samedi 3 septembre 2016
Outre-Manche : le grand virage populaire du monde politique
Revue de presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce samedi 3 septembre 2016
Revue de presse du jour comprenant l'actualité nationale et internationale de ce samedi 3 septembre 2016
Bonjour, samedi enfin le repos, justement une revue de presse bien tardive car je me suis couché assez tard hier, enfin rien de fracassant dans les news on sent bien la aussi les effets du week end !
Alors profitez en bien, ce soir bien sur on vous passe un nouvel opus de Damien ; )
Amicalement,
f.
Actualités françaises :
03.09.2016
Les Etats-Unis ont bien piraté l’Elysée en 2012 (Le Monde.fr)
Pourquoi Marine Le Pen a passé un été si discret (France Info)
Marine Le Pen lance son année présidentielle en Haute-Marne (Le Point.fr)
Paris en route pour se doter d'une monnaie locale (Le Figaro.fr)
02.09.2016
Taxe foncière : 66 % de hausse ! (France Tv Info.fr)
Bernard Cazeneuve réaffirme la poursuite du démantèlement de la « jungle » de Calais (Le Monde.fr)
Dans la Drôme, cette école participative forme les jeunes générations à l'écologie (We Demain.fr)
Economie collaborative : Bercy éclaircie les règles (Franceinfo)
Immigration : les expulsions de clandestins en chute libre (Le Figaro.fr)
Obésité : le Trésor propose de taxer la « malbouffe » (Les Echos.fr)
Divers :
02.09.2016
Jacques Sapir VS Jean-François Robin BFMTV Intégrale Placement 30 août 2016 « Quels éléments pourraient soutenir la croissance en zone euro ? » (BFMTV) via Contributeur anonyme
30.08.2016
Olivier Delamarche VS Marc Riez BFMTV Intégrale Placement 30 août 2016 : « Qu'est-ce qui anime les mouvements des marchés en cette rentrée ? » (BFMTV) via Contributeur anonyme
Moment détente :
02.09.2016
Les locaux de la fédération du PS à Paris "saccagés" (Le Point.fr)
01.09.2016
François Hollande, un "sociopathe", selon Emmanuel Macron (l'Express.fr)
31.08.2016
« Pokémon Go »: Les bases militaires françaises veulent interdire la chasse (20 Minutes.fr)
30.08.2016
Le moteur de recherche de Microsoft traduit le mot «Daesh» par... «Arabie saoudite» et agace ! (RT.com)
Actualités internationales :
03.09.2016
Avantages fiscaux d'Apple : l'Irlande fait appel de la décision de Bruxelles (Le Parisien.fr)
Gabon : l'opposant Jean Ping se proclame président (France 24.com)
COP21 : la Chine ratifie l'accord de Paris sur le climat (Le Point.fr)
Le FBI publie des notes d'enquête embarrassante pour Hillary Clinton (L'Express.fr)
02.09.2016
Le Gabon bascule dans la violence (FranceInfo)
La provocation d’une guerre nucléaire par les médias (Agoravox.fr)
Shinzo Abe en Russie pour renforcer la coopération avec Poutine (L'Express.fr)
L’Italie investit 290 millions d’euros dans la culture pour détourner les jeunes du terrorisme (RT.com)
#Venezuela : un 1er septembre sous la violence de l’opposition putchiste pro-USA ! les USA préparent-ils un coup d’état ? (Agoravox.fr)
Survivants de la tuerie d'Aurora, ils vont devoir rembourser le cinéma (L'Express.fr)
Les Allemands n’ont plus confiance dans les banques et planquent leur argent chez eux (Olivier Demelenaere)
High-Tech :
03.09.2016
Rappel du Galaxy Note 7 : quel impact pour Samsung ? (Les Echos.fr)
02.09.2016
Découvrez le drone tricoptère le plus rapide du monde (Le Parisien.Fr)
01.09.2016
L’entreprise d’intelligence artificielle Google DeepMind s’attaque au cancer (Le Monde.fr)
30.08.2016
Monero, la cyber-monnaie propulsée par le roi de la vente de drogues en ligne (France 24.com)
29.08.2016
L'Oculus Rift star de la rentrée high-tech en France (Le Parisien.fr)
Sciences :
02.09.2016
Une explosion fait voler en éclats les rêves de fusée low cost de SpaceX (Les Echos.fr)
L'étrange signal radio de HD164595 n'est probablement pas extraterrestre (Le Figaro.fr)
Un volcan se réveille lentement près de Rome (Le Monde.fr)
Armageddon? Attention, la Terre change d'ère! (Conscience du peuple)
01.09.2016
Un signal fort venu de 96 années-lumière entretient l’espoir des chasseurs d’extraterrestres (France 24.com)
29.08.2016
Après un an d’isolement, l’équipe du programme Hi-Seas sort de sa bulle martienne (France Info)
Informatique :
20 Minutes par jour :
Sécurité :
Dossiers :
02.09.2016
A regarder absolument : La guerre invisible de John Pilger un docu terrifiant (Les Brindherbes engagés)
Twilligth Zone :
31.08.2016
Cinéma :
27.08.2016
Damien - Saison 1, épisode 4/10 : The Number of a Man (VOSTFR)
Le complément de la Revue de presse du jour comprenant les informations de ce qui fait l'actualité française et internationale vues par notre Contributeur anonyme.
USA:...+30% de défauts de paiement sur les prêts participatifs
BANK :..l'hiver nucléaire bancaire arrive + catastrophe monétaire
http://conscience-du-peuple.blogspot.fr/2016/08/les-banques-se-preparent-pour-un-hiver.html
https://www.goldbroker.fr/actualites/catastrophe-finale-du-systeme-monetaire-999
- Effondrement des devises – menant à la destruction du capital
- Contrôles de capitaux – rendant impossible de sortir de l’argent d'une banque ou d'un pays
- Les renflouements internes ou bail-in – la banque volera votre argent pour essayer de se sauver elle-même
- Investissements forcés – vous devrez acheter des bons du Trésor avec vos avoirs bancaires ou de retraite
- Risques liés à la garde – les actions et obligations seront hypothéquées par votre banque, vous laissant avec rien
- Faillites bancaires – tous vos investissements disparaîtront, étant donné que votre banque deviendra insolvable
VIDEO DU JOUR
Jacques Sapir du 30/08
A chaque fois que vous vous retrouvez du côté de la majorité, il est temps de commencer à réfléchir. Mark Twain
SIGNE DES TEMPS:
MONDE:..signal extraterrestre, histoire de bien conditionner la masse
CHIFFRE DU JOUR:...la droite veut 100 milliards d'économie...Sécu veut économiser 1,4 milliard
= tous les partis feront pareil car en réalité c'est plutôt 200 à 300 milliards qu'il faudra trouver dès la faillite de la France + banques et assureurs
http://www.leparisien.fr/economie/plein-le-dos-des-arrets-maladie-31-08-2016-6081585.php
FRANCE DE LA FAILLITE:...vers la suppression des cantines, transports et manuels scolaires
1. VERS UN NOUVEL ORDRE MONDIAL FINANCIER
FRANCE :..festival cashless...recul de la rémunération des livrets d'épargne...
