mardi 22 novembre 2016
Merci Joseph Stiglitz de proposer la quarantaine pour les parasites fiscaux
Hollande et le secret défense : enquête préliminaire du parquet de Paris
Hollande et le secret défense : enquête préliminaire du parquet de Paris
Coup de chaud à l'Elysée.... Plus bête tu meurs....

Les journalistes Fabrice Lhomme et Gérard Davet, auteurs du livre "Un président ne devrait pas dire ça", ont assuré avoir obtenu une copie du calendrier du raid que le chef de l'Etat français voulait mener pour frapper le régime syrien.
La masse de confidences faites par François Hollande aux journalistes ces derniers mois continue de peser sur l'Elysée. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "compromission de la défense nationale" à la suite de la publication par "Le Monde" de documents classifiés obtenus par les journalistes du quotidien, selon une source judiciaire.
Dans un article, les journalistes ont dit avoir eu copie de documents qui se trouvaient sur le bureau de François Hollande, avec lequel ils ont eu de nombreux entretiens pour leur livre "Un président ne devrait pas dire ça...".
Le parquet de Paris a été saisi le 7 novembre par un courrier du député Les Républicains Eric Ciotti, précise Libération.fr, qui a révélé l'information. La justice a saisi le ministère de la Défense afin de déterminer si le document incriminé est classifié "secret défense" et pour vérifier le degré d'atteinte porté au secret de la défense nationale, ajoute le quotidien.
Des informations sur un raid de l'armée française en Syrie
Dans un article du 24 août dernier intitulé "Le jour où Obama a laissé tomber Hollande", les journalistes Fabrice Lhomme et Gérard Davet expliquaient avoir obtenu une copie du calendrier du raid que le chef de l'Etat français voulait mener pour frapper le régime syrien.
Des Rafale basés à Abou Dhabi devaient tirer cinq missiles de croisière Scalp contre des bases militaires syriennes en cas de feu vert du président Hollande mais l'opération avait été annulée in extremis, faute d'accord américain.
"Il m'apparaît que la divulgation volontaire de documents et d'informations classées "confidentiel défense" sont, dans les circonstances de l'espèce, de nature à constituer" le délit de violation du secret défense, avait relevé Eric Ciotti dans son courrier au procureur de Paris.
Revue de presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce mardi 22 novembre 2016
Revue de presse du jour comprenant l'actualité nationale et internationale de ce mardi 22 novembre 2016
Bonjour, voici la Revue de presse du jour, et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est Rock'n'Roll ce matin.
Amicalement,
f.
Actualités françaises :
22.11.2016
Hollande et le secret défense : enquête préliminaire du parquet de Paris (Les Echos.fr)
Le second tour des primaires de la droite se jouera entre deux Bilderbergers (Fawkes)
Le Parti socialiste se rassemble pour critiquer le programme de François Fillon (France Tv Info.fr)
Emmanuel Macron chahuté à Metz (Le Point.fr)
« Quand la SNCF découvre qu’en automne les feuilles ça tombe, qu’en hiver il y a de la neige et que même l’eau ça mouille !! » L’édito de Charles SANNAT (Insolentiae.fr)
21.11.2016
VIDEO. Fillon grand gagnant, Sarkozy éjecté : ce qu'il faut retenir du premier tour (L'Express.fr)
Évasion fiscale. Joseph Stiglitz : « Il faut une tolérance zéro envers le secret ! » (L'Humanité.fr)
Quatre hommes arrêtés lors d'une opération antiterroriste à Strasbourg (RT.com)
Divers :
Moment détente :
22.11.2016
L'ex-ambassadeur Boris Boillon renvoyé devant la justice (Le Figaro.fr)
21.11.2016
Buckingham Palace : les Britanniques veulent faire payer les travaux à la famille royale (Le Point.fr)
Ça se passe en Europe : Bruxelles perd son super-héros (Les Echos.fr)
Actualités internationales :
22.11.2016
Chypre : fin du cycle de négociations sans accord ni nouvelle date de discussions (ONU) (L'Express.fr)
Japon : un fort séisme au large de Fukushima déclenche un tsunami (Europe 1.fr)
Retrait du traité transpacifique, immigration, énergie... Toutes les annonces de Donald Trump (20 Minutes)
Législatives allemandes : "Sans Merkel, la CDU n'est plus rien" (France 24.com)
C'est comment ailleurs ? Les élections primaires en Europe (France Info.fr)
Brexit : Theresa May veut rassurer les patrons britanniques (Les Echos.fr)
Un projet de loi d’amnistie de certains crimes sexuels sur mineures provoque un tollé en Turquie (France 24.com)
21.11.2016
Après onze ans au pouvoir, Angela Merkel candidate à un quatrième mandat (Les Echos.fr)
En direct de l'Europe. Revenu universel : l'utopie devient nécessité (France Tv Info.fr)
High-Tech :
22.11.2016
Une technologie américaine secrète offerte par mégarde aux Russes ! (Le Point.fr)
EN IMAGES. Au Salon auto de Los Angeles, électriques et SUV partagent l'affiche (L'Express.fr)
Sciences :
21.11.2016
ISS : Thomas Pesquet est arrivé (France Tv Info.fr)
Informatique :
20 Minutes par jour :
Sécurité :
22.11.2016
Surveillance : ce que contient la nouvelle loi sur le renseignement britannique (Le Monde.fr)
[NextINpact] Le CNNum demande la suspension du fichage de 60 millions de Français (LQDN)
Dossiers :
Livres :
21.11.2016
Twilligth Zone :
Cinéma :
Séries :
12.11.2016
Aftermath - Saison 1, épisode 3/10 : « Dans nos chambres vides »
04.11.2016
Mr. Robot - Saison 1, épisode 7/10 : c0d3_s0urc3.flv
Le complément de la Revue de presse du jour comprenant les informations de ce qui fait l'actualité française et internationale du 19 au 21 novembre vues par notre Contributeur anonyme.
