vendredi 13 mai 2016

Loi travail : Hollande se prend à son propre piège ?

Loi travail : Hollande se prend à son propre piège ?




Comment se fâcher avec tout le monde

Ce n'est pas la première fois que François Hollande se prend les pieds dans le tapis avec une mesure bien politicienne. Déjà, avec la déchéance de nationalité, qu'il n'a pas pu faire passer après des mois de débat, il était apparu amoindri et affaibli. En théorie (machiavélique), le coup semblait intéressant : reprendre une proposition de la droite et la leur faire voter pour occuper tout l'espace politique, quitte à mécontenter l'aile gauche de sa majorité, dont les irritations accréditaient justement la droitisation du gouvernement. L'élève machiavélique du maître politicien Mitterrand semblait presque avoir dépassé son modèle. Patatras, ce projet a suscité beaucoup d'hostilité, et la droite, pas folle, a trouvé un bon prétexte pour s'y opposer et ainsi priver le président d'une belle victoire politicienne.

Avec le succès du 49-3 pour faire passer la loi travail, ici, François Hollande semble avoir mieux géré le débat puisque son projet est passé malgré l'opposition coutumière de son aile gauche et de la droite. Mais il n'est pas sûr que cette victoire à la Pyrrhus le serve. En effet, la loi travail a justement réveillé les fractures de sa majorité, qui a été à deux doigts de déposer sa propre motion de censure, qui pouvait être fatale pour le gouvernement. Et il n'est pas sûr que ce projet crédibilise grandement le président pour les électeurs du centre-droit. En effet, les ajustements apportés, et la tonalité plus sociale des derniers jours, laissent dire (largement à tort) que le gouvernement a mis beaucoup d'eau dans son vin, qu'il a dénaturé le projet, ce que le Medef accrédite en ayant fini par s'y opposer.

Les manœuvres de François Hollande semblent avoir réussi l'exploit de heurter à la fois son aile gauche qui l'accuse de compromission droitière, et la droite qui peut mener un procès en mollesse, entre recul sur la déchéance de nationalité et pseudo-compromission sur la loi travail. On en vient à se demander s'il n'est pas parti pour terminer à la quatrième place du premier tour en 2017… 

Loi travail : les Français(es) restent mobilisés

Loi travail : les Français(es) restent mobilisés

 
AFP

Des dizaines de milliers de personnes sont à nouveau au rendez-vous pour cette cinquième journée de mobilisation dans toute la France à l'appel des syndicats. A Paris, le cortège devait rejoindre l'Assemblée Nationale. Mais arrivés à Invalides, des affrontements ont commencé entre certains manifestants et le service d'ordre des syndicats, avant l'intervention des CRS.

A Paris, le cortège de plusieurs milliers de manifestants, très encadré par les forces de l'ordre, se dirigeait depuis la place Denfert-Rochereau vers l'Assemblée nationale où est discutée la motion de censure de la droite contre le gouvernement. En tête de cortège défilaient Philippe Martinez (CGT), Jean-Claude Mailly (FO), Eric Beynel (Solidaires), Bernadette Groison (FSU) et William Martinet (Unef), encadrés par des services d'ordre syndicaux renforcés. Malgré cela, des affrontements ont débuté au niveau de la place des Invalides. Alors que le cortège arrivait au terme de son parcours, certains manifestants s'en sont pris à d'autres plus pacifistes et aux journalistes présents. Quelques minutes auparavant, les CRS avaient quitté la tête du cortège. Plusieurs personnes ont été blessées. Les services d'ordre des syndicats ont été également pris à partie par certains manifestants. Dix membres des services d'ordre de la CGT et trois de Force ouvrière ont été blessés, selon des sources syndicales.

Le gros des manifestants s'est retrouvé bloqué à l'extérieur de la place par les CRS.

"Le gouvernement n'arrivera pas à faire taire les jeunes", a affirmé le président de l'Unef, tandis que Jean-Claude Mailly a voulu se montrer "optimiste" en rappelant qu'il y a dix ans le contrat première embauche (CPE) avait été "adopté, voté, et retiré".

"Il y a besoin de passer à la vitesse supérieure", a déclaré Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, à i. Pour lui, "les salariés semblent décidés à s'engager dans un mouvement dur".

   

Partout en France

A Toulouse, 12.000 personnes selon les syndicats dans le centre-ville. "Avec cette loi, on nous crache à la figure", s'indignait Nathalie, infirmière de 44 ans, se disant "un peu écœurée" par la "façon de faire" du gouvernement.

A Grenoble ils étaient 4000 selon la CGT à manifester dans le calme aux cris de "49.3 on n'en veut pas, Grenoble soulève-toi" ou "P comme pourris, S comme salauds, à bas le parti socialiste".

A Rennes, selon la préfecture, la manifestation a rassemblé 1500 personnes, dont 500 jeunes, qui ont commencé à se disperser vers 13H30 sans incidents majeurs.
Plusieurs centaines de personnes étaient aussi rassemblées à Nantes ou encore à Marseille, entre 1000 et 1500 à Bordeaux. Ils étaient 750 à Lyon selon la préfecture, entre 600 (police) et 1200 (organisateurs) à Montpellier. Dans la matinée, environ 1200 manifestants avaient défilé à Pau, autant à Bayonne selon la police.