MARCHES-FINANCIERS :...risque de correction à Wall Street...débauchement de la monnaie...les banques centrales détiennent 25 000 milliards d'actifs financiers
https://www.goldbroker.fr/actualites/debauchement-de-la-monnaie-1000
USA :...le pdg d'Apple a vendu ses actions...la ville de NY supprime l'anglais pour devenir taxi
ESPAGNE :...Santander dépense 1 milliard pour garder ses clients
BELGIQUE :....haussse de l'endettement des ménages
https://fr.express.live/2016/08/29/lendettement-menages-belges-depasse-moyenne-europeenne/
COREE DU SUD/CHINE :...marine marchande en faillite
NIGERIA :..en récession
GRECE :...toujours en contrôle des capitaux et 110 milliards de créances douteuses..BCE en soutien
2. VERS UN NOUVEL ORDRE MONDIAL SOCIETAL
ELECTIONS 2017 :..empêcher la réelection d'Hollande et la sécurité seules préoccupations
http://www.lepoint.fr/sondages/
Merci à notre Contributeur anonyme ; )
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(Si vous venez de découvrir notre petit site voici une vidéo qui vous en expliquera rapidement le mode de fonctionnement)
Amicalement,
l'Amourfou...
Le Gabon bascule dans la violence
Le Gabon bascule dans la violence
En pleine crise politique suite à la réélection contestée d'Ali Bongo, le Gabon inquiète la communauté internationale. Des émeutes ont déjà fait au moins trois morts.
Le Gabon bascule dans la violence
Au lendemain d'une nuit de violences, Libreville a des allures de ville morte. Quadrillée par les forces pro-gouvernementales, la capitale gabonaise porte les stigmates des affrontements de mercredi. "Ali Voleur", peut-on lire sur les murs. Les manifestants contestent toujours la réélection d'Ali Bongo à la tête du pays. "Si on baisse les bras, ce serait comme si on était d'accord avec sa victoire", défend un jeune homme.
Accusation de tricherie
Les hôpitaux de la ville sont débordés. Les blessés attendent leur prise en charge à même le sol. Certains blessés disent avoir été touchés par balle, lors de l'assaut du siège de Jean Ping, le candidat opposé à Ali Bongo. Celui-ci a été réélu hier avec 49,8% des voix, seulement 6 000 de plus que son rival. Ce jeudi, il rejette toute accusation de tricherie. Jean Ping parle lui d'une fraude organisée. Ce soir, le Quai d'Orsay appelle tous les ressortissants français à la plus grande prudence.
Source : France Tv Info.fr
Informations complémentaires :
Jacques Sapir VS Jean-François Robin BFMTV Intégrale Placement 30 août 2016 « Quels éléments pourraient soutenir la croissance en zone euro ? »
Jacques Sapir VS Jean-François Robin BFMTV Intégrale Placement 30 août 2016 « Quels éléments pourraient soutenir la croissance en zone euro ? »
Excellent à ne pas louper, le constat de Jacques Sapir sur François Hollande est assez édifiant.... ; )
(1/2): Quels éléments pourraient soutenir la croissance en zone euro ?
Jacques Sapir VS Jean-François Robin (1/2... par folamour_dailymotion
(2/2): Une éventuelle élection de Donald Trump pèserait-elle sur la croissance mondiale ?
Jacques Sapir VS Jean-François Robin (2/2... par folamour_dailymotion
Source(s) : Bfmbusiness.bfmtv.com via Businessbourse.com dans la Revue de presse du jour de notre Contributeur anonyme
Informations complémentaires :
Crashdebug.fr : A quand notre tour ? Un sondage indique qu’une écrasante majorité de Français (88%) souhaiteraient sortir de l’UE
Documentaire : “La Guerre à venir contre la Chine” par John Pilger
Documentaire : "La Guerre à venir contre la Chine" par John Pilger
Source : Le Grand Soir, John Pilger, 08-08-2016
John Pilger est un journaliste de renommée mondiale, documentariste et auteur. Il a remporté à deux reprises la plus haute distinction britannique pour le journalisme. Ses films ont remporté des prix de l'académie de télévision en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Deux de ses films, sur le Cambodge et le Timor oriental, comptent parmi les plus importants du 20e siècle. The Coming War on China est son 60e film.
Daniel Broudy : Vous êtes en train de boucler le travail sur votre dernier projet dont le titre, semble-t-il, peut également déclencher des sentiments de crainte considérables. Son titre, The Coming War (La guerre qui à venir), est assez déprimant. Pouvez-vous expliquer ce qui provoque chez vous ce regard particulier sur les événements du monde, tels que vous les voyez se dérouler en Asie de l'Est ?
John Pilger : Le film reprend le thème d'une grande partie de mon travail. Il vise à expliquer comment une grande puissance peut s'imposer tout en avançant à visage couvert et en occultant le danger qu'elle représente. Ce film traite des États-Unis – qui doutent désormais de leur pouvoir de domination – qui sont en train de rallumer la guerre froide. La guerre froide a été lancée à nouveau sur deux fronts : contre la Russie et contre la Chine. Je me concentre sur la Chine dans un film sur la région Asie-Pacifique. Il est situé dans les îles Marshall où les États-Unis ont fait exploser 67 bombes atomiques, des armes nucléaires, entre 1946 et 1958, laissant cette partie du monde gravement endommagée en termes humains et environnementaux. Et cet assaut sur les îles Marshall se poursuit. Sur la plus grande île, Kwajalein, il y a une base importante et secrète des États-Unis appelée Ronald Reagan Test Facility, qui fut créée dans les années 1960 pour – comme les archives que nous utilisons le démontrent sans ambiguïté – « lutter contre la menace de la Chine. »
Le film se déroule aussi à Okinawa, comme vous le savez. Une partie du thème est de montrer la résistance au pouvoir et à la guerre par un peuple qui vit le long d'une rangée de clôtures des bases américaines dans leur pays d'origine. Le titre du film est une sorte de mise en garde, car il est conçu comme un avertissement. Les documentaires comme celui-ci ont la responsabilité d'alerter les gens, et si nécessaire les prévenir, et de montrer la résistance aux plans rapaces. Le film montre que la résistance à Okinawa est remarquable, efficace et peu connue dans le monde. Okinawa dispose de 32 installations militaires américaines. Près d'un quart du territoire est occupé par des bases américaines. Le ciel est souvent couvert d'avions militaires ; l'arrogance de l'occupant constitue une présence physique quotidienne. Okinawa est de la taille de Long Island. Imaginez une base chinoise bourdonnante juste à côté de New York.
