samedi 16 juillet 2016

Attentat à Nice : quand Cazeneuve contredit Valls en direct à la télé

Attentat à Nice : quand Cazeneuve contredit Valls en direct à la télé

Update 16.07.2016 : ENCADRE - La réserve opérationnelle sollicitée après l'attentat à Nice (Boursorama) via Contributeur anonyme

Sur TF1, le ministre de l'Intérieur a refusé d'accréditer ce vendredi soir la thèse développée quelques minutes plus tôt par son supérieur hiérarchique, qui a expliqué sur France 2 que le terroriste de Nice était "sans doute lié à l'islam radical". Pour Bernard Cazeneuve, il est trop tôt pour le dire.

C'est une belle boulette de communication gouvernementale. Ce vendredi soir, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, l'un Premier ministre, l'autre ministre de l'Intérieur, ont donné des informations contradictoires sur les motivations probables du terroriste Mohamed Lahouaiej Bouhlel qui a tué 84 personnes jeudi soir, à Nice

LIRE AUSSI >> Suivez en direct les dernières informations liées à l'attentat à Nice 

Des avis divergents

Manuel Valls est le premier a être interrogé sur France 2. Le chef du gouvernement répond à Laurent Delahousse qui l'interroge sur les motivations du terroriste. Face caméra, il se montre alors assez affirmatif : oui, le chauffeur du camion qui a tué 84 personnes doit être considéré comme "un terroriste". Il va ensuite plus loin et explique que c'est un terroriste "sans doute lié à l'islam radical, d'une manière ou d'une autre [...] Le procureur de la République s'est exprimé très clairement. Nous verrons quelles sont les complicités et les liens avec les organisations terroristes". Voilà qui est clair.  

Sauf que. Quelques minutes plus tard, interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur donne une version légèrement différente. Questionné sur les liens potentiels entre le terroriste et l'islam radical, Bernard Cazeneuve fait preuve d'une grande prudence et refuse d'accréditer cette hypothèse. "Pas en l'état des informations", explique-t-il. "Nous avons un individu qui n'était pas du tout connu des services de renseignement pour des activités liées à l'islamisme radical, ajoute-t-il. Il n'est pas fiché S, il n'est pas au FSPRT, qui est le fichier qui rassemble tous ceux que nous suivons, il ne s'est pas fait connaître pour des activités liées à l'islam radical". 

En l'espace de quelques minutes, Manuel Valls s'est donc fait contredire en direct à la télé par son ministre de l'Intérieur. 

Source : l'Express.fr

Informations complémentaires :

 

[11 Septembre] Les 28 pages ont été déclassifiées !

[11 Septembre] Les 28 pages ont été déclassifiées !

Nous avons longuement parlé en avril des 28 pages classifiées du Rapport sur le 11 Septembre de 2002 de la Commission du Renseignement du Congrès, qui pointaient le rôle de l’Arabie Saoudite dans l’aide à certains pirates – voir les vidéos ici et la série totale ici.

La presse américaine avait alors eu la dent très dure contre les Saoudiens :

saudiens-119-1

Eh bien le gouvernement a déclassifié ce jour (presque totalement) les 28 pages ! 🙂

Le gouvernement a poursuivi sa stratégie depuis 3 mois, à savoir tenter de dé-crédibiliser au maximum les éléments du rapport, généralement en jouant sur les mots.

Le porte-parole de la Maison Blanche (qu’on a vu mentir comme un arracheur de dents sur ce sujet dans nos vidéos) a indiqué :

"This information does not change the assessment of the US government that there's no evidence that the Saudi government or senior Saudi individuals funded al-Qaida," said Josh Earnest, the White House press secretary.

Idem pour les deux sénateurs chiens de garde des services de renseignement (qui ont poussé à adopter les lois liberticides récentes) :

28pages-2

Dans un petit bijou de prose mainstream, The Guardian rapporte :

Later investigations found no evidence that the Saudi government or senior Saudi officials knowingly backed the 19 hijackers, 15 of whom were from Saudi Arabia. […]

Meanwhile Tom Kean and Lee Hamilton, who were chairman and vice-chairman of the 9/11 commission, emphasised that the 28 pages had been written before they started their investigation. "The 9/11 Commission was created, in part, to finish the work the congressional panel had begun," they said in a joint statement.

