Propagande de Guerre et médias mensonges ?, par Michel Collon
Source : Youtube, Thinkerview, 19-04-2016 Interview de Michel Collon : Écrivain Journaliste indépendant, Belge.
Source : Youtube, Thinkerview, 19-04-2016 |
Source : Youtube, Thinkerview, 19-04-2016 Interview de Michel Collon : Écrivain Journaliste indépendant, Belge.
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URL: http://www.les-crises.fr/propagande-de-guerre-et-medias-mensonge-par-michel-collon/
Bien sûr, la démocratie étasunienne est malade, de l'argent, des lobbys ou des pratiques de redessinage des circonscriptions. Néanmoins, il faut bien constater que depuis la grande crise, le débat idéologique est de plus en plus riche, à un point où notre débat paraît bien pauvre et étroit. Entre débat ouvert et progrès progressistes En effet, quand outre-Atlantique les électeurs votent pour augmenter le salaire minimum de 50% dans un Etat, notre vieille Europe ne connaît que le blocage ou la baisse. Quand deux des principaux candidats aux primaires vantent un protectionnisme assumé, les partisans de ces idées restent dans les marges. Et enfin, quand la politique monétaire a été totalement sortie du cadre démocratique, au point de refuser d'en parler, aux Etats-Unis, les candidats s'emparent du sujet, Donald Trump ayant annoncé qu'il ne renouvellerait pas la présidente actuelle et Hillary Clinton ayant déclaré, sans doute opportunément, qu'il fallait réduire la place des banquiers dans les institutions monétaires. Bien sûr, pour l'instant, cela reste essentiellement des mots, de campagne qui plus est, ce qui peut les faire relativiser. Néanmoins, il est déjà positif de constater que dans ce pays, les candidats et les électeurs débattent d'une manière beaucoup plus ouverte. Car outre le fait d'évoquer des idées largement ostracisées chez nous, il faut noter que le débat politique étasunien semble beaucoup plus ouvert, et qu'une plus grande diversité d'opinion semble pouvoir s'exprimer. C'est un pays où certains candidats aux primaires peuvent soutenir une flat tax extraordinairement avantageuse pour les plus riches et refuser la hausse du salaire minimum quand d'autres proposent (et font voter) sa forte hausse ainsi que des impôts plus progressifs. Certains se font les avocats du libre-échange quand d'autres parlent d'imposer des droits de douanes de 45% pour les produits qui viennent de Chine. Un grand écart rafraichissant. En comparaison, le débat dans notre pays, et dans la majorité des pays européens, apparaît totalement calcifié, réduit à des nuances d'une même politique, pour les partis qui ont une chance d'arriver au pouvoir. Bien sûr, nous vivons en démocratie, nous sommes libres de voter pour l'opposition. Mais nos sociétés sont arrivées à un moment où la grande majorité du corps social, jusqu'aux citoyens eux-même, dont tellement se mettent des oeillères démocratiques, limitant le plus souvent inconsciemment le champ du débat, malgré de nombreuses évidences qu'il est parfaitement possible de mener d'autres politiques. Les Etats-Unis étaient dans cette position il y a quelques années, mals la grande crise récente et tous les excès du système actuel sembler avoir fini par faire voler en éclat tous les préjugés. D'où sans doute le succès de Donald Trump, malgré ses provocations et certaines propositions décalées, mais aussi celui de Bernie Sanders, qui prolonge le débat côté démocrate avec une victoire dans l'Oregon. Mieux, aux Etats-Unis, un candidat original semble pouvoir accéder au pouvoir. Chez nous, le débat semble au contraire se restreindre entre des nuances de plus en plus étroites d'ultralibéralisme. |
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Alors que dans le Nord-Ouest des stations-service ferment faute d'approvisionnement, la CGT-Pétrole appelle à une généralisation des blocages.Update 21.05.2016 : Carbeo vous indique les stations qui sont en rupture de carburant Update 18.05.2016 : Analyse détaillée du projet de loi EL KHOMRI / MACRON 2 par Gérard Filoche
La CGT appelle vendredi matin au blocage des raffineries, une « étape supplémentaire », selon elle, afin d'obtenir le retrait de la loi travail. Interrogé sur France Info, Emmanuel Lépine, responsable de la branche pétrole du syndicat, a appelé à ce que les raffineries « arrêtent leurs installations de production de produits pétroliers ». « En quelque sorte, on coupe la source », a-t-il dit. « Le but n'est pas de créer la pénurie », a-t-il également expliqué, mais d'« obtenir le retrait de la loi travail ». Quatre dépôts de carburant, dans le Dunkerquois et le Valenciennois, étaient toujours bloqués vendredi matin par une soixantaine de personnes demandant le retrait de la loi travail, 24 heures après le début de ce mouvement, a-t-on appris de sources concordantes. Des blocages sont toujours en cours à Mardyck, Saint-Pol-sur-Mer, Dunkerque et Douchy-les-Mines (près de Valenciennes), a rapporté la préfecture du Nord à l'AFP. « Nous sommes déjà une trentaine de personnes », a assuré à l'AFP Willy Danse, porte-parole du syndicat SUD dans le Valenciennois. « Il y a également une trentaine de personnes dans le Dunkerquois. Nous allons nous renforcer pour atteindre les 150 », a-t-il promis. À Douchy, « nous resterons jusqu'à l'arrivée des forces de l'ordre, et on partira en mettant le feu à la ligne électrique » toute proche, a menacé le syndicaliste. Un cinquième des stations-service Total à sec dans le Nord-OuestDans la Somme, face « aux rumeurs de pénurie de carburant relayée notamment par les réseaux sociaux », le préfet a pris jeudi « un arrêté interdisant l'achat de carburant hors réservoir des véhicules », a annoncé la préfecture par communiqué. « Il est donc interdit de remplir d'autres contenants, de type jerrican. » « Si effectivement certains points de distribution de carburant connaissent des difficultés d'approvisionnement, cette situation peut s'expliquer par l'inquiétude des automobilistes qui anticipent le besoin de faire le plein de leur véhicule », affirme la préfecture. « Les stocks de carburant sont à un niveau qui permet de continuer à vivre et travailler sans inquiétude », a-t-elle souligné. La CGT du secteur pétrolier a appelé vendredi matin au blocage des raffineries, « étape supplémentaire » en vue d'obtenir le retrait de la loi travail. Jeudi, des blocages ont déjà eu lieu dans le Nord-Ouest, touchant deux raffineries du Havre et l'accès aux terminaux pétroliers du Grand Port à La Rochelle. Dans le quart nord-ouest, quelque 70 stations-service Total étaient en rupture de carburant, soit presque un cinquième du réseau. « Pas de risque de pénurie à court terme » (Vidalies)Devant cette situation plutôt inquiétante, le secrétaire d'État chargé des Transports Alain Vidalies reste rassurant. « Nous n'avons pas utilisé pour l'instant les stocks stratégiques donc il n'y a pas de risque de pénurie à court terme », a assuré M. Vidalies, faisant le même constat que deux jours plus tôt. Selon lui, « 20 % des stations autour du Havre et Rouen sont fermées ». Jeudi, des responsables économiques normands ont exprimé leur inquiétude. La préfète de Seine-Maritime et de Normandie, Nicole Klein, a publié jeudi un arrêté « interdisant l'achat de carburants hors réservoir du véhicule », et a renouvelé un appel « au civisme et à la responsabilité de chacun ».
Source(s) : Le Point.fr avec Afp
Informations complémentaires : Crashdebug.fr : Total : pas un centime d'impôt, mais un chèque du fisc de 80 M€ Crashdebug.fr : Le Complot pétrolier des 7 Sœurs et le Nouvel Ordre Mondial |
La manifestation de ce jeudi a réuni quelque 400.000 participants dans toute la France selon la CGT, 128.000 à en croire les autorités.Update 18.05.2016 : Analyse détaillée du projet de loi EL KHOMRI / MACRON 2 par Gérard Filoche
Les opposants au projet de loi Travail maintiennent la pression. Une nouvelle journée d'action est prévue le 26 mai prochain, tandis qu'une manifestation nationale se tiendra le 14 juin à Paris. Des blocages, manifestations et grèves ont d'ailleurs été organisés ce jeudi dans les transports routier, ferroviaire et aérien, dans un climat tendu. Au moins 128.000 personnes ont manifesté dans toute la France - dont 13.000 à 14.000 à Paris - contre la loi El Khomri, selon un décompte communiqué à l'Agence France-Presse par les autorités, tandis que la CGT a recensé près de 400.000 participants. En province, 115.000 personnes ont participé à 171 défilés et rassemblements et 73 barrages routiers, a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur Pierre-Henry Brandet. Cette septième journée de mobilisation a réuni plus de monde que les deux précédentes. Après l'incendie d'une voiture de police mercredi à Paris, le Premier ministre, Manuel Valls, a appelé les syndicats à s'« interroger sur la pertinence » de certaines manifestations. Il s'est dit, jeudi, prêt à faire lever par les forces de l'ordre les blocages des ports, raffineries et aéroports. « La balle est toujours dans le camp du gouvernement, il faut retirer ce mauvais projet de loi. Nous sommes déterminés. » Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez avait donné le ton au départ de la manifestation parisienne. Nouvelle mobilisation le 26 mai ?Force ouvrière a appelé de son côté à renforcer le mouvement « en juin » avec une « grève interprofessionnelle » et une « manifestation nationale » à Paris pour « booster la mobilisation » lors de l'arrivée du texte au Sénat, a expliqué son secrétaire général, Jean-Claude Mailly. L'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, FIDL et UNL) devait se réunir dans la soirée pour fixer une nouvelle date de mobilisation. Le 26 mai a été évoqué. À la suite des violences des précédents rendez-vous, les services d'ordre (SO) syndicaux, eux-mêmes pris à partie la semaine dernière, étaient sur le qui-vive. Mais cette fois, les SO, nombreux, casqués, mais sans matériel offensif visible, au contraire de mardi, n'ont pas été agressés. De nouveau, la police a tout de même usé de lacrymogènes. « Les vrais casseurs sont au pouvoir : président, ministres, députés, social-traîtres, on ne peut plus vous blairer », pouvait-on lire sur une banderole dans la manifestation toulousaine. Au cours de la journée, plus d'une vingtaine de personnes ont été interpellées à Rennes, notamment dans le métro, 18 à Paris, (où un policier a été légèrement blessé au visage, selon la préfecture de police), quatre à Marseille, cinq à Rennes, trois à Caen, deux à Lyon et Nantes. Dans la cité nantaise, la manifestation était interdite. Près d'un millier de personnes se sont toutefois rassemblées, en scandant : « État d'urgence, État policier, on ne nous enlèvera pas le droit de manifester. » Repoussées par des gaz lacrymogènes, plusieurs centaines de manifestants ont néanmoins réussi à s'engouffrer dans les ruelles du centre-ville où les forces de l'ordre les ont pourchassés. Gares, aéroports, axes routiers partiellement bloquésParallèlement, des grèves de routiers et de cheminots, entamées en début de semaine, appuyaient le mouvement, notamment avec des barrages filtrants organisés dans la matinée autour de plusieurs villes. Près du Havre, deux raffineries ont été bloquées, comme l'accès aux terminaux pétroliers du grand port à La Rochelle. À 18 heures, le dépôt de carburant de Douchy-les-Mines, près de Valenciennes, était toujours bloqué par une centaine de manifestants. Dans le quart nord-ouest, quelque 70 stations-service Total étaient en rupture de carburants, soit presque un cinquième du réseau. Côté trains, la circulation a été perturbée pour la deuxième journée consécutive, surtout sur certaines lignes régionales, moins en Ile-de-France. Deux TGV sur trois étaient prévus. La SNCF a dénombré 13,8 % de grévistes, la CGT « plus d'un cheminot sur trois ». Dans le ciel, le mouvement a entraîné la suppression de 15 % des vols prévus à Orly. Adopté en première lecture après un recours à l'article 49.3 de la Constitution, le projet de loi instaure la primauté des accords d'entreprise sur les accords de branche, casus belli pour ces syndicats. Il ouvre aussi la possibilité de référendums d'entreprise, d'accords « offensifs », crée le compte personnel d'activité et étend la garantie jeunes.
Source : Le Point.fr
Informations complémentaires : Crashdebug.fr : Mobilisons-nous le mardi 17 et le jeudi 19 mai contre le coup de force du 49.3 et le projet de loi El Khomri Crashdebug.fr : Loi Travail : 54 % des Français(es) soutiennent le mouvement, la France paralysée... Crashdebug.fr : Esclavage moderne : des employés américains du secteur volailler utilisent des couches, faute de pauses-toilettes Crashdebug.fr : Le mensonge dans lequel nous vivons Crashdebug.fr : L'éclatante faillite du nouveau credo, par Maurice Allais (1999) Crashdebug.fr : De plus en plus de généraux et officiers supérieurs brisent l'omerta Par Laurent Droit - Préface Gérard Brazon Crashdebug.fr : System failure, press a key to reboot... Crashdebug.fr : Entretien avec Étienne Chouard (La Mutinerie) Crashdebug.fr : La route vers la démocratie...
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Source : Le journal du geek, Elodie, 22-12-2015 The Big Short, réalisé par Adam McKay, dépeint comment l'intuition d'un ex-neurochirurgien devenu financier le fera parier gros sur les subprimes, ces prêts risqués octroyés à tour de bras, et préfigurera la crise immobilière américaine qui entraîna avec elle l'économie mondiale. La crise, on en entend parler depuis bientôt 10 ans maintenant, on en aurait presque oublié qu'elle vient des États-Unis et trouve son origine dans la crise des subprimes, du nom de ces emprunts risqués, pourris dirons d'autres, accordés allègrement car très lucratifs pour le préteur. L'emprunteur quant à lui est attiré par des taux très bas… au départ. Divers montages financiers complexes cachent l'arbre et la forêt avec : en cas de défaut de paiement, la revente du bien doit rembourser le prêteur. Mais cela ne fonctionne qu'au sein d'un marché immobilier en croissance constante. Dans le cas inverse, c'est tout le château de cartes qui s'effondre. Et devinez ce qu'il s'est passé en 2007 ? Bien avant que cette bulle immobilière n'éclate, en 2005 au centre de la finance mondiale, à Wall Street, un homme de la Deutsche Bank, ex-neurochirurgien borgne atteint du syndrome d'Asperger répondant au nom de Michael Burry (interprété par Christian Bale, parfait), trouve l'anguille sous le rocher et prend le risque, contre l'avis de tous, patron et investisseurs, de parier contre ces taux d'emprunts qui paraissent trop beaux pour être vrais et donc contre les banques qui les proposent, soit les plus grosses du pays. Justement en langage financier, « parier contre » se dit « to short ». D'où le titre, The Big Short. [Bon, le titre du film est tiré du livre éponyme de Michael Lewis, dont les livres The Blind Side: Evolution of a game et Moneyball: The Art of Winning an Unfair Game donneront également des films très remarqués (The Blind Side avec Sandra Bullock honoré d'un oscar pour son rôle et Le Stratège, déjà avec Brad Pitt et Jonah Hill)].Et en effet, le pari sera gros, mais Burry ne sera pas le seul à miser, anticiper la crise immobilière et parier contre le marché. Jared Vennett (Ryan Gosling et sa moumoute noire en mode bichon) sent l'opportunité et entraîne avec lui un fonds d'investissement dirigé par Mark Baum (excellent Steve Carell), financier atypique puisque pourvu d'une conscience, d'abord réticent, puis finalement partant pour tenter l'aventure. De jeunes entrepreneurs plein d'avenir et de bagout, créateur d'un fonds d'investissement amateur et qui veulent se faire une place au soleil prendront le train en marche, aidés par un ancien trader repenti et retraité, Ben Rickert interprété par Brad Pitt, également producteur du film. Tous ensembles, mais chacun de leur côté, ils vont réaliser le casse du siècle, au nez et çà la barbe des banques les plus puissantes du monde, aveuglé par les rendements espérés. Voilà pour la mise de départ. Quant au scénario, malgré une fin plus que prévisible puisque connue de tous, il est fou, bien ficelé, inimaginable et pourtant 100 % réel. Ce film réunit donc un casting 5* : Christian Bale, qui n'est jamais aussi excellent que lorsqu'il semble totalement possédé par ses personnages, Ryan Gosling, qui a plus de répliques que dans Drive et Only God forgives réunis (ce qui devrait contenter les haters… ou pas) et se révèle excellent dans son rôle de financier sans état d'âme qui martyrise son assistant. Gosling retrouve d'ailleurs son partenaire de Crazy Stupid Love, Steve Carell. Depuis Foxcatcher, Carell dévoile une autre facette de son jeu qui n'est pas pour nous déplaire : déjà excellent avec la bande de Wil Ferrell ou dans 40 ans toujours puceau de Judd Apatow, Steve Carell nous prouve que les étiquettes ne sont faites que pour ceux qui les distribuent. Enfin, Brad Pitt en trader repenti et parano (à raison ?) enfile son costume avec aisance. Adam McKay a réussi la prouesse de parler d'un sujet assez repoussant et rébarbatif, l'économie, et d'en faire un film riche, dense, palpitant, révoltant, énergique, cynique, loufoque et franchement réussi. Le montage happe le spectateur dans un tourbillon pour ne l'éjecter sur son siège qu'au générique de fin, hébété et révolté par cette crise dont beaucoup annonçaient qu'elle signerait la fin du capitalisme tel qu'on l'avait connu… The Big Short est un thriller financier captivant aussi emporté que l'éclatement de la bulle immobilière fut retentissant et dévastateur. Pour ceux qui n'y connaissent rien à l'économie, aucun risque d'être perdu, le film s'offre des petites parenthèses où les termes techniques les plus compliqués sont expliqués par des stars qui réalisent des caméos savoureux (mention spéciale à Margot Robbie). On reconnait là la patte de ce réalisateur habitué des comédies loufoques comme Anchorman (Présentateur vedette, la légende de Ron Burgundy), Frangins malgré eux, Ant-man, Very Bad Cops ou encore Ricky Bobby roi du circuit : les répliques fusent, le ton est enlevé et l'humour forcément (voire férocement) noir et cynique. À noter, une bande originale des plus soignées où se croisent Gorillaz, Gnarlz Barkley et Led Zeppelin. The Big Short, c'est l'histoire d'une catastrophe annoncée qui semble devoir inlassablement se reproduire. Source : Le journal du geek, Elodie, 22-12-2015
THE BIG SHORT : Le Casse du Siècle – Bande-annonce officielle (VF) [au cinéma le 23 décembre 2015]Source : Youtube, 09-10-2015 Source : Youtube, 09-10-2015 |
URL: http://www.les-crises.fr/critique-the-big-short-le-casse-du-siecle/
Source : Info Syrie, Louis Denghien , 23-06-2011
Il a bien voulu nous donner son analyse de la situation en Syrie, et du traitement médiatique et politique qu'elle inspire, notamment en Occident. Et, par delà le cas de la Syrie, aborder la genèse et les manifestations de la désinformation made in USA (ou en Occident). Dernier ouvrage paru : Les terroristes disent toujours ce qu'ils vont faire, avec Alain Bauer, P.U.F. 2010.
–La désinformation a longtemps été considérée, chez nous, comme une réalité essentiellement soviétique. Quand commence-t-on à prendre conscience d'une désinformation « à l'occidentale » ? -F.-B. Huygue : La désinformation soviétique était une désinformation de services secrets et s'exerçait via des supports classiques comme la presse écrite, ou les documents écrits – qu'on se souvienne par exemple des faux carnets secrets d'Hitler ; la désinformation occidentale a, bien sûr, toujours existé. On a en simplement réalisé toute l'ampleur avec la première guerre du Golfe où il y avait, via CNN, un monopole américain de la représentation du conflit : en bref, si les Irakiens voulaient se voir mourir, il fallait qu'ils regardent CNN. Les autorités américaines tenaient là leur revanche de la guerre du Viet Nam, où ils avaient, en quelque sorte, été trahis par leur propre presse, qui relayait à l'envi toutes les atrocités et bavures commises par l'armée américaine, et qui se livrait, dans les faits, à une véritable campagne de démoralisation de cette armée. Rien de tel en Irak où la presse a collaboré avec l'institution militaire, qui délivrait les accréditations aux journalistes « embeded » – intégrés aux unités militaires et littéralement commandés par les « communication officers« . On s'est vite rendu compte que l'énorme couverture médiatique de cette guerre n'a absolument pas empêché la floraison – et la diffusion mondiale – des bobards de guerre, comme le plus gros canon (irakien) du monde, la marée noire provoquée par Saddam, les bébés koweiti sous couveuse débranchés par les soldats irakiens, sans parle du statut flatteur de « quatrième armée du monde » décerné à l'unanimité de la presse occidentale aux troupes de Saddam Hussein. Au même moment – 1990-91 -, le bloc de l'Est s'effondre, ce qui donne à l'Ouest, et singulièrement aux Américains, le monopole de la désinformation d'échelle universelle. Bien sûr, toutes ces manip's ont été assez vite décelées, dénoncées, analysées ; j'ai moi-même participé à nombre de colloques où l'on s'est penché sur cette désinformation made in USA. Ce qui n'a pas empêché l'intox de se poursuivre, notamment lors de la deuxième guerre du Golfe en 2003 avec les fameuses et imaginaires « armes de destruction massive » de Saddam. De toute façon, la désinformation, ça ne marche qu'a une seule et unique condition : si elle répond aux attentes du récepteur ; bref, la désinformation ne peut se faire qu'avec le consentement de l'opinion, qui n'a ni le temps ni l'envie de remettre en cause ses préjugés sur telle ou telle question. Et plus le public aura été préparé psychologiquement par les médias, plus il réagira comme le souhaitent les manipulateurs : on est donc là en présence d'un cercle assez vicieux. La désinformation est, aujourd'hui et maintenant, essentiellement liée à ce que mon maître Régis Debray désigne comme « vidéosphére » : tout passe par l'oeil de la caméra qui a de plus en plus tendance à « scénariser » l'information, avec ce qu'il faut de drames, de « gentils » évidents et de « méchants » indéfendables. On assiste depuis vingt ans, sous l'influence des moyens et de l'idéologie des Américains, à une hollywoodisation de l'actualité, où l'Amérique et ses alliés sont, bien sûr, les bons et des gens comme Saddam Hussein, Milosevic, Ahmadinejad, Kadhafi – Poutine dans une certaine mesure – et, plus récemment, Bachar al-Assad sont les méchants de ce film. Ce phénomène est porté encore par deux grands événements : d'abord la démocratisation de l'information par internet pour faire circuler, ou même fabriquer, de l'information, ou de la désinformation. Tout le monde peut se connecter à tout le monde en un temps record. Ca peut donner les mots d'ordre et convocations à des manifs politiques lancés par de jeunes Tunisiens et Egyptiens sur Facebook et Twitter. Evidemment, l'impact du message d'un individu va être néanmoins fonction des moteurs de recherche, ou des communautés disposées à relayer ce message. Ensuite il y a ce phénomène contemporain que j'appellerai le scepticisme de masse : s'il se passe par exemple un événement comme le 11 septembre, il peut se trouver beaucoup de gens pour nier sa réalité, parler de complot et de trucage. Cette négation, cette méfiance sont nourris par la désidéologisation, la fin des grands récits idéologiques (communisme, libéralisme triomphant), le discrédit des discours officiels. L'atomisation des sources de l'information – on n'est plus à l'époque où le 20 heures de Poivre d'Arvor était une grand-messe fédératrice de l'information – facilite les discours et interprétations dissidents : l'internaute est seul devant son écran, séparé du monde par lui et il peut, plus facilement, se fabriquer son propre univers, sa propre info. On aurait pu croire que cette méfiance, cette prise de distance d'avec les vérités médiatiques assénées aurait un effet positif, dans le sens d'un meilleur esprit critique du citoyen, qui n'accepterait plus les bobards d'antan. Eh bien pas du tout ! Les bobards existent plus que jamais, et si d'aventure ils sont découverts, il est trop tard, comme en Irak. Et surtout, il existe une désinformation par le scepticisme : on nie les évidences, au profit de thèses conspirationnistes ou carrément fantaisistes, impliquant jusqu'aux extra-terrestres. Et puis il y a internet, arme à double tranchant ; d'un côté on a, notamment aux Etats-Unis, des enquêteurs du web très consciencieux et sérieux : ce sont par exemple des internautes américains qui ont démonté la supercherie de la liesse populaire au moment du renversement de la statue de Saddam à Bagdad, en montrant les camions qui avaient acheminé la poignée de manifestants encadrés par les G.I.'s. Mais d'un autre côté, ce scepticisme de masse peut être exploité par une foultitude de complotistes et de détraqués pour qui, comme dans la série des X-Files, « la réalité est (forcément) ailleurs« . Et puis, bien sûr, des puissances politiques ont intérêt à la désinformation. En cette ère de l'image, il est devenu essentiel de décrédibiliser les images fournies par le camp opposé. L'exemple qui me vient à l'esprit est celui de cet enfant palestinien tué dans les bras de son père par des balles israéliennes au cours de la seconde intifada ; cette image terrible est devenue une icône pour la cause palestinienne ; à tel point que des spécialistes des services israéliens se sont acharnés à la décrédibiliser en faisant une sorte de révisionnisme, en affirmant que les images de la mort de l'enfant ont été truquées en arguant de l'angle de tir, de la nationalité palestinienne du cameraman ayant filmé la scène, en parlant d'ombre impossible, etc. La vérité devient d'autant plus difficile à cerner et à imposer que, dans un monde divisé et compliqué, il peut y avoir de vrais complots, de même qu'un paranoïaque peut faire l'objet d'une vraie persécution ! Et puis, circonstance aggravante de la confusion, on peut mentir pour une cause vraie ou justifiée : il y a certainement eu des bilans exagérés de morts du côté palestinien, il n'empêche que Tsahal tue des civils palestiniens et que la cause palestinienne est éminemment défendable. -Voilà qui nous amène à la Syrie, avec cette histoire de lesbienne damascène persécutée par le pouvoir qui se révèle être un Américain barbu de 40 ans installé en Ecosse.. -FBH : Exactement, ce type en substance a expliqué qu'il avait menti, mais pour témoigner d'une réalité vraie ! On pourrait bien sûr parler de la fausse démission de l'ambassadeur de Syrie dont on a (mal) imité la voix. Et les fameux réseaux sociaux sont souvent des amplificateurs de trucages ou de fausses nouvelles. On ne peut pas dire que la corporation des blogueurs sorte renforcée de cette histoire. En ce qui concerne les journalistes professionnels qui répercutent ces montages, il faut dire à leur décharge relative qu'ils travaillent souvent dans des conditions d'urgence, avec des moyens limités, qui ne leur permettent pas de vérifier dans les délais voulus l'authenticité d'une nouvelle. –Mais, tout de même, il y a des ressorts idéologiques ou géopolitiques à la désinformation, en Syrie comme ailleurs… -FBH : Bien sûr ! L'idéologie, c'est quand les réponses précèdent les questions, comme disait Althusser. L'idéologie, c'est une interprétation de la réalité, qui nous structure, et la vie serait probablement invivable sans idéologie. En Occident, la majorité des gens fonctionnent avec ce que j'ai pu appeler la « soft-idéologie », minimaliste car réduite aux droits de l'homme et à une liberté abstraite, et basée sur le principe qu'il n'existe pas d'alternative au système et à ses valeurs. Du coup, en Syrie, comme en Tunisie ou en Egypte, le consommateur d'infos occidental va spontanément se ranger du côté des manifestants luttant pour la « liberté », surtout si ces manifestants par leur côté jeune et branché ou au moins « démocrate » ont un air de parenté avec les Occidentaux, et que les régimes auxquels ils s'opposent paraissent dictatoriaux, archaïques ou au moins psychorigides. L'identification est d'autant plus facile chez l'internaute français ou anglais qu'il lui suffit d'un clic pour s'associer, sans trop de risque, au mouvement. Et puis on ne sait pas – et on ne réfléchit pas – au type de régime que pourraient mettre en place ces manifestants : il se peut, en Egypte comme en Tunisie – comme en Syrie aussi – que les insurgés portent finalement au pouvoir des islamistes du type Frères musulmans, pas vraiment « cools » d'un point de vue jeuniste occidental ! Mais si on objecte ça l'opinion dominante a tôt fait de vous faire passer pour un salaud soutien des dictateurs, ou désinformateur au service du Baas (par exemple), risque que je prends moi-même en ce moment en vous disant ceci sur votre site (rires). Mais encore une fois, on est confronté à un phénomène d'hollywoodisation de l'info, les blogueurs, mais aussi les médias »sérieux », étant de plus en plus dans le storytelling, la belle histoire avec une fin édifiante qui verrait la victoire des « gentils » sur les « méchants ». Et tant pis pour le manichéisme, le refus de la complexité du monde. -Il y a aussi certainement chez les journalistes un tropisme du changement, une forme de « bougisme » appliqué à l'actualité internationale… -FBH : Sans aucun doute. Mon ami le chercheur en médiologie Daniel Bougnoux a résumé le problème des médias par cette formule trinitaire : « l'argent-l'urgent-les gens ». L'argent, c'est l'exigence de la rentabilité et d'un bon taux d'audience ; l'urgent, c'est la disponibilité réduite, brève, de l'attention du public, et la brièveté croissante du délai d'enquête ou de vérification dont dispose le journaliste, dans un monde de concurrence exacerbée et accélérée ; les gens, c'est les journalistes, milieu réduit et fort différent, dans son mode de vie et ses opinions, du reste de la population : il y a une déformation globale et importante de la vision du monde et de la société qu'a la caste médiatique par rapport à celle de la population « moyenne ». –Pour en revenir à la Syrie, percevez-vous dans le traitement médiatique de l'actualité de ce pays des zones d'ombre, de la désinformation d'obédience ou d'origine américaine ? La version « standard » de manifestants à mains nues affrontant un pouvoir surarmé et brutal est-elle crédible ? -FBH : Moi, je ne doute pas que le régime baasiste soit capable d'ordonner à sa police de tirer. Cela dit, il est évident que des questions se posent, et des remarques s'imposent. D'abord, c'est une révolte contre des chiites, ce qui fait bien l'affaire de certains pays, musulmans mais pas chiites, surtout quand des tentatives de déstabilisation de l'Iran ont fait long feu. Tout ça ne prouve pas que Damas soit victime d'un complot saoudien ou américain, mais il est permis de se poser des questions. Et puis il y a ce problème récurrent, en Occident, du « deux poids, deux mesures » : on s'indigne de la répression en Syrie, et on passe sous silence celle pratiquée au Bahrein par l'armée saoudienne qui a étouffé le mouvement populaire menaçant la dynastie alliée à Ryad (et à Washington). -Que pensez-vous des affirmations du gouvernement syrien faisant état de la mort de militaires et policiers tués par des insurgés armés ? On a vu des cadavres en uniforme, à Jisr al-Choughour, dans le nord du pays… -FBH : Il m'est difficile d'être affirmatif, chacun fait sa propagande. Maintenant il n'est pas du tout impossible que les troupes de Damas se soient heurtés à des insurgés armés islamistes. Et si groupes armés il y a, ils sont forcément soutenus par des puissances étrangères : mon père a été résistant, il recevait ses armes des Anglais ! Mais pour les médias occidentaux, il vaudra mieux – toujours dans le cadre du storytelling édifiant et politiquement correct – tourner l'objectif vers des civils jeunes et désarmés, plutôt que sur des barbus en armes. Dans le cas des soldats apparemment tués à Jisr al-Choughour, on se retrouve dans le cas de figure suivant : la méta-propagande occidentale dit que les images syriennes sont de la propagande ! Ca me rappelle tout à fait cet épisode de la guerre de l'OTAN contre la Serbie quand Milosevic a reçu Ibrahim Rugova, figure de proue des Albanais du Kosovo, et dont les médias occidentaux avaient fait une sorte de Gandhi balkanique. Quand la télévision serbe a diffusé les images de cet entretien, pourtant bien réel, entre le « Gandhi » albanais et l’ »Hitler » serbe, l'OTAN a décrété qu'il s'agissait d'un montage, Rugova étant certainement au fond d'une geôle serbe : toujours ce besoin de décrédibiliser les images de l'adversaire. Il est vrai qu'il est de plus en plus difficile au citoyen-téléspectateur moyen de s'y retrouver, la confusion et les contradictions, sinon l'imposture, sont partout : regardez Barak Obama, que nos médias ont « vendu » comme un mix de John Kennedy et Martin Luther King, on lui a décerné le prix Nobel de la Paix, moyennant quoi il envoie 50 000 G.I.'s en Afghanistan, avant ensuite d'annoncer un début de retrait américain dès cet été. A propos de l'Afghanistan, tout le monde sait, à commencer par les militaires, que c'est une guerre perdue. Mais les Etats occidentaux continuent officiellement d'entretenir la fiction d'une mission démocratique difficile, certes, mais qui doit être poursuivie. Ca aussi c'est de la désinformation, ou de la fuite en avant. –Depuis le temps que vous travaillez sur les médias et les manipulations qu'ils peuvent relayer, n'êtes-vous pas découragé ? La vérité, ou la dénonciation du mensonge, enseignent-elles vraiment ? Il y a eu l'Irak (deux fois), la Serbie, l'Iran, la Côte d'Ivoire et, aujourd'hui, la Libye et la Syrie, pays qui ont en commun d'être ou d'avoir été en butte à l'hostilité occidentale et d'avoir suscité un discours officiel et unanimiste dans les médias, dont beaucoup des termes se sont avérés faux. Bref, la désinformation continue, en dépit des travaux et colloques, en dépit de la contre-information parfois disponible sur internet… -FBH : Oui, la désinformation continue, parce que c'est une arme politique et géopolitique. En ce qui concerne les médias, on doit incriminer, comme je l'ai déjà dit, les exigences d'un métier confronté de plus en plus à la concurrence et à la rapidité ; on doit aussi pointer la paresse et le conformisme idéologique de nombre de journalistes. Au fond qui fabrique l'info, en matière de politique étrangère ? Il y a les conseillers de la Maison Blanche, les « spin doctors » qui donnent souvent le la aux chancelleries – et aux médias – occidentaux. Et parfois ces spin doctors n'agissent pas, ou pas seulement, pour la grandeur et la sécurité de l'empire américain : entre autres, le conseiller aux affaires étrangères du candidat républicain John MacCain était payé par les Georgiens, des alliés stratégiques de Washington dans le Caucase. Et Dick Cheney, l'éminence grise néoconservatrice de George Bush Jr, un des grands artisans de la guerre d'Irak, avait des intérêts dans les entreprises travaillant à la reconstruction du pays, après la chute de Saddam Hussein… Reste que, en dépit de tous les moyens employés à faire passer le message officiel dans les opinions, les promoteurs de la propagande disons « occidentale » sont soumis aux aléas de la démocratie d'opinion sur laquelle ils s'appuient : en clair, les « croisés de la Vertu », en Libye, en Afghanistan ou ailleurs, ont des obligations de résultats rapides. Car l'opinion occidentale se lasse vite, et pratique, comme les journalistes d'ailleurs, le « zapping » géopolitique. Si Kadhafi tient encore deux ou trois mois, par exemple, que pourra faire la coalition ? Pour en revenir au dossier syrien, on est bien obligé de constater une absolue concordance entre les buts géostratégiques américains et les mots d'ordre, campagne de presse et discours qu'on nous assène, de laCôte d'Ivoire à la Syrie en passant par l'Iran, le Soudan ou la bande de Gaza. -Une dernière question : quel pourrait être le prochain pays à susciter une désinformation ? -FBH : L'Iran me paraît demeurer un bon « client » pour ça. -François-Bernard Huyghe, nous vous remercions. Source : Info Syrie, Louis Denghien , 23-06-2011 |
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