France Info : partenaire officiel du néolibéralisme
La station de radio de service public France Info n'en finit plus de parler d'économie.
Au total, pas moins de 4 émissions quotidiennes y sont consacrées exclusivement, (dont une est consacrée aux nouvelles technologies et au numérique et que je n'analyserai pas), auxquelles on peut ajouter la matinale, l'interview de Jean-Michel Apathie, ainsi qu'au moins deux autres chroniques qui s'y intéressent régulièrement.
Un problème de taille pourtant se pose : comment est-il possible que ses animateurs et chroniqueurs prennent à ce point parti en faveur de la pensée orthodoxe, disons simplement le néolibéralisme, à l'instar notamment de BFM Business qui, lui, est un groupe privé dont la ligne est radicale et assumée pour des raisons évidente de détention de son capital par Alain Weill notamment ?
En programmant cette année autant d'interviews et chroniques à l'économie, la station a clairement choisi d'en faire une priorité. Autant faire ça bien. Tâchons donc de leur faire prendre un peu de recul sur leurs pratiques.
Voici les émissions dont nous allons parler dans cet article.
Parler d'économie, c'est intéressant. Faire comprendre aux auditeur que divers points de vue existent, c'est mieux.
Or, malheureusement, sur France Info, la diversité de ces émissions, n'en offre qu'un seul : celui de « monde réel » comme on l'entend dire parfois, celui dans lequel il n'y a pas d'alternative, évidemment. Celui qui admet consciemment ou non que l'extension du marché à toutes les sphères de la vie humaine est inexorable.
Pourtant, l'économie est un objet d'étude traversé en son sein par nombre de débats et controverses.
Alors, je m'adresse à France info, à son directeur des programmes, ainsi qu'aux journalistes concernés : pourquoi diable consacrer autant de cases horaires à l'économie, si c'est pour que toutes ces émissions ne témoignent que d'une seule façon de penser ?
Car enfin, ce me semble, le service public est justement, à notre service et se doit de rendre compte de la diversité des opinions. Celles de patrons sans doute, mais aussi celles d'employés ; de défenseurs de l'ordre actuel, mais encore d'opposants par exemple. Elle pourrait également s'intéresser aux choix des consommateurs, aux chômeurs, aux étudiants... Ce n'est pas le cas.
Observons chacune de ces émissions :
L'interview éco, d'abord.
Sur les trentes dernières émissions diffusées, les invités de Jean Leymarie se repartissaient comme tel :
Le parti pris idéologique est assez clair : la parole aux (grands) patrons.
En effet, les entreprises concernées ne sont pas des boulangeries. J'ajoute ici une liste non exhaustive des entreprises dont l'un des dirigeants était invité : Elior, Adecco, Primark, la fédération bancaire française, le Printemps Haussmann, EasyJet, Atos...etc
Notre deuxième étude porte sur le Brief éco, la chronique d'Emmanuel Cugny, plus précisément sur les 36 diffusions les plus récentes. Pas d'invités cette fois ci, mais un choix quotidien de thèmes également très orientés.
Là encore, le déséquilibre est flagrant. Les sujets abordés en priorité, le sont tels des évidences : la finance est omniprésente, et n'est jamais contestée intrinsèquement. Evidemment, le point de vue adopté est non critique, car « factuel », et « pragmatique ». La «Réforme» y est souvent étudiée, mais seulement celles d'Emmanuel Macron et de François Fillon. Après tout, comme chacun sait qu'il faudra y passer ; pourquoi s'amuser à chercher ailleurs, n'est-ce pas ?
A noter que le made in France émerge toutefois comme thème récurent.
Troisième émission : Le "décryptage éco" de Vincent Giret et Lise Jolly.
Sans surprise là encore, l'étude statistique des thèmes de l'émission mettent en lumière son parti pris.
En dépit de la présence non négligeable de thèmes internationaux et hétérodoxes (qu'il faut saluer) dans cette émission, certaines chroniques affichent tout de même un positionnement très marqué comme ces quelques exemples pourront l'illustrer.
Que les journalistes, experts ou intervieweurs aient leurs propres opinions est parfaitement légitime ; comment pourrait-il en être autrement d'ailleurs. Personne ne peut se prévaloir d'être absolument a-idéologique. La véritable question est celle ci : est-il acceptable qu'un journaliste évince tout un pan de la pensée économique sous prétexte qu'elle n'irait pas dans le sens de ses propres idées.
Non.
C'est pourtant bien ce que l'on constate sur France Info.
Antoine Lamnège