mardi 24 mai 2016

Faux frondeurs, vrais suiveurs (billet invité)

Faux frondeurs, vrais suiveurs (billet invité)

Billet invité de l'œil de Brutus


Ainsi donc la motion de censure déposée contre le projet de loi El Khomri a échoué. Le résultat était on ne peut plus prévisible. Encore une fois, les soi-disant frondeurs n'ont pas joints la parole aux actes en refusant d'assumer le choix de destituer le gouvernement de la gauche la plus à droite que l'on n'ait jamais connue. La tragi-comédie qui entoure chacune des motions de censure ne doit pas faire illusion : tout cela relève d'un jeu politicien de bas étage.

Nul doute en effet que Manuel Valls et François Hollande n'auraient jamais risqué la peau de leur gouvernement en lançant le fameux 49-3 s'ils avaient eu le moindre doute qu'aux intentions réelles des ci-devant « frondeurs ». Nul besoin donc de crier à l'atteinte démocratique devant cette utilisation du si décrié 49-3 : si les « frondeurs » étaient réellement opposés à la loi El Khomri, ils se devaient de voter la motion de censure. En se refusant à le faire, ils cautionnent le démantèlement du code travail et l'inversion des normes qui, plaçant le contrat au-dessus de la loi, met les travailleurs en position de faiblesse face au capital tout-puissant des multinationales (car bien peu nombreuses seront les PME qui pourront s'offrir le luxe de mettre en place des contrats d'entreprises. Ainsi, à l'inverse de l'effet prétendument attendu, elles s'en trouveront à devoir lutter à armes inégales contre les grands groupes qui, pour leur part et armés de leurs bataillons de conseillers juridiques et fiscaux, pourront user et abuser des contrats d'entreprises pour pratiquer le dumping social[i]). Et la véritable atteinte à la démocratie, pour le coup, si situe bien ici : en plaçant le contrat au-dessus de la loi, le gouvernement Valls considère que les intérêts particuliers des entreprises se situent au-dessus de l'intérêt général exprimé par la Loi au nom du peuple souverain. Ce nouveau démantèlement de notre démocratie se situe dans la droite lignée du traité de Lisbonne, du TSCG[ii]et en anticipation du TTIP[iii]. Il est à placer en parallèle de l'usage on ne peut plus abusif de l'état d'urgence pour réprimander les manifestations d'opposants[iv].

En refusant de s'opposer effectivement à cette loi, les soi-disant frondeurs s'en sont faits complices. Nul n'est dupe du piteux montage politicien consistant à invoquer le fait que la motion de censure avait été déposée par la droite pour refuser de la voter. Sur d'autres sujets (comme le traité de Lisbonne …), les mêmes n'ont guère d'états d'âme à joindre leurs voix à celles de la droite. Toute cette agitation ne fut qu'artifice, très probablement préparé d'avance tant par Manuel Valls – assuré de la survie de son gouvernement – que par les pseudo-frondeurs – accrochés à leurs sièges et aux prébendes offerts par leur parti –, pour tenter de faire croire qu'il existait encore un vague courant de gauche au sein du parti dit « socialiste ». Une  simple manœuvre politicienne permettant de chasser sur les terres des tout autant pseudos républicains qui s'en trouvent repoussés vers l'extrême-droite et l'ultralibéralismepour se donner l'illusion d'exister tout en tentant de s'assurer une base à gauche qui, faute de mieux, s'en trouvera à rallier le candidat du P « S » au moment des échéances de 2017. Ne nous y trompons pas : lorsqu'il s'agira de sauver ce qui peut l'être – à savoir leurs places – les dits frondeurs sauront aller quérir l'investiture du parti et se rallier derrière François Hollande (ou tout autre candidat de la « gauche de droite »). Si nécessaire, comme cela en devient tristement l'usage dans les démocraties occidentales en fin de cycle, ils en viendront même à se rallier derrière tout autre candidat, de « gauche » comme de « droite », pourvu qu'il leur permette de conserver leurs prébendes.

Il n'y a définitivement rien à attendre du P « S » (ni d'ailleurs des « Républicains » et de leurs affidés). Il faudra s'en souvenir au moment de glisser un bulletin dans l'urne.


Origine de l'illustration : Plantu, LeMonde.fr




[i] Cf.
Les PME n'ont pas besoin de la loi El Khomri (et c'est un patron qui le dit), Arnaud Lelache, Alterecoplus, 20-avr.-16 ;                 
La loi El Khomri contre les petits patrons, Jean-Pierre Crouzet et Michel Chassang, Figarovox, 22-avr.-16.                 
[iv] Si les personnes qui ont été interdites de manifester par décisions administratives avaient effectivement des comportements violents à se reprocher, pourquoi n'ont-elles pas alors fait l'objet de poursuites et placées sous contrôle judiciaire ? De plus, l'inefficacité de ces mesures à l'encontre des réels fauteurs de violence - que l'on a encore retrouvés en marge des manifestations – a été patente.

Loi Travail : le ton monte entre l’exécutif et les grévistes des raffineries

Loi Travail : le ton monte entre l'exécutif et les grévistes des raffineries

Pour ceux qui cherche de l'essence, je viens de tester, et le site Carbeo est toujours actif, ; ) Du reste, j'en profite pour vous rappelez qu'il y a une nouvelle journée d'appel à l'action le 26 mai 2016.

Update 18.05.2016 : Analyse détaillée du projet de loi EL KHOMRI / MACRON 2 par Gérard Filoche

Update 21.05.2016 IMPORTANT : Qui a réellement élaboré la loi Travail ? El Khomri la « c.... » de service ?

 

Le ton est encore monté d'un cran, ce lundi, entre le gouvernement et les opposants à la Loi travail qui entendent "amplifier" le mouvement de blocage des raffineries, qualifié d'"illégitime" par le ministre des Finances.

Faut-il se ruer vers les stations-essence ? Sur les huit raffineries que compte l'Hexagone, six sont désormais bloquées par des opposants à la Loi Travail – principalement regroupés sous la bannière de la CGT –, a indiqué lundi 23 mai, Emmanuel Lépine, le responsable de la branche pétrole de la CGT, sur France Info.

Et aucun de ces protestataires (salariés du secteur, chauffeurs routiers) n'entend rompre la grève, bien au contraire. "Si le gouvernement ne retire pas son projet [de Loi Travail], les mobilisations vont continuer, s'amplifier", a martelé le même jour, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, sur RTL.

Au total, 1500 stations-essence sur les 12.000 du pays étaient dimanche soir en état de pénurie totale ou partielle, selon le secrétaire d'État aux Transports, Alain Vidalies. La plupart se trouve dans le nord-ouest de la France, en Bretagne, Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Normandie, Pays-de-Loire et Île-de-France.

Plusieurs préfectures ont pris des arrêtés de rationnement pour l'achat de carburants alors que les files d'attente s'allongent dans les stations-service.

>> À voir sur France 24 : "Loi Travail : "François Hollande affirme qu'il ne "'cèdera pas'"

Le bras de fer est donc bien engagé avec le gouvernement. Car le Premier ministre, Manuel Valls, n'entend pas non plus céder à la pression des grévistes. "La Loi Travail ira jusqu'au bout de son processus parlementaire", a-t-il promis dimanche soir, tout en déclarant qu'il allait "continuer à évacuer un certain nombre de sites et notamment les dépôts" de carburants occupés. En recourant si nécessaire à la force publique. "Ce mouvement n'a pas lieu d'être", a-t-il ajouté.

Michel Sapin, le ministre des Finances, a, lui, fustigé "une CGT qui, pour des raisons souvent internes, s'est extraordinairement durcie et qui n'est que dans la protestation et qui n'est plus du tout dans le dialogue".

Pour le moment, les messages des professionnels du secteur se veulent rassurants : il n'y a pas de raison de se précipiter aux pompes à essence, a indiqué l'Union française des industries pétrolières (Ufip). "Nous pouvons tenir", a insisté Catherine Enck, porte-parole de l'Ufip. Laurent Michel, chef de la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) a parlé d'une "trentaine de jours" de stocks commerciaux pour les entreprises.