Je suis allé filmer dans l'île de Jeju, au large de la pointe sud de la Corée, où quelque chose de très similaire est arrivée. Les gens sur Jeju ont essayé d'arrêter la construction d'une base importante et provocatrice à environ 600km de Shanghai. La marine sud-coréenne la gardera prête pour les États-Unis. C'est en réalité une base américaine où des destroyers de la classe Aegis mouilleront ainsi que des sous-marins nucléaires et des porte-avions – juste à côté de la Chine. Comme Okinawa, Jeju a une histoire d'invasions, de souffrances et de résistances.
En Chine, je décidé de me concentrer sur Shanghai, qui a été au cœur de l'histoire moderne et des convulsions de la Chine, et de la restauration moderne. Mao et ses camarades y ont fondé le Parti communiste de Chine, dans les années 1920. Aujourd'hui, la maison où ils se sont rencontrés clandestinement est entourée par les symboles de la consommation : juste en face se trouve un Starbucks. En Chine, on peut croiser l'ironie à chaque coin de rue.
Le dernier chapitre du film se déroule aux États-Unis, où j'ai interviewé ceux qui planifient et « jouent à la guerre virtuelle » avec la Chine et ceux qui nous alertent sur les dangers. J'y ai rencontré des gens impressionnants : Bruce Cummings, l'historien dont le dernier livre sur la Corée retrace l'histoire secrète, et David Vine, dont le travail complet sur les bases américaines a été publié l'année dernière. J'ai filmé une interview au Département d'Etat avec le secrétaire d'Etat adjoint pour l'Asie et le Pacifique, Daniel Russell, qui a dit que les Etats-Unis « n'en étaient plus à construire des bases. » Les États-Unis possèdent environ 5.000 bases militaires – 4000 aux États-Unis et près d'un millier sur tous les continents. Rassembler tout ça, lui donner un sens, rendre justice à chacun autant que possible, constitue à la fois le plaisir et la douleur du cinéma. Ce que le film dira, j'espère, est qu'il existe de grands dangers qui ne sont pas reconnus. Je dois dire que me retrouver aux États-Unis pendant une campagne présidentielle qui n'aborde aucun de ces sujets, c'était comme fouler le sol d'une autre planète. .
Ce n'est pas tout à fait correct. Donald Trump a été pris de ce qui semble être un intérêt sérieux, sinon passager. Stephen Cohen, l'autorité de renom sur la Russie, a effectué un suivi, en soulignant que Trump fait clairement savoir qu'il souhaitait des relations amicales avec la Russie et la Chine. Hillary Clinton a attaqué Trump sur ce point. Soit dit en passant, Cohen lui-même a été insulté pour avoir suggéré que Trump n'était pas un cinglé assoiffé de sang par rapport à la Russie. Pour sa part, Bernie Sanders est resté silencieux ; quoi qu'il en soit, il s'est rallié à Clinton. Comme ses courriels le montrent, Clinton semble vouloir détruire la Syrie afin de protéger le monopole nucléaire d'Israël. Rappelez-vous ce qu'elle a fait pour la Libye et Kadhafi. En 2010, en tant que secrétaire d'Etat, elle a transformé un différend régional en mer de Chine en un litige avec les Etats-Unis. Elle l'a promu en une question internationale, un lieu de crise. L'année suivante, Obama a annoncé son « pivot vers l'Asie », le jargon employé pour désigner la plus grande accumulation de forces militaires américaines en Asie depuis la Seconde Guerre mondiale. L'actuel secrétaire de la Défense, Ash Carter, a récemment annoncé que les missiles et les hommes seraient basés aux Philippines, face à la Chine. Cela se passe alors que l'OTAN poursuit son renforcement militaire étrange en Europe, tout près des frontières de la Russie. Aux Etats-Unis, où les médias sous toutes leurs formes sont omniprésentes et la presse est constitutionnellement la plus libre du monde, il n'y a pas de débat national, et même pas de débat tout court, sur ces développements. Dans un sens, le but de mon film est d'aider à briser le silence.
Daniel Broudy : Il est tout à fait étonnant de voir que les deux principaux candidats démocrates n'ont pratiquement rien dit de concret sur la Russie et la Chine ni sur ce que les États-Unis font et, comme vous l'avez dit, il est ironique de voir Trump, qui est un homme d'affaires, parler de la Chine de cette façon.
John Pilger : Trump est imprévisible, mais il a clairement dit qu'il n'avait pas envie de faire la guerre à la Russie et à la Chine. À un moment donné, il a dit qu'il serait même neutre dans le Moyen-Orient. Ce qui est une hérésie, alors il a fait marche arrière sur ce point. Stephen Cohen a dit qu'il [Cohen] avait été attaqué uniquement pour avoir murmuré [les points de Trump]. J'ai récemment écrit quelque chose de similaire et et mes propos ont bouleversé une certaine base dans les médias sociaux. Plusieurs personnes ont suggéré que je soutenais Trump.
