vendredi 15 juillet 2016

François Hollande peut-il échapper à une déroute complète ?

François Hollande peut-il échapper à une déroute complète ?

Entre une impopularité record, les bisbilles internes à son gouvernement, notamment entre Manuel Valls et Emmanuel Macron, et les révélations du Canard Enchainé sur son coiffeur de l'Elysée, François Hollande semble tellement mal parti qu'on en vient à se demander si le pire est encore à venir avec la présidentielle. Son intervention d'hier montre malgré tout qu'il va mener le combat.



Impasse, discordes et grosses ficelles

S'il en existait encore, l'intervention du 14 juillet du président de la République lève le peu d'incertitudes qui pouvaient subsister sur sa candidature l'an prochain, qui devrait être annoncée en décembre. Le choix de la date n'est pas innocent : il s'agit de ne laisser aucun répit au vainqueur de la primaire des dits Républicains. Mais avec le bilan qu'il a, les innombrables mécontents qu'il a suscité, une majorité façon puzzle, entre une aile de gauche au bord de déposer une motion de censure, une aile droite en fusion avec les provocations de la grenouille Macron et des écologistes divisés, la question ne semble plus de savoir s'il pourra atteindre le second tour, mais s'il pourra seulement terminer troisième de la présidentielle, menacé qu'il est par Jean-Luc Mélenchon, voir même quatrième, avec François Bayrou.

Les dernières semaines n'ont pas arrangé les choses, avec les conflits permanents de sa majorité, entre une aile gauche qui se dit révoltée par certaines initiatives, et les bisbilles entre le premier ministre et le ministre de l'économie aux ambitions démesurées, qui échangent des amabilités à peine voilées en public. Ce n'est plus une équipe gouvernementale, mais l'équipage d'un bateau en pleine tempête qui trouverait le moyen de passer son temps à se disputer au lieu de trouver une issue. Et cela est d'autant plus vrai que l'on ne trouve pas l'once d'une réflexion dans les propos du président de la République, qui récite un mélange de pensée dominante eurolibérale matinée du récit communiquant destiné à donner une chance au président sortant en 2017, centré sur un redressement apporté par rapport à 2012

Le candidat Hollande ne recule devant aucun argument, dénonçant l'augmentation supérieure du chômage sous Nicolas Sarkozy, ou mettant en avant la baisse des déficits, sans qu'aucun des journalistes en face de lui ne rappelle qu'il prévoyait d'atteindre les 3% de PIB en 2013, avant de repousser cet objectif à 2015, puis à 2017… Le futur candidat s'est aussi replacé légèrement à gauche en dénonçant les mesures avancées par les candidats des Républicains, tout en défendant fermement son choix de consacrer des milliards pour réduire le coût du travail pour les entreprises. Il se présente comme un président réformateur qui n'a pas reculé devant les manifestations, qui aurait redressé le pays, lui permettant de commencer à distribuer les premiers dividendes (baisse d'impôts ou hausse du point d'indice).

Il est à nouveau malheureux que les journalistes en face de lui n'aient pas souligné que sa grande force, c'est d'avoir de la chance. Il est le président sortant qui profite de vents de conjoncture bien plus porteurs, entre baisse historique des taux d'intérêts, qui génèrent d'énormes économies pour le budget, mais aussi soutien aux investissements et à la consommation et ainsi à la reprise. Il bénéficie aussi de la baisse du pétrole et l'euro. Bref, François Hollande est aussi, pour beaucoup, chanceux. Et voilà pourquoi, avec des adversaires également impopulaires et quelques aptitudes de synthèse communiquante, étonnamment, François Hollande n'a pas encore perdu les élections de 2017, même si cela peut paraître extravagant aujourd'hui, tant son discours sonne faux et préfabriqué.


Bien sûr, l'état de désolation avancée de sa majorité, mais aussi de cette « pensée » politique où toute réflexion est uniquement concentrée sur la communication, sans s'intéresser plus que superficiellement aux questions qui se posent à notre pays, plaident pour une sanction la plus dure possible en 2017. Mais on ne peut malheureusement pas exclure qu'il y gagne un second mandat.

Attaque de Nice : l'état d'urgence prolongé de trois mois...

Attaque de Nice : l'état d'urgence prolongé de trois mois...

Un camion a foncé sur des spectateurs du feu d'artifice sur la Promenade des Anglais, faisant au moins 80 morts.

• Jeudi, peu après 22h30, un camion a foncé dans la foule réunie pour le feu d’artifice du 14 Juillet sur la Promenade des Anglais, à Nice.

• Le président de la région Paca, Christian Estrosi, a fait état de 77 morts, un bilan qui n'a cessé d'augmenter au fil de la soirée et de la nuit.

• La préfecture des Alpes-Maritimes a évoqué un attentat et le parquet anti-terroriste s'est saisi de l'enquête.

• Le chauffeur du camion a été abattu par la police. Des papiers d’identité au nom d’un Franco-Tunisien ont été retrouvés dans le véhicule.

• François Hollande a annoncé la prolongation de l'état d'urgence de trois mois et fait un lien direct avec le «terrorisme islamiste», avant d'affirmer que la France allait «renforcer [ses] actions en Syrie et en Irak».

A lire aussi Attaque de Nice : ce que l'on sait

Si le direct ne s'ouvre pas dans votre application, cliquez ici.

(Photo : Des secours devant l’hôtel Negresco, sur la Promenade des Anglais / Olivier Monge / MYOP pour Libération).

Le point. Attaque de Nice : ce que l'on sait

Jeudi, peu après 22h30, un camion a foncé dans la foule réunie pour le feu d'artifice du 14 Juillet sur la Promenade des Anglais, à Nice. Le président de la région Paca, Christian Estrosi, a fait état de 77 morts. On fait le point sur les informations disponibles à ce stade.

(Photo Reuters)

L'enquête.

L'AFP rapporte ce matin, citant des sources proches des enquêteurs, que le conducteur du camion a tiré à plusieurs reprises avec un pistolet avant d'être abattu par la police. Dans le camion auraient été retrouvées une «grenade inopérante» et des «armes longues factices».

Bernard Cazeneuve : «80 morts, et 18 personnes en "urgence absolue"»

Allocution.

Le ministre de l'Intérieur s'exprime depuis Nice, et évoque (...) «80 personnes décédés, 18 en urgence absolue, et de nombreuses personnes blessées». Il ajoute : «Un dispositif d'accompagnement psychologique a été mis en place à Nice (...), ajoutant : «J'ai décidé d'envoyer 70 personnels de police judiciaire pour qu'on puisse restituer les corps aux familles (...). Concernant les mesures de sécurité, il indique : «Nous rehaussons le plan Vigipirate dans le département en alerte attentat». Enfin, un point sur l'enquête à proprement parler : «L'identification du criminel est en cours. Il conviendra d'établir s'il a bénéficié ou non de complicités. (...)».

Au QG de crise : «On avait peur que ce soit comme à Paris»

Reportage.

(De notre correspondante sur place, Mathilde Frénois). Suzy n'arrivait pas à dormir. Alors elle s'est rendue au centre de crise basé au Cum (centre universitaire méditerranéen de Nice). «Je me sens horrifiée. Pas forcément pour moi mais pour mes enfants», dit elle en s'accrochant à la rubalise. Cette Nicoise de 65 ans a passé la soirée au Queeny, un bar qui fait face à la mer, parfait pour regarder le feu du 14 juillet. «Tout d'un coup on a vu un camion blanc venu de nulle part. Et des tirs, raconte-t-elle. On a tout laissé, mes affaires et mes lunettes et on a foncé au fond du restaurant». La suite, Suzy la raconte les larmes aux yeux. «On s'est entassés à l'étage. Avec des enfants, des femmes enceinte et un blessé. J'avais peur que ça soit comme à Paris». Suzy pense aux familles «détruites» et aux «personne disparues». Si la cette Nicoise de 65 ans n'arrivera pas «à dormir de la nuit» elle ne pense qu'à une chose : «rassurer ses proches».

Allocution.

A retenir notamment de cette intervention : le Président a clairement lié l'attaque de Nice au «terrorisme islamiste».

Hollande : l'état d'urgence prolongé de trois mois

Allocution.

«C'est toute la France qui est sous la menace du terrorisme islamiste. Alors dans ces circonstances, nous devons faire la démonstration d'une vigilance absolue et d'une détermination sans faille [...] Nous devons réhausser encore notre niveau de protection. Aussi j'ai décidé, sur proposition du Premier ministre et avec les ministres concernés de la Défense comme de l'Intérieur, que nous allons maintenir à haut niveau l'opération Sentinelle, qui permet de mobiliser 10 000 militaires en plus des gendarmes et des pol.

J'ai également décidé de faire appel à la réserve opérationnelle, c'est-à-dire à tous ceux qui ont été à un moment sous les drapeaux ou dans les effectifs de la gendarmerie, pour venir soulager les effectifs de policiers et de gendarmes. Nous pourrons les déployer sur tous les lieux où nous aurons besoin d'eux et en particulier sur le contrôle des frontières.

Enfin j'ai décidé que l'état d'urgence, qui devait prendre fin le 26 juillet, serait prolongé de trois mois. Un projet de loi sera soumis au Parlement d'ici la semaine prochaine.

[...] Nous allons encore renforcer nos actions en Syrie et en Irak.»

Allocution.

«Nous ignorons s'il avait ou non des complices», poursuit le Président.

Allocution.

«L'horreur de nouveau vient de s'abattre sur la France, dit François Hollande. Nous déplorons à l'heure où je parle 77 victimes, dont plusieurs enfants.» Le Président parle d'une «attaque dont le caractère terroriste ne peut être nié».

Jean-Luc Mélenchon réagit sur son blog

Réaction.

«On aurait voulu que ce soit juste l'été et ses soirées dans la nuit douce. Juste un 14 juillet avec ses bals des pompiers et ses feux d'artifices, et aussi le bruit des choses simples. Et voilà le retour d'un de ces absurdes assassins, les cris et la mort. Maudit soit-il ! Alors on rentre en soi et laisse passer la vague d'émotion comme on a appris à le faire depuis qu'on a vécu toutes ces autres abominations». Sur son blog, le candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon a réagi après l'attaque sur la Promenade des Anglais, qui a fait au moins 77 morts.

 

Source : Libération.fr

Informations complémentaires :

 

Les premiers agriculteurs: il y avait deux groupes distincts à l'origine

Les premiers agriculteurs: il y avait deux groupes distincts à l'origine

Une récente étude, coordonnée conjointement par des paléo-généticiens de l'Université Johannes Gutenberg de Mayence, des archéozoologues du CNRS et du Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN) et des chercheurs du Musée National d'Iran, vient de démontrer que les agriculteurs et les éleveurs du Néolithique résidant il y a 10 000 ans dans les monts Zagros formaient un groupe génétiquement distinct des premiers éleveurs pionniers d'Anatolie occidentale et de l'Europe.

Cette carte montre les deux génomes "néolithiques" en provenance de la grotte Wezmeh et de Tepe Abdol Hosein dans le Zagros  (Iran). La zone orange représente le croissant Fertile. Crédits : Université Johannes Gutenberg de Mainz

Les scientifiques rapportent que ce groupe d'agriculteurs de l'âge du fer, inconnu jusqu'ici, aurait introduit l'agriculture dans le sud de l'Asie.

Les scientifiques qui ont analysé d'anciens restes humains trouvés dans les monts Zagros, aujourd'hui en Iran, rapportent qu'ils appartenaient à une population complètement distincte et qui semble avoir commencer l'agriculture à peu près au même moment que leurs cousins plus à l'ouest en Anatolie, aujourd'hui en Turquie.


"On pensait qu'il y avait un groupe d'inventeurs géniaux qui avaient développé l'agriculture" dit Joachim Burger, l'un des auteurs de l'étude, "maintenant, nous pouvons voir qu'il y avait plusieurs groupes génétiques".

Les scientifiques ont examiné l'ADN de fragments d'os vieux de 9000 à 10000 ans découverts dans une grotte près d'Islmabad, à 600km au sud-ouest de Téhéran. Ils ont découvert qu'ils appartenaient à un homme au cheveux noirs, yeux marrons et peau sombre. Curieusement, le régime alimentaire de l'homme comprenait des céréales, signe qu'il avait appris à cultiver.

Avec trois autres génomes anciens des monts Zagros, les chercheurs ont pu obtenir une image de la population dont les parents les plus proches ont été trouvés en Afghanistan et au Pakistan, et parmi les membres de la communauté religieuse zoroastrienne d'Iran.

Le peuple de Zagros avait des gênes très différents des européens modernes ou de leurs ancêtres agriculteurs de l'ouest de l'Anatolie et de Grèce, rapporte Burger, anthropologue et généticien des populations à l'Université Johannes Gutenberg de Mayence en Allemagne. Il précise que les auteurs de l'étude ont calculé que les deux populations se sont probablement scindées il y a au moins 50000 ans, peu après que les premiers hommes soient sortis d'Afrique.


Selon Burger, même si ces deux anciennes populations d'agriculteurs ne se sont pas mélangées, il est probable qu'elles se connaissaient, voire échangeaient des connaissances. Ainsi le développement de l'agriculture est très complexe et donc peu susceptible d'avoir spontanément eu lieu deux fois dans la même période de temps. "Il faut construire des maisons, raser les forêts, cultiver plusieurs plantes et assurer un approvisionnement en eau abondant" ajoute t-il "c'est immense processus qui prend plusieurs milliers d'années".

Pour Burger, ces découvertes pourraient aider à mieux comprendre une partie importante du développement de l'histoire humaine, négligée jusqu'ici par les chercheurs qui se concentraient sur les anciens mouvements migratoires vers l'Europe.

Source:

Derniers articles sur l'Iran:

[Attentat à Nice] Errare humanum est, perseverare diabolicum

[Attentat à Nice] Errare humanum est, perseverare diabolicum

« Errare humanum est, perseverare diabolicum » / « L’erreur est humaine, l’entêtement [dans son erreur] est diabolique ».

Que dire de plus qu'après nos longs échanges sur ce blog lors du drame de Charlie Hebdo ou du 13 novembre ?

Hélas, pas grand-chose – inutile de recommencer sur le fond. Mêmes causes, mêmes conséquences.

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Alors bien sûr, on a eu l’inévitable dessin de Plantu :

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et autres dessins convenus :

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ou :

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(oui, au XXIe sicèle, un mot d’ordre quand on est attaqué : Prier !)

et les heures de direct sur les chaines d’info qui n’ont rien à dire…

Bon on a aussi des mesures fortes :

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(non, je plaisante…)

Sinon, on a évidemment les classiques réactions à la con :

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Ben oui, comme on est encore attaqué par une énorme armée d’UNE personne, il faut montrer nos muscles, si possible en tuant encore des innocents au passage…

On peut toujours gloser sur ce sale type (et les chaines info vont le faire ; comme d’habitude, ça va les occuper 3 semaines, et on connaitra tout de lui, de ses arrières-grands parents à sa concierge en passant par sa marque de slip – mais c’est de l’in-for-ma-tion on vous dit ! Bon, c’est sûr qu’une telle pub va encore susciter des vocations chez les tordus, mais bon…), mais tout comme le camion était une arme par définition, ce type en était une aussi. Et donc au lieu d’en faire des caisses sur “l’arme” (=le type), on ferait mieux de s’occuper du commanditaire (les propagateurs du wahhabisme), leur financiers (en Arabie au Qatar et en Turquie), et leurs soutiens…

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On a aussi des réactions plus touchantes :

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Mais c’est sûr que quand on se contente de manifester et de poster sur son mur Facebook des Je suis Charlie, et qu’on ne demande pas des comptes à son gouvernement, il ne faut pas venir se plaindre…

 

Après, on a eu le discours AFFLIGEANT d’Hollande (“la France est affligée” qu’il a dit – tu m’étonnes….) que je viens de voir, on sent un type totalement perdu, qui tient plus du prêtre que du dirigeant, qui n’est tellement pas à sa place, qui ne sait tellement plus quoi faire, recyclant ses déclarations du dernier attentat :

14/07 :

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15/07 : prolongation de l’état d’urgence, vu qu’il a bien marché…

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Amusant, le discours d’Hollande était suivi de celui de Cazeneuve, le type qui a fait un discours après la tuerie de l’équipe de Charlie Hebdo (qu’il était donc chargé de protéger) puis après les attentats visant les Parisiens (qu’il était donc chargé de protéger) – mais bon, on admirera la cohérence logique.

Le Pompon, avec Obama qui se sent obligé de réagir :

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Alors les ricains, vos prières, vous pouvez vous les garder, hein…

Je n’oublie pas votre guerre criminelle en Irak en 2003, qui a créé Daech ; je n’oublie pas vos réactions face au discours lucide de la France (on avait un Président à l’époque…) :

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C’est bon, on la sent bien la punition, merci…

Donc :

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…ben non, SURTOUT PAS cher taré des armes, merci…

 

Pas plus tard que ce matin, on avait encore notre Sinistre des Affaires Étrangères, qui nous a ébloui :

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On admire :

(au passage, le type qui a déclaré ce jour à propos de son nouveau collègue anglais : “Dans la campagne, il a beaucoup menti aux Britanniques.”” – Ayrault, c’est le chef de la diplomatie française, je rappelle – source)

Au delà du lapsus, le plus inquiétant est qu’il reste dans la lignée de son illustre prédécesseur :

Alors qu’évidemment, il faut en urgence aider le gouvernement syrien à éradiquer Daech, et les autres islamistes, et après, on sera alors en position de force pour négocier sur les Droits de l’Homme…

Je termine enfin par le Tweet le plus diffusé :

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et là, je vous avoue ma perplexité.

Il avaient déjà fait ça après le Bataclan, ce qui fait que personne n’a vu l’image crue des victimes (voir @si).

Et autant, je suis tout à fait pour qu’on interdise aux chaines info de parler de terrorisme plus de 2 minute par heure plus de 3 jours après un attentat, autant je trouve ça grossier.

Primo, de quoi se mêle la police à propos “du respect des victimes” – il me semble justement que sa mission est plutôt d’empêcher qu’il y en ait, des victimes…

Donc la police échoue (enfin, soyons justes, le gouvernement échoue – la police ne pourra pas toujours empêcher un type seul et suicidaire de commettre un acte terroriste et de faire du dégât ; il faut au contraire agir au niveau politique pour qu’il n’ait pas envie de commettre un attentat chez nous. Vous notez que très peu vont se faire sauter en Argentine ou au Japon, bizarre… Mais “La France est forcement visée” a dit Hollande, alors…) puis nous dit, “surtout ne montrez pas les victimes de notre incompétence !” – malin…

Et ça marche, bien sûr :

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Moi je préfèrerais qu’on se batte plutôt pour faire cesser les attentats de manière intelligente, mais bon… #PrayForLesCons

Secundo, je vois mal en quoi on “manque de respect aux victimes” en les voyants, vu qu’elle ne sont pas identifiables, qu’on passe très vite sur elles et bien sûr qu’on ne vise pas à s’en moquer ou à dégrader leur mémoire.

Bref, c’est quand même “cachez cette vérité bien dérangeante que je ne saurais voir”.

Et tertio, justement, dans nos sociétés habituées à la violence, quand il n’y a pas d’image, on reste désormais la plupart du temps peu sensible à l’évènement.

Mais bon, après, il ne faut pas tomber dans le voyeurisme, c’est sûr – mais je pense que ça déclenche plutôt de la compassion, et de l’indignation…

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Je propose donc à ceux qui le souhaitent de regarder le résultat de cette nouvelle boucherie, avec un profond respect, une grande fraternité, et sans voyeurisme, et de nous rappeler que de mauvais dirigeants nuisent gravement à notre espérance de vie… #PrayPourQuIlsDégagent

(Images très dures et choquantes- déconseillées aux personnes sensibles) :

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À bientôt pour le prochain attentat, donc.

13 secondes sur Bagdad dans son JT: les choix de David Pujadas souvent contestés, par Audrey Kucinskas

13 secondes sur Bagdad dans son JT: les choix de David Pujadas souvent contestés, par Audrey Kucinskas

Là, il va bien se rattraper je pense…

Pour mémoire, pour ceux qui pensent que c’est juste une histoire de distance :

  • Paris Bagdad : 3 860 kilomètres
  • Paris-Orlando : 7 225 kilomètres

#Hypocrisie

Source : L’Express, Audrey Kucinskas,  

Le 4 juillet dans son JT, David Pujadas n’a accordé que 13 secondes aux attentats à Bagdad qui ont fait 213 morts. Ce n’est pas la première fois que le journaliste est critiqué pour sa ligne éditoriale.

La hiérarchisation de l’information en question: le 4 juillet, David Pujadas a ouvert son 20 heures sur la victoire des Bleus contre l’Islande 5 buts à 2.

Le journaliste a ensuite évoqué la privatisation des aéroports de Nice et Lyon, la hausse des offres d’emploi à Cholet, l’université d’été du PS, la présence de Manuel Valls en Corse, les conditions de détention de Salah Abdeslam, le Brexit, les bouchons de Rotterdam, puis le bacen 1968 et pour finir, la production de cuir en Inde.

L’attentat de Bagdad du 3 juillet, qui a fait 213 morts, n’a eu droit qu’à 13 secondes du journaliste. “En bref, encore le deuil à Bagdad, le terrible attentat suicide a fait hier 213 morts, 200 blessés, un deuil national de trois jours est décrété, l’attentat est revendiqué, vous le savez, par le groupe Etat Islamique.”

13 secondes pour Bagdad, 14 minutes pour Orlando

Une courte déclaration qui a attristé de nombreux téléspectateurs.

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Comme le souligne le site puremedias.com, le traitement de cet événement est d’autant plus surprenant que David Pujadas s’était intéressé à l’attentat d’Orlando, le 13 juin, durant plus de 14 minutes.

Sur TF1, alors que l’attentat de Bagdad n’a pas été évoqué le 3 juillet à 13 heures, Anne-Claire Coudray y a consacré 1 minute 44 dans son édition de 20 heures, après avoir passé plus de 20 minutes sur l’Euro 2016.

Quant à Gilles Bouleau, il a consacré 4 minutes à l’événement dans son journal de 20 heures du 4 juillet. Un reportage sur la lutte contre Daech en Syrie, avec l’aviation française a été diffusé.

L’information traitée dans le JT de 13 heures le dimanche

France 2, que L’Express a contactée, ne souhaite pas faire de commentaire, mais rappelle que l’information a été traitée dans le JT de 13 heures du 3 juillet par Laurent Delahousse, ainsi que dans ses journaux de France 3 et dans Télé Matin.

Olivier Siou, rédacteur en chef adjoint à France 2 a lui-même répondu sur Twitter, s’insurgeant que l’on “s’emballe” à propos de cette histoire.

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Le journaliste réaffirme que l’information a bien été traitée en temps voulu.

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Bruno Masure a traité David Pujadas de “crétin”

Les choix éditoriaux de David Pujadas font néanmoins régulièrement débat.

Le 3 juillet 2013, le journaliste ouvre son journal sur l’abdication du roi des Belges Albert II, plutôt que sur la destitution du président égyptien Morsi, par l’état-major de l’armée.

Bruno Masure, lui-même ancien présentateur du JT de France 2 de 1990 à 1997, n’épargne pas Pujadas sur Twitter.

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Au Figaroil s’explique plus longuement: “Ce qui se passe en Égypte est 500 000 fois plus important que ce qui se passe en Belgique. TF1 a évidemment ouvert son journal sur l’Égypte, Gilles Bouleau fait son travail, et France 2 nous a fait un numéro incroyable sur la Belgique, s’insurge le journaliste. C’est strictement n’importe quoi”.

L’interview polémique d’el-Assad

Si David Pujadas est légèrement critiqué pour son boycott du livre de Valérie Trierweiler Merci pour ce moment, il est bien plus lourdement décrié pour son interview du président de la Syrie Bachar el-Assad, en 2015.

François Lamy, ancien ministre délégué à la Ville, juge que cela “n’honore pas le service public.”

“Ce n’est pas le rôle de la télévision française d’interroger un dictateur dont on sait qu’il est responsable du massacre d’une grande partie de sa population civile”, a-t-il déploré le 21 avril sur RFI.

Elisabeth Guigou, ex-ministre de l’Emploi, n’apprécie pas non plus.

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Pujadas répond à la polémique dans L’Obs: “En général, je suis assez sévère avec moi-même. Mais l’entretien avec Bachar el-Assad est peut-être celui dont je suis le plus fier. […] Je lui ai mis sous les yeux les documents qui prouvent qu’il utilise des armes chimiques contre son peuple, a rappelé le journaliste. Ce n’était pas une interview parfaite mais je pense que c’était une bonne interview.”

Plus d’une minute sur le Bangladesh

David Pujadas, et ses 13 secondes sur un attentat ayant provoqué plus de 200 morts, une lourde erreur éditoriale?

Le lendemain, il consacre un peu plus d’une minute aux victimes de l’attentat de Dacca au Bangladesh, survenu le 1er juillet, qui a fait 20 morts.

Du mieux.

Source : L’Express, Audrey Kucinskas,  

Zone euro : un Eurogroupe impassible, par Romaric Godin

Zone euro : un Eurogroupe impassible, par Romaric Godin

Des génies…

Source : La Tribune, Romaric Godin,  

Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, ne veut que la règle, rien que la règle. (Crédits : © Eric Vidal / Reuters)

Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, ne veut que la règle, rien que la règle. (Crédits : © Eric Vidal / Reuters)

Les ministres des Finances des 19 pays de la zone euro n’entendent rien changer, Brexit ou pas, à leur politique. Leur vision reste celui du respect le plus strict possible des “règles”.

L’Eurogroupe affirme haut et fort sa volonté de maintenir le statu quo dans la zone euro après le vote britannique sur la sortie de l’Union européenne le 23 juin dernier. A l’issue de la réunion des ministres des finances des 19 pays de l’Union économique et monétaire, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem a été on ne peut plus clair. Le Brexit et ses conséquences « ne changent pas notre engagement à poursuivre le travail pour une politique budgétaire saine et favorable à la croissance (« sound growth-friendly fiscal policy »), les réformes structurelles et la remise en ordre du secteur bancaire. Fondamentalement, notre agenda et notre engagement sur cet agenda est inchangé », a déclaré le ministre néerlandais des Finances.

Frapper l’Espagne et le Portugal

Tout est dans cette déclaration. La seule réponse au Brexit et à la montée du mécontentement vis-à-vis de l’UE ailleurs sera d’approfondir et de poursuivre la politique de la zone euro mise en œuvre depuis 2010 : la réduction des déficits et les réformes structurelles. Et pour ajouter les actes aux paroles, l’Eurogroupe a validé la conclusion de la Commission européenne sur le « manque de mesures efficaces » prises par le Portugal et l’Espagne pour rétablir l’équilibre budgétaire. Une démarche qui a été confirmée par le sommet Ecofin qui regroupe les ministres des Finances des 28 Etats membres, et ouvre la voie au pire à des sanctions, au mieux à de nouvelles mesures d’austérité budgétaire.

Pas de réforme de la zone euro

Cette politique est très clairement inspirée par Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, qui avait rejeté toute volonté d’introduire davantage de solidarité et de souplesse dans la gestion de la zone euro, comme l’avaient proposé les ministres allemand et français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault et Frank-Walter Steinmeier dans une proposition qui a été rapidement écartée. Le « respect des règles » est la seule boussole de l’Eurogroupe, désormais rejoint sur ce plan par la Commission européenne qui, il est vrai, est sous une pression particulière depuis que Berlin a clairement mis en cause Jean-Claude Juncker, son président. Tout est donc fait à Bruxelles désormais pour prouver à Berlin que la Commission est un outil utile au « respect des règles ». Dans sa contre-proposition de réforme de la zone euro, Wolfgang Schäuble avait proposé de remplacer la Commission par une « instance indépendante » sur le respect des traités.

L’obsession de la règle

Tout a donc été remis en place après la secousse du Brexit. L’austérité budgétaire reste la seule politique économique dont est capable la zone euro au moment où de nouvelles turbulences apparaissent sur les marchés et dans l’économie et où la BCE est plus isolée que jamais pour faire face à ces vents contraires. On est loin de la réflexion japonaise actuelle où le gouvernement de Shinzo Abe est sur le point de concevoir un vrai plan de relance pour prendre le relais d’une politique monétaire qui a montré ses limites. Rien de cela en zone euro où le salut ne viendra que par le « respect des règles », la consolidation budgétaire et les « réformes ». L’Eurogroupe confirme qu’il est le gardien de l’orientation ordolibérale de la zone euro, puisque précisément ce courant de pensée s’appuie sur une vision juridique de l’économie où le marché libre est encadrée par des règles (d’où le terme « ordo- », qui signifie la règle en latin). Le rôle de la puissance publique est alors uniquement de faire respecter ces règles. C’est cette philosophie qui inspire Wolfgang Schäuble et l’Eurogroupe.

Aveuglement sur l’Italie

Cette position a également permis d’écarter toute avancée sur le dossier italien. Là encore, la seule position est celle du respect des règles. Jeroen Dijsselbloem ne voit aucune « crise grave » sur le secteur bancaire italien et Wolfgang Schäuble veut attendre le résultat des tests de résistance (« stress tests ») de cet automne avant de « spéculer ». Dans tous les cas, Jeroen Dijsselbloem entend ne pas sortir des « règles » de la résolution des crises bancaires qui comprend la contribution des créanciers, actionnaires et déposants, avant toute aide publique.

L’aveuglement de l’Eurogroupe est total. Les banques italiennes ont abandonné un tiers de leur valeur depuis le vote du 23 juin. La recapitalisation du secteur devient donc impossible par le marché. Or, elle est nécessaire, compte tenu du montant de 360 milliards d’euros de créances douteuses stockées dans leurs bilans dont 40 milliards au minimum seraient perdues. Sans action rapide, ce montant de créances douteuses irrécupérables risquent de s’alourdir, notamment parce que l’économie italienne reste confrontée à une faible croissance. Le FMI vient, du reste, de réviser à la baisse à « juste en dessous de 1 % » la croissance 2016 contre 1,1 % prévu. En 2017, la croissance sera du même ordre. Dans ce cadre, la récupération des créances, déjà structurellement difficiles en Italie, risque de devenir très délicate. Le temps joue donc contre les banques italiennes et l’Eurogroupe fait pourtant mine de disposer de temps. Quant à l’attente des « stress tests », ce n’est qu’une mesure dilatoire. Ces exercices n’ont jamais permis de réellement mesurer l’Etat des banques européennes. La situation des banques italiennes est connue et devrait faire l’objet d’une action prompte pour contenir la crise.

L’impossible bail-out

Seulement, l’Eurogroupe sait parfaitement qu’une telle action ne passerait que par un renflouement public des banques italiennes. L’Italie se caractérise en effet par une forte détention par les particuliers de la dette bancaire : 33 % de la dette prioritaire (« senior ») et 50 % de la dette subordonnée des banques sont détenues par les ménages. En cas de respect des règles européennes, la saignée pour les ménages italiens sera redoutable et l’impact sur la croissance très sensible. Rome ne saurait tolérer l’application des règles de résolution de l’union bancaire. D’autant qu’en octobre, Le président du conseil italien Matteo Renzi doit faire face à un référendum sur les réformes constitutionnelles où il joue son poste. L’Eurogroupe tente donc de gagner du temps et de reporter à après le référendum l’action sur les banques italiennes afin de pouvoir appliquer les règles. C’est un jeu dangereux qui risque de coûter cher à l’Italie et à l’Europe. Car si Matteo Renzi perd le référendum, l’Eurogroupe devra gérer une crise politique avec une crise bancaire aggravée. L’hôte du Palais Chigi le sait et c’est pourquoi il tente de convaincre ses partenaires de le laisser recapitaliser partiellement ses banques pour sauvegarder les économies de ses concitoyens. Pour l’instant, il se voit opposer un refus et un « rappel aux règles ».

La décision de l’Eurogroupe de ce 11 juillet est donc de mauvais augure. La volonté de résistance affichée notamment par les Français et les Grecs sur la question des déficits portugais et espagnol semblent ne pas avoir pesé lourd. La victoire du Brexit au Royaume-Uni n’aura pas pesé davantage. L’Eurogroupe, intraitable, entend mener sa politique économique, fondée sur les règles existantes et leur respect. Fût-ce au prix d’un déni complet de réalité.

Source : La Tribune, Romaric Godin,  

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L’Espagne propose de relever l’impôt sur les sociétés pour éviter les sanctions européennes

Source : La Tribune, Romaric Godin, 12/07/2016
Mariano Rajoy n'a pas encore l'appui du parlement, mais il veut relever l'impôt sur les sociétés. (Crédits : REUTERS)

Mariano Rajoy n’a pas encore l’appui du parlement, mais il veut relever l’impôt sur les sociétés. (Crédits : REUTERS)

Madrid espère glaner 6 milliards d’euros et convaincre rapidement la Commission d’abandonner les sanctions. A Lisbonne, on est plus attentiste et on dénonce une décision “politique”.

L’effet de la menace de sanctions sur l’Espagne et le Portugal, confirmé ce mardi 12 juillet par l’Ecofin, la réunion des ministres des Finances des 28 pays de l’UE, ne s’est pas fait attendre. Dans l’après-midi, le gouvernement espagnol – qui est toujours un gouvernement en fonction, sans appui du parlement – a annoncé qu’il augmentera l’impôt sur les sociétés espagnol pour récupérer 6 milliards d’euros et tenter de revenir en 2017 dans les clous des 3 % imposées par le traité de Maastricht.

8,5 milliards d’euros espérés

Selon le ministre des Finances du Royaume, Luis de Guindos, seules les plus grandes entreprises seront concernées, selon un système qui a déjà été appliqué en 2012 au plus fort de la crise espagnole. Le ministre calcule que l’Etat réalisera une économie de 1,5 milliard d’euros sur le service de la dette grâce à la baisse des taux et lèvera un milliard supplémentaire de la lutte contre la fraude fiscale.

En tout, ces 8,5 milliards d’euros devraient permettre à Madrid de rentrer dans les clous et d’apaiser la colère de la Commission. Pour encore plus plaire à cette dernière, Luis de Guindos envisage, selon le quotidien El País, de clôturer dès juillet les comptes des ministères pour empêcher ces derniers d’engager d’ici à la fin de l’année des dépenses exceptionnelles. Normalement, cette clôture intervient en novembre.

Convaincre la Commission

Madrid cherche donc à amener la Commission à proposer une sanction nulle pour l’Espagne compte tenu de sa bonne volonté. Le gouvernement de Mariano Rajoy veut en finir rapidement avec ce risque de sanctions et Luis de Guindos estime que ce serait un « paradoxe de sanctionner le pays qui a fait le plus d’efforts et le plus de croissance ». Mais il en est un autre que Luis de Guindos semble ne pas voir : proposer une ponction de 6 milliards d’euros sur l’économie espagnole pour éviter une sanction qui, au maximum, serait de 3 milliards d’euros si l’on prend en compte le gel de certains fonds européens…

Blocage politique

En attendant, cet épisode, s’il peut complaire à Bruxelles, ne va pas arranger la situation politique de Mariano Rajoy. Ce dernier a clairement gagné les élections du 26 juin dernier, mais ne dispose pas de la majorité nécessaire pour obtenir son élection par le Congrès des députés. Avec 137 députés sur 350, son parti, le Parti populaire (PP), ne dispose ni de la majorité absolue de 176 sièges, ni de la majorité relative nécessaire au second tour. Si, ce mardi 12 juillet, le parti libéral-centriste Ciudadanos (32 sièges) a refusé de participer au gouvernement, il a accepté de s’abstenir pour faciliter la nomination de Mariano Rajoy. Mais c’est encore insuffisant si tous les autres partis se coalisent contre le PP. La clé réside donc dans le comportement du parti socialiste, le PSOE, et de ses 85 députés. Sans leur abstention, Mariano Rajoy ne peut parvenir à son élection, même en cas d’abstention ou de soutien des nationalistes de droite canariens et basques.

Qui pour appliquer les hausses d’impôts ?

Le PSOE a d’ores et déjà rejeté tout soutien direct ou indirect à Mariano Rajoy. Nul doute qu’il hésitera encore davantage à le faire pour imposer de nouvelles hausses des taxes, même ciblées sur les grandes entreprises, qui pourraient affaiblir la croissance et conduire le gouvernement à prendre d’autres mesures sur les dépenses publiques pour éviter la colère bruxelloise. Pour le président du gouvernement, la situation est aussi très délicate, car il doit déjà abandonner ses promesses de baisses de taxes et d’impôts promis durant la campagne. Ceci devrait le faire hésiter à tenter une troisième élection consécutive en cas d’échec à construire une coalition. Une fois un candidat présenté au Congrès, les députés disposent de deux mois pour élire un nouveau président du gouvernement, faute de quoi le parlement est à nouveau dissout. La fermeté bruxelloise complique donc singulièrement l’équation politique espagnole qui n’en avait guère besoin.

Pas de mesures prévues à Lisbonne

Du côté du Portugal, le gouvernement socialiste entend ne prendre aucune mesure supplémentaire sur le budget 2016. Il avait déjà introduit en février, à la demande de Bruxelles, des mesures de baisses de dépenses et de nouvelles taxes. « Il n’y a rien que je puisse faire en 2016 pour changer l’exécution du budget de 2015 », s’est défendu le ministre des Finances portugais Mário Centeno devant ses pairs européens, faisant allusion au fait que les sanctions portent sur l’exécution des budgets 2014 et 2015. « Il n’y a pas de plan B », a-t-il ajouté, tout en indiquant qu’il « travaillait » cependant à un budget 2017 qui permettrait de respecter les engagements déjà pris dans le programme de stabilité du pays.

Décision « politique »

Le gouvernement portugais va devoir négocier ferme pour obtenir l’accord de ses appuis de gauche radicale au parlement, le Bloc de Gauche, les Verts et le Parti communiste. Le Bloc de Gauche avait demandé un référendum sur le maintien dans la zone euro en cas de sanctions et il n’est pas sûr que les trois partis soient prêts à accepter des « efforts » supplémentaires. Le premier ministre Antonio Costa avait, cependant, en février, réussi à construire un accord avec ses appuis parlementaires à sa gauche, tout en arrachant le feu vert à Bruxelles. Le risque d’une dissolution par le président de la République conservateur pourrait cependant être un facteur important de construction d’un compromis. Mais Mário Centeno ne s’y trompe pas : la procédure lancée par Bruxelles est un défi politique pour le Portugal, aussi a-t-il clairement dénoncé une décision « politique ». Et de dénoncer : « l’Europe ne peut pas prendre des décisions en oubliant les tensions immenses au sein de l’Europe auxquelles on doit apporter une réponse politique ». Lisbonne semble donc sur une autre longueur d’onde que Madrid. Les deux pays disposent de dix jours pour proposer des mesures correctives. La Commission proposera des sanctions ou non d’ici une vingtaine de jours.

Source : La Tribune, Romaric Godin, 12/07/2016