INDE : ... économie à 90% en cash, sa suppression cause une paralysie totale
AUSTRALIE : ... Citybank supprime le cash dans ses agences + immolation
http://www.rtl.fr/actu/international/australie-il-s-immole-par-le-feu-dans-une-banque-7785860573
VIDEO DU JOUR
Pauvreté augmente
Des économistes allemands appellent à la création de l'euro-or
A chaque fois que vous vous retrouvez du côté de la majorité, il est temps de commencer à réfléchir. Mark Twain
SIGNE DES TEMPS :
ALLEMAGNE : ... 2019 maison de prière commune aux 3 grandes religions
http://www.saphirnews.com/House-of-One-synagogue-eglise-et-mosquee-sous-un-meme-toit_a22968.html
FRANCE DE LA FAILLITE : ... un bar-tabac en faillite en 9 MOIS à Reims ... Megabus en faillite
FRANCE : ... l'emprunteur-type immobilier s'endette plus et plus longtemps
1. VERS UN NOUVEL ORDRE MONDIAL FINANCIER
FRANCE : ... flambée des prix du poisson
MARCHÉS : ... les banques européennes ont la cote en Bourse
PORTUGAL : ... manifestation de fonctionnaires
ITALIE : ... grève dans le textile
PORTUGAL : ... un fonds chinois prend le contrôle de la banque BCP
CANADA : ... la RBC augmente ses taux hypothécaires résidentiels ... les Canadiens s'endettent
http://www.tvanouvelles.ca/2016/11/15/rbc-augmente-ses-taux-hypothecaires-residentiels
RUSSIE : ... achète 40 tonnes d'or en octobre
https://www.goldbroker.fr/actualites/reserves-or-russie-octobre-1043
2. VERS UN NOUVEL ORDRE MONDIAL SOCIÉTAL
FRANCE : .. 14 ans prostituée sur Vivastreet
http://rue89.nouvelobs.com/rue69/2016/11/18/14-ans-prostituee-cest-possible-site-vivastreet-265698
2017 : ... l'Allemagne a peur que la France bascule pour Marine Le Pen
ROYAUME-UNI : ... surveillance pour tous
3. VERS UN NOUVEL ORDRE MONDIAL SPIRITUEL
TURQUIE : ... discute avec la Russie d'un système anti-missiles S-400 (le même que l'Iran)
USA : ... NASA & FEMA se sont préparés pour un astéroide
http://conscience-du-peuple.blogspot.fr/2016/11/la-nasa-et-la-fema-se-sont-preparees.html
RUSSIE : ... nouvelles armes ... 4000 soldats de l'OTAN à la frontière russe
https://fr.sputniknews.com/trend/russie_armes/
https://www.youtube.com/watch?v=1WGww2zJSiE
Merci à notre Contributeur anonyme, pour lui faire spécifiquement un don, c'est ICI ! ; )
Cette Revue de presse vous a intéressé ? Crashdebug.fr a besoin de ses lecteurs pour poursuivre son activité, faites un don.
Pas rassasiés ? Vous voulez encore plus d'infos ? Je vous rappelle donc l'existence de la page Defcon Room actualisée 7j/7 et 24h/24 en libre service. ; )
Et bien sûr l'ensemble des Revues de presse précédentes dans la section qui leur sont dédiées.
(Si vous venez de découvrir notre petit site voici une vidéo qui vous en expliquera rapidement le mode de fonctionnement)
Amicalement,
l'Amourfou...
L'Allemagne a peur pour la France
L'Allemagne a peur pour la France
Moi, je dirais plutôt qu'ils ont peur pour cette Union Européene qui leur apporte... Tellement... (Informations complémentaires)
Comment l'Allemagne perçoit-elle cette nouvelle responsabilité, elle qui se satisfaisait hier d'être le meilleur élève de la classe européenne et atlantique au sein de l'Union et de l'Otan ? Etre le premier de la classe est une chose, se retrouver presque seul à l'avant-garde de la défense des valeurs démocratiques en est une autre. De fait, s'il y a de la fierté en Allemagne, devant le nouveau statut de la chancelière, il y a aussi un peu d'embarras et plus encore un profond sentiment de solitude. « Pourquoi moi, s'il n'y a que moi ? » s'interrogeait Alexandre Soljenitsyne. L'Allemagne pouvait hier encore se voir comme un modèle. En reconnaissant l'étendue de ses crimes, en pratiquant une repentance qui lui avait permis de transcender son passé pour engendrer son futur au sein du projet européen, l'Allemagne a parfaitement réussi. Mais passer du rôle de modèle à celui d'acteur principal, n'est-ce pas trop, et surtout trop vite ? Quelle ironie de l'Histoire ! Au lendemain de la chute du mur de Berlin et de la réunification de l'Allemagne, la presse internationale, et particulièrement française, était pleine de caricatures représentant Helmut Kohl coiffé d'un casque prussien. Vingt-cinq ans plus tard, la chancelière serait presque décrite comme une « Walkyrie du bien démocratique » face à la montée des populismes.
