mardi 28 juin 2016

L’Institut Thomas More croit encore aux eurobonds… (billet invité)

L'Institut Thomas More croit encore aux eurobonds… (billet invité)

Billet invité de l'œil de Brutus

Par la plume de Sébastien Laye et dans les colonnes du Figarovox, l'Institut Thomas More semble avoir trouvé la solution miracle à la crise des dettes souveraines européennes. Lisons un peu :


« L'urgence nous dicte donc de créer un fonds abondé par les Etats capables d'acheter et d'éliminer les dettes souveraines en un effort sans précèdent pour sortir le continent de l'ornière. Loin de nous l'idée de proposer une solution miracle sans effort. Ce fonds est simplement un moyen - sans réforme politique- de transformer une partie de la dette souveraine domestique en une dette commune gagée par les capacités de rentrées fiscales des Etats européens: il s'agit bien de manière indirecte de mutualiser une partie des dettes domestiques européennes pour redonner des marges de manœuvre à chaque Etat sans passer par un hypothétique accord politique pour créer un budget et une dette commune. »

Or, ce type de fonds a déjà été mis en place (MES, FESF, etc.) et poussé ce système plus avant tel qu'il est ici proposé a un nom : cela s'appelle les eurobonds[i]. Et Mme Merkel a déjà donné sa réponse il y a 5 ans : NEIN ! (rajoutant même « jamais de mon vivant ! »). Car cela conduirait l'Allemagne à se porter caution de la dette de tous les autres. Ce qu'elle ne veut en aucun cas car c'est un coût politique et économique qu'elle n'est certainement pas en mesure d'assumer (et on peut la comprendre ![ii]).

La solution proposée par M. Laye est donc tout simplement politiquement inenvisageable.
Rajoutons, ce qui se passe de commentaires, que dans le même article, le même M. Laye propose, pour aider les banques de s'extraire de leur lien de dépendance à la BCE, de les encourager à la titrisation et aux divers produits dérivés … Les subprimes, ça ne vous dit rien M. Laye ? Forcément oui puisque M. Laye est entrepreneur dans une holding de services financiers (Ulcoa & Laye), holding qui profiterait grandement d'une relance de la titrisation. Etrangement, M. Laye se présente dans son article du Figarovox comme chercheur et entrepreneur mais omet de préciser son secteur d'activité (ce qu'il ne fait pas lorsqu'il publie sur Contrepoints) …

Les européistes seraient-ils à ce point aux abois que pour sauver l'euro, ils en arrivent à ressortir de vieilles recettes éculées qui ont déjà fait la preuve de leurs échecs il y a 5 ans (les eurobonds) ou 10 ans (la titrisation, les produits dérivés) ?


[i] Au demeurant, cette idée est finalement relativement proche de celle défendue par les tenants du « QE vert ».
[ii]L'Europe, l'Euro et l'Allemagne, Jacques Sapir, russeurope, 30-juin-15 ;
L'Allemagne entre deux maux, Jacques Sapir, russeurope, 29-janv.-15 ;
Le débat sur l'Allemagne, Jacques Sapir, russeurope, 04-mai-13.
[viii] La fausse solution des eurobonds, Frédéric Lordon, Blog Le Monde diplomatique, 01-juin-12 ;
Réquisitionnons les banques centrales !, Jacques Sapir, Le Monde, 01-déc.-11.

Loi travail : Valls et El Khomri recevront syndicats et patronat mercredi et jeudi

Loi travail : Valls et El Khomri recevront syndicats et patronat mercredi et jeudi

"Il ne s'agit pas de la réouverture d'un cycle de négociations", mais de "faire un point" avec chacun sur les accords et les désaccords, selon Matignon.

Manuel Valls va recevoir mercredi et jeudi les organisations syndicales et patronales sur la loi Travail pour « faire le point », une ouverture qui intervient dans un climat tendu autour de ce texte décrié, et à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation. Pour le Premier ministre, « il ne s'agit pas de la réouverture d'un cycle de négociations », mais de « faire un point » avec chacun sur les sujets d'accord et de désaccord, a expliqué un conseiller.

Il s'agit aussi de « rassurer » sur le fait qu'il n'y a « pas de disparition programmée des branches professionnelles », de « redire la place des branches », même s'il n'est pas question de remettre en cause l'équilibre trouvé entre accords de branche et accords d'entreprise dans le projet. « Même quand on n'est pas d'accord, c'est utile de se parler », a-t-on souligné.

