jeudi 4 août 2016

À la télé, il y a urgence à débattre du rétablissement de la torture “à la française”, par Samuel Gontier

À la télé, il y a urgence à débattre du rétablissement de la torture "à la française", par Samuel Gontier

Source : Télérama, Samuel Gontier, 17-06-2016

« La menace terroriste est au plus haut, des policiers ont été assassinés, l'Euro a débuté », énumère Ruth Elkrief, dont l'interlocuteur, Fabrice Angei, secrétaire confédéral de la CGT, répond en direct du siège de la centrale, à Montreuil, mercredi dernier. « Et néanmoins, vous ne considérez pas que votre mouvement contre la loi travail qui a commencé il y a QUATRE mois [c'est la présentatrice qui insiste] peut s'arrêter, se modérer, se reporter, par solidarité, par responsabilité ? » Mais non, le syndicaliste refuse catégoriquement de faire preuve de responsabilité, de solidarité avec les policiers et l'Euro assassinés. Alors même que les images accompagnant son scandaleux discours montrent clairement l'association de la CGT aux violences des casseurs :

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« Monsieur Angei, reprend la présentatrice de BFMTV, d'une patience infinie face au fanatisme de l'irresponsable syndicaliste, vous savez que quand des organisations syndicales prennent la responsabilité de manifestations, elles sont aussi responsables des dérapages. » « Dérapages », quel doux euphémisme pour désigner les attentats perpétrés par « les hordes de manifestants violents » repérés par Bernard Cazeneuve ! « Le préfet de police de Paris déclare qu'une petite partie des manifestants de la CGT ont eux-mêmes participé à des actes de violence, qu'il y a eu des formes de solidarité passive. » Si c'est le préfet qui le dit, rien ne sert de nier. D'ailleurs, un bandeau placé sous le syndicaliste avertit le téléspectateur de l'indécente ambigüité de ses propos :

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Ruth Elkrief poursuit la formulation de sa question-édito deux fois plus longue que le temps imparti aux réponses du syndicaliste afin d'atténuer la terreur qu'elles pourraient inspirer aux « Français » : « Vous savez combien les Français sont CHOQUÉS par ce qui s'est passé à l'hôpital Necker. Vous pourriez trouver d'autres formes d'expression. » Par exemple, défiler de 6 heures à 8 heures du matin entre Saint-Germain-de-Calberte et Saint-Martin-de-Lansuscle les derniers vendredis des mois de novembre des années bissextiles. « Vous ne pensez pas qu'aujourd'hui les Français vont beaucoup vous en vouloir de ce qui s'est passé ? » Comment le pourrait-il ? Il ne soucie absolument pas de ces « Français » dont Ruth Elkrief possède une connaissance intime.

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« Dernière question, vous savez bien que la CGT a fait des tracts contre la police, des tracts qui ont été DÉNONCÉS. » Par les Français (de Ruth Elkrief). « Il ne faut peut-être pas être étonné ensuite de voir qu'il y a au sein de vos cortèges des hommes effectivement identifiés qui s'en prennent aux policiers. » Parce qu'en plus ils sont « identifiés » ? Qu'attend-on pour les placer dans des centres de rétention ?« Policiers qui par ailleurs ont la responsabilité de nous protéger contre le terrorisme. » Mais la CGT les en empêche en organisant des manifestations depuis QUATRE mois.

« A un moment donné, on a l'impression qu'on ne vit pas dans le même pays : il y a des gens qui sont dans la rue qui tapent sur des policiers et puis il y a des policiers qui nous protègent. » Ces « gens » sont schizos : ils tapent sur les policiers qui les protègent avec tendresse, dévouement et grenades de désencerclement. « On n'est pas ensemble, on n'est pas dans le même pays ? » Moi, j'ai choisi, je veux vivre dans le pays de Ruth Elkrief.

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Terrifié par l'extrémisme radical du militant CGT, je me réfugie sur iTélé où se tient un opportun débat, « Faut-il interdire les manifestations ? », entre gens de raison – représentants de la droite modérée (Jean-Claude Dassier, de Valeurs Actuelles) et de la gauche de gouvernement (Françoise Degois). L'éditorialiste de Valeurs Actuelles soupçonne toutefois sa comparse d'avoir pactisé avec les ennemis de la République : « Ils ne viennent pas d'arriver sur le terrain parisien de la violence, vos amis les antifas ! »

« Arrêtez de dire "mes amis", "les amis de la gauche", se défend Françoise Degois. Vous ne pouvez pas prêter ce genre d'intention à un gouvernement quel qu'il soit ! »Tout de même, j'ai trouvé Manuel Valls bien indulgent avec les islamo-gauchistes ces derniers temps. Jean-Claude Dassier aussi : « Les antifas, les black blocks, tous ces gens-là, vous n'en avez pas arrêté un ! » « On a fait 43 interpellations », revendique Françoise Degois. « Oui, des interpellations. Mais ils sortent le soir même ! » Pour aussitôt incendier des voitures de police et saccager des hôpitaux pour enfants (de policiers tués).

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Jean-Claude Dassier prend du recul : « On les a vus sur le barrage de Sivens, ils font mener une vie insensée aux Nantais avec l'aéroport. A Rennes, violence permanente. A Nantes, violence permanente. A Paris, violence comme on n'en a jamais vu. » C'est vrai, en 1871, les communards ne brisaient pas les vitres des hôpitaux pédiatriques. « D'où viennent-ils ? Qui sont-ils ? On dit qu'il y a beaucoup d'étrangers. » Ceux de la cinquième colonne. « Pourtant, aucune reconduite à la frontière ! Y en a-t-il en prison ? Non !!! » Confrontée à l'évidence du laxisme gouvernemental, Françoise Degois bredouille timidement : « Nous sommes dans un Etat de droit. » « Ah oui, et vous n'avez jamais interdit des manifestations du mariage pour tous, peut-être ?! », rétorque Jean-Claude Dassier, conscient que le zèle répressif de la gauche s'exerce uniquement contre les rassemblements de fervents républicains.

« La France donne une image d'elle-même qui est pitoyable », résume l'éditorialiste, répondant catégoriquement à la question mise en débat par Laurence Ferrari : « Il faut jusqu'à la fin de l'Euro suspendre toute manifestation publique. »Et même jusqu'à la fin du Tour de France. Des JO. De la saison 2016-2017 du championnat de Ligue 1, de la Coupe du monde de foot au Qatar et de toute compétition sportive se déroulant avant la fin du XXIe siècle. « Je vous rappelle qu'on est en état de guerre, en état d'urgence ! On veut faire la fête de l'Euro et quand on est en état de guerre, on ne tolère pas n'importe quoi ! » On ne tolère que l'Euro, ça va de soi.

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Pour finir, Jean-Claude Dassier fait part de sa frayeur face au droit-de-l'hommisme revendiqué par notre Premier ministre mardi dernier à l'Assemblée. « Je reviens aux déclarations de Manuel Valls qui me traumatisent un peu. Nous n'échapperons pas à un débat sur l'ouverture de centres de rétention. Centres de rétention qui peuvent parfaitement fonctionner avec les centres de déradicalisation. » L’un ne va pas sans l'utre, il faut jouer la complémentarité. « On peut avancer là-dessus, convient Françoise Degois, le débat fait son chemin. »

Il me suffit de zapper sur France 5 pour constater que le débat fait du chemin et que je n'y échapperai pas. La première discussion de C à vous interroge en effet : « Faut-il un Guantánamo à la française ? » Le lendemain, iTélé renchérit au pluriel : « Des Guantánamo à la française ? » Pour ma part, je préférerais un Belzec à la française, c'est plus efficace et ça ne laisse pas de traces. A moins que nous ne nous reposions sur notre savoir-faire national : après tout, la gégène a déjà fait ses preuves sur les islamo-gauchistes du FLN.