A Francfort, où je me trouvais ces derniers jours, on voit certes dans le Brexit une opportunité pour vendre l'attractivité financière de la ville. Mais depuis l'élection de Donald Trump, l'avenir apparaît décidément trop incertain. Et le monde de la finance n'aime pas l'incertitude. La liste des interrogations s'allonge en effet depuis le référendum britannique du 23 juin. La bonne tenue des marchés au lendemain des élections américaines ne saurait faire illusion. Ce n'est pas parce que Donald Trump est apparu plus modéré au lendemain de sa victoire qu'il l'est réellement. Ses premières nominations en sont la preuve. Il s'est entouré d'une équipe d'« ultra-radicaux » qui ne présage rien de bon. De la même manière, les résultats du référendum italien et de l'élection présidentielle autrichienne risquent de se traduire par une nouvelle avancée des populismes. Et il faudrait parler des élections à venir aux Pays-Bas où l'extrême droite, là encore, réalisera très probablement une excellente performance.
Mais ce qui obsède réellement les élites politiques, économiques et financières de l'Allemagne, plus encore que les succès du Brexit et de Donald Trump, ce sont les résultats de l'élection présidentielle en France. Se pourrait-il que la formule « jamais deux sans trois » devienne réalité ?
Mes interlocuteurs ne semblaient pas pleinement rassurés par l'argument français : « Chez nous, c'est différent, l'élection est à deux tours. Au premier, on se fait plaisir, au second, on redevient rationnel. »
La hantise allemande est bien naturelle. Se sentir un peu seule, face à une France étrangement absente depuis quelque temps, est une chose. Se sentir abandonnée, trahie par une France qui porterait au pouvoir un parti dont les valeurs, les choix et la pratique sont une négation de tout l'effort accompli sur elle-même par l'Allemagne à travers la construction européenne en est une autre. Barack Obama peut placer entre les mains d'Angela Merkel le « flambeau de la démocratie », cette dernière ne veut, ni ne peut le tenir seule. Elle attend que la France soit à ses côtés pour partager cette responsabilité. S'il existe un « reset », qui est essentiel après la double victoire du Brexit et de Trump, c'est celui de la relation franco-allemande. Une telle relance passe par le retour d'un plus grand équilibre entre les deux pays. Cela fait trop longtemps que les deux pays ne « jouent plus dans la même division ». L'Allemagne a besoin d'une France forte qui retrouve confiance en elle-même. Il faut le répéter à l'envi, au cours des dernières années, ce n'est pas l'Allemagne qui a été trop forte, c'est la France qui a été trop faible. Aujourd'hui, l'économie européenne se porte mieux, presque tous les clignotants sont au vert, et l'Allemagne a joué plus que son rôle dans ce redressement. Tout n'est pas parfait, bien sûr. L'accroissement sans limites des inégalités est devenu une menace pour les sociétés démocratiques. Mais ce qui est nouveau, c'est surtout le changement de nature du calendrier de l'Union. Cette transformation donne à la France des cartes qu'elle ne possédait pas sur les stricts plans économique et financier. En effet, si l'on se parle de sécurité - sécurité externe face aux désordres du Moyen-Orient et aux ambitions de Poutine, sécurité interne face à la montée du terrorisme et à la nécessité de contrôler nos frontières et nos territoires - alors les « avantages comparatifs » de la France sont bien meilleurs.
Plus que jamais « le franco-allemand », en cette période troublée, est au coeur de l'Histoire. Cela suppose bien sûr que l'Allemagne demeure ce qu'elle est - un pilier de stabilité - avec la chancelière qui reste à son poste après les élections de septembre 2017. C'est probable, mais ce n'est pas certain. En Allemagne aussi, l'extrême droite de l'AfD réalise des percées significatives. Cela suppose aussi que la France ce printemps fera le bon choix en portant à sa tête un président qui fera preuve d'autorité, de sagesse et d'expérience. Pour des raisons de statut, tout autant que de calendrier, il incombe à notre pays de démontrer que la poussée des populismes n'est pas irrésistible. Sur ce plan, pour la défense de la démocratie et la survie du projet européen, les électeurs français sont au moins aussi importants que la chancelière d'Allemagne.
Dominique Moïsi
Dominique Moïsi, professeur au King's College de Londres, est conseiller spécial à l'Institut Montaigne.
Source(s) : Les Echos.fr via Contributeur anonyme
Informations complémentaires :
L’écrasante responsabilité de la gauche dans la victoire de Donald Trump, par Dominique Méda
L'écrasante responsabilité de la gauche dans la victoire de Donald Trump, par Dominique Méda
Source : Le Monde, Dominique Méda, 13.11.2016
Les gauches se font tailler des croupières presque partout dans le monde par des partis qui prétendent mettre au cœur de leurs préoccupations les oubliés, les damnés de la mondialisation, les sans-grade, les déclassés, parce que la gauche a renoncé à mener une politique de gauche, explique la sociologue Dominique Méda.