Le Premier ministre, accompagné de la ministre du Travail, Myriam El Khomri, recevra la CGT, la CFDT, FO et la CFTC mercredi après-midi ; le Medef, l'UPA et la CFE-CGC, jeudi après-midi. L'annonce intervient à la veille d'une journée importante pour la loi Travail, avec un nouvel appel à manifestations lancé par les syndicats opposés à la loi Travail, et le vote au Sénat dans une version durcie par la majorité de droite.

Les dernières rencontres bilatérales entre Matignon et les partenaires sociaux remontent à début mars. D'intenses discussions ont alors eu lieu pour réviser un projet fortement critiqué, car jugé trop libéral. Y compris par la CFDT, qui avait pourtant accompagné toutes les précédentes réformes sociales du quinquennat. Le 14 mars, Manuel Valls avait annoncé un texte remanié, salué par la CFDT et la CFTC, mais toujours dénoncé par la CGT, FO, et également le patronat. Le 28 mai, Manuel Valls avait aussi appelé au téléphone des leaders, mais sans apaiser la contestation.

Remise à l'Élysée de la votation citoyenne

L'exécutif est resté ferme, malgré la poursuite de la mobilisation initiée par sept syndicats (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, UNL, Fidl). François Hollande a redit la semaine dernière que le texte ira « jusqu'au bout ». Le projet suit ainsi son parcours parlementaire et va être voté mardi à 18 heures au Sénat avant de revenir pour une nouvelle lecture à l'Assemblée à partir du 5 juillet.

Les sénateurs ont durci le texte : le verrou des 35 heures a sauté, le seuil minimum de 24 heures pour le temps partiel a été supprimé, de même que la généralisation de la garantie jeunes, le compte personnel d'activité a été partiellement vidé et le plafonnement des indemnités prud'homales (à 15 mois de salaire) rétabli.

Mardi, les opposants vont manifester à Paris et dans des dizaines de villes en France. À Paris, après avoir défilé sur un parcours ultra court aux alentours de Bastille jeudi dernier, ils ont obtenu lundi de pouvoir manifester sur un trajet plus long, entre Bastille et place d'Italie. Une réunion lundi matin entre les syndicats et la préfecture de police de Paris a permis de « caler » les questions de sécurité du parcours, alors que les manifestations sont traditionnellement émaillées de violence depuis le début de la mobilisation en mars. 2500 policiers seront mobilisés.

Autre signe de tension, à 24 heures d'intervalle, les sièges de la CFDT, principal soutien du projet, à Paris, et de la CGT, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), ont été vandalisés. « Cela fait un moment que le climat est malsain », a reconnu samedi Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. « À travers ces actes de vandalisme, c'est bien la démocratie qui est attaquée », a de son côté réagi la CFDT, dont les locaux à Béthune, Limoges et Toulouse ont récemment été envahis ou dégradés. Des permanences PS ont également subi des dégradations, notamment dans le Gard, à Paris, en Côte-d'Or. Mardi sera également l'occasion pour les syndicats de remettre les résultats de la votation citoyenne, lancée fin juin. Une délégation syndicale sera reçue dans la matinée par le conseiller social du président de la République.

 

Source : LePoint.fr

Informations complémentaires :

Crashdebug.fr : Philippe Martinez face à Jean-Jacques Bourdin en direct le 23.06.2016 sur BFMTV
Crashdebug.fr : Gérard Filoche face à Jean-Jacques Bourdin en direct le 21.06.2016 sur BFMTV
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La télédétection par laser révèle des routes romaines oubliées en Angleterre

La télédétection par laser révèle des routes romaines oubliées en Angleterre

Depuis 1988, l'Agence Environnementale d'Angleterre (Environment Agency) utilise des lasers pour scanner et cartographier les paysages anglais; cela permet d'aider à des travaux comme la modélisation des inondations ou le suivi de l'évolution des côtes.

Mais les données LIDAR (Light Detection and Ranging) sont aussi disponibles au public et elles ont été utilisées dans de nombreux cas: depuis la construction de mondes virtuels jusqu'à la gestion des forêts.

Le fort romain de Vindolanda mis en image avec l'utilisation des données LIDAR. Source: Gov.uk

Ces mines de données fournies par le LIDAR se sont avérées particulièrement utiles pour les archéologues cherchant à cartographier les routes romaines "perdues", depuis des milliers d'années pour certaines d'entre elles.

Leurs découvertes donnent des indices à l'un des chapitres négligés de l'histoire de la Grande-Bretagne Romaine: les routes construites pour aider les légions de Rome à conquérir et contrôler le nord de l'Angleterre.

Pendant des décennies après l'invasion de 43 après JC, une grande partie de la région du Nord (comprenant le Lancashire, Yorkshire et Cumbria) était contrôlée par une tribu Celte appelée Brigantes.

L'historien et sénateur romain Tacite écrivit que l'échec du mariage entre la Reine Cartimandua des Brigantes, alliée romaine, et son mari Venutios, a conduit à une épreuve de force avec Rome. En effet, à la suite de leur divorce, Venutios organisa une révolte en 69 après JC alors que Cartimandua prit la fuite.

L'empereur Vespasien envoya alors des forces sous l'autorité du nouveau gouverneur de Grande-Bretagne, Quintus Petilius Cerialis, pour écraser la rébellion et conquérir le nord de l'Angleterre.

Les constructions des routes pour relier les forts et les implantations à travers le paysage accidenté était une partie vitale de cette conquête du Nord qui dura plusieurs décennies.


David Ratledge recherche les routes romaines dans le Lancashire depuis plus de 45 ans; récemment, il a utilisé les données LIDAR de l'Agence Environnementale et a découvert 17km d'une route romaine "perdue" entre Ribchester et Lancaster: "C'étaient les sites romains les plus importantes du comté, aussi de bonnes communications entre eux devaient êtres essentielles (...). Auparavant, dans le Lancashire, nous n'avions que des photos aériennes datant des années 1940 aux années 1960; mais les caractéristiques du paysage sur ces photographies n'étaient visibles qu'après une période de sécheresse et nous n'en avons pas eu beaucoup ! Avec le LIDAR, une fois que l'on sait ce que l'on cherche, c'est parfaitement évident: on sait que l'on a trouvé une route... C'est révolutionnaire.

Les données LIDAR ont joué un rôle clé dans la recherche des routes romaines dans le Lancashire: cette parcelle a aidé à révélé la partie d'une route entre Ribchester et Catterall (entre les pointillés rouges). Source: Gov.uk

Les routes romaines étaient de grandes structures, mesurant généralement 5 à 7 mètres de large et pouvant s'élever de 50cm au centre. Cependant, près de deux mille ans d'érosion font qu'il est souvent très difficile de les localiser au niveau du sol.

David Ratledge ajoute que: "La préservation des restes varie de manière importante. Des parties de la route peuvent encore avoir 50cm de haut et être facilement repérables, et d'autres parties sont si subtiles qu'on ne peut que les manquer."

Les spécialistes Hugh Toller et Bryn Gethin ont trouvé au moins 4 routes romaines "perdues" dans le pays grâce au LIDAR, et beaucoup d'autres découvertes potentielles attendent d'être confirmées par des fouilles sur le terrain.

Dans le Comté de Cumbria, Hugh a utilisé les données LIDAR pour vérifier le trajet d'une route entre le fort Romain de Low Borrowbridge, près de Penrith, jusqu'à Kirkby Thore, le site d'un camp romain de cavalerie.

C'est une partie manquante d'une route connue, appelée Voie Maiden, et qui continue vers le Château Whitley et le Fort romain de Carvoran, en Northumbrie (près du Mur d'Hadrien).


Selon Hugh Toller: "Souvent, il y a de vagues indications d'une route mais pas assez d'éléments pour être sûr. Avec le LIDAR, nous pouvons localiser chaque agger (levée de terre ou fortification autour d'un camp romain); et si l'on trouve 2 ou 3 km de ces lignes à travers le paysage, cela ne peut être rien d'autre qu'une route romaine."

Souvent les routes romaines sont très difficiles à localiser au niveau du sol, comme on peut le voir sur ces photos. Source: Gov.uk

Hugh travaille actuellement sur quatre autres route romaines dans le nord de l'Angleterre découvertes grâce au LIDAR. Cela devrait permettre d'en savoir plus sur l'histoire de la Grande-Bretagne romaine.

Ces routes vont de Whitley Castle à Corbridge, de Bainbridge vers le nord de Wensleydale, d'Ambleside vers Papcastle et d'Ambleside vers Carlisle. Il y a plusieurs autres routes "perdues" qu'il prévoit de remettre sur la carte.

Prochainement, il pourrait y avoir de nombreuses autres découvertes sachant que l'Agence Environnementale est entrain de rendre en libre accès les 11 terabytes de données LIDAR dans le cadre de l'initiative #OpenDefra.

Ces données sont disponibles pour tout le monde sur le site Geostore.

Pour Martin Whitworth, directeur adjoint à l'Agence Environnementale: "Les archéologues ont été pionniers en nous montrant ce que l'on pouvait faire avec les données LIDAR. En laissant ces données en libre accès nous espérons non seulement obtenir de nouvelles informations sur le passé mais aussi aider les entrepreneurs, les porteurs de projet et les communautés à se tourner vers l'avenir et trouver une façon dont ces données pourraient être utilisées pour bénéficier à l'environnement et l'économie rurale."