Même son de cloche du Premier ministre. La France dispose des réserves, a-t-il répété dimanche.

>> À lire sur France 24 : Loi Travail, le passage en force du gouvernement

Source(s) : France24.com Avec Reuters et AFP

Information complémentaire :

Crashdebug.fr : Loi Travail : nouvelle journée d'appel à la mobilisation le 26 mai

 

Jacques de Bollardière, le général qui refusa la torture

Jacques de Bollardière, le général qui refusa la torture

C’est dingue ça, le militaire le plus décoré de la Résistance a été le seul à avoir dénoncé la torture en Algérie, il a fait 2 mois de forteresse, a viré non-violent puis anti-nucléaire, et je n’avais JAMAIS entendu parler de lui !

On honore les résistants aux nazis, un petit peu moins à ceux contre Vichy (c’est compliqué etc.), mais il ne faut pas faire trop de pub aux militaires qui ont résisté à l’État tortionnaire (en Algérie ou ailleurs)….

Un héros, super connu il y a 50/60 ans :

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et hop, rayé des mémoires !

Après le soldat inconnu, le général inconnu…

La fabrique du crétin, c’est un métier…

Seconde partie du billet sur la quasi-censure du documentaire de 1974 lui ayant été consacré… (dingue, sans Gazut, on n’aurait presque rien sur lui…). Eh, devenez cinéastes les jeunes !

 Le documentaire caché : le général non-violent

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Eh bien comme les grandes chaînes ont caché ce documentaire pendant 40 ans, on va le montrer ici – et je vous encourage à en faire de même…

Source : Youtube, André Gazut

Source : Youtube, André Gazut

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Il y a cinquante ans, le général Jacques de Bollardière condamnait la pratique de la torture

Source : LDH Toulon, 28-11-2007

Jacques de Bollardière est le seul officier supérieur à avoir condamné ouvertement la pratique de la torture pendant la guerre d'Algérie.

En 1957, il tente par tous les moyens de dénoncer “certains procédés” en vigueur dans la recherche du renseignement en Algérie. Sa prise de position publique lui vaut une sanction de soixante jours d'arrêt …

[Mis à part la modification du titre et l'ajout de la brève de L'Humanité du 28 nov. 07,
cette page avait été rédigée en octobre 2001.]

Un carrefour Bollardière à Paris

[L'Humanité du 26 novembre 2007]

Paris va avoir son carrefour Général-de-Bollardière. Il doit être inauguré le jeudi 29 novembre prochain, à 17 heures 30. Il se situera à l'angle de l'avenue de Suffren et de l'avenue de La Motte-Piquet, prés de l'École militaire. La décision a été prise à l'unanimité du conseil municipal. La plaque devrait porter une seule mention : « Compagnon de la Libération ». Ses titres de résistance sont en effet des plus glorieux, étant l'officier français le plus décoré par les alliés. Le nom de Bollardière, cependant, incarne encore l'honneur militaire, et l'honneur tout court, pour un autre théâtre d'opérations. Promis aux plus hautes fonctions, le général de Bollardière eut le courage de dénoncer la torture pendant la guerre d'Algérie, ce qui lui valut deux mois de forteresse. La présence de ceux, Algériens et Français, qui ont été de cette histoire, présence souhaitée par Simone de Bollardière, signifiera que ce combat n'est pas oublié.

Ch. Silvestre
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Jacques Paris de Bollardière est né le 16 décembre 1907, à Châteaubriant. Il sort de Saint-Cyr en 1930.
En 1939, il est lieutenant à la Légion Étrangère dans le Sud marocain ; il reçoit le baptême du feu à Narvick.

Résistant de la première heure, il rejoint l'Angleterre en juin 1940, et participe à tous les combats des F.F.L. avec la 13e Demi-brigade de la Légion Étrangère. En avril 1944, il commande la mission Citronnelle dans le maquis des Ardennes. Jacques de Bollardière a été le soldat le plus décoré de la France libre : grand officier de la Légion d'honneur, compagnon de la Libération, deux fois décoré du DSO (Distinguished Service Order ) …

Après un commandement en Indochine à la tête des troupes aéroportées, il est instructeur à l'École de Guerre. En 1956, il est muté en Algérie, et, en juillet de la même année, il est nommé général.

Jacques de Bollardière tente par tous les moyens de dénoncer “certains procédés” en vigueur dans la recherche du renseignement.

En mars 1957, il demande à être relevé de son commandement en Algérie – sa lettre à Salan lui demandant de le relever :

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Au même moment, Jean-Jacques Servan-Schreiber, redevenu directeur de l'Express, est inculpé d'atteinte au moral de l'armée pour avoir publié plusieurs articles relatant son expérience algérienne et dénonçant l'attitude du gouvernement français. Il demande alors à son ancien chef, de Bollardière, de lui écrire une lettre de soutien ; celle-ci parut dans l'Express du 29 mars 1957 :

Le 21 mars 1957

Mon cher Servan-Schreiber,

Vous me demandez si j'estime que les articles publiés dans « L'Express », sous votre signature, sont de nature à porter atteinte au moral de l'Armée et à la déshonorer aux yeux de l'opinion publique.

Vous avez servi pendant six mois sous mes ordres en Algérie avec un souci évident de nous aider à dégager, par une vue sincère et objective des réalités, des règles d'actionà la fois efficaces et dignes de notre Pays et de son Armée.

Je pense qu'il était hautement souhaitable qu'après avoir vécu notre action et partagé nos efforts, vous fassiez votre métier de journaliste en soulignant à l'opinion publique les aspects dramatiques de la guerre révolutionnaire à laquelle nous faisons face, et l'effroyable danger qu'il y aurait pour nous à perdre de vue, sous le prétexte fallacieux de l'efficacité immédiate, les valeurs morales qui seules ont fait jusqu'à maintenant la grandeur de notre civilisation et de notre Armée.

Je vous envoie l'assurance de mon estime …

Note Berruyer : Il y avait une vraie presse à l’époque…

Sa lettre fait grand bruit et lui vaut, le 15 avril, une sanction de soixante jours d'arrêt à la forteresse de la Courneuve. Après quoi il est mis à l'écart : nommé successivement en Afrique centrale (A.E.F.), puis en Allemagne.

Le putsch d'Alger d'avril 1961 l'amène, à 53 ans, à prendre une retraite prématurée : “le putsch militaire d'Alger me détermine à quitter une armée qui se dresse contre le pays. Il ne pouvait être question pour moi de devenir le complice d'une aventure totalitaire”.

Il s'occupe alors de formation professionnelle des adultes. Quelques années plus tard, il est l'un des fondateurs du Mouvement pour une Alternative non-violente, et publie en 1972 : Bataille d'Alger, bataille de l'homme.

Jacques de Bollardière s'est toujours référé à son éthique chrétienne, pour affirmer le devoir de chacun de respecter la dignité de l'autre. Il a écrit : “La guerre n'est qu'une dangereuse maladie d'une humanité infantile qui cherche douloureusement sa voie. La torture, ce dialogue dans l'horreur, n'est que l'envers affreux de la communication fraternelle. Elle dégrade celui qui l'inflige plus encore que celui qui la subit. Céder à la violence et à la torture, c'est, par impuissance à croire en l'homme, renoncer à construire un monde plus humain.”

Jacques de Bollardière est décédé en février 1986, mais sa veuve, Simone de Bollardière, est l'une des signataires de l'appel des douze : le 31 octobre 2000, douze personnes, dont Henri Alleg qui survécut à “la question” et Josette Audin veuve d'un jeune mathématicien qui succomba, ont demandé une condamnation publique de l'usage de la torture pendant la guerre d'Algérie.

