dimanche 22 janvier 2017

[Vidéo] Tous les gouvernements mentent, par Arte

[Vidéo] Tous les gouvernements mentent, par Arte

Magnifique documentaire d’Arte, chapeau bas !

Source : Arte, Oliver Stone, Jeff Cohen, 16-01-2017

En hommage à “Izzy” Stone, légendaire franc-tireur du journalisme, ses héritiers américains dressent un état des lieux accablant, et passionnant, des médias de masse aujourd'hui.

Isador Feinstein Stone, alias “I. F.” ou “Izzy” Stone (1907-1989) est l'une des figures les plus glorieuses du journalisme américain : farouchement indépendant et engagé à gauche, il a battu en brèche durant des décennies la propagande gouvernementale, dénonçant les abus du maccarthysme comme la ségrégation raciale, la guerre du Viêtnam comme la collusion entre l'industrie et le pouvoir. Au nom de sa devise, “Tous les gouvernements mentent”, il défend âprement la liberté et la démocratie promises par la Constitution dans un bulletin hebdomadaire austère et dépourvu de toute publicité. Placé sous son autorité tutélaire, ce documentaire part à la rencontre de ses héritiers dans l'Amérique d'aujourd'hui – engagée au moment du tournage dans une campagne qui n'avait pas encore été couronnée par la victoire de Trump, mais avait déjà vu éliminé le candidat à l'investiture démocrate Bernie Sanders.

La “crème de la crème”

Ils forment la “crème de la crème” du journalisme indépendant de gauche américain et s'appellent Amy Goodman (Democracy now!), Jeremy Scahill et Glenn Greenwald (créateurs du site d'investigation The intercept, dans la foulée des révélations d'Edward Snowden sur la NSA, qu'ils ont contribué à rendre publiques), Matt Taibbi (chroniqueur politique pour Rolling Stone), David Corn (Mother Jones), Cenk Uygur (créateur de l'émission The young Turks)… On suit aussi John Carlos Frey dans l’enquête patiente qu’il mène au Texas, grâce au soutien financier d’une fondation, sur des charniers, vraisemblablement de migrants assassinés, dont les autorités se désintéressent totalement. Tous ont pour armes un métier qu'ils revendiquent avant tout comme un artisanat et un engagement, et la formidable puissance d'Internet, qui leur a permis de s'adresser directement au public sans dépendre de la publicité. Le réalisateur Michael Moore, le philosophe Noam Chomsky, mais aussi Carl Bernstein, célèbre pour avoir révélé, avec Bob Woodward, le scandale du Watergate qui fit tomber Nixon, joignent leurs voix pour dresser un état des lieux à la fois accablant et passionnant du fonctionnement des grands médias aujourd'hui. Des networks télévisés comme ABC et NBC au vénérable New York times, la concentration croissante des titres, la course à l'audience et la confusion des intérêts publics et privés promeuvent une forme de propagande de masse – en particulier, depuis le 11-Septembre et l'invasion américaine de l'Irak, dans les domaines de la défense et de la sécurité. Une très convaincante enquête à charge qui, au-delà de la question américaine, invite à la réflexion tout citoyen soucieux d'être informé de l'état du monde.

Source : Arte, Oliver Stone, Jeff Cohen, 16-01-2017

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URL: http://www.les-crises.fr/video-tous-les-gouvernements-mentent-par-arte/

Peter Hitchens : Au milieu des bombes d’Alep, tout ce qu’on peut entendre ce sont les mensonges

Peter Hitchens : Au milieu des bombes d'Alep, tout ce qu'on peut entendre ce sont les mensonges

Source : Mail Online, le 18/12/2016

Par Peter Hitchens pour THE MAIL ON SUNDAY

Publié le 18 décembre 2016

Je suis l’opposé d’un drogué de guerre. Je hais le bruit des feux d’artifice parce qu’ils me rappellent une terrible nuit de janvier 1991 en Lituanie, où j’étais couché dans une neige boueuse pour sauver ma peau des balles soviétiques.

J’étais aussi paralysé par la peur en décembre 1992 dans Mogadiscio sans loi, gouvernée par des gangs, en attendant l’arrivée des marines américains.

A Bucarest en décembre 1989, je rampais sous le lit lorsqu’un tir de balles traçantes sifflèrent devant ma fenêtre d’hôtel, et – parce que mon appel longtemps retardé arriva à ce moment précis – je dictais mon compte rendu des événements à ma femme. Rien d’héroïque en ce qui me concerne, merci.

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Ces derniers jours nous avons été bombardés de compte rendus divers et variés des événements à Alep, écrits ou transmis par des gens depuis Beyrouth ou même depuis Londres, écrit Peter Hitchens.

Je suis allé dans tous ces terribles endroits par accident. Je n’ai jamais souhaité être là. Je fais très attention de ne pas être à nouveau surpris dans de telles situations.

Mais j’en ai appris des choses, principalement que le vieux cliché que la “première victime de la guerre, c’est la vérité” est absolument vrai. Ça devrait être affiché en lettres de feu dans chaque compte rendu télévisuel du conflit comme dans chaque article de journal, pour toujours.

Presque rien ne peut être vérifié. On devient totalement dépendant des gens avec qui on est en relation, et on adopte leur point de vue.

Si l’on trouve un téléphone opérationnel, on se sent autorisé à hurler n’importe quelle information dans le combiné, aussi dépouillée et médiocre que possible. Et votre rédaction se sentira autorisée à la publier à la Une (si vous êtes chanceux).

Et c’est lorsqu’on en est rendu vraiment là que ça devient une sorte d’excuse pour tordre le cou aux règles.

Ces derniers jours, nous avons été bombardés de comptes-rendus de toutes sortes des événements à Alep, écrits ou transmis par des gens depuis Beyrouth (située à 290 km dans un autre pays) ou même depuis Londres (située à 3400 km et dans un autre monde). Il y a eu, nous a-t-on dit, des massacres de femmes et d’enfants, des gens ont été brulés vivants.

Les sources de ces informations sont des soi-disant “activistes”. Qui sont-ils ? Pour ce que j’en sais il n’y avait pas un seul reporter d’aucune agence de presse des pays occidentaux à Alep Est la semaine dernière. Pas un.

Pour la bonne raison qu’ils auraient été kidnappés et probablement assassinés. La zone étaient administrée sans pitié par des sympathisants d’Oussama ben Laden lourdement armés, qui bombardaient l’ouest de la ville avec une artillerie puissante (tuant fréquemment des civils et touchant des hôpitaux, puisque vous le demandez). C’est pourquoi on ne voit jamais de photo d’hommes armés à Alep Est, seulement des photos bien composées de beaux et jeunes hommes désarmés sortant des enfants blessés des gravats, avec juste le bon éclairage.

Les femmes sont également invisibles, séparées et enveloppées de noir, tout comme dans les zones tenues par Daesh, comme on les voit quand ils les laissent sortir.

Pour des raisons que je trouve de plus en plus difficiles à comprendre ou excuser, la plupart des médias anglais font pudiquement référence à eux en tant que “rebelles” (David Cameron les appelaient “des modérés”). Mais s’ils étaient n’importe où ailleurs dans le monde, même à Birmingham ou Belmarsh, ils les appelleraient extrémistes, djihadistes, terroristes et fanatiques. L’un d’entre eux, Abu Sakkar, arracha le cœur d’un ennemi tombé et y mordit à pleines dents, pendant que ses compagnons l’encourageaient. D’ailleurs, c’est un fait contrôlé et vérifié, de visu.

Sakkar l’a confirmé ultérieurement à la BBC, quand les journalistes occidentaux étaient encore en contact avec ces gens, et il y a un film de cela si on veut le voir. Il y a aussi un film d’un groupe de “rebelles” syriens, Nour al-din al Zenki, décapitant un enfant de 12 ans appelé Abdullah Issa. Ils se marraient beaucoup. C’est pour le compte de ces “modérés” que le premier ministre a organisé un débat unilatéral la semaine dernière, et pour leur compte que tant de gens se sont laissés entrainer à l’émotion des soi-disant massacres et des crimes supposés des troupes syriennes et russes, pour lesquelles je n’ai toujours pas vu une seule preuve indépendante et vérifiable.

Lorsque je voyageais beaucoup dans le monde communiste, je haïssais particulièrement le fait que quasiment toutes les annonces officielles fussent des mensonges délibérés, narguant le peuple asservi dans son impuissance à les mettre en doute.

Je passais des heures à manipuler le réglage des ondes et changer l’antenne pour capter BBC World sur mon poste à ondes courtes, la vérité dite par des gentlemen, parce que ça fait du bien à l’âme d’entendre ça. Ces temps-ci les mensonges d’État ont atteint mon propre pays, et la BBC, et je dis la vérité aussi fort que je peux, simplement parce que je n’entends personne d’autre la dire. Si ces mensonges ne sont pas mis en doute, ils deviendront le fondement de quelque chose de très grave encore à venir.

Source : Mail Online, le 18/12/2016

 

URL: http://www.les-crises.fr/peter-hitchens-au-milieu-des-bombes-dalep-tout-ce-quon-peut-entendre-ce-sont-les-mensonges/

Comment Trotsky explique la soumission européenne aux USA

Comment Trotsky explique la soumission européenne aux USA

Source : Nicolas Bonnal, 29.09.2016

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Depuis quand, et pourquoi, sommes-nous ainsi soumis aux américains ? Voyons un maître pour comprendre la situation.

