mercredi 1 juin 2016

Education : y-a-t-il quelque chose de pourri dans le modèle Finlandais ?

Education : y-a-t-il quelque chose de pourri dans le modèle Finlandais ?

La Finlande est un pays souvent montré en exemple par les partisans des réformes menées par la majorité actuelle (le prolongement de ce qui a été fait, droite comme gauche, ces dernières décennies). Il n'est donc pas inutile de noter que le pays se pose de plus en plus de question sur son modèle.



Modèle libertaire contre modèle autoritaire ?

Il y a encore quelques années, il y avait un large consensus pour prendre en exemple la Finlande, où « les élèves ont leur mot à dire sur ce qu'ils apprendent et même où : beaucoup pouvant s'allonger contre le mur d'un corridor. Les tests sont rares ». Le principe est de créer un système centré sur les élèves, leur donnant un maximum de liberté ou de pouvoir d'initiative et un minimum de contraintes. Mais les scores PISA ont baissé en 2009 et en 2012 et le gouvernement a annoncé une réforme pour restaurer « la joie et le sens de l'apprentissage », en pariant sur des projets couplant plusieurs disciplines, et un renforcement de l'art et de la musique ! Pas sûr que cela permette de de redresser la performance des élèves en lecture ou de réduire les grandissantes inégalités du système éducatif Finlandais !

Bref, pour redresser une situation qui se dégrade, la Finlande veut faire plus du même, ne remettant pas en cause certains excès de son modèle. Car le succès du pays a bien d'autres raisons, notamment l'excellent statut des professeurs dans le pays, à peine dépassé par les médecins. En outre,  dans le monde, un autre modèle, bien plus traditionnel et autoritaire s'impose de plus en plus, soutenu par la réussite dans les tests PISA de certains pays asiatiques dont la conception de l'éducation est à l'opposé de celle de la Finlande. En effet, les écoles privées britanniques et étasuniennes marquent un vrai retour à l'autorité. Cette question du modèle éducatif rejoint la question plus large de l'éducation en Suède, où les parents se demandent de plus en plus s'ils ne produisent pas des petits monstres.


Bien sûr, résumer le débat sur l'éducation à une opposition binaire entre des libertaire pseudo-pédagogistes et des traditionnalistes autoritaires ne serait pas productif. Néanmoins, cela doit pousser à se demander s'il n'est pas de plus en plus évident que la logique libertaire individualiste est en faillite.

Les Français maîtrisent de moins en moins leur pouvoir d'achat

Les Français maîtrisent de moins en moins leur pouvoir d'achat

Un autre facteur à ne pas sous-estimer : c'est que comme aux États-Unis, l'utilisation massive de la planche à billets en Europe, fait exploser les prix...

 

Les chiffres de l'Insee sont formels : le pouvoir d'achat des Français n'a cessé de progresser année après année. Pourtant, la plupart des ménages continuent d'affirmer qu'ils s'en sortent moins bien qu'avant, en particulier depuis l'introduction de l'euro au début des années 2000. D'où leur vient ce sentiment de ne plus maîtriser leur budget ?

L'euro a bouleversé les repères

Outre l'exercice de conversion plus ou moins durable auquel les Français se sont livrés au moment du passage à l'euro, la difficulté a surtout été de s'adapter aux nouveaux repères de valeurs. Seuil acceptable, prix psychologique, valeur perçue, toutes ces notions ont été complètement remises à plat et certains ont eu du mal à s'y retrouver dans cette valse de nouveaux prix qui ne signifiaient plus rien pour personne. Et le fait que quelques uns de ces repères aient justement été revus à la hausse a fortement contribué à donner l'impression que l'euro avait fait perdre du pouvoir d'achat aux Français. Ainsi, on donne parfois l'exemple de chaussures ou de vêtements vendus dans la grande distribution à certains moments-clés de l'année (rentrée des classes, fêtes, soldes...) qui étaient jusque là proposés à 49 francs pour attirer les acheteurs, et qui se retrouvaient tout-à-coup à 9,90.

D'un autre côté, indépendamment du calcul qu'il était capable de faire pour les prix à la consommation, un salarié avait en revanche beaucoup de mal à se dire qu'il ne s'était pas appauvri en voyant la valeur absolue de son salaire passer de 6500 (francs) à moins de 1000 (euros).

