dimanche 15 janvier 2017

Bachar al-Assad : Après le mandat de Hollande,
les Français sont-ils plus en sécurité ?
Itv du Président syrien par des médias français,

Bachar al-Assad : Après le mandat de Hollande,
les Français sont-ils plus en sécurité ?
Itv du Président syrien par des médias français,

Bachar al-Assad : Après le mandat de Hollande,
les Français sont-ils plus en sécurité ?

Interview du Président syrien par des médias français,

Transcription :

Question 1 : – Monsieur le Président, vous venez de rencontrer une délégation de députés français. Pensez-vous que cette visite aura une influence sur la position française à l'égard de la Syrie ?

Bachar al-Assad : – C'est une question française. Nous espérons que toute délégation qui viendra ici pourra voir la vérité sur ce qui se passe en Syrie durant ces dernières années, depuis le début de la guerre il y a six ans, et le problème maintenant, concernant la France en particulier, est qu'ils n'ont pas d'ambassade, ils n'ont absolument aucune relation avec la Syrie. Alors c'est comme si… On peut dire que c'est un État aveugle. Comment pouvez-vous forger une politique envers une région donnée, si vous ne voyez pas, si vous êtes aveugles ? Il faut être capable de voir. L'importance de ces délégations est qu'elles représentent les yeux des États, mais cela dépend de l'État en question ; est-ce qu'il veut voir (la réalité des choses), ou est-ce qu'il veut continuer à adopter la politique de l'autruche et refuser de dire la vérité, parce que maintenant, dans le monde entier, tout est en train de changer à tous les niveaux à l'égard de la Syrie, (aux niveaux) local, régional et international. Jusqu'à présent, le gouvernement français n'a pas changé de position, ils maintiennent leur rhétorique désuète qui est déconnectée de la réalité en Syrie. C'est pourquoi nous espérons qu'il se trouvera quelqu'un au sein l'État, qui veuille bien écouter (ce que rapporteront) ces délégations, (écouter) les faits. Je ne parle pas de mon opinion, je parle de la réalité en Syrie. Donc, nous avons de l'espoir.

Question 2 : – Monsieur le Président, vous avez dit qu'Alep constitue une victoire majeure pour la Syrie, et un tournant majeur dans la crise. Que ressentez-vous, lorsque vous voyez les photos des centaines de civils qui ont été tués durant les bombardements et la dévastation de la ville ?

Bachar al-Assad : – Bien sûr, il est très douloureux pour nous, en tant que Syriens, de voir une quelconque partie de notre pays détruite, ou de voir tout ce sang répandu où que ce soit, c'est évident, c'est une réalité d'ordre émotionnel, mais pour moi, en tant que Président ou en tant qu'officiel, la question (qui se pose) pour le peuple syrien (est celle-ci) : qu'est-ce qu'il va faire ? Qu'est-ce que je vais faire ? Il ne s'agit pas des sentiments. Les sentiments vont de soi, comme je l'ai dit. (La question est) comment nous allons reconstruire nos villes. ?

Question 3 : – Mais le bombardement d'Alep-Est était-il la seule solution pour reprendre la ville, avec la mort de civils, vos concitoyens ? ?

Bachar al-Assad : – Cela dépend du type de guerre que vous recherchez. Recherchez-vous une guerre tranquille, une guerre sans destruction ? Dans toute l'Histoire, je n'ai jamais entendu parler d'une bonne guerre, toute guerre est mauvaise. Pourquoi mauvaise ? Parce que toute guerre entraîne de la destruction, toute guerre entraîne des tueries, c'est pourquoi toute guerre est mauvaise. Vous ne pouvez pas dire « c'est une bonne guerre », même si c'est pour une bonne raison, pour défendre votre pays, pour une noble raison, mais une guerre reste (toujours) mauvaise. Ce n'est pas la (bonne) solution (seulement) si vous avez une autre solution. Mais la question est la suivante : comment pouvez-vous libérer les civils de ces zones, de l'emprise des terroristes ? Est-il préférable de les laisser, de les abandonner entre leurs mains, sous leur joug, à leur sort défini par ces terroristes, à savoir la décapitation, le meurtre, tout sauf la présence de l'État ? Est-ce le rôle de l'État, de rester passif et de regarder ? Vous devez libérer (ces régions), et c'est parfois le prix à payer, mais à la fin, les gens sont libérés des terroristes. Telle est la question maintenant : sont-ils libérés ou non ? Si c'est le cas, c'est bien ce que nous devons faire. ?

Question 4 : – Monsieur le Président, un cessez-le-feu a été signé le 30 décembre. Pourquoi l'armée syrienne se bat-t-elle toujours près de Damas, dans la région de Wadi Barada ? ?

Bachar al-Assad : – Tout d'abord, le cessez-le-feu concerne différentes parties, alors pour pouvoir dire qu'il y a un cessez-le-feu viable, il faut que chaque partie cesse de combattre et de tirer, et ce n'est pas le cas dans beaucoup de régions de Syrie, et cela a été rapporté par le Centre d'observation russe du cessez-le-feu. Il y a des violations de ce cessez-le-feu tous les jours en Syrie, y compris à Damas, mais principalement à Damas, parce que les terroristes occupent la principale source d'eau de Damas, où plus de cinq millions de civils sont privés d'eau depuis trois semaines, et le rôle de l'armée syrienne est de libérer cette zone afin d'empêcher ces terroristes d'utiliser cette eau pour asphyxier la capitale. Voilà pourquoi. ?

Question 5 : – Monsieur le Président, Daech n'est pas une partie prenante du cessez-le-feu… ?

Bachar al-Assad : – Non.

Question 5 (suite) : – Avez-vous l'intention de reprendre Raqqa, et quand ?

Bachar al-Assad : – Permettez-moi de poursuivre (ma réponse à) la deuxième partie de la première question. Ce cessez-le-feu ne concerne ni al-Nusra, ni Daech, et la zone dans laquelle nous avons récemment combattu pour la libérer, concernant les sources d'eau de la capitale Damas, est occupée par al-Nusra et al-Nusra a officiellement annoncé qu'ils occupent cette zone. Cela ne fait donc pas partie du cessez-le-feu. ?

En ce qui concerne Raqqa, bien sûr, c'est notre mission, selon la Constitution et selon les lois, que de libérer chaque pouce de territoire syrien. Il n'y a aucun débat à ce sujet, qui n'est pas à discuter. Mais il s'agit de savoir quand, quelles sont nos priorités, et c'est une question militaire, touchant à la planification militaire, aux priorités militaires. Mais à l'échelle nationale, il n'y a pas de priorité : chaque pouce de territoire (occupé) est syrien, et (sa libération) doit être du ressort du gouvernement. ?

Question 6 : – D'importantes discussions auront lieu à Astana à la fin du mois, avec de nombreuses parties syriennes, y compris certains groupes d'opposition, disons. Qu'êtes-vous prêt à négocier directement avec eux, et qu'êtes-vous prêt à négocier pour aider la paix à revenir en Syrie ? ?

Bachar al-Assad : – Bien sûr, nous sommes prêts, et nous avons annoncé que notre délégation à cette conférence est prête à s'y rendre lorsqu'ils définiront… quand ils auront fixé le moment de cette conférence. Nous sommes prêts à négocier sur tout. Lorsque vous parlez de négociations, pour savoir s'il faut mettre un terme au conflit en Syrie ou parler de l'avenir de la Syrie, tout est pleinement ouvert, il n'y a pas de limites pour ces négociations. Mais qui va être là, de l'autre côté ? Nous ne le savons pas encore. Est-ce que ce sera une véritable opposition syrienne – et quand je dis « véritable », cela signifie qui ait des racines en Syrie, pas en Arabie saoudite, en France ou en Angleterre, il doit s'agir d'une opposition syrienne pour discuter des questions syriennes. Donc, la viabilité ou, disons, le succès de cette conférence dépendra de ce point. ?

Question 7 : – Êtes-vous-même prêt à discuter de votre poste de Président ? Cela a été contesté. ?

Bachar al-Assad : – Oui, mais ma position est liée à la Constitution, et la Constitution est très claire quant au mécanisme par lequel vous pouvez élire un Président ou vous débarrasser d'un Président. Donc, s'ils veulent discuter de ce point, ils doivent discuter de la Constitution, et la Constitution n'est ni la propriété du gouvernement, ni du Président, ni de l'opposition. Elle doit être la propriété du peuple syrien, donc vous avez besoin d'un référendum pour toute Constitution. C'est un des points qui pourraient être discutés lors de cette réunion, bien sûr, mais ils ne peuvent pas (simplement) dire « nous voulons ce Président » ou « nous ne voulons pas ce Président » parce que le Président est lié aux urnes. S'ils ne veulent pas de lui, remettons-nous en aux urnes. Le peuple syrien (dans son ensemble) doit élire un Président, et pas (seulement) une partie du peuple syrien. ?