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Ce jeudi, Olivier Galzi reçoit aussi Christophe Caresche, député PS de Paris. « Une députée britannique a été assassinée en pleine rue. Votre réaction ? » « Ce qui me frappe, c'est la violence du débat public en France comme en Grande-Bretagne. » De ce côté-ci de la Manche, on ne compte plus les tentatives d'assassinat de députés favorables à la loi El Khomri. « La violence, on en a beaucoup parlé en France aussi, rebondit judicieusement Olivier Galzi. On l'a vue en marge des manifestations contre la loi travail. François Hollande a même menacé d'interdire les manifestations. » Il a dû regarder Ruth Elkrief (ou Laurence Ferrari).

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« La question effectivement se pose, admet Christophe Caresche. Les événements de mardi ont été inacceptables. On voit de plus en plus de casseurs, huit cents selon le préfet de police. » Et si c'est le préfet qui le dit… « Organisés, déterminés, armés, avec la volonté de tuer. C'est aussi ce qu'a dit le préfet de police. » Cet homme est providentiel. Si la chaîne de télé interne à la Préfecture de police occupait toutes les fréquences hertiziennes, l'information gagnerait en objectivité et Ruth Elkrief pourrait y livrer ses éditos en tenue anti-émeute.

« Certains militants de la CGT ont participé aux gestes avec les casseurs, c'est ce que dit Manuel Valls, dit aussi Olivier Galzi. Il y a des photos, d'ailleurs, qui vont dans ce sens. On y voit des membres de la CGT qui jettent des pavés sur les CRS. »Ce n’est pas surprenant pour Christophe Caresche, selon qui « la CGT a depuis longtemps une attitude ambigüe au sujet de la violence ». Depuis longtemps et dès avant sa création : en 1891, à Fourmies, les CRS de l'époque avaient déjà été contraints d'utiliser les flash-balls de l'époque (des Lebel) pour tirer sur la foule de ses futurs militants et casseurs qui réclamait impudemment la journée de huit heures.

Christophe Caresche ne remonte pas si loin : « Ça a commencé avec Air France et la tentative de lynchage de deux responsables d'Air France. » « Lynchage », le mot paraît faible. Ne faudrait-il pas plutôt parler de tentative d'assassinat ? J'en suis à ces réflexions sémantiques quand un nouveau militant masqué de la CGT apparaît dans le dos d'Olivier Galzi :

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Horreur ! C'est le même casseur que celui qui lance son projectile en boucle sur BFMTV ! Preuve que les islamo-gauchistes sont partout infiltrés. Pour me rassurer, je me rappelle la réaction de Jean-Claude Dassier au salut de Laurence Ferrari qui, ravie, congédiait ses invités : « Merci à tous les deux pour ce débat enflammé. » « La situation l'exige, le commande ! » Oui, la situation commande que la télé fasse la promotion du fascisme.

Source : Télérama, Samuel Gontier, 17-06-2016

Le plan miracle de Pôle Emploi pour inverser la courbe du chômage

Le plan miracle de Pôle Emploi pour inverser la courbe du chômage

Un Pôle Emploi à Gravelines, dans le nord de la France, lors d'un forum. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Les cadres de Pôle emploi ont reçu un document détaillant le plan pour inverser la courbe du chômage. Objectif : formation.

e nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A (sans activité) a augmenté de 5.400 en juin. Mais le gouvernement ne se laisse pas abattre : François Hollande a posé une inversion de la courbe comme condition à une candidature pour 2017. Et Pôle Emploi a un plan pour y parvenir.

Il est détaillé dans un document distribué aux cadres de Pôle emploi que "Le Canard enchaîné" s'est procuré. Le projet, annoncé en janvier 2016 par le gouvernement, consiste à orienter 500.000 chômeurs supplémentaires vers des formations professionnelles. Ils glisseront ainsi de la catégorie A à la catégorie D, qui n'est pas comptabilisée dans les chiffres du chômage diffusés chaque mois par le gouvernement. L'objectif est d'atteindre le chiffre de 1 million de chômeurs en formation (500.000 de plus que les années précédentes donc).

Lire aussi : Chômage : "Il y a une reprise mais elle reste molle"

2,2 millions de personnes à mobiliser

Le document obtenu par l'hebdomadaire détaille un savant calcul.

  • On part du principe que 19% des demandeurs d'emplois "[portent] leur propre projet", c'est à dire qu'ils trouvent eux-mêmes leur formation ;
  • Pôle Emploi doit encore parvenir à 705.000 "attestations d’entrée en stage nécessitant une intervention de type conseil en formation attestations d’entrée en stage nécessitant une intervention de type conseil en formation" ; 
  • Problème : si l'on propose une formation à trois chômeurs, un seul ira jusqu'au bout. Il faut donc solliciter trois fois plus de personnes que le nombre que l'on veut envoyer en formation ;
  • Ce qui fait donc "2,2 millions de demandeurs d'emploi à mobiliser".

Concrètement, indique "Le Canard enchaîné", chaque conseiller référent de Pôle emploi doit solliciter 15 demandeurs chaque mois pour les orienter vers des formations.

Formation pour tous

Pour mettre en place ce grand projet "inversion de la courbe", 1 milliard d'euros ont été débloqués en janvier pour les formations, ainsi qu'une rallonge de 80 millions de la part des partenaires sociaux qui gèrent le fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels, détaillait alors "Le Monde".

Un conseiller Pôle emploi interrogé par "Le Canard enchaîné", raconte : 

"L'an dernier, [...] on disait non à presque tout le monde, il n'y avait plus un rond pour financer les formations. Maintenant, c'est tapis rouge, on dit oui à tout et sans trop de précautions, la scrupuleuse procédure de validation des stages est abandonnée."

Pour mobiliser les demandeurs d'emplois, Pôle Emploi met à contribution depuis mai des centres d'appel privé, et n'hésite pas à couper sur les appels d'offres auprès des centres  de formation, "trop long, trop fastidieux", précise même l'hebdomadaire.

"Rien de caché"

"Ce basculement en catégorie D est transparent, il n'y a rien de caché", assurait la ministre du Travail Myriam El Khomri lors de la présentation du plan en janvier :

"Si nous avions voulu faire un traitement statistique comme nos prédécesseurs, nous aurions convoqué les demandeurs d'emplois pour les radier. Or les radiations sont à un niveau très bas."

En revanche, l'effet du plan sur la catégorie D lui se voit déjà : en juin, ses effectifs ont atteint le niveau record de plus de 300.000 inscrits, soit une augmentation de 11,3% sur le trimestre. Ainsi, près de 90.000 sont sorties des catégories A, B, et C pour entrer en formation, contre 40.000 à 50.000 avant l'entrée en vigueur du plan.

Permettent-elles au moins de trouver du travail, ces formations ? Pôle emploi assure que 57% des demandeurs d'emploi qui y ont accès trouvent un emploi dans les six mois qui suivent.

 

Agathe Ranc

 

Source : Nouvel Obs

Informations complémentaires :

 

 

Revue de presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce jeudi 4 août 2016 (Maj)

Revue de presse du jour comprenant l'actualité nationale et internationale de ce jeudi 4 août 2016 (Maj)

Bonjour, Jeudi, et c'est aujourd'hui que je passe en mode vacances !, comprenez qu'en fait on vas lever le pied, rien de dramatique mais on limiteras nos reprises d'articles à la Revue de presse du jour, une actualité France, et une actualité Internationale, sciences, informatique ou autres, avec bien sur le break du week end, et ceci jusqu'a jeudi prochain.