L'inacceptable [1]

« Vers le début de janvier 1957, tout s'accéléra soudain et devint menaçant. Une violente poussée de terrorisme plonge Alger et sa région dans la fièvre. Pour faire face à la situation on met en place une nouvelle organisation de commandement dans laquelle mon secteur se trouve englobé. Le général Massu, commandant la 10ème Division parachutiste, en est le chef. Les pouvoirs civils abandonnent entre ses mains la totalité des pouvoirs de police qu'il décentralise aussitôt jusqu'au dernier échelon de la hiérarchie dans la division parachutiste. […]

Des directives me parviennent, disant clairement de prendre comme premier critère l'efficacité et de faire passer en priorité les opérations policières avant toute pacification. Des femmes musulmanes atterrées, viennent m'informer en pleurant que leurs fils, leur mari, ont disparu dans la nuit, arrêtés sans explication par des soldats brutaux en tenue camouflée et béret de parachutistes. […]

Quelques heures plus tard, je reçois directement l'ordre de faire exécuter immédiatement par mes troupes une fouille de toutes les mosquées du secteur pour y chercher des dépôts d'armes. Je refuse d'exécuter cet ordre reçu dans des conditions irrégulières et que je juge scandaleuses ; j'estime de plus qu'une telle provocation risque de ruiner les efforts de plusieurs mois. Je demande alors à être reçu immédiatement par le général Massu.

J'entre dans son vaste bureau […] Je lui dis que ses directives sont en opposition absolue avec le respect de l'homme qui fait le fondement même de ma vie et que je me refuse à en assumer la responsabilité.

Je ne peux accepter son système qui conduira pratiquement à conférer aux parachutistes, jusqu'au dernier échelon, le droit de vie et de mort sur chaque homme et chaque femme, français ou musulman, dans la région d'Alger…

J'affirme que s'il accepte le principe scandaleux de l'application d'une torture, naïvement considérée comme limitée et contrôlée, il va briser les vannes qui contiennent encore difficilement les instincts les plus vils et laisser déferler un flot de boue et de sang…

Je lui demande ce que signifierait pour lui une victoire pour laquelle nous aurions touché le fond de la pire détresse, de la plus désespérante défaite, celle de l'homme qui renonce à être humain.

Massu m'oppose avec son assurance monolithique les notions d'efficacité immédiate, de protection à n'importe quel prix de vies innocentes et menacées. Pour lui, la rapidité dans l'action doit passer par-dessus tous les principes et tous les scrupules. Il maintient formellement l'esprit de ses directives, et confirme son choix, pour le moment, de la priorité absolue à ce qu'il appelle des opérations de police.

Je lui dis qu'il va compromettre pour toujours, au bénéfice de la haine, l'avenir de la communauté française en Algérie et que pour moi la vie n'aurait plus de sens si je me pliais à ses vues. Je le quitte brusquement.

En sortant de chez lui, j'envoie au général commandant en chef (1) une lettre lui demandant de me remettre sans délai en France à la disposition du secrétaire d'État à la Guerre.

Un faible espoir m'anime encore. Le général Massu n'est pas au niveau de commandement où se conçoit une politique et où se décide l'emploi des forces armées.

Je demande l'audience du Général commandant en chef [2] et du ministre résidant [3]. Je leur parle d'homme à homme et sors de leur bureau tragiquement déçu. J'ai le coeur serré d'angoisse en pensant à l'Algérie, à l'Armée et à la France. Un choix conscient et monstrueux a été fait. J'en ai acquis l'affreuse certitude.

Le lendemain, je prends un avion pour Nantes où m'attend ma famille. »

P.-S.

Le général de Bollardière est le seul officier supérieur qui n'ait pas été réintégré dans ses droits à la suite de la loi de réhabilitation de novembre 1982.

Notes

[1] Extrait de Bataille d'Alger, bataille de l'homme (chapitre 11)
par Jacques de Bollardière – éd. Desclée de Brouwer 1972.

[2] Raoul Salan.

[3] Robert Lacoste.

Source : LDH Toulon, 28-11-2007

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2e documentaire : « Un combat singulier » Portrait du Général de Bollardière

Source : Youtube

Source : Youtube

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Torture Simone de Bollardière : ” Ce général qui a dit non “

Source : L’Humanité, Jean-Paul Monferran, 10-11-2000

Guerre d’Algérie. Entretien avec l’une des signataires de l’appel contre la torture, dont le mari fut le premier officier supérieur à en dénoncer l’usage.

En mars 1957, le général de parachutistes Jacques Pâris de Bollardière – quarante-neuf ans, résistant de la première heure, soldat le plus décoré de la France libre – demande à être relevé de son commandement en Algérie. Il refuse la torture, au nom de ” l’effroyable danger qu’il y aurait à perdre de vue […] les valeurs morales qui, seules, ont fait jusqu’à présent la grandeur de notre civilisation et de notre armée “. Publiée dans l’Express de Jean-Jacques Servan-Schreiber, sa lettre fait grand bruit et lui vaut soixante jours de forteresse. ” Il avait sa conscience pour lui “, et ce temps de détention, ” il l’a mis à profit pour lire, surtout les philosophes “, explique aujourd’hui Simone de Bollardière, sa veuve, qui, ” pour la mémoire du combat de son mari ” et au nom de leur éthique commune, a décidé d’être l’une des douze signataires de l’appel ” à condamner la torture durant la guerre d’Algérie “. Rencontre avec une vieille dame digne, qui appelle un chat un chat…

Dans quelles circonstances avez-vous décidé d’être l’une des signataires de cet appel ?

Simone de Bollardière. Lorsque j’ai été contactée par Charles Silvestre, de l’Humanité, j’ai tout de suite été d’accord pour signer ce texte, surtout quand j’ai vu le nom des autres personnes, que je connais, pour certaines, et que mon mari connaissait aussi. Je me suis dit, sans trop y croire : ” Pourquoi ne pas jeter encore une bouteille à la mer ? ” J’ai donc signé – et pour plusieurs raisons. Tout récemment, j’ai vu le film Warrior, qui montre de jeunes Anglais se retrouvant en Yougoslavie sans y avoir été préparés et qui reviennent totalement chamboulés au bout de six mois, simplement à la vue des horreurs de la guerre. Or, la France, dans le plus grand secret, et sans jamais parler de ” guerre “, a envoyé en Algérie, pendant deux ans et demi, des jeunes de vingt ou vingt-deux ans, qui ont participé à des abominations. Certains ont vu leurs camarades morts, éventrés, et autres choses atroces, mais, eux aussi, ont commis des actes abominables, avec l’autorisation – non dite et non écrite – des autorités, et l’obligation, pour certains, de le faire, sous peine d’être méprisés par des officiers qui sortaient à peine de la guerre d’Indochine. Toute une génération a été sabordée par la guerre d’Algérie : la plupart se sont réfugiés ensuite dans le silence, beaucoup se sont suicidés ou sont devenus alcooliques…

Dans quelles conditions votre mari a-t-il décidé de refuser la torture ?

Simone de Bollardière. Dès que les ordres ont commencé à arriver dans son secteur. Mon mari – vous l’avez mentionné – était le soldat le plus décoré de la France libre. Il a alors écrit – sans permission, mais on n’était pas à l’école maternelle – que la torture était une pratique inadmissible, qui plus est, inefficace. Cela lui a valu deux mois de forteresse, et le reste de l’armée lui a tourné le dos. Ce qui m’a toujours étonnée, c’est que des généraux, des officiers supérieurs, qui se disaient ” bons pères de famille ” et qui, paraît-il, n’auraient pas fait de mal à une mouche, n’aient pas eu alors l’idée que si ce général-là, avec le passé qu’il avait (compagnon de la Libération, deux fois titulaire de la plus haute distinction britannique, etc.) posait une question de cette importance, c’est qu’il y avait un problème que, eux, systématiquement, refusaient de voir en disant : ” Dans mon secteur, il n’y a pas de torture “.

Comment l’expliquez-vous ?

Simone de Bollardière. Je ne l’explique pas.

Comment expliquez-vous alors l’attitude singulière du général de Bollardière, l’un des premiers officiers à rejoindre le général de Gaulle à Londres, en juin 1940 ?