![« Il ne reste plus à ceux qui votaient traditionnellement pour [la gauche] qu'à se tourner vers ceux qui s'intéressent (ou font semblant de s'intéresser) à eux et à leurs problèmes » (Photo: les leaders et chefs de gouvernement socialistes européens réunis à Paris en 1999). JACK GUEZ / AFP](http://www.les-crises.fr/wp-content/uploads/2016/11/5030325_6_3ddf_2016-11-13-b5f346b-13649-1c67f2-oi4xg06bt9_a18022ac3dc3800591fae27634019b63.jpg)
« Il ne reste plus à ceux qui votaient traditionnellement pour [la gauche] qu'à se tourner vers ceux qui s'intéressent (ou font semblant de s'intéresser) à eux et à leurs problèmes » (Photo: les leaders et chefs de gouvernement socialistes européens réunis à Paris en 1999). JACK GUEZ / AFP
Par Dominique Méda, sociologue, professeure des universités
L'énigme semble complète : pourquoi les pauvres et les ouvriers ont-ils voté pour un milliardaire qui ne s'est donné que la peine de naître – un don conséquent de son père lors de son entrée dans la vie adulte lui ayant permis de construireson empire – et non pour la candidate démocrate ?
Pourquoi presque un tiers des Français qui vont voter à la prochaine élection présidentielle, dont de nombreux électeurs issus des classes populaires, s'apprêtent-ils, selon les sondages, à apporter leur suffrage non pas à la gauche, mais à une candidate, Marine le Pen, dont le répertoire idéologique était il y a encore peu aux antipodes de l'anticapitalisme et de la lutte des classes ?
Pourquoi les gauches se font-elles tailler des croupières presque partout dans le monde par des partis qui prétendent mettre au cœur de leurs préoccupations les oubliés, les invisibles, les damnés de la mondialisation, les sans-grade, les déclassés ?
Les droits que nous pensions définitivement acquis
Cela s'explique en grande partie par le fait que la gauche a tout simplement renoncé à mener une politique de gauche et que, dès lors, il ne reste plus à ceux qui votaient traditionnellement pour elle qu'à se tourner vers ceux qui s'intéressent (ou font semblant de s'intéresser) à eux et à leurs problèmes.
Aurions-nous vu le Front national (FN) changer radicalement de fond idéologique, s'intéresser à la classe ouvrière, à la valeur du travail, à la faiblesse des salaires, aux régions ruinées par le départ des usines, à la difficulté de boucler les fins de mois, à la mondialisation, si la gauche avait été fidèle à son héritage idéologique, on n'ose dire à ses valeurs ?
Les victimes de la globalisation, ceux qui ont perdu leur emploi ou se trouvent dans des zones de relégation seraient-ils autant tentés par le discours de Marine Le Pen si la gauche avait continué à défendre l'égalité, l'augmentation des salaires, le développement de l'Etat-providence, la coopération, la réduction du temps de travail, le partage ?
A l'évidence, non. A l'évidence nous n'en serions pas là, à trembler pour la paix et le maintien de droits que nous pensions pourtant définitivement acquis, si, en 1983, au lieu d'accepter de se soumettre à une Europe qui ne parvenait pas à devenir politique, la gauche au pouvoir avait continué à défendre l'intérêt du paradigme keynésien.
Nous n'en serions pas là si, en 1985-1986, la gauche n'avait pas cédé aux sirènes de la libre circulation des capitaux et de l'ouverture des marchés financiers dont même le Fonds monétaire international (FMI) reconnaît aujourd'hui qu'ils sont en train de détruire nos sociétés ; nous n'en serions pas là si la gauche française n'avait pas, année après année, accepté les uns après les autres les renoncements à l'héritage de gauche.
Augmentation insupportable du chômage
Souvenons-nous : la fameuse équité promue en 1994 par le rapport Minc encensé par la gauche ; l'orthodoxie budgétaire pleinement revendiquée par l'actuel président de la République et qui a conduit à une augmentation insupportable du chômage ; l'abandon dans lequel la gauche a laissé les banlieues depuis trente ans tout en prétendant s'en occuper ; l'obsession de l'équilibre comptable érigé en dogme et objet de la plus grande fierté pendant qu'une partie du pays crève ; le désintérêt complet pour les conditions de travail dont la dégradation saute pourtant tous les jours aux yeux ; le glissement progressif de la gauche vers la condamnation de l'assistanat ; l'incompréhension totale à l'endroit du « Moustachu » (Philippe Martinez), considéré dans les plus hautes sphères de l'Etat comme le Diable ; le refus d'obliger les entreprises mères à assumer la responsabilité des actes de leurs filiales ; la soumission au pouvoir des banques…
Et surtout, la conversion complète – parfaitement mise en évidence dès 1994 dans le livre remarquable publié sous la direction de Bruno Jobert, Le Tournant néo-libéral en Europe (L'Harmattan) – des soi-disant élites à l'ensemble du bagage théorique néoclassique, et à ses prêtres, qui nous proposent depuis des années des baisses du smic (alors que le moindre de leur « ménage » leur rapporte un smic en quelques heures), des contrats uniques, des licenciements plus rapides, un démantèlement complet des protections du travail, une baisse des allocations-chômage et des minima sociaux pour que les paresseux reviennent plus vite au travail, et tout cela en des termes trompeurs (qu'on se souvienne de la fameuse « sécurisation »).
Des élites converties au discours que l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) asséné depuis les années 1980 ; des élites de gauche, y compris Obama, qui préfèrent conserver auprès d'eux des économistes champions de la dérégulation (comme Larry Summers) tant la discipline économique semble aujourd'hui dépolitisée.