Contrairement à ses disciples archéo-crétins ou néocons, Léon Trotsky est souvent irréprochable sur le terrain de l’analyse: voyez ce qu’il dit de Léon Blum dans son journal! Sur l’actuelle soumission de l’Europe, on peut lire ces lignes prononcées en juillet 1924:

« Le capital américain commande maintenant aux diplomates. Il se prépare à commander également aux banques et aux trusts européens, à toute la bourgeoisie européenne. C’est ce à quoi il tend. Il assignera aux financiers et aux industriels européens des secteurs déterminés du marché. Il réglera leur activité. En un mot, il veut réduire l’Europe capitaliste à la portion congrue… »

Trotsky confirme une balkanisation de l’Europe voulue par les USA :

« Déjà, dans les thèses pour le 3e congrès de l’I. C., nous écrivions que l’Europe est balkanisée. Cette balkanisation se poursuit maintenant. »

L’Europe n’est plus l’Europe depuis Versailles en 1919. Et contrairement au général De Gaulle qui pensait que la Russie trahissait sa race, Trotsky comprend que c’est l’Amérique des banquiers humanitaires qui trahira sa race :

« Dès qu’elle sera en guerre avec l’Angleterre, l’Amérique fera appel aux centaines de millions d’Hindous et les invitera à se soulever pour défendre leurs droits nationaux intangibles. Elle agira de même à l’égard de l’Égypte, de l’Irlande, etc. De même que, pour pressurer l’Europe, elle s’affuble maintenant du manteau du pacifisme, elle interviendra, lors de sa guerre avec l’Angleterre, comme la grande libératrice des peuples coloniaux. »

C’est la destruction des empires coloniaux expliquée par Roosevelt à de Gaulle pendant la guerre. Puis on produit les guerres du Vietnam, de Libye, de Syrie ou du Kosovo.Trotsky comprend aussi que chaque invocation religieuse à l’abaissement des tarifs douaniers sert un mot d’ordre plus obscur :

« L’histoire favorise le capital américain: pour chaque brigandage, elle lui sert un mot d’ordre d’émancipation. En Europe, les États-Unis demandent l’application de la politique des “portes ouvertes”… Mais, par suite des conditions spéciales où se trouvent les États-Unis, leur politique revêt une apparence de pacifisme, parfois même de facteur d’émancipation. »

John Hobson, socialiste britannique cité par Vladimir Lénine, indique lui en 1902 que le meilleur alibi de l’impérialisme est l’humanitarisme. Ah, les révolutions orange! Organiser un coup d’Etat au nom des ONG et des idées démocrates! Et mettre ensuite aux pas les opposants, et en prison les Lula! Bombarder par amour!

Trotsky affirme que le meilleur allié des Etasuniens dans cette infecte inféodation des Européens n’est jamais la droite, quelque couards et stupides que puissent être ses politiciens! Non, le meilleur allié du ploutocrate américain, c’est la gauche, c’est la social-démocratie. Et c’est Le Révolutionnaire du siècle passé qui l’écrit :

« Pendant ce temps, l’Amérique édifie son plan et se prépare à mettre tout le monde à la portion congrue… La social-démocratie est chargée de préparer cette nouvelle situation, c’est-à-dire d’aider politiquement le capital américain à rationner l’Europe. Que fait en ce moment la social-démocratie allemande et française, que font les socialistes de toute l’Europe ? Ils s’éduquent et s’efforcent d’éduquer les masses ouvrières dans la religion de l’américanisme; autrement dit, ils font de l’américanisme, du rôle du capital américain en Europe, une nouvelle religion politique. »

Nous sommes toujours en plein rationnement et en pleine religiosité étasunienne grâce à Goldman-Barroso et au PS. Et Trotsky ponctue, avec ce bel élan lucide qui faisait bouger des masses populaires depuis bien anesthésiées :

« En d’autres termes, la social-démocratie européenne devient actuellement l’agence politique du capital américain. Est-ce là un fait inattendu? Non, car la social-démocratie, qui était l’agence de la bourgeoisie, devait fatalement, dans sa dégénérescence politique, devenir l’agence de la bourgeoisie la plus forte, la plus puissante, de la bourgeoisie de toutes les bourgeoisies, c’est-à-dire de la bourgeoisie américaine. »

43% des milliardaires mondiaux sont américains en 2015. Avec 50% de la capitalisation mondiale (pour 14% du PNB!), Wall Street mène le bal à sa guise, aussi bien à Paris qu’à Berlin ou à Sao Paulo.

Enfin sur la culture de la dette, je trouve ces lignes amusantes :

« La politique européenne de l’Amérique est entièrement établie sur le principe de la dette. Allemagne, paye à la France; Italie, paye à l’Angleterre; France, paye à l’Angleterre; et tout le monde, payez-moi!Voilà ce que dit l’Amérique. Cette hiérarchie des dettes est une des bases du pacifisme américain. »

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Bibliographie Léon Trotsky- Discours sur les perspectives de l’évolution mondiale (sur Marxists. Org) John Hobson — Imperialism, a study (sur Marxists.org)

Source : Nicolas Bonnal, 29.09.2016

Voir aussi :

URL: http://www.les-crises.fr/comment-trotsky-explique-la-soumission-europeenne-aux-usa/

[Entraide] Traduction anglais 21/01

[Entraide] Traduction anglais 21/01

Voici comme d’habitude un appel à l’entraide pour la traduction de textes anglais, par une collaboration via Framapad.

L’idée est de traduire par blocs ET de vérifier et améliorer la traduction déjà réalisée par les autres, pour avoir un beau résultat (c’est pour ça d’ailleurs que je ne reprends pas souvent des traductions externes, elles sont souvent de piètre qualité).

Nous avons besoin de volontaires pour participer ponctuellement aux traductions (c’est un système participatif, vous gérez librement sans engagement de temps ni de durée). Nous avons modifié la procédure et augmenté la sécurité, qui implique une connexion par identifiant personnel et mot de passe. Si vous en voulez un, indiquez-le en commentaire de ce billet en précisant votre mail dans la zone spécifiée (pas dans le commentaire, sinon il sera visible par tous, ce qui n’est pas le cas dans la zone dédiée “Adresse de contact” du commentaire). Nous vous en communiquerons alors un. (recommencez s’il y a eu un souci, on fait au mieux…). Quand vous aurez vos codes, un mode d’emploi est disponible ici..

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Il faudrait un volontaire pour assurer le suivi et la relecture finale des traductions chaque semaine (donc avec un peu de temps et un bon niveau en anglais)

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Les traductions de la semaine (on compte sur vous – merci aux participants, votre aide est vraiment précieuse !) :

Le premier texte est ici : Trump’s America and the New World Order: A Conversation With Noam Chomsky

Le 2e texte est ici : Abby Martin Responds to Exploitation by NY Times

Le 3e texte est ici : German Resistance to Russia Detente

Le 4e texte est ici : Gen. Mattis: “Russia Is The Principal Threat To US Security”

 

 

Je complèterai dans le week end, merci à vous !  🙂

 

 

[Pour les traducteurs : n’ayez crainte, nous avons donc un stock de passionnants billets traduits antérieurement, que nous publierons ultérieurement. Merci encore]

Si vous ne parlez pas anglais, ce n’est pas grave, vous pouvez aussi simplement relire en français pour enlever les fautes d’orthographes directement.

Merci d’avance ! Vous êtes super efficaces 🙂

N.B. : toutes les traductions déjà faites sont stockées, et sortiront dans les prochaines semaines, pas de souci…

Olivier Berruyer.

URL: http://www.les-crises.fr/entraide-traduction-anglais-5/

Todd à contre-courant

Todd à contre-courant

Une fantastique émission de près d’une heure avec Emmanuel Todd, que je vous recommande vivement, à l’occasion des 2 ans du site engagé Là-bas.org de Daniel Mermet.
Je vous recommande de le soutenir, en prenant (au moins) un abonnement mensuel de 5 € pour voir cette remarquable émission…
Source : Là-bas, 23-12-2016
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Pour l'enfariné Manuel Valls, c'est un mauvais Français, pour l'académicien Alain Finkielkraut, c'est un auteur qui « chie sur la tête des lecteurs ». Emmanuel Todd a l'art d'énerver la bourgeoisie intellectuelle et même la bourgeoisie tout court. Un monde qu'il connaît puisque c'est le sien.
Déjà traître à son milieu, son grand-père, le philosophe Paul Nizan, démolissait les BHL et les Zemmour de l'époque, dans son livre Les Chiens de garde. Emmanuel Todd affirme que c'est par tradition familiale qu'il joue ainsi son rôle d'intellectuel, à contre-courant. Bien sûr, les intellectuels jouent tous aux rebelles, c'est comme ça que le pouvoir les aime, mais combien de doigts vous faut-il pour compter ceux qui ont vraiment mis leur savoir au service du contre-pouvoir ? Combien dans ce contre-courant qui ressemble parfois à un mince filet d'eau ? Voire même complètement à sec comme l'a encore montré l'élection de Donald Trump, retentissante faillite du monde intello-médiatique [1] ?
Avec 46% d'abstention, Donald Trump a obtenu près de trois millions de voix de moins que son adversaire, mais le système électoral américain lui a donné le pouvoir. Un choc, un séisme, une panique, une horreur, mais pas pour tout le monde. Les nombreuses victimes de la globalisation imposée depuis plus de trente ans ont été sensibles aux promesses du milliardaire Trump contre la mondialisation néo-libérale, pour le protectionnisme, la politique sociale et le retour de l'État.
Fera-t-il ce qu'il a promis ? Le décevant bilan d'Obama ou les trahisons des socialistes français incitent à en douter. Mais il n'y avait pas de doute à avoir sur la politique ultra-libérale, sécuritaire et militaire qu'entendait mener son adversaire Hillary Clinton.
Todd met Trump de côté et s'intéresse à ce qui a intéressé les électeurs qui ont fait gagner Trump. Une Amérique profonde, plutôt blanche, plutôt rurale, plutôt masculine, plutôt âgée, plutôt peu diplômée et en voie de déclassement plus ou moins avancé. Une récente étude a montré que le taux de mortalité de la population blanche américaine la moins éduquée, âgée de 45 à 54 ans, a augmenté de façon inédite au cours des dernières années. Des dégâts imputables à l'insécurité économique qui frappe des pans entiers de la société américaine ignorés et méprisés par les élites éduquées des grandes villes.
L'élection de Trump marque-t-elle un réveil contre la globalisation néo-libérale ?
Un entretien de Daniel MERMET avec Emmanuel TODD :
– 01. TRUMP ou la fin de la globalisation ?
– 02. Vers un retour de l'État
– 03. TODD contre les chiens de garde
– 04. TRUMP à la Maison Blanche, LE PEN à l'Élysée ?
– 05. Le retour de la Russie
Voir la vidéo
5€/mois
Source : Là-bas, 23-12-2016