(Je tiens aussi a remercier publiquement Momo et Olivier pour leurs dons généreux, caisse du blog à jour à droite)

Sur ce bonne lecture et bonne journée,

Amicalement,

f.

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Actualités françaises :

04.08.2016

Plainte déposée par La famille d’Adama (L'Humanité.fr)

Le plan miracle de Pôle Emploi pour inverser la courbe du chômage (Nouvel obs)

Une monnaie locale pourrait s'implanter dans Paris (Le Figaro.fr)

Un prêtre est violenté et trainé au sol par les CRS lors de l'évacuation de l'Eglise Sainte Rita (Fawkes)

La société française est entrée depuis quelques mois dans la dernière phase du hollandisme (Agoravox.fr)

03.08.2016

Lassana Traoré, frère d'Adama : "On ne fait plus confiance au procureur" (Marianne.fr)

Plus de soutien populaire, plus de crédibilité ... (Agoravox.fr)

Bercy envisage de baisser l'impôt sur les sociétés pour les PME (Atlantico.fr)

Un car de touristes chinois détroussé près de Roissy (Le Figaro.fr)             Quelle honte...

Air France maintient l'accord d'entreprise des hôtesses et stewards jusqu'en 2017 (Le Point.fr)

SFR : la direction propose un plan de départs sans licenciements secs d'ici 2019 (Le Parisien.fr)

Cinq fois plus de chômeurs partiels qu'avant la crise de 2008 (Les Echos.fr)


Divers :


Moment détente :


Actualités internationales :

04.08.2016

Attaque au couteau à Londres: une femme tuée, la piste terroriste pas exclue  (l'Express.fr)

Syrian sex slaves 'tortured on table set up like crucifix': As many as 75 women forced into largest sex trafficking ring ever uncovered in Lebanon (Conscience Du Peuple)

Légalisation du cannabis : l’Italie étudie la question (Le Monde.fr)

Les banques centrales font tout ce qu’elles peuvent pour éviter un effondrement (G. Long) (Olivier Demeulenaere)

03.08.2016

Libye : percée des forces progouvernementales à Syrte face à l'EI (L'Express.fr)

Chut ! Ne le dites à personne, mais la Suisse refuse de rejoindre l’UE (Sputniknews.com)

La baie de Rio, qui accueillera les JO, est une poubelle à ciel ouvert (Les Moutons Enragés)


High-Tech :

03.08.2016

Google et le gouvernement américain vont tester ensemble des drones de livraison (Le Monde.fr)

02.08.2016

Google s'allie à un grand groupe pharmaceutique pour faire de la médecine bioélectronique (Atlantico.fr)


Sciences :

04.08.2016

Bulles souterraines, virus zombie et trous géants : en Sibérie, une certaine idée de la fin du monde (FranceTvInfo.fr)


Informatique :


20 Minutes par jour :

02.08.2016

Quand l'e-sport soulève les foules (l'Express.fr)


Sécurité :


Blackbox :


Twilligth Zone :

03.08.2016

Rendez-vous avec Roch : la Vérité cachée de la conquête spatiale - Deuxième épisode (Top Secret)


Cinéma :


 

Le complément de la Revue de presse du jour comprenant les informations de ce qui fait l'actualité française et internationale vues par notre Contributeur anonyme.

 


 

BANK UE:....manque 880 milliards de capitalisation

https://fr.express.live/2016/08/02/stress-tests-banques-europeennes-sous-capitalisation/

FRANCE :...amende d'un million pour l'HLM de Puteaux

(pas grave c'est le contribuable qui paie raison de plus pour ne rien changer CQFD)

http://www.boursorama.com/actualites/pourquoi-l-office-hlm-de-puteaux-doit-il-payer-une-amende-record-de-plus-d-un-million-d-euros-8bfea8fdf994591a0c79460780a224c8

 

VIDEO DU JOUR

Excellent Olivier-delamarche-vs-emmanuel-lechypre du 01/08 sur les stress tests

http://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/olivier-delamarche-vs-emmanuel-lechypre-13-les-stress-testsa-refletent-ils-vraiment-l-etat-des-banques-0108-846787.html

http://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/olivier-delamarche-vs-emmanuel-lechypre-23-quid-du-ralentissement-de-la-croissance-americainea-0108-846789.html

http://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/olivier-delamarche-vs-emmanuel-lechypre-33-economie-francaise-qu-attendre-du-t3-apres-une-croissance-nulle-au-t2a-0108-846791.html

 

A chaque fois que vous vous retrouvez du côté de la majorité, il est temps de commencer à réfléchir. Mark Twain

 

SIGNE DES TEMPS:

TERRE:...Nasa chasse un astéroide

http://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/0211174667459-la-nasa-prepare-une-mission-vers-un-asteroide-qui-pourrait-frapper-la-terre-2018149.php

http://www.atlantico.fr/atlantico-light/tout-va-bien-cet-asteroide-qu-chance-2700-tous-tuer-2781414.html

 


 

FAIT DU JOUR:..annulation en série pour raison de sécurité

= puis un jour on dira « rester chez vous car on ne peut sécuriser votre lieu de travail....mais rester chez vous de manière définitive »

http://www.20minutes.fr/marseille/1903707-20160802-marseille-meeting-patrouille-france-annule-suite-attentats

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/08/02/01016-20160802ARTFIG00054-marseille-annule-le-meeting-de-la-patrouille-de-france-et-la-baule-son-feu-d-artifice.php

http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/pas-de-calais/berck-sur-mer/berck-sur-mer-le-festival-des-plages-musicales-annule-pour-raisons-de-securite-1059161.html

CHIFFRE DU JOUR :...1 Français sur 9 bénéficie des minimas sociaux

http://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/0211174475913-un-francais-sur-neuf-beneficie-des-minima-sociaux-2018256.php

 


 

1. VERS UN NOUVEL ORDRE MONDIAL FINANCIER

FRANCE :..500 000 chomeurs sortis des listes...

https://francais.rt.com/economie/24696-fran%C3%A7ois-hollande-maquille-chiffres-chomage

http://www.lefigaro.fr/emploi/2016/08/03/09005-20160803ARTFIG00058-forte-pression-a-pole-emploi-pour-faire-rentrer-500-000-chomeurs-en-formation.php

MARCHES-FINANCIERS :...Amundi dépasse les 1000 milliards-d-euros-d-encours....piratage Bitcoin...crédit facile pour gagner du temps

http://www.challenges.fr/finance-et-marche/marches-financiers/20160729.CHA2202/gestion-d-actifs-amundi-depasse-les-1-000-milliards-d-euros-d-encours.html

https://fr.sputniknews.com/economie/201608031027131763-bitcoin-piratage-vol-chute/

http://la-chronique-agora.com/credit-infini-gratuit-deep-state/

ITALIE :...sauvetage Monte Pasche....5 millions de pauvres....naufrage des banques

http://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/0211173159402-enieme-ou-dernier-plan-de-sauvetage-pour-mps-2017927.php

http://www.lesechos.fr/monde/europe/0211166406662-en-italie-la-pauvrete-absolue-a-un-niveau-record-2017622.php

http://www.francesoir.fr/tendances-eco-monde/les-banques-italiennes-dans-la-zone-rouge-en-plein-naufrage-de-leurs-cours-en

http://www.romandie.com/news/Les-banques-italiennes-de-nouveau-dans-loeil-du-cyclone/725706.rom

