dimanche 26 juin 2016

Brexit : l’Allemagne refuse plus d’intégration de la zone euro

Brexit : l'Allemagne refuse plus d'intégration de la zone euro

Sur ce coup-là, on doit une fière chandelle à Merkel…

Source : Romaric Godin, La Tribune, 24/06/2016

Selon le Handelsblatt qui s’est procuré un “plan secret” du gouvernement allemand, Berlin voudrait faire un exemple du cas britannique pour décourager les autres pays tentés par la sortie, dont la France. Mais l’Allemagne refusera tout approfondissement de la zone euro, ne voulant pas entendre parler d’une plus grande solidarité financière

Angela Merkel l’a dit ce vendredi 24 juin : le vote britannique en faveur du Brexit est une « rupture » dans le processus d’intégration européen. Selon le Handelsblatt, le quotidien des affaires allemand, les services du ministère fédéral des Finances ont déjà préparé une feuille de route pour définir la « stratégie allemande » de gestion du Brexit. Un document de huit pages qui dresse quelques idées clé et devraient en décevoir certains.

Quel statut pour le Royaume-Uni ?

D’abord, le traitement du Royaume-Uni. Les services de Wolfgang Schäuble veulent « proposer des négociations constructives » à Londres avec comme objectif un « accord d’association ». Le Royaume-Uni ne serait pas dans l’Espace économique européen, comme la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein, mais aurait un statut plus particulier, entre celui de la Suisse et de l’Ukraine qui devra être défini plus précisément. L’avantage de ce statut serait de permettre un accès au marché unique européen limité. « Il ne faut pas offrir d’automatisme dans l’accès au marché unique », indique la note. Autrement dit, les relations seront libres là où les deux parties trouveront un intérêt partagés et Londres ne pourra pas « choisir » son accès.

Le but de ce choix est d’éviter l’effet « d’imitation » qu’une sortie facilitée créerait, selon le document. « La mesure et l’ampleur de l’effet d’imitation seront proportionnels au traitement du Royaume-Uni », indique le texte qui explicite les pays menacés, selon le ministère allemand par l’envie de quitter l’UE : la France, l’Autriche, la Finlande, les Pays-Bas et la Hongrie. Rien de vraiment neuf de ce point de vue : le problème de l’UE désormais est de trouver un équilibre entre sa tentation de faire un exemple et celui de protéger l’unité de l’union. Un élément n’est cependant pas pris en compte : si ce traitement “dur” de Londres provoque une vraie crise financière, Berlin pourra-t-il maintenir sa position ?

Pas plus d’intégration en zone euro

L’élément le plus important de ce texte est la position allemande sur la future réforme de l’UE. Les services de la Wilhelmstrasse, siège du ministère des Finances, mettent en garde contre le danger que France et Italie « utilisent après le Brexit l’incertitude pour demander plus de solidarité », par exemple par la mise en place d’une garantie commune des dépôts au niveau de la zone euro. Ceci conduirait, selon le texte, à plus de « socialisation des dettes » dans la zone euro et serait rejeter par les opinions publiques d’Europe du nord.

Le projet central de “l’Europe” : faire porter par les citoyens les conséquences des bêtises des banques…

Berlin trace donc ses conditions à une plus grande intégration de la zone euro : un changement de traités pour « renforcer le contrôle sur la politique financière et économique », bref une mise sous tutelle européenne des budgets nationaux. Logiquement, les services de la Wilhelmstrasse s’attendent donc à ce qu’il n’y ait pas de « grands accords sur le sujet ». En résumé : l’Allemagne n’entend pas s’engager dans une zone euro plus intégrée. Rien d’étonnant à cela à un an des élections françaises et allemandes. La réponse européenne au Brexit ne devrait donc se faire que par une tentative d’impressionner ceux qui seraient tentés de suivre l’exemple britannique et non par un nouveau projet européen.