The 28 pages from 2002 were "based almost entirely on raw, unvetted material that had come to the FBI", they added. "That material was then written up in FBI files as possible leads for further investigation. As of June 2003 none of these leads had been checked out. The documents are therefore comparable to preliminary law enforcement notes, which are generally covered by grand jury secrecy rules."

Kean and Hamilton also noted that last year the 9/11 review commission reviewed the Saudi-related leads in the 28 pages and concluded that, despite the fact that two FBI teams continue to actively investigate the issue, "there was no new evidence against the Saudi government".

La BBC déminant de même :

28pages-3

Tout comme Le Monde :
28-pages-monde

Le Directeur du Renseignement indique pour cette publication :

In that regard, Congress subsequently established the bipartisan 9/11 Commission. The 9/11 Commission built on existing investigations and information, including that of the Joint Inquiry, but had greater access to senior officials and classified information.   Its final report concluded that it "found no evidence that the Saudi government as an institution or senior Saudi officials individually funded [al Qaeda]." Similarly, in 2013, Congress directed the FBI to establish the 9/11 Review Commission to further assess any available evidence; that Review Commission concluded that there was no new evidence that "would change the 9/11 Commission's findings regarding responsibility for the 9/11 attacks."

Donc, quand on lit vite la presse, on comprend que, finalement, la gentille Arabie saoudite serait blanche comme neige, quoi…

Mais en étant plus attentif, on comprend bien qu’on joue donc sur les mots “gouvernement saoudien”, et que tout ceci n’exclut nullement des “associations de charité”, la famille du roi, des individus agissant pour leur compte, ou des officiels de rang inférieur…

Car il est quand même amusant de voir la presse nous expliquer qu’il ne faut pas tenir compte du Rapport sur le 11 Septembre de la Commission du Renseignement du Congrès, qui ne sont pas des plaisantins écrivant n’importe quoi, surtout sur un tel sujet. Ce qui n’empêche pas de rester prudent à tous les niveaux…. (Lire ici l’avertissement du site dédié 28 pages)

Alors en attendant, voici donc ENFIN ces 28 pages :

Voici des extraits intéressants :

28pages-7

28pages-8

28pages-9

28pages-10

28pages-11

28pages-12

28pages-13

28pages-14

28pages-15

28pages-16

28pages-17

28pages-18

Encore mieux, payé par l’ambassadeur d’Arabie  :

28pages-19

28pages-20

28pages-21

28pages-23

28pages-24

Très important :

28pages-25

28pages-26

28pages-27

Contraire aux intérêts nationaux, heum ???

28pages-28

28pages-29

Un commentaire en anglais :

The 28 pages of declassified intelligence documents analyzed by the 9/11 Commission and released Friday revealed several interesting tidbits about what FBI and CIA officials uncovered in their investigation of the intelligence failures surrounding the terror attacks. Much of the information involvedSaudi Arabia, its diplomats and its financial support of Islamic groups and causes.

1. California-based Saudis aided two 9/11 hijackers. Omar al-Bayoumi and Osama Bassan gave money and other help to two of the hijackers,Khalid al-Midhar and Nawaf al-Hazmi when they arrived in San Diego in February 2000, FBI officials told the 9/11 commission. “There are indications in the files that his encounter with the hijackers may not have been accidental,” the FBI reported.

2. A Los Angeles-area mosque was a “site of extremist-related activity.” The King Fahad Mosque in Culver City, Calif., received substantial amounts of money from “Saudi Arabia’s Crown Prince Abdulaziz,” FBI documents show. “The mosque is reportedly attended by members of the Saudi Consulate in Los Angeles and is widely recognized for its anti-Western views,” the FBI reported. The FBI identified Shaykh al-Thumairy as one of the imams at the mosque who “may have been in contact” with al-Midhar and al-Hazmi.