AUTRICHE :...une banque perd 6% en Bourse

http://www.romandie.com/news/La-banque-autrichienne-RBI-perd-pres-de-6-apres-le-test-de-resistance/725478.rom

VENEZUELA :...les animaux des zoos meurent de faim

http://www.directmatin.fr/monde/2016-07-28/venezuela-les-animaux-des-zoos-meurent-de-faim-735293

GRECE :...toujours en récession

http://www.lesechos.fr/monde/europe/0211175362658-grece-toujours-pas-de-reprise-en-vue-malgre-des-mieux-2018151.php

ROYAUME-UNI :...moins de propriétaires

http://www.boursorama.com/actualites/au-royaume-uni-la-proportion-de-proprietaires-est-au-plus-bas-depuis-30-ans-504c71d178c447c3ea0178214a6dbbd8

CANADA :...une taxe de 15% pour les étrangers qui achètent une résidence à Vancouver

https://francais.rt.com/economie/24712-canada--taxe-15-sur

CHINE/RUSSIE :...achètent de l'or en masse

https://fr.sputniknews.com/economie/201608031027143989-or-russie-chine/

 

2. VERS UN NOUVEL ORDRE MONDIAL SOCIETAL

FRANCE:..génération boomerang....l'été des expulsions...immolation d'un retraité

http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/apres-les-tanguy-voici-la-generation-boomerang-02-08-2016-6009927.php

http://www.humanite.fr/lete-la-saison-des-expulsions-locatives-bat-son-plein-612929

http://www.millebabords.org/spip.php?article29757

POLITIQUE :...sécurité, unique thématique 2017....pantouflage du père de la loi travail

http://www.leparisien.fr/politique/les-confidences-de-hollande-pour-2017-03-08-2016-6011857.php#xtor=AD-32280599

http://www.marianne.net/pere-loi-el-khomri-echappe-loi-travail-100244778.html

BELGIQUE :..indépendants de plus en plus stressés

https://fr.express.live/2016/08/01/independants-de-plus-plus-victimes-stress/

SANTE :...les problèmes d'argent accelerent le processus de vieillissement

https://fr.express.live/2016/08/02/problemes-dargent-accelerent-processus-de-vieillissement/

JUSTICE :...surpopulation carcérale + faillite = libéralisation anticipée dès qu'on sera comme la Grèce

http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/le-journal-de-8h-la-surpopulation-carcerale-atteint-un-nouveau-record-7784323250

 

3. VERS UN NOUVEL ORDRE MONDIAL SPIRITUEL

USA:..reprendre la Crimée causerait la ww3 dit Trump

https://fr.sputniknews.com/international/201608021027112414-usa-trump-crimee/

 

Merci à notre Contributeur anonyme ; )

 


 

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Et bien sûr l'ensemble des Revues de presse précédentes dans la section qui leur est dédiée.

(Si vous venez de découvrir notre petit site voici une vidéo qui vous en expliquera rapidement le mode de fonctionnement)

 Amicalement,

l'Amourfou...

Comment la CIA est devenue incontrôlable, par Yochi Dreazen et Sean D. Naylor

Comment la CIA est devenue incontrôlable, par Yochi Dreazen et Sean D. Naylor

Source : Slate, Yochi Dreazen, Sean D. Naylor, 17.08.2015

Yochi Dreazen et Sean D. Naylor

Traduit par Yann Champion

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Des frappes de drones à la torture de prisonniers, l’agence tire les ficelles de la politique extérieure américaine depuis le 11 septembre 2001. Et il y a fort à parier qu’elle continuera de le faire dans les années à venir.

Dennis Blair n'était pas content. En mai 2009, cet ancien amiral de la marine américaine officiait en tant que directeur du renseignement national (DNI). En théorie, ce titre lui donnait le contrôle sur la CIA et les seize autres agences de renseignement de Washington. Mais en réalité, il était impuissant, même pour désigner le senior spy, «premier espion» d'un pays donné (un titre qui, durant des décennies, revenait traditionnellement aux «chefs de station» de la CIA dans différentes capitales, de Londres à Beyrouth). Blair se sentant habilité à le faire, il envoya –sans consulter la Maison Blanche– un ordre écrit annonçant que le DNI serait désormais celui qui désignerait la plupart des senior spies. Mais ce n'était pas le changement le plus important: la personne choisie pouvait désormais provenir de n'importe quelle agence de renseignement américaine. Blair eut beau affirmer qu'il s'agirait presque toujours d'un membre de la CIA, cela n'eut pas l'heur de plaire au directeur de l’époque de la CIA, Leon Panetta, qui répondit en envoyant un message à tous ses bureaux à l'étranger leur demandant d'ignorer complètement la note.

Les médias évoquèrent une guerre de clochers. Si c'en était une, elle était bien inégalitaire: le bureau de Blair était totalement impuissant, balayé d'un revers de la main par une CIA s'accrochant à son propre pouvoir.

Quelques mois plus tard, alors que les quatre années du premier mandat tumultueux de Barack Obama touchaient à leur fin, Blair y vit une nouvelle occasion de réaffirmer les prérogatives de son bureau, écrit le journaliste Mark Mazzetti dans The Way of the Knife, un récit détaillé de cette période. Ayant hérité de George W. Bush plusieurs dossiers hautement confidentiels au sujet d'opérations secrètes, Obama avait voulu tous les passer en revue un par un. Les dossiers en question impliquaient notamment des activités de la CIA visant à freiner le programme nucléaire iranien et l'utilisation de drones pour tuer des activistes au Pakistan. Une fois de plus, l'absence d'autorité de Blair apparaissait de manière évidente: le DNI, tel que l'avait défini la législation de 2004 à l'origine de la fonction, devait servir de point de convergence entre les services de renseignement et le gouvernement américain. Il avait son mot à dire sur les questions budgétaires, mais n'avait aucun pouvoir sur les missions secrètes à l'étranger.

Blair n'aimait pas que la CIA soit en liaison directe avec la Maison Blanche pour les missions secrètes de ce genre. À ses yeux, les programmes de ce type pouvaient facilement aller au-delà de leur but initial et servir de solutions dangereusement faciles –et tentantes– à des dirigeants ne sachant plus trop comment gérer des sujets aussi complexes que, par exemple, la question de l'Iran. Blair souhaitait que chaque programme soit pleinement étudié et débattu par les membres du Congrès avant que ne soit prise la décision finale de le poursuivre, de le modifier, voire de l'abandonner. Panetta, qui ne l'entendait pas de cette oreille, rétorqua que toute tentative d'imposer des guides ou des procédures formelles à la CIA ne ferait que nuire à l'efficacité de ses programmes. Une fois que tout fut dit, au printemps 2009, le gouvernement accepta officiellement tous les programmes de la CIA à l'étranger, ouvrant la voie à un véritable déluge de financements (en 2013, par exemple, l'agence a réclamé pas moins de 14,7 milliards de dollars de budget, soit une augmentation conséquente par rapport aux 4,8 milliards qu'elle avait reçus en 1994, à en croire le Washington Post et les documents révélés par Edward Snowden).

À la même période, en demandant à la Maison-Blanche d'accroître de manière significative la guerre secrète menée par la CIA contre al-Qaïda et ses alliés, Panetta pensait pouvoir obtenir cinq des dix choses qu'il réclamait, a écrit Daniel Klaidman dans Kill or Capture. Au lieu de cela, il les obtint toutes, d'après Mazzetti, y compris des budgets pour acheter plus de drones armés et l'autorisation explicite de les utiliser dans des zones du Pakistan plus vastes qu'auparavant: «La CIA obtient tout ce qu'elle veut», aurait sèchement dit Obama à ses conseillers. Sept mois plus tard, Blair était poliment dirigé vers la sortie.

