d'une union douanière et dans une zone avancée de libre-échange avec l'Union européenne »

"Source : UKRINFORM"  (http://www.ukrinform.ua/eng/news/barroso_reminds_ukraine_that_customs_union_and_free_trade_with_eu_are_incompatible_299321)

Rien de bien extraordinaire en soi : oui, l'UE a simplement rappelé une évidence économique : l’Ukraine, qui appartenait alors à la Zone de libre échange avec la Russie (ce qui profitait beaucoup aux régions frontalières de l’est, industrialisées) ne pouvait appartenir à deux zones de libre-échange à la fois. Cela tombe sous le sens, sinon, il n'y en a pratiquement plus qu'une de facto. Bref, l’information que j’ai rapportée est importante… et très logique.

Et là, Bruno Zeni m’accuse :

B – L'utilisation douteuse des sources.

On est en droit d'attendre de cette lecture qu'elle soit étayée par des sources solides et indiscutables sur les choix tragiques de l'UE. On notera que deux citations de Barroso sont utilisées, la première fermant la porte à une union douanière complémentaire avec la Russie, la seconde confirmant cette option qui a tout d'un Diktat.

La source de la première citation de Barroso est la suivante :

Barroso reminds Ukraine that Customs Union and free trade with EU are incompatible

KYIV, February 25 /UKRINFORM/. European Commission President Jose Manuel Barroso has reiterated the EU's official position that Ukraine cannot simultaneously have a free trade area with the EU and be a member of the Customs Union of Russia, Belarus and Kazakhstan.

He said this at a joint press conference after the EU-Ukraine summit, which took place in Brussels on Monday, a UKRINFORM correspondent reported.

« Agreements on the establishment of a deep and comprehensive free trade area between the EU and Ukraine contain obligations that need to be fulfilled. We discussed this issue with President [Viktor] Yanukovych today. Our positions were clearly defined… One country cannot at the same time be a member of a customs union and be in a deep common free-trade area with the European Union. This is not possible, » Barroso said.

However, he noted that there are « some pragmatic ways to address this issue. »

« And we have to respect the position of Ukraine, » Barroso said, adding that Kyiv and Brussels have a common goal of political association and economic integration.    Ap

(http://www.ukrinform.net/rubric-economics/1461921-barroso_reminds_ukraine_that_customs_union_and_free_trade_with_eu_are_incompatible_299321.html)

Cette source paraît d'autant plus solide qu'elle a été publiée par une agence américaine Ap pour Associated Press.

Mr OB aurait dû faire preuve à l'égard de cette source d'une « méfiance élémentaire » et d'un « esprit pragmatique ».

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Euh, eh bien, la source était pourtant bien dans l'article du blog Les-crises, que Bruno Zeni cite lui-même (on la trouve d’ailleurs archivée ici) :

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Rappelons – et l'auteur semble l'ignorer, c'est le souci quand on écrit pour critiquer sans connaitre le sujet  – que UkrInform est la seule agence de presse nationale Ukrainienne :

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Normalement, c’est déjà largement suffisant pour un journaliste professionnel dans un grand média – alors pour un blogueur amateur… Mais passons.

“Onubre Einz” va alors nous donner une leçon magistrale de “vérification de dépêche d’agence de presse” (sic.) :

Il sait comment on vérifie une source : il suffit de reprendre un extrait significatif du texte et de la placer dans la barre de recherche de Google. Cette simple démarche, régulièrement utilisée par OB pour montrer comment les dépêches d'agences sont reprises sans discernement, ne peut lui être étrangère.”

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Bruno Zeni semble ignorer que les dépêches d’agence sont soumises à un strict droit d’auteur !! Elles se payent et très cher (genre 3 bras) un abonnement au fil de toutes les dépêches AP !!! (quelqu’un connait-il l’ordre de grandeur du prix d’ailleurs ? Merci)

Donc si on ne trouve rien, cela signifie que la dépêche n’a été reprise telle quelle par aucun média sur son site internet ouvert, c’est tout. Elle peut être reprise sur un site avec abonnement, sur l’édition papier, ou juste non reprise, point. Cela ne prouve pas sa fausseté ! Une recherche Google avec résultats peut prouver qu’une dépêche est probablement vraie (ce que je n’ai JAMAIS cherché à faire, je ne suis pas toqué, je regarde juste que tous les médias ont la même source AFP…), mais une recherche Google vide ne prouvera jamais rien quant à la véracité de la dépêche…

Et encore, si on la retrouve, et qu'elle est largement reprise, c’est qu'elle est probablement vraie ; mais si seuls 3 ou 4 sites la relaient, ils ont peut-être simplement utilisé la dépêche UkrInform – et comme Onubre Einz remet en cause sa véracité…

Sérieusement, comment des journalistes professionnels qui ont lu cette simple phrase ont-il pu prendre Bruno Zeni au sérieux ensuite ? On rêve…

Bref, ces méthodes montrent qu’on aboutit à une impasse, et c’est pourquoi on fait généralement confiance aux dépêches de grandes agences de presse

Mais il continue :

“Nous avons donc procédé à la recherche de la source Barroso. Cette dépêche de l'associated Press est un faux grossier ! Les déclarations prêtées à Barroso n'ont jamais été prononcées par lui. Ce texte n'aurait pu être ignoré par l'ensemble des médias du monde entier, Russes compris. Elle avait en effet une importance politique exceptionnelle, elle formule une exclusive vis-à-vis de la Russie.”

bruno-zeni

 

Bon, ok, cherchons :

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Ouch… Ah oui, 438 pages selon Google quand même…

Bon, cela semble suffisant, non ? Ben non :

Faux grossier ? Il suffit pour s'en convaincre de rechercher le point de presse de Barroso dont seraient extraites les déclarations de Barroso. L'ensemble des déclarations du point de presse se trouve à l'adresse suivante. http://eeas.europa.eu/top_stories/2013/250213_eu-ukraine_fr.htm. […]

On n'y trouve guère les propos rapportés par Ukinform, propos repris nulle part ailleurs.

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Enfin, nulle part sauf dans 438 pages…

Et on le trouve même sur  Wikipédia – pour dire le niveau de confidentialité…

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Oui, eh bien s'il n’a pas tenu ces propos dans la première partie de cette conférence de presse retranscrite, il a pu les prononcer dans les questions à la fin, dans une interview donnée à un média… C’est pour cela qu’on envoie des journalistes sur place, sinon, il suffirait de recopier les comptes rendus…

De là à conclure que c’est un faux grossier… ?

En fait, je l’avais trouvée dans… Wikipédia, sur l’article phare pour le sujet évoqué : Ukraine–European Union Association Agreement – que Bruno Zeni n’a donc même pas lu, c’est dommage, tout est bien expliqué, mon article en était principalement un résumé…

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Bref, en gros, tu traduis Wikipédia, et on te traîne dans la boue, normal quoi… :

“La source qu'utilise OB est donc un bien un faux grossier. Il était facile de démonter ce canard. Elle joue pourtant un rôle central dans une argumentation faisant porter à l'UE la responsabilité d'une erreur tragique initiale commandant la suite des événements. La contre-information bascule alors inévitablement dans la désinformation que cette contre-information est sensée combattre.

Au-delà du faux grossier utilisé se pose un problème politique qui aurait dû mettre la puce à l'oreille à notre grand donneur de leçon en matière d'information.

Imaginons que Barroso ait dit ses paroles, faisons l'hypothèse qu'elles aient bien été reprises par la presse internationale ; quel poids leur accorder ? Aucun ! si cette exclusive Européenne n'est pas dans le texte des accords en train d'être négociés, les propos de Barroso n'engagent que lui. Je mets évidemment OB au défi de trouver cette clause dans les textes de l'UE qu'il évoque.