URL: http://www.les-crises.fr/todd-a-contre-courant/

Antonio Tajani, président mal élu

Antonio Tajani, président mal élu

Source : Dernière Nouvelles d’Alsace, Anne-Camille Beckelynck, 18/01/2017

Quatre tours, 12 heures de scrutin, des alliances en forme de retournement de veste, des rumeurs de marchandages plein les couloirs : l'élection du président du Parlement hier a été une farce qui n'honore ni l'institution ni le vainqueur final, l'Italien Antonio Tajani.

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Strasbourg.- Parlement européen

Comme le sourire du chat invisible d'« Alice au pays des merveilles », le fantôme assurément rigolard de Silvio Berlusconi flottait hier sur le Parlement européen. Le Cavaliere, seul point commun entre le président sortant, Martin Schulz, et son successeur Antonio Tajani. Schulz doit sa notoriété à une insulte proférée à son encontre par le Premier ministre italien : en 2003, reçu au Parlement européen, il lui avait dit qu'il le verrait bien dans un rôle de kapo de camp de concentration…

Hier, retournement de l'histoire au parfum de revanche berlusconienne : c'est un fidèle du Cavaliere qui est monté au perchoir. Antonio Tajani, qui a fondé avec lui le parti Forza Italia, a aussi été son porte-parole avant d'être nommé commissaire européen – toujours par le même Berlusconi.

C'est surtout pour ces anciennes fonctions bruxelloises que l'Italien, devenu eurodéputé en 2014, est contesté au Parlement européen. La gauche (les verts en premier) lui reproche en particulier son inaction sur le « Dieselgate », le dossier des moteurs truqués.

Malgré ces réticences notoires, son groupe politique l'a choisi comme son candidat en décembre, lors d'un scrutin interne auquel participaient trois autres candidats pourtant plus consensuels.

Cuisine politicienne

L'élection d'Antonio Tajani hier restera comme le souvenir d'une longue, très longue journée qui a vu se dérouler pas moins de quatre tours de scrutin. Les six candidats en lice se sont maintenus jusqu'au troisième. Un seul avait fait défection avant même l'ouverture des urnes : le libéral Guy Ver-hofstadt.

L'ancien Premier ministre belge qui, il y a 10 jours, appelait la gauche à s'unir derrière lui pour faire barrage à Tajani, a fini par conclure un accord avec lui. Et ce dernier, voyant cette alliance avec sa gauche insuffisante en nombre de voix pour l'emporter, a ensuite passé une partie de la journée à faire des appels du pied aux eurosceptiques du groupe ECR à sa droite.

Dans le même temps, les sociaux-démocrates appelaient au rassemblement de la gauche. Pour séduire des eurosceptiques décidément très courtisés, celle-ci promettait que si son candidat, Gianni Pittella, était élu, elle ferait en sorte que Guy Verhofstadt soit démis de son mandat de négociateur du Brexit. Vaine tentative : soutenu par ECR, Tajani l'a emporté au quatrième tour à la majorité simple, par 351 voix (il en avait 291 au 3e tour face à cinq candidats) contre 282 pour Pittella, avec seulement 633 votes exprimés sur 713 élus présents.

Un président mal élu et redevable des eurosceptiques ; une « grande coalition », seule capable jusqu'ici d'assurer la stabilité des majorités, détruite ; un chef de groupe libéral et négociateur du Brexit désormais privé de toute crédibilité : le Parlement européen sort de cette élection avec des perspectives plus que floues et une image ternie. Il ne devait pas être le seul à rire, hier, Silvio Berlusconi.

Source : Dernière Nouvelles d’Alsace, Anne-Camille Beckelynck, 18/01/2017

URL: http://www.les-crises.fr/antonio-tajani-president-mal-elu/

[Vidéo] Mélenchon à propos de France Inter

[Vidéo] Mélenchon à propos de France Inter

Je mets cette vidéo pour le début, sur les agissements de France Inter…

Source : Youtube, Jean-Luc Mélenchon, 13-01-2017

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Dans ce 14e épisode de la revue de la semaine, Jean-Luc Mélenchon évoque quatre sujets : Donald Trump et les relations américaines avec la Chine et la Russie, François Fillon qui dit qu’il n’y aurait pas internet en France sans lui, le CAC 40 qui se gave et enfin France inter qui a failli supprimer la chaîne youtube de Jean-Luc Mélenchon…

***LE SOMMAIRE***
00:00 : France Inter a failli supprimer la chaîne de Jean-Luc Mélenchon
03:15 : Pas d’internet sans François Fillon ?
04:28 : Donald Trump et les relations américaines avec la Chine et la Russie
15:35 : Le CAC 40 se gave
18:05 : Fin et conclusion

***LES LIENS***
– François Fillon contre les fonctionnaires de France Télécom: où sont VRAIMENT les compétences ? : http://www.huffingtonpost.fr/sebastie…
– Donald Trump prend le risque d’une crise avec la Chine en parlant avec Taïwan : http://www.lefigaro.fr/international/…
– Les premiers chars américains débarquent en Europe pour se déployer à l’est : http://www.rtbf.be/info/monde/detail_…
– Bourse : les dividendes records du CAC 40 : http://www.lesechos.fr/finance-marche…

Source : Youtube, Jean-Luc Mélenchon, 13-01-2017

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URL: http://www.les-crises.fr/melenchon-a-propos-de-france-inter/

L’Euro contre l’Europe, par Jacques Sapir

L'Euro contre l'Europe, par Jacques Sapir

Source : Russeurope, Jacques Sapir, 04-11-2016

L'Union européenne traverse aujourd'hui crise majeure. Il s'agit d'une crise économique mais aussi d'une crise d'identité. A l'origine de cette crise on trouve l'Euro. La monnaie unique se voulait le couronnement de la construction européenne. En réalité, elle cause son déclin. Elle corrode les fondations économiques et sociales des pays qui l'ont adopté, met à mal la démocratie, suscite, peu à peu, la montée de comportements tyranniques qui produisent, en réaction une vague dite « populiste » sans précédent et sans égal. La monnaie unique cause des dysfonctionnements de plus en plus importants dans les pays qui l'ont choisie. Seule l'Allemagne semble y échapper ; ce n'est pas un hasard. L'Euro a été conçu par et pour l'Allemagne. Permettant une sous-évaluation de la monnaie allemande, l'Euro entraine aussi une surévaluation des monnaies de pays comme la France, l'Italie[1]et l'Espagne[2]. Cela se traduit par l'énorme excédent commercial structurel de l'Allemagne au détriment de ses voisins, un excédent commercial qui porte en lui la fin de l'Union européenne.

Sources : base de données du FMI (octobre 2016)

Sources : base de données du FMI (octobre 2016)

Sans l'Euro, cet excédent aurait produit une réévaluation de la valeur de la monnaie allemande, tout comme il aurait conduit à la dépréciation de la valeur des autres monnaies par rapport à la monnaie allemande. Or, ceci est impossible du fait de l'Euro. L'Allemagne avait ainsi une balance commerciale déficitaire de -1,4% du PIB en 1999 ; elle se retrouve avec un excédent de plus de 8% en 2015. Surtout, cet excédent ne cesse de s'accroître depuis l'introduction de l'Euro.

Les crises désormais sont permanentes depuis 2010. Elles ont de graves conséquences sociales, directes, comme on le voit avec la montée du chômage, et celui des jeunes dans les pays d'Europe du sud, ou indirectes, comme les politiques budgétaires stupidement restrictives adoptées pour « sauver l'Euro », qui entrainent une chute historique des investissements pesant non seulement sur la croissance mais sur le bien-être des populations. Les crises à répétition entre les pays de l'UE les dressent les uns contre les autres, et menacent la coopération européenne comme jamais auparavant. L'Euro constitue un défi et un danger pour l'état d'esprit européen. Le constat est désormais partagé par de nombreux économistes. Qu'il s'agisse de Lord Mervyn King, l'ancien gouverneur de la Bank of England ou Banque centrale du Royaume-Uni, qui vient de publier un livre[3] où il étrille l'Euro, de plusieurs prix Nobel, dont Joseph Stiglitz[4], ou d'un livre co-écrit par plusieurs économistes[5] – tous pensent de même. Ils ne sont pas les seuls. Des politiques de premier plan, comme Oskar Lafontaine (ex dirigeant du SPD et fondateur du parti Die Linke[6]), Stefano Fassina, ancien ministre du gouvernement de centre-gauche en Italie[7], ont joint leur voix aux critiques. Ces critiques sont le versant policé de la montée des mouvements populistes dans les différents pays européens, que ce soit le Mouvement 5 étoiles en Italie, PODEMOS en Espagne, le Front National en France, ou des mouvements similaires au Pays-Bas et même en Allemagne (avec AfD). Et cela nous mène à une question évidente: pourquoi donc l'Euro a-t-il été mis en place ?