Maki Sunagawa : Je voudrais aborder certains de vos travaux antérieurs qui touchent au présent. Dans votre film, Stealing a Nation, Charlesia Alexis parle de ses plus beaux souvenirs de Diego Garcia, en soulignant que, « Nous pouvions manger de tout ; on n'a jamais manqué de quoi que ce soit, et on n'a jamais acheté quoi que ce soit, sauf les vêtements que nous portions. » Ces paroles me rappellent les lieux et les cultures pacifiques et intactes à travers le monde qui existaient avant que les techniques colonisatrices classiques aient été appliquées aux peuples et aux environnements autochtones. Pourriez-vous détailler un peu ce que vous avez découvert lors de vos recherches sur Diego Garcia qui illustre par des faits cette force insidieuse que nous subissons encore aujourd'hui ?
ohn Pilger : Ce qui est arrivé aux habitants de Diego Garcia fut un crime épique. Ils ont été expulsés, tous, par la Grande-Bretagne et les États-Unis. La vie que vous venez de décrire, la vie de Charlesia, a été délibérément détruite. Depuis leur expulsion, qui a commencé dans les années 70, les habitants des Chagos ont organisé une résistance infatigable. Comme vous le dites, leur histoire est celle des peuples autochtones partout dans le monde. En Australie, les peuples autochtones ont été expulsés de leurs communautés et brutalisés. En Amérique du Nord, l'histoire est similaire. Les populations autochtones sont profondément menaçantes pour les sociétés de colons, car elles représentent une autre vie, une autre façon de vivre, une autre façon de voir les choses ; elles peuvent accepter la surface de notre mode de vie, avec des résultats souvent tragiques, mais la perception qu'elles ont d'elles-mêmes n'en est pas prisonnière. Si nous les « modernistes » étions aussi intelligents que nous croyons l'être, nous apprendrions d'elles. Au lieu de cela, nous préférons le confort spécieux et les préjugés de notre ignorance. J'ai eu beaucoup de contacts avec les peuples autochtones de l'Australie. J'ai fait un certain nombre de films sur eux et sur leurs oppresseurs, et j'admire leur résilience et résistance. Ils ont beaucoup en commun avec le peuple de Diego Garcia.
Certes, l'injustice et la cruauté sont similaires : les habitants des Chagos ont été trompés et intimidés pour les obliger à quitter leurs foyers. Afin de les effrayer à partir, les autorités coloniales britanniques ont tué leurs chiens de compagnie bien-aimés. Puis ils les ont embarqués sur un vieux cargo avec une cargaison d'excréments d'oiseaux, puis les ont largués dans des bidonvilles de l'île Maurice et des Seychelles. Cette horreur est décrite en détail d'un ton presque méprisant dans les documents officiels. L'un d'entre eux, écrit par l'avocat du Ministère des affaires étrangères, est intitulé, « Le maintien de la fiction ». En d'autres termes : comment faire passer un gros mensonge. Le gouvernement britannique a menti à l'Organisation des Nations Unies en affirmant que les habitants des Chagos étaient de « travailleurs temporaires ». Une fois expulsés, ils ont en quelque sorte retouché les photos ; un document du ministère de la Défense a même prétendu n'y avait jamais eu de population.
Ce fut un tableau grotesque de l'impérialisme moderne : un mot, d'ailleurs, qui a pratiquement disparu des dictionnaires. Il y a quelques semaines, les Chagossiens ont vu leur appel à la Cour Suprême britannique rejeté. Ils avaient fait appel d'une décision prise par la Chambre des Lords en 2009 qui leur a refusé le droit de rentrer chez eux, malgré une série d'arrêts de la Haute Cour prononcés en leur faveur. Lorsque la justice britannique est appelée à statuer entre les droits de l'homme et les droits d'une grande puissance, ses décisions peuvent se révéler ouvertement politiques.
Daniel Broudy : En entendant les gens parler de la grande beauté de Diego Garcia au cours des deux dernières décennies, et les activités marines de loisirs étonnantes disponibles pour tous ceux qui ont la chance d'y être stationnés ou temporairement affectés, je suis toujours frappé par l'ignorance déterminée de tous ceux qui vont et viennent allègrement sans rien connaître de l'histoire de l'île. C'est peut-être dû aux médias que beaucoup de gens consomment et qui jouent un rôle dans la création de ce détachement. La ligne claire qui autrefois séparait la publicité commerciale civile et les relations publiques militaires semble avoir disparue dans ces médias de masse. De nos jours, les publications civiles affichent des titres tels que Le Classement des Meilleures Bases Militaires Outre-Mer. L'auteur d'un récent article soulignait que les militaires engagés admettent que leur motivation principale d'engagement est de « voir du pays ». Je me demande si le système actuel permet, encourage à se percevoir comme une sorte de voyageur du monde cosmopolite et contribue ainsi à développer un sens superficiel du reste du monde, occultant des réalités et des histoires terribles, comme à Diego Garcia, situées hors de notre perception. Pensez-vous que le processus de commercialisation et de “glamourisation” de ces activités militaires joue un rôle dans le maintien de ce réseau mondial de bases militaires ?
John Pilger : Convaincre les jeunes hommes et femmes à rejoindre une armée de volontaires se réalise en leur offrant une sécurité qu'ils ne pourraient pas avoir dans une période économique difficile et en présentant le tout comme une aventure. Ajoutons à cela la propagande patriotique. Les bases sont autant de petites Amériques ; vous pouvez être à l'étranger sous des climats exotiques, mais sans y être vraiment ; c'est une vie virtuelle. Lorsque vous croisez des « indigènes », vous pouvez supposer que l'aventure dans laquelle vous vous trouvez inclut une autorisation pour les bousculer ; ils ne font pas partie de la petite Amérique, de sorte qu'ils peuvent être maltraités. Les habitants d'Okinawa en savent quelque chose.
Je regardais quelques films d'archives intéressants sur l'une de ces bases sur Okinawa. La femme d'un soldat basé là-bas a dit : « Oh, nous essayons de sortir une fois par mois pour avoir un repas local pour avoir une idée de l'endroit où nous sommes. » L'année dernière, dans l'avion au départ des îles Marshall, mon équipe et moi devions passer par le Ronald Reagan Missile Test Site sur l'atoll Kwajelein. Ce fut une expérience kafkaïenne. On a relevé nos empreintes digitales, enregistré nos iris, mesuré notre taille, nous avons été photographiés sous tous les angles. C'était comme si nous étions en état d'arrestation. Ce fut la porte d'entrée vers une petite Amérique avec terrain de golf, pistes de jogging, pistes cyclables et des chiens et des enfants. Les gens qui arrosent les terrains de golf et contrôlent le niveau de chlore dans les piscines viennent d'une île de l'autre côté de la baie, Ebeye, d'où ils effectuent quotidiennement des allers-retours, transportés par les militaires. Ebeye est longue d'environ un km et demi, et 12.000 personnes s'y entassent ; ce sont des réfugiés des essais nucléaires dans les îles Marshalls. L'approvisionnement en eau et l'assainissement y fonctionnent à peine. C'est de l'apartheid dans le Pacifique. Les Américains de la base n'ont aucune idée de la façon dont les insulaires vivent. Ils [les membres de la communauté militaire] font des barbecues face aux couchers de soleil. Quelque chose de semblable est arrivée à Diego Garcia. Une fois que les gens ont été expulsés, les barbecues et le ski nautique pouvaient se mettre en place.