3. Ties to the Saudi ambassador.

A telephone number found in the phone book of Abu Zubaydah, a 9/11 plotter captured in Pakistan in March 2002 belonged to a Colorado-based company that managed the “affairs of the Colorado residence of the Saudi Ambassador” Prince Bandar bin-Sultan. according to FBI documents. The longtime Saudi ambassador to the United States, Bandar had especially close ties to the family of PresidentsGeorge H.W. and George W. Bush.

4. Evading U.S. authorities. An unnamed Saudi who was on a State Department watch list slipped into the United States without the notice of the Customs and Immigration and Naturalization services because he traveled here with another Saudi royal, Prince Khalidal-Bandar, the FBI reported. “The FBI only learned of the trip after the fact,” the documents showed.

5. Saudis didn’t cooperate on bin Laden. Saudi officials were uncooperative in U.S. attempts to learn more about Osama bin Laden, CIA documents show. The former chief of the CIA’s anti-bin Laden unit, known as Alec Station, “thought that theU.S. Government’s hope of eventually obtaining Saudi cooperation on this matter was contrary to Saudi national interests,” the documents show.

Pour déminer encore plus ces informations explosives, le Directeur du Renseignement a aussi spontanément déclassifié ce résumé d’un rapport conjoint de 2005 de la CIA et du FBI – sans déclassifier le rapport (petit malin, va…)

On peut dire que c’est une bonne vision des faits après 4 ans d’enquête – et on apprend :

28pages-4

  1. qu’ il n’y a pas de preuve d’implication du gouvernement saoudien ou de la famille royale, certes…
  2. MAIS qu’il y a des preuves de la participation d’entités officielles saoudiennes et d’ONG saoudiennes, et que le gouvernement saoudien a été infiltré et exploité par des individus associés ou sympathisants d’al-Qaïda !!! 

C’est on ne peut plus clair, et vous jugerez donc le “pas de lien avec des officiels Saoudiens” heum…
28-pages-monde

On croit rêver…

Je reprends un extrait de cet article du New York Post d’avril 2016 :

Un enquêteur qui travaillait avec la Joint Terrorism Task Forces de Washington s’est plaint qu’au lieu d’enquêter sur Bandar, le gouvernement américain l’a protégélittéralement. Il dit que le département d’État a assigné un détachement de sécurité pour protéger Bandar pas seulement à l’ambassade, mais aussi à sa résidence à McLean, en Virginie.

La source a ajouté que l’équipe opérationnelle voulait incarcérer un certain nombre d’employés de l’Ambassade, “mais l’ambassade s’est plainte auprès du Procureur” et leurs visas diplomatiques ont été révoqués à titre de compromis.

L’ancien agent du FBI John Guandolo, qui a travaillé sur les affaires liées au 11 Septembre et à al-Qaïda pour le bureau de Washington, affirme que Bandar aurait dû être un suspect clé dans l’enquête sur le 11-Septembre.

L’ambassadeur saoudien a financé deux des pirates de l’air du 11 Septembre via une tierce personne,” a affirmé Guandolo. “Il devrait être traité comme un suspect terroriste, tout comme les autres membres de l’élite saoudienne que le gouvernement américain connaît comme finançant actuellement le djihad mondial.”

Mais Bandar a la haute main sur le FBI.

Après sa rencontre avec le président Bush à la Maison-Blanche le 13 septembre 2001, où les deux vieux amis de famille ont partagé des cigares sur le balcon Truman, le FBI a effacé de la liste des terroristes à surveiller des dizaines d’officiels saoudiens de différentes villes, y compris au moins un membre de la famille d’Oussama ben Laden. Au lieu d’enquêter sur les Saoudiens, les agents du FBI ont servi d’escorte de sécurité pour eux, même si à cette période on savait déjà que 15 des 19 pirates de l’air étaient des citoyens saoudiens.

a772_bandar_bush_cheney_2050081722-8697

« Le 13 septembre 2001, le Prince Bandar est reçu sur le balcon Truman de la Maison-Blanche par George W. Bush, Dick Cheney et Condoleezza Rice – probablement pour aider des Saoudiens à fuir les États-Unis… »

Le FBI a été empêché par la Maison-Blanche d’auditionner les Saoudiens que nous voulions entendre,” dit l’ancien agent du FBI Mark Rossini, qui a participé à l’enquête sur al-Qaïda et les pirates de l’air. La Maison-Blanche “les a tirés d’affaire”.