Si cette citation n'existe pas, alors la Russie a bien fait des pressions, mais pour faire dérailler un accord qu'elle ne voulait pas. Il y a bien rivalité autour de l'Ukraine qui est un champ de force pour son plus grand malheur.”

Et tout ça pour un sujet trivial ! De plus, la réalité a confirmé les propos., l’Ukraine a quitte la zone russe fin 2016 – Courrier International le 4 janvier 2016 :

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Mais bon, pour qu’il n’y ait plus le moindre doute, et former un peu “Onubre Einz” au journalisme, j’ai du coup “vérifié la source de la source” l’année dernière ; pas par Google; mais de la seule façon possible, en demandant une confirmation directement à Associated Press (je les en remercie, ils sont très professionnels – même s’ils ont été très étonnés de ma démarche, ce n’est pas fréquent qu’on les contacte pour valider leur dépêche chez un de leurs très grands clients ! J’ai menti en disant que c’était à cause d’un dingue qui me harcelait… 🙂 ), qui m’a confirmé la véracité de la dépêche qui nous aura bien occupée… :

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Merci à Associated Press (après, je n’ai pas vérifié Associated Press, j’avoue…)

On notera au passage qu’elle est encore un peu plus dure que les extraits repris dans la presse :

“BRUXELLES (AP) : Les dirigeants de l’Union européenne avaient un  message très direct lundi dernier pour le président de l’Ukraine : choisissez entre une union douanière avec la Russie et un accord de libre-échange avec nous. Vous ne pouvez pas avoir les deux.
«Un pays ne peut pas en même temps être membre d’une union douanière et être dans une zone de libre-échange commune approfondie avec l’Union européenne», a déclaré José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, organe exécutif de l’UE. “Ce n’est pas possible.”
¶ Mais cela semble être ce que le président ukrainien Viktor Ianoukovitch espère atteindre. L’Ukraine, a-t-il dit, est en négociations avec la Russie pour “trouver le bon modèle” pour une coopération avec l’Union douanière. Et il a dit, aussi, que le chemin pro-UE de l’Ukraine avait été fixé par la loi et ne pouvait dorénavant être changé.
¶ La Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie sont membres d’une union douanière qui prévoit une intégration économique plus étroite, d’une manière similaire à l’Union européenne, avec une libre circulation des marchandises. Cela ferait dès lors d’un accord de libre-échange entre l’UE et l’Ukraine un accord de libre-échange aussi avec les autres pays.
¶ L’échange est survenu lors d’une conférence de presse après un sommet UE-Ukraine à Bruxelles.”

Ayiéééé, c’est bon cette fois ?

Au fait, qu’a indiqué Onubre Einz au fait ?

Ce texte n'aurait pu être ignoré par l'ensemble des médias du monde entier, Russes compris. Elle avait en effet une importance politique exceptionnelle, elle formule une exclusive vis-à-vis de la Russie.”

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Eh oui, Bruno Zeni, vous venez de découvrir à votre âge avancé le “petit” problème de biais de nos médias – et venez donc de comprendre une des raisons majeure de la crise ukrainienne… Et le pourquoi de l’existence du succès de ce blog – jusqu’à ce Le Monde essaie de le détruire…

Et tant qu’on y est :

Ce texte n'aurait pu être ignoré par l'ensemble des médias du monde entier, Russes compris. Elle avait en effet une importance politique exceptionnelle, elle formule une exclusive vis-à-vis de la Russie.”

bruno-zeni

Euh, cela n’a pas été ignoré par les Russes (c’était de leurs emplois qu’on parlait !), juste par les Européens… Exemple cet article du Moscow Times, un des grands journaux russes :

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Mais soyons clairs, les Russes ont quand même un gros défaut : ils parlent essentiellement russe... Il vaut donc mieux faire votre recherche fétiche Google dans cette langue, hein – vous tomber rapidement sur l’incontournable dépêche RIA, évidemment reprise ensuite dans la presse russe (comme ici  ou ici) :

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bruno-zeni

Voilà, voilà…

Mais laissons le dernier mot à Bruno Zeni :

Ce petit papier montre que la fidélité à ses engagements n'est pas le fort de OB : ne dénonce-t-il pas « la capacité des médias à sauter sur n'importe quelle information allant dans leur sens, la répéter en boucle comme si c'était parole d'évangile sans même faire preuve d'une once d'esprit pragmatique ou de méfiance élémentaire (chapeau le 4e pouvoir !) D'une servilité quasi absolue au 1er…), de laisser de coté ou de mépriser ce qui pourrait affaiblir cette information, et d'à peine évoquer son caractère faux quand il est révélé. » (http://www.les-crises.fr/mh17-4-enormes-manipulations-colportees-par-nos-medias-et-jamais-corrigees/).

Il parait pourtant argumenter à leur imitation. Où est la prudence élémentaire ? Où sont les informations qui pourraient soutenir véritablement la thèse de OB ? L'information retenue n'a t'elle pas été choisie parce qu'elle allait dans un certain sens ? Et pourquoi aller dans ce sens ?

Je crois que les lecteurs OB sont en droit d'avoir une explication : OB aura-t-il le courage d « évoquer le caractère faux de ses informations quand il est révélé. » ?

L'avenir le dira…

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Ben, ayiééééééééééééé, il l’a dit… 🙂

Allez, à votre service Bruno Zeni !

Autre chose ? 🙂

IV. Le service après-vente du Fake par Bruno Zeni

Le souci, c’est qu’Onubre Einz a des commentaires sur son blog, où il peut laisser libre court à sa prose fleurie :

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“La dépêche AP qui intéresse les Russes, reprise par les Russes, n’a été reprise par personne, c’est donc bien que j’ai raison, niark, niark, niark…”

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Jean-Pierre Bescherelle dans ses œuvres… 🙂

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“Comme c’est un faux, elle ne peut donc être vraie, CQFD…”

P.S. Bruno Zeni a fait une deuxième accusation que je développe peu, tant elle est aussi délirante. En mai 2014, un groupe de personne a été fait prisonnier par les rebelles à l’Est de l’Ukraine. La presse s’est contentée de les appeler “des observateurs de l’OSCE”. C’était vrai, mais contrairement au sens habituel, c’étaient des “Observateurs militaires de l’OSCE”. J’avais fait un petit billet léger sur ce petit biais dans les medias (source), où je disais :

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Onubre Einz fait croire que je défends l’idée que c’était tous des espions, ce que je n’ai jamais écrit ni pensé…

 

V. C’est là que c’est “énorme”…

On avait déjà pu lire ça fin 2014 chez Zeni – par un commentateur équilibré :

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D’où la magistrale réponse de Bruno Zeni :

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Donc les propos de Barroso :

  • sont dans Wikipedia
  • et un Commissaire européen a dit exactement comme lui

Eh bien Zeni s’en fout, ce n’est pas rigoureux…

Et pour la fin du paragraphe, comment vous dire, Bruno… ?

Mais le meilleur est à venir. Le 2 février 2017, suite au démarrage du Décodex, un lecteur de Zeni commente (Notez la fin du commentaire précédent de Tietie007) :

bruno-zeni

Le commentateur cite cet article du Spiegel du 24 novembre 2014 (bon, paru 6 mois après mon billet sur Les-crises, mais enfin, au moins les Allemands ont-ils eu l’info, en retard… Fortiche le type, je n’avais pas vu passer cet article). On y lit :

bruno-zeni

Banco !!!!!! Eh bien, c’est clair, j’avais raison depuis le début (enfin, je le savais, ça vient d’AP)…

Bruno Zeni va-t-il rendre les armes ? Ou alors “le Spiegel compte pour du beurre” ?

Eh bien… Oui, le beurre !!! :

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Bruno Zeni a supprimé le commentaire précédent (merci au cache Google….) ! (c’est le début du nouveau commentaire qu’on voit, je l’ai coupé ; vous retrouvez la fin du précédent de Tietie007, comme tout à l’heure ; le commentaire entre les deux a bien disparu)

Et c’est confirmé en plus par Bruno Zeni en personne, un autre commentateur se plaignant de cette suppression :

bruno-zeni

Dois-je vraiment commenter.. ?

J’adore le “sans grand intérêt ma rédigée” pour la preuve que je ne suis pas un faussaire… Allez, zou, à la poubelle la preuve… Merci pour lui!

Du coup, le commentateur censuré est revenu le 6 février en gueulant, et se l’est joué “Spécial handicapés mentaux” :

bruno-zeni

Sauf que le petit problème, c’est que “l’erreur” ne vient pas de moi-même ni du Spiegel… Heum heum…

P.S. Les Allemands ont été informés avec retard. Et les Français lecteurs du Monde ? Il semblerait que non (au conditionnel, signalez-moi si besoin, je manque de temps, vous imaginez) :

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VII. Bonus

Bon, sinon, tout les autres commentaires de Zeni sont du même tonneau, dans une logorrhée verbale sans fin, avec des bouffées de calomnie…

Ca commence par ça, pour montrer le bon esprit (promis, je ne lui ai jamais rien fait, j’ai les mails courtois !), en tête d’un billet, il met en très gros :

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C’est bien de le reconnaitre… Merci aussi pour ce moment de fraternité et de bienveillance…

bruno-zeni

bruno-zeni

(plusieurs fois = de mémoire 2 déjeuners et un café)

Succès facile” avec l’Ukraine ???????????? Je crois que c’est clair – je vous recommande, votre vie est géniale après… !

bruno-zeni

Merci pour les lecteurs…Le Monde suit drôlement bien ses blogs, c’est un régal…

bruno-zeni

Euh, les ligues sous la Quatrième République, tsssssssss, M. Zeni, enfin…

bruno-zeni

Et c’est sûr que le traitement orientée, ça exaspère, hein…

Et pour finir :

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Aussi bon prévisionniste qu’analyste finalement… 🙂

 

Bref, notez que tout ceci n’a suscité AUCUNE méfiance de PLUSIEURS “journalistes”

Merci donc à tous cux qui ont diffusé sur leurs sites des liens vers une telle calomnie envers moi, mon blog, mes lecteurs SANS MÊME LIRE LA PAGE#Professionnalisme #Responsabilité #Éthique

 

VIII. Attendez, il y a d’autres victimes du manque de qualité de la presse !

Tiens, une autre gommette rouge des Décodeurs à un critique des médias – le journaliste Michel Collon :

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Il a droit à 2 sources plus sérieuses lui…

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Et là, que répond Michel Collon aux Décodeurs ? :

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La deuxième pièce justificative du Décodex est particulièrement éloquente. Il s'agit d'un article de Libération, daté du 9 février 2012. « Des réseaux français au service de la Syrie »[8] cite brièvement Michel Collon. Il aurait participé à un voyage de presse en Syrie aux côtés de sympathisants du Front National. Le hic ? Collon n'a jamais fait partie de cette expédition. Il n'a même jamais mis un pied en Syrie. Ainsi, le Décodex, spécialiste du fact-cheking qui invite à « vérifier une information avant de la partager », relaie un article erroné pour justifier la mise au ban d'Investig'Action. Les braconniers ne font pas les meilleurs gardes-chasse ! –

Du travail de pro encore tout ça…

Et ça ? Le orange ça les gêne apparemment – très belle analyse 🙂

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OB : Rien que le titre, quel HUMOUR, j’adore…

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Bref :

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IX. Nouveau “Big Up” à l’équipe des Décodeurs du Monde

Ceci me semble bien correspondre plus à la situation :

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Avec une pensée amicale, sincère, aux grands journalistes du Monde, que je lis avec plaisir régulièrement – je ne mélange pas tout. Mais si vous n’organisez pas votre profession au global et dans l’entreprise, elle va aller de plus en plus mal. Cette histoire orwelienne de “fact-checking” (il n’y a qu’à voir leur page), ce qui met donc de plus en plus en danger l’image de l’ensemble du journal et des grands journalistes du Monde… Et notez que plus le temps passe, plus ça s’étend : c’était un blog externe, ça a été intégré, ça grossit, ça se répand, ça lance un Décodex…

Je voudrais cependant conclure sur la Direction du Monde : car ce gros problème était hautement prévisible : comment espérer un bon résultat en confiant ce genre de projet stratégique – non seulement pour votre entreprise, mais pour le pays – à des personnes qui se sont déjà fait publiquement écorcher vives pour leur manque de rigueur répété ? Et pas par du menu fretin…

Par M° Eolas en plus : Les déconneurs du Monde

“Je suis sorti effaré de la lecture d'un article de la rubrique "les Décodeurs" du Monde intitulé "le juge d'application des peines au cœur des accusations. Une tel ramassis d'approximations quand ce ne sont pas des erreurs flagrantes et des confusions grossières a de quoi me laisser sans voix, ce qui chez un avocat est chose rare, et est désespérant à trouver dans une rubrique se voulant de vérification et de pédagogie, et qui d'habitude remplit fort bien ce rôle.”

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ou par Jacques Sapir par exemple, Directeur à l’EHESS,

Déconnants décodeurs – 24 septembre 2014

Le 20 septembre dernier Le Monde, dans sa rubrique des « décodeurs », publiait un article […] sous le titre racoleur « La sortie de l'euro prônée par le Front national nous ruinera-t-elle ? »[1]. Ce papier contient des ambiguïtés et des erreurs, parfois si énormes, que l'on se demande s'il ne ressort pas d'une rubrique humoristique des « déconneurs ». Je n'aurai pas eu vocation à le commenter si je n'étais cité, et souvent mal cité, dans le cours de cet article. Me voici donc contraint de rétablir les faits, une fois pour toute.

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Le pire est que, l‘auteur n’a même pas pris le temps de contacter les victimes de son gommettage pour enquêter sérieusement, recueillir l’opinion des intéressés ou ce qu’il avaient à répondre aux liens qui les mettaient en cause (dans mon cas, cela aurait été assez vite -quoique on verra-, vu qu’ils étaient visiblement délirants).

Et toujours dans mon cas, dans l’hypothèse où Bruno Zeni ait eu raison, le fait que la source UKRINFORM que je citais sur un point relativement peu important (car évident), au milieu d’un long article, d’une immense série sur l’Ukraine sur laquelle je me suis échiné, aurait-elle dû entrainer la fichue gommette rouge, donnée aux sites de reptiliens et autres fascistes ?

On notera aussi qu’ils ont mis en source pour justifier de me diffamer et essayer de détruire ce site une source, un blog du monde.fr.

oublient de consulter leur propre Décodex…

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P.S. Message personnel à Bruno Zeni :

  1. ne vous fatiguez pas à effacer des trucs sur votre blog, les constats d’huissiers ont bien entendu déjà été faits. Et en plus, tout est visible sur ce billet…
  2. vous qui rêviez tant de notoriété, excellente nouvelle, vous allez probablement devenir célèbre ! (non, vraiment, ne me remerciez pas, c’est vraiment vous qui avez tout fait…)

P.P.S. Et le pire, c’est que ce n’est pas fini ! À suivre tout à l’heure…

URL: http://www.les-crises.fr/scandale-un-fake-etait-la-source-du-monde-pour-pourrir-ma-reputation-fake-invente-par-bruno-zeni-sur-lemonde-fr/