Depuis la gestion des forêts aux applications pour les randonnées, des jeux de construction aux choix pour planter des cultures, les utilisations des données LIDAR sont sans fin.

Source:

Derniers articles sur l'Angleterre:

[Propagande] Brexit : L’arnaque du “vote des jeunes”…

[Propagande] Brexit : L'arnaque du "vote des jeunes"…

Bon, je suis un peu dur sur le titre – car oui, il y avait plus d’anti-Brexit que de pro-Brexit chez les jeunes – mais l’utilisation à outrance qui est faite depuis vendredi de ce thème commence à être très pénible…

I. La propagande

Bien sûr, la propagande tourne à plein dans les médias européistes anglais :

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(Source : Time)

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(Source : The Guardian)

Mais les médias français ne sont pas en reste :

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Notez au passage que c’est un dur métier que de trouver une bonne photo pour le Leave quand on est “journaliste”.

Du coup, amis journalistes, je vous en ai créé plusieurs, cela vous gagnera du temps :

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Voilà – ne me remerciez pas, quand je peux aider, cela me fait plaisir…

Bon, plus sérieusement (enfin, façon de parler…), on a ça aussi :

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(Source : Le Monde)

Eh oui, car il n’y a plus de futur sans “Europe”…

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(Source : Libération)

Amère, tu m’étonnes, quand on t’a détruit ton avenir radieux…

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(Source)

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(Source : 20 minutes)

II. Les chiffres

Évidemment, ce genre de graphique a été utilisé jusqu’à plus soif :

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Et il est vrai, en effet :

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Les jeunes sont particulièrement européistes, donc…

Mais il est “dommage” – pour ne pas dire franchement manipulateur – de ne pas parler de l’abstention (sondage Sky News) :

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(Source)

Ce qui change un peu la vision des choses quand on s’intéresse à la classe d’âge entière, non ? :

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Il est difficile d’étendre les résultats aux abstentionnistes : sont-ils aussi europhiles que les votants ? Osent-ils dire le fond de leur pensée quand ils sont sondés ?

En tous cas, leur non mobilisation démontre leur désintérêt du sujet…

III. Analyse

Le jeunisme à l’oeuvre est assez interpellant :

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Il postule en effet deux choses :

  1. que le “jeune” a une maturité politique d’une valeur au moins égale à celle d’adultes plus âgés, ce qui est osé…
  2. que le “jeune” ne vieillit jamais, ne devient jamais vieux, ne comprend donc pas avec le temps ce qu’est l’UE et ne change donc jamais d’avis… Bref, que les différences apparentes ne sont en fait pas basées sur un critère d’âge (et donc d’expérience), mais de génération (c’est à dire qu’on postule que les jeunes d’aujourd’hui seront toujours de grand europhiles à 50 et 70 ans…)

Alors, après, tout ceci peut, certes, se discuter, mais je trouve dommage que nos défenseurs de la maturité politique de la jeunesse et du respect de ses souhaits eu égard aux nombre d’années qu’il lui reste soient restés aussi silencieux par exemple au moment des européennes 2014 (où FN = PS + UMP…) :

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ou du référendum écossais #GrosHypocrites :

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Mais bon, on lira donc ce genre d’analyse chez Jacques Attali :

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(Source)

À mettre en place pour le prochain référendum prévoyant un saut fédéral vers Bruxelles ?

Et on saluera la vision (prophétique ?) de Peter Sutherland, ancien Commissaire européen à la concurrence (1989-1993), ancien directeur général de l'OMC (1993-1995), et ancien président de Goldman Sachs International (1995-2015), ancien président du pétrolier BP (1997-2009), ancien directeur de Royal Bank of Scotland, ancien administrateur du Groupe Bildergerg et ancien Président Europe de la Commission Trilatérale (je crois qu’on valide tout là…) :

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« La jeune génération au Royaume-Uni a été sacrifiée, tout ça à cause d'une déformation des faits et des conséquences. D’une façon ou d'une autre, ce résultat doit être annulé. » [Peter Sutherland] (Source)

Intéressant, ils ne se cachent même plus…

Sylvie Goulard, eurodéputée libérale :

"Moi je ne crois pas que le peuple, dans sa grande sagesse, est capable de tout comprendre. (…). Donc, il faut arrêter de penser que les élites sont mauvaises et que le peuple est bon; on a une interaction à réinventer, et dans le mot "leader", il y a vraiment "to lead", donc il y a aussi la question de dire, est ce qu'à un moment, il y a aussi les gens qui prennent leurs responsabilités, et peuvent dire aux autres, après les avoir écoutés, après avoir dialogué avec eux : "Bah là, non : ma responsabilité à moi, parce que c'est moi qui suis en fonction, c'est de faire quelque chose qui est douloureux pour toi mais qui sera bon pour tes enfants, ou qui sera bon pour l'ensemble de la collectivité"

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(Source : L’Obs)

Mais en revanche….