Depuis sa création en 1947, la CIA a peu à peu délaissé sa fonction première –l'espionnage de gouvernements étrangers– pour se consacrer de plus en plus à la traque et à l'assassinat de personnes ciblées dans un nombre grandissant de pays. On sait depuis un moment déjà que l'importance et l'influence croissantes de l’agence dans le combat contre-terroriste reflètent son habileté à traquer les ennemis des États-Unis à l'étranger, du Pakistan au Yémen. Il est en revanche plus surprenant de constater que la CIA est aussi devenue experte dans l'art de se sortir des scandales publics et de contrer aussi bien le DNI que ses adversaires politiques à la Maison Blanche, au Congrès, au ministère de la Défense ou dans le reste de la communauté du renseignement. Par ses machinations, la CIA a réussi à affaiblir, voire éliminer, les contrepoids les plus importants à son propre pouvoir.

Cette puissance et cette autonomie accordée à la CIA ont eu, à n'en pas douter, des répercussions importantes au niveau mondial. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, une part importante de ce que le monde associe à la politique extérieure américaine –des frappes aériennes de drones au Moyen-Orient au réseau de prisons secrètes, en passant par les tortures sur son propre territoire– trouve son origine à Langley, où se situe le siège de l'agence. Et compte tenu de la prédominance actuelle de la CIA, elle semble destinée à garder un rôle disproportionné dans la manière dont les États-Unis agissent et sont perçus à l'étranger. Étant à l'avant-poste de la nouvelle guerre qui se profile au Moyen-Orient, il y a fort à parier que sa primauté sera à nouveau mise à l'épreuve.

Aujourd'hui, la CIA est le fer de lance des efforts du gouvernement américain pour repousser l'État islamique, qui contrôle de vastes portions des territoires irakien et syrien. Dans de petites bases le long des frontières turque et jordanienne, des officiers de la CIA ont participé au recrutement et à la formation des membres de l'opposition syrienne dite modérée afin qu'ils puissent vaincre l'État islamique et, finalement, déloger de Damas le régime du président syrien Bachar el-Assad. En outre, la CIA s'est chargée de faire passer des armes et autres fournitures aux rebelles. Pendant ce temps, le Pentagone, qui dépasse de loin la CIA par sa taille, par ses ressources et par le soutien qu'il reçoit du Congrès, a envoyé ses forces spéciales dans la région pour mener quasiment les mêmes missions de formation et d'entraînement. Mais si les deux piliers de la sécurité nationale devaient entrer en conflit à propos de l'Irak et de la Syrie, on aurait tort de croire que la CIA risquerait d'être perdante. En effet, depuis le début de la guerre contre le terrorisme, il y a quatorze longues années, elle n'a cessé de remporter ce type de batailles.

Un drone Predator dans le ciel yéménite

Au printemps 2002, un drone Predator volant silencieusement dans le ciel yéménite observa un gros 4×4 sur un chemin de terre d'une région très peu peuplée de ce pays pauvre. Les techniciens en charge de la surveillance des vidéos du drone avertirent le directeur de la CIA de l’époque, George Tenet, qui supervisait les efforts pour retrouver Qaed Salim Sinan al-Harethi, le commandant d'al-Qaïda au Yémen, suspecté d'être à l'origine de l'attentat d'octobre 2000 contre l'USS Cole, qui tua dix-sept marins et en blessa des dizaines d'autres. La CIA semblait enfin tenir le terroriste. Tenet contacta le lieutenant général Michael DeLong, un haut officier du commandement central des forces américaines, et lui demanda de décider quoi faire. Dans une interview accordée à l'émission Frontline de PBS, DeLong s'est ensuite souvenu avoir entendu Tenet déclarer: «Ce 4X4… c'est là qu'il se trouve.» «Ok, c'est bon, vous pouvez le descendre», lui aurait-il répondu.

Tenet transféra l'ordre et le drone envoya un missile Hellfire vers le véhicule, qui fut pulvérisé. La frappe tua Harethi, ainsi que plusieurs activistes de rang inférieur. Premier assassinat confirmé, par un drone de la CIA, d'un terroriste recherché, l'évènement constitua un tournant dans l'étonnante mutation de l’agence, passée de «service d'espionnage traditionnel s'adonnant au vol de secrets de gouvernements étrangers», comme le décrit Mazzetti, à une «machine à tuer, un organisme entièrement dédié à la chasse à l'homme».

Le siège de la CIA à Langley (via Wikimedia Commons).

Le siège de la CIA à Langley (via Wikimedia Commons).

Cet assassinat ciblé n'entraîna aucune contestation ni aucun véritable examen de conscience au sein de la CIA. Au contraire, l'agence semblait de plus en plus à l'aise pour éliminer les ennemis des États-Unis à travers le monde. En 2004, elle s'engagea encore plus intensément dans les assassinats en engageant des professionnels extérieurs en liens avec Blackwater (société de mercenaires devenue tristement célèbre suite à divers abus en Irak) pour tuer des activistes sur le terrain. En juin 2009, Panetta informa le Congrès de l'existence de ce programme secret en ajoutant qu'il y avait mis fin rapidement après avoir pris la tête de l'agence, plus tôt dans la même année. Il déclara que les professionnels en question n'avaient tué personne –ce que confirmèrent plusieurs autres représentants de l'agence– mais cela ne put suffire à calmer la colère des parlementaires, furieux que la CIA ait pu effectivement recruter des mercenaires pour tuer des ennemis, sans véritable contrôle du gouvernement.

L'assassinat d'Harethi constitua un changement profond dans la politique de l'agence. Ce fut sans doute même un véritable bouleversement pour nombre d'anciens de la CIA, qui avaient été formés dans les années faisant directement suite aux auditions de 1975 par la commission conduite par le Démocrate de l'Idaho Frank Church, qui avait décrit en détail les tentatives avortées de la CIA visant des leaders étrangers. L'année suivante, Gerald Ford, le président de l’époque, signa l'ordre exécutif 11905, qui interdit à la CIA de s'engager dans des assassinats politiques où que ce soit dans le monde.

Néanmoins, la CIA renoua avec force avec les assassinats suite aux attentats du 11 septembre 2001, Bush et Obama faisant des drones leur arme de choix dans la chasse à l'homme menée contre les ennemis des États-Unis à travers le monde. Les représentants de la Maison Blanche et de la CIA affirment que ces véhicules sans équipage permettent un niveau de précision historiquement élevé, qui permet de faire très peu de victimes civiles. Les groupes de défense des droits humains, en revanche, ont rassemblé un nombre conséquent de preuves pour dire que les frappes ont tué des centaines de personnes innocentes.

Rien qu'au Pakistan, le Bureau of Investigative Journalism estime que les drones de la CIA ont tué pas moins de 960 civils, dont 207 enfants, entre juin 2004 et avril 2015. Le gouvernement américain, qui s'est même servi de drones contre ses propres ressortissants, ne doute pas, en revanche, de la valeur de ces appareils. «Des dizaines de dangereux chefs, formateurs, fabricants de bombes et autres hommes d'al-Qaïda ont été éradiqués du champ de bataille, a déclaré Obama en mai 2013, lors d'un long discours à propos du programme. Des projets terroristes ont été déjoués. Ils visaient des vols internationaux, les systèmes de transports américains, des villes européennes et nos troupes en Afghanistan. Pour le dire plus simplement, ces frappes ont sauvé des vies.»