Source : Romaric Godin, La Tribune, 24/06/2016

==================================

Brexit : Hollande et Merkel s’affrontent déjà

Le « Divorce » du Royaume-Uni avec la famille européenne est « douloureux ». En déplacement vendredi à Colmar, François Hollande n’a pas eu de mal à filer la métaphore sur le Brexit. Et assurer qu’il veut rassembler « ceux qui restent ». En replaçant la France au cœur du dispositif européen. Quitte à prendre quelque distance avec la chancelière Angela Merkel qui n’a jamais vraiment cru à une victoire des « brexiters ».

A l’Elysée, on planche sur ce scénario depuis des semaines. Car, pour Hollande, le Brexit est une occasion de bousculer les rapports de force au sein de l’Union européenne (UE) et de prendre l’initiative. Selon nos informations, une réunion des sociaux-démocrates européens se tiendra à Paris en fin de semaine prochaine, en présence notamment de l’Italien Matteo Renzi, qui dînait déjà hier soir avec le président à l’Elysée. François Hollande avait reçu dans l’après-midi les chefs de parti du pays. Les coups de fil avec les dirigeants européens n’ont pas cessé hier et continueront d’ici au sommet européen de mardi et mercredi.

Des alliances semblent déjà se former au sein de l’UE. Avec un premier désaccord : quand couper le cordon avec le Royaume-Uni ? Là où la chancelière appelle au calme et à la modération quant aux modalités de rupture avec son allié libéral et partenaire économique de poids, Hollande plaide pour une séparation rapide. « Il faut agir vite et bien pour ne pas donner le sentiment que l’UE est molle. Sinon, cela pose des problèmes démocratiques. Le vote doit être respecté », décrypte un proche du président.

« Les conséquences sont extrêmement graves », dramatise le chef de l’Etat, qui veut mettre les Britanniques devant leurs responsabilités. Et adresser un message clair aux partis populistes europhobes qui, à l’instar du FN, rêvent d’imiter les Britanniques. « Quand on prend une décision, il faut en assumer les conséquences. C’est une opération vérité pour tous ceux qui appellent tout le temps à sortir de l’Europe », insiste-t-on à l’Elysée. Une opération vérité pour Hollande aussi, qui a là une occasion de tenir un de ses engagements de campagne, et de « réorienter la construction européenne ».

Source : Le Parisien

==================================

"Pas besoin d'être trop durs" lors des négociations (Angela Merkel)

Angela Merkel a choisi de calmer le jeu, suite aux déclarations inamicales de certains responsables européens vis à vis du choix des Britanniques de quitter l'UE. La chancelière allemande s'est notamment montrée plus conciliante que son homologue français, qui avait réclamé la veille que le Brexit soit "rapidement appliqué".

"J'ai le sentiment qu'il ne faut pas essayer de faire peur pendant les négociations sur la séparation. Nous sommes tristes des résultats du vote d'hier, mais ce n'est pas une raison pour être trop durs lors des négociations. Elles doivent se dérouler dans les règles", a affirmé la chancelière devant la presse.

Déclarations opposées des ministres des Affaires étrangères des six pays fondateurs de l'UE réunis dans la matinée, également à Berlin. Pas question à leurs yeux d'attendre octobre et la nomination d'un nouveau Premier ministre britannique, pour que Londres applique l'article 50 du Traité de Lisbonne, qui lancera la procédure de sortie.

==================================

Brexit : divergence de points de vue entre Merkel et les sociaux-démocrates

Sur le Brexit, en Allemagne, les positions à adopter face à Londres et les changements institutionnels ou programmatiques pour l’Union européenne traduisent des points de vue différents entre Angela Merkel et ses alliés sociaux-démocrates au sein de la grande coalition droite-gauche au pouvoir.

Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut

Angela Merkel ne veut pas de réponses rapides et simples. Fidèle à elle-même, la chancelière privilégie une analyse sereine de la situation à des effets d’annonce. Et celle qui a perdu un allié auquel elle tient ne veut pas, après le référendum britannique, mettre Londres sous pression. Cela ne doit pas durer une éternité, c’est vrai, mais nous ne devons pas être obnubilés par les délais et rester en bons termes, a déclaré Angela Merkel.

Des propos qui tranchent avec ceux des ministres des Affaires étrangères des pays fondateurs de l’Union européenne réunis au même moment à Berlin qui, eux, souhaitent que les négociations sur le Brexit commencent le plus vite possible. Une position défendue par le chef de la diplomatie allemande, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier.