De plus, Rossini déclare qu’il a été dit au bureau qu’aucune citation à comparaître ne pouvait être utilisée pour produire des preuves liant au 11 Septembre les Saoudiens suspects sur le départ. Le FBI a dès lors gelé les enquêtes locales qui conduisaient aux Saoudiens.

Le FBI s’est bouché les oreilles à chaque fois que nous mentionnions les Saoudiens,” affirmait Roger Kelly, ancien lieutenant de police du comté de Fairfax. “C’était trop politique pour y toucher.”

Kelly, qui a dirigé le Centre de renseignement régional, ajoutait : “Vous pouviez enquêter sur les Saoudiens, mais les Saoudiens étaient ‘hors de portée’.”

Réaction de l’écrivain et enseignant Nassim Nicholas Taleb par exemple :

28pages-1

“Mon impression en lisant les 28 pages est que si l’info avait été publique, il y aurait eu des appels à envahir la Barbarie Saoudite plutôt que l’Irak…”

Et c’est fascinant de penser en effet que Bush a pu classifier seul ceci pour manipuler tranquillement l’opinion, qui n’aurait pas compris qu’on attaque l’Irak alors que tant de questions restaient en suspens sur l’Arabie… D’où une guerre. d’où Daech, etc.

Réaction enfin du Sénateur Bob Graham, ancien Président de la Commission du Renseignement du Sénat et donc co-rédacteur du rapport, qui s’est battu depuis 13 pour cette publication :

28pages-5

(cliquez pour agrandir)

Qu’il résume ici :

28pages-6

“Le 11 Septembre ne serait pas arrivé sans l’aide de Saoudiens…”

ATTENTION : il ne faut pas conclure comme les conspirationnistes que cela veut forcément dire que le Gouvernement d’Arabie Saoudite a tout organisé, voire même avec la complicité du gouvernement américain ! Bien d’autres explications sont possibles, plus probables. Par exemple que certains pirates avaient des liens avec les services de renseignement saoudiens, mais que c’était par exemple en réalité des agents doubles d’al-Qaïda – grand classique de l’espionnage… Et que le gouvernement américains était aux mains de rigolos gravement incompétents…

Mais disons donc pour conclure que tout ceci mérite une vraie enquête publique indépendante…

À suivre…

Tentative avortée de coup d’état en Turquie…

Tentative avortée de coup d'état en Turquie…

Tentative de coup d’état en cours en Turquie, donc nous allons voir (ça a l’air amateur…). Je vous laisse suivre ça sur le web… (à priori, il a échoué)

Mais bon, je critiquais le gouvernement ce matin, mais je reconnais que la lutte anti-terroriste a finalement vite progressé… 😉

Dernières nouvelles :

Turquie: une tentative de coup d’État en cours

L’armée est déployée à Ankara et Istanbul, une tentative de coup d’état militaire est en cours en Turquie. Le Premier ministre parle d’une “tentative illégale”, les militaires putschistes assurent que les relations diplomatiques seront maintenues. 

Des rumeurs bruissaient sur ceci depuis 4 mois. Je poste par exemple ces articles de l’excellent blog Chronique du Grand jeu.

27/03 : Ciao, Erdogan ?