La CIA avait proposé il y a fort longtemps d'utiliser les drones Predator armés auxquels Obama faisait référence –ce qui montre bien que l'agence travaillait déjà sur le contre-terrorisme bien avant que cela ne devienne la priorité de Washington. Après avoir créé son Counterterrorist Center (centre de contre-terrorisme, plus tard renommé Counterterrorism Center) en 1986, la CIA a affecté une équipe à la seule traque d'Oussama ben Laden en 1996 et, comme le dit George Tenet, alors directeur de l'agence, a déclaré «la guerre» à al-Qaïda dès 1998. «Ce n'est pas le ministre de la Défense [qui l'a déclarée], explique Hank Crumpton, qui a eu une longue carrière à la CIA avant de devenir le coordinateur du contre-terrorisme au Département d'État. Ni le directeur du FBI, ni qui que ce soit dans la communauté du renseignement n'a endossé ce type de leadership.»

L'abondance de moyens consacrés par la CIA au contre-terrorisme a rendu son incapacité à détecter ou prévenir les attentats du 11 septembre 2001 encore plus retentissante. Suite aux attentats, le gouvernement américain a créé une commission bipartisane de dix spécialistes de Washington pour examiner les circonstances du désastre et recommander des manières de réduire les risques d'autres attentats. Dans son rapport, publié en 2004, la commission fustigeait la CIA pour ne pas être parvenue à pister deux des terroristes potentiels, Khalid al-Midhar et Nawaq Alhazmi, et pour ne pas avoir «informé le FBI du visa américain de l'un des futurs terroristes, ni du voyage aux États-Unis de son acolyte». Un autre rapport, rédigé par une commission d'enquête composée de membres du Sénat et de la Chambre des représentants, permit de découvrir que la CIA savait que les deux hommes étaient en lien avec le terrorisme international, mais qu'elle n'avait transmis l'information au FBI que quelques semaines avant les attentats. Comme le découvrit la commission, ce retard fit que le FBI fut incapable de profiter du fait que l'un de ses informateurs était en relation avec l'un des terroristes. «Les contacts de l'informateur avec les terroristes, s'ils avaient été exploités, auraient fourni au FBI de San Diego ce qui aurait sans doute été la meilleure chance de la communauté du renseignement de tuer dans l'œuf le projet 11-Septembre», concluait le rapport de la commission.

La CIA s'est aussi trompée en beauté à propos de l'arsenal supposé d’armes de destruction massive de Saddam Hussein, une erreur cataclysmique qui a ouvert la voie à la guerre en Irak et a entaché la réputation de l'agence de manière indélébile. Plus récemment, on l'a accusée de n'avoir su totalement prévoir la montée de l'État islamique ou les projets russes d'invasion et d'annexion de la Crimée. Obama lui-même a semblé adresser des reproches à la CIA et aux autres agences de renseignement quand, fin 2014, il a dit que la communauté du renseignement avait, de manière collective, «sous-estimé» à quel point le chaos syrien entraînerait l'émergence de l'État islamique. La CIA et ses défenseurs insistent sur le fait que l'agence avait envoyé très tôt des avertissements tant sur les islamistes que sur Vladimir Poutine, avertissements que la Maison Blanche avait ignorés.

«Les mêmes personnes que celles avec qui elles allaient à la fac»

Grâce à plusieurs avantages bureaucratiques, la CIA a réussi à avoir un temps d'avance sur ses détracteurs et ses rivaux de la communauté du renseignement. Le DNI, position qu'occupait Blair lors de sa vaine bataille contre l'agence, n'a pas l'autorité nécessaire pour recruter ou renvoyer un directeur de la CIA; c'est une prérogative qui revient au Président. Par conséquent, les différents directeurs qui se sont succédé à la tête de la CIA ont été en relation plus directe avec ce dernier qu'avec leur propre supérieur hiérarchique, ce qui a souvent permis aux chefs de l'agence de court-circuiter le DNI en toute impunité. Et si le poste de DNI existe depuis à peine une décennie, la tradition qu'a la CIA d'entretenir des liens étroits avec la Maison Blanche et d'autres représentants du pouvoir à Washington remonte à ses origines.

En effet, si l'agence a depuis longtemps accès à d'autres centres d'influence à Washington, c'est parce qu'une grande partie de son personnel a été façonnée pour adhérer à la «structure politique américaine tendance Ivy League», à en croire un ancien analyste de la Defense Intelligence Agency (DIA), l'une des agences rivales de la CIA dans la vaste sphère du renseignement aux États-Unis. Pour les représentants de la Maison Blanche aussi bien que pour les députés les plus influents, «les personnes à la tête de la CIA ont toujours été du même type que celles avec qui elles allaient à la fac», a en croire ce spécialiste, qui tient à rester anonyme. De l'époque Eisenhower, où l'agence était dirigée par Allen Dulles (un ancien de Princeton), en passant par celle de Ford, durant laquelle la CIA avait à sa tête le futur président George H.W. Bush, un ancien de Yale, pour finir par celle d'Obama et de David Petraeus (un autre ancien de Princeton), le carnet d'adresses hérité de l’Ivy League est un atout de poids pour les cadres de la CIA.

Avec Obama, un record d'intimité a même été battu: John Brennan, le directeur actuel de la CIA, était l'un de ses principaux conseillers sur le renseignement et le contre-terrorisme durant la campagne présidentielle de 2008 et il a travaillé à la Maison-Blanche pas moins de quatre années en tant qu'assistant du Président pour les questions de sécurité intérieure et de contre-terrorisme. «Personne, dans le monde américain du renseignement, n'a jamais eu le type d'accès ou de soutien politique dont Brennan peut bénéficier», déclare l'ancien analyste de la DIA. «Maintenant, est-ce que ça va continuer comme ça? Le prochain directeur jouira-t-il du même soutien? Sans doute pas, mais il est certain que c'est le cas de Brennan.»

Lorsque Brennan a été nommé à la tête de l'agence en 2013, Obama avait entamé son second mandat et il avait compris l'importance de la CIA. John McLaughlin, qui avait été sous-directeur de l'agence avant de devenir son directeur attitré en 2004, y a passé des décennies et a travaillé pour des présidents des deux camps. Il nous affirme qu'Obama, comme de nombreux autres présidents américains avant lui, avait peu conscience de ce que fait, ou de ce que peut faire, la CIA avant d'entrer en fonction:

«Je ne pense pas qu'il ait abordé son mandat en étant hostile à la CIA, mais je pense qu'il est arrivé en s'intéressant avant tout aux affaires intérieures et qu'il a découvert par la suite que la politique extérieure allait prendre dans son mandat une place plus importante qu'il ne l'aurait pensé. C'est à ce moment qu'il a réalisé que la CIA faisait partie de sa boîte à outils et qu'il avait tout intérêt à l'utiliser.»

C'est sans doute le plus gros avantage de la CIA: elle n'a, concrètement, de comptes à rendre à personne si ce n'est au président des États-Unis. Le DIA, en charge de la collecte et de l'analyse du renseignement militaire, travaille pour le Pentagone; le FBI, qui joue un rôle clé en matière de contre-espionnage et d'antiterrorisme, dépend du ministère de la Justice; et le Bureau of Intelligence and Research, en charge de s'assurer que les services de renseignement soutiennent la diplomatie américaine, répond du Département d'État. Même la célèbre NSA, qui constitue, de loin, la partie la plus importante et la mieux financée de la communauté du renseignement aux États-Unis fait, techniquement, partie du Pentagone. Ce n'est pas le cas de la CIA. D'après Hank Crumpton, l'ancien de la CIA, il en résulte «une autorité sans précédent pour les missions secrètes… dans une guerre secrète».