Son parti, le SPD, plaide dans un texte intitulé « Refonder l’Europe » pour des réformes institutionnelles profondes, dont Angela Merkel ne veut pas. Les critiques contre la politique d’austérité en Europe égratignent au passage la ligne de la chancelière, figure emblématique de ces positions. Et le plaidoyer pour une Europe à différentes vitesses, avec des groupes d’Etat allant de l’avant sur certains thèmes, contredit les premières déclarations d’Angela Merkel vendredi évoquant des réponses des 27 pays européens.

Source : RFI

==================================

Merkel ne veut pas précipiter la sortie de la GB

HERMANNSWERDER, Allemagne, 25 juin (Reuters) – La Grande-Bretagne ne doit pas se précipiter pour entamer la procédure de sa sortie de l’Union européenne, a estimé samedi la chancelière allemande Angela Merkel, souhaitant laisser une marge de manoeuvre aux autorités britanniques après le référendum de jeudi.

“Tout à fait franchement, il ne faudrait pas que cela prenne des années, c’est vrai, mais je ne vais pas militer pour un calendrier serré”, a dit la dirigeante allemande devant la presse lors d’une réunion de son parti, la CDU, près de Berlin.

“Les négociations doivent se tenir dans un bon climat de coopération”, a commenté la dirigeante allemande”, ajoutant que la Grande-Bretagne “restera un partenaire proche avec lequel nous sommes liés économiquement”.

Cette position de la chancelière allemande intervient alors que les ministres des Affaires étrangères des six pays fondateurs de la communauté européenne ont appelé samedi à entamer la procédure de séparation sans tarder.

“Nous attendons maintenant du gouvernement du Royaume-Uni qu’il fasse preuve de clarté et qu’il mette cette décision en application dès que possible”, indique un communiqué commun de la réunion.

Il appartient à la Grande-Bretagne de mettre en mouvement la procédure de sortie de l’Union européenne en invoquant notamment l’article 50 du traité européen de Lisbonne.

Il semble toutefois que les Britanniques souhaitent avancer sans précipitation. Le chef de file du “Leave”, Matthew Elliott, a estimé samedi que son pays devait d’abord entamer des négociations informelles sur un cadre complet fixant les futures relations avec l’UE avant d’invoquer l’article 50.

Source : Reuters

brexit-89

brexit-88

C’est beau le respect des élections…

Admirez ici non seulement l’article, mais la liste à droite des “plus populaires”…

brexit-87

brexit-90

Le Brexit : une défaite de l’UE telle qu’elle est, par Romaric Godin

Le Brexit : une défaite de l'UE telle qu'elle est, par Romaric Godin

Source : La Tribune, Romaric Godin, 24/06/2016

Le Royaume-Uni va quitter l'UE. L'UE doit changer. (Crédits : Reuters)

Le Royaume-Uni va quitter l’UE. L’UE doit changer. (Crédits : Reuters)

La victoire du camp opposé à l’UE dans le référendum britannique montre une incapacité de l’UE à convaincre les populations de son utilité et de sa nature démocratique. C’est une invitation à changer profondément le projet européen.

Ce sera donc un Brexit. Déjouant la plupart des instituts de sondages et autres bookmakers auxquels les marchés financiers ont cru aveuglément jeudi 23 juin, les électeurs britanniques ont demandé à près de 52 % de quitter l’Union européenne. Cette décision fait clairement changer de nature l’Union européenne. Jusqu’ici, l’UE était conçue comme un processus irréversible. L’adhésion massive des anciens pays du bloc de l’est lui avait donné des airs de « destination finale et indépassable » de l’Histoire. Désormais, puisqu’il est possible d’en sortir, l’Union européenne est différente : c’est une organisation qui doit convaincre les Etats qui y adhèrent et leurs peuples de son utilité. L’UE doit à présent se faire aimer de ses peuples. C’est une grande nouveauté qui va changer considérablement la donne du côté de Berlaymont, le siège bruxellois de la Commission européenne.

L’UE change de nature

La réaction au Brexit sera donc déterminante. Si l’on se contente de jeter un regard méprisant sur ce peuple britannique qui « décidément, ne comprend rien » et qui serait travaillé par le « vice du nationalisme » et par ses « passions », si l’on s’efforce de vouloir à tout prix « tout continuer comme avant » en se lançant dans une intégration « par le haut », si l’on veut « punir » les Britanniques pour « faire un exemple » aux autres peuples, alors l’affaire sera très mal engagée. Il convient, en réalité, de comprendre comment l’Union européenne a pu être rejetée par le pays qui, sans doute, était déjà le moins intégré en son sein. Et il convient de le faire en recherchant la rationalité de ce choix, non en le rejetant dans un simple vote « nationaliste ».

La faillite du « Project Fear »

Le premier élément, c’est évidemment, que le « Project Fear » (« projet de la peur) ne fonctionne plus. Depuis quelques années, la tentation de jouer sur la « peur de l’inconnu » en grossissant les traits est devenu un des arguments les plus puissants avancés en faveur de l’UE et de la zone euro. C’est celui qui a permis d’imposer au gouvernement d’Alexis Tsipras en Grèce, malgré un référendum allant en sens inverse, une politique dont ni lui, ni son peuple ne voulaient. Le seul ressort de cette politique est devenu d’éviter la sortie de la zone euro et de l’UE afin de ne pas « sauter dans l’inconnu ». Cette démarche a été au cœur de la campagne du « Remain » au Royaume-Uni et a été appuyée non seulement par des études économiques, mais aussi par des mises en garde assez délirantes de plusieurs experts sur les conséquences du Brexit pour les abeilles, la fonte des glaces ou la capacité des groupes anglais de donner des concerts à l’étranger.

Cette démarche a finalement joué contre elle-même. Les Britanniques l’ont prise pour ce qu’elle était : une démarche désespérée qui dissimulait surtout une incapacité à construire une vision d’avenir « positive » de l’UE. Logique : l’UE se considérant comme la « fin de l’histoire » n’a rien d’autre à proposer qu’elle-même dans sa forme actuelle. Pire même, ce « Project Fear » a décrédibilisé les vrais risques du Brexit : l’économie n’est plus devenue un moyen de convaincre l’opinion. Dès lors, il a donné plus de force au discours violemment xénophobe de certains partisans du « Leave ». Là encore, rien de plus logique : lorsque le projet de rapprochement européen n’a rien d’autre à proposer que le statu quo confortable, le projet nationaliste peut faire miroiter un avenir radieux. Ce 24 juin 2016, il est désormais clair que jouer sur la peur n’est plus un moyen suffisant de survie pour l’UE, surtout lorsqu’il s’agit d’un grand pays. Il est désormais clair que se contenter de promesses de sauver l’existant, que proclamer que « l’Europe, c’est la paix », ne suffit plus. On peut se lamenter sur la défaite du « rêve européen », mais la réalité, c’est que le Brexit prouve que l’UE dans sa forme actuelle n’a plus rien d’un « rêve ». Et c’est pourquoi elle a subi cette défaite.

L’impossible démocratie européenne

Deuxième enseignement : la question démocratique. Les partisans de l’UE ont sous-estimé cette critique d’un centre de décision éloigné, désincarné et peu légitime. Les études savantes montrent certes que toutes les décisions européennes ont une légitimation démocratique directe ou indirecte, mais la question n’est pas là. Les Britanniques, comme beaucoup d’autres sur le continent, ont le sentiment de ne pas maîtriser les décisions de l’UE. Dans un pays attaché au parlementarisme, les discussions de couloirs à Bruxelles et les compromis bancals arrachés à coup de nuits de palabre n’ont pas la forme de la démocratie. Ils ont vu, sur le continent, les pressions sur le parlement chypriote, le refus du choix des Grecs en 2015, le déni des référendums français et néerlandais de 2005, le renversement par l’UE des gouvernements italien et grec en 2011…

La démocratie, c’est d’abord la possibilité de l’alternance et cette alternance n’existe pas au niveau de l’UE. Les élections européennes de mai 2014 n’ont pas convaincu du contraire, malgré l’existence de « candidats » à la présidence de la Commission, on a vu émerger un « partage du gâteau » et une sempiternelle « grande coalition » à l’issue du scrutin. Jean-Claude Juncker peut prétendre être le représentant du « peuple européen », la réalité est différente. Personne ne l’a réellement choisi et sa légitimité est faible. L’UE doit d’urgence réfléchir à l’existence d’une vraie responsabilité démocratique de ses instances. Or, qu’on le veuille ou non, qu’on le déplore ou non, la source de la légitimité démocratique réside encore dans le cadre étatique. Un des arguments principaux de la critique démocratique de l’UE au Royaume-Uni a été les pouvoirs donnés à la Cour de Justice de l’UE, instance que ne contrôle personne. C’est une question que les Européens feraient bien d’aborder de front afin de construire à l’avenir. Le vote de ce 23 juin est une mise en garde pour ceux qui restent dans l’UE : La réforme de l’UE devra prendre cet élément en compte sérieusement cette question démocratique – qui est complexe – plutôt que de se lancer tête baissée dans un énième projet d’intégration à base technocratique en évitant de modifier les traités pour contourner le vote populaire.

L’impossible discours pro-UE à gauche

Troisième enseignement : un regard porté sur la carte du vote montre que ceux qui ont fait basculer le scrutin sont bien les électeurs du nord de l’Angleterre et ceux du pays de Galles du sud. Ce sont des électeurs traditionnellement attachés aux travaillistes, ouvriers ou anciens ouvriers précarisés, qui ont choisi clairement, et contre la campagne du Labour, le camp du Brexit. Un résultat semble illustrer ce fait : à Middlesbrough, le Labour avait recueilli 55 % des voix en 2015, ce 23 juin, le Brexit a obtenu 65,5 % des votes dans cette ville. Les exemples pourraient être légion. Ceci signifie que le discours de la gauche britannique du « Remain to change » (« rester pour changer ») n’a pas pris dans son électorat. Pourquoi ? Parce que l’UE n’a pas été capable de montrer qu’elle pouvait changer. De même, l’autre argument dominant de la gauche britannique, le « Remain to preserve » (« rester pour préserver » les droits des travailleurs) n’a pas convaincu.

Rien d’étonnant à cela. Quoiqu’en dehors de la zone euro, les électeurs britanniques des classes populaires ont constaté le traitement infligé par les autorités européennes aux pays en crise. La politique d’austérité aveugle et l’acharnement contre la Grèce ont affaibli le discours du Labour. Comment changer l’UE lorsque le référendum grec du 5 juillet 2015 a été non seulement ignoré, mais délibérément foulé aux pieds ? La politique économique de l’UE a été si peu éloignée de celle que mènent les Conservateurs britanniques depuis six ans dans la destruction des services publics, la libéralisation des marchés du travail, la réduction du droit des travailleurs, que l’argument d’un « socle » protecteur lié à l’UE n’a pas convaincu.

Là encore, c’est une question démocratique : l’UE n’est pas perçue comme capable de changer démocratiquement. Il vaut mieux donc en sortir pour peser sur des instances que l’on connaît. Mais c’est aussi une question économique et sociale : l’UE ne se soucie guère de ces populations oubliées et victime de la désindustrialisation au nom de la « destruction créatrice » et de la « bonne allocation des ressources ». Il est logique que ces populations ne se soucient guère de l’UE. C’est une leçon pour l’avenir : l’obsession centriste de l’UE l’a conduit à oublier des populations qui ne sont pas en déclin puisque les politiques menées ont jeté une partie des classes moyennes dans la catégorie inférieure. La réflexion sur un vrai débat économique s’impose donc désormais dans l’UE.

Remise en cause

Le Brexit remet donc en cause profondément ce qu’est devenue l’UE depuis des années. Si le cours de cette évolution n’est pas inversé, si les leçons de cette défaite ne sont pas tirées – comme on s’est efforcé de le faire en 2005 ou après le référendum grec – alors l’UE sera clairement menacée. Il revient donc aux forces démocratiques de l’UE de construire et débattre sur un nouveau projet européen et de le bâtir avec les peuples. Autrement, ce sont ceux qui veulent en finir avec lui qui auront le dernier mot.

Source : La Tribune, Romaric Godin, 24/06/2016

Journaliste : ” Nous, médias, comme vous, élus, n’arrivons pas à faire passer l’idée que l’Europe apporte quelque chose ; il y a un vrai mea culpa à avoir !”

Journaliste : " Nous, médias, comme vous, élus, n'arrivons pas à faire passer l'idée que l'Europe apporte quelque chose ; il y a un vrai mea culpa à avoir !"

Comme en 2005, les médias ont joué à fond leur rôle : assurer la propagande de l’Union européenne.

Un moment mythique donc hier : sur BFM TV, la journaliste Roselyne Dubois, dépitée, lâche le morceau face à Nadine Morano ; elle reconnaît que sa fonction est d’influencer l’opinion – et non pas de l’informer :

« Nous, médias, comme vous, élus, n'arrivons pas à faire passer l'idée que l'Europe apporte quelque chose. Que faut-il changer ? Il y a un vrai mea culpa à avoir ! »

L’aveu est fascinant dans sa naïveté même : la journaliste ne trouve rien d’anormal à déclarer qu’elle se charge de la communication de l’UE, cela va de soi pour elle, elle y croit totalement, et à complètement oublié la Charte de Munich régissant (si peu…) les devoirs de sa profession, dont :

2. Défendre la liberté de l'information, du commentaire et de la critique.

9. Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste

Évidemment, jamais elle n’arrivera à faire le lien avec ses anciens confrères de la télé soviétique dans les années 1980…

Autre florilège de la fin de semaine :

 

Marie Drucker : “Comment peut-on avoir 25 ans et rejeter l’Union européenne ?

Sa consoeur Marie Drucker n’a pas hésité, quant à elle, ce 24 juin historique sur France 2, à mettre en cause la réelle signification du vote des Britanniques :

“Tous ceux qui ont voté pour le Brexit, pour la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, le voulaient-ils vraiment ? (…) De nombreux observateurs estiment qu’il s’agit moins d’un vote de rejet de l’Europe et l’Union européenne qu’un vote contre les élites, contre l’establishment, contre la politique intérieure, bref, comme le sont souvent les référendums, un vote de colère.”

Autrement dit, selon notre grande interprète, les électeurs auraient pu voter contre leur souhait véritable, non pas guidés par leur raison (que seuls les eurobéats possèdent à coup sûr), mais aveuglés par une passion, la colère. On imagine mal Marie Drucker faire le même genre d’analyse si le Brexin l’avait emporté :

“Tous ceux qui ont voté pour le Brexin, pour le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne, le voulaient-ils vraiment ?  De nombreux observateurs estiment qu’il s’agit moins d’un vote d’adhésion à l’Europe et à l’Union européenne qu’un vote en faveur des élites médiatiques, qui manipulent avec opiniâtreté l’opinion, et pour la politique intérieure, survendue par d’habiles communicants, bref, comme le sont souvent les référendums, un vote de crédulité.

Même type de réaction partisane, qu’on n’imagine pas en sens inverse, de la part de François Jost, chroniqueur du Nouvel Obs et professeur à l'université Paris III. Il estime que ce référendum est un “un semblant de démocratie” :

“S'il y a une leçon à tirer de cet événement historique, c'est bien en effet le paradoxe suivant : le référendum, brandi par tous les populistes comme outil démocratique par lequel le peuple va s'exprimer, produit l'effet contraire de ce pour quoi il est soi-disant fait.

Car, au-delà de ces slogans qui font du pays l'acteur de cette rupture avec l'Europe, que disent les chiffres ?

D'abord que 51,9% des votants ont été favorables au Brexit. On se réjouit du taux de participation de 72,2%. Il signifie pourtant que c'est seulement un peu plus de 36% des Britanniques qui ont décidé de la sortie. (…)

Pour qu'un référendum portant sur une décision à portée historique soit juste, il faudrait au moins exiger une majorité qualifiée, par exemple que trois-quarts des votants soient pour ou contre la question posée.”

Si le Brexin l’avait emporté, François Jost se serait-il insurgé contre ce “semblant de démocratie“, sur le fait que seuls 36% des Britanniques auraient pu décider du maintien du Royaume-Uni dans l’UE ? Et l’a-t-on entendu exiger que trois-quarts des votants se prononcent pour l’entrée de nouveaux pays dans l’UE ?

Par exemple, le 13 novembre 1994, la Suède s’est prononcée par référendum sur son adhésion à l’UE. Celle-ci fut acceptée à seulement 52,8 % des suffrages exprimés. Faut-il donc exiger que la Suède sorte de l’UE et organise un nouveau vote où les trois-quarts des votants (75%) devraient se prononcer pour l’adhésion afin que celle-ci soit validée ?

Mais revenons à nos journalistes, en pleine gueule de bois ce 24 juin. Audrey Pulvar, sur Europe 1, a ainsi osé déclarer que les gens qui ont voté contre le Brexit sont des gens qui vivent dans la modernité, qui savent à quel point il est important de maintenir des échanges commerciaux, des échanges de populations, etc.” Comprenez : les gens qui ont voté pour le Brexit sont des ploucs arriérés qui ne savent pas ce qui est bon pour eux. On entendait exactement la même chose en 2005.

Elle a même osé ajouter : “La presse anglaise a une énorme responsabilité dans ce résultat.” Il est vrai que le Sun, plus gros tirage d’Angleterre, a pris parti pour le Brexit. En revanche, cela ne la gêne pas le moins du monde que près de 100 % de la presse française se soit prononcée contre le Brexit.

bfm

[Entraide] Traduction anglais 25/06

[Entraide] Traduction anglais 25/06

Voici comme d’habitude un appel à l’entraide de traduction de textes anglais, par une collaboration via Framapad.

Merci aux participants, votre aide est vraiment précieuse !

En revanche, vous n’êtes pas assez nombreux ; ce serait bien que plus de personnes se portent candidates pour aider, merci d’avance…

 

=============================

L’idée est de traduire par blocs ET de vérifier et améliorer la traduction déjà réalisée par les autres, pour avoir un beau résultat (c’est pour ça d’ailleurs que je ne reprends pas souvent des traductions externes, elles sont souvent de piètre qualité).

Eu égard au sabotage récent, nous avons modifié la procédure et augmenté la sécurité, qui implique une connexion par identifiant personnel et mot de passe. Si vous en voulez un, indiquez-le en commentaire de ce billet – en précisant votre mail dans la zone spécifiée (pas dans le commentaire, sinon il sera visible par tous, ce qui n’est pas le cas dans la zone dédiée “Adresse de contact” du commentaire). Nous vous contacterons en fonction du nombre de volontaires et au fur et à mesure des besoins. (recommencez s’il y a eu un souci, on a fait au mieux…)

Le premier texte est ici : A Roadmap to a Just World

Le 2e texte est ici : We Must Understand Corporate Power to Fight It

Le 3e texte est ici : The State Department's Collective Madness

Le 4e texte est ici : Bill Clinton jumped aboard disgraced sex offender Jeffrey Epstein

Le 5e texte est ici : Linda Tripp reveals Bill Clinton had affairs with ‘thousands of women’

Le 6e texte est ici : A Woman Who Was Sexually Assaulted by Bill Clinton Drops a BOMB on Hillary

Le 7e texte est ici : The State Department's Wrong-Headed Push for War With Syria

Le 8e texte est ici : Con vs. Con

Le 9e texte est ici : Neocons Scheme for More 'Regime Change'

Le 10e texte est ici : The War Risk of Hillary Clinton

Le 11e texte est ici : Trump's Five Questions on US Foreign Policy

[Pour les traducteurs : n’ayez crainte, nous avons donc un stock de passionnants billets traduits antérieurement, que nous publierons ultérieurement. Merci encore]

Si vous ne parlez pas anglais, ce n’est pas grave, vous pouvez aussi simplement relire en français pour enlever les fautes d’orthographes directement.

Merci d’avance ! Vous êtes super efficaces 🙂

N.B. : toutes les traductions déjà faites sont stockées, et sortiront dans les prochaines semaines, pas de souci…

Olivier Berruyer.