Simone de Bollardière. Permettez-moi d’abord de dire les choses autrement : quand mon mari, alors capitaine, est arrivé à Londres en juin 1940, il ne savait pas qu’il y avait de Gaulle. Il revenait de Norvège, il a pris un bateau en Bretagne, et il comptait poursuivre la guerre comme simple soldat dans l’armée britannique pour combattre les nazis – il n’a jamais dit contre ” les Allemands “. C’est alors qu’il a appris l’existence de de Gaulle… Pour répondre à votre question, je crois que l’expérience de mon mari dans les maquis de la Résistance a beaucoup compté, tout comme sa formation et ses convictions de jeunesse : pour lui, un homme était toujours un homme ; on n’avait pas le droit de faire n’importe quoi à un autre homme, quelles que soient les circonstances. Il m’a raconté que, blessé dans les Ardennes, il avait mis toute son énergie à éviter que deux prisonniers allemands ne soient sommairement exécutés. Ils n’ont finalement été ni fusillés ni martyrisés, et ce sont eux qui l’ont porté sur un brancard pendant plusieurs jours… Il s’est toujours référé à des valeurs morales, au respect de l’autre, à l’éthique chrétienne : ” Tu ne feras pas aux autres “, etc.

Vous savez que, de manière récurrente, se pose, s’agissant de l’Algérie, la question des responsabilités respectives de l’armée et du pouvoir politique

Simone de Bollardière. Le pouvoir civil a été nul : il n’y a eu personne de courageux, pas plus Guy Mollet qu’un autre, personne qui ose dire autre chose que : ” Ce sont les événements d’Algérie “, etc. Quant aux officiers, ils n’avaient en tête que de prendre une ” revanche ” sur l’Indochine. Tout à leur mépris pour les ” Viets ” – comme ils disaient – ils n’avaient rien compris à ce qui s’était passé à Dien Bien Phu. Ils sortaient des ” écoles de guerre “, ils ne pensaient jamais pouvoir être défaits par des gens qui n’avaient que des bicyclettes. La vraie question est : que faisait la France en Indochine, que faisait la France en Algérie ?.

Quels souvenirs gardez-vous de la mise en détention de votre mari ?

Simone de Bollardière. Lui avait sa conscience pour lui : il était bien dans sa peau, il avait le temps de lire, surtout les philosophes, et en particulier Alain, dont il avait été l’élève. Moi, j’ai vécu cela comme une immense injustice – qui m’a, je crois, rendue pour toujours hypersensible à toute injustice, et par exemple, aujourd’hui, au sort des sans-papiers… Je ne supportais pas d’entendre mon mari être traité de ” salaud “, d’homme qui ” avait sali l’honneur de l’armée “, etc. En fait, c’est lui, seul, qui a sauvé alors ” l’honneur de l’armée “… Permettez-moi d’ajouter deux choses, encore plus personnelles : j’ai été très émue à la lecture du témoignage de cette jeune Algérienne qui expliquait que, quelque temps avant d’être torturée, elle avait écouté avec son père une émission, dans laquelle on parlait d’un général qui s’était opposé à la torture, et qu’ils avaient pleuré. Par ailleurs, j’ai toujours été sensible au fait que les Algériens ont toujours su dire, sans l’écorcher, le nom de mon mari ; en France, ce n’est pas le cas, on dit couramment ” La Bollardière “, ou je ne sais quoi… Au fond, j’en suis fière. Il n’y a rien de plus important que d’avoir sa conscience pour soi, de pouvoir se regarder dans la glace chaque matin…

J’imagine que vous avez beaucoup discuté ensemble de la guerre elle-même, du fait de savoir s’il fallait la faire ou non…

Simone de Bollardière. Il ne fallait pas la faire. L’Algérie, c’était le non-droit absolu pour les Algériens, et, dès qu’il y avait ne serait-ce qu’une petite ” réforme ” d’envisagée, les pieds-noirs riches s’y opposaient. Il y avait un mépris total pour l’existence de plus de 80 % de la population… Après l’Indochine, ne croyez-vous pas que des leçons auraient pu être tirées ? Quand nous étions en Indochine avec mon mari, j’allais dans les hôpitaux : il y avait des Algériens, des Marocains, des Africains, que l’on envoyait se battre ” pour la France ” en Indochine, quand eux-mêmes étaient venus nous aider à nous libérer de l’occupant nazi. Il ne faut pas mépriser les gens à ce point : les Algériens, par exemple, ont bien vu le rôle qu’on leur faisait jouer en Indochine, la ” sale guerre ” à laquelle ils étaient contraints. Quand ils sont revenus en Algérie, ils se sont dits : ” Pourquoi, nous aussi, n’aurions-nous pas notre indépendance ? Nous avons aidé les Français à reconquérir leur indépendance contre Hitler, pourquoi n’obtiendrions-nous pas la même chose ? ” C’est un raisonnement logique. Dans l’Évangile, on parle d’un ” peuple à la nuque raide ” : les Français, eux, ont eu la nuque plus que raide. Ils n’ont jamais voulu comprendre – et peut-être encore beaucoup aujourd’hui…

La torture était partout présente ?

Simone de Bollardière. Partout. C’était systématique. Et – je le répète – cela a détruit toute une génération.

La torture a été pratiquée aussi du côté algérien.

Simone de Bollardière. Un pays qui obtient sa liberté et son indépendance dans une violence pareille – avec l’OAS, les barbouzes, les anti-barbouzes, les hommes, les femmes, les enfants tués, massacrés, n’importe où, n’importe quand, n’importe comment – c’est un peuple qui se constitue dans la violence et qui se continue dans la violence. La violence en Algérie, c’est la suite de la guerre d’Algérie – c’est le dominant qui contamine la dominé. La France, vous savez, ce n’est pas très joli… Regardez encore aujourd’hui comment on traite les sans-papiers, comment des formes de torture peuvent encore être pratiquées dans les commissariats. La guerre d’Algérie a généré beaucoup de gangrène : du fait qu’il n’y a pas eu de sanctions, que tout a été toujours caché, qu’il y a eu l’amnistie, que l’on ne peut même pas en parler… Si je dis que Le Pen est un tortionnaire, je n’en ai pas le droit !.

On a beaucoup écrit sur les rapports entre votre mari et le général de Gaulle à cette époque.

Simone de Bollardière. Mon mari n’avait pas de rapports avec le général de Gaulle. Il s’est trouvé ” gaulliste ” parce que de Gaulle était là en 1940. Quant au retour au pouvoir de de Gaulle en 1958, on ne peut pas dire qu’il l’ait apprécié. Lorsqu’il a voulu quitter l’armée – et se disant que de Gaulle avait tout de même représenté quelque chose de très fort, d’essentiel – il lui a demandé audience. De Gaulle lui a dit : ” Que voulez-vous ? ” Mais mon mari ne voulait rien : ni étoile ni poste… Il voulait seulement parler de la situation en Algérie, lui demander ce qu’il comptait faire. Mon mari m’a dit : ” J’ai eu l’impression que nous n’étions pas dans le même monde. ” Il a pris sa retraite après le putsch de 1961, et il s’est occupé, ici en Bretagne, de formation pour les personnes en grande difficulté. Pour remettre le monde un petit peu plus à l’endroit.

C’est tout de même un parcours original ?

Simone de Bollardière. Oui, mais il suit une ligne très droite. Pendant longtemps. Il a écrit : ” J’ai cru que, pour la libération de l’homme, il fallait faire la guerre. Donc, je l’ai faite. Maintenant, je continue pour la libération de l’homme avec d’autres moyens : c’est-à-dire l’éducation et la formation à la non-violence. “.

Comment avez-vous apprécié la déclaration de Lionel Jospin s’engageant à poursuivre le ” travail de vérité ” sur la guerre d’Algérie ?

Simone de Bollardière. J’ai signé ce texte – je crois l’avoir déjà dit – à la fois par amitié pour l’Humanité – que je ne me représente pas avec un couteau entre les dents ! – et lorsque j’ai su qui étaient les autres signataires qui, tous, sont des personnes d’une très haute valeur morale. Dès lors, je me suis sentie moralement obligée à cause de mon mari. Mais, pour dire la vérité, je n’attendais rien de cet appel. Depuis tout ce temps… Tout paraissait tellement bloqué… Aussi, ma stupéfaction a été totale lorsque j’ai pris connaissance de la déclaration de Lionel Jospin. Je me suis dit : ” C’est incroyable. Je ne pensais pas voir cela de mon vivant. ” J’ai eu un bon coup au cour. Cinq jours seulement… Le tout est de savoir maintenant ce qui va suivre. J’aimerais que l’on fasse quelque chose pour tous ceux qui étaient jeunes alors et qui ont été massacrés dans leur être vivant. Et puis que l’on parle de toutes les horreurs. Je n’aime pas beaucoup les États-Unis : mais eux, au moins, ont su parler de la guerre du Vietnam ; McNamara (1) dit aujourd’hui que c’était ” une bêtise “. Puisque nous sommes, semble-t-il, dans l’année de la repentance, que l’État français fasse sa repentance vis-à-vis de l’Algérie ! Et l’Algérie vis-à-vis de la France, car il y a eu, en effet, des horreurs des deux côtés. Mais la France, terre de ” civilisation chrétienne “, vous vous rendez compte !.

Entretien réalisé par.

Jean-Paul Monferran.

(1) Secrétaire à la Défense dans le gouvernement de John Kennedy.

Source : L’HumanitéJean-Paul Monferran, 10-11-2000

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Le général de Bollardière par sa femme

Source : Youtube

Source : Youtube

Interview Simone de Bollardiere 2004

Source : Youtube

Source : Youtube

Le Général par sa femme

Source : Dailymotion


Source : Dailymotion

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Jacques de Bollardière, le général qui refusa la torture – Archive vidéo INA

Source : Youtube, INA, 26-06-2001

Reportage. Portrait du général Jacques PARIS DE BOLLARDIERE, qui refusa d’appliquer la torture pendant la guerre d’Algérie. Des associations se battent pour qu’un film suisse qui lui a été consacré, réalisé en 1974 et intitulé “Le général de Bollardière et la torture”, soit diffusé en France.Le comentaire sur images d’illustration et extraits du film alterne avec les interviews de sa veuve Simone PARIS DE BOLLARDIERE, et d’André GAZUT, réalisateur du film. Images d’archive INA
Institut National de l’Audiovisuel

Source : Youtube, INA, 26-06-2001

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« Général de Bollardière » : un destin face à l’Histoire

Source : Le Télégramme, Benjamin Brehon

Un document exceptionnel sur une des pages les plus sombres de l’histoire de France et, peut-être, une occasion de voir se refermer de vieilles blessures.

Des corps attachés. Des exécutions sommaires. De vaines tentatives de Robert Lacoste, ministre-résident en Algérie à l’époque des faits, pour évacuer le débat. «Général de Bollardière», le film d’André Gazut sorti en 1974, est une bombe. Censuré par l’ensemble des télévisions françaises, ce document exceptionnel retrace la vie de Jacques Pâris de Bollardière, brillant officier de la Légion étrangère qui a quitté l’armée pour n’avoir pas à cautionner l’emploi de la torture. Mais il est bien plus que ça.

Une véritable mise en accusation des pouvoirs civils et militaires pour leur comportement lors des «événements». Chappe de plombSi le film frôle parfois l’hagiographie, nul manichéisme chez son auteur. «Il ne s’agit pas de dire que tous les militaires étaient des tortionnaires, sauf lui, explique André Gazut. D’autres officiers se sont opposés à la torture. Simplement, ils ne l’ont pas dit». Et c’est cette chappe de plomb chez les anciens de l’Algérie, quels qu’aient été leurs rôles à l’époque, que le film cherche à briser.

«Il est très difficile pour un pays d’assumer son passé. Mais tant que le problème n’aura pas été revu au niveau de l’Etat, le malaise persistera, estime-t-il. Il faut dépasser les clivages droite-gauche, civils-militaires, pour en parler. C’est ainsi qu’on pourra en libérer ceux qui l’ont vécu». «Tout le monde savait» Signe que le problème reste sensible, le public mélangé de la projection. Beaucoup de contemporains de la «sale guerre» et d’autres, plus jeunes, sensibilisés par le récent vacarme médiatique autour du livre du général Aussaresses.

André Gazut, lui, se dit «pas étonné» des révélations de ce dernier. «Tout le monde le savait, il n’y a que le gouvernement français qui faisait semblant de ne rien entendre», dénonce en écho Simone de Bollardière, veuve du Général et militante infatigable de la paix. Le choc des images aidant, difficile de l’ignorer une fois la projection terminée. Pas de télé prévueDès 1974, la Suisse, la Belgique et le Canada avaient accepté le document. La télévision nationale algérienne l’a diffusé en mars dernier.

Mais en France, rien n’est encore prévu. Arte serait éventuellement intéressée, des responsables de chaînes ont déjà donné des signes, mais cela n’a pas abouti. Le circuit des cinémas indépendants a pris le relais, et le film tourne beaucoup, les demandes se multiplient. Rien que de normal : «Général de Bollardière» n’est pas un cours d’histoire, c’est un document historique. Rediffusion jeudi à 11 h 30 et vendredi à 21 h à la MJC.

Source : Le Télégramme, Benjamin Brehon

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DIFFUSION EN CATIMINI POUR LE GÉNÉRAL DE BOLLARDIÈRE

Source : Libération, Jean-Dominique Merchet, 10-07-2001

Les grandes chaînes boudent le documentaire sur l’officier antitorture.

L’honneur de la télévision française est sauf. Enfin presque. Dimanche 8 juillet, la Chaîne parlementaire-Assemblée nationale (LCP-AN) a diffusé pour la première fois en France le film d’André Gazut consacré au général de Bollardière. Afin de ne pas cautionner la torture en Algérie, cet officier avait demandé en 1957 à être relevé de son commandement (Libération du 14/06/01). Réalisé en 1974, le film a été projeté à l’époque par les télévisions suisses, belges et canadiennes. Mais jamais par les grandes chaînes françaises, privées ou publiques. «Un étrange oubli», constate LCP-AN.

Depuis l’hiver dernier, ce film a pourtant pu être vu une dizaine de fois, lors de projections privées organisées par des militants engagés contre la torture: à Lyon, Stains, Saint-Nazaire, Grenoble, etc. La dernière d’entre elles s’est déroulée le 25 juin à Paris, au cinéma le Biarritz. Une initiative de plusieurs organisations, dont Reporters sans frontières, la Ligue internationale des droits de l’homme et le «Groupe de douze». Salle comble autour des témoins, Simone de Bollardière ­ la veuve du général décédé en 1986 ­, Germaine Tillion ou Jean-Jacques Servan-Schreiber.

Ce film de cinquante minutes est un remarquable document sur l’itinéraire d’un officier issu de la petite noblesse bretonne et catholique, que rien ne prédisposait à dire «non» à la torture. Rien, sinon sa conscience. Et l’idée, rapportée de la Résistance, que «cela nous emmenait exactement à ce que les nazis avaient fait dans les pays occupés». «Je suis dans la situation paradoxale d’un général non-violent, raconte-t-il. La violence, je la connais. Elle dégrade.» Contre «Bollo», d’autres témoignages. Ceux de la France officielle. Guy Mollet, l’ancien président du conseil socialiste expliquant que la France ne peut torturer puisqu’elle est «le pays des droits de l’homme». Robert Lacoste, ex-ministre résistant SFIO, renvoyant de Bollardière à «sa foi». Massu, tripotant son stylo et expliquant qu’il a «obéi aux ordres». Aucun n’en sort vraiment grandi.

Réalisateur-déserteur. Pour André Gazut, ce film fut plus qu’un travail journalistique. Une affaire personnelle. «Catho de gauche», il avait déserté de l’armée française en 1960 pour ne pas participer à la torture. Infirmier chez les paras, «j’aurais eu à retaper les gars qu’on interrogeait». Réfugié en Suisse, amnistié en 1966, il devient réalisateur à la Télévision suisse romande (TSR). En 1973, il consacre un premier film à la «civilisation de la torture» pour lequel il rencontre le colonel Trinquier, théoricien français de la guerre contre-révolutionnaire. Réalisé à l’automne 1974, le Général de Bollardière et la torture est alors proposé à toutes les chaînes publiques francophones, qui échangent couramment leurs programmes. Silence à Paris. «C’est l’autisme des Français», constate André Gazut. «Invraisemblable!», estime Robert Ménard de Reporters sans frontières. Un autre documentaire d’André Gazut, consacré à Klaus Barbie, connaîtra plus tard le même sort. Il y évoquait une nouvelle fois la torture en Algérie.

Jean-Dominique Merchet

Source : Libération, Jean-Dominique Merchet, 10-07-2001

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Pour conclure, son interview dans l’Express du 19 juillet 1957 après sa sortie de forteresse :

Le combat du général de Bollardière

(…) Mais, mon général, objectait un officier, si on ne petit obtenir de résultats qu’en employant certains procédés pour obtenir le renseignement…

Bollardière : Parlez clairement. Qu’est-ce que vous entendez par “certains procédés” ? Si vous entendez par là simplement la lutte contre l’organisation politico-militaire rebelle, l’arrestation de suspects et la mise hors d’état de nuire des assassins, cela n’a rien que de parfaitement normal… Mais si, par “certains procédés”, vous entendez les moyens que je connais bien pour les avoir vu employer ailleurs : la baignoire, le courant électrique dans les…, etc., alors, parlez clairement et dites : les moyens de torture.

Admettons, mon général, qu’il s’agisse de tortures. Je voudrais vous poser une question. Si en employant ces procédés, vous arrivez à faire une économie de vies humaines. Si vous obtenez, par ces moyens, et rapidement, des renseignements que vous n’auriez pas obtenus autrement et si vous évitez, par exemple, que vingt bombes explosent, qui auraient tué des dizaines de femmes et d’enfants innocents. Ça fait des dégâts, une bombe. Vous avez vu l’autre jour au stade. Sans parler des réactions de la population européenne qui, dans une explosion de fureur panique, peut parfaitement riposter, sans que vous puissiez l’en empêcher, par une véritable Saint-Barthélemy des musulmans. C’est un grave cas de conscience de penser que vous condamnez peut-être des innocents en refusant d’employer des moyens que vous estimez contraires à la morale. C’est très beau du point de vite moral, mais vous vous condamnez à être inefficace. Nous sommes plongés dans une guerre révolutionnaire et nous avons à faire face à une nouvelle forme de la barbarie. Nous devons prendre les moyens nécessaire pour y répondre.

Bollardière : – Enfin, vous n’allez quand même pas confondre la guerre révolutionnaire avec la torture. La guerre révolutionnaire est une guerre dans laquelle la population est l’élément essentiel et l’action que l’on peut avoir sur la population ne se résume pas à la torture. C’est une véritable déviation de l’esprit. Comme si les tortures avaient jamais été un moyen d’arrêter une rébellion. Dites-moi (encore que sur beaucoup de points cela ne soit pas comparable) si la Gestapo a jamais empêché la Résistance d’exister. Pour ma part, quand j’apprenais que les petits gars du maquis étaient passés à la baignoire on qu’on leur avait arraché les ongles et fait je ne sais quoi encore pour les faire parler, cela ne me donnait pas du tout envie de rentrer chez moi. Et c’est précisément contre cela que nous nous sommes battus pendant cinq ans, pour défendre une liberté et une dignité de l’homme. Même si le système était efficace et si chaque individu “soumis à la question” parlait et donnait des renseignements permettant d’éviter des morts et des attentats – vous savez que ça n’est pas le cas et que ça ne peut être le cas – je ne serais tout de même pas convaincu. C’est à mon avis une preuve de faiblesse et d’impuissance et si vraiment on en est réduit là, c’est que nous n’avons plus rien à faire ici. ”

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Liens pour aller plus loin :

[2011] Pourquoi les complotistes sont des ennemis de la Démocratie, par Laurent Joffrin

[2011] Pourquoi les complotistes sont des ennemis de la Démocratie, par Laurent Joffrin

Pour ne pas oublier…

Source : Le Nouvel Obs, Laurent Joffrin, 10-09-2011

Le World Trade Center le 11 September 2001 à New York (AFP - SETH MCALLISTER)

Le World Trade Center le 11 September 2001 à New York (AFP – SETH MCALLISTER)

Dix ans après, le seul complot qui émerge de l'affaire du 11 septembre, c'est celui des conspirationnistes qui empoisonnent la mémoire de ce cruel évènement.

Retrouvez les “réponses aux conspirationnistes” de Laurent Joffrin

Dix ans après, les citoyens internautes attachés aux valeurs démocratiques devraient au moins se mettre d'accord sur un point : le seul complot qui émerge de l'affaire du 11 septembre, c'est celui des conspirationnistes qui empoisonnent la mémoire de ce cruel événement et cherchent à faire passer le gouvernement américain de l'époque, fort critiquable par ailleurs, pour une bande d'assassins cyniques et irresponsables.

On dira que c'est déjà faire la part belle à ces délires que de leur consacrer un article. Peut-être, mais lorsque l'on tape “11 septembre” sur le moteur de recherches Google – qui devrait avoir honte de sa complaisance, hypocritement cachée derrière une soi-disant neutralité technique – la moitié des occurrences qui apparaissent sur la première page émanent de groupes ou d'auteurs qui remettent en question l'explication raisonnable et étayée de l'événement, au profit d'élucubrations louches et insinuantes. Il faut donc revenir encore une fois sur ce dossier pour en rappeler les données de base fournies par l'examen froid des éléments factuels.

1) Les contestataires parlent d'une “thèse officielle”. Avant de l'examiner, il faut rappeler avec force que ce vocable a pour fonction unique de nier la légitimité des enquêtes effectuées, non seulement par les autorités américaines, mais aussi par une multitude de journalistes indépendants et reconnus, travaillant dans les meilleurs journaux, et par une myriade d'experts respectés qui n'ont aucun intérêt dans l'affaire, ni le moindre lien avec le gouvernement de Washington. Il faut aussi dire très haut que les contempteurs de la « thèse officielle » sont infiniment moins crédibles que ceux qui la défendent. Il suffit pour s'en convaincre de se remémorer leurs incroyables errements.

Le plus connu des négationnistes s'appelle Thierry Meyssan. Il a acquis la célébrité en niant qu'un avion de ligne se soit jamais écrasé sur le Pentagone. Armé de deux ou trois photographies de débris, mesurant la brèche faite dans le mur du bâtiment, nettement plus étroite que l'envergure de l'avion projeté sur le siège du ministère américain de la Défense, Meyssan a proclamé à tous vents que le Pentagone avait été endommagé non par l'avion du vol American Airlines 77, mais par un missile bourré d'explosif.

Une fois cette baliverne exposée – et vendue à des centaines de milliers d'exemplaires dans le monde – l'imagination pouvait battre la campagne : si on avait menti sur la nature du projectile, suggérait-il, c'est qu'on cherchait à camoufler une vérité monstrueuse, à savoir que l'attaque contre le Pentagone avait été perpétrée, non par Al Qaida, mais par une organisation militaire agissant secrètement. Et quelle organisation pouvait mener à bien cette opération au cœur des Etats-Unis, sinon l'armée américaine elle-même ? Ainsi, à partir de deux ou trois arguments techniques non-vérifiés, on formulait l'accusation décisive qui allait devenir le leitmotiv explicite ou implicite des négationnistes du 11 septembre : le gouvernement américain a lui-même organisé les attentats du 11 septembre pour justifier les guerres d'Afghanistan et d'Irak.

Or, au moment même où Meyssan développait son argumentation délirante, les agents du FBI retrouvaient dans les décombres du Pentagone les corps déchiquetés des passagers du vol 77, rassemblaient les objets personnels des victimes pour les rendre à leur famille et ramassaient un à un les débris de l'appareil, y compris les boîtes noires de l'avion dont les négationnistes affirmaient qu'elles n'existaient pas. Pour quiconque examine honnêtement le dossier, l'évidence s'impose : le vol 77 a bien été détourné et il s'est bien écrasé sur le Pentagone, là où des dizaines de témoins l'ont vu voler en rase motte avant de percuter le mur d'enceinte. Les noms des victimes sont connus, leurs familles apparaissent régulièrement dans des émissions consacrées au 11 septembre, les preuves de l'attentat du Pentagone sont surabondantes et incontournables. Et la largeur du trou ? Dans un choc de cette violence, l'appareil se désintègre entièrement, ce qui explique fort bien l'étroitesse de la brèche au point d'impact.