Question 8 : – Et avec cette négociation, quel sera le sort des combattants rebelles ? [sic] ?

Bachar al-Assad : – Conformément à ce que nous avons mis en œuvre au cours des trois dernières années, parce que nous voulons vraiment avoir la paix en Syrie, le gouvernement a offert l'amnistie à chaque militant qui dépose les armes, et cela a fonctionné. Et ils ont toujours la même option s'ils veulent revenir à la normalité, revenir à leur vie normale. C'est le maximum que vous puissiez offrir, l'amnistie. ?

Question 9 : – Monsieur le Président, comme vous le savez, l'élection présidentielle française aura (bientôt) lieu. Avez-vous un favori, avez-vous une préférence pour l'un des candidats ? ?

Bachar al-Assad : – Non, parce que nous n'avons de contact avec aucun d'entre eux, et nous ne pouvons pas beaucoup compter sur les déclarations et la rhétorique pendant la campagne électorale, donc nous disons toujours qu'il faut attendre et voir quelle politique ils vont adopter quand ils seront en poste. Mais nous gardons toujours l'espoir que la prochaine administration, le prochain gouvernement ou le prochain président veuillent considérer la réalité de la situation, se déconnecter de la politique (actuelle qui est) déconnectée de notre réalité. C'est notre espoir, et ils pourraient (alors) œuvrer pour l'intérêt du peuple français, parce que la question que doivent maintenant se poser, après six ans, les citoyens français, est celle-ci : vous sentez-vous plus en sécurité ? Je ne pense pas que la réponse soit oui. Le problème de l'immigration a-t-il amélioré la situation dans votre pays ? Je pense que la réponse est non, que ce soit en France ou en Europe. La question est maintenant : quelle en est la raison ? C'est la question que la prochaine administration, le prochain gouvernement ou le prochain président devront traiter pour faire face à notre réalité, et non pas à leur imagination, comme cela s'est produit au cours des six dernières années. ?

Question 10 : – Mais l'un des candidats, François Fillon, n'a pas la même position que la position officielle. Il voudrait rétablir le dialogue avec la Syrie. Pensez-vous que son élection – s'il est élu – pourrait changer la position de la France sur la Syrie ?

Bachar al-Assad : – Sa rhétorique au sujet des terroristes, ou disons la priorité de la lutte contre les terroristes et non l'ingérence dans les affaires d'autres pays, est la bienvenue, mais nous devons être prudents, car ce que nous avons appris dans cette région, au cours des dernières années, c'est que beaucoup d'officiels disent quelque chose et font le contraire. Je ne dis pas que M. Fillon ferait cela. J'espère que non. Mais nous devons attendre et voir, parce qu'il n'y a pas de contact. Mais jusqu'ici, s'il met en œuvre ce qu'il a dit, ce sera très bien. ?

Question 11 : – Appréciez-vous François Fillon comme politicien ? [sic]

Bachar al-Assad : – Je n'ai pas eu de contact avec lui ni de coopération, donc tout ce que je pourrais dire maintenant ne serait pas très crédible, pour être franc avec vous. ?

Question 12 : – Y a-t-il un message que vous souhaitez adresser à la France ?

Bachar al-Assad : – Je pense que si je voulais m'adresser aux politiciens, je dirais cette chose évidente : vous devez œuvrer pour l'intérêt des citoyens syriens, mais depuis six ans, la situation va dans l'autre sens, parce que la politique française a nui aux intérêts français. Donc pour le peuple français, je dirais que les médias dominants ont échoué (manqué à leurs devoirs) dans la majeure partie de l'Occident. Leur récit a été démystifié en raison de la réalité, et vous avez les médias alternatifs, vous devez rechercher la vérité. La vérité a été la principale victime des événements au Moyen-Orient, y compris en Syrie. Je demanderais à tout citoyen en France de rechercher la vérité, l'information véritable, à travers les médias alternatifs. Lorsqu'ils rechercheront ces informations, ils pourront être plus efficaces face à leur gouvernement, ou du moins ne pas permettre à certains politiciens de fonder leur politique sur des mensonges. C'est ce que nous pensons être la chose la plus importante au cours des six dernières années. ?

Question 13 : – Monsieur le Président, votre père a été Président de la Syrie à vie. Envisagez-vous la possibilité de ne plus être le Président, un jour ? [sic] ?

Bachar al-Assad : – Oui, cela dépend de deux facteurs : le premier est la volonté du peuple syrien. Veulent-ils que cette personne soit Président ou non ? Si je veux être Président alors que le peuple syrien ne me veut pas, même si je gagnais les élections, je n'aurais pas de soutien fort, je ne pourrais rien faire, surtout dans une région complexe comme la Syrie. Vous ne pouvez pas être simplement élu Président, cela ne fonctionne pas, vous avez besoin de soutien populaire. Sans cela, je ne pourrais pas réussir. Donc, dans ces conditions, il n'y aurait aucun sens à être Président. ?

Le second : si j'ai le sentiment que je veux être Président, je vais me présenter, mais cela dépend du premier facteur. Si je sens que le peuple syrien ne veut pas de moi, bien sûr, je ne serai pas candidat. Donc, il ne s'agit pas de moi principalement, il s'agit du peuple syrien : me veulent-ils ou non ? Voilà comment je vois les choses. ?

Question 14 : – Dernière question : Donald Trump doit être nommé Président des États-Unis dans moins de deux semaines. Il a été clair sur le fait qu'il veut améliorer les relations avec la Russie, qui est l'un de vos principaux alliés… ?

Bachar al-Assad : – Oui, exactement.

Question 14 (suite) : Considérez-vous… Pensez-vous que cela changera la position des États-Unis envers la Syrie

Bachar al-Assad : – Oui, si vous voulez parler de façon réaliste, parce que le problème syrien n'est pas isolé, ce n'est pas seulement syro-syrien. En réalité, la plus grande partie… ou disons que la majeure partie du conflit syrien est régionale et internationale. La partie la plus simple à traiter est la partie syro-syrienne. La partie régionale et internationale dépend principalement de la relation entre les États-Unis et la Russie. Ce qu'il a annoncé hier était très prometteur, s'il y a une authentique approche ou initiative visant à améliorer la relation entre les États-Unis et la Russie, cela affectera tous les problèmes dans le monde, y compris la Syrie. Donc, je dirais que oui, nous pensons que c'est positif en ce qui concerne le conflit syrien. ?

Question 14 (fin) : – Qu'est-ce qui est positif ? [sic]

Bachar al-Assad : – La relation, l'amélioration de la relation entre les États-Unis et la Russie se reflétera positivement sur le conflit syrien. ?

Journalistes : – Merci beaucoup.

Le 9 janvier 2017

Traduction : Sayed Hasan

Source
:

La déclaration de guerre
des néocons contre Trump
The Saker

La déclaration de guerre
des néocons contre Trump
The Saker

La déclaration de guerre des néocons contre Trump

Après plusieurs faux départs plutôt boiteux, les néocons ont maintenant franchi une étape qui ne peut qu'être qualifiée de déclaration de guerre contre Donald Trump.

Tout a commencé par un article publié par CNN intitulé Intel chiefs presented Trump with claims of Russian efforts to compromise him [Les chefs du renseignement ont présenté à Trump les allégations à propos d'efforts russes visant à le compromettre], qui affirmait :

Des documents classifiés présentés la semaine dernière au président Obama et au président élu Trump comprenaient des allégations que des agents russes affirment avoir des informations personnelles et financières compromettantes sur M. Trump, selon ce qu'ont dit de nombreux responsables officiels américains ayant une connaissance directe des réunions d'information à CNN. Ces allégations ont été présentées dans un résumé de deux pages annexé à un rapport sur l'interférence russe dans l'élection de 2016. Les allégations venaient, d'une part, de notes compilées par un ancien agent secret britannique, dont les responsables du renseignement étasunien considèrent le travail passé comme crédible […] Le résumé de deux pages contenait aussi des allégations qu'il y a eu un échange continu d'informations pendant la campagne entre les suppléants de Trump et des intermédiaires du gouvernement russe, selon deux responsables de la sécurité nationale.

Le site internet Buzzfeed a publié ensuite le document complet. Le voici, dans son intégralité.