Résolution Brexit : le Parlement Européen montre déjà son sinistre visage…

Résolution Brexit : le Parlement Européen montre déjà son sinistre visage…

Jean Quatremer a bien rappelé la consigne du clergé bruxellois :

brexit-69

Il ne s’agit donc nullement de trouver une solution fraternelle et humaniste, qui préserve au mieux nos intérêts communs, non, il faut punir – stratégie de plus en plus à l’œuvre ne Diplomatie vous noterez.

Bien évidemment, ces grands stratèges pensant décourager de futurs X-exit montrent au contraire le sinistre visage de cette organisation, et vont donc contribuer à la faire détester encore plus…

Il est fascinant de voir à quel point toutes ces personnes “l-ue-c-est-la-paix” sont prêtes aux pires actes dès qu’un membre leur déplait (Hongrie, Grèce, Pologne…).

C’est finalement comme ces psychopathes qui promettent l’amour éternel à une femme et qui, dès que celle-ci leur dit “Tu es gentil, mais je préféré qu’on se sépare”, sont prêts à la taper, la détruire, l’assassiner…

Les 4 groupes mainstream du Parlement européen (Droite, Socialistes, Libéraux, Verts) ont ainsi mis moins de 24 heures pour pondre un projet de résolution (en anglais, l’Histoire est cruelle…) qui sera discutée mardi :

Je vous la résume :
brexit-70

brexit-71

Ils demandent donc :

  • que l’article 50 soit activé au plus vite, dès le 28 juin
  • qu’AUCUN accord ne soit conclu avec le Royaume-Uni tant qu’un accord de retrait n’aura pas été conclu. Concrètement, cela signifierait que Londres se retrouverait complètement isolé du marché unique une fois dehors et jusqu'à la conclusion d'un nouvel accord commercial, ce qui pourrait prendre plusieurs années. Le Parlement demande à être consulté à toutes les étapes des discussions et rappelle qu'il devra ratifier les compromis négociés. Bref, on la fout dehors, et on verra après – les intérêts de nos entreprises et nos emplois n’ont donc aucune importance pour ces fanatiques…
  • de « revoir l'organisation interne » du Parlement pour refléter le vote en faveur du Brexit. Une manière de dire que la suspension du droit de vote des élus britanniques doit être étudiée. Merci pour la démocratie, vu qu’ils ne sont pas encore partis…
  • que le commissaire britannique soit mis en retrait et que son portefeuille (services financiers) soit donné à quelqu'un d'autre. Merci pour la démocratie, vu qu’ils ne sont pas encore partis…
  • et, bien sûr, que soit “immédiatement relancé le projet européen” (2), via une révision des traités (11), en renforçant le coeur de l’Europe, et en prohibant toute forme de “solutions à la carte” (10) en se basant sur deux rapports déjà publiés visant à renforcer le caractère fédéral de l’Union (12).

Voici d’ailleurs un de ces projets de rapport. (jetez un coup d’œil, c’est hallucinant…)

Je rappelle ce sondage qui montre pourtant que ces fanatiques ne représentent qu’une faible minorité :

brexit-34

Cela va donc devenir de plus en plus intéressant, avec des comicos possédant ce niveau lamentable de diplomatie, de démocratie et de préservation de nos intérêts…

À suivre !

EDIT : bon, ben ça va vite…

brexit-77

Mais alors, là, on crois rêver :

brexit-78

Le Ministre des AE français qui demande le départ du Premier Ministre anglais, comment dire… ?  😯

brexit-74

Le Canal de Panama voit large

Le Canal de Panama voit large

Ce dimanche 26 juin, l'inauguration d'un Canal de Panama remis à neuf et élargi va donner l'occasion à plusieurs chefs d'État de se retrouver devant cette artère stratégique qui voit passer 5 % du commerce mondial et qui a fêté discrètement sont centenaire en 2014.
Pour certains, le projet d'agrandissement du Canal de Panama a été le plus grand projet d'ingénierie et de construction depuis 100 ans, soit depuis que le canal initial a été creusé.
Beaucoup de dirigeants étrangers, dont Barack Obama et Xi (...)

- Actualité / , , , , , ,