Autrement dit, non seulement Meyssan trompait les millions de téléspectateurs qui l'ont vu déblatérer sans contradicteur à l'invitation de Thierry Ardisson – jour noir dans l'histoire de la télévision française – mais il insultait aussi les familles des victimes, frappées par un deuil aussi absurde que cruel pour être ensuite niées et salies par un escroc intellectuel sans foi ni loi. Ceux qui pourraient encore douter de la réalité de cet événement se reporteront au documentaire réalisé pour France 3 par Daniel Leconte et diffusé jeudi dernier.

 

2) Cet exemple n'est pas choisi au hasard : la technique de Meyssan se retrouve peu ou prou dans tous les articles, les livres ou les films issus des milieux négationnistes. Au lieu d'aborder sans préjugé l'ensemble du dossier et de rechercher les faits les plus sûrs pour explorer ensuite les zones d'ombre, on inverse le processus. On passe sous silence les preuves les plus flagrantes et on se concentre sur quelques éléments bizarres, inexpliqués ou douteux, de manière à jeter la suspicion sur l'ensemble de l'affaire. Meyssan fait abstraction des passagers, de l'itinéraire de l'avion, des débris retrouvés, de la personnalité du pilote, des témoins qui ont vu l'avion.

Il se contente de mesurer un trou dans un mur et de reproduire des photos chipées sur Internet. Une fois ces éléments isolés, il range tous les autres arguments, quelle que soit leur évidence factuelle, sous l'étiquette dépréciative de “thèse officielle”, version par définition mensongère, bien moins excitante, de surcroît, que l'hypothèse d'un complot ténébreux.

 

3) Cette tricherie logique, qui consiste à retenir les seuls éléments qui vont dans le sens du complot, comme on le voit dans le film conspirationniste “Loose Change”, si prisé des internautes, est enrobée dans des arguments de vraisemblance, qui impressionnent souvent les gogos de Google.

Il est invraisemblable, dit-on, qu'une poignée de terroristes armés de cutters aient pu perpétrer un attentat de cette ampleur ; il est invraisemblable que l'US Air Force n'ait pas intercepté les avions ; il est invraisemblable que ces tours aient pu s'effondrer aussi vite, alors que les gratte-ciels incendiés ailleurs sont toujours restés debout ; il est invraisemblable qu'un terroriste inexpérimenté ait pu piloter un Boeing avec autant de précision ; il est invraisemblable que le troisième immeuble du World Trade Center (WTC 7) soit tombé lui aussi, alors qu'aucun avion ne l'a percuté. Certes, mais cela s'est produit.

Quelle est la thèse opposée, celle des conspirationnistes ? Ils affirment ou bien sous-entendent avec insistance que le gouvernement américain est à l'origine des attentats. Mais alors qu'ils sont intarissables sur l'invraisemblance de la « thèse officielle », ils n'examinent jamais la vraisemblance de leurs propres affirmations.

Or pour que le 11 septembre fût l'œuvre des autorités américaines, il eût fallu :

– que le commando ait été manipulé par les services secrets américains

– que l'US Air Force ait été prévenue pour laisser passer les avions

– que l'armée américaine ait organisé le tir meurtrier sur le Pentagone

– que les tours aient été préalablement minées par telle ou telle branche des services secrets

– que le Président, ses principaux collaborateurs et des responsables très haut placés dans la hiérarchie militaire et dans celle du renseignement soient du complot

– que les experts officiels et la commission désignée pour enquêter soient également complices

Bref, il fallait que les autorités élues de la plus grande démocratie du monde aient décidé d'assassiner plus de trois mille compatriotes pour justifier une guerre lointaine et incertaine, et donc que des dizaines, voire des centaines de personnes soient impliquées dans ce qui serait une des plus grandes infamies de l'Histoire, au risque de voir un jour l'un de ces exécuteurs se livrer à une confession publique qui enverrait immanquablement en prison ceux qui l'ont ordonnée.

Est-ce vraisemblable ?

 

4) Quittons maintenant le terrain de la vraisemblance pour rappeler les faits.

– Au matin du 11 septembre, dix-neuf terroristes répartis en quatre groupes ont bien pris place à bord de quatre vols civils réguliers. Dûment enregistrés, ils ont été filmés par les caméras de surveillance et leurs noms sont connus. Leurs itinéraires de djihadistes ont été maintes fois explorés par des dizaines de spécialistes reconnus, dans le gouvernement et en dehors de lui. Il ne fait aucun doute qu'ils appartenaient à Al Qaida.

– Une fois les détournements enclenchés, plusieurs témoignages irréfutables transmis par les téléphones de bord ont décrit le modus operandi des hommes qui ont pris le contrôle des appareils. Ils ont bien mené leur opération à l'aide d'armes blanches ; ce sont bien eux qui pilotaient les avions qui se sont écrasés.

– Le témoignage visuel, l'examen des débris et l'analyse des restes humains démontrent que ce sont bien ces quatre appareils qui se sont écrasés sur le World Trade Center, sur le Pentagone, et au milieu d'un champ de Pennsylvanie.

Des centaines de témoignages irréfutables montrent que les autorités américaines – aviation civile, US Air Force, services secrets, Pentagone et gouvernement – ont été prises au dépourvu, qu'elles ont réagi dans le désordre et que cette désorganisation explique largement la réussite de l'attentat, ainsi que l'embarras et les incertitudes qui ont ensuite caractérisé les réactions officielles. Nul besoin d'un complot pour éclairer le comportement de l'administration Bush.

– L'effondrement des tours reste une étrangeté en comparaison des incendies qui ont pu atteindre d'autres immeubles de ce genre par le passé. Mais aucun de ces immeubles qui sont restés debout ailleurs n'avait été percuté par des Boeing bourrés de kérosène. Les experts se divisent sur l'explication de cette chute dramatique, la majorité estimant que le choc initial et la chaleur de l'incendie suffisent à expliquer la catastrophe. Une minorité d'entre eux, annexés par les conspirationnistes, suggèrent que les immeubles étaient probablement minés. Mais aucun d'entre eux n'a jamais pu apporter la moindre preuve de la présence d'explosifs à la base des tours.

On produit les témoignages de certaines personnes présentes qui ont pu entendre des déflagrations au niveau du sol. Mais ces explosions peuvent s'expliquer par tout autre chose, par exemple l'écoulement du kérosène qui finit par exploser une fois parvenu en bas des immeubles. Dans le cas du WTC 7, la troisième tour, les vidéos enregistrées démontrent qu'on n'a entendu aucune explosion avant l'effondrement de l'immeuble sur lui-même.

 

Autrement dit, il reste des zones d'ombre : il y en a dans tous les grands événements historiques. Mais des faits massifs, évidents, établis, démontrent qu'il s'agit bien d'un attentat islamiste organisé de longue main par un groupe terroriste originaire du Moyen-Orient et destiné à porter le djihad mondial à un niveau inédit. Le gouvernement américain est sans doute coupable d'imprévoyance et l'impréparation, alors que les services secrets avaient lancé des avertissements très clairs. Il n'est en aucun cas à l'origine de l'opération.

Ainsi, consciemment ou inconsciemment, les complotistes abusent le public, profitant du relativisme régressif qui sévit si souvent sur Internet et dans la tête d'une partie de l'opinion. Ils tendent à accréditer l'idée que les grandes démocraties sont des théâtres d'ombre agis par des forces obscures, où le citoyen est un pion dans un jeu qui le dépasse de très loin. La fonction politique de ces thèses délirantes est évidente : détruire la confiance des citoyens dans leurs propres institutions, accréditer l'idée que les démocraties, après tout, ne sont pas plus fiables ou morales que les dictatures ; légitimer par contrecoup les thèses extrêmes, de droite ou de gauche.

Les négationnistes du 11 septembre sont des ennemis de la démocratie ou, au mieux, les idiots utiles de l'extrémisme. Ils doivent être dénoncés comme tels.