Dure bataille

La CIA a dû batailler dur pour conserver ce pouvoir, même si cela a parfois impliqué de s'opposer à d'autres membres de la communauté du renseignement.

Au printemps 2012, la DIA a dévoilé un projet ambitieux visant à étendre son petit contingent d'espions, baptisé Defense Clandestine Service (DCS). Le lieutenant général Michael Flynn, qui prit la direction de la DIA en été de la même année, fit du projet une priorité absolue. En particulier, il souligna l'importance qu'il y avait à augmenter le nombre d'officiers déployés dans les zones de guerre actuelles ou potentielles afin de collecter des renseignements sur les priorités défensives, comme, par exemple, savoir quelles bases aériennes l'armée américaine pourrait utiliser en cas de crise.

L'idée fut contestée dès le départ, certains représentants de la CIA allant jusqu'à travailler activement au blocage de ce qu'ils voyaient comme un rival potentiel au National Clandestine Service (NCS) de l’agence. Anciennement baptisé Directorate of Operations (un nom que Brennan est en train de ressusciter), le NCS est le bras de la CIA consacré au renseignement humain; il vise à dérober des secrets d'importance stratégique aux organisations et gouvernements étrangers. C'est le cœur de métier de la CIA, la base de sa réputation auprès du public. Aussi, l'agence voit d'un mauvais œil toute tentative du Pentagone pouvant s'apparenter à de la concurrence. «La CIA est très chatouilleuse là-dessus, déclare Joseph DeTrani, un officier retraité de l'agence, qui a jadis officié en tant que consultant senior auprès du DNI. Le côté humain de la chose, c'est leur avantage par rapport aux autres.»

Les porte-parole de la CIA nient que l'agence ait essayé d'empêcher la création du nouveau service d'espionnage du Pentagone. Au contraire, d'après eux, la CIA y avait vu une chance de pouvoir répartir la collecte et l'analyse des flux bruts de renseignements sur les ennemis des États-Unis. Pourtant, plusieurs représentants du département d'État, retraités ou encore en poste, affirment que plusieurs membres de la CIA se sont farouchement opposés à la création du DCS, craignant un possible double emploi entre les deux agences. Flynn dut faire face à une importante opposition au sein de sa propre agence mais «il avait encore plus de détracteurs et d'ennemis en dehors, notamment dans l'autre agence à trois lettres, qui ne pensaient pas que la DIA ait besoin de voir augmenter ses prérogatives en la matière, d'après un employé du ministère de la Défense travaillant en lien étroit avec la DIA. Il y avait constamment des frictions.»

Dans cette bataille rangée, l'une des armes les plus efficaces était le contrôle de la CIA sur d'autres organes moins connus de la bureaucratie gouvernementale. Le projet de Flynn d'envoyer des espions supplémentaires à l'étranger aurait dû être suivi d'une augmentation de postes dans les ambassades américaines, où le DCS aurait pu placer ses agents sous couverture. Le Département d'État impose des limites strictes sur le nombre de ces postes diplomatiques et la CIA a la mainmise sur les postes déjà existants. Bien que ni le Département d'État, ni Langley n'aient officiellement rejeté la demande de la DIA, la lenteur de leur réponse fut un «important élément limitatif», déclare un ancien fonctionnaire du Département d'État.

Ce genre d'affrontements n'a rien de nouveau entre les deux agences, bien que la CIA ait souvent l'avantage en raison du grand nombre de ses anciens placés aux positions clés du gouvernement américain. Deux anciens directeurs de l’agence, Robert Gates et Leon Panetta, sont devenus secrétaires de la Défense après avoir quitté sa tête. Michael Vickers, autre ancien de l'agence qui aurait joué un rôle clé dans les missions secrètes de la CIA en Afghanistan dans les années 1980, a été assistant secrétaire à la Défense pour les opérations spéciales et les conflits de basse intensité de 2007 à 2011, avant d'être nommé sous-secrétaire d'État au renseignement, numéro trois du Pentagone, un poste qui lui donne autorité sur toutes les agences et tous les programmes de renseignements du Pentagone. (Vickers est parti à la retraite fin avril.) L'adjoint civil de Flynn à la DIA, David Shedd, était aussi un ancien de la CIA, tout comme son successeur, Doug Wise.

Michael Flynn partit brusquement à la retraite en août 2014. Moins de six mois plus tard, Vincent Stewart, lieutenant général des Marines, prenait les rênes de la DIA. En mars de la même année, Stewart briefait un groupe d'anciens membres de la communauté du renseignement sur les principales priorités de son mandat de directeur: «regagner» le Congrès, façonner de futurs leaders et améliorer la qualité générale du personnel de la DIA. Il ne parla pas du Defense Clandestine Service.

«De graves craintes au sujet de la CIA»

Par une journée étonnamment belle et chaude de mars 2014, la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, alors présidente du Senate Intelligence Committee (Commission sénatoriale dédiée à la surveillance de la communauté du renseignement), s'est avancée sur une estrade en bois dans le bâtiment du Sénat, a jeté un œil à ses notes et s'est mise à proférer une série d'accusations incroyables contre la CIA. L'agence de renseignement, a-t-elle affirmé, avait violé la loi en fouillant les ordinateurs d'employés du Sénat participant depuis plusieurs années à une enquête sur la détention et les tortures subies par des personnes soupçonnées de terrorisme durant le mandat de Bush Jr.

Dianne Feinstein, le 11 mars 2014. REUTERS/Jonathan Ernst

Dianne Feinstein, le 11 mars 2014.
REUTERS/Jonathan Ernst

«J'ai de graves craintes au sujet de la CIA, qui pourrait avoir enfreint les principes de séparation des pouvoirs inscrits dans la Constitution des États-Unis d'Amérique, a-t-elle lancé. Cela pourrait avoir porté atteinte au cadre constitutionnel essentiel à une bonne surveillance par le Congrès des activités de renseignement ou de toute autre tâche gouvernementale.»

D'autres démocrates influents ont porté des accusations similaires –Patrick Leahy, sénateur du Vermont, alors président du Comité judiciaire du Sénat, a dit que ces allégations avaient de «sérieuses implications constitutionnelles»– mais ce sont celles de Feinstein qui ont fait le plus de bruit, que ce soit à l'extérieur ou au sein même de la CIA, car la sénatrice a longtemps été considérée comme l'un des plus farouches soutiens de la communauté du renseignement. En 2013, lorsque les premières révélations de Snowden ont été publiées dans les médias, elle avait écrit une tribune dans USA Today affirmant que l'immense collecte d'informations de la NSA faite lors d'écoutes téléphoniques de centaines de millions d'Américains lambda était à la fois «légale» et «un moyen efficace d'empêcher des complots terroristes contre les États-Unis et leurs alliés». Feinstein a aussi vigoureusement soutenu l'utilisation de drones par la CIA pour tuer des personnes suspectées de terrorisme (y compris certaines de nationalité américaine), sans aucune forme de procès ni aucune information sur les activités présumées qui les avaient mises dans le collimateur de l'agence.