Soupçon généralisé sur les chômeurs
Souvenons-nous : la trahison de Bill Clinton qui, en 1992, assène qu'il faut « To end welfare as we know it » (« en finir avec l'Etat-providence tel que nous le connaissons ») et met en place, en 1996, une réforme qui pousse les allocataires de minima sociaux à reprendre le travail à n'importe quel prix, plongeant dans la misère ceux qui n'en sont pas capables.
Souvenons-nous : le coup de tonnerre qu'a constitué le Manifeste Blair-Schröder de 1999 dans lequel les deux dirigeants « de gauche » en appellent à en finir avec cette « vieille » gauche, dopée aux dépenses publiques, incapable de croire à l'entreprise et à la compétitivité.
Souvenons-nous des réformes du chancelier allemand Gerhard Schröder, le soupçon généralisé sur les chômeurs qui refuseraient, par pure paresse, de reprendre des emplois (qui n'existent pas), la fusion de l'allocation-chômage et de l'allocation d'assistance, la politique du « bâton » comme si ceux qui avaient perdu leur emploi et ne parvenaient pas en en retrouver un le faisaient exprès. Et, pendant ce temps, l'explosion des inégalités, les fortunes aussi colossales que rapidement acquises, la consommation ostentatoire, la finance folle.
Presque partout, parvenue au pouvoir, la gauche a adopté le paradigme néolibéral, souvent pour montrer qu'elle était capable d'être une aussi bonne gestionnaire que la droite, souvent aussi parce qu'il aurait fallu renverser la table pour mettre en œuvre une autre politique.
Une Europe n'ayant pour seul idéal que le marché
Chaque époque est singulière. Lors du premier septennat de François Mitterrand, peut-être ne savions-nous pas, ne pouvions-nous pas imaginer, qu'une Europe si mal née, une Europe incapable de s'unir sur des accords politiques, une Europe n'ayant pour seul idéal que le marché, ne pourrait pas survivre.
Mais en 2012, les choses étaient bien différentes. Il aurait fallu, au lieu de vouloir à tout prix exercer le pouvoir, sauvegarder au contraire, comme ce qu'il y a de plus précieux, les valeurs de la gauche. Même au risque d'être moqués, au risque d'être considérés comme de mauvais élèves en économie, comme de piètres gestionnaires, il fallait conserver contre vents et marées comme unique boussole la recherche absolue de l'égalité, l'attention pour les ouvriers, les déclassés, les ségrégués, les oubliés, les dominés, les banlieues, les petits salaires, les privés d'emploi et défendre en conséquence le service public, la solidarité, la redistribution.
Il aurait mieux valu ne pas exercer le pouvoir et conserver intact l'espoir de changer un jour la situation plutôt que de l'exercer en singeant la droite, en récupérant l'héritage, les manières de faire, les comportements, l'idéologie de la droite, ce qui conduit aujourd'hui nos concitoyens abandonnés à se jeter dans les bras des seuls qu'ils n'ont pas encore essayés.
Tant que la gauche n'aura pas renoué avec ses principes fondamentaux, ses (improbables) succès électoraux seront autant de victoires à la Pyrrhus, faisant le lit de la droite et de l'extrême droite.
Source : Le Monde, Dominique Méda, 13.11.2016
Italie : quels scénarios pour l’après-référendum ? Par Romaric Godin
Italie : quels scénarios pour l'après-référendum ? Par Romaric Godin
Source : La Tribune, Romaric Godin,

Matteo Renzi restera-t-il au pouvoir après le référendum du 4 décembre ? (Crédits : Stefano Rellandini)
Le “non” reste en tête dans le référendum constitutionnel prévu le 4 décembre prochain en Italie. Que se passera-t-il après le vote ? Revue des scénarios possibles.
C’est une bonne nouvelle pour Matteo Renzi. La croissance italienne s’affiche au cours du troisième trimestre 2016 à 0,3 %, autant qu’en zone euro et, pour la première fois depuis début 2009, l’Italie fait mieux que l’Allemagne sur un trimestre. Mais c’est sans doute une maigre consolation, car ce rayon de soleil jaillit de sombres ténèbres : le référendum prévu le 4 décembre prochain sur les réformes constitutionnelles qu’il a proposées s’annonce très difficile pour lui. Et il y a fort à parier que les Italiens n’ont pas réellement senti les effets d’une croissance qui demeure faible et peu fondée sur une amélioration de leurs conditions d’existence.
Ce que disent les sondages
Les sondages en tout cas sont sans appel : le « non » aux réformes constitutionnelles dispose d’un large soutien, souvent en progression. La dernière enquête, réalisée le 14 novembre par EMG, donne 39,2 % d’intentions de vote pour le « non » contre 34,9 % pour le « oui » et 25,9 % d’indécis. Celle réalisée le 12 novembre par Winpoll pour Huffington Post Italia donne 52,5 % pour le « non » et 47,5 % pour le « oui ». Ixè, le 11 novembre, attribue une avance de trois points au « non » : 40 % contre 37 % avec 23 % d’indécis. Enfin, pour Index Research, le « non » était à 52,8 % des intentions de vote le 10 novembre, avec 22 % d’indécis. On le voit, le « non » a partout de l’avance, mais c’est une avance faible et le résultat dépendra évidemment du comportement des 20 à 25 % d’électeurs qui n’ont pas encore fait leur choix. Le problème pour Matteo Renzi est cependant que, selon de nombreuses enquêtes, les indécis choisissent davantage le « non ».