Il y a deux jours, nous évoquions, à propos du Grand jeu énergétique, la possible mise à l’écart d’Erdogan suite à un coup d’Etat :

Il semble hors de question pour Moscou de renouer avec Erdogan. Si la Turquie est choisie, cela signifie que le sultan a été “écarté” et que la matérialisation du projet se fera au moment d’un “changement de garde” à Ankara. Or, certains bruits commencent à courir selon lesquels un accord pourrait avoir été passé entre les Russes et l’état-major turc pour se débarrasser d’Erdogan. Insistons, ce ne sont pour l’instant que des rumeurs invérifiables, mais si un reporter aussi chevronné que Pepe Escobar évoque cette possibilité, il n’y a peut-être pas de fumée sans feu. Ce qui est sûr, c’est que la politique erratique du sultan commence à exaspérer tout le monde en Turquie, y compris l’establishment politique. Changement de régime à Ankara ? A suivre…

Surprise, nous retrouvons cette idée dans une analyse de l’influent Michael Rubin de l’American Enterprise Institute. Pour mémoire, l’AEI est un important think tank néo-conservateur américain et Rubin évolua dans la sphère de l’administration Bush au début des années 2000 (directeur de département sur le Moyen-Orient au Pentagone sous Rumsfeld). Pas vraiment le genre de personne qui apporterait de l’eau au moulin de Poutine ou d’Assad…

Or, que dit-il ? Ni plus ni moins ce que nous répétons ici depuis plusieurs mois. Que la Turquie s’enfonce dans une situation catastrophique, qu’Erdogan devient incontrôlable (on notera le qualificatif de “sultan fou”) et paranoïaque (il chercherait même à installer des systèmes anti-aériens dans son nouveau palais présidentiel de peur d’un putsch des parachutistes), que la guerre civile avec les Kurdes pourrait conduire à la partition de la Turquie, que la corruption atteint des sommets et que même les amis politiques du sultan ne le comprennent plus. En un mot, pour reprendre Rubin, “sa folie conduit la Turquie au précipice” (!)

L’auteur se penche ensuite sur les conséquences éventuelles d’un coup d’Etat militaire et assure qu’il serait accepté sans trop de difficultés par les alliés occidentaux de la Turquie, la libération des opposants et des journalistes, ainsi que la reprise du dialogue avec les Kurdes, contrebalançant la mauvaise presse d’un putsch. En Turquie même, beaucoup, y compris apparemment ses alliés politiques, seraient également soulagés et n’opposeraient aucune résistance à une prise de pouvoir temporaire par l’armée. Diantre…

Quand on connaît le pouvoir d’influence de ces think tanks sur la politique américaine (les deux entretenant d’ailleurs des liens incestueux), l’on en vient à se demander s’il ne s’agit pas ici d’une sorte de feu vert officieux, un encouragement en sous-main à un coup de force de l’état-major turc contre Erdogan. Or c’est exactement ce que veut Moscou de son côté ! Chose curieuse, l’article n’évoque pas une seule seconde les Russes, alors que c’est en grande partie la rupture entre les deux pays qui a mené le sultan à cette impasse.

A moins que… Stratégiquement parlant, Moscou bénéficierait-il tant que ça d’une chute d’Erdogan et d’une réconciliation avec Ankara ? Pas sûr. Certes, cela permettrait la renaissance du Turk Stream, assurant la mainmise gazière russe sur l’Europe du sud et coupant définitivement l’herbe sous le pied des chimériques projets de gaz caspien et des moins chimériques, quoique complexes, projets iraniens. Mais, d’un autre côté, ce sont les bourdes d’Erdogan qui ont permis à Poutine, en bon judoka qu’il est, d’avancer ses pions : sanctuarisation du ciel syrien et au-delà (S-400), renforcement irréversible des bases russes de Tartous et Hmeimim, attachement des Kurdes syriens “volés” aux Américains…

Une pacification des relations avec la Turquie placerait la Russie quelque peu en porte-à-faux avec ces gains stratégiques majeurs. Et c’est peut-être justement la raison pour laquelle certains, à Washington, commencent à envisager ouvertement un coup d’Etat en Turquie : renverser Erdogan avant que les Russes n’en profitent trop ?

Tout cela est passionnant et mérite d’être suivi avec la plus grande attention…  (Source)

01/04 : Erdogollum dans l’oeil du cyclone

Les fidèles lecteurs de ce blog auront été parmi les premiers informés de ce qui est peut-être en train de se tramer à Ankara. Ce que nous disions il y a cinq jours est en effet suffisamment sérieux pour que l’armée turque émette un inhabituel communiqué, démentant toute velléité de coup d'État contre Erdogan. Prise de position sincère ou tentative d’endormir la méfiance sultanesque ? Il est pour l’instant impossible de le savoir. Mais le fait même que cela soit publiquement évoqué et que l’état-major en vienne à prendre position montre que le sultan se rapproche dangereusement de l'œil du cyclone.

Le hasard faisant bien les choses, il est actuellement en visite à Washington, précisément au moment où le Pentagone ordonne à des centaines de familles de soldats américains présents en Turquie de quitter le pays. Là encore, il est difficile de connaître la raison exacte de cette décision : peur d’un conflit entre Turcs et Russes, crainte que la Turquie ne s’enfonce dans la guerre civile, possibilité que Daech passe massivement la frontière syro-turque après l’offensive du 4+1 ? Tout est possible…

A Washington, le sultan a d’abord été victime d’un camouflet de la part d’Obama qui ne prévoyait pas de le rencontrer, avant de finalement s’entretenir avec lui en marge du sommet sur la sécurité nucléaire. Mais la visite d’Erdogan a sombré dans la confusion, des heurts éclatant entre manifestants et journalistes d’une part, service de sécurité turc d’autre part. Même les médias de l’empire semblent prendre leurs distances avec l’erratique leader de la deuxième puissance militaire de l’OTAN.

Son comportement ne laisse de surprendre : il semble tout faire pour se mettre à dos ses alliés occidentaux de plus en plus distants, les seuls pourtant qui lui restent au terme de sa longue descente aux enfers. Dans la même veine, la convocation de l’ambassadeur allemand après une chanson parodique sur le Grand leader a fait s’esclaffer l’Allemagne toute entière, la grosseBertha Angela ne sachant plus où se mettre…

Le sultan cherche-t-il donc à concurrencer Kim Jong-un pour le titre de paria planétaire ? On dirait bien… (Source)

21/05 : Où l’on reparle d’un coup contre Erdogan

Depuis deux mois, des rumeurs assez insistantes font état d’un possible coup d’Etat des militaires turcs contre le sultan fou qui conduit son pays à l’abîme. Or, un nouvel article d’une revue plutôt sérieuse en remet une couche.

La situation de la Turquie empire chaque jour : si la dette publique reste raisonnable (environ 40% du PIB), la dette privée – longtemps considérée comme une bombe à retardement – explose, le tout dans un contexte d’effondrement des revenus du tourisme et de baisse continue de la monnaie. La croissance, qui était en moyenne de 4,5% ces cinquante dernières années (!) est passée à 3% depuis trois ans, la faute à un environnement politique de plus en plus incertain. Certes, cela reste mieux que l’inénarrable eurozone mais, d’après les économistes, ça risque de plonger assez vite.

Surtout, l’isolement de la Turquie sur la scène internationale devient criant. Le sultan lui-même l’admet à demi-mot : “Si je dois défier le monde entier, je le ferai”. En quelques années, il a réussi l’exploit inouï de se mettre à peu près tout le monde à dos : la Russie, l’Iran, Israël, l’Union Européenne (le chantage au terrorisme risque de laisser des traces indélébiles), et même les Etats-Unis.

Le chemin vers l’autoritarisme emprunté désormais ouvertement par Erdogan n’admettait pas un électron semi-libre comme Davutoglu. Son successeur au poste de Premier ministre est un fidèle suffisamment anonyme pour que son patron l’utilise comme paillasson dans ses rêves sultano-néo-impériaux.

L’armée voit ces affolantes évolutions avec incrédulité. Et l’on ne parle même pas ici des arrestations à la pelle de journalistes, des députés de l’opposition inculpés, de la guerre civile avec le PKK et des plans sultanesques pour envahir le nord de la Syrie. Or, l’armée semble à nouveau danser sur le bon pied. Chose intéressante, le désormais chômeur Davutoglu a rencontré les grands pontes militaires quelques jours après sa démission. louant l’armée turque et l’associant subtilement à la défense de la démocratie dans le pays. Menace voilée à l’égard du sultan ? (Source)

==========================================

Source : Le Figaro, 16/07/2016

Turquie : questions sur les auteurs du coup d’État

Alors que la tentative de coup d’État militaire se heurte à la mobilisation des partisans de Recep Tayip Erdogan, l’identité des putschistes demeure floue. Le gouvernement turc a accusé samedi la confrérie Gülen d’être impliquée.