Insérer le document

Lorsque j'ai lu le document, ma première intention était de le démonter phrase par phrase. Je n'ai cependant pas le temps de le faire et, franchement, ce n'est pas nécessaire. Je vous fournirai seulement suffisamment de preuves simples et directes que c'est un faux. Voici quelques éléments de preuve :


- 1.Le document n'a pas d'en-tête, pas d'identification, pas de date, rien. Pour beaucoup de bonnes raisons techniques et même juridiques, les documents sensibles du renseignement sont créés avec beaucoup d'informations de suivi et d'identification. Par exemple, un tel document porterait généralement une référence à l'unité qui l'a produit ou une combinaison de chiffres et de lettres indiquant la fiabilité de la source et de l'information qu'il contient.


- 2.La classification CONFIDENTIEL / SOURCE SENSIBLE est une plaisanterie. Si c'était un vrai document, son niveau de classification serait beaucoup, beaucoup plus élevé que « confidentiel » et, comme la plupart des documents du renseignement viennent de sources sensibles, il n'est pas nécessaire de le spécifier.


- 3.L'affirmation que « Le dossier est contrôlé par le porte-parole du Kremlin, PESKOV, directement sur les ordres de POUTINE » est tout à fait risible. À l'évidence, l'auteur de ce faux n'a aucune idée de la manière dont travaillent les services de renseignement et de sécurité russes (indice : le porte-parole du président n'a aucune implication dans quoi que ce soit).


- 4. À la page 2, il y a une autre phrase hilarante : « exploiter l'obsession personnelle et la perversion sexuelle de TRUMP dans le but d'obtenir un « kompromat » adéquat (du matériel compromettant) sur lui. Personne, dans un véritable document du renseignement, ne se donnerait la peine de préciser ce que le mot « kompromat » signifie, puisque tant en russe qu'en anglais c'est évidemment la combinaison des mots « compromettant » et « matériel ». N'importe quel officier de renseignement occidental, même très jeune, connaîtrait ce mot, ne serait-ce qu'à cause des nombreux livres d'espionnage du temps de la Guerre froide écrits sur les techniques de piégeage du KGB.


- 5.Le document parle de « source A », « source B », en suivant l'alphabet. Maintenant posez-vous une simple question : que se passe-t-il après que la « source Z » a été utilisée ? Une agence de renseignement peut-elle travailler avec un bassin potentiel de sources limité à 26 ? Ce n'est évidemment pas de cette manière que les agences de renseignement classent leurs sources.

Je m'arrêterai là et suggérerai qu'il est amplement prouvé que c'est un faux brut produit par des amateurs qui n'ont aucune idée de ce dont ils parlent.

Cela ne rend pas ce document moins dangereux, cependant.

Premièrement, c'est l'élément vraiment crucial, il y a plus qu'assez ici pour destituer Trump pour de nombreuses raisons à la fois politiques et juridiques. Permettez-moi de le répéter encore une fois : c'est une tentative d'éliminer Trump de la Maison Blanche. C'est un coup d'État politique.

Deuxièmement, ce document salit tous ceux qui sont impliqués : Trump lui-même, bien sûr, mais aussi les méchants Russes et leurs affreuses techniques machiavéliques. Trump est ainsi « confirmé » comme un pervers sexuel qui aime embaucher des prostituées pour uriner sur lui. Quant aux Russes, ils sont fondamentalement accusés d'essayer de recruter le président des États-Unis comme agent de leurs services de sécurité. Cela ferait de Trump un traître, d'ailleurs.

Troisièmement, en une petite semaine nous sommes passés d'allégations de « piratage russe » à « avoir un traître qui siège à la Maison Blanche ». Nous ne pouvons que nous attendre à ce qu'un prochain tsunami d'affirmations de ce genre continuent et deviennent de pire en pire chaque jour. Il est intéressant que Buzzfeed ait déjà anticipé l'accusation que c'est une campagne contre Trump visant à le salir et le diaboliser en écrivant : « Maintenant, BuzzFeed News publie le document complet, pour que les Américains puissent se faire leur propre opinion sur les allégations à propos du président élu qui ont circulé aux plus hauts niveaux du gouvernement étasunien », comme si la plupart des Américains avaient l'expertise nécessaire pour détecter immédiatement que ce document est un faux grossier !

Quatrièmement, à moins que tous les responsables qui ont informé Trump sortent et nient que ce faux était une partie de leurs réunions d'information avec Trump, il apparaîtra que ce document a l'imprimatur officiel des hauts responsables du renseignement américain et que cela leur donne une autorité légale probante. Cela signifie de facto que les « experts » ont évalué ce document et l'ont certifié « crédible » même avant toute procédure devant les tribunaux ou, pire, devant le Congrès. J'espère que Trump a eu la prévoyance d'enregistrer en audio et vidéo cette réunion avec les chefs du renseignement et qu'il est maintenant en mesure de les menacer d'action en justice s'ils agissent d'une façon contredisant leur comportement devant lui.

Cinquièmement, le fait que CNN ait été impliqué dans tout cela est un facteur essentiel. Certains d'entre nous, y compris votre serviteur, ont été choqués et dégoûtés lorsque le Washington Post a publié une liste de 200 sites internet dénoncés comme « propageant de fausses nouvelles » et de la « propagande russe », mais ce que CNN a fait en publiant cet article est infiniment pire : c'est une attaque sordide et politique contre le président élu au niveau mondial (la BCC et d'autres publient déjà la même merde). Cela confirme de nouveau qu'on ne prend plus de gants et que la presse sioniste est en état de guerre totale contre Donald Trump.

Tout ce qui figure ci-dessus confirme ce que j'ai dit ces dernières semaines : si jamais Trump parvient à entrer à la Maison Blanche (j'écris « si » parce que je pense que les néocons sont parfaitement capables de l'assassiner), sa première priorité devrait être de sévir impitoyablement, aussi durement qu'il le peut légalement contre ceux dans l'« État profond » américain (ce qui comprend les médias) qui lui ont maintenant déclaré la guerre. Je suis désolé de le dire, mais ce sera soit lui soit eux – l'une des parties ici sera écrasée.

Aparté
Pour ceux qui se demandent ce que j'entends par « sévir », je résumerai ici ce que j'ai écrit ailleurs : la meilleure manière de le faire est de nommer un directeur du FBI hyper loyal et déterminé et de lui faire savoir qu'il doit mener des enquêtes sur des accusations de corruption, abus de pouvoir, conspiration, entrave à la justice et tous les autres types de comportement qui se perpétuent au Congrès, dans la communauté du renseignement, le monde bancaire et les médias. Traiter les néocons comme Poutine l'a fait avec les oligarques russes et comme les États-Unis l'ont fait avec Al Capone – les attraper sur l'évasion fiscale. Pas besoin d'ouvrir des goulags ou de tirer sur les gens lorsque vous pouvez les attraper tous sur ce qui est leur comportement quotidien normal.

J'espère sincèrement me tromper et j'admets que c'est possible, mais je ne sens pas dans mes tripes que Trump a ce qu'il faut pour frapper suffisamment fort ceux qui utilisent toutes les affreuses méthodes imaginables pour l'empêcher de faire quelque chose à la Maison Blanche, ou obtenir sa destitution s'il essaie de tenir ses promesses de campagne. Je ne peux pas le lui reprocher non plus : l'ennemi a infiltré tous les niveaux du pouvoir dans le système politique des États-Unis et il y a un signe puissant qu'ils sont même présents dans l'entourage immédiat de Trump. Poutine a pu faire ce qu'il a fait parce qu'il était un officier du renseignement à la volonté de fer et hautement qualifié. Trump n'est qu'un homme d'affaires dont la meilleure « formation » pour faire face à ce genre de gens serait probablement son exposition à la foule à New York. Sera-ce suffisant pour lui permettre de l'emporter sur les néocons ? J'en doute, mais je l'espère.

Comme je l'ai prédit avant l'élection, les États-Unis sont sur le point d'entrer dans la pire crise de leur Histoire. Nous entrons dans des temps extrêmement dangereux. Si le danger d'une guerre thermonucléaire entre la Russie et les États-Unis avait considérablement reculé avec l'élection de Trump, la guerre totale des néocons contre lui fait peser un risque très grave sur les États-Unis, y compris la guerre civile (si le Congrès contrôlé par les néocons destituait Trump, je crois que des soulèvements se produiraient spontanément, en particulier dans le Sud, et surtout en Floride et au Texas). Au risque de paraître exagérer je dirai que ce qui se passe maintenant met l'existence même des États-Unis en danger, presque indépendamment de ce que Trump fera personnellement. Quoique nous puissions penser de Trump comme personne et de son potentiel comme président, ce qui est certain est que des millions de patriotes américains ont voté pour lui pour « drainer le marais », virer la ploutocratie basée à Washington et restaurer ce qu'ils voient comme les valeurs américaines fondamentales. Si les néocons manigancent maintenant un coup d'État contre Trump, je prédis que ces millions d'Américains se tourneront vers la violence pour protéger ce qu'ils considèrent comme leur mode de vie, leurs valeurs et leur pays.

En dépit de l'image que Hollywood aime à donner d'eux, la plupart des Américains sont des gens pacifiques et non violents, mais s'ils sont poussés trop loin, ils n'hésiteront pas et saisiront leurs fusils pour se défendre, en particulier s'ils perdent tout espoir en leur démocratie. Et je ne parle pas seulement des péquenauds armés, ici, je parle des autorités locales, étatiques et des comtés, qui se soucient beaucoup plus de ce que leurs concitoyens locaux pensent et disent que ceux de Washington. Si un coup d'État est organisé contre Trump et si quelque prétendant à la présidence, du genre Hillary ou McCain, donne l'ordre à la Garde nationale ou même à l'armée américains de briser une insurrection locale, nous pourrions voir ce que nous avons vu en Russie en 1991 : un refus catégorique des services de sécurité de tirer sur leur propre peuple. C'est le plus grand et l'ultime danger pour les néocons : le risque, s'ils donnent l'ordre de réprimer la population, est que la police, les services de sécurité et l'armée puissent tout simplement refuser d'obtempérer. Si cela a pu se passer dans le « pays contrôlé par le KGB » (pour utiliser un cliché de la Guerre froide), cela peut aussi arriver aux États-Unis.

J'espère vraiment me tromper et que cette récente attaque contre Trump est le dernier « vivat » des néocons avant qu'ils renoncent enfin et s'en aillent. J'espère que tout ce que j'ai écrit plus haut est l'expression de ma paranoïa. Mais, comme on dit : « Ce n'est pas parce que vous êtes paranoïaque que personne n'en a après vous. »

Donc s'il vous plaît, dites-moi que je me trompe !

le Saker
– Le 11 janvier 2017

Traduction le Saker francophone

– Source The Saker

Donbass :
l'Ukraine développe une "guerre molle"
par Karine Bechet-Golovko

Donbass :
l'Ukraine développe une "guerre molle"
par Karine Bechet-Golovko

Maison à Kominternovo après les tirs de l'armée ukrainienne

Donbass : l'Ukraine développe une "guerre molle"

L'armée ukrainienne n'est pas actuellement apte à remporter d'importants affrontements directs, comme l'a démontré sa dernière tentative vers Debaltsevo. Par ailleurs, sa position est "inconfortable" à certains endroits de la ligne de front. Afin de renforcer ses positions, elle a développé une nouvelle technique, celle que l'on pourrait appeler la guerre molle. Il s'agit de gagner quelques mètres ici, un kilomètre par là, stabiliser une nouvelle ligne de front qui lui permette d'avoir, à moyen ou long terme, un point de départ plus fort pour une offensive de grande ampleur.

Ces derniers temps, malgré le cessez-le-feu du 24 décembre qui, selon le dirigeant de la République de Donetsk, Zakharchenko, n'a été respecté que 2 jours par l'armée ukrainienne, les combats s'intensifient.

L'artillerie reprend du service depuis le réveillon de Noel orthodoxe, le 6 janvier :

« Dans l'espace des dernières 24 heures, les forces de sécurité ukrainiennes ont violé le cessez-le-feu 253 fois. En cela, l'ennemi a tiré contre la république 28 projectiles de calibres 122 et 152 mm, 69 obus de calibres 82 et 120 mm, ainsi que 90 munitions de divers types de lance-grenades. De même, des véhicules blindés et des armes d'infanterie ont été utilisées ».

Les nouvelles dans l'ensemble sont mauvaises. En une semaine, l'on compte 1500 tirs de mortiers et d'obus. L'armée ukrainienne renforce ses positions, fait venir des tireurs d'élite, rappelle les bataillons punitifs, augmente sa force de feu avec les tanks et les blindés. Les résultats sont évidents : les civils sont les cibles.

A Débaltsevo, 500 maisons se sont retrouvées sans électricité suite aux tirs incessants de l'armée ukrainienne dans la nuit du 12 au 13 janvier qui ont touché la ligne électrique. Dans le village de Kalinovo, ce sont 900 abonnés qui sont sans électricité parce que l'armée a bombardé toute la nuit du 13 au 14 janvier. Deux maisons ont été détruites et une personne est décédée à Irmino lorsqu'un obus est tombé sur sa maison. Dans le village de Kominternovo, une maison a brûlé cette nuit suite aux tirs de l'armée ukrainienne.

L'armée met quasiment toute la ligne de front sous pression, même les anciennes zones de combat, comme l'aéroport de Donetsk ou Gorlovka. D'une manière générale, l'armée attaque des petites zones, cherche à renforcer ses positions. Selon les experts militaires ukrainiens :

Faire la guerre maintenant, ce n'est plus attaquer Donetsk. Faire la guerre, c'est éliminer les dangers pour notre armée sur tous les points du front où l'ennemi est encastré dans nos défense. Ce qui concerne Popasnaya, Svetlodarsk, Gorlovka, Adeevka, Marinka, Peskov, Dokutchaevsk, Vodianovo, Chirokino ... Pour cela, il faut préparer l'armée à de réels combats locaux, qui se conduisent dans les forêts et sur les hauteurs. Et cela va durer encore de nombreuses années.

Avec cette technique, l'armée ukrainienne a déjà réussi à déplacer à son avantage la ligne de front dans cette zone, qui est la zone neutre entre les deux camps, revendiquant certains villages par exemple ou certaines zones industrielles. C'est aussi une guerre d'usure. De cette manière, elle peut préparer à terme une offensive de plus grande ampleur.

par Karine Bechet-Golovko
samedi 14 janvier 2017

Russie politics

Une contribution de Houria Aït Kaci
– La bourgeoisie compradore en Algérie
Algérie Patriotique

Une contribution de Houria Aït Kaci
– La bourgeoisie compradore en Algérie
Algérie Patriotique

Une contribution de Houria Aït Kaci
– La bourgeoisie compradore en Algérie

Les barons qui appartiennent à la classe des compradores se comptaient sur les doigts d'une main il y a quelques années. A son arrivée au pouvoir en 1999, le président Bouteflika en dénombrait une douzaine ayant la mainmise sur l'économie et promettait de les combattre. Combien sont-ils aujourd'hui ? Ils sont beaucoup plus nombreux, et ils menacent d'accaparer le pouvoir politique, comme en témoigne la lutte au sein du parti dirigeant, le Front de libération nationale (FLN) entre les milliardaires, les tenants de la « chkara » (argent facile, argent sale) et les militants de base. « Avec moi, la chkara c'est fini ! », a déclaré le nouveau secrétaire général du FLN, Djamel Ould-Abbès, qui a remplacé Amar Saïdani, considéré comme un compradore. Selon les observateurs, Ould-Abbès a été instruit par le président Bouteflika (également président d'honneur du FLN) de pousser vers la porte de sortie ces milliardaires ramenés par Saïdani.

Pour le FLN, « il n'est plus question de mélanger argent et politique » au risque de se voir complètement discrédité et de perdre les législatives d'avril 2017. En décidant de s'attaquer à la bourgeoisie compradore, Bouteflika cherche-t-il à préserver son fauteuil ou les intérêts nationaux menacés par une classe de nouveaux riches à la fortune douteuse, devenue dangereuse du fait de ses liens avec des intérêts étrangers ?

La bourgeoisie compradore facteur de blocage

En Algérie, comme dans le reste des pays du Sud, la présence des classes bourgeoises compradores et bureaucratiques dont les intérêts sont liés à ceux du système capitaliste mondial, financiarisé, dominant, représente un facteur de blocage du développement de l'économie nationale. La bourgeoisie compradore, du terme portugais « comprador » qui signifie « acheteur », recouvre « les commerçants, les acheteurs, les intermédiaires entre le monde dominant impérialiste et le monde local, notamment de producteurs paysans », selon l'économiste du tiers-monde Samir Amin.

« Nos classes dominantes sont des classes compradores. Et je pourrais dire même des bureaucraties d'Etat, qui ne sont pas des classes d'entrepreneurs et qui ne sont pas toujours des propriétaires au sens capitaliste du terme, qu'elles sont des bureaucratiques largement compradores. Donc, l'obstacle, il est chez nous effectivement, il est dans la nature des classes dominantes et du pouvoir politique. Mais le déploiement du mouvement social peut modifier la donne et créer ainsi les conditions d'une sortie de l'impasse », soutient-t-il.

Samir Amin ajoute que les oligarchies financières de la triade (Etats-Unis, Europe occidentale, Japon), qui ont imposé « une forme particulière de la mondialisation, celle du libéralisme mondialisé », se heurtent à des « résistances plus marquées » dans les périphéries du système, où « les ravages sociaux du libéralisme sont d'une ampleur décuplée », rendant ainsi les régimes politiques en place illégitimes aux yeux de leurs peuples. « Fragilisés à l'extrême, les classes et les Etats compradores qui constituent les courroies de transmission de la domination de l'impérialisme » deviennent des « alliés incertains », ce qui ouvre la voie à « la militarisation et le droit que s'octroie l'impérialisme d'intervenir – y compris par la guerre – dans les pays du Sud et de l'Est », souligne Samir Amin.

En Algérie, cette question est cruciale au moment où s'impose le passage d'une économie extravertie, mono-exportatrice d'hydrocarbures, à une économie nationale productive et diversifiée, ce qui contrarie les intérêts de la bourgeoisie compradore et d'une partie de la bourgeoisie bureaucratique – qui tire sa richesse de sa position dans les rouages de l'Etat. Ces classes se liguent sournoisement ou ouvertement contre l'Etat protectionniste et aussi contre les capitalistes nationaux qui cherchent à développer le pays en prenant des risques en investissant, en créant des emplois, contrairement aux compradores qui, eux, ne créent aucune richesse, se contentant de toucher des commissions des sociétés étrangères, argent qu'ils placent ensuite à l'étranger.

Trop faible, sinon inexistante à l'indépendance du pays, la bourgeoisie nationale n'a pu jouer un rôle principal dans le développement économique, laissant ce rôle à l'Etat. Mais aujourd'hui, des groupes privés nationaux importants ont émergé qui peuvent, en partenariat avec le secteur public, augmenter la part de la production nationale, réduire celle des importations et même exporter. C'est ce que font certaines entreprises privées en direction des marchés africain et européen.

Les ravages du PAP

La bourgeoisie compradore est née sous le règne du président Chadli Bendjedid avec la politique de libéralisation, dont le programme anti-pénuries (PAP) en 1986, qui a ouvert grandes les portes à l'importation, et la politique de restructuration des grandes entreprises nationales qui furent découpées en petites entités, sous prétexte que leur gigantisme était contraire à une gestion efficace, comme le soutenait le Premier ministre de l'époque, Abdelhamid Brahimi, établi depuis à Londres où il enseignait la science islamique.

Elle s'est considérablement renforcée durant la « décennie noire » du fait de ses liens avec les milieux islamistes radicaux et leur « économie de bazar ». On pouvait constater d'ailleurs de visu que les commerces de gros et de détails étaient tous détenus par des « barbus » dans les fiefs des Groupes islamistes armés (GIA) dans les régions de l'Algérois et de Blida, qui menaçaient de mort tous les commerçants et industriels qui ne voulaient pas leur payer l'« impôt islamiste ».

C'est d'ailleurs en plein terrorisme, en 1994, au moment où l'Etat algérien a failli chanceler sous la poussée des Groupes islamistes armés, que l'Algérie a été contrainte de signer les accords du programme d'ajustement structurel (PAS) qui ont donné lieu à la privatisation des entreprises publiques, créées dans les années 1970 sous le règne du président Houari Boumediene et « restructurées » par « Brahim la science » (surnom donné au Premier ministre Abdelhamid Brahimi). Mais le choix de l'économie de marché et de la voie libérale alors en vogue dans le monde entier n'ont pas permis au pays de se relever et de décoller malgré ses importantes ressources.

Ces dernières années, on observe, au contraire, une régression, une « déconstruction » de toutes les réalisations et projets nationaux importants entrepris, se traduisant par une incohérence et une inefficacité engendrant des retards, des surcoûts, des surfacturations, des contrefaçons, de la corruption, des gaspillages, des arrêts de production. Incompétence, actes de sabotage ? En tout cas, ce « sous-développement » perpétuel fait les affaires des multinationales et leurs relais.

La bourgeoisie compradore
« allié objectif » de l'impérialisme

La mondialisation à laquelle l'Algérie est liée, surtout à travers le marché international des hydrocarbures, ne lui a pas permis de créer de la croissance, ni d'assurer le bien-être de sa population. La pauvreté a augmenté et le chômage touche les jeunes, même diplômés, qui sont obligés de s'expatrier et de vendre leur force de travail à bas prix, au grand bonheur des firmes capitalistes. Même les couches moyennes n'ont pas été épargnées alors que, paradoxalement, le nombre des grosses fortunes augmente au fil des ans. Plus le nombre de nouveaux riches augmente, plus le nombre de pauvres augmente aussi.

« L'allié objectif de l'impérialisme est la bourgeoisie compradore, c'est une bourgeoisie parasite mercenaire achetée par l'étranger, qui ne produit rien dans le pays ; elle s'enrichit et vit de commissions, en faisant des contrats et des transactions avec les puissances étrangères. Elle leur sert d'agent soit pour s'emparer des matières premières minérales ou énergétiques au profit de ces mêmes puissances, soit s'approprier la production nationale énergétique (par exemple le gaz naturel) au prix le plus bas par un transfert de la rente (exemple : le ciment avec Lafarge) et les produits ammoniaqués pour Orascom (intérêts français et non égyptiens) », écrit Dr Mohamed Belhoucine dans une contribution au journal Liberté en 2016.

Mais il faut reconnaître que l'Algérie n'est pas le seul pays dans ce cas. Tous les pays d'Afrique anciennement colonisés (excepté l'Afrique du Sud dans une moindre mesure) ne se sont pas développés, même ceux qui ont de grandes ressources naturelles. Comment expliquer que 60 ans après les indépendances africaines, aucun de ces pays n'ait pu émerger ? L'explication réside dans les rapports néocoloniaux et l'insertion forcée de ces pays dans le système capitaliste mondial (périphérie) qui les maintient dans leur rôle de simples fournisseurs de matières premières à bas prix, fixés par les marchés financiers à Washington, Londres ou Paris.

Le FMI et la BM reviennent à la charge

Les puissances néolibérales n'hésitent pas à intervenir militairement dans ces pays s'ils s'avisent de changer de trajectoire, explique le Pr Michel Chossudovsky. « Depuis la crise asiatique de 1997, le programme d'ajustement structurel (PAS) du FMI et de la Banque mondiale évolue vers la mise en place d'un cadre plus large qui nuit, en définitive, à la capacité des gouvernements des pays de formuler et d'adopter des politiques économiques et sociales nationales », écrit-il dans « Néolibéralisme et mondialisation de la guerre : le projet hégémonique des USA » publié sur Mondialisation, le 22 juin 2016.

Ces mêmes institutions (FMI et Banque mondiale) reviennent à la charge en Algérie à laquelle ils recommandent, pour juguler la crise financière, de supprimer les subventions sociales, de recourir à l'emprunt extérieur, de supprimer la règle des 51/49 pour les investissements directs étrangers, d'augmenter le taux d'intérêt bancaire, etc.

13 janvier 2017

Houria Aït Kaci Ancienne directrice de l'agence de presse AAI

ÉTATS-UNIS : LES VRAIES RAISONS
DE L'EXPULSION DES DIPLOMATES RUSSES
par Eric Denécé

ÉTATS-UNIS : LES VRAIES RAISONS
DE L'EXPULSION DES DIPLOMATES RUSSES
par Eric Denécé

ÉTATS-UNIS : LES VRAIES RAISONS
DE L'EXPULSION DES DIPLOMATES RUSSES

Le président américain Barack Obama a ordonné vendredi 30 décembre l'expulsion de trente-cinq diplomates russes accusés d'être des « agents de renseignement » de Moscou en poste à l'ambassade de Russie à Washington et au consulat russe de San Francisco. Sans apporter de détails, la Maison-Blanche les accuse d'avoir « agi d'une manière qui ne correspond pas à leur statut diplomatique » et leur a donné 72 heures pour quitter le pays. Par ailleurs, le département d'Etat a décrété la fermeture de deux bâtiments appartenant à la Russie dans les Etats du Maryland, près de Washington, et de New York, au motif qu'ils étaient « utilisés par des responsables russes à des fins de renseignement ».

Harcèlement ou cyberattaques ?
Que reprochent les Etats-Unis à la Russie ?

La Maison-Blanche a précisé que ces représailles constituaient « une réponse au harcèlement croissant, ces deux dernières années, contre le personnel diplomatique [américain] en Russie par les forces de sécurité et de police ». Un harcèlement qui serait allé « bien au-delà des règles de comportement diplomatiques internationales ». Barack Obama a ajouté que ces actions font suite « aux avertissements que nous avons adressés de manière répétée au gouvernement russe, en privé et en public. Elles sont une réponse nécessaire et adaptée aux actions visant à nuire aux intérêts américains en violation des normes de comportement internationales établies ».

Le président américain a également annoncé que des sanctions étaient prises contre « neuf entités et individus », parmi lesquels deux services de renseignement russes, le GRU (renseignement militaire) et le FSB (service de sécurité intérieure) et leurs responsables. Le premier est accusé par la Maison-Blanche d'avoir, grâce à ses agents et ses moyens techniques, « falsifié, altéré (...) des informations avec l'objectif ou l'effet d'interférer dans le processus électoral américain en 2016 ». Quant au FSB, il est accusé d'avoir aidé le GRU. Mais curieusement, il n'est pas fait état du SVR, pourtant principal service de renseignement extérieur russe présent à l'étranger.

De plus, trois entreprises russes soupçonnées d'avoir apporté un « soutien matériel » aux opérations de piratage informatique vont être également juridiquement et financièrement sanctionnées par l'administration américaine. « Les sanctions ne s'arrêteront pas là » a ajouté Barack Obama, prévenant que les Etats-Unis prendront d'autres mesures « au moment que nous choisirons, y compris des opérations qui ne seront pas révélées au public ».

En réalité, cette expulsion d'officiels russes - la plus importante depuis 2001[1] - vient sanctionner la supposée ingérence de Moscou dans la campagne présidentielle américaine, pendant laquelle le Parti démocrate aurait été victime de cyberattaques qui auraient favorisé l'élection de Donald Trump à la Maison-Blanche.

Selon un rapport publié le 29 décembre par le département de la Sécurité intérieure (Department of Homeland Security/DHS) et le FBI[2], deux groupes de hackers qui seraient liés au renseignement russe - dénommés APT 28 ou Cozy Bear et APT 29 ou Fancy Bear - sont présentés comme responsables « de piratages ayant ciblé un parti politique américain » pendant l'été 2016. Selon les autorités américaines, le premier serait réputé proche du FSB, tandis que le second serait une émanation du GRU[3].

Ces attaques contre les serveurs et ordinateurs du Parti démocrate ont mené à la publication de plusieurs milliers d'e-mails et documents internes du mouvement, plus tard mis en ligne sur Wikileaks, jetant une lumière crue sur les manœuvres du clan Clinton afin d'écarter la candidature de Bernie Sanders et révélant nombre de magouilles et d'irrégularités internes. Ces actions auraient largement contribué à affaiblir la campagne d'Hillary Clinton. Mais, pour le moment, le gouvernement américain a donné peu d'éléments liant les diplomates déclarés persona non grata aux cyberattaques supposées de l'été dernier.

Outre ces supposés piratages informatiques destinés « à influencer l'élection présidentielle », Washington accuse Moscou de plusieurs cyberattaques contre des établissements financiers, des universités et d'autres institutions américaines.

Fin décembre, des responsables du DHS, du FBI et du Bureau du directeur du renseignement national (DNI) ont communiqué les codes des logiciels malveillants Grizzly Steppe[4] aux responsables de la sécurité des infrastructures critiques nationales (secteur financier, services publics, transports, énergie, etc.). Les responsables des services publics du Vermont ont alors aussitôt réagi, affirmant avoir identifié un de ces codes dans les systèmes de contrôle du réseau électrique. Cette découverte à immédiatement été médiatisée, provoquant la peur dans les structures gouvernementales que les « pirates informatiques liés aux services russes tentent activement de pénétrer les infrastructures critiques du pays pour conduire des attaques destructrices ».

Des réactions outragées d'élus politiques locaux proches de l'administration Obama n'ont pas tardé à avoir lieu : le 30 décembre, le gouverneur démocrate du Vermont, Peter Shumlin, déclarait que « tous les Américains devraient être à la fois alarmés et scandalisés que Vladimir Poutine, un des plus grands voyous du monde, ait tenté de briser notre réseau électrique, sur lequel nous comptons pour soutenir notre qualité de vie, notre économie, notre santé et notre sécurité (...). Cet épisode devrait mettre en évidence le besoin urgent que notre gouvernement fédéral poursuive vigoureusement et mette fin à ce genre d'ingérence russe ». Un peu plus tard, le sénateur démocrate du Vermont, Patrick Leahy, renchérissait, jetant encore un peu plus d'huile sur le feu : « cela va au-delà des piratages informatiques classiques : il s'agit maintenant d'essayer d'accéder aux services publics pour manipuler le réseau électrique et l'arrêter au milieu de l'hiver ».

Une étonnante absence de preuves

Que penser de accusations américaines et des mesures qui ont été prises par la Maison-Blanche tant les affirmations de l'administration Obama sont véhémentes mais aussi confuses ?

Concernant le supposé hacking des ordinateurs du Parti démocrate, pour le moment, personne n'a pu avoir accès aux informations réunies par la CIA qui « prouveraient » l'implication russe dans cette affaire. En conséquence, il est probable que des renseignements parcellaires aient été extrapolés pour conclure au hacking russe des ordinateurs du Parti démocrate. Mais ce ne sont pas là des preuves. Pourtant, dès le 7 octobre, un communiqué commun du DHS et du DNI affirmait « avoir la conviction que cette opération venait de Russie et ne pouvait avoir été lancée qu'avec l'accord des plus hautes autorités[5] ».

D'ailleurs, au sein même de la communauté américaine du renseignement, les accusations font débat : une partie de la CIA n'est pas d'accord avec l'interpréation donnée et la majorité du FBI - même si certains de ses dirigeants ont fait une étonnante volte-face le 29 décembre - considère qu'il n'y a que des ragots dans le dossier mais en aucun cas des éléments judiciaires à charge. Sans exclure la « piste russe », les membres du Bureau se montrent beaucoup plus prudents que Langley sur le sujet, affirmant tirer des « conclusions très différentes de celles de la CIA ».

Plusieurs médias, comme The Intercept, indiquent également que les sources anonymes de la CIA s'exprimant dans les colonnes du Washington Post pour accuser Moscou n'apportent pas d'éléments probants afin de soutenir les accusations qu'ils émettent.
D'autres observateurs considèrent que les preuves techniques présentées - comme l'utilisation d'un traitement de texte configuré en russe - ou le fait que les piratages ont majoritairement eu lieu pendant les heures diurnes du fuseau horaire de Moscou, sont insuffisantes pour incriminer la Russie. Enfin, Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, a déclaré lors d'une interview que la source des e-mails que son site avait révélés n'était pas la Russie[6].

Concernant les cyberattaques « identifiées » dans le Vermont, les dirigeants de la société Burlington Electric, en charge de la gestion du réseau électrique local, ont déclaré que le code malveillant avait été détecté « dans un ordinateur portable qui n'était pas connecté aux systèmes de contrôle du réseau » et qui a été immédiatement isolé. Les responsables de la sécurité de Burlington ont reconnu qu'ils ne savaient déterminer à quel moment ce code était entré dans l'ordinateur, ni si les « hackers russes » avaient eu pour intention de perturber le fonctionnement du système ou d'observer s'ils pouvaient le pénétrer. A noter que les représentants du département de l'Energie et du DHS ont refusé de commenter ces faits.

Ainsi, concernant ces deux affaires, en l'état actuel des choses, il n'y a ni preuve avérée, ni commission parlementaire, ni enquête judiciaire, ni unanimité au sein de la communauté du renseignement. A tel point que le motif officiel de l'expulsion des diplomates russes n'est pas le supposé hacking des ordinateurs du Parti démocrate, mais un vague prétexte de « harcèlement diplomatique », ce qui en dit long sur les supposés éléments à charge. Le président élu Donald Trump a d'ailleurs mis en cause la véracité des renseignements à l'origine des accusations à l'égard de Moscou.

Autant dire que nous sommes là dans une confusion totale, qui ne peut que susciter des doutes majeurs quant à la réalité des faits présentés. Une grande partie des journalistes américains sentent qu'ils sont au cœur d'une manipulation orchestrée par l'administration sortante et sont plutôt assez prudents dans cette affaire.

Quand bien même certaines de ces accusations seraient-elles fondées, rappelons que ce que la Maison-Blanche reproche à ces hackers c'est d'avoir dévoilé des e-mails authentiques mettant en lumière les turpitudes d'Hillary Clinton et de son entourage, suite à quoi le FBI aurait du réagir et poursuivre la candidate en justice, ce qu'il n'a pas fait.
En somme, les « hackers russes » ont joué le rôle de Whistleblowers, lequel est constamment encouragé par Washington partout dans le monde lorsqu'il s'agit de lutte contre la corruption, la fraude ou le terrorisme. Au demeurant, personne ne semble avoir critiqué les Démocrates pour leur amateurisme coupable puisqu'ils ont été incapables de protéger leur système informatique alors même que leur candidate était l'épouse de l'ancien président et ex ministre des Affaires étrangères !

Quant à l'implication de Moscou, elle reste à prouver. Affirmer que Trump a été élu grâce à l'appui de Poutine n'a pas de sens, car si tel était le cas, l'opération aurait été d'un grand amateurisme et aurait eu pour effet de voir son soutien démasqué et son candidat décrédibilisé, ce qui aurait été totalement contre-productif.

La « vertu » américaine offusquée :
quand l'hôpital se moque de la charité

Dans le cadre de l'expulsion des trente-cinq diplomates russes, Barack Obama a invité les pays « amis et alliés » des Etats-Unis à « travailler ensemble pour contrer les efforts de la Russie visant à saper les bonnes pratiques internationales et à s'ingérer dans le processus démocratique ». A l'occasion de cette affaire Washington s'érige donc en victime innocente d'une cyberagression contraire au droit international, condamne sans hésitation de telles pratiques et dénonce la volonté de Moscou d'interférer dans le processus démocratique des Etats-Unis. Si nous ignorions qu'il n'y a pas plus éloquente qu'une prostituée faisant un discours sur la chasteté, nous en tomberions à la renverse !

L'espionnage est un grand classique entre les Etats. Indéniablement, les Russes, comme les autres nations, espionnent leurs principaux rivaux, concurrents et alliés. Mais si pendant la Guerre froide, les Soviétiques étaient de loin les plus agressifs, la situation s'est inversée depuis. La croissance exponentielle de la communauté américaine du renseignement et de ses moyens font des Etats-Unis le pays du monde qui espionne le plus les autres, au prétexte de la guerre contre le terrorisme (GWOT).

Entendre Washington se plaindre de l'agressivité des services russes - ce qui est au passage une réalité, aux Etats-Unis comme en Europe - laisse songeur. Utiliser un tel argument relève d'une mauvaise fois évidente ;
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, Washington a conduit plus d'interventions politiques clandestines dans le monde - orientant le résultat d'élections ou soutenant des coups d'Etat[7] - que ne le fit l'URSS. Les Américains ont même théorisé le Regime Change, qu'ils ont appliqué en agissant par ONG « démocratiques » interposées à l'occasion des « révolutions oranges » dans les années 1990, du « printemps » arabe à partir de 2011, ou de la pseudo révolution de Maidan en Ukraine (2014), ou bien encore en bafouant ouvertement le droit international lors de l'invasion de l'Irak en 2003.

Il convient également de rappeler que la NSA a mis sur écoute les dirigeants politiques de la planète entière - y compris ses plus fidèles alliés -, qu'elle surveille toutes les communications électroniques mondiales et qu'elle a développé des capacités d'attaques informatiques sans équivalent dans le monde.

Ce sont les États-Unis qui ont lancé les premières cyberattaques en Iran, afin de saboter, avec l'aide des services israéliens, le programme nuclaire iranien. Cette histoire est détaillée dans les documents de Snowden dont l'authenticité n'a jamais été mise en doute.
La NSA a également pénétré les réseaux informatiques de plusieurs agences et minstères de Chine. Ce sont là des actes de guerre. Et les frappes de drones comme les éliminations ciblées conduites dans le cadre de la guerre contre le terrorisme relèvent de la même logique. Or, les Etats-Unis ont toujours traité par le mépris et balayé d'un revers de la main les critiques et accusations formulées contre eux en raison de ces actes, déniant aux autres Etats comme à la communauté internationale le droit de les juger de quelque manière que ce soit. Voir donc aujourd'hui la Maison-Blanche dénoncer une violation des règles internationales - qui plus est sans guère de preuves - dont le pays aurait été victime illustre bien l'unilatéralisme qui caractérise Washington depuis la fin de la Guerre froide.

Les enjeux véritables de la crise
pour l'administration Obama

Au demeurant, cette affaire survient dans un contexte très particulier, dont il importe de rappeler les nombreux paramètres.

- L'Establishment de Washington a été totalement surpris par la victoire de Donald Trump et a compris qu'un grand ménage allait avoir lieu dans lequel beaucoup de ses membres perdraient leurs positions politiques et les retombées économiques liées à leurs alliances internationales.

- Aussitôt élu, le futur président a clairement manifesté son extrême méfiance à l'égard de la communauté du renseignement et plus particulièrement de la CIA, qu'il soupçonne d'avoir eu une forte et néfaste influence sur la politique de ses deux prédécesseurs.

- Aussitôt désigné comme futur Conseiller à la Sécurité nationale, le général Michael Flynn[8] a annoncé qu'il allait recentrer l'Agence - dont il critique ouvertement les performances - sur la recherche et l'analyse du renseignement et a désigné un nouveau directeur chargé de la remettre au pas[9]. Flynn a déclaré qu'il allait confier à l'avenir l'ensemble des opérations clandestines au Commandement des opérations spéciales (USSOCOM[10]/JSOC[11]) - donc au Pentagone -, ce à quoi la CIA est déterminée à s'opposer à tout prix.

- Donald Trump, Mike Flynn, mais aussi le futur secrétaire d'Etat, Rex Tillerson - actuel président d'Exxon-Mobil - n'ont pas fait mystère de leur volonté de renouer des relations de confiance et de partenariat avec la Russie de Poutine, ce qui va à l'encontre des positions de l'administration actuelle et de ses intérêts.
Nous sommes donc là de manière évidente dans une affaire américano-américaine ou deux clans s'affrontent pour rénover ou conserver le pouvoir... avant le 20 janvier, date de prise de fonction de Donald Trump.
Ainsi, Barack Obama et son administration s'emploient clairement à :

- pourrir la situation pour le début de la présidence Trump, à défaut de pouvoir remettre en cause son élection,

- saboter le rapprochement américano-russe.
Rappelons également que l'expulsion des officiels russes intervient quelques jours après la libération d'Alep par la coalition russo-syrienne et l'accord de cessez-le-feu conclu entre Russes, Syriens, Iraniens et Turcs sans la participation de Washington. Ce sont là deux déconvenues majeures de la politique étrangère américaine. Enfin, rappelons qu'Edward Snowden, la bête noire du renseignement américain, est toujours à Moscou. Dès lors, rien d'étonnant à ce que Washington multiplie les provocations vengeresses à l'encontre de la Russie.

La réaction russe

La Russie a « catégoriquement » rejeté les accusations dont elle est l'objet, les jugeant « indécentes ». A titre de réciprocité, Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères à immédiatement proposé à Vladimir Poutine de déclarer persona non grata trente et un diplomates de l'ambassade des États-Unis à Moscou et quatre du consulat de Saint-Pétersbourg et de leur interdire l'utilisation d'une maison de campagne dans la banlieue de Moscou et d'un bâtiment leur servant de dépôt dans la capitale. Mais le président russe a déclaré qu'il n'expulserait aucun diplomate américain, souhaitant ne pas répondre à ce « nouveau geste inamical de l'administration américaine sortante » destiné « à déstabiliser plus encore les relations russo-américaines », alors même qu'il attend l'entrée en fonction du nouveau président américain pour rétablir avec lui des relations de confiance entre les deux pays. Donald Trump a salué aussitôt « l'intelligence » du président russe. Force est de constater l'astuce avec laquelle Vladimir Poutine a su éviter le piège tendu par l'administration américaine, désamorçant ainsi une crise aurait pu provoquer une tension majeure.

*

Le psychodrame sur le prétendu mais non étayé piratage russe n'a pas peut-être pas encore atteint son paroxysme, car il reste trois semaines avant l'investiture de Donald Trump. Mais déjà, cette affaire, dans laquelle le grotesque le dispute à l'absurde, s'affirme comme l'une des histoires les plus surréalistes des relations internationales contemporaines.

Conséquence de la croissance exponentielle des supports d'information (internet, réseaux sociaux, médias audiovisuels) depuis le milieu des années 1990, puis de l'entrée en scène des Spin Doctors à partir de 2002, le monde est entré dans une nouvelle ère de manipulation de l'information et des opinions. La combinaison d'un Storytelling efficace et de la maîtrise des canaux de communication internationaux permet de faire apparaître le faux encore plus vrai que le vrai[12]. Les justifications fantaisistes de l'invasion de l'Irak en 2003, le « roman » des « révolutions » arabes à partir de 2011, les présentations faussées de la crise ukrainienne et du conflit syrien n'en sont que les illustrations les plus visibles.