A Washington, le secrétaire d'Etat adjoint que j'ai interviewé a dit que les États-Unis étaient en fait anti-impérialistes. Il était impassible et probablement sincère, et insipide. Il n'est pas un cas rare. Vous pouvez dire à des gens de niveau académique aux États-Unis que « Les Etats-Unis ont le plus grand empire que le monde a jamais connu, et voici pourquoi, voici la preuve. » Il est probable que cela sera reçu avec une expression d'incrédulité.
Daniel Broudy : Certaines choses dont vous parlez me rappellent quelque chose que j'appris par des amis du Département d'Etat. Il y a toujours un risque que les employés du Département d'Etat ou des personnes qui servent dans l'armée à l'étranger « virent local », c'est-à-dire qu'ils commencent à sympathiser avec la population locale.
John Pilger : Je suis d'accord. Quand ils compatissent, ils se rendent compte que toute la raison de leur présence est absurde. Certains des dénonciations les plus efficaces proviennent d'ex-militaires.
Daniel Broudy : Peut-être que les clôtures, plutôt que de maintenir les étrangers [les locaux] à l'extérieur, servent à rappeler à ceux qui sont à l'intérieur qu'il y a une barrière et que parfois vous n'êtes pas autorisés à franchir cette barrière.
John Pilger : Oui, c'est « eux d'un côté et nous de l'autre ». Si vous allez à l'extérieur de la clôture, il y a toujours le risque d'apprendre quelque-chose sur une autre société. Ce qui peut conduire à se poser des questions sur le pourquoi de la présence d'une base militaire à cet endroit. Cela ne se produit pas souvent, car il y a une autre ligne de clôture qui traverse la conscience militaire.
Maki Sunagawa : Lorsque vous regardez en arrière sur vos lieux de de tournage à Okinawa ou lorsque vous avez filmé certaines scènes pour ce projet, quels sont vos souvenirs les plus marquants et / ou choquants ? Y a-t-il des scènes ou des conversations qui vous collent à la peau ?
John Pilger : Eh bien, il y en a un certain nombre. J'ai eu le privilège de rencontrer Fumiko [Shimabukuro], qui est une source d'inspiration. Ceux qui ont réussi à faire élire le gouverneur Onaga et obtenir que Henoko et toutes les bases entrent dans le débat politique japonais sont parmi les personnes pétris de principes les plus dynamiques que j'ai rencontrés, tellement inventifs et gentils.
En écoutant la mère d'un des jeunes qui est mort suite à ses terribles blessures lorsqu'un chasseur US s'est écrasé sur l'école [à Ishikawa] en 1959, je me suis brutalement rappelé la peur dans laquelle les gens vivent. Un enseignant m'a dit qu'elle n'arrêtait pas de regarder en l'air avec angoisse chaque fois qu'elle entendait le bourdonnement d'un avion au-dessus de sa classe. Lorsque nous tournions à l'extérieur de Camp Schwab, nous étions (ainsi que tous les manifestants) délibérément harcelés par d'énormes hélicoptères Sea Stallion, qui volaient en cercles au-dessus de nos têtes. C'était un avant-goût de ce que les Okinawans subissent tous les jours. On entend souvent cette complainte chez les progressistes dans les sociétés confortables lorsqu'ils sont confrontées à des vérités qui dérangent : « Mais qu'est-ce que je peux faire pour faire changer les choses » ? Je suggère qu'ils fassent comme les habitants d'Okinawa : ne pas baisser les bras ; continuer la lutte.
« Résistance » n'est pas un mot qu'on entend souvent en Occident ou dans les médias. Il est considéré comme un mot « d'ailleurs », qui n'est pas employé par des gens polis, des gens respectables. C'est un mot difficile à détourner et à changer. La résistance que j'ai trouvée à Okinawa est une source d'inspiration.
Maki Sunagawa : Oui, je suppose que lorsque vous faites partie de la résistance, il est pas si facile de percevoir son efficacité. Très souvent, quand je fais des recherches sur le terrain, des interviews, des prises de notes, il me faut un certain temps pour prendre du recul et observer les détails de façon plus objective pour avoir un aperçu plus large du tableau. Au cours de la réalisation de ce film, avez-vous appris quelque chose de nouveau et d'important ?
John Pilger : Eh bien, faire un film comme celui-ci est vraiment un voyage de découverte. Vous commencez avec une vision générale et quelques idées et hypothèses, sans jamais vraiment savoir où tout cela vous mènera. Je n'avais jamais mis les pieds à Okinawa, et j'y ai trouvé de nouvelles idées et de nouvelles expériences : une nouvelle perception des gens, et j'espère que le film le montrera.
Les îles Marshall ont également été une découverte pour moi. Ici, à partir de 1946, les États-Unis ont testé l'équivalent d'une bombe d'Hiroshima chaque jour pendant douze ans. Les habitants servent encore de cobayes. Des missiles balistiques inter-continentaux sont tirés depuis la Californie sur les lagunes dans et autour de l'atoll Kwajelein. L'eau est empoisonnée, les poissons non comestibles. Les gens survivent en bouffant des boîtes de conserves. J'ai rencontré un groupe de femmes qui étaient des survivantes des essais nucléaires autour des atolls de Bikini et Rongelap. Toutes avaient perdu leurs glandes thyroïdes. Elles avaient la soixantaine. Elles ont survécu, incroyablement. Elles étaient d'une générosité rare et avaient un sens aigu de l'humour noir. Elles ont chanté pour nous et nous ont offert des cadeaux, et nous ont dit qu'elles étaient heureuses que nous soyons venus pour filmer. Elles aussi font partie d'une résistance invisible.
John Pilger
Traduction “Toute ressemblance entre le sort fait à ces peuples et un autre au Moyen-orient n'est sûrement pas fortuite” par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.
Maki Sunagawa est un chercheur post-universitaire à l'École supérieure de communication interculturelle à l'Université Chrétienne d'Okinawa. Elle rédige actuellement un livre basé sur ses recherches sur la propagande d'entreprise et d'Etat et son utilisation et ses effets à Okinawa depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Daniel Broudy est professeur de rhétorique et linguistique appliquée à l'Université Chrétienne d'Okinawa. Ses activités de recherche portent sur l'analyse critique des textes et représentations symboliques du pouvoir qui prévalent dans la culture post-industrielle. Il est co-éditeur de Synaesthesia : Communication Across Cultures, membre de Veterans For Peace, et écrit sur les pratiques discursives contemporaines qui façonnent l'esprit du public.