La raison de ce revirement est digne d'un scénario de film d'espionnage et résulte d'une suite d'évènements ayant mis à mal une relation de plus de quarante ans entre la CIA et ses «contrôleurs» de Capitol Hill. En 2009, les enquêteurs du Sénat se sont lancés dans une enquête de plus de cinq ans dont est sorti un rapport de 6.000 pages sur les politiques de détention et d'interrogation de l'ère Bush, avec notamment des techniques barbares comme le waterboarding, qu'Obama lui-même a clairement qualifié de torture. Pour mener ces investigations, les enquêteurs devaient utiliser des ordinateurs fournis par la CIA, dans un local de l'agence, dans le nord de la Virginie. Dans son discours-fleuve, Feinstein a accusé la CIA d'avoir illégalement fouillé les ordinateurs des employés qui examinaient les millions de documents hautement confidentiels. Elle a soutenu que ces agissements constituaient une violation potentielle du quatrième amendement de la Constitution –qui protège contre «les enquêtes et les saisies indues»–, du Computer Fraud and Abuse Act (loi sur les fraudes et infractions dans le domaine informatique), une loi de 1986 qui fait de l'intrusion dans les ordinateurs du gouvernement sans autorisation un crime fédéral, ainsi que du décret présidentiel 12333, qui interdit à la CIA de mener des missions de surveillance intérieure.

Les représentants de l'agence, pour leur part, lancèrent aussi plusieurs accusations étonnantes. Ils reprochèrent en effet aux enquêteurs du Sénat d'avoir retiré illégalement plusieurs documents classés qui n'entraient pas dans le champ de l'enquête initiale du Congrès et qui étaient protégés par le «privilège de l'exécutif» (executive privilege). La CIA transmit ces allégations au département de la Justice et le FBI ouvrit une enquête sur les activités des enquêteurs. Pour Brennan, les allégations de Feinstein étaient «mensongères»et «totalement infondées». Feinstein demanda au département de la Justice d'ouvrir une enquête pour savoir si la CIA avait ou non enfreint la loi. En juillet 2014, Brennan finit par admettre que, comme Feinstein l'avait dit, son personnel s'était en effet introduit dans les ordinateurs des enquêteurs sénatoriaux.

Mais le véritable feu d'artifice eut lieu lorsque la Maison Blanche fit une dernière tentative pour limiter l'impact du futur rapport sur les tortures. Montrant clairement sa volonté de défendre l'agence, Obama demanda à Denis McDonough, son chef de cabinet, de prendre l'avion jusqu'à San Francisco afin de prier personnellement Feinstein d'amender d'importantes parties de son rapport. Elle consentit à faire quelques modifications de dernière minute pour faire plaisir à la Maison-Blanche, mais refusa ses autres demandes et fit publier le résumé non confidentiel de son rapport début décembre. Les agissements que les enquêteurs du Sénat avaient découverts étaient, selon elle, «une tache sur les valeurs [des États-Unis] et sur [leur] histoire».

Avalance de détails horribles

Page après page, dans une avalanche de détails particulièrement horribles, le rapport accusait la CIA d'avoir torturé des prisonniers et d'avoir systématiquement trompé le gouvernement Bush, le Congrès et le public à propos de la valeur des renseignements obtenus suite à ces brutalités (les agents menaçaient, entre autres, de violer et de tuer les mères des détenus et procédèrent de force à une «alimentation rectale» sur certains prisonniers). Dans une des sections, le rapport expliquait comment, entre fin 2002 et début 2003, un agent de la CIA qui interrogeait Abd al-Rahim al-Nashiri, un détenu suspecté d'appartenir à al-Qaïda, l'avait menacé avec une perceuse électrique. Dans une autre partie, le rapport arrivait à la conclusion que la CIA avait menti en 2011 lorsqu'elle avait affirmé que les violents interrogatoires des prisonniers d'al-Qaïda avaient permis d'obtenir des informations qui lui avaient permis de retrouver et de tuer ben Laden. En effet, le rapport indiquait que les renseignements avaient été obtenus avant même que les prisonniers soient torturés. Dans les jours qui suivirent la publication du rapport, la CIA convoqua les journalistes à Langley pour une très rare conférence de presse avec Brennan.

Le directeur de la CIA fit quelques concessions. Il désavoua le système de l'après 11-Septembre, qui permettait de détenir et d'interroger sans pitié toute personne suspectée de terrorisme. Il affirma même que certaines méthodes d'interrogatoire étaient «odieuses». Néanmoins, il irrita de nombreux élus démocrates en refusant de reprendre la terminologie d'Obama et d'admettre que l'agence avait utilisé la «torture». Il déclara également qu'il n'existait aucune loi interdisant de manière explicite ce que le personnel de l'agence avait fait aux personnes sous leur garde, ce qui signifiait qu'un futur Président pourrait de nouveau ordonner de procéder à des brutalités sur des détenus si il ou elle le décidait.

Ces commentaires déclenchèrent la colère de Feinstein, qui se tourna vers Twitter –alors que Brennan était encore en train de parler– pour contester en temps réel chaque point de son discours. «Le futur président pourrait inverser l'ordre de l'exécutif, réintroduire le programme [de techniques d'interrogatoire renforcé]. Un dispositif législatif est nécessaire», écrivit-elle dans un tweet.

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Moins de trois semaines plus tard, Feinstein envoya une lettre à Obama en précisant son intention de présenter un dispositif législatif qui pourrait, pour reprendre ses mots, «combler toutes les failles sur l'usage de la torture» en interdisant à la CIA les longues détentions de prisonniers et en empêchant le personnel de l'agence d'utiliser des méthodes d'interrogatoire non incluses dans le manuel des armées. L'utilisation de techniques d'interrogatoire sauvages comme le waterboarding serait considérée comme une violation de la loi américaine et non plus comme un outil que le Président pourrait simplement autoriser par décret.

Le fait que Feinstein ressente le besoin de rédiger un tel dispositif (voté par le Sénat en juin,mais pas encore par la Chambre des représentants) est un autre signe qui prouve qu'Obama est prêt à accepter les abus commis par la CIA durant l'ère Bush, alors qu'il avait promis d'y mettre un terme en prenant ses fonctions. Brennan, par ailleurs, reste en poste. «[Obama] est le seul à pouvoir me demander de rester ou de partir», a-t-il déclaré en mars 2014. Pour tout dire, le chef de la CIA a endossé un rôle encore plus public en incarnant les tentatives du gouvernement de vendre ses négociations controversées sur le nucléaire avec l'Iran à des législateurs sceptiques et de se défendre contre les critiques qui affirment que le gouvernement ne possède pas de stratégie pour battre l'État islamique.

Feinstein a perdu son poste à la tête de la Commission sénatoriale dédiée à la surveillance de la communauté du renseignement lorsque les Républicains ont remporté les élections de mi-mandat, en 2014, et gagné la majorité au Sénat. Le nouveau directeur de la commission, le Républicain de Caroline du Nord Richard Burr, a affirmé que la CIA n'avait pas été, ces dernières années, l'objet d'une attention publique trop faible, mais plutôt trop importante. «Je ne crois personnellement pas que ce qui se passe dans la Commission sur le renseignement doive jamais faire l'objet de débats publics», a-t-il soutenu devant des journalistes en 2014. Il a déjà mis sa déclaration en pratique: l'une de ses premières décisions, une fois à la tête de la Commission, a été d'écrire à Barack Obama une lettre lui demandant à ce que tous les exemplaires du rapport complet sur les tortures que Feinstein avait envoyé aux diverses agences de l'organe exécutif soient «immédiatement renvoyés». Des experts du privé pensent que Burr agit à la demande de la CIA, qui voudrait s'assurer que les rapports ne seront jamais rendus publics dans le cadre du Freedom of Information Act. Une preuve de plus, pour reprendre les mots d'Obama, que la CIA obtient tout ce qu'elle veut.