Victoire du « oui », victoire de Matteo Renzi ? Oui, mais…
Reste à savoir ce qui se passera réellement au lendemain du 4 décembre. Si le « oui » l’emporte le 4 décembre, Matteo Renzi en sortira singulièrement renforcé. Il aura remporté le scrutin presque seul contre la quasi-totalité du monde politique, y compris une partie de sa majorité et de son propre parti, le Parti démocrate (PD). Il pourra alors achever sans difficulté son mandat jusqu’en février 2018, date des prochaines élections législatives qu’il abordera dans de bonnes conditions puisque « sa » victoire lui permettra sans doute d’éliminer son opposition interne au PD.
La question de la loi électorale
Seule ombre au tableau : la loi électorale qui est un complément des réformes soumises au référendum. Cette loi, appelée « Italicum », doit en effet assurer une majorité absolue à la future chambre des députés qui sera désormais la seule devant laquelle le gouvernement italien sera responsable. Elle prévoit de donner la majorité absolue des sièges au parti ayant obtenu 40 % au premier tour ou ayant obtenu la majorité lors d’un ballotage opposant les deux premiers partis du premier tour si aucun n’a obtenu lesdits 40 %. Cette loi est cependant soumise à la cour constitutionnelle qui a annoncé qu’elle se prononcera sur sa légalité après cette loi électorale après le scrutin référendaire. Le risque d’une inconstitutionnalité n’est pas à écarter, les deux tribunaux de Messine et Turin, en février et juillet dernier, ont jugé acceptables respectivement six et deux motifs d’illégalité de la loi, notamment le principe du ballottage.
Les élections de 2018 ne sont pas gagnées, même en cas de « oui »
Si la loi est validée par la cour, Matteo Renzi aura réalisé un « grand chelem » et sera en position idéale avant 2018. Sinon, tout dépendra des motifs retenus par la cour, mais l’Italicum devra être corrigé. Or, ceci devrait donner lieu à de vives passes d’armes au parlement. La minorité du PD conteste la loi et l’opposition risque de crier à la manipulation. Modifier une loi électorale à proximité du scrutin est toujours délicat. D’autant que la loi actuelle semble profiter au Mouvement 5 Etoiles (M5S) de Beppe Grillo, qui a montré sa capacité à mobiliser les oppositions à Matteo Renzi en cas de ballotage. Il est à noter, du reste, que, même en cas de « oui », l’élection de 2018 est loin d’être gagnée pour le PD et Matteo Renzi. Et, avec l’application de la réforme constitutionnelle et de l’Italicum, le M5S qui est faible dans certaines régions italiennes, dispose d’un levier pour pouvoir gouverner le pays en 2018. Ce qu’il a beaucoup moins en cas de victoire du « non ». Une fois passé l’euphorie de la victoire, Matteo Renzi restera donc sous pression durant les 14 prochains mois dans un contexte économique qui reste difficile.
Si le « non » l’emporte, Matteo Renzi devra démissionner
En cas de victoire du « non », hypothèse la plus probable aujourd’hui au regard des sondages, il sera difficile à Matteo Renzi de ne pas remettre sa démission de la présidence du Conseil. Le scrutin a été trop personnalisé et la réforme constitutionnelle est trop symbolique pour que Matteo Renzi puisse agir autrement, même si, en théorie, sa majorité parlementaire n’est pas remise en cause par un référendum sur une question précise.
L’option complexe des élections anticipées
La vraie question est de savoir ce que fera ensuite le président de la République Sergio Matarella, à qui reviendra la décision. L’ancien ministre démocrate-chrétien, puis centre-gauche, dispose alors de plusieurs possibilités. La première, celle qui est redoutée par les marchés et les dirigeants européens, est la dissolution du parlement et la convocation d’élections anticipées. Cette hypothèse pose un certain nombre de problème. En effet, la réforme constitutionnelle étant rejetée, l’élection concernera la Chambre et le Sénat (dont les membres sont élus par les conseils régionaux dans la réforme soumise au vote). Le futur gouvernement, comme aujourd’hui, sera responsable après le scrutin devant les deux chambres.
La question des lois électorales
Reste à savoir comment élire les parlementaires. A priori, pour les députés, l’Italicum s’appliquera en attendant la décision de la cour constitutionnelle. Mais il existe une possibilité que cette loi soit invalidée en partie avant le scrutin et que donc la loi électorale ne s’applique qu’en partie, par exemple sans prime majoritaire ou sans ballottage, puisqu’il n’y aura pas le temps suffisant de construire une nouvelle loi. Mais pour le Sénat, l’Italicum ne prévoit rien, puisque le Sénat, dans la réforme constitutionnelle, devait être constitué de membres nommés par les Conseils régionaux. C’est donc la loi précédente, appelée « Consultellum » qui va s’appliquer. C’est l’ancienne loi électorale sans la prime majoritaire, invalidée en 2014 par la cour constitutionnelle (« Consulta » en italien). Autrement dit, le Sénat sera élu par un vote à la proportionnelle dans les régions avec simplement un seuil de 2 % pour les partis membres d’une coalition et de 4 % pour les partis hors coalition. Ceci signifie qu’il n’existera pas de majorité dans l’état actuel du système politique italien au Sénat.