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(Et l’avis des jeunes qui vont se payer l’aéroport toute leur vie, toutça toutça… ?)

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IV Autres données

Je termine par quelques autres données sur le Brexit.

Vote en fonction de la CSP :

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Raisons du vote :

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Vote par parti :

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(Conservateurs, Travaillistes, Libéraux Démocrates, Ukip, Écologistes)

Répartition des votants de chaque camp en fonction du vote aux dernières législatives :

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(40 % des lecteurs du Leave sont Conservateurs, 21 % Travaillistes, 25 % Ukip…)

Moment du choix du vote :

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Vision du monde (différence entre les réponses positives et négatives) :

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Zoom sur la dernière question : “Pensez-vous que la vie dans le pays est meilleure ou pire qu’il y a 30 ans :

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Pour près de 50 % des femmes et 40 % des hommes, la vie est pire… C’est aussi le cas pour 34 % des cadres (!) et 57 % des ouvriers (en gros, AB cadres, C1 prof. intermed., C2 employés, DE ouvriers).

Alors du coup :

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On voit aussi que des raison politiques profondes guident le Leave, et pas qu’économiques, puisqu’on calcule que 38 % de ceux qui pensent que la vie est meilleure veulent néanmoins partir (contre 70 % chez ceux qui pensent le contraire).

Et enfin vision des conséquences :

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À suivre…

Pourquoi les Britanniques ont dit non à l’Europe, par John Pilger

Pourquoi les Britanniques ont dit non à l'Europe, par John Pilger

Source : Le Grand Soir, John Pilger, 27-06-2016

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La décision de quitter l'Europe votée par la majorité des Britanniques est un acte parfaitement démocratique. Des millions de gens ordinaires ont refusé de se laisser impressionner, intimider et mépriser par les analystes des principaux partis, le monde des affaires, l'oligarchie financière et les grands médias.

Ce fut en grande partie le vote de ceux qui étaient déçus et démoralisés par l'arrogance des défenseurs d'une politique de maintien dans l'UE associée à la déconstruction d'une politique sociale équitable en Grande Bretagne. Le service National de Santé, dernier bastion des réformes historiques de 1945, a été à ce point démantelé par les Conservateurs et les Travaillistes partisans des privatisations qu'il en est réduit à devoir se battre pour sa survie.

L'alarme a été déclenchée quand George Osborne, secrétaire au trésor, incarnation de l'ancien régime britannique et de la mafia bancaire en Europe, a menacé d'amputer de 30 milliards de £ le budget des services publics si la population faisait le mauvais choix. Ce chantage était scandaleux.

Le problème de l'immigration a été exploité au cours de la campagne avec un cynisme achevé non seulement par les populistes délirants d'extrême droite mais aussi par les travaillistes traînant avec eux une vieille tradition de racisme, symptôme de corruption du sommet plutôt que de la base du parti. On connaît pourtant les raisons de la présence de ces millions de réfugiés qui ont fui le Proche et le Moyen Orient – d'abord l'Iraq, maintenant la Syrie – suite aux invasions et aux agressions lancées par la Grande Bretagne, les Etats-Unis, la France, l'Union Européenne et l'OTAN. Avant cela, il y eut la destruction délibérée de la Yougoslavie ; plus loin encore la confiscation de la Palestine et l'imposition de l'Etat d'Israël.

Les casques à plumes ont disparu mais le sang n'a jamais séché. Ce mépris du dix-neuvième siècle pour les pays et les peuples, selon l'importance de leur utilité coloniale, demeure une pièce maîtresse de la « globalisation » avec son socialisme pervers pour les riches et son capitalisme débridé pour les pauvres : liberté pour le capital, déni de liberté pour le travail, politiciens perfides et agents civils politisés.

Tout cela a maintenant atterri en Europe, enrichissant Tony Blair et ses semblables en appauvrissant et asservissant des millions de personnes. Ce 23 juin, les Britanniques n'ont rien vu d'autre.

Les promoteurs les plus efficaces de « l'idéal européen » n'ont pas été l'extrême droite mais une insupportable classe patricienne dirigeante pour laquelle Londres représente le Royaume Uni. Ses membres dirigeants se voient comme instruits, libéraux, élite éclairée du vingt et unième siècle et même un peu cool. Ils ne sont en réalité qu'une bourgeoisie aux goûts consuméristes insatiables, porteuse de sentiments de supériorité dépassés.

Dans leur quotidien, le Guardian, ils ont aboyé jour après jour sur ceux qui osaient considérer l'Union Européenne comme profondément anti-démocratique, à la source d'injustices sociales et d'un extrémisme virulent connu sous le nom de néolibéralisme.

L'objectif de cet extrémisme est d'installer une théocratie capitaliste figée qui conforte une société à trois classes : une majorité divisée et endettée dirigée par une classe structurée stable et une classe permanente de travailleurs pauvres. Aujourd'hui, en Grande Bretagne, 63% des enfants pauvres vivent dans une famille dont un seul membre travaille. Pour eux, la trappe est déjà fermée. Une étude rapporte que 600.000 habitants du Grand Manchester, la seconde ville britannique, découvrent les effets de la grande pauvreté tandis que 1.6 millions de Britanniques s'enfoncent dans la précarité.

Cette situation catastrophique a été trop peu évoquée par les médias contrôlés par la bourgeoisie, notamment par la BBC dominée par Oxbridge. Pendant la campagne du referendum, aucune analyse en profondeur n'a pu éclipser le cliché hystérique d'une sortie de l'Europe, comme si la Grande Bretagne allait subitement dériver vers les courants hostiles quelque part au nord de l'Islande.

Au matin après le vote, un reporter de la BBC accueillait les politiciens dans son studio comme de vieux copains en disant, notamment à Lord Peterson, architecte déconsidéré du Blairisme : « Pourquoi ces gens rejettent-ils l'Europe à ce point ? ». « Ces gens » sont la majorité des Britanniques.

Tony Blair, opulent criminel de guerre, reste un héros de la classe « européenne » Mandelson, ce que l'on n'ose plus guère dire aujourd'hui. Le Guardian a décrit Blair en son temps comme un mystique fidèle à son projet de guerre prédatrice. Après le scrutin, l'éditorialiste Martin Kettle a apporté une réponse Brechtienne au mauvais usage de la démocratie par les masses. « Aujourd'hui, nous pouvons nous accorder sur le fait que les referendums sont mauvais pour la Grande Bretagne. » titrait-il sur sa page. Le « nous » n'était pas explicité mais bien compris, tout comme l'était « ces gens » à la BBC. « Le referendum a conféré moins de légitimité aux politiques, rien de plus, » écrivait Kettle…Le verdict au sujet des referendums devrait être brutal : plus jamais ça.

Ce genre de brutalité à laquelle aspire Kettle est illustré par le spectacle de la Grèce, un pays passé à l'aspirateur. Là, il y a eu un referendum dont on n'a pas tenu compte. Comme pour le parti travailliste en Grande Bretagne, les dirigeants du gouvernement Syriza à Athènes sont issus de milieux aisés, privilégiés, éduqués, frottés à l'hypocrisie et aux trahisons postmodernistes. Le peuple grec a utilisé courageusement le referendum pour demander à son gouvernement de négocier de meilleurs termes pour l'accord conclu à Bruxelles qui broyait la vie de leur pays. Ils ont été trahis comme les Britanniques l'auraient été.

Vendredi, la BBC a demandé à Jeremy Corbyn, leader du parti travailliste, s'il rendrait hommage à son partenaire, le démissionnaire Cameron, dans leur combat pour le « oui » et il a alors, jusqu'à provoquer la nausée, rendu hommage à la dignité de Cameron, rappelé son soutien au mariage gay et ses excuses aux familles irlandaises pour les victimes du « bloody Sunday ». Il n'a rien dit des germes de division semés dans le pays par Cameron, de ses politiques d'austérité brutales, de ses mensonges au sujet des garanties apportées au Service National de Santé. Il n'a pas non plus rappelé la folie guerrière du gouvernement Cameron : l'envoi de forces spéciales en Libye, la fourniture de lanceurs et de munitions à l'Arabie Saoudite et, par-dessus tout, sa disponibilité pour une troisième guerre mondiale.

Au cours de la semaine précédant le referendum, aucun politicien ni, à ma connaissance, aucun journaliste britannique n'a fait mention du discours de Vladimir Poutine à Saint Pétersbourg commémorant le septante-cinquième anniversaire de l'invasion de l'Union Soviétique par les Nazis le 22 juin 41. La victoire des Soviétiques au prix de 27 millions de vies soviétiques et de la majorité des forces armées allemandes nous a permis de l'emporter dans cette seconde guerre mondiale.

Poutine a associé l'actuel renforcement fébrile des troupes de l'OTAN ainsi que la consolidation des bases militaires aux frontières occidentales de la Russie à l'opération Barbarossa du troisième Reich. Les exercices de l'OTAN en Pologne ont été les plus importants depuis l'invasion nazie ; l'opération Anaconda a simulé une attaque de la Russie, vraisemblablement avec des armes nucléaires. A la veille du referendum, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a sournoisement prévenu les Britanniques de ce qu'ils mettraient en danger la paix et la sécurité en votant pour la sortie de l'Union Européenne. Ces millions-là l'ont ignoré, comme ils ont ignoré Cameron, Osborne, Corbyn, Obama et celui qui dirige la banque d'Angleterre ; en votant ainsi ils ont peut-être, et seulement peut-être, rendu un espoir de paix réelle et de démocratie en Europe.

John PILGER

Source : Le Grand Soir, John Pilger, 27-06-2016

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Pour approfondir : Anaconda contre “Union des Rouges”: grosses manoeuvres occidentales face à la Russie

 

Espagne : Mariano Rajoy net vainqueur des élections, amère déception pour Podemos, par Romaric Godin

Espagne : Mariano Rajoy net vainqueur des élections, amère déception pour Podemos, par Romaric Godin

Source : La Tribune, Romaric Godin, 26/06/2016

Mariano Rajoy peut célébrer une victoire électorale en Espagne, mais n'est pas encore sûr de rester à la Moncloa. (Crédits : JUAN MEDINA)

Mariano Rajoy peut célébrer une victoire électorale en Espagne, mais n’est pas encore sûr de rester à la Moncloa. (Crédits : JUAN MEDINA)

Les premiers sondages s’étaient entièrement trompés : le PP de Mariano Rajoy a progressé nettement lors des élections générales espagnoles, gagnant 13 sièges de plus. Unidos Podemos ne dépasse pas les Socialistes, toujours deuxième. Mais la crise politique est loin d’être réglée.

Les sondages sortis des urnes – et ceux publiés jusqu’à ce jour de vote en Espagne – s’étaient lourdement trompés. Finalement, Unidos Podemos (UP), l’alliance de Podemos, d’Izquierda Unida, formée des Communistes et des Ecologistes, n’a pas réussi à dépasser le parti socialiste, le PSOE, qui reste la deuxième force politique du pays derrière le Parti Populaire (PP) conservateur de Mariano Rajoy. Les vrais perdants de ce scrutin seront donc les instituts de sondage qui ne se sont révélés guère plus efficaces que leurs confrères britanniques qui n’avaient pas vu la victoire du Brexit le 23 juin.

Le PP, grand vainqueur

Quant au grand vainqueur, ce sera le PP qui, sur 95 % des bulletins dépouillés, a obtenu 32,9 % des voix et 137 sièges contre 28,7 % et 123 sièges le 20 décembre. Le président du gouvernement sortant Mariano Rajoy peut s’estimer satisfait de ce résultat. Il apparaît qu’il a bénéficié, comme le PSOE, mais dans une plus grande ampleur, d’un réflexe de retour aux partis traditionnels. Réflexe certes limité, puisque le PP avait obtenu 45 % des voix et la majorité absolue en 2011, mais la progression de près de quatre points est nette et elle donne clairement à l’équipe sortante la légitimité pour tenter de former un gouvernement. Le président du gouvernement pourra prétendre avoir gagné ces élections du 26 juin et effacé en partie les lourdes pertes subies entre 2011 et 2015. Sans doute faut-il y voir un effet de crainte face à la crise politique que traverse le pays et la volonté, en conséquence, de renforcer le gouvernement sortant.

Les Socialistes en progrès

Mais la vraie surprise de ces élections, c’est la progression des Socialistes du PSOE que l’on donnait pour moribond. Avec 22,8 % des voix contre 22 % le 20 décembre, il perd 5 sièges à 85 sièges contre 90 voici six mois. Le secrétaire général du PSOE Pedro Sánchez a fait mentir tous les pronostics et est parvenu à conserver largement la deuxième place dans l’échiquier politique espagnol en se renforçant. Il peut désormais espérer imposer sa candidature alternative à celle de Mariano Rajoy pour la présidence du Congrès qui avait échoué le 2 mars dernier en jouant cette fois sur l’affaiblissement d’Unidos Podemos.

Défaite pour Unidos Podemos

Car la sensation de cette soirée électorale, c’est que l’alliance menée par Pablo Iglesias n’a pas convaincu l’électorat espagnol de gauche. L’addition de IU et de Podemos avait obtenu 71 sièges et 24,4 % des voix le 20 décembre. Cette fois, la coalition ne recueille que 21,2 %, soit un recul de 3,4 points, mais préserve ses 71 députés. Plusieurs éléments peuvent expliquer cette défaite : l’effet « Brexit » qui a peut-être effrayé une partie de l’électorat qui a préféré se rallier aux partis « connus », l’alliance avec les « Communistes » d’IU qui a pu là aussi inquiéter une partie de l’électorat de Podemos et les projets de référendum en Catalogne qui ont peut-être provoqué un retour vers les partis « unionistes ». L’abstention, en hausse de 3,5 points à 30,3 %, a sans doute aussi joué négativement. En tout cas, toute la stratégie de Pablo Iglesias, basée sur le « sorpasso » et donc sur une alliance « proposée » au PSOE s’effondre. Podemos va devoir réfléchir à ses choix en vue de la formation de la prochaine coalition gouvernementale.

Recul pour Ciudadanos

Reste qu’il n’est pas le seul perdant de la soirée. Le parti libéral Ciudadanos a obtenu 12,9 % des voix et 32 députés, contre 13,9 % et 40 députés le 20 décembre. La défaite de son président, Albert Rivera, est claire. Ce dernier se présentait pourtant comme un politique pragmatique, seul capable, affirmait-il, s’il était renforcé, de construire autour de lui un gouvernement. Les électeurs ne l’ont pas réellement cru et l’ont même sanctionné. Il est vrai qu’il était difficile de savoir avec qui Ciudadanos, qui avait passé un pacte avec le PSOE en février, mais qui regardait également du côté du PP, voulait gouverner. En tout cas, cette défaite réduit la perspective d’un grand partie du centre après la disparition dans les années 1980 du CDS d’Adolfo Suárez, le “parti de la transition”.

Mariano Rajoy renforcé

Que va-t-il se passer à présent ? Le scrutin n’offre pas de majorité claire, mais il change la donne. Mariano Rajoy en sort renforcé et il sera plus difficile de demander sa démission pour gouverner avec le PP. Mais en a-t-il les moyens ? Sa victoire n’est pas suffisante pour construire une majorité gouvernementale et, à part Ciudadanos, il ne dispose pas de partenaires possibles à part le PSOE. Mariano Rajoy va sans doute demeurer ferme sur sa volonté d’établir une « grande coalition » avec le PSOE, mais Pedro Sánchez sort également renforcé du scrutin puisqu’il a réussi à empêcher le « sorpasso » par Unidos Podemos et à maintenir ses positions. Il pourra faire taire ses opposants en interne et imposer davantage ses conditions à ses éventuels partenaires de coalition. Autrement dit, lui aussi va retenter de devenir président du gouvernement.

Les conditions d’une alliance à gauche

Le scrutin apparaît donc comme un statu quo par rapport au 20 décembre, malgré la progression du PP. L’addition des partis de centre-droit est nettement supérieure à celle de la gauche et se creuse (169 contre 157 contre 163 à 160 auparavant). Mais les deux partis de droite ne disposent guère de réserve de voix au Congrès et sans majorité absolue (fixée à 176 sièges), ils auront du mal à obtenir le feu vert du parlement. Reste alors trois solutions, comme auparavant : une « grande coalition », un pacte à trois entre Ciudadanos, le PSOE et Podemos qu’avait proposé en mars Pedro Sánchez et une alliance de gauche avec l’appui des nationalistes catalans ou basques. Les trois cas demeurent toujours aussi peu probables qu’avant le scrutin.

Changement de position sur la Catalogne chez Unidos Podemos ?

Le changement pourrait venir de la déception d’Unidos Podemos. Si Pablo Iglesias et les siens considèrent qu’ils ont payé leur position dure face au PSOE et leur engagement trop fort pour le référendum catalan, ils pourraient décider de se montrer plus ouvert face à Pedro Sánchez. Mais la difficulté sera de faire accepter leurs alliés catalans, basques et galiciens un abandon de cette idée de référendum. Ce serait renforcer en Catalogne les Indépendantistes.

Un gouvernement minoritaire de droite ?

En cas de blocage persistant, le PSOE pourrait finalement accepter la victoire du PP et tolérer un gouvernement PP/Ciudadanos qu’il pourrait renverser quand il le désirera. Mais un tel gouvernement n’est pas certain de voir le jour (Ciudadanos acceptera-t-il un pacte avec le PP après une telle défaite ?) et il serait très fragile. Ces élections du 26 juin n’ont donc pas réglé la crise politique espagnole. Tout se passe comme s’il s’agissait d’un retour à la case départ et aux mêmes blocages qu’avant le scrutin…

Source : La Tribune, Romaric Godin, 26/06/2016