Laurent Joffrin – Le Nouvel Observateur

Source : Le Nouvel Obs, Laurent Joffrin, 10-09-2011

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Pourquoi les censeurs du 11-Septembre sont des ennemis de la démocratie

Source : Reopen 911, 13-09-2011

« Ils doivent être dénoncés ». C'est par ces mots que Laurent Joffrin, directeur du Nouvel Observateur, termine sa diatribe complotiste frisant l'apoplexie dans un article paru le 9 septembre 2011 et intitulé « Pourquoi les complotistes sont des ennemis de la démocratie ». En s’appuyant sur une argumentation qui fera date dans l’histoire la plus sombre du journalisme français, le patron du Nouvel Obs use manifestement plus facilement de l’insulte que de la raison. Voici quelques éléments de réponse…

« Paquets de sales cons » et négationnistes

Dans la droite ligne de son confrère Philippe Val qui avait déclaré de manière très « décomplexée » que les sceptiques de la verson Bushienne du 11-Septembre étaient « un sacré paquet de sales cons », le directeur du Nouvel Observateur se discrédite en vérifiant la loi de Godwin. En effet, il n'hésite pas à qualifier de “négationnistes” les 58 % de français qui manifestent leurs doutes à propos de l'explication officielle des attentats du 11-Septembre.
Tout en subtilité, Joffrin utilise à cinq reprises le terme “négationniste” dans son article, un terme généralement employé pour définir les personnes qui nient la réalité des événements atroces que constitue le génocide des juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Ce grossier dérapage sémantique vise à assimiler les personnes qui se posent de légitimes questions à des sympathisants néo-nazis. Même si Joffrin ne fait que reprendre un vieux procédé qu’il qualifie lui-même de polémique, la méthode demeure abjecte et doit être dénoncée.

Ces injures nous rappellent celles proférées sans vergogne par certains journalistes à l'encontre du réalisateur et acteur Mathieu Kassovitz (lire aussi la note ci-après) lorsqu’il avait émis publiquement ses doutes concernant la version gouvernementale du 11-Septembre. Certains étaient même allés jusqu’à le comparer à Goebbels, alors que les grands-parents du cinéaste furent déportés lors de la Seconde Guerre mondiale. Ces amalgames grossiers sont régulièrement utilisés pour discréditer les personnes qui se posent des questions sur la véracité de l’enquête de la Commission officielle.
Bien évidemment, aucune personne sensée ne peut nier l'évidence de ces attentats meurtriers. Tout simplement parce qu’il s’agit de l'évènement le plus filmé de l’histoire de l’humanité, avec plus de 3000 heures de direct, et des dizaines de milliers de films amateurs tournés ce jour-là. Nous avons tous vu les Tours Jumelles frappées par les Boeings puis tomber en poussière. […]

 

Antidémocrates et Antiaméricains

Bien souvent ceux qui posent des questions sur le 11 septembre 2001 sont qualifiés d’antidémocrates et antiaméricains. Malheureusement, c'est faire preuve d'une totale méconnaissance du sujet que d'assimiler à de l'antiaméricanisme primaire ce qui est en fait un débat profond et complexe au sein même de la société américaine. Car 99% du travail de recherche sur la vérité du 11-Septembre est fournie par des milliers de citoyens américains bien plus soucieux de la démocratie que les censeurs du débat sur le 11 septembre 2001.
« Élucubrations louches et insinuantes »

Ce travail de recherche est soutenu par de nombreux experts qualifiés qui se sont regroupés en associations professionnelles dédiées à la recherche de la Vérité et appelant à une nouvelle enquête : ingénieurs du génie civil ou architectespilotes, professeurs d’université, officiers militaires, membres de services de renseignements, leaders politiques, ou encore pompiers et sauveteurs. Ces nombreuses associations américaines produisent des expertises et des travaux qui méritent toute l'attention de la presse. Quant au site patriotsquestion911, il recense  plus de 2500 témoignages (avis, analyses, prises de position) de professionnels qualifiés qui questionnent la thèse officielle du complot.

A moins d’être d’une totale mauvaise foi, il est impossible de qualifier le travail de tous ces citoyens « d'élucubrations louches et insinuantes ». Tous ces patriotes américains sont-ils des dangereux extrémistes ? Si oui, laissons M. Joffrin les « dénoncer »… […]

Journalistes atteints de Complotite aiguë

Ne se refusant aucun paradoxe, Joffrin explique que mettre en doute la version que le gouvernement Bush a donné du 11-Septembre (et qui a été véhiculée quasiment à l'identique par les médias de masse) sert des intérêts machiavéliques et viserait à renverser la démocratie, (« détruire la confiance des citoyens dans leurs propres institutions, accréditer l'idée que les démocraties […] ne sont pas plus fiables ou morales que les dictatures »). De toute évidence, Laurent Joffrin vient de démasquer un immense complot !

Bien sûr, la vérité est bien plus complexe que cet amalgame de raccourcis faciles et calomnieux, car personne aujourd'hui n'est capable d'expliquer réellement ce qui s'est passé lors de ces terribles attentats. Trop de documents ont été soustraits à une Commission d'enquête partiale (dont les conclusions du Rapport avaient été écrites à l'avance) et disposant d'un budget dérisoire (plus de trois fois inférieur à celui de l'enquête sur les aventures extraconjugales du Président Clinton…)

A ce jour, nous pouvons seulement affirmer que la version gouvernementale comporte bien trop de mensonges et d'omissions pour être acceptée telle quelle, et nous sommes en droit de réclamer une nouvelle enquête.Le même Joffrin reconnaissait lui-même, en 2002, de nombreuses zones d’ombres dans les explications gouvernementales.

Il est nécessaire de faire la lumière sur cet événement fondateur d'un XXIe siècle qui a débuté par les guerres en Afghanistan et en Irak, et a donné naissance à de trop nombreuses lois liberticides dans tous les pays démocratiques.

La vérité ne pourra être établie que par une enquête internationale approfondie disposant d'un droit d'accès aux archives américaines, et du pouvoir de citer à comparaitre les acteurs. Cela peut paraître irréaliste et impossible à réaliser au vu des intérêts en jeu. Mais une volonté populaire et politique immense a des chances d'initier enfin une enquête à la hauteur de la gravité des actes commis le 11 septembre 2001, et de leurs conséquences.

Démocrates contre censeurs

Pour conclure nous ne pouvons que conseiller à M. Joffrin de s’informer un peu plus. Car ses propos insultants et diffamants ont pour principaux destinataires les familles de victimes et les nombreux citoyens américains qui réclament une nouvelle enquête depuis plus de cinq ans. Les français qui les soutiennent, soutiennent leur volonté de restauration de la démocratie aux USA comme en Europe.Quand on se fend de deux articles orduriers contre ceux qui émettent des doutes sur la version officielle du 11-Septembre, on peut bien prendre 90 minutes pour faire connaissance avec ses adversaires. Une attitude que pourrait aussi adopter M. Alain Genestar face à une militante de reopen911 sur LCI le 11/9 dernier. Les voici présentés dans l’excellent documentaire « Press For Truth », celles et ceux qui depuis 10 ans remuent ciel et terre pour connaître enfin la vérité sur les attentats qui leur ont enlevé leur fils, leur mari, ou le père de leurs enfants : sans ces Américain(e)s admirables, la Commission d'enquête n'aurait même jamais vu le jour…

Nous laissons M. Laurent Joffrin face à ses responsabilités et face aux familles des victimes à qui nous devons ce débat difficile mais salutaire sur le 11 septembre 2001.

 

–La rédaction de ReOpen911–

Source : Reopen 911, 13-09-2011

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A-t-on le droit de remettre en question le 11-Septembre ?

Source : Le Nouvel Obs, Bruno Fay, 08-09-2011

11-SEPTEMBRE. Malgré l’émotion que provoque un attentat, on aime à trouver des responsables. Pour le 11-Septembre, les circonstances demeurent obscures. Mais impossible d’en débattre : les rares personnes qui ont contesté la version officielle ont été fustigées, jusqu’à être traitées de complotistes, d’anti-israéliens, voire de nazis.

Édité par Amandine Schmitt  Auteur parrainé par Hélène Decommer