Source : Le Grand Soir, John Pilger, 08-08-2016
Chelsea Manning par elle-même. (Amnesty International)
Chelsea Manning par elle-même. (Amnesty International)
Pour ne pas oublier la personne à l’origine de la fuite des câbles diplomatiques américains…
Source : Le Grand Soir, Chelsea Manning, 09-08-2016
A l'heure où l'on essaie de faire taire à tout prix la lanceuse d'alerte Chelsea Manning, après sa tentative de suicide du 5 juillet 2016 suite à ce que l'ONU a qualifié d'actes de torture, par la menace juridique d'isolement définitif pour le restant de sa peine (30 ans), il importe plus que jamais de faire entendre et de diffuser sa parole. Amnesty International UK lui a consacré un podcast de sa série 'In Their Own Words' (consacrée aux histoires des militants pour les droits humains dans le monde entier) en février 2016 : l'essentiel de sa transcription, traduite ici, peut y contribuer. Elle y raconte par lettre sa vie en prison, mais parle aussi de son histoire, ce qui a fait d'elle ce qu'elle est devenue et ce qui lui a fait faire ce qu'elle a fait.
J'ai passé mon enfance à Crescent, dans l'Oklahoma. C'est une toute petite ville, remarquable surtout par son nombre incroyable d'églises : je n'oserais même pas avancer un chiffre. Un de ces endroits amicaux où tout le monde se connaît, et où il n'est pas rare qu'on n'ait jamais franchi les frontières de l'Etat.
Je n'avais pas la vie facile. Mon père voyageait beaucoup pour ses affaires, je passais donc la plupart de mon temps avec ma mère et ma sœur. Malheureusement, mes parents buvaient beaucoup, et tous deux pouvaient se montrer violents. Mais ma sœur m'a beaucoup aidée. Elle a été un exemple pour moi dans des temps difficiles.
Ayant peu d'occasions de socialiser, je me suis naturellement intéressée aux ordinateurs, qui me servaient à la fois de parents et de babysitters, et vers 1997 j'ai commencé à explorer l'Internet et à faire mes propres sites web. J'étais surtout motivée par un mélange de curiosité et de solitude.
Je me souviens n'avoir eu personne pour m'aider à y voir clair dans mes sentiments et à trouver les mots pour les exprimer. Par exemple, à 8 ans, j'ai confié à une conseillère d'orientation que je ne savais pas pourquoi je voulais jouer avec les filles, ou jouer à la marelle, ce genre de choses. Mais elle n'a rien trouvé d'autre à me répondre que « les garçons sont différents des filles ». C'était comme s'il n'y avait rien entre les deux. Et les autres gosses me taquinaient beaucoup : « Ce que t'as l'air d'un pédé alors », « T'arrêtes pas de pleurer », « Regardez-le, on dirait une fille » – me rappelant constamment ma différence, et combien peu je la comprenais.
J'ai passé un temps fou à essayer d'entrer dans la chambre de ma sœur, avant d'y parvenir à force d'ingéniosité. Ce que j'y faisais n'était pas bien terrible. Je jouais juste avec ses poupées Barbie, et j'essayais ses jeans délavés et sa veste en cuir. Je me rappelle combien sa chambre était coquette et rangée, et mon désir de pouvoir décorer la mienne de la même manière.
Jusqu'à 15 ans, je suis restée dans le déni. J'ignorais mes sentiments, jusqu'à ce qu'ils me submergent. Alors, je m'achetais du maquillage et des vêtements de fille, en regardant partout comme un gosse qui achète des cigarettes, puis je les portais un moment avant de les jeter et de recommencer un peu plus tard. Mes pensées étaient malsaines, elles faisaient écho aux mauvais conseils reçus dans mon enfance. Tu es un monstre. Personne ne t'aime. Tu es trop efféminé. Sois un homme. Les quelques questions que j'avais posées à mes amis (comme : « est-ce qu'on peut parfois se sentir poussé à porter des vêtements de fille ? ») avaient donné des réactions désastreuses et m'avaient conduite à tout nier et à me cacher.
Mais, sur Internet, j'étais plus à l'aise pour être honnête. Je pouvais être une fille du Texas de 16 ans ou un Anglais de 24. Cela demandait beaucoup d'imagination et de cohérence, mais j'étais davantage moi-même que dans la vraie vie et dans cet univers complètement inventé, je pouvais taper mes pensées et mes sentiments les plus intimes. Dans les années 2000, la communauté trans n'était pas très présente en ligne, mais la communauté gay oui, et je m'y sentais à l'aise. Je m'y suis fait beaucoup d'amis, même sans savoir leurs noms ni de quoi ils avaient l'air.
La première fois que je me suis habillée en femme en public, c'était lors d'une permission pendant la guerre en Irak, en 2010. Et j'ai été étonnée de voir comme ça marchait bien, et comme cela me paraissait naturel.
Mon père avait divorcé en 2005, mais sa nouvelle femme me détestait, et après de nombreuses disputes, j'avais emprunté la petite camionnette de mon père pour errer dans le Midwest pendant quelques mois, puis m'établir à Chicago pour l'été. Comme j'évitais les centres pour SDF qui étaient très anti-gays et anti-trans, il n'était pas rare que je passe la nuit dans la camionnette, et que je me fasse harceler par la police. C'est malheureusement une expérience encore courante aujourd'hui pour de nombreux jeunes gays et trans.
La guerre en Irak entrait dans une phase d'augmentation de ses effectifs cet été-là, et j'ai commencé à me demander si je pouvais faire une différence au cas où la guerre poursuivrait sa spirale incontrôlable. J'avais l'impression que mon pays avait besoin de moi, alors j'ai demandé à mon père comment m'enrôler. A son avis, je devais m'adresser au recrutement dans la Navy ou dans l'Air Force – mais cela ne m'intéressait pas. A voir tous ces soldats courir partout dans Bagdad et Bassora, je me disais que l'armée avait besoin d'augmenter ses forces au sol. J'espérais aussi que la vie militaire me « viriliserait » par ce qu'elle attendrait de moi. Et donc je me suis officiellement engagée le 1er octobre 2007, et j'ai commencé mon entraînement dès le lendemain.