Instabilité politique assurée
Le scénario serait alors le suivant dans l’hypothèse d’une application de l’Italicum tel qu’il existe aujourd’hui. Le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et le PD, donnés par les sondages au coude-à-coude aux alentours de 30 % s’affronteraient au deuxième tour. Comme la droite eurosceptique de la Ligue du Nord se reportera vers le M5S, ce dernier pourrait bien gagner face à un PD en plein désarroi le ballotage et être majoritaire à la Chambre. Mais au Sénat, le M5S n’aura pas une telle majorité, ne serait-ce que parce qu’il est très faible dans certaines régions du sud et du nord de l’Italie. Il lui faudra construire une majorité, sans doute avec la Ligue du Nord, les néofascistes de Fratelli d’Italia et, peut-être, le centre-droit berlusconiste. Une coalition fragile et instable qui n’est pas certaine de voir le jour et qui ne manquera pas d’inquiéter sur les marchés et en Europe.
Un autre gouvernement jusqu’en 2018 ?
Devant ce scénario, Sergio Matarella pourrait choisir de temporiser en chargeant un nouveau gouvernement de mettre au point une loi électorale pour le Sénat dans l’optique des élections de 2018. D’autant plus que l’Italie va devoir faire face aux demandes de la Commission sur son budget 2017 qui, si l’on en croit Jean-Claude Juncker, son président, pourrait être rejeté. Il y aura alors urgence à disposer d’un exécutif, même si, par exemple dans le cas du Portugal l’an dernier, le budget de l’année avait finalement été validé en février 2016. Sergio Matarella pourrait aussi élargir cette charge à ce nouveau gouvernement de 14 mois : élaborer une nouvelle réforme constitutionnelle, cette fois sans passer par le référendum, modifier également l’Italicum et, enfin, de façon informelle, mener campagne contre le M5S et la Ligue du Nord. Ceci aura pour intérêt de repousser à plus tard le chaos, mais non de l’éviter.
Un gouvernement Renzi II est-il possible ?
Pour mener cette tâche, le président de la République dispose de trois choix. D’abord, reconduire Matteo Renzi. Ce dernier pourrait bien sûr refuser. Lundi, à la radio, il a laissé entendre qu’il abandonnerait la vie politique en cas de « non » le 4 décembre. Mais, étant responsable de la nouvelle situation, il pourrait vouloir accepter la charge de la dépasser politiquement. Pour cela, il lui faudra disposer d’une majorité parlementaire. Or, l’opposition interne au PD a clairement en tête d’utiliser le référendum pour l’écarter. Il y a un risque qu’elle ne soutienne pas un deuxième mandat de Matteo Renzi. Tout dépendra du score par lequel le « oui » perd. En cas de courte défaite, l’actuel hôte du Palais Chigi sera plus fort. Il peut aussi demander l’appui de Forza Italia, le centre-droit berlusconiste, mais il en sera à coup sûr affaibli.
Vers un gouvernement « technique » ?
Si Matteo Renzi jette l’éponge, peut-être également pour conserver son capital politique et revenir plus tard, un autre représentant du PD pourrait reprendre les rênes du gouvernement. Ce sera cependant délicat tant la tension entre Renzistes et anti-Renzistes est forte au sein du parti. Le problème qui se pose à Matteo Renzi se posera à tout candidat PD. S’il est de la minorité du parti, il sera rejeté par la majorité du PD et inversement. C’est pourquoi on évoque de plus en plus la possibilité d’un gouvernement « technique », vieille tradition italienne, qui disposerait d’un mandat précis et qui serait soutenu par une large majorité pour ce seul mandat. Ce serait une option qui permettrait de gagner du temps, mais les grandes questions, notamment économiques seraient repoussées à après-2018, ce qui ne favorisera pas la confiance des agents économiques. La possibilité d’une relance sera évanouie, le gouvernement se contentant d’appliquer la feuille de route de Bruxelles. Enfin, les élections de 2018 se présenteront dans le même esprit que celles de 2013 qui avaient été un désastre pour les partis traditionnels. La victoire électorale du M5S et une coalition avec l’extrême-droite ne sera repoussée que de quelques mois.
L’Italie se trouve donc face à une situation difficile dans les prochains dix-huit mois, quoi qu’il arrive. Une situation qui sera délicate à gérer pour la troisième économie de la zone euro, qui est la deuxième la plus endettée et une des moins performantes en termes économiques depuis 1999.
Source : La Tribune, Romaric Godin,
Révélations sur Sarkozy et la Libye : « le traitement médiatique est hallucinant» par David Perrotin
Révélations sur Sarkozy et la Libye : « le traitement médiatique est hallucinant» par David Perrotin
Source : Buzz Feed News, David Perrotin, 16-11-2016
Depuis novembre, Mediapart et Le Monde ont publié de nombreuses révélations sur un possible versement de fonds par Kadhafi lors de la campagne de Sarkozy en 2007. Une seule question a été posée à l'ancien président pourtant interviewé plus de huit fois ce mois-ci.