La progression du pouvoir d'achat doit être relativisée

Pourtant, d'un point de vue strictement statistique, on sait que le pouvoir d'achat des Français à progressé depuis 15 ans, même si aujourd'hui cette progression a ralenti (on est globalement passés de +2,5% par an à environ +1,7%). Mais ce pouvoir d'achat est calculé d'une manière globale qui ne tient pas vraiment compte de certaines réalités qui forment le quotidien des ménages. Tout d'abord, le pouvoir d'achat "statistique" est basé sur le revenu disponible brut (RDB), lequel comprend le salaire mais pas seulement. Or, c'est justement le salaire qui est le plus directement visible pour les gens, et même si l'Insee confirme qu'il a augmenté plus vite que l'indice des prix (signant là un gain net de pouvoir d'achat), il a en revanche progressé moins vite que certaines dépenses, à commencer par celles que l'on appelle les dépenses contraintes, c'est à dire celles pour lesquelles on s'engage à plus ou moins long terme, généralement par contrat, mais aussi par obligation sociale.

L'importance croissante des dépenses contraintes

Loyer, énergie, eau, charges, assurances mais aussi crédits (les Français s'endettent davantage qu'il y a 20 ans, notamment pour assurer de plus en plus d'achats de consommation courante), sont autant de dépenses contraintes qui ont eu tendance à fortement augmenter ces dernières années. Les déplacements également coûtent plus cher, notamment en raison du prix des carburants qui n'ont cessé de progresser en dépit des fluctuations des cours du pétrole. Mais ce sont les communications (téléphonie mobile, internet, etc.) qui ont littéralement explosé tout en devenant incontournables (même l'État rend désormais le numérique obligatoires pour certaines démarches). Sans oublier enfin les frais financiers qui se sont multipliés avec la mise en place de tarifications bancaires pour le moins contestables...

Au total, ces dépenses contraintes représentent aujourd'hui plus de 40% des dépenses des Français, amputant lourdement leur budget dès les cinq premiers jours du mois, les privant du même coup de toute possibilité d'arbitrage. Cette contrainte contribue elle aussi à donner aux ménages l'impression qu'ils ne maîtrisent plus leur budget et donc qu'ils ont perdu une certaine liberté à gérer leur pouvoir d'achat.

Un indice des prix assez éloigné des critères d'évaluation des ménages

Autre source de préoccupation pour les ménages : les dépenses de consommation courante. Certes, l'indice des prix tel qu'il est calculé officiellement montre une progression plus faible que celle du revenu disponible brut moyen. Ce qui signifie en clair que les prix augmentent moins vite que les revenus. Mais cette vision statistique semble de plus en plus déconnecté du niveau de dépenses courantes des Français. Car, lorsqu'ils veulent se faire une idée de l'amélioration ou de la détérioration de leur pouvoir d'achat, les ménages se focalisent principalement sur l'évolution des prix de quelques produits spécifiques : alimentation de base (pain, lait, viande...), tabac, essence, etc. Or, les prix de ces produits ont justement connu de très fortes augmentations depuis l'arrivée de l'euro. Et peu importe que d'autres produits aient vu leurs prix baisser très nettement (électroménager, vidéo, technologie...), ils ne font pas partie des préoccupations quotidiennes des ménages.

 


Jean-François Faure

 

Source : L'Or et l'Argent

Informations complémentaires :

 

L’Union européenne assume : la loi El Khomri, c’est elle, par Coralie Delaume

L'Union européenne assume : la loi El Khomri, c'est elle, par Coralie Delaume

Source : Le Figaro, Coralie Delaume, 25-05-2016

Jean-Claude Juncker, Président luxembourgeois de la Comission Européenne

Jean-Claude Juncker, Président luxembourgeois de la Comission Européenne

FIGAROVOX/DECRYPTAGE – Jean-Claude Juncker a déclaré que «la réforme du droit du travail voulue et imposée par le gouvernement Valls est le minimum de ce qu’il faut faire».Pour Coralie Delaume, l’économie de notre pays est depuis longtemps l’application des orientations de l’Union européenne.


Coralie Delaume est journaliste. Elle a notamment publié Europe. Les Etats désunis (Michalon, 2014). Découvrez ses chroniques sur son blog


La loi El Khomri est un produit d’importation made in Union européenne (voir explications détaillées ici). Les «Grandes orientations de politique économique» (GOPÉ), dont l’existence est posée par les traités, et le «Programme national de réformes» (PNR), qui s’inscrit lui-même dans le cadre de la stratégie Europe 2020 «pour une croissance économique intelligente, durable et inclusive» (tsoin-tsoin), prescrivent à de nombreux pays et depuis longtemps le malthusianisme budgétaire et la modération salariale.

[Article à lire sur Le Figaro. Je ne mets que la fin]

 

Or pour Jean-Claude Juncker, il se trouve que «la réforme du droit du travail voulue et imposée par le gouvernement Valls est le minimum de ce qu’il faut faire». Le minimum seulement. Et, avec un peu de chance, de constance et d’audace, une simple étape vers ce rêve éveillé que constitue l’idéal grec!

Autre grand bavard: Pierre Moscovici. Lui assume mieux encore que Juncker, et ses insinuations n’en sont plus. Ce sont même des aveux : oui, l’Union européenne veut la loi El Khomri. Dans un entretien publié ici le 18 mai soit, précisément, le jour de la parution des recommandations adressées par la Commission à la France dans le cadre du «semestre européen», le commissaire aux Affaires économiques faisait connaître sa volonté. S’il minaudait tout d’abord en prétendant qu’il ne lui appartenait pas de «juger» la Loi travail, il rappelait toutefois qu’il lui appartenait bien de l’exiger: « Tout ce que je peux dire, c’est que la réforme est indispensable et qu’y renoncer serait une erreur lourde (…) les Français ont souvent le même réflexe quand une réforme se présente: celui de s’y opposer. Cela ne signifie pas que la réforme n’est pas nécessaire et qu’elle ne doit pas être menée (…) En outre, je pense que la volonté du peuple doit s’exprimer dans les élections, pas dans les sondages ».

C’est vrai. En principe, sauf à vivre dans le chaos de la démocratie d’opinion, les scrutins font foi bien plus que les sondages. Mais en principe aussi, le pouvoir exécutif français se situe à l’Élysée et à Matignon (Paris, France), et non dans le bâtiment du Berlaymont (Bruxelles, Belgique). Sauf à vivre dans le chaos de la démocratie congédiée.

Évidemment, si les choses en sont là, et Moscovici le dit fort bien, c’est en raison «des traités que les gouvernements et les Parlements de l’Union européenne, à commencer par celui de la France, ont signés». C’est là l’argument dont les européistes se prévalent sans cesse, car il n’y a plus que ça en magasin. Au passage, ils se hâtent d’oublier que le dernier des traités, celui de Lisbonne, a tout de même nécessité pour être signé que l’on s’assoie en 2005 sur les résultats de deux référendums, le néerlandais et le français. Tout comme on s’est assis sur le résultat de la consultation grecque de juillet 2015. Autrement, c’était début du détricotage de la zone euro.

Au sujet du mouvement social actuellement en cours, Myriam El Khomri a eu ces mots très contestés: «il n’est pas question que l’économie de notre pays soit prise en otage». Ils sont pourtant incontestables: l’économie de notre pays est, depuis longtemps, en situation de captivité. Simplement, les rançonneurs ne sont pas forcément ceux que l’on croit.

Source : Le Figaro, Coralie Delaume, 25-05-2016

ue-loi

Trump a raison sur le 11-Septembre, par Peter Reinart

Trump a raison sur le 11-Septembre, par Peter Reinart

Source : The Atlantic, le 19/10/2015

George W. Bush n’a pas fait tout ce qu’il pouvait pour empêcher l’attaque – et il est temps que les Républicains affrontent ce fait.

Donald Trump dévoile une proposition de reconstruction des tours jumelles en 2005

Donald Trump dévoile une proposition de reconstruction des tours jumelles en 2005

PETER BEINART | le 19 octobre 2015

Donald Trump énonce beaucoup de mensonges choquants : les Mexicains sans papiers sont des « violeurs », les réfugiés syriens se livrent à « des agressions de toutes sortes » et sont « le cheval de Troie » de l’EI. Il dit aussi cependant des vérités choquantes : « Si vous donnez [de l’argent aux politiciens], ils feront tout ce que vous voulez qu’ils fassent. » Et « le Moyen-Orient serait un endroit plus sûr » si Saddam Hussein et Mouammar Khadafi étaient toujours au pouvoir.

La dernière vérité choquante en date, il l’a proférée lors d’une interview vendredi dernier sur Bloomberg TV, quand il a dit que George W. Bush mérite d’être tenu responsable de l’effondrement des tours du World Trade Center pendant son mandat. Les hommes politiques et les journalistes se sont étranglés d’indignation. Jeb Bush a qualifié les propos de Trump de « pitoyables » et Ben Carson les a jugés « ridicules ».

L’ancien attaché de presse de Bush, Ari Fleischer, a traité Trump de « conspirationniste » du 11-Septembre. Même Stephanie Ruhle, la présentatrice de Bloomberg qui avait posé la question, s’est écriée : « Enfin, vous ne pouvez pas reprocher ça à George Bush. »

Mais si, on peut. Il n’est pas possible de savoir avec certitude si Bush aurait pu empêcher les attentats du 11-Septembre. Mais ce n’est pas la bonne question, qui devrait être : « Est-ce que Bush a fait tout ce qu’il pouvait raisonnablement faire pour les empêcher, vu ce qu’il savait à l’époque ? » Et il ne l’a pas fait. Loin s’en faut.

Quand l’administration Bush est entrée en fonctions, en janvier 2001, George Tenet, le directeur de la CIA, et Richard Clarke, le “manitou” de la branche antiterrorisme du Conseil national de sécurité, ont tous les deux averti les nouveaux responsables de la grave menace représentée par al-Qaïda. Lors d’une réunion d’information de transition, à Blair House, plus tôt dans le mois, selon le Bush en Guerre de Bob Woodward, Tenet et son adjoint, James Pavitt, ont indiqué qu’Oussama ben Laden constituait l’un des trois dangers les plus sérieux pour la sécurité nationale. Ce même mois, Clarke a présenté à Condoleezza Rice, conseillère à la sécurité nationale, un plan auquel il travaillait depuis l’attentat d’al-Qaïda contre le destroyer USS Cole en octobre 2000. Il y demandait le gel des avoirs du réseau, la fermeture des associations caritatives qui lui étaient rattachées, l’envoi de fonds aux gouvernements d’Ouzbékistan, des Philippines et du Yémen pour qu’ils luttent contre les cellules d’al-Qaïda dans leur pays, le début de frappes aériennes et d’opérations secrètes contre les sites d’al-Qaïda en Afghanistan, et un accroissement considérable de l’aide à l’Alliance du Nord, qui luttait contre al-Qaïda et les talibans.

Mais Clarke et Tenet ont été profondément frustrés par la façon dont les hauts fonctionnaires de Bush ont répondu. Clarke raconte que quand il a informé Rice à propos d’al-Qaïda, “l’expression de son visage m’a donné l’impression qu’elle n’avait jamais entendu le terme avant.” Le 25 Janvier, Clarke a envoyé une note à Rice déclarant que, « nous avons besoin de toute urgence … d’un examen au niveau du Cabinet sur le [sic] réseau al-Qaïda. » Au lieu de cela, Clarke a obtenu une réunion d’un sous-cabinet, au niveau des Délégués, en Avril, deux mois après celui sur l’Irak.

Quand cette réunion d’avril eut enfin lieu, selon le livre de Clarke, Contre tous les ennemis, Paul Wolfowitz, le secrétaire d’État à la Défense, manifesta son opposition : « Je ne comprends pas pourquoi on commence par parler de ce seul homme, ben Laden. » Clarke répondit : « On parle d’un réseau d’organisations terroristes appelé al-Qaïda, qui se trouve avoir pour chef ben Laden, et on parle de ce réseau parce que lui et lui seul représente une menace immédiate et sérieuse pour les États-Unis. » Ce à quoi Wolfowitz rétorqua : « Mais il y en a d’autres aussi, au moins aussi dangereux, comme les terroristes irakiens, par exemple. »

Au début de l’été, Clarke était si découragé qu’il demanda une réaffectation. « Cette administration, témoigna-t-il plus tard, ne croyait pas qu’il y avait un problème urgent ou n’était pas préparée à agir comme s’il y avait un problème urgent. Et j’ai pensé, si l’administration ne croit pas son coordinateur pour le terrorisme quand il dit qu’il y a un problème urgent, et n’est pas préparée à agir comme on le fait devant un problème urgent, eh bien je dois probablement trouver un autre boulot. » En juillet, le Comité interministériel a fini par donner son accord à la programmation d’une réunion au niveau supérieur à propos du plan de Clarke. Le calendrier, toutefois, était déjà plein et, en août, beaucoup de membres du cabinet étaient en vacances, la réunion fut donc fixée au mois de septembre.

Pendant cette même période, la CIA donnait l’alerte elle aussi. Selon Kurt Eichenwald, un ancien journaliste du New York Times qui a pu lire les notes d’information quotidiennes préparées par les agences de renseignement pour le président Bush au printemps et à l’été 2001, la CIA informa la Maison-Blanche dès le premier mai qu’« un groupe actuellement aux États-Unis » projetait un attentat terroriste. La note quotidienne du 22 juin avertissait que l’attentat d’al-Qaïda pouvait avoir lieu « d’un jour à l’autre ».

Cependant les mêmes responsables du département de la Défense qui avaient fait peu de cas des avertissements de Clarke ignorèrent ceux de la CIA. Selon les sources d’Eichenwald, « les dirigeants néoconservateurs qui venaient de prendre le pouvoir au Pentagone prévenaient la Maison-Blanche que la CIA avait été trompée. Selon cette théorie, ben Laden faisait simplement semblant de planifier un attentat pour détourner l’attention de l’administration de Saddam Hussein, que les néoconservateurs considéraient comme une menace plus grave. »

La CIA riposta : « Les États-Unis ne sont pas la cible d’une campagne de désinformation menée par Oussama ben Laden, » lit-on dans la note quotidienne du 29 juin, où il est dit que le dirigeant d’al-Qaïda avait déclaré récemment à un journaliste du Moyen-Orient qu’il fallait s’attendre à un attentat. Le jour suivant, la CIA inclut dans sa note un article intitulé « Les menaces de ben Laden sont réelles. » Le 1er juillet, on prévoyait dans la note qu’un attentat « allait avoir lieu sous peu. »

Puis, le 10 juillet, Tenet et Cofer Black, le chef de la branche antiterroriste de la CIA, rencontrèrent d’urgence Condoleezza Rice pour demander qu’on agisse contre ben Laden. Mais, selon Mensonges d’État : Comment Bush a perdu la guerre [State of Denial], de Woodward, « ils avaient, tous les deux, l’impression que Rice ne les entendait pas. » Elle « avait l’air d’être polarisée sur d’autres priorités de l’administration, surtout sur le système de défense antimissile balistique auquel Bush était attaché » et « Tenet quitta la réunion, se sentant condamné à l’impuissance. »

À ce moment, les membres du personnel du quartier général de la branche antiterroriste de la CIA étaient tellement déprimés qu’ils se demandaient s’ils n’allaient pas demander leur transfert.

Les avertissements continuèrent. Le 11 juillet, la CIA prévint la Maison-Blanche qu’un tchétchène lié à al-Qaïda avait averti que quelque chose d’énorme allait se passer. Le 24 juillet, la note quotidienne disait que l’attentat d’al-Qaïda attendu avait été reporté, mais pas annulé. Enfin, le 6 août, la CIA intitula sa note « Ben Laden est décidé à frapper les E-U. » La note ne mentionnait ni une date ni une cible spécifique, mais on y faisait état de la possibilité d’un attentat à New York et de détournements d’avion par des terroristes. Dans Angler, Barton Gellman remarque que c’était la trente-sixième fois que la CIA avait évoqué al-Qaïda avec le président Bush depuis l’entrée en fonctions de ce dernier.

Le 4 septembre, le Cabinet se réunit et, malgré l’insistance du secrétaire d’État à la Défense pour qui l’Irak représentait la plus grande menace terroriste, il approuva le plan de Clarke de lutte contre al-Qaïda. Le 9 septembre, le Comité des services armés du sénat conseilla d’enlever 600 millions de dollars au budget proposé pour la défense antimissile et de les allouer à l’antiterrorisme. Selon Gellman, Rumsfeld conseilla à Bush d’opposer son veto à cette décision.

Le matin du 11 septembre 2001, le plan anti-al-Qaïda de Clarke se trouvait sur le bureau de Bush, en attente de signature. C’était la neuvième directive présidentielle à propos de la sécurité nationale au cours de sa présidence.

L’administration Bush aurait-elle pu empêcher les attentats du 11-Septembre, si elle avait pris les menaces plus au sérieux ? C’est possible. Le 3 août, un saoudien du nom de Mohamed al-Kahtani, essaya d’entrer aux États-Unis à Orlando, en Floride, pour, présume-t-on, participer au complot du 11-Septembre. Il fut renvoyé dans son pays par un agent des douanes qui craignait qu’il ne devienne un immigrant clandestin. Le 16 août, des agents du FBI et du INS (Service de l’immigration et de la naturalisation) arrêtèrent, dans le Minnesota, un autre pirate potentiel, Zacarias Moussaoui, après avoir été alertés par son instructeur de vol. Cependant, en dépit de nombreuses demandes, ils n’obtinrent pas la permission de fouiller son appartement ni d’examiner son ordinateur portable. Ces incidents « auraient pu révéler au grand jour le complot du 11-Septembre, écrit Eichenwald, si toutefois le gouvernement avait été en état d’alerte élevée. »

Clarke a la même thèse. Quand l’administration Clinton fut avertie d’une attaque éventuelle en décembre 1999, remarque-t-il, le président ordonna à son conseiller à propos de la sécurité nationale de « tenir des réunions quotidiennes avec le ministre de la Justice, la CIA et le FBI. » En conséquence, les dirigeants de ces agences donnèrent l’ordre à leurs branches locales d’enquêter à fond sur tout ce qu’elles pouvaient trouver. C’était devenu la priorité numéro un de ces agences. » Cette vigilance, suggère Clarke, contribua à l’arrestation le 14 décembre d’un algérien nommé Ahmed Ressam, qui arrivait du Canada avec l’intention de faire exploser une bombe à l’aéroport international de Los Angeles.

L’administration Bush aurait pu agir de la même façon en 2001. « Il y avait, remarque Clarke, enfouis dans les dossiers du FBI et de la CIA, des renseignements au sujet de deux de ces terroristes d’al-Qaïda qui se trouvaient être des pirates de l’air [Khalid al-Mihdar et Nawaf al-Hazmi]. Les dirigeants du FBI l’ignoraient, mais si les dirigeants avaient dû tout signaler à la Maison-Blanche, tous les jours… ils auraient remué ciel et terre et ils auraient découvert que ces gars étaient là. »

Est-ce que cela aurait, pour autant, déjoué les attaques du 11-Septembre ? « On avait une chance, soutient Clarke, mais les responsables de l’administration Bush, au plus haut niveau, ne l’ont pas saisie. »

Quand Donald Trump balance des insultes à ses adversaires, les gens respectables lèvent généralement les yeux au ciel. Mais c’est précisément le refus de Trump d’être respectable qui l’aide à susciter des débats que les élites préféreraient éviter. Et il est parfois important que ces débats aient lieu.

Comme les conseillers de George W. Bush dominent toujours l’establishment républicain dans le domaine de la politique étrangère – un establishment qui n’a pas rompu fondamentalement avec son héritage idéologique –, la façon dont il a agi doit être prise en compte dans le débat actuel sur le terrorisme. Pendant de nombreuses années, cet establishment dans le domaine de la politique étrangère a soutenu que s’interroger sur l’échec de Bush à empêcher le 11-Septembre était une calomnie scandaleuse. C’est la raison pour laquelle Fleischer traite maintenant Trump de « conspirationniste ». Il estompe sciemment la frontière entre accuser Bush d’avoir orchestré les attentats et accuser Bush de ne pas les avoir empêchés par manque de vigilance efficace. Toutefois Bush a effectivement péché par manque de vigilance. Les preuves sont accablantes.

On peut admettre que la fidélité de Jeb à son frère l’empêche d’affronter cette réalité. Mais il n’a aucun droit d’exiger que l’ensemble de la population détourne les yeux.

Source : The Atlantic, le 19/10/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Miscellanées du jeudi (Delamarche, Sapir, Béchade, Onfray, ScienceEtonnante, DataGueule)

Miscellanées du jeudi (Delamarche, Sapir, Béchade, Onfray, ScienceEtonnante, DataGueule)

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche: “Avec une dette de 240% de son PIB, le Japon est mort !” – 30/05

Olivier Delamarche VS Daniel Gérino (1/2): La politique monétaire de la BCE est-elle suffisante pour soutenir la croissance économique en Europe ? – 30/05

Olivier Delamarche VS Daniel Gérino (2/2): Le resserrement monétaire américain peut-il favoriser le Japon? – 30/05

II. Philippe Béchade

La minute de Béchade : “La BCE est en train de construire un cimetière nucléaire” – 25/05

Philippe Béchade VS Julien Nebenzahl (1/2): Comment expliquer le soudain rebond des marchés ? – 25/05

Philippe Béchade VS Julien Nebenzahl (2/2): Y a-t-il un risque de guerre des changes ? – 25/05

III. Jacques Sapir

Jacques Sapir VS Bruno Fine (1/2): Outre le Brexit, quelles sont les autres tensions intérieures qui pèsent sur la BCE ? – 31/05

Jacques Sapir VS Bruno Fine (2/2): La FED a-t-elle intérêt à remonter ses taux ? – 31/05

IV. Michel Onfray

V. ScienceEtonnante

Jusqu’où ira le record du monde de saut à la perche ? — Science étonnante #14

VI. DataGueule

CO 2 – Humains 0 #DATAGUEULE 2


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Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.