J'espérais pouvoir aider au rapatriement des soldats envoyés en Irak et en Afghanistan, et protéger les civils qui étaient obligés de vivre dans ces pays. Je pensais que peut-être, si je faisais vraiment du bon travail, je pourrais maximiser notre capacité à percer à jour les insurrections et à mettre au point des stratégies pour les contrer, accélérant ainsi les choses. J'avais vraiment bon espoir.
Mon rôle d'analyste du renseignement multisource était de rassembler toutes les informations brutes provenant de différentes sources, telles que rapports d'interrogatoires, rapports d'observation, communications interceptées, images satellite, et de les combiner pour produire des synthèses ou – trop souvent – des diaporamas.
Tout le temps de ma mobilisation j'ai travaillé entre 12 et 14 heures par jour, tous les jours de la semaine, sans jours de repos complets, et la plupart du temps la nuit. C'était la nuit que les entraînements avaient lieu et que la logistique et les opérations de combat se décidaient. Souvent, je devais traiter de 40 à 100 e-mails, avec la conscience d'enjeux très élevés.
Si réduit qu'ait été mon temps de repos, j'avais souvent du mal à dormir, surtout avec le soleil rayonnant au-dehors et le vrombissement continu des générateurs près de mon mobile home. Alors je passais beaucoup de temps sur Internet, quand je pouvais obtenir une connexion correcte, et j'écoutais beaucoup de musique. Je ne parlais plus tellement aux gens au bout d'un moment. Tous ces gens qui mouraient autour de moi quotidiennement, tous ces efforts pour me montrer un « homme », commençaient à me peser. J'étais très anxieuse et souvent déprimée.
J'étais inondée de chiffres, de rapports, de coordonnées, de noms, de photos ! Submergée finalement. A un moment donné, le travail que je faisais a cessé de me faire l'effet d'une corvée abstraite et intellectuelle, pour devenir terriblement réel. Il s'agissait de vrais gens, vivant dans de vrais endroits. A toutes nos erreurs de planification, des innocents mouraient. A toutes nos erreurs d'appréciation, des innocents étaient détenus pendant des semaines ou des années. Nos erreurs sont devenues un fardeau pour moi, nos négligences aussi. Par exemple, nous n'avons pas pris la mesure du fait que le gouvernement irakien détenait des prisonniers sous des charges fallacieuses, et torturait ses citoyens pour faire des exemples. Une partie de moi en souffre encore.
BULLETIN D'INFORMATIONS, 6 AVRIL 2010 : L'armée américaine a confirmé l'authenticité de la vidéo de juillet 2007 qui vient d'être postée sur WikiLeaks.org, où l'on peut voir des forces armées américaines en train de faire feu sans distinction sur des civils irakiens, tuant 12 personnes, dont 2 employés de Reuters, et blessant 2 enfants. Les voix qu'on y entend semblent avoir cru que leurs cibles portaient des armes, mais les images montrent sans erreur possible qu'il s'agissait de caméras.
Le Pentagone n'a jamais rendu publique cette vidéo, ayant dégagé les auteurs du massacre de leurs responsabilités. WikiLeaks indique que le site a pu décoder la bande après l'avoir reçue d'une source interne à l'armée qui voulait qu'elle soit rendue publique.
Je n'avais alors qu'une vague idée des conséquences possibles. Je craignais un renvoi de l'armée. Deux ans de prison me semblaient le bout du monde à l'époque. Je m'attendais aux pires issues possibles, mais sans avoir une conscience précise des implications concrètes. Dans l'abstrait, je m'attendais à être démonisée et passée à la loupe. Je pensais que tous les défauts que je pouvais avoir, tous les reproches que l'on m'avait faits, toutes les fois où j'avais merdé seraient utilisés contre moi au tribunal de l'opinion publique. J'avais surtout peur que la question de mon genre soit utilisée contre moi et contre mes pareilles. Rétrospectivement, je pense que ces craintes étaient fondées.
L'ANIMATRICE : Chelsea fut arrêtée par l'équipe chargée des enquêtes sur les violations des lois militaires (CID), le 27 mai 2010. 4 jours après, elle était transférée au Camp Arifjan au Koweit, où elle devait passer les deux mois suivants à l'isolement.
Au début, tout semblait relativement normal. J'ai passé deux jours dans une tente avec d'autres gens. Ce n'est que lorsqu'on m'a placée en régime de détention maximale, dans une sorte de grande cage de métal à l'intérieur d'une tente, que la situation a vraiment empiré. Je m'attendais à être traitée comme tout autre prisonnier militaire, avec respect et dignité.
Il faisait chaud et sombre dans cette tente. Seuls les repas donnaient une idée de l'heure qu'il pouvait être. Finalement, tout s'est brouillé dans ma tête, et mes souvenirs de cette époque sont très confus. A être toujours seule dans cette tente, je n'avais aucune idée de ce qui se passait au-dehors, c'est à peine si je savais quel mois on était, ou depuis combien de temps j'étais là. Je ne savais même pas quels étaient les chefs d'accusation contre moi au juste.
Après quelques semaines à vivre dans cette brume mentale, j'ai commencé à devenir complètement dépendante de l'équipe qui me surveillait et me donnait à manger. Comme ils étaient ma seule connexion au monde extérieur, je croyais tout ce qu'ils me disaient, alors que, je m'en aperçois maintenant, ils n'étaient ni bavards ni fiables. Tout était possible.
Quand j'ai été transférée à la base de Quantico, j'ai été soumise à peu près aux mêmes conditions de détention, sauf que je me trouvais cette fois dans un immeuble climatisé en Virginie et que j'ai été autorisée à recevoir des visiteurs qui m'ont enfin informée de ce qui s'était passé les 2 ou 3 mois précédents. Je vivais dans une petite cellule de 6 m². Il y avait toujours au moins deux Marines qui me surveillaient depuis un miroir sans tain. Je n'avais pas le droit de posséder quoi que ce soit dont je n'aie pas un usage immédiat. Si je voulais aller aux toilettes, je devais demander un rouleau de papier, et le rendre dès que j'avais fini. Pareil pour les brosses à dents, les livres et parfois même mes lunettes. J'avais parfois le droit de regarder la télé, mais c'étaient les Marines qui contrôlaient ce que je regardais, et ils changeaient de chaîne dès qu'il y avait quelque chose qui ressemblait à un bulletin d'informations.