En accusant le Kremlin de vouloir pour manipuler et détruire la démocratie américaine, une partie de l'Establishment d'outre-Atlantique s'est lancée dans une tentative aussi pathétique que désespérée ayant pour but de permettre à ses membres de conserver leurs postes et de poursuivre la politique internationale de tension qu'ils ont mis en place depuis le début des années 2000, la seule qui, à leurs yeux, permette d'assurer la pérennité de la domination politique et économique des Etats-Unis sur le monde.

Eric Denécé
01 janvier 2017


[1] 50 agents avaient dû alors quitter le territoire américain.
[2] https://www.us-cert.gov/sites/default/files/publications/JAR_16-20296A_GRIZZLY%20STEPPE-2016-1229.pdf
[3] De très nombreux piratages ont été attribués à ces deux groupes, dont celui qui a visé TV5 Monde en 2015.
[4] Nom donné par les Américains à la soit-disant opération russe.
[5] https://www.dhs.gov/news/2016/10/07/joint-statement-department-homeland-security-and-office-director-national
[6] http://www.foxnews.com/politics/2016/12/16/wikileaks-founder-assange-on-hacked-podesta-dnc-emails-our-source-is-not-russian-government.html
[7] Guatemala, Iran, Vietnam, Indonésie, Argentine, Philippines, Bosnie... pour ne citer que quelques exemples célèbres, sans parler des interventions dans la vie politique européenne pendant la Guerre froide, notamment en France et en Italie.
[8] Ancien officier des forces spéciales et ex directeur du renseignement militaire (DIA).
[9] Il lui reproche notammment d'avoir envoyé les analystes sur le terrain, ce qui leur a fait perdre tout recul, altérant considérablement les capacités d'analyse de l'Agence. Il est par ailleurs déterminé à restreindre son autonomie, considérant qu'elle est devenue une véritable « armée privée » imposant régulièrement sa vision de la situation internationale à la Maison-Blanche.
[10] United States Special Operations Command.
[11] Joint Special Operations Command.
[12] Le 30 décembre, des responsables américains ont « informé anonymement » certains médias que la Russie avait fermé l'école anglo-américaine de Moscou en représailles à l'expulsion de ses diplomates. CNN a été la première à diffuser cette information, largement reprise par les réseaux sociaux... qui est évidemment dénuée de tout fondement !

Les perturbateurs endocriniens, poison dans l’eau du robinet

Les perturbateurs endocriniens, poison dans l'eau du robinet

Tous le monde sait ce qu'est un perturbateur endocrinien sauf l'Europe qui n'arrive pas à légiférer, c'est étonnant non ? 25 ans qu'ils sont informés sur les propriétés toxiques de ces produits, et 25 ans qu'ils nous empoisonnent en toute quiétude...  Elle est pas belle la vie au pays des lobbies ?

Alors à votre avis c'est qui le didon de la farce ?

Amicalement,

f.

Ils sont aussi dans l'eau des nappes phréatiques et des cours d’eau en France, rappelle l’association Générations futures. Une mise en garde qui intervient alors que la Commission européenne doit légiférer en la matière en ce début d’année.

L’eau du robinet que l’on boit chaque jour est-elle nocive ? La question se pose à nouveau alors que l’ONG Générations futures relève la présence de pesticides perturbateurs endocriniens aussi bien dans nos canalisations que dans les rivières et les nappes phréatiques.

Générations Futures, qui avait déjà dénoncé la pollution des perturbateurs endocriniens dans la nourriture ou dans le quotidien de nos maisons, s’attaque à la pollution de l’élément vital qu’est l’eau. L’ONG n’a pas effectué d’analyses mais s’appuie sur les données de trois études gouvernementales sur l’eau du robinet, les eaux souterraines et les eaux de surfaces, croisées avec la liste des perturbateurs endocriniens dénombrés dans la base TEDX du site de référence en la matière, Endocrinedisruption.org.

Résultat, 73,3% des pesticides les plus mesurés dans les eaux de surface sont des perturbateurs endocriniens «suspectés». Pour les eaux souterraines, et pour l’eau du robinet, ces substances représentent environ la moitié des pesticides les plus présents.

«Ce n’est pas la première fois que l’on parle de perturbateurs endocriniens dans les eaux mais notre rapport permet pour la première fois de faire un état des lieux spécifique et actualisé des pesticides perturbateurs endocriniens, à la fois dans les eaux de surface ou souterraines et les eaux de boisson», estime François Veillerette, directeur de Générations futures.

Tous exposés

Les perturbateurs endocriniens sont des substances naturelles ou artificielles, étrangères à l’organisme, que l’on trouve dans de nombreux pesticides, plastiques, cosmétiques et conditionnements alimentaires. Ils peuvent interférer dans le système endocrinien et induire des effets néfastes sur l’organisme d’un être vivant ou de ses descendants. Ils peuvent être à l’origine de maladies comme le cancer du sein, l’infertilité, le diabète ou l’obésité.

«Ces substances sont présentes dans ce qu’on boit, ce qu’on mange, ce qu’on respire ou ce qu’on se met sur la peau. En clair, nous sommes tous exposés», alerte Barbara Demeneix, endocrinologue au Muséum national d’histoire naturelle et auteure de l’ouvrage le Cerveau endommagé - Comment la pollution altère notre intelligence et notre santé mentale (Odile Jacob, 2016).

Dans l’eau, glyphosate et atrazine

La réglementation qui fixe les teneurs maximales en pesticides dans l’eau du robinet a été modifiée en 2010 et autorise maintenant une eau cinq fois plus polluée. «Avant 2010, dès qu’on atteignait 20% de la VMax [valeur sanitaire maximale autorisée, ndlr], une interdiction temporaire de consommation était décidée par le préfet. Depuis 2010, il faut atteindre 100% de la VMax», regrette François Veillerette, de Générations futures.

Parmi les pesticides perturbateurs endocriniens les plus fréquents, on trouve le glyphosate et l’atrazine. Classé «cancérigène probable» par le Centre international de recherche sur le cancer, le glyphosate (principe actif du Roundup de Monsanto) est l’herbicide le plus utilisé dans les champs en Europe. En conséquence, dans les rivières et les fleuves de France, il est celui que l’on observe le plus fréquemment. Malgré de virulentes oppositions, le glyphosate a été à nouveau autorisé en juin 2016 par la Commission européenne.

L’herbicide atrazine est interdit en France depuis 2003. Pourtant, c’est la molécule la plus retrouvée dans les nappes phréatiques et dans l’eau du robinet. Or, selon une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale de 2011, l’atrazine pourrait avoir des effets néfastes pour la femme enceinte avec «un risque accru de mettre au monde un enfant de faible poids ou de faible périmètre crânien».

L’eau en bouteille, pas une solution

Est-ce à dire qu’il faille boire uniquement de l’eau en bouteille ? Ce n’est pas la solution miracle, selon Barbara Demeneix. «On trouve aussi des perturbateurs endocriniens dans l’eau de bouteille, parfois même davantage, à cause des plastifiants utilisés, comme le bisphénol A ou maintenant le bisphénol S», relève-t-elle en référence au bisphénol A, utilisé dans la fabrication des biberons ou des tickets de caisse. Depuis son interdiction pour la fabrication des contenants alimentaires en 2015, le bisphénol A est remplacé par des substituts, comme le bisphénol S ou le bisphénol F, jugés également nocifs.

Que faire alors ? «Il faut être actif pour qu’il y ait plus de contrôles des eaux et surtout pour que l’Europe légifère. Ce genre de rapport permet aux gens de prendre conscience du problème», résume Barbara Demeneix.

Dans l’attente d’un vote européen

En décembre 2016, la Commission devait voter un texte pour réglementer les perturbateurs endocriniens. Mais, flairant qu’elle n’allait pas recueillir une majorité chez les Etats membres, elle a repoussé le vote. Pour la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, le texte de la Commission était de toute façon «inacceptable». Dans une lettre adressée au président de la Commission, Jean-Claude Juncker, elle écrivait : «Cette évolution réglementaire marquerait un recul dans l’action de l’Union européenne de protection de la santé de nos concitoyens et de notre environnement

Perturbateurs endocriniens : la réglementation proposée par l’UE ne convainc pas

Un nouveau texte, suivi d’un possible vote, pourrait être présenté dans les prochains jours par la Commission européenne. Le comité compétent en la matière a en effet inscrit à son agenda une discussion sur les perturbateurs endocriniens les 23 et 24 janvier.

 

Source(s) : Libération.fr via Contributeur anonyme

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