 

Source : l'Humanité.fr

Informations complémentaires :

 

 

mardi 17 mai : 3e AfterWork

mardi 17 mai : 3e AfterWork

Vu le succès des premiers Afterworks, je propose aux Parisiens de nous retrouver pour prendre un verre le mardi 17 mai à 20h00, dans le quartier des Halles.

L’idée est de faire connaissance, de discuter du blog et de l’actualité, de répondre à vos questions, et surtout de faire se rencontrer la communauté qui s’est créée, pleine de gens sympathiques…

 

Comme c’est la saison des ponts et congés, j’imagine qu’il y aura un peu moins de monde, donc je ne passe pas par des inscriptions – venez directement 🙂   (ce serait sympa de vous signaler en commentaire cependant)

Rendez-vous donc de nouveau au Café Paris Halles – Adresse : 41 Boulevard de Sébastopol, 75001 Paris – Métro Châtelet/Les Halles, ou bus 69 – Téléphone : 01 40 26 49 19 (1 conso obligatoire pour le bar svp)

En espérant vous y croiser…

Amitiés

Olivier Berruyer

[28 pages] 8e vidéo : réflexions sur les médias

[28 pages] 8e vidéo : réflexions sur les médias

Suite de notre grande série sur les 28 pages – rappel :

I. La 8e Vidéo

Même vidéo – version alternative si souci :

II. Le script de la vidéo

Voici le script de la vidéo :

9/11 : extraits de Press For Truth (source : YouTube)

De 26'34 à 31'33

Veuve du 11 Septembre : « Les médias, bien que rapportant un fait de temps en temps, échouaient toujours à relier les points entre eux. »

Ray McGovern, ancien analyste de la CIA : « Le mythe du renseignement, c'est qu'on obtient ces précieuses informations secrètement. À vrai dire, 80 % des infos que vous cherchez sont disponibles dans le domaine public. »

Paul Thomson : « Quand j'ai commencé mes recherches, j'ai remarqué cet étrange phénomène : il y a beaucoup d'informations explosives qui sont sorties dans la presse mainstream. Mais elles ont été étouffées. Je regarde les nouvelles de temps en temps, et je n'avais rien remarqué de ces informations. On peut trouver une partie d'une info importante dans la presse, et l'autre partie dans un journal TV. Si vous assemblez toutes ces parties diffuses, vous obtenez un récit très différent du 11 Septembre. L'histoire est très différente si vous approfondissez les informations. »

De 36'22 à 36'41

Voix Off : « En fait Thomson compila les articles de 14 pays différents, qui avaient mis en garde les États-Unis avant le 11 Septembre. »

Paul Thomson : « On pouvait trouver un article à la Une et un autre en milieu de journal. J'ai remarqué plusieurs fois que l'article du milieu était plus important que celui de la première page. »

1'16'48 à 1'18'16

Voix Off : « On n'a pas posé les questions dures ni cherché les réponses. »

Dan Rather : « Il fut un temps en Afrique du Sud. On mettait un pneu en feu autour du cou des gens, s'ils se rebellaient. Ici on a peur de porter un tel collier, par manque de patriotisme. Cette peur empêche les journalistes de poser les questions les plus dures.

L'information sort par petits bouts par-ci, par-là, mais personne ne veut prendre le taureau par les cornes.

Si seulement on pouvait tout rassembler dans le Washington Post dans une série d'articles durant 10 jours, les gens en seraient ébahis.

Comme les informations sortaient au compte-gouttes sur une période très longue, il n'y avait plus d'impact sur le public américain.

La presse aurait dû mieux travailler. En étudiant bien les faits côte-à-côte, afin d'élaborer un reportage exhaustif. »

Leonard Downie, Rédacteur en chef du Washington Post : « Ce n'est pas le travail des journalistes, c'est celui des éditorialistes, des politiques, du public, et des familles des victimes d'arriver aux conclusions. Nous relatons juste les faits. »

1'18'54 à 1'19'08

Paul Thomson : « C'est un énorme scandale ! Le Watergate à côté, ce n'était rien ! Il y a un curieux manque d'intérêt des gens de gauche et de droite. Personne ne veut découvrir la vérité, ni suivre les indices où qu'ils mènent. Parce que la conclusion dérangerait trop. »

1'19'52 à 1'20'07

Paul Thomson : « Nous ne pouvons laisser ces guerres changer notre mode de vie. Elles sont basées sur une lecture trompeuse des faits du 11 Septembre. Il faut aller au-delà du mythe pour connaitre la vérité. Nous devons la connaitre. Il le faut ! »


Farenheit 911

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De 19'21 à 24'56

L’establishment ment à propos du rapport sur le 11 Septembre [New York Post]

L'establishment ment à propos du rapport sur le 11 Septembre [New York Post]

Source : New York Post, le 02/05/2016 (un des plus gros journaux américains, 700 000 exemplaires par jour…)

Le directeur de la CIA John Brennan | Photo: Getty Images

Le directeur de la CIA John Brennan | Photo: Getