jeudi 26 janvier 2017

La pollution de l’air dans le monde

La pollution de l'air dans le monde

Nous allons nous intéresser aujourd’hui à la pollution de l’air dans le monde.

Voici une carte de la pollution aux PM2,5 (Source) :

pollution air particules

pollution air particules

On voit que les zones polluées sont les zones désertiques (à cause du sable) puis l’Inde et la Chine (nature + industrie).

pollution air particules

pollution air particules

Cela apparaît bien sur ce graphique :

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Voici le liste des pays les plus et moins pollués aux particules fines PM2,5 (Source):

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Voici de même les villes les plus polluées au monde en PM10 (norme OMS : 20 µg/m3) :

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et les villes les plus polluées au monde en PM2,5 (norme OMS : 10 µg/m3) :

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Plus de 80% des gens vivant dans des zones urbaines où la pollution atmosphérique est surveillée sont exposés à des niveaux de qualité de l'air ne respectant pas les limites fixées par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Si toutes les régions du monde sont touchées, les habitants des villes à revenu faible sont ceux qui en subissent le plus les conséquences.

D'après la dernière base de données sur la qualité de l'air en milieu urbain, 98% des villes de plus de 100 000 habitants dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ne respectent pas les lignes directrices de l'OMS relatives à la qualité de l'air. Néanmoins, dans les pays à revenu élevé, ce pourcentage tombe à 56%.

Entre 2008 et 2013, les niveaux mondiaux de pollution atmosphérique en milieu urbain ont augmenté de 8% malgré les améliorations enregistrées dans certaines régions.

Voici les proportions d’habitants des villes qui ont vu leur exposition augmenter ou diminuer sur la période :

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Voici également la situation de grandes villes en Occident :

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On note que le niveau est nettement plus faible aux États-Unis – en raison de l’espace du territoire et du fait que la population est souvent concentrée en façade maritime.

C’est cependant à relativiser, voici la situation des mégalopoles de plus de 14 millions d’habitants (+ Paris) :

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Cela s’observe au niveau des normes réglementaires :

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On constate que les normes européennes de particules fines sont très élevées – et clairement déconnectées des avancées scientifiques depuis 15 ans. Les normes OMS de 2005 vont d’ailleurs probablement bientôt baisser (Source OMS 2013 – les normes OMS de 2005 en français sont ici et . Mise à jour 2016 ici) :

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Terminons enfin par quelques mots sur la Chine, qui connaît de plus en plus d’épisodes de pollution aux particules. Celui de décembre 2016 a approché les 600 µg, des dizaines de fois plus que la norme journalière de l’OMS :

pollution air particules

Cette pollution fait donc des ravages dans ce pays :
pollution air particules

pollution air particules

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pollution air particules

pollution air particules

pollution air particules

Terminons par une visualisation du transport mondial du carbone suie :

Ce carbone suie contribue grandement au réchauffement climatique. Il absorbe le rayonnement solaire incident et réfléchi, chauffant ainsi l’atmosphère. Des études récentes suggèrent que le carbone noir pourrait représenter jusqu’à 25 % du réchauffement climatique observé à ce jour…

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Nuages de carbone suie (Source : NASA)

URL: http://www.les-crises.fr/la-pollution-de-lair-dans-le-monde/

Jean-François Kahn : pourquoi cet étrange silence médiatique depuis la chute d’Alep ?

Jean-François Kahn : pourquoi cet étrange silence médiatique depuis la chute d'Alep ?

Source : Le Figaro, Jean-François Kahn, 20-01-2017

FIGAROVOX/TRIBUNE – Fin 2016, le régime syrien s’emparait de l’Est d’Alep, contrôlé depuis 2012 par les rebelles, pour certains djihadistes. Jean-François Kahn craint une forme d’autocensure alors que c’est en affrontant la réalité qu’on mettra en échec les campagnes de désinformation.


Jean-François Kahn est un journaliste et écrivain français, historien de formation. En 1984, il crée L’Événement du Jeudi puis, en 1997, l’hebdomadaire d’information Marianne dont il est le directeur jusqu’en 2007.


Depuis trois semaines j’attends.

Quoi ?

Que les envoyés spéciaux se précipitent à Alep et répondent enfin à ces questions: qui étaient exactement les rebelles qui contrôlaient l’Est de la ville, démocrates? Islamistes modérés? Islamistes radicaux? Que s’est-il vraiment passé sous leur domination et pendant les destructrices reconquêtes, comment réagit la population, y a-t-il eu des exécutions de civils et qui s’en est rendu coupable (ou le plus coupable)?

Pour l’instant, j’attends toujours. Les médias et sites d’information poutinesques ou pro-Assad multiplient les témoignages, ou pseudo témoignages, à sens unique et triés sur le volet qui confortent, évidemment, leur vision des choses. Mais, en face, rien. A une information unilatérale et biaisée, répondrait-on par une autocensure? Ici, voilà ce que je veux entendre et, là, voilà ce que je ne veux pas entendre. Désinformation passive contre désinformation active.

La question – et tous les citoyens aspirant à une information pluraliste et honnête pourraient s’en emparer – est celle-ci: même au profit d’une cause juste toute désinformation, active ou passive, est-elle licite?

Il était juste de soutenir la résistance afghane à l’invasion soviétique: pour autant, fallait-il, comme on l’a fait, occulter le fait qu’une fraction des moudjahidins véhiculait une idéologie bien pire encore que celle que représentait le pouvoir en place à Kaboul?

Il était juste d’être critique avec le régime algérien, dont la hiérarchie militaire tirait toutes les ficelles: pour autant, fallait-il répéter en boucle, comme certains le firent, que ce n’étaient pas les terroristes islamistes, préfiguration de Daech, qui tuaient et massacraient, mais leurs adversaires qui se massacraient eux-mêmes?

Il était juste de soutenir l’aspiration du peuple kosovar à l’autodétermination et même à l’indépendance, et donc de dénoncer la répression dont il avait été victime: pour autant, fallait-il reprendre et authentifier sans recul toutes les informations concernant les épouvantables horreurs serbes dont on sait, aujourd’hui, qu’elles furent en partie concoctées par une officine mise en place par Tony Blair et son «spin doctor»?

Il était juste de diaboliser le tyran Saddam Hussein: pour autant, fallait-il soutenir qu’il était prêt à déverser sur Londres une pluie de missiles de destruction massive dont son pays regorgeait?

Il est juste de stigmatiser l’implacable tyrannie exercée en Syrie par le clan Assad: pour autant, faut-il affirmer, comme l’a fait un grand quotidien, que 80 % des victimes de la guerre civile ont été le fait des troupes pro-régime (20 % correspondant, en fait, à l’équivalent des pertes subies par l’armée syrienne et ses alliés), ce qui signifie donc que les rebelles n’ont tué, en cinq ans, aucun civil?

C’est en affrontant la réalité qu’on mettra en échec les campagnes de désinformations, pas en opposant une désinformation pour le bien à une désinformation pour le mal.

Vous avez dit post-vérité ?

Source : Le Figaro, Jean-François Kahn, 20-01-2017

URL: http://www.les-crises.fr/jean-francois-kahn-pourquoi-cet-etrange-silence-mediatique-depuis-la-chute-dalep/

Etats-Unis : à quoi ressembleront les “Trumponomics” ? Par Romaric Godin

Etats-Unis : à quoi ressembleront les "Trumponomics" ? Par Romaric Godin

Source : La Tribune, Romaric Godin, 20/01/2017

Quelle politique économique pour le nouveau président Trump ? (Crédits : Reuters)

La politique économique revendiquée par le nouveau président des Etats-Unis, Donald Trump, ne peut se concevoir qu’autour de trois piliers complémentaires, à savoir le protectionnisme, les baisses d’impôts et la dérégulation financière, avec un seul but : rétablir la puissance étasunienne.

L’impensable est donc devenu réalité. L’arrivée du fantasque et clownesque magnat de la construction Donald Trump aux commandes de la première puissance mondiale, est, depuis ce 20 janvier, la nouvelle donne avec laquelle le monde devra compter. L’homme a certes été élu 45e président des Etats-Unis avec plus de 3 millions de voix de moins que son adversaire, il est certes le président le moins populaire en début de mandat de ces dernières années, mais Donald Trump ne doute pas de sa légitimité, du reste légalement acquise, et entend donc appliquer son programme, y compris sur le plan économique. C’est ce qu’il a montré sans ambiguïté au cours de la phase de transition.

Quelle sera la politique économique du nouveau président ? A quoi ressembleront les « Trumponomics » sur lesquels les marchés financiers et quelques grands capitaines d’industrie du monde entier (à commencer par Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France, qui est venu faire acte d’allégeance à la Trump Tower de New York) comptent tant ? Beaucoup ne retiennent que le retour d’un agenda protectionniste et le risque de guerre commerciale. Il est vrai que Donald Trump s’est beaucoup agité sur le sujet ces dernières semaines, faisant pression sur General Motors, Toyota, Ford et, plus récemment, BMW, pour inciter ces firmes à relocaliser leur production aux Etats-Unis.

Refonder la « grandeur américaine »

Mais résumer les « Trumponomics » à un simple « repli sur soi » serait un peu court. Au milieu des déclarations contradictoires, Donald Trump a affiché une seule ligne de conduite claire, qui se résume par son slogan de campagne, sur lequel le nouveau président a achevé son discours d’investiture : « rendre l’Amérique à nouveau grande » (« Make America Great Again »). C’est indéniablement un Nationaliste qui entend imposer au reste du monde l’intérêt de son pays. Mais n’est-ce pas le cas de la plupart des présidents des Etats-Unis ? La spécificité de Donald Trump, c’est que son nationalisme s’appuie sur une logique économique. Comme l’ont prouvé ses déclarations sur l’Europe et l’Allemagne, l’intérêt économique des Etats-Unis prime désormais sur toute autre considération. Le monde est perçu comme un lieu de prédation et la grandeur « américaine » consistera à donner aux Etats-Unis les moyens de s’imposer dans cette « jungle » économique. La puissance militaire peut, de ce point de vue, être utile, mais elle ne prime pas, car son usage est coûteux et peu rentable. C’est ce qui explique les critiques sévères du nouveau président à la stratégie militaire des deux George Bush.

Pour refonder la puissance des Etats-Unis, Donald Trump préfèrera donc la « vieille méthode », celle de la puissance financière pure, celle qu’a privilégiée le pays au début du 20e siècle lorsque les capitaux étasuniens assuraient la « grandeur de l’Amérique ». Ceci est, du reste, plus conforme à sa personnalité de « manager » donnant des leçons dans les émissions de télé-réalité. Plus que jamais, la référence du nouveau président sera bien les Républicains de la vieille manière, ceux des années 1920, que l’on appelle « isolationnistes », mais qui en réalité, bâtissaient un ordre mondial dominé par les Etats-Unis et fondé sur la puissance des capitaux étasuniens. Deux présidents du Conseil français, Raymond Poincaré en 1924, puis Edouard Herriot en 1926, en ont fait l’amère expérience…

Donald Trump prend, d’une certaine façon, acte de l’affaiblissement de la stratégie classique des Etats-Unis, celle qui fonde sa puissance sur son action extérieure. Les échecs des interventions au Moyen-Orient, l’émergence de la puissance concurrente de la Chine, l’action de la Russie malgré le renforcement de l’OTAN en Europe centrale imposent de changer de cap. Pour les Républicains « trumpistes », la puissance militaire n’est rien sans fondement financier. Il faut donc refonder cette base, en priorité. C’est ce qui les distingue de Ronald Reagan qui avait donné sa priorité à la puissance militaire, au prix même de l’indépendance financière du pays.

Redresser le déficit courant des Etats-Unis

La traduction de la « grandeur américaine » passera donc alors par le rétablissement d’un excédent courant, autrement dit par la reconstitution d’une capacité de projection des capitaux étasuniens. Tant que les Etats-Unis affichent des besoins de capitaux étrangers, ils ne peuvent évidemment jouer pleinement de leur puissance et sont dépendants de l’extérieur, et notamment de leur principal rival géopolitique, la Chine.

Pendant des décennies, la puissance étasunienne s’est basée sur l’abondance des capitaux générés par l’économie des Etats-Unis. C’est cette abondance qui a permis aux Etats-Unis de financer l’effort de guerre de l’Entente entre 1914 et 1918, c’est elle qui lui a permis de dessiner le nouvel ordre mondial des années 1920, c’est elle encore qui a permis le plan Marshall et la mise en place de l’abondance économique des années 1950 et 1960 et, qui, finalement, a permis de tenir en échec l’URSS. Jusqu’au début des années 1980, la balance des comptes courants américains étaient ainsi proche de l’équilibre. La puissance économique du pays lui permettait de projeter ses capitaux à l’étranger sans s’affaiblir, bien au contraire, puisque, globalement, son épargne permettait de financer son économie. C’est clairement l’âge d’or auquel aspire Donald Trump.

Tout a changé dans les années 1980 et surtout dans les années 1990. Depuis le deuxième trimestre 1991, les Etats-Unis accusent un déficit courant qui a atteint jusqu’à 6 % du PIB en 2005 et qui est actuellement à 1,9 % du PIB. Depuis près de trente ans, pour fonctionner, l’économie des Etats-Unis doit donc emprunter des capitaux, notamment en Chine. Pour Donald Trump, et il l’a confirmé dans son discours d’investiture, ce phénomène est le produit de la désindustrialisation des Etats-Unis et il y voit le sentiment d’un transfert de richesse vers l’étranger.

Naturellement, l’ambition de Donald Trump est donc de renverser cette situation. Pour cela, les Etats-Unis vont devoir réduire leur déficit commercial et générer davantage d’épargne pour financer son économie et l’étranger. Ce n’est donc pas un hasard si Donald Trump s’est attaqué ouvertement avant son investiture à deux pays, la Chine et l’Allemagne, qui sont parmi les plus excédentaires du monde. Et s’il a visé nommément à plusieurs reprises le déficit commercial avec la Chine comme sa première priorité. Pour réduire leur déficit courant, les Etats-Unis vont logiquement devoir le transférer aux pays actuellement excédentaires. Peu importe donc que l’Allemagne soit l’alliée traditionnelle des Etats-Unis en Europe : elle est, pour Donald Trump, de par son excédent courant monstrueux de près de 9 % du PIB, un ennemi désigné de la « grandeur américaine ».

Les baisses d’impôts, élément central du système Trump

Dans ce cadre, le protectionnisme de Donald Trump vise évidemment à réduire le déficit commercial des Etats-Unis qui, en 2016, a atteint 666 milliards de dollars. Pour réduire le déficit avec l’Allemagne et la Chine, la nouvelle administration peut donc envisager des taxations massives sur les importations en provenance de ce pays. Mais, comme on l’a vu lors de ces dernières semaines, l’essentiel n’est pas ici : ce que vise la nouvelle administration, c’est bien plutôt les relocalisations des capacités de production. En ramenant les usines sur le sol américain, Donald Trump ne fait pas que rapatrier des emplois, il créé les conditions de ce rééquilibrage de la balance courante en réduisant la dépendance vis-à-vis de l’extérieur. Et pour cela, les taxes aux frontières ont, certes, une fonction, mais qui n’est pas centrale : les baisses d’impôts jouent un rôle nettement plus important. C’est, du reste, ce qu’a reconnu General Motors lorsque la firme a annoncé investir sur le sol américain et non plus mexicain. Les relocalisations à la Trump s’exerceront donc par la stratégie de la carotte des baisses d’impôts et du bâton des droits de douane. Et il n’est pas certain que le second soit déterminant, au-delà des effets de manche du nouveau président. Là encore, on est clairement dans la logique des Républicains des années 1920 : lorsque ces derniers sont revenus au pouvoir en 1921, ils ont relevé les droits de douane et abaissé les impôts.

Les baisses d’impôts sont donc finalement un aspect aussi central que le protectionnisme renforcé dans les « Trumponomics ».  Elles permettent non seulement de dégager des capitaux, mais aussi de les aimanter aux Etats-Unis. L’ambition de la nouvelle administration n’est pas, alors, avec cette politique, comme on l’entend souvent, de conduire à des gains de pouvoir d’achat et à davantage de consommation. Il s’agit bien davantage de créer les conditions d’un excès d’épargne et de favoriser l’investissement local. Le plan Trump n’est pas un plan centré sur les revenus moyens et faibles, ceux qui consomment le plus, c’est un plan centré sur les entreprises et les revenus les plus aisés. C’est aussi la logique de la destruction de l’Obamacare : il ne s’agit pas de protéger la capacité de consommation des ménages les plus faibles, mais la capacité d’épargne des ménages les plus aisés et pour cela, il faut pouvoir réduire les dépenses sociales.

Troisième pierre angulaire : la finance dérégulée

Reste que cette politique n’est rien sans un troisième élément : la finance dérégulée. En faisant sauter les digues élevées après la crise, l’administration Trump espère donner un avantage comparatif, dans un contexte de régulation, au secteur financier américain et, ainsi, attirer les capitaux des ménages, grossis par les baisses d’impôts, par la promesse de rendements à nouveau mirifique. Ces capitaux, au lieu, comme aujourd’hui, de repartir vers les pays émergents, resteraient cette fois aux Etats-Unis, dans son économie dopée par les baisses d’impôts et protégée par les droits de douanes ainsi que dans ses marchés financiers dopés par la dérégulation et ses promesses de rendements mirifiques. C’est bien sur cette dernière promesse que les marchés ont bondi depuis l’élection de novembre dernier. La dérégulation financière unilatérale est donc la pierre angulaire du système Trump : c’est par elle que viendra la croissance qui attirera et maintiendra les capitaux aux Etats-Unis.

La nécessité de maintenir le déficit public sous contrôle

Dans un tel contexte, la nouvelle administration ne peut réellement se permettre de creuser massivement les déficits, c’est-à-dire de continuer à dépendre de l’étranger, tant que la capacité d’épargne des Etats-Unis ne s’est pas reconstituée et la croissance ne s’est pas renforcée. Or, le déficit public des Etats-Unis est encore à environ 3,2 % du PIB.  Ceci suppose sans doute un plan de baisse d’impôts moins ambitieux que celui qu’a annoncé Donald Trump, autrement dit sans doute encore moins redistributif que prévu, et un plan de relance qui ne saurait être de 1.000 milliards de dollars comme annoncé très évasivement pendant la campagne. La majorité républicaine donnera, de toute façon, la priorité aux baisses de taxes, notamment sur les entreprises. Mais l’on ne doit pas exclure – et la rapidité de la destruction prévue de l’Obamacare semble le confirmer que tout acte de dépense ou de baisse d’impôt soit accompagnée de franches baisses de dépenses publiques.

Le dollar fort

Dès lors, les « Trumponomics » sont naturellement un terreau favorable à un dollar fort. Certes, Washington ne peut se permettre une appréciation de sa monnaie trop élevée afin de ne pas favoriser les importations et pénaliser les exportations. Mais un dollar fort est une conséquence logique de la politique de Donald Trump, c’est aussi un moyen de maintenir aux Etats-Unis l’épargne et les investissements. Avec une monnaie forte et des taux élevés, nul ne souhaitera faire sortir ses capitaux des Etats-Unis. Aussi la politique de resserrement de la Fed n’est-elle pas nécessairement hostile à la politique Trump. De ce point de vue, la nouvelle administration pourrait donc préférer à une baisse du dollar une politique protectionniste de sanctions ciblées sur les pays qui disposent de monnaies jugées « sous-évaluées » comme la Chine et l’Allemagne.

Ambition difficile à tenir

L’ambition de la nouvelle administration est donc considérable : il s’agit d’inverser un modèle économique mis en place depuis plus de trente ans. Mais contrairement à ce qu’on entend souvent, cette ambition a sa logique, elle n’est pas « incohérente ». Il ne s’agit certainement pas de mettre fin à la révolution néolibérale des années 1980, mais il s’agit de la refonder au bénéfice de la puissance des Etats-Unis. Une telle politique pourrait bien néanmoins encore aggraver les déséquilibres actuels de l’économie américaine. L’économie mondiale n’est pas celle d’il y a un siècle : on ne reconstitue pas une capacité productive aussi simplement que le suppose Donald Trump et la capacité d’action de la finance étasunienne des années 1920 est d’abord le fruit de l’extraordinaire développement du pays après la Guerre de Sécession (1861-1865).

Des risques considérables

En revanche, l’insistance sur les baisses d’impôts et la finance dérégulée risque de priver encore davantage l’économie réelle d’investissements et d’accroître encore les inégalités (une étude récente vient de prouver l’impact des réformes fiscales de Donald Reagan dans ce creusement). Deux éléments qui viendront peser sur la croissance future des Etats-Unis. Enfin, on sait où mène la dérégulation financière et la domination étasunienne par l’usage des capitaux. Ces politiques ont conduit aux deux pires crises financières de ces cent dernières années : la crise de 1929 et celle de 2007. Donald Trump joue clairement avec le feu, non pas tant par l’usage d’un protectionnisme que seul l’Europe avait réellement oublié et qui prend corps dans un contexte de ralentissement du commerce mondial, mais par l’utilisation de recettes d’apprentis sorciers qui, à coup sûr, conduisent à des désastres pour l’économie mondiale.

Source : La Tribune, Romaric Godin, 20/01/2017

URL: http://www.les-crises.fr/etats-unis-a-quoi-ressembleront-les-trumponomics-par-romaric-godin/

Grande-Bretagne : les principaux médias contre Jeremy Corbyn, par Thierry Labica

Grande-Bretagne : les principaux médias contre Jeremy Corbyn, par Thierry Labica

Source : ACRIMED, Thierry Labica, 11-01-2017

Nous publions ci-dessous, avec l'autorisation de son auteur et sous forme de « tribune » [1], un large extrait de l'article (« Détruire l'ennemi (I) : les conservateurs et les forces médiatiques ») publié sur Contretemps web [2].

Thierry Labica revient dans cet extrait (sous le titre « Médias et distorsions milliardaires ») sur la formidable offensive médiatique qui a pris pour cible Jeremy Corbyn depuis son accession à la tête du Labour Party.

La question du rôle des principaux médias peut être une affaire délicate. Dénoncer les médias, n'est-ce pas une facilité un peu trop pratiquée pour rester tout à fait honorable ? N'y a-t-il pas, dans « la faute aux médias » l'articulation classique des imaginaires de la conspiration ? La réponse étant non, au moins en l'occurrence, on prendra la liberté d'ajourner la discussion de ce beau sujet. On doit pouvoir se contenter de deux ou trois remarques préliminaires.

Une concentration massive

Premièrement, la dénonciation « des médias » a d'une part une base objective pour elle : comme le rappelait la citation de la rédactrice du site d'information indépendant, The Canary [3], leur concentration capitaliste les a constitués, de fait, comme autant de complexes stratégiques puissants et notoirement en mesure de façonner le climat de la vie politique britannique, en l'occurrence.

Le groupe de Rupert Murdoch News International mérite en particulier d'être traité comme une force politique à part entière, force dont la pénétration, l'influence et disons-le, l'emprise, sur le champ politique britannique sont apparus au grand jour lors du scandale de 2011 [4], exposant une collusion d'échelle orgiaque au plus haut niveau de l'État, entre un Premier ministre conservateur et un supercapitaliste de « l'info ». Sans même en arriver à un tel degré de promiscuité, il est notoire, par exemple, que l'arrivée de Blair au pouvoir en 1997 fut aussi le produit d'une alliance stratégique inédite entre le dirigeant néo-travailliste et le groupe Murdoch qui mit son tabloïd phare de droite, The Sun, au service de sa campagne [5]

Plus généralement, il devrait suffire de rappeler qu'en ce qui concerne le Royaume-Uni, deux groupes – News Corp UK et le Daily Mail group (propriété de Lord Rothmere) – détiennent à eux seuls 60% de la presse nationale. Si l'on élargit le périmètre de l'élite de cette industrie, six entreprises se partagent 80% de la presse locale, soit, « plus de quatre fois l'ensemble des titres des cinquante-six éditeurs restants, et quatre-vingt-cinq pourcent des revenus dégagés » [6] Nul besoin, donc, de supputer des conspirations (qui certes existent bel et bien par ailleurs) ; à un diner de grands fauves, les convives n'ont pas besoin de conciliabules préalables pour s'offusquer en chœur de la présence inopinée d'un menu végétarien à la carte.

L'expérience passée

Mais outre cette situation de concentration massive, les pratiques et les déséquilibres qu'elle induit, il y a l'expérience passée. Toute personne ayant gardé le souvenir de l'année 1984-85 en Grande-Bretagne, sera tentée de faire le parallèle entre le traitement de la gauche travailliste dans les médias nationaux britanniques et celui de la grande grève des mineurs d'il y a maintenant trente ans.

Ce sujet a été amplement couvert depuis et les mensonges et les manipulations aux proportions industrielles de l'époque ont été dénoncés, voire, ont fait l'objet d'excuses publiques, notamment envers le dirigeant du syndicat national des mineurs de l'époque, Arthur Scargil [7]. Mais on peut aussi penser à la campagne de dénigrement systématique de la gauche travailliste lors de la campagne pour les législatives de 1987, et au cours de laquelle Tony Benn, Ken Livingstone et quelques autres devinrent les figures de proue d'une « loony left » (genre de « dingauche ») à la fois extrémiste, dangereuse et risible.

Le dénigrement anti-Corbyn

Aujourd'hui, le dénigrement anti-Corbyn, la production de récits de toutes natures à son désavantage, la surreprésentation des positions politiques qui lui sont hostiles, la faible place laissée à son expression et à l'exposé de ses orientations, ont été recensées et étudiées par divers chercheurs de la London School of Economics, et de la Coalition pour la réforme des médias (MRC), en lien avec des chercheurs de Birkbeck college de l'Université de Londres.

Les premiers ont entre autres observé que, dans les principaux titres de presse nationale, 74% du contenu informationnel relatif à Corbyn, soit ne rendait pas du tout compte du point de vue et des idées de Corbyn, soit n'en proposait que des versions déformées (« distorted ») [8]. La seconde enquête, qui s'est davantage intéressée à la télévision, fait notamment apparaître la chose suivante :

Le temps d'antenne accordé aux critiques de Corbyn était deux fois supérieur à celui accordé à ses soutiens ; un appui largement disproportionné donné aux questions soulevées par les critiques de Corbyn dans les bulletins d'information de début de journée de la BBC et de ITV, disproportion particulièrement manifeste dans l'énoncé des titres. L'observation a également relevé une tendance prononcée chez les présentateurs des journaux du soir de la BBC à avoir recours à des termes péjoratifs dans leurs descriptions de Jeremy Corbyn et de ses soutiens [9].

Cette campagne médiatique a conduit jusqu'à l'ex-président du BBC Trust, Michael Lyons, à estimer que des « attaques assez extraordinaires avaient été lancées contre le dirigeant élu du parti travailliste. Assez extraordinaires, je dois le dire. Je peux comprendre que l'on s'inquiète de ce que certains des principaux responsables éditoriaux pourraient avoir perdu leur impartialité dans cette affaire. Je ne fais que reprendre des inquiétudes déjà exprimées par d'autres » [10].

Le tableau du travail médiatique effectué depuis plus d'un an serait trop long à brosser ici. On peut se contenter d'en indiquer certains des épisodes les plus saillants (outre l'inertie générale des usages partisans, et au bout du compte, souvent erronés des sondages, ou des entreprises de démoralisation préélectorales). Parmi les nombreux exemples à disposition, il y eu, au cours de l'été 2015, la construction d'un « antisémitisme » du dirigeant de gauche dans une tentative de disqualification par association [11].

De « L'affaire du train »…

On peut également évoquer « l'affaire du train » (« traingate ») qui occupa nombre de commentateurs pendant plus d'une semaine à la fin du mois d'août 2016 et qui fut l'occasion d'une attaque sévère d'un aspect central de l'image publique de Corbyn. Suite à un enregistrement dans lequel Corbyn, sans place assise dans un train de l'entreprise Virgin, dénonçait la situation du transport ferroviaire, on tenta de démontrer qu'il s'agissait en vérité d'une mise en scène délibérée visant à soutenir l'argument en faveur de la renationalisation de l'industrie ferroviaire. Virgin divulgua les enregistrements de vidéosurveillance à bord du train pour prouver qu'il restait des places assises, et par la même occasion, que la réputation d'honnête homme du dirigeant travailliste était une imposture. Corbyn reçut alors le soutien des témoignages de passagers confirmant sa version de l'histoire et le fait que les places apparemment libres sur les images de vidéosurveillance étaient déjà réservées.

Cette histoire ne serait pas si misérablement anecdotique si, bien entendu, elle ne faisait pas entendre l'affrontement larvé entre un dirigeant politique d'opposition en faveur de la re-nationalisation des services ferroviaires et un grand bénéficiaire de leur privatisation, le souriant Richard Branson (figure emblématique parmi quelques autres du capitalisme new age, sympa, artiste, émanation type des belles années du New labour).

L'illégalité de la diffusion publique des images de vidéosurveillance, leur caractère non probant, les témoignages de passagers, entre autres, ont été de peu de poids face à l'accumulation d'images et de commentaires permettant de faire passer Jeremy Corbyn à la fois pour un menteur et un manipulateur, autrement dit, permettant d'attaquer une rectitude que nombre d'adversaires veulent bien encore lui reconnaitre. Il s'agit aussi de le faire apparaitre comme un homme ordinaire (« a bloke »), lisant son journal assis par terre à l'entrée d'une voiture de train.

Cette reconstruction de l'ordinarité de Corbyn en « monsieur tout le monde » plutôt désemparé ne vise évidemment pas à faire de ce dernier un personnage politique d'envergure nationale à même « d'incarner » une certaine idée du peuple (catégorie banlieusard longue-distance, en l'occurrence). Cet homme ordinaire-là est impropre à la consommation politique parce que fondamentalement dépourvu de l'aura de dignité cérémonielle attendue des personnalités appelées à accéder aux plus hautes fonctions de l'État.

Un article du Daily Mirror, journal traditionnellement pro-travailliste, offrit une illustration particulièrement choisie des mobilisations hostiles de ce « récit ». Dans « Le coup de com de Jeremy Corbyn dans l'affaire du train prouve sa bêtise terminale ainsi que celle de son équipe », la polémiste Carole Malone, collaboratrice de longue date du journal, exploite sans réserve l'occasion d'une démystification radicale assistée des images fournies par Virgin : Corbyn n'est pas l'homme de la « politique propre » et de la « parole sans détour » qu'il prétend être. C'est un menteur, un fabricateur de bas étages, « au stade terminal de la bêtise » (« terminally stupid ») [12].

Ce commentaire, pour une bonne part, relève du simple registre de la surenchère au service du « buzz », mode exhibitionniste fragile dont dépend la survie de nombre de plumitifs. Mais comme nombre d'autres, il faut encore lui reconnaitre un intérêt en ce qu'il prolonge et enrichit, en quelque sorte, l'outrage causé par un Corbyn refusant de chanter « que Dieu sauve notre gracieuse reine » lors d'une commémoration officielle de la première guerre mondiale qui eut lieu immédiatement après son élection de septembre 2015. On pouvait y dénicher ce Corbyn républicain jugé gravement compromis avec les républicains indépendantistes irlandais du Sinn Fein.

On en vient aussi à supputer que l'hostilité anti-Corbyn prolonge une histoire lointaine des hystéries anti-anabaptistes des 16e et 17e siècles et dont l'un des « mérites » était de réconcilier bien des ennemis jurés, pour un temps au moins. On pourrait encore lire, à partir de ces mêmes ondes longues de l'histoire culturelle et politique la figure d'un Corbyn « hypocrite », c'est-à-dire, d'un Corbyn puritain au rigorisme faux, prétendant défendre le travailleur tout en profitant grassement des largesses de l'État.

Sur ce registre, le Mail online a expliqué à ses lecteurs et lectrices que « Corbyn avait coûté trois millions de livres sterling aux contribuables jusqu'ici » [13], démenti qui se voulait accablant de la réputation d'un parlementaire dont les notes de frais se sont élevées à huit livres et 95 pence pour l'achat d'une cartouche d'imprimante.

… aux autres « affaires »

Deux autres « affaires », au moins, sont venues contribuer au bruit dont il faut absolument entourer Corbyn et les forces qui le portent. Elles sont l'une et l'autre à l'articulation directe du travail de sape médiatique et de l'offensive du travaillisme institutionnel, notamment par le biais de journaux nationaux hostiles, voire, très hostiles, tels que le Guardian et le Daily Mirror.

La première de ces affaires fut ce qu'il faut se résigner à appeler le « scandale de la brique ». Suite au résultat du référendum sur l'UE, et à la démission en masse de membres du cabinet fantôme [14], une figure parlementaire travailliste, Angela Eagle, se lança dans la campagne pour l'éviction de Corbyn. L'ex-responsable des entreprises, de l'innovation et des qualifications de la première équipe d'opposition constituée par Corbyn, Angela Eagle, proposait de reconstruire l'unité et la crédibilité électorale (« electability », toujours) de la direction du parti et par là même, du parti tout entier.

Elle fut néanmoins vite rejointe et contestée dans ce rôle par un autre candidat pour l'unité et la crédibilité électorale du parti, à savoir, Owen Smith. Ce dernier présentait l'avantage au moins apparent de ne pas avoir participé à un quelconque gouvernement travailliste des années 2000 et s'était contenté d'occuper le poste de secrétaire d'État chargé du Pays de Galles dans cabinet fantôme d'Ed Miliband avant la défaite aux législatives de mai 2015. Outre le fait qu'Angela Eagle pouvait d'emblée apparaitre comme incarnation même de ce que l'élection interne avait rejeté quelques mois auparavant, sa campagne à peine lancée tourna vite à l'humiliation.

Lors de la première conférence de presse, lorsque les journalistes furent invité-es à adresser leurs questions, on s'aperçut après quelques secondes de flottement embarrassé que les uns et les autres étaient déjà partis. Par la suite, les premières interviews politiques furent assez catastrophiques dès lors que celle qui se proposait de remplacer Corbyn s'avérait incapable de répondre à des questions aussi prévisibles que : « Avec quelles orientations de Jeremy Corbyn être vous en désaccord ? », ou bien : « Le programme nucléaire-militaire (Trident) mis à part, quelles sont vos autres différences [avec Corbyn] ? » [15]. Il apparut ensuite que les membres du parti travailliste de sa propre circonscription s'étaient majoritairement prononcé-es en faveur de Corbyn.

Puis vint la brique : fin juillet 2015, un très grand nombre de titres de presse nationaux et leur site correspondant annonçaient qu'une brique avait été lancée à travers les vitres de la permanence parlementaire d'Angela Eagle. Comme pour « l'affaire du train » par la suite, la présentation des « faits » fut vite corrigée, de manière assez peu audible, cependant : la vitre n'était pas celle de la permanence mais d'une cage d'escalier située de l'autre côté du bâtiment abritant la dite permanence. Mais les bienfaits de la brique rendirent les faits de la brique très secondaires : l'agression intempestive, anonyme et lâche, documentait la vérité de ce qu'étaient vraiment les soutiens de Corbyn : des individus violents, préférant « l'intimidation » à tout échange civilisé, animés par des motifs « sinistres », avaient réussi à s'emparer de la direction du parti et s'employaient maintenant à le dévoyer par les méthodes malhonnêtes et brutales, typiques, et si prévisibles de la « gauche dure » trotskiste.

Là encore, en dépit de sa douceur apparente et de ses slogans en faveur d'une crédibilité retrouvée de la parole publique, Corbyn était bien l'homme aux projets dangereux qui avance masqué, portée par la racaille (« the rabble »), ou alors, l'homme faible, dépassé par des forces qu'il ne maitrise pas, et donc incapable de diriger. Dans tous les cas, la brique permit de faire glisser l'actualité médiatique de la direction travailliste dans la rubrique des faits divers criminels.

Dans les jours qui suivirent, on rapporta bruyamment la plainte adressée au président de la chambre des communes, John Bercow, par une autre démissionnaire du cabinet fantôme, Seema Malhotra (Secrétaire en chef du Trésor). Ce fut l'affaire de la clé.

L'ex-ministre fantôme disait avoir constaté que des assistantes parlementaires de John Mcdonnell et de Jeremy Corbyn avaient à deux reprises tenté de s'introduire dans son bureau. On parla de possible « violation », « d'entrée illégale », et « d'entrée par effraction ». En outre, lors de la deuxième tentative, l'une de ces personnes aurait eu une attitude « agressive et intimidante ». John Bercow fit savoir par écrit qu'il n'y avait eu, en l'occurrence, aucune atteinte au privilège parlementaire de l'ex-membre du cabinet fantôme et à ses assistants [16].

Les accusations portées par Seema Malhotra pouvaient en outre paraitre d'autant moins convaincantes que celle-ci était censée avoir quitté ses fonctions depuis plusieurs semaines, d'où la supposition que les locaux étaient vacants. Malhotra finit par faire ses excuses aux personnes d'abord incriminées, exprimant ses « regrets pour la souffrance » occasionnée par ses accusations.

En suivant immédiatement l'affaire de la brique, ce deuxième fait divers, aussi dépourvu d'intérêt que le premier (qui reposait sur une présentation inventive des faits), permit cependant d'affiner le récit en train d'être construit. Dans le cas présent, il y avait maintenant des raisons de penser que McDonnell et Corbyn avaient eux-mêmes recours à des méthodes peu honorables, voire, franchement malhonnêtes, vis-à-vis de leurs propres collaborateurs au sein de l'équipe d'opposition parlementaire.

Et quel crédit fallait-il alors accorder aux invitations au calme et au respect mutuel au sein du parti, lancées dans les jours précédents, lorsqu'il s'avérait que ces invitations venaient de dirigeants qui se rendaient eux-mêmes responsables de l'espionnage, voire de l'agression et de l'intimidation de leurs propres collègues ? Ne reconnaissait-on pas là ces penchants totalitaires, cet atavisme moscovite, qui sont la disposition chronique des adeptes du socialisme ?

Ces « affaires » permirent d'entretenir le bruit médiatique dont il restait urgent d'entourer la nouvelle direction du Labour, afin d'en rendre le plus possible inaudibles les propositions politiques, les projets, priorités et programmes. Il semblait alors plus aisé et peut-être même crédible, dans ces circonstances, de faire grief aux dirigeants d'être incapables de faire entendre leurs propositions. Et bien entendu, il était d'autant plus urgent que l'opinion publique en général, et l'électorat travailliste en particulier, prennent enfin conscience de cette incapacité à communiquer, mais aussi de ce vandalisme et de cet esprit de manipulation de la « gauche dure ».

Au moment même où s'engageait une nouvelle campagne pour l'élection de la direction du parti, n'était-il pas urgent de faire connaître ces vérités afin que les électeurs et électrices travaillistes se déterminent enfin en connaissance de cause ?
Thierry Labica

Source : ACRIMED, Thierry Labica, 11-01-2017

URL: http://www.les-crises.fr/grande-bretagne-les-principaux-medias-contre-jeremy-corbyn-par-thierry-labica/

Marine Le Pen imagine deux monnaies pour remplacer l'euro

Marine Le Pen imagine deux monnaies pour remplacer l'euro

Je me permet de rappeler que la position du Front national sur la sortie de l'Europe et de l'euro était plus ambigüe que ce que croyait les français(e)s, je suis donc content qu'elle clarifie ses positions sur l'Euro à défaut d'une position plus nette... sur .... l'Europe... ; )

La candidate du Front national a imaginé la création d'une monnaie "nationale" pour le quotidien et d'une monnaie "commune" pour les États et les entreprises.

Informations complémentaires :

 

URL: https://www.crashdebug.fr/actualites-france/13097-marine-le-pen-imagine-deux-monnaies-pour-remplacer-l-euro

Plus de budget pour les traceurs de la PJ : des enquêtes très sensibles menacées...

Plus de budget pour les traceurs de la PJ : des enquêtes très sensibles menacées...

Je ne cesserais jamais de dénoncer ce hold up, et la trahison qui nous est faites... (Informations complémentaires)

La aussi tout est politique, pas technique. ils préfèrent engraisser les banques et les usuriers, ansi que le Cac 40.

Les balises de géolocalisation représentent « un atout majeur » pour les enquêteurs. Photo Philippe JUSTE

Exclusif. La justice refuse de payer les balises de géolocalisation. Les fournisseurs stoppent tout. À la PJ, c’est la consternation.

« On atteint le sommet du n’importe quoi », soupire un enquêteur expérimenté. « D’importantes investigations sont mises en péril », dit un commissaire. Depuis quelques jours, une vague d’inquiétude et de colère mêlées, gagne les rangs de la police judiciaire. Depuis que les sociétés de matériel électronique ont annoncé qu’elles ne voulaient plus fournir la police en balises de géolocalisation, des miniboîtiers qui permettent de tracer à distance des véhicules.

Ces sociétés spécialisées ne sont plus payées depuis des mois. Elles ont fait preuve d’une certaine patience mais la note commence à devenir salée. Résultat : le risque très fort de voir s’interrompre les surveillances les plus sensibles de la police, dans les affaires de grande criminalité.

Elles coûtent de 150 à 500 €

À l’heure où des malfaiteurs ultra-prudents sautent allègrement les frontières, les balises de géolocalisation représentent un atout majeur. « Pour nous, les balises représentent une aide hyperprécieuse », confirme un enquêteur. La PJ de Lyon utilise une quarantaine de ces objets miniatures, posés par aimant sous des véhicules. Les balises coûtent de 150 à 500 €, en fonction des options et des abonnements annuels. Quatre à six entreprises en France, surtout en région parisienne, fournissent ce matériel. L’affaire en dit long sur le décalage entre les grands discours politiques et la réalité du terrain. Sur l’hypocrisie des hautes hiérarchies, avides de résultats, sans se soucier des moyens à mettre en œuvre.

À travers les balises, c’est toute l’histoire des méthodes policières qui est racontée. Dans le temps, les balises n’avaient aucune existence officielle. Elles étaient activées et financées par les services de police, dans un cadre administratif. Mais elles alimentaient des enquêtes judiciaires, sans apparaître dans les procédures. Tout le monde s’en accommodait, surtout les magistrats. Les avocats contestaient dans le vide. Depuis le 28 mars 2014, une loi a décidé de clarifier l’utilisation des balises. Louable intention de transparence. Elles ont été “ judiciarisées ”, désormais posées par des enquêteurs sur autorisation du magistrat. Le matériel fait donc l’objet d’une réquisition judiciaire. Et devrait être payé sur le budget des frais de justice. Selon le principe de l’ordonnateur-payeur. Or, l’article du code de procédure pénale qui dresse la liste des frais de justice a oublié les balises ! Le ministère de la justice se retranche derrière ce défaut pour ne pas payer. Selon nos informations, la direction des services judiciaire a adressé une note à toutes les cours d’appel, dont celle de Lyon, pour donner ordre de ne pas mettre les balises sur les frais de justice. En disant qu’un « arbitrage interministériel » allait résoudre la question. Cela date de mai 2016 ! À l’heure du terrorisme et du tout sécuritaire, personne n’a su trouver la solution dans les hautes sphères parisiennes. Un choc de simplification ?

Le Progrès.fr via Contributeur anonyme

Informations complémentaires :

Crashdebug.fr : Le jeu de l'argent
Crashdebug.fr : Les liens de Mario Draghi avec les banques au cœur d’une enquête...
Crashdebug.fr : L'Union Européenne, une Dictature démasquée...

 

 

URL: https://www.crashdebug.fr/actualites-france/13096-plus-de-budget-pour-les-traceurs-de-la-pj-des-enquetes-tres-sensibles-menacees

Revenu universel : dix économistes à la rescousse de Benoît Hamon

Revenu universel : dix économistes à la rescousse de Benoît Hamon

Sans parler de 300 à 400 milliards de charges en plus, pour l'État financer un revenu de base universel et inconditionel, c'est très simple.... (vidéo ci-dessous)

Dix économistes, dont Thomas Piketty, signent dans Le Monde une tribune certifiant que le revenu universel voulu par Benoît Hamon est "crédible." A condition de n'être attribué qu'aux bas salaires.

Ils sont dix économistes, et non des moindres, à prendre la défense du revenu universel de Benoît Hamon, accusé par son rival à la primaire de la gauche Manuel Valls d'être "la ruine" du budget de la France. 

Le revenu universel "peut être économiquement crédible et socialement audacieux", estiment dans une tribune publiée dans Le Monde les dix signataires, dont Thomas Piketty, Emmanuel Saez (université de Californie à Berkeley), ou Antoine Bozio (Ecole d'Economie de Paris). 

Pour ces universitaires, "son instauration dès le début du prochain quinquennat pour les 18-25 ans est susceptible de redonner de l'autonomie à notre jeunesse et de constituer une réponse à ce que sont aujourd'hui les conditions d'obtention d'une qualification supérieure et d'entrée dans la vie professionnelle". 

300 milliards, un chiffrage "fantaisiste"

Selon eux, le chiffrage souvent avancé de 300 à 400 milliards d'euros pour cette mesure est "fantaisiste", car "Benoît Hamon n'a jamais dit qu'il allait verser 600 euros par mois à 50 millions d'adultes [...] Au contraire : il a explicitement évoqué le fait que le nouveau système pourrait être sous conditions de ressources et concernerait uniquement les salaires inférieurs à 2000 euros, avec des montants qui ne seraient évidemment pas les mêmes pour tous". 

LIRE AUSSI >> Benoît Hamon recule-t-il sur son projet de revenu universel ? 

Une allusion à une interview de Benoît Hamon parue début janvier dans Libération, où celui-ci évoque la possibilité de ne généraliser le revenu universel que sous conditions de ressources. Problème : sur son site de campagne, il évoque bien l'instauration d'un revenu universel pour tous, d'un montant de 750 euros "à terme." Dans une conférence de presse devant les journalistes de l'Ajis (Association des journalistes d'information sociales), le 13 janvier, il s'est même donné deux quinquennats pour y parvenir. 

Le projet doit être "correctement conçu et précisé"

Les signataires demandent aussi que le revenu universel d'existence soit "correctement conçu et précisé", ce qui peut constituer une sorte de mise en garde. Mais leur tribune est surtout une occasion d'attaquer vivement Manuel Valls, qui a reproché à Benoît Hamon de vouloir une société du "farniente." "Contrairement aux allégations de ceux qui confondent solidarité et farniente, il peut être instauré au profit de la revalorisation du travail et des bas salaires", répliquent-ils. 

Ironie du sort, leur proposition se rapproche pourtant du "revenu décent" de 800 euros par mois défendu par Manuel Valls, qui serait versé dès 18 ans sous conditions de ressources. Pour "que toujours le travail paie".

Contacté par L'Express, Thomas Piketty précise que le revenu de base qu'il défend doit être automatiquement versé sur le bulletin de salaire : "Cela dit, si Valls veut reprendre cette proposition, tant mieux, il est toujours temps !" 

 

Source : L'express.com

Informations complémentaires :

Crashdebug.fr : La Gironde prête à tester le revenu universel : une première en France

 
 

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