C'était un tel cauchemar surréaliste, que ça en devenait comique. Il faut avoir le sens de l'humour dans de telles situations, sinon on ne peut pas y faire face. De telles conditions de vie allaient bien au-delà de ce qu'on associe généralement à l'isolement cellulaire. Enfin quoi, il fallait que je demande la permission pour tout, même pour m'adosser au mur, et il y avait un gardien qui me regardait me brosser les dents tous les matins. C'était dingue.
L'ANIMATRICE : Après plus de 3 ans à l'isolement, le 21 août 2013, la deuxième classe Chelsea Manning fut condamnée à purger une peine de 35 ans dans une prison militaire pour avoir transmis à WikiLeaks des documents classés top secret en 2009 et 2010. Pendant son procès, elle a été empêchée de faire valoir ses propres preuves ou ses motivations, y compris son affirmation qu'elle avait agi dans l'intérêt public en révélant des abus militaires.
Mes avocats étaient consternés. L'un d'eux s'est mis à pleurer. Personne n'osait dire un mot, alors j'ai pris la parole. Je leur ai dit qu'ils avaient fait un travail formidable et travaillé très dur, et que je n'aurais pas pu leur en demander davantage.
Pourquoi ai-je annoncé publiquement : « Je suis Chelsea Manning, je suis une femme », le jour qui a suivi le verdict ? Eh bien, parce que c'est qui je suis. Je voulais le faire avant, mais mes avocats me l'avaient déconseillé. Je me sentais honorée de disposer d'une tribune telle que la télévision nationale et j'étais fière d'avoir pris la décision d'être honnête sur mon identité avec toutes mes connaissances. Et ce fut gratifiant, car j'ai reçu en retour un déluge de soutiens.
Fort Leavenworth est une base militaire très étendue, mais pas très peuplée, sur les bords de la Missouri River dans le Kansas. Elle est connue pour son école d'officiers venus du monde entier – et pour sa prison. J'ai décidé de m'intégrer et de m'efforcer d'y être à l'aise. Tous les matins je regarde la femme que me renvoie le miroir dans les yeux et je lui dis : « Allez, tu peux y arriver ». C'est le moment où je me motive pour la journée. Je crois qu'il est très important de diviser de longues années en petites unités faciles à maîtriser.
Ici, je suis une détenue comme les autres, et c'est tout ce que je demande. Je travaille de 7 h à 16 h, avec une heure et demie de pause-repas, dans une petite équipe de menuiserie qui fait des choses de grande qualité. Quand nous avons de la chance, il nous arrive de recevoir des commandes pour des articles élaborés, mais en général il s'agit de commandes en gros pour des articles militaires de série. C'est une occupation très agréable. Chaque équipe fabrique ces objets du début à la fin, ce n'est pas du travail à la chaîne. Et quand je retourne dans ma cellule le soir, je passe en revue les lettres, les cartes, les journaux et les magazines de la journée. Je me débrouille pour faire ma lessive, ou je vais à la bibliothèque pour y échanger des livres ou y taper des lettres. Quand le temps le permet, j'adore prendre de l'exercice physique. Et je tire le meilleur parti possible du téléphone. Puis je prends une douche et je me couche, après une heure environ de lecture en général.
J'ai fait une demande pour être traitée médicalement dès août 2013, mais le traitement lui-même n'a débuté qu'en février 2015. En décembre 2014, j'ai commencé à porter du maquillage – mais ce n'était qu'une solution de fortune.
Prendre des hormones est une expérience très étrange. Mes émotions sont plus immédiates et plus profondes. Auparavant, je les refoulais au fond de ma tête en me disant, on verra ça plus tard. Maintenant, quand je me sens triste, je pleure. Quand je suis heureuse, j'en ris de joie, et quand je me sens seule, je m'adresse à quelqu'un qui m'est cher. Physiquement, ma peau est devenue plus douce et plus sensible. La vie est plus riche, plus pleine.
J'ai décidé d'apprendre autant de choses que je pourrais. Je me fixe beaucoup de petits buts et de petits objectifs pour la journée ou pour la semaine, tels que la rédaction d'un essai pour un cours universitaire, la lecture sur un sujet donné, ou l'acquisition d'une technique. Mais tous se rejoignent dans le but d'enrichir mes connaissances, ma compréhension et mes points de contact avec le monde et les gens qui m'entourent.
Ce qui me donne le plus d'espoir, ce sont les lettres et les cartes que je reçois de toutes sortes de gens. J'ai de nombreuses lettres de jeunes gays et trans, chose que je trouve extraordinaire parce que c'est un moyen de communication depuis longtemps oublié. Au début de mon incarcération, je ne savais même pas où mettre le timbre, donc j'imagine combien cela doit être important pour ces jeunes d'apprendre à faire quelque chose d'aussi inhabituel à notre époque digitale. Ces lettres signifient beaucoup pour moi. J'y puise la force de continuer.
En fait, il m'est arrivé d'imaginer que je pouvais voyager dans le temps et me rencontrer alors que j'étais adolescente. Je connais toutes les peurs qu'elle avait, toutes les vulnérabilités qu'elle cachait. Je voudrais la prendre par la main et lui dire que tout ira bien. Je lui dirais qu'elle n'est pas un monstre, qu'elle est aimée et appréciée plus qu'elle ne le croit, qu'elle peut être heureuse et en bonne santé en restant fidèle à elle-même. Toutes choses que j'ai fini par comprendre, et toutes choses que j'aurais tellement eu besoin d'entendre quand j'étais jeune : que nous sommes tous des êtres humains, et que nous pouvons tous être aimés inconditionnellement.
L'ANIMATRICE : Chelsea est toujours à Fort Leavenworth. Elle ne sera pas libérée avant 2045, si elle purge sa peine entière. Amnesty appelle à sa libération immédiate. On lui a fait payer trop cher pour qu'elle serve d'exemple, et les abus qu'elle a rapportés n'ont jamais été examinés. En 2015, après un nouveau procès contre l'Armée, elle a gagné le droit d'obtenir un traitement hormonal transitoire. Mais elle ne peut toujours pas se laisser pousser les cheveux, et elle est toujours forcée de s'habiller en homme. Tel est donc son combat actuel. Si, aujourd'hui, l'armée américaine reconsidère la façon dont ses forces transgenre doivent être traitées, c'est en grande partie grâce à Chelsea.
C'était « In Their Own Words », une série podcast d'Amnesty International présentée par Anna Bacciarelli. Michelle Hendley a prêté sa voix à Chelsea Manning, qui n'est pas autorisée à nous parler depuis sa prison.
Traduit par Vernon LATHAM.
Source : Le Grand Soir, Chelsea Manning, 09-08-2016