La Turquie renoue avec ses vieux démons. Des militaires se sont emparés de points stratégiques à Istanbul et à Ankara, dans la nuit de vendredi à samedi. Un communiqué a été diffusé au nom de l’armée, annonçant que les militaires dirigent le pays.

En l’absence de leaders visibles, les auteurs du coup d’État sont l’objet de toutes les hypothèses. On est tenté de prime abord d’attribuer le putsch à des militaires partisans restés fidèles à la vision du fondateur de la République turque, Mustapha Kemal.

Historiquement, l’armée turque, dirigée par des officiers nationalistes, liés les uns aux autres par des sociétés parallèles de type maçonnique, veille à la «laïcité» du régime: le contrôle de l’islam par l’État, selon le modèle napoléonien du Concordat. Elle se considère également comme la garante de l’unité du pays.

En mai 1960, les militaires renversent le premier ministre Adnan Menderes, qui mettait en cause leur pouvoir. En 1971, l’armée conduit un bref coup d’État sans effet politique. Mais le 12 septembre 1980, le général Kenan Evren dirige un putsch qui bouleverse la Turquie: soutenue par les Etats-Unis, dans un contexte de guerre froide, l’armée turque s’empare du pouvoir. La répression s’abat sur les opposants. En trois ans, on dénombre 49 pendaisons, 650.000 gardes à vue (souvent accompagnées de torture), 30.000 Turcs exilés, plus d’un 1,5 millions d’habitants fichés par les services secrets.

Selon Bahar Kimyongür, journaliste belge d’origine turque, spécialiste de la Turquie, le souvenir de ce coup d’Etat demeure présent dans les mémoires: «le traumatisme est toujours là, toute la population en a payé le prix. Voilà pourquoi il n’y a pas d’enthousiasme pour cette tentative de putsch, et qu’aucun parti politique ne l’a soutenue, malgré leur opposition à Recep Tayip Erdogan», explique-t-il.

Après le coup d’État de 1980, les généraux contrôlent la vie politique, malgré une démocratisation progressive. Arrivé au pouvoir en 2002, Recep Tayip Erodgan cherche en priorité à réduire les prérogatives de l’armée. Le procès «Ergenekon», entre 2007 et 2009, décapite l’état-major de ses officiers kémalistes les plus fervents, accusés de fomenter un complot.

La tentative de coup d’État pourrait apparaître comme une riposte désespérée de certaines unités kémalistes, pour se venger du gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayip Erdogan. «Le nom du groupe putschiste, le Comité Paix dans la Nation, est un clin d’oeil au kémalisme», décrypte Bahar Kimyongür. «C’est la moitié de la devise de Mustapha Kemal, ”Paix dans la nation, paix dans le monde”, qui est devenue celle de la République»

Mais contrairement à 1960 et 1980, l’armée semble divisée, voire même hostile au putsch. «Ils n’ont mis personne en avant. Le chef de l’état-major, le général Hulusi Akar, a été arrêté par les putschistes, sans doute pour avoir refusé de les rejoindre. Les principaux généraux se sont démarqués de la tentative. Cela pourrait ne concerner qu’une minorité de militaires», avance Bahar Kimyongür.

Lire la suite sur : Le Figaro, 16/07/2016

==========================================

turquie-2

 

turquie-3

turquie-4

turquie-5

turquie-6

turquie-7

turquie-8

turquie-9

turquie-20

turquie-21

turquie-22

turquie-23

turquie-27

turquie-24

turquie-26

turquie-25

Important :

turquie-29

turquie-28

turquie-29

turquie-31

turquie-32

turquie-33