«Entretien vidéo exclusif – Takieddine: "J'ai remis trois valises d'argent libyen à Guéant et Sarkozy."» Mediapart, en partenariat avec l'agence Premières lignes, a lâché un nouveau témoignage mardi qu'on aurait pu penser accablant. Et pourtant, cet énième élément de l'affaire du financement libyen présumé de la campagne de Sarkozy en 2007 a été traité plutôt discrètement. Il ne fait ni la une des journaux, ni celle des JT, et n'est pas, loin s'en faut, le sujet principal abordé dans les interviews politiques. Et si certains médias jugent que les déclarations de Takieddine doivent être prises avec des pincettes, il faut rappeler que ce témoignage n'est pas isolé. Le 3 novembre dernier, Le Monde publiait d'autres révélations tout aussi explosives —renforçant celles déjà publiées par le site Mediapart depuis 2011— à propos de la campagne de 2007.
S'il n'y a toujours aucune preuve tangible concernant un financement de la campagne de Sarkozy par le réseau de l'ex-dictateur Mouammar Kadhafi, les indices accablent le clan Sarkozy. Selon les deux sites d'information, qui ont eu accès à l'enquête, les magistrats instructeurs jugent même désormais «probable l'hypothèse d'un financement libyen». Notamment après ces éléments de l'enquête (non exhaustifs):
- Les enquêteurs ont obtenu pas moins de sept témoignages qui accréditent l'hypothèse du versement de fonds par Mouammar Kadhafi à l'équipe de Nicolas Sarkozy.
- La justice dispose aussi d'écoutes téléphoniques accablantes. «Oui, ils cherchent le lien avec Kadhafi mais ils ne cherchent pas au bon endroit», dit par exemple l'avocat franco-djiboutien Mohamed Aref dans une conversation interceptée par la police.
- Mediapart a révélé l'existence d'un carnet d'un ancien ministre du pétrole libyen, Choukri Ghanem, qui mentionne plusieurs versements pour un montant de 6,5 millions d'euros. Ce dernier sera retrouvé mort le 29 avril 2012 dans le Danube, en Autriche.
- Une conversation interceptée prouve que Nicolas Sarkozy aurait demandé en 2014 une lettre à Alexandre Djouhri et qui l'innocenterait.
- Selon un autre témoin cité par Mediapart, des mallettes de plusieurs millions d'euros ont été données directement à Boris Boillon (ex-conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy à l'Élysée) et à Claude Guéant et ont été ramenées dans un voyage en avion privé de Syrte au Bourget.
- Boillon, enfin, percevait selon ce témoin «des petits cadeaux», sous forme d'enveloppes avec des milliers d'euros. Et justement, le 31 juillet 2013, Boris Boillon est interpellé à la gare du Nord, avec un sac contenant 350.000 euros d'argent liquide.
Même s'il n'y a pas de preuve irréfutable, même si l'enquête est toujours en cours, il paraît tout de même logique que des journalistes interrogent le candidat à la primaire de droite sur ces nouveaux éléments.
8 interviews de Sarkozy, 1 question sur la Libye
Depuis les révélations du Monde le 3 novembre, Nicolas Sarkozy a été interrogé par TF1, France 2, France 3, Le Parisien, Valeurs actuelles, RTL et, Public Sénat avec Sud Radio (sans parler des médias spécialisés comme Terre-net.fr ou Business immo). Aucune question ne lui a été posée sur ce sujet. Il aura fallu attendre ce jeudi pour que la seule et l'unique lui soit posée par Le Figaro— près de deux semaines après les premières révélations.
Le15 novembre, le candidat à la primaire de la droite est l'invité de la matinale de RTL pendant une quinzaine de minutes. La journaliste cherche à savoir s'il a «la pêche» avant de l'interroger sur la primaire, ses concurrents, François Bayrou, Donald Trump, l'Europe, la double ration de frites pour les enfants musulmans ou juifs, Notre-Dame-des-Landes. Rien sur la Libye.
Le13 novembre, Nicolas Sarkozy est l'invité exclusif du 20h de TF1. Il est interrogé sur les commémorations des attentats, le groupe État islamique, les manifestations de policiers, la victoire de Donald Trump, la primaire de la droite, sa carrière politique en cas de défaite, mais pas un mot sur les accusations liées à sa campagne de 2007.
Le 12 novembre, Le Parisien publie une interview fleuve de l'ex-chef d'État. Deux questions sont bien posées sur «les affaires», mais n'abordent pas le financement supposé libyen.
Le 10 novembre, Nicolas Sarkozy est interrogé dans la matinale de France 2. Il est invité à répondre sur l'élection de Donald Trump, l'Europe et la primaire. Le nom de Kadhafi ne sera jamais évoqué.
Le 8 novembre, l'ancien chef de l'État est interrogé pendant une heure par cinq journalistes sur Public Sénat avec Sud Radio. Rien ne sera évoqué.
Le 6 novembre, il est l'invité de l'émission Dimanche en politique de France 3. Sur les 28 minutes du programme, pas une seconde ne sera accordée pour évoquer l'enquête en cours sur le financement de la campagne de 2007.
Par ailleurs, le 3 novembre dernier, lors du second débat entre les différents candidats à la primaire de la droite aucune question n'a été posée sur toutes ces révélations. Même chose dans l'interview publiée par Valeurs actuelles.
Il aura fallu attendre le 17 novembre— plus de 15 jours après les premières révélations— pour que le candidat à la primaire soit interrogé pour la première fois sur le sujet dans le Le Figaro. «Je n'ai que mépris pour cette officine qui depuis des années essaye sans succès de me salir», a-t-il notamment répondu. Il n'a toutefois pas été relancé par les journalistes.
Silence radio dans les JT de France Télévisions
Lire la suite sur : Buzz Feed News, David Perrotin, 16-11-2016