1. L'histoire de l'Euro

Le projet est ancien. La réflexion sur une monnaie unique européenne date de la fin des années 1960 avec le rapport Werner[8]. Les obstacles étaient, eux aussi et déjà, bien connus. En 1977, le président de la Commission européenne de l'époque, le Britannique Roy Jenkins, proposa la création d'une monnaie unique pour les pays qui composaient alors la Communauté économique européenne. Mais il liait sa proposition à un budget communautaire dont le montant s'élèverait à 10 % du produit intérieur brut (PIB) des Etats membres. Cette idée était techniquementlogique, mais elle fut politiquement rejetée par la totalité des pays concernés. Elle l'est toujours aujourd'hui, alors que le budget de l'Union européenne ne dépasse pas les 1,25% du PIB. Or, sans budget fédéral, l'Euro ne peut fonctionner. Malgré cette faiblesse, on a institué l'Euro tout en sachant que le budget dédié à son fonctionnement était insuffisant. Cela appelle plusieurs explications.

Depuis la fin des années 1980, et en particulier avec le Traité de Maastricht entré en fonction en 1993 et qui a créé l'Union européenne s'est ainsi affirmé un projet politique : mettre en place des institutions fédérales ou encore supranationales. Or, ces institutions avaient été, et sont toujours, rejetées par les peuples européens à chaque fois que l'on a consenti à leur demander leur avis. Rappelons-nous le projet de Traité Constitutionnel, rejeté par référendum par la France et les Pays-Bas en 2005. Il fallait donc ruser. Les dirigeants européens ont donc consciemmentconstruits des institutions incomplètes, dont l'Euro est le meilleur exemple, en espérant que les crises naissant de cette incomplétude amèneraient les peuples à consentir, dans l'urgence, ce à quoi ils s'étaient refusés de manière raisonnée. Mais, cette ruse a failli. Les crises se sont multipliées, les unes après les autres. Pourtant, aucune n'a pu engendrer ce dépassement fédéral que les pères de l'Euro appelaient de leurs vœux. Le gouvernement français est bien seul, aujourd'hui, à porter le projet fédéral. Même le gouvernement allemand, qui fut longtemps son meilleur allié, se détourne désormais d'une logique politique qui ferait peser sur ses seules épaules le fardeau de la mise en place de ce fédéralisme. Ainsi se contente-t-elle de défendre un statu-quo qui l'avantage à l'évidence.

Nous sommes dans une impasse. Ne pouvant aller au-delà, et n'osant pas retourner en deçà, nous sommes condamnés à la crise. Au-delà, l'Euro détruit lentement les vieilles nations au sein desquelles s'était construite et consolidé la démocratie. Avec le traité sur la coopération et la gouvernance, dit aussi TSCG, que François Hollande fit ratifier en septembre 2012, c'est la maîtrise du budget, élément essentiel de notre souveraineté, qui est en passe d'être retiré aux élus de la Nation. Les politiciens organisent ainsi leur propre impuissance pour fuir leurs responsabilités. On réaffirme alors un dogme : « l'Euro protège ». Mais, de quoi, et comment, cela n'est jamais dit, et pour cause… « L'Euro favorise la croissance » est un autre point du crédo, que démentent pourtant les faits les plus évidents. L'Euro n'est pas – et ne peut pas être – un objet économique. Il n'est même pas un objet politique. Il est devenu un fantasme, celui qui dévoile en réalité ce grand désir de nombreux responsables et dirigeants politiques de se fondre dans une masse indifférenciée pour échapper à leurs responsabilités.

La « bonne nouvelle » des économistes et l'imposture

Il faut donc revenir sur les origines de l'Euro. Il nous fut présenté comme une terre de grandes promesses : mais elle s'est depuis, transformé en celle du grand mensonge. Tels les trois mages des évangiles, trois principales contributions, celles de Robert Mundell, de R. McKinnon et de Peter Kennen, sont venues porter la « bonne nouvelle ». Pourtant, des études récentes montrent le contraire.

La théorie des zones monétaires optimales (ou ZMO) a été énoncée par l'économiste Robert Mundell en 1961[9]. Elle entend fonder les raisons théoriques de l'existence de zones où il serait avantageux d'avoir une seule et même monnaie. Deux ans plus tard, c'est Allan Robert McKinnon qui apporta sa pierre à l'édifice[10]. Il explique que plus l'ouverture d'une économie sur l'extérieur est importante, plus l'importance du taux de change s'en trouve réduite. L'intérêt d'un ajustement par le taux de change devenait faible. Quant à Peter Kennen[11], il montrait que, si l'économie d'un pays était diversifiée, cette diversification réduisait l'ampleur de ce que les économistes appellent des « chocs exogènes », et permettait à ce pays d'être lié à d'autres par un taux de change fixe. De ces travaux, on pouvait donc déduire qu'un pays avait intérêt à se lier à d'autres par une monnaie unique sous réserve que le capital et le travail soient parfaitement flexibles, qu'il soit très ouvert sur le commerce international et que son économie soit largement diversifiée. Certains économistes avaient déduit des mouvements monétaires extrêmement importants qui s'étaient produits de 1975 à 1990 que la sensibilité des exportations (et des importations) au prix de ces produits était faible dans l'économie moderne. S'était alors développée l'idée que le commerce international se jouait essentiellement sur la qualité des produits. De même on a prétendu démontrer que des pays tireraient des avantages économiques importants d'une monnaie unique. Cette dernière était censée engendrer une augmentation très forte des flux commerciaux entre les pays de la zone monétaire ce que prétendait démontrer Andrew K. Rose[12]. Une littérature extrêmement favorable aux unions monétaires se développa, décrivant les monnaies nationales comme des « obstacles » au commerce international[13] et à l'augmentation de la production et des échanges potentiels[14]. L'union monétaire européenne allait créer les conditions de réussite de la « Zone Monétaire Optimal[15] », dans un mouvement qui semblait devoir être endogène[16].

Il y eut les déclarations imprudentes de divers hommes politiques affirmant que l'Euro allait conduire, de par sa seule existence, à une forte croissance. Jacques Delors et Romano Prodi ont affirmé que l'Euro allait favoriser la croissance européenne de 1% à 1,5% par an et ce pour plusieurs années[17]. Ils furent bien mauvais prophètes.

Le cauchemar de la réalité

Les recherches conduites sur des données plus complètes et plus rigoureuses, ont fortement réduit, voire annulés, les effets positifs de l'union monétaire[18]. La méthode économétrique utilisée était défectueuse[19]. Ces modèles ne prenaient pas en compte la persistance du commerce international[20]. Ceci devait aboutir à la remise en cause des résultats. Harry Kelejian a repris les diverses estimations des effets d'une union monétaire sur le commerce international des pays membres[21]. Les résultats sont dévastateurs. L'impact de l'Union économique et monétaire est estimé à une croissance du commerce de 4,7% à 6,3%, soit très loin des estimations les plus pessimistes des travaux antérieurs qui plaçaient ces effets à 20%, et ceci sans même évoquer les premières analyses de Rose qui les situaient entre 200% et 300%. En dix ans, on a réduit l'effet de 10 à 1 (de 200% à 20%[22]), puis une nouvelle réduction a ramené ces effets à une moyenne de 5% (un facteur de 4 à 1)[23]. Les effets positifs ont donc été largement surestimés, à l'évidence pour des raisons politiques.

On avait aussi avancé l'idée que l'Union monétaire et financière réduirait les risques des à-coups de la conjoncture économique[24], soit le risk-sharing devenu aujourd'hui l'un des arguments des défenseurs de l'Euro[25], régulièrement convoqué pour expliquer que l'Euro « protège ». Mais, le risk-sharing, quand il peut être mesuré, est bien plus le fait de mécanismes budgétaires que de l'unification d'un marché monétaire et financier[26]. Dans le cas de notre zone, il n'est pas évident que l'on ait un quelconque effet de cette sorte[27]. Sur ce point aussi, il est clair que les partisans de l'Euro ont menti. Or, si l'effet, sur le commerce international produit par une zone monétaire est faible, il faut en déduire qu'inversement l'effet des prix (ce que l'on appelle la « compétitivité coût ») est nettement plus important que ce qu'en dit le discours dominant[28]. Ceci redonne toute son importance aux dévaluations pour restaurer la compétitivité de certains pays.

La réévaluation des effets positifs des dépréciations monétaires

L'impact du taux de change sur les balances commerciales était connu. La rapidité du « rebond » de la Russie en 1999 et 2000 en particulier[29], a été l'un des principaux arguments allant dans ce sens. Les économistes du FMI ont réalisé une étude assez systématique sur une cinquantaine de pays[30]. Ils ne trouvent aucun signe de la fameuse « déconnexion » tant citée entre les flux du commerce international et les taux de change. L'étude montre qu'en moyenne, pour une dépréciation du taux de change de 10%, on obtient un gain de 1,5% du PIB. L'Euro fut donc vendu aux populations (et aux électeurs) sur la base de mensonges répétés, mensonges enrobés dans un discours se donnant pour scientifique, mais qui ne l'était nullement. Il y a donc eu manipulation, non pas tant des économistes que des politiques qui se sont servis de leurs travaux. Il s'est construit ce qu'il faut bien appeler un mensonge. L'Euro ne pouvait avoir de bases démocratiques.

2. L'Euro et l'Europe

Les méfaits de l'Euro se sont donc faits sentir dans l'Union européenne. Pourtant, cette dernière est loin d'être convertie dans sa totalité à l'Euro. Plusieurs pays, et non des moindres, tels la Grande-Bretagne, la Hongrie, la Pologne ou la Suède, ont refusé – et refusent toujours – de rejoindre la zone Euro. Force est de constater qu'ils ne s'en portent pas plus mal, loin de là. L'Euro mine l'Union. La crise de l'Euro a paralysée l'UE depuis 2010, et l'a entraînée dans toujours plus d'austérité, suscitant alors une vigoureuse remise en cause de la part des électeurs. Les succès électoraux des partis eurosceptiques, que l'on qualifie de « populistes », en témoignent.

L'Euro et la faible croissance de l'économie européenne

On peut comparer les taux de croissance annuel entre une sélection des 9 pays les plus importants de la zone et le reste des pays développés. L'écart du taux de croissance moyen est, par an, d'environ 1% entre les pays de la zone Euro et les autres pays. Pourtant, ces pays ont connue eux aussi leur lot de problèmes, qu'il s'agisse des États-Unis ou du Royaume-Uni.

L'écart est encore plus spectaculaire si on le compare aux résultats de la Suède, pays européen qui a justement refusé d'adhérer à l'Euro, ou au Canada. On mesure ainsi les effets délétères de l'Euro sur la croissance. La crise de la zone Euro a aggravé ce freinage. L'Euro a freiné la sortie de crise, voire a aggravé cette dernière dans de nombreux pays. La crise de 2007-2010 a été plus facilement surmontée dans les pays qui n'avaient pas l'Euro que dans ceux qui l'avaient. L'Euro n'a donc nullement « protégé » les pays de la zone. Si l'on prend en compte le PIB par habitant, meilleur indicateur de la richesse réelle d'une population, un seul pays a vu son PIB par habitant s'accroître de manière conséquente par rapport à 1999, c'est l'Allemagne. C'est d'ailleurs le seul pays de la zone où le PIB par habitant se soit accru après la crise financière, de 2008 à 2015. De fait, l'Allemagne est le seul pays de la zone à avoir des chiffres de croissance comparables à ceux des pays ne faisant pas partie de l'Euro, comme le Canada, le Royaume-Uni, la Suède, ou les États-Unis.

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Source : base de donnée du FMI

Source : base de donnée du FMI

La chute est importante pour les autres comme dans le cas de la Grèce (-3,2% par an depuis 2008). Elle est significative pour la Finlande, l'Espagne, l'Italie et le Portugal. Si l'on retirait l'Allemagne de l'échantillon on verrait que le bilan de la zone Euro est encore plus négatif.

La chute des investissements, elle aussi spectaculaire, compromet le développement de l'économie pour les prochaines années et annonce l'équivalent d'une décennie perdue pour les pays de la zone Euro. L'investissement s'est contracté dans la plupart des pays considérés. La chute, faible en ce qui concerne l'investissement global, est significative pour l'investissement par habitant. Cela se traduit par le non-renouvellement du stock de capital par personne. Le contraste est alors saisissant avec les pays ne faisant pas partie de la zone Euro.

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Les seuls pays qui échappent à cette tendance sont la Belgique, la Finlande et la France. Cette contraction est importante en Italie et en Espagne, et catastrophique au Portugal et en Grèce. Ces derniers pays ont le même niveau d'investissement que celui qui était le leur au milieu des années 1980. La partie du continent européen qui vit sous le joug de l'Euro a donc vu le capital fixe par habitant stagner depuis 1999. Or, ce dernier est constitué de choses concrètes, comme des logements, des infrastructures, des routes, des ponts, des voies de chemin de fer ou des aéroports, des systèmes d'adduction d'eau, des systèmes de communication, mais aussi un capital plus directement productif, composé de machines, de bâtiment pour loger ces machines, et ainsi de suite.

C'est bien pourquoi la stagnation de cet investissement par habitant, voire sa diminution, présente une telle menace pour le niveau de vie futur des populations européennes. A contrario, les pays qui ne sont pas dans l'Euro, la Suède, le Royaume-Uni, pour n'évoquer que les pays européens, le Canada et les États-Unis pour l'Amérique du Nord, ont continué à accroître le capital par habitant.

Source : Base de données du FMI

Source : Base de données du FMI

L'Euro et la perte de confiance de l'Europe

On ne peut donc faire fonctionner la monnaie unique sans provoquer une catastrophe en Europe, et au-delà dans l'économie mondiale. L'impact des politiques d'austérité qui n'ont été mises en œuvre que pour « sauver » l'Euro dépasse ainsi de loin les frontières de l'Europe[31]. Cet impact est catastrophique dans le domaine du chômage. Il se concentre sur l'Europe du Sud, où il frappe den priorité les jeunes et fait sentir ses effets dans la démotivation, voire le désespoir, des nouvelles générations, en Grèce, en Espagne et en Italie. C'est alors un capital immatériel que l'Euro détruit, dans ses effets sur la confiance en soi de millions de jeunes et dans les ravages sociaux que cette perte de confiance engendre.

On comprend alors la frilosité des populations européennes face aux réfugiés du Moyen-Orient. Il faut être aveugle pour ne pas voir que ce qui s'exprime dans cette frilosité c'est l'angoisse du lendemain pour des millions et des millions de gens, la destruction de la confiance, la perte de l'idée de l'avenir. De 1945 à 1950, les pays européens eurent à gérer un problème de réfugiés bien plus important que celui d'aujourd'hui. Mais, on avait confiance en l'avenir. Dans les difficultés, pourtant immenses, de la reconstruction de l'après-guerre, les populations sentaient confusément que la situation s'améliorait mois après mois. C'est pourquoi on a su trouver de la place à ces réfugiés. On mesure alors ce que l'Euro coûte aux populations européennes, que ce soit directement – pour les pays membres de la zone Euro – ou que ce soit indirectement pour les autres pays. Parce que l'Euro a été mis en place dans le cœur historique de l'Europe, sa crise affecte naturellement l'Europe toute entière.

L'impossibilité du fédéralisme

La crise grecque, un pays qui représente moins de 3% du PIB de la Zone Euro, est ainsi devenue majeure. Les fondements mêmes de l'UE ont été durablement ébranlés et déconsidérés. La crise des banques italiennes, venant après celle des banques espagnoles et avant celle des banques allemandes, est une nouvelle cause constante d'inquiétude pour les marchés financiers. Ici encore, les institutions de règlement de ces crises, ce que l'on appelle l'union bancaire, qui avaient été mises en place en 2012, n'ont pas fonctionné. Ces crises devront être réglées dans un cadre national. Bien entendu, les moyens existent. Mais, à chaque fois, c'est la zone Euro qui se défait un peu plus.

Car la cause réelle de ces diverses crises n'est pas l'endettement de la Grèce, les mauvaises dettes accumulées dans les banques italiennes, ou les opérations douteuses réalisées sur les marchés financiers par les banques allemandes : c'est le fonctionnement de la zone Euro. Il dresse les peuples les uns contre les autres et ranime les pires des souvenirs de l'histoire européenne. Si l'UE et l'Europe sont deux choses différentes, aujourd'hui, ce qui se joue à Bruxelles n'est plus seulement l'avenir de la Grèce ou de l'Euro, c'est l'existence même de l'Union européenne et l'avenir de l'Europe.

Si, dans des pays fédéraux comme l'Inde, l'Allemagne ou les États-Unis une même monnaie fonctionne en dépit des divergences, parfois extrêmes, qui existent entre les territoires composant ces pays c'est avant tout parce qu'existent des flux de transfert importants. Ceci n'a pu être mis en place au sein de la zone Euro, en raison de l'opposition de nombreux pays mais, par dessus tout, en raison de l'opposition totale de l'Allemagne. Beaucoup de ceux qui écrivent en faveur de l'Euro se lamentent alors sur ce qu'ils appellent « l'égoïsme allemand[32] ». Ils ne prennent jamais la peine de mesurer ce que coûterait à l'Allemagne le financement de ces flux de transfert. Le calcul a été présenté[33]. Il s'évaluait alors autour de 260 milliards d'euros par an, sur une période de dix ans, et ce uniquement pour aider les 4 pays du « Sud » que sont l'Espagne, l'Italie, le Portugal et la Grèce. Sur cette somme, on peut penser qu'environ 90% serait fourni par l'Allemagne. On aboutit alors à un prélèvement sur la richesse produite en Allemagne compris entre 8% et 9% du PIB. Une autre source estimait même ce prélèvement à 12%[34]. Or, imposer un tel prélèvement à l'Allemagne détruirait son économie. La question n'est donc pas que l'Allemagne ne veuille pas mais qu'elle ne peut pas supporter de tels prélèvements.

Le glissement vers la tyrannie

Confrontés à l'impossibilité de mettre en place une union de transfert, les gouvernements de la zone Euro ont cru trouver leur salut dans une combinaison de cures d'austérité dont les effets récessifs ont fragilisé les économies, et d'une politique monétaire expansionniste menée par la Banque centrale européenne. Mais, cette politique monétaire n'a pas résolu le problème et elle est aujourd'hui au bout de ses possibilités. Cela revient à soigner une pneumonie avec de l'aspirine, médicament qui certes permet à la fièvre de baisser, mais ne soigne pas.

L'Allemagne est aujourd'hui, et plus que jamais, opposée à une union de transferts. Elle a réussi à imposer sa propre logique de gestion grâce aux divers « pactes » de solidarité qui ont été signés depuis 2011[35]. C'est ce que l'on appelle le « six pack », qui a été consolidé dans le TSCG signé en 2012[36], et qui est entré en vigueur le 1er janvier 2013. Ces traités ne font que renforcer les mécanismes d'austérité qui enserrent les économies européennes. Mais, surtout, ils tendent à imposer un cadre disciplinaire au-dessus de la souveraineté des peuples. C'est dans ses comportements que se joue le tournant progressif de l'Union européenne vers une tyrannie[37]. L'Euro a entraîné les économies des pays membres de la zone dans une logique de divergence de plus en plus forte qui conduit à des plans d'austérité de plus en plus violent. Ces plans exaspèrent les populations et dressent celles des pays ayant moins de problèmes contre celles des pays qui en souffrent le plus. Loin d'être un facteur d'unité et de solidarité, l'Euro entraîne le déchaînement des égoïsmes des uns et des autres et la montée des tensions politiques.

3. Sortir de l'Euro

Les dangers de l'Euro sont donc évidents et reconnus tant par des hommes politiques que par des dizaines d'économistes français et étrangers. La liste ne fait d'ailleurs que s'allonger[38], et compterait désormais plus de 175 noms. L'objectif de mettre fin à la monnaie unique, que ce soit dans la cadre d'une dissolution concertée ou que ce soit par une sortie unilatérale, devient désormais prioritaire si l'on veut sauver l'Union européenne. De la même manière que la sortie de la crise des années 1929-1932 impliqua la fin du Bloc-or, la sortie de la crise qui dure maintenant depuis près de dix ans en Europe, implique que l'on mette fin à l'Euro. Le débat sur une sortie, ou sur dissolution, suscite pourtant un certain nombre de questions récurrentes.

Mettre fin à la monnaie unique : un impératif

Une dépréciation de l'Euro pourrait-elle remplacer la dissolution de la zone Euro ? Cette thèse a été avancée de 2010 à 2014 quand le taux de change de l'Euro face aux autres monnaies était très élevé. En réalité, les tenants de cette thèse ont tendance à oublier :

  1. Dans un processus de dépréciation de l'Euro, la parité implicite de chaque pays de la zone entre eux n'est pas modifiée. Or, le problème réside dans les différences de situation à l'intérieur de la zone[39]. Un Euro déprécié avantage l'Allemagne bien d'avantage que les autres pays, si les taux des changes intérieurs à la zone restent constants, à leur niveau fixé en 1999. C'est le rapport entre les monnaies au sein de la zone qu'il faudrait pouvoir modifier pour tenir compte des différences entre les gains de productivité et les taux d'inflation entre chaque pays. Mais, cela, techniquement, exige en réalité que l'on mette fin à l'Euro.
  2. Le fait que tous les pays n'ont pas le même degré d'intégration dans la zone Euro. La France est aujourd'hui l'un des moins intégrés, alors que le taux d'intégration de l'Espagne ou de l'Italie est nettement plus élevé. Dans une dépréciation de l'Euro, la France gagnerait ainsi nettement plus que ses deux voisins du Sud. Soutenir l'idée de la dépréciation de l'Euro par rapport au Dollar, c'est en un sens vouloir la mort des pays du Sud de la zone.

La zone Euro fonctionne comme un système de parités rigides, équivalent du Bloc-or du début des années 1930, et ce sans la possibilité de dévaluer cette parité. Les économistes connaissent bien les inconvénients d'un tel système. Il empêche les ajustements naturels qu'il faut réaliser car les pays ont des trajectoires de gains de productivité et d'inflation qui sont très différentes. Ce système rigide fut l'une des causes de la grande dépression qui suivit la crise de 1929, et ce jusqu'à ce que les pays, les uns après les autres, se mettent à déprécier leurs monnaies, sortant du Bloc-or. L'Allemagne et le Royaume-Uni, en particulier, avaient initialement tenté de mettre en place des politiques de « dévaluations internes » pour maintenir la parité-or de leurs monnaies. Mais la « dévaluation interne » n'est autre que ce que l'on appelait, dans les années 1930, une politique de déflation[40], comme celle qui fut pratiquée par Ramsay Macdonald en Grande-Bretagne, Pierre Laval en France ou le chancelier Heinrich Brünning en Allemagne[41]. Les résultats en furent dramatiques. Compte tenu de la présence de rigidités nominales différentes suivant les prix[42], et du fait que les coûts financiers sont constants en valeur nominale, ces politiques se sont toutestraduites par des désastres sociaux Et économiques. Cette politique est aujourd'hui largement responsable de la hausse du taux de chômage dans les différentes économies du «Sud de la zone Euro. De fait, il n'y a pas d'alternative à ces politiques d'austérité tant que l'on restera dans la zone Euro.

Une sortie de la zone Euro entraînera-t-elle une catastrophe ?

A entendre ceux qui condamnent toute sortie de l'Euro, nous serions menacés d'une terrible catastrophe économique. Ce discours cherche à provoquer une réaction de peur et non une réflexion raisonnée, et raisonnable, sur ce sujet. Que des personnes en soient réduites à ce type d'argument dit bien à quel point on est entré dans le domaine du religieux dès que l'on évoque une sortie de l'Euro. L'un des arguments est qu'une disparition de la monnaie unique entraînant une dépréciation de la monnaie provoquerait une explosion de l'endettement de la France avec des conséquences désastreuses. L'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, s'est illustré en France dans la défense de cet argument qui est l'un des plus mensongers.

Il faut rappeler ici l'état du problème. En droit international ce qui compte n'est pas la nationalité du prêteur mais la nationalité des contrats. Quand une dette, publique ou privée, a été émise en droit français, sa monnaie de règlement est la monnaie ayant cours légal en France, quel que soit cette monnaie (Euro ou Franc, ou Lire, ou Pesetas). Ce principe porte un nom, la Lex Monetae[43]. Pour le cas de la France, la dette publique, les contrats émis en droit français représentent 97% de la dette en 2013. La dette des ménages, elle, est à plus de 98,5% en contrats en droit français. L'endettement des ménages resterait donc inchangé. Pour les entreprises non financières, le problème de la nature du droit ne se pose que pour celles, en général les grands groupes du CAC-40, qui ont emprunté en Dollar, en Livre ou en Yen (voire en Yuan). Mais, ces grands groupes réalisent aussi une large partie de leur chiffre d'affaires hors de France, et dans ces monnaies. La hausse de leur endettement serait couverte par la hausse de leur chiffre d'affaires en monnaie autre que le Franc. Pour les sociétés financières (banques et assurances), une étude de la Banque des règlements internationaux (BRI) de Bâle montre que le système bancaire français peut parfaitement digérer ce choc, dont le montant agrégé ne dépasserait pas les 5 milliards d'Euros. Quant aux assurances, elles ont massivement réorienté leurs actifs vers la France. Si une aide de l'État est nécessaire, elle devrait être limitée.

Une sortie de l'Euro impliquerait un changement global de la politique monétaire et financière de TOUS les états concernés. L'une des caractéristiques les plus importantes de ce changement serait le retour à une situation de réglementations de la finance, ce que l'on appelle la « répression monétaire ». Or, cette dernière eut un impact très positif, que ce soit sur la production ou sur l'investissement, quand elle fut pratiquée après la seconde guerre mondiale[44].

Les avantages d'une dissolution de l'Euro

Les avantages d'une dissolution de l'Euro seraient très importants pour la France comme pour l'Italie, l'Espagne, la Grèce et le Portugal. Cette dissolution, ou une sortie unilatérale provoquant rapidement l'explosion définitive de la zone, rendrait aux différentes monnaies la possibilité de s'ajuster, que ce soit à la baisse ou à la hausse. On sait qu'une dépréciation a des effets positifs sur l'économie, comme le montrent les études réalisées ces dernières années, et en particulier celles Fonds Monétaire International. En particulier, la compétitivité prix reste largement dominante dans le cas des produits fabriqués en France. La France retrouverait donc la compétitivité qu'il a perdue depuis l'engagement dans la logique de l'Euro, c'est à dire depuis en réalité le début des années 1990.

Une dépréciation des monnaies dans les pays en difficultés, combinée avec une réévaluation du Deutsche Mark, entraînerait une forte croissance pendant une période de 3 à 5 ans qui se traduirait par des créations d'emplois importantes. Cette croissance dégagerait les ressources budgétaires et fiscales qui sont nécessaires à la réalisation de véritables réformes structurelles. La forte baisse du chômage entraînerait un équilibre (voire un solde positif) de l'assurance-chômage. En fait, la meilleure des réformes structurelles, que ce soit sur la question de l'assurance-chômage ou sur celle des retraites, c'est bien le retour rapide à une forte croissance et une forte baisse du chômage. Loin de s'opposer, la dépréciation monétaire est le meilleur moyen de réaliser ces réformes structurelles. Les dépréciations monétaires ne s'annuleraient pas les unes par rapport aux autres. Il est certain que le du Deutsche Mark s'apprécierait fortement, par rapport à la Lire italienne à la Pesetas espagnole et au Franc français. Cette situation se révèle favorable tant pour la France que pours les divers pays du « Sud » de la zone Euro. L'excédent commercial « monstrueux » de l'Allemagne, qui détruit les économies européennes, disparaitrait du fait de l'écart entre les taux de change du Franc, de la Lire et de la Pesetas avec le Deutsche Mark. Cet excédent serait pour partie recyclé dans un excédent français et pour partie au profit de l'Italie, de l'Espagne et de la Grèce et du Portugal.. Ceci a été testé[45], et l'on peut montrer que des dépréciations monétaires engendrent une forte croissance non seulement pour la France, mais aussi pour l'ensemble de l'Europe du sud.

La fin de l'Euro est-elle la fin de l'Union européenne ?

Certains, après avoir reconnu et admis que l'Euro était une mauvaise chose pour la France mais aussi pour l'UE, prétendent qu'en sortir entraînerait automatiquement la fin de l'Union européenne. Pourtant, y a des pays, et des pays importants, qui font partie de l'UE et pas de la zone Euro : la Grande-Bretagne (bien que sa sortie soit proche), la Pologne, la Suède. Par ailleurs, l'UE a existé bien avant que ne soit créé l'Euro. Il est donc faux de dire qu'un éclatement de la zone monétaire conduirait à un éclatement automatique de l'UE. C'est l'existence de l'Euro qui compromet aujourd'hui l'UE et qui la rend, dans tous les pays, massivement impopulaire. C'est au nom de l'Euro que l'on a imposé des politiques d'austérités qui sont meurtrières (que l'on pense à la montée des suicides et des pathologies associées) aux pays de l'Europe du sud. C'est l'Euro qui, par ses effets négatifs sur la croissance, fait que, aujourd'hui, l'UE est une zone de stagnation économique tant par rapport à l'Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) que par rapport à la zone Asie-Pacifique. C'est l'Euro, du fait de la crise qu'il provoque à l'intérieur de certains pays, qui menace la stabilité politique et l'intégrité de ces derniers. C'est pourquoi les économistes du European Solidarity Manifesto[46] appellent à mettre fin à l'Euro avant que ce dernier n'ait tué l'Europe.

Il ne faut cependant pas se voiler la face. L'Euro a contaminé l'Union européenne. Il sera inévitable qu'à la suite de la dissolution de l'Euro on remette à plat un certain nombre de problèmes, et d'institution. Mais, l'UE n'est pas l'Europe. L'UE peut disparaître, le besoin d'une coopération entre pays européens se maintiendra.

 

Notes

[1] Bagnai A., « Italy's decline and the balance-of-payments constrainte : a multicountry analysis » in International Review of Applied Economics, n°20, 2016, pp. 1-26.

[2] IMF, 2016 External Sector Report, 18 juillet 2016, Washington, International Monetary Fund, Washington, D.C.

[3] King, Mervyn A., The End Of Alchemy: Money, Banking And The Future Of The Global Economy, Londres, Little, Brown (à paraître)

[4] Stiglitz Joseph E., The Euro: And its Threat to the Future of Europe, New Yok, Allen Lane, 31 mai 2016, (à paraître)

[5] Coll. L'Euro est-il mort ?, Paris, Editions du Rocher, 2016.

[6] La déclaration se trouve dans le journal Neues Deutschlandhttp://www.neues-deutschland.de/artikel/820333.wirbrauchen-wieder-ein-europaeisches-waehrungssystem.html ainsi que sur le blog d'Oskar Lafontaine : http://www.oskar-lafontaine.de/linkswirkt/details/f/1/t/wir-brauchen-wieder-ein-europaeischeswaehrungssystem/

[7] Fassina S., « For an alliance of national liberation fronts », article publié sur le blog de Yanis Varoufakis par Stefano Fassina, membre du

Parlement (PD), le 27 juillet 2015, http://yanisvaroufakis.eu/2015/07/27/foran-alliance-of-national-liberation-fronts-by-stefano-fassina-mp/

[8] Aris M. et N. M. Healey, « The European Monetary System », in N. M. Healey, The Economics of the New Europe, Londres-New York, Routledge, 1995, p. 45-67

[9] Mundell R., « A theory of optimum currency areas », in The American Economic Review, vol. 51, n°5,‎ 1961, pp. 657-665.

[10] McKinnon R.I., « Optimum Currency Area » in The American Economic Review, Vol. 53, No. 4, 1963, pp. 717-725

[11] Kenen, P.B., "The Theory of Optimum Currency Areas: An Eclectic View, " in Mundell R.A. et A.K. Swoboda (edits) Monetary Problems of the International Economy, Chicago, Ill., Chicago University Press, 1969.

[12] Rose, A.K., « One money, one market: the effect of common currencies on trade », Economic Policy Vol. 302000, pp.7-45 et Rose, Andrew K., "Currency unions and trade: the effect is large," Economic Policy, Vol. 33, 2001, 449-461.

[13] Rose, A.K., Wincoop, E. van, « National money as a barrier to international trade: the real case for currency union », American Economic Review, Vol. 91, n°2/2001, pp. 386-390.

[14] De Grauwe, P., Economics of Monetary Union, New York: Oxford University Press, 2003. Frankel, J.A., Rose A.K., « An estimate of the effect of currency unions on trade and output », Quarterly Journal of Economics, Vol. 108, 2002, n°441, pp. 1009-25.

[15] Laurentjoye T., La théorie des zones monétaires optimales à l'épreuve de la crise de la zone euro, Formation « Économie des Institutions », EHESS, Paris, septembre 2013.

[16] Frankel, J.A., Rose A.K., « The endogeneity of the optimum currency area criteria », Economic Journal, Vol.108, 449, 1998, pp.1009-1025. De Grauwe, P. Mongelli, F.P., «Endogeneities of optimum currency areas. What brings countries sharing a single currency closer together? », Working Paper Series, 468, European Central Bank, Francfort, 2005.

[17] Sapir J., Faut-il sortir de l'Euro ?, Le Seuil, Paris, 2012.

[18] Bun, M., Klaasen, F., « The euro effect on trade is not as large as commonly thought», Oxford bulletin of economics and statistics, Vol. 69, 2007, pp. 473-496. Berger, H., Nitsch, V., « Zooming out: the trade effect of the euro in historical perspective », Journal of International money and nance, Vol. 27 (8), 2008, pp. 1244-1260.

[19] Persson T., « Currency Unions and Trade : How Large is the Treatment Effect ? » in Economic Policy, n°33, 2001, pp. 435-448 ; Nitsch V., « Honey, I Shrunk the Currency Union Effect on Trade », World Economy, Vol. 25, n° 4, 2002, pp. 457-474.

[20] Greenaway, D., Kneller, R., « Firm hetrogeneity, exporting and foreign direct investment », Economic Journal, 117, 2007, pp.134-161.

[21] Kelejian, H. & al., « In the neighbourhood : the trade effects of the euro in a spatial framework », Bank of Greece Working Papers, 136, 2011

[22] Du travail initial de A.K. Rose datant de 2000 mais réalisé en fait entre 1997 et 1999 « One money, one market: the effect of common currencies on trade », Economic Policy 30,op.cit., au travail de R. Glick et A.K. Rose, datant de 2002, « Does a Currency Union Affects Trade ? The Time Series Evidence », op. cit..

[23] Bun, M., Klaasen, F., « The euro effect on trade is not as large as commonly thought», Oxford bulletin of economics and statistics, op.cit., estiment l'effet « positif » de l'UEM à 3%, ce qui le met largement dans l'intervalle d'erreurs de ce genre d'estimations.

[24] Artis M. et M. Hoffman, « Declining Home Bias and the Increase in the International Risk Sharing: Lessons from European Integration » , CEPR discussion Papers, 6617, 2007 ; Afonso A. et D. Furceri, « EMU enlargement, stabilization costs and insurance mechanisms », in Journal of International Money and Finance , vol. 27, 2008, pp. 169-187 ;

[25] European Commission, (2007), «Focus: cross-border risk sharing: has it increased in the euro area? », Quaterly report on the euro area, n°3, Bruxelles.

[26] Clévenot M et V. Duwicquet (2011), « Partage du risque interrégional. Une étude des canaux budgétaires et financiers aux États-Unis et en Europe », in Revue de l'OFCE 2011/4 (n° 119), p. 5-33.

[27] Duwicquet V. et J. Mazier, (2011), «Financial integration and macroeconomic adjustment in a Monetary Union », in Journal of Post Keynesian Economics, hiver 2011.

[28] C'est le sens d'une note rédigée par P. Artus, « C'est la compétitivité-coût qui devient la variable essentielle », Flash-Économie, Natixis, n°596, 30 août 2013.

[29] Sapir J., « The Russian Economy: From Rebound to Rebuilding », in Post-Soviet Affairs, vol. 17, n°1, (janvier-mars 2001), pp. 1-22.

[30] Leigh, D, W Lian, M Poplawski-Ribeiro et V Tsyrennikov (2015), "Exchange rates and trade flows: disconnected?", Chapitre 3 in World Economic Outlook, IMF, Octobre 2015.

[31] Bibow J. et A. Terzi, edits. Euroland and the World Economy, Palgrave MacMillan, New York, 2007.

[32] Voir Michel Aglietta, Zone Euro : éclatement ou fédération, Michalon, Paris, 2012.

[33] Voir Sapir J., « Le coût du fédéralisme dans la zone Euro », note publiée sur le carnet RussEurope, 10 novembre 2012, http://russeurope.hypotheses.org/453

[34] Patrick Artus, « La solidarité avec les autres pays de la zone euro est-elle incompatible avec la stratégie fondamentale de l'Allemagne : rester compétitive au niveau mondial ? La réponse est oui », NATIXIS, Flash-Économie, n°508, 17 juillet 2012.

[35] Déclaration des chefs d'État et de gouvernement de la zone euro du 25 mars 2010 (http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_data/docs/pressdata/fr/ec/113564.pdf ); Traité instituant le mécanisme européen de stabilité, 11 juillet 2011, http://www.eurozone.europa.eu/media/582863/06-tesm2.fr12.pdf

[36] Voir « Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'Union économique et monétaire », http://www.senat.fr/cra/s20121011/s20121011_mono.html

[37] Sapir J., « La zone Euro : du cadre disciplinaire à la 'démocrannie' », in Coll., L'Euro est il mort ?, op.cit., pp. 111-124.

[38] On peut consulter l'état de 2014 de cette liste à l'adresse suivante : https://blogs.mediapart.fr/brigitte-pascall/blog/210414/liste-des-economistes-favorables-une-sortie-de-leuro

[39] IMF, 2016 External Sector Report, 18 juillet 2016, op.cit..

[40] Goodhart C. et B. Hofmann (2004), « Deflation, credit and asset prices », In Burdekin R. C. K. & P. L. Siklos, (eds.), Deflation – Current and Historical Perspectives, Cambridge University Press, Cambridge, 2004.

[41] Eschenburg, T. (1972), « The Role of the Personality in the Crisis of the Weimar Republic: Hindenburg, Brüning, Groener, Schleicher », in Holborn H., Republic to Reich The Making of the Nazi Revolution, New York: Pantheon Books, pp. 3–50.

[42] Greenwald B.C. et J.E. Stiglitz, (1989), "Toward a Theory of Rigidities" in American Economic Review, vol. 79, n°2, 1989, Papers and Proceedings, pp. 364-369. J.E. Stiglitz, (1989), "Toward a general Theory of Wage and Price Rigidities and Economic Fluctuations" in American Economic Review, vol. 79, 1989, Papers and Proceedings, pp. 75-80

[43] Garner, B. A. (2001). A Dictionary of Modern Legal Usage, Oxford University Press, p. 526.

[44] Reinhart C. et K. Rogoff, Financial and Sovereign Debt Crises: Some Lessons Learned and Those Forgotten, IMF/FMI Working paper, Washington DC, 2013.

[45] Sapir J., Les scénarii de dissolution de l'Euro, (avec P. Murer et C. Durand), Fondation ResPublica, Paris, septembre 2013.

[46] http://www.european-solidarity.eu/

Source : Russeurope, Jacques Sapir, 04-11-2016

URL: http://www.les-crises.fr/leuro-contre-leurope-par-jacques-sapir/

Poutine : “Ils tentent de délégitimer Trump ; ils sont prêts pour un Maïdan à Washington”

Poutine : "Ils tentent de délégitimer Trump ; ils sont prêts pour un Maïdan à Washington"

Selon le site du Kremlin, Poutine a fini par réagir aux accusations débiles, et a tenu le 17 (sans gros buzz médiatique) des propos peu convenus :

Vous savez, il y a une catégorie de gens qui partent sans dire au revoir, par respect pour la situation qui a évolué, afin de ne pas bouleverser quoi que ce soit. Et puis il y a des gens qui continuent de dire au revoir, mais ne partent pas. Je crois que l’administration sortante appartient à la deuxième catégorie.

Que voyons-nous aux États-Unis ? Nous assistons à la poursuite d’une lutte politique intérieure aiguë malgré le fait que l’élection présidentielle soit terminée et qu’elle ait abouti à la victoire convaincante de M. Trump. Néanmoins, à mon avis, plusieurs objectifs sont poursuivis dans cette lutte. Peut-être y en a-t-il plus, mais certains d’entre eux sont parfaitement évidents.

Le premier est de saper la légitimité du président élu des États-Unis. À ce propos, je tiens à souligner que, délibérément ou non, ces personnes causent d’énormes dommages aux intérêts américains. Tout simplement énormes. L’impression est que, après une séance d'entraînement à Kiev, ils sont maintenant prêts à organiser un Maïdan à Washington pour empêcher Trump de d'accéder au pouvoir.

Le deuxième objectif est de lier les mains du nouveau président alors qu'il s'efforce de remplir les promesses de campagne qu’il a faites au peuple américain, à la fois sur le plan intérieur et à l’étranger. Eh bien, réfléchissez, comment peut-on faire quelque chose pour améliorer les relations russo-américaines si des chiffons rouges tels que l’ingérence de pirates informatiques dans la campagne électorale sont agités ? Alors qu'encore une fois, les pirates informatiques – quels qu’ils soient – ne compilaient rien ; Ils n’ont rien inventé ; Ils ont seulement divulgué des faits. Ou, surtout, si les services spéciaux russes ont des faits compromettants sur le président élu.

Ecoutez, je ne connais pas M. Trump. Je ne l’ai jamais rencontré. Je ne sais pas ce qu’il va faire sur la scène internationale, donc je n’ai aucune raison de l’attaquer ou de le critiquer pour quelque raison que ce soit, ou de le défendre, quoi qu’il arrive. Nous ne demanderons même pas au Comité Nobel de lui décerner un prix Nobel pour les mathématiques, la physique ou tout autre sujet. Je ne dispose d'absolument aucun élément pour cela. Ces « fuites » sont évidemment des faux.

Lorsque M. Trump est venu à Moscou il y a quelques années – je ne me souviens pas exactement quand – il n’était pas un politicien. Nous ignorions ses ambitions politiques. Il était juste un homme d’affaires pour nous, l’un des hommes les plus riches en Amérique. Est-ce que quelqu’un pense que nos services spéciaux sont à la poursuite de chaque milliardaire américain ? Bien sûr que non. C’est n’importe quoi. C’est mon premier point.

Deuxièmement, concernant l’allégation selon laquelle Trump serait arrivé à Moscou et que la première chose qu’il aurait faite aurait été de rencontrer des prostituées moscovites. Tout d’abord, il est adulte et, deuxièmement, il a pendant de nombreuses années sponsorisé des concours de beauté et a eu la chance de rencontrer les plus belles femmes du monde. Pourquoi courrait-il à un hôtel pour rencontrer nos filles à responsabilité sociale limitée ? Bien qu’elles soient, bien sûr, les meilleurs au monde. Mais je doute que Trump succombe à cela.

Enfin, il y a une autre chose à considérer. La prostitution est un phénomène social lamentable. Entre autres choses, les jeunes femmes s’y engagent parce qu’elles ne peuvent pas vivre convenablement autrement. Dans une large mesure, la culpabilité incombe à la société et à l’État.

Les gens qui commandent ce type de falsifications, qui sont maintenant utilisées pour diffamer le président élu des États-Unis et afin de faire avancer leur ambition politique, sont pires que les prostituées. Ils n’ont aucune retenue morale du tout. Soit dit en passant, la Russie est constamment en contact avec de telles personnes, nos adversaires. Le fait que de telles méthodes soient utilisées contre le président élu des États-Unis est certainement sans précédent et n’a jamais eu lieu auparavant. Cela indique le niveau important de déréliction parmi les élites politiques de l’Ouest, y compris les États-Unis.

Mais j’espère sincèrement que le bon sens prévaudra. Cela s’applique aux relations entre les États-Unis et leurs alliés, y compris en Europe. Après tout, c’est l’administration sortante actuelle qui a impliqué de nombreux dirigeants politiques européens dans la lutte politique intérieure des États-Unis. Les problèmes d’aujourd’hui sont le résultat de ces activités.

Je suis persuadé que les grands intérêts mutuels régleront les choses. Bien sûr, il peut y avoir des nuances, et cela pourrait laisser un mauvais arrière-goût, mais finalement les choses se remettront toujours en place. De même, je suis convaincu que nous pourrons finalement revenir à des relations normales d’État à État dans l’intérêt des peuples d’Europe et des peuples de Russie et des États-Unis, ce qui contribuera à faire avancer l'économie dans son ensemble, stabiliser la situation internationale et assurer la sécurité.

Vous noterez que la presse n’a en général pas repris la principale phrase- à mon sens – en titre, s’arrêtant souvent sur le fait qu’il traite de prostitués les créateurs du rapport bidon sur Trump. Et sans sembler comprendre qu’i se foutait de la geuule de nos médias…

prost-1

prost-2

prost-3

Mais revenons au fond.

Alors, exagère-t-il ?

Hmm, qu’a dit Kerry le même jour à Davos ? :

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JOHN KERRY: We’ll have injured our own credibility in, conceivably, an irreparable way. Not irreparably. There’s time, and that’s just too dramatic. But we will have done great injury to ourselves. And it will hurt for the endurance of a year, two years, whatever, while the [Trump] administration is there.

[crowd laughs and claps]

sous forme de “blague”, que l’administration Trump pourrait ne durer qu’un an ou deux…

Après, ils se plaignent qu’il y a du conspirationnisme qui se développe, les gens pouvant prendre ça au premier degré…

Bon, CNN  a du coup fait un reportage important : il se passe quoi si Trump se fait assassiner durant son investiture ?

Comme le patron de la CIA (partant) qui a remonté les bretelles de Trump, s’attirant une réponse brutale :

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Mais bon, on laissera le mot de la fin à l’ambassadrice américaine à l’ONU, partante mais toujours en poste, qui illustre le naufrage éthique d’une époque :

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URL: http://www.les-crises.fr/poutine-ils-tentent-de-delegitimer-trump-ils-sont-prets-pour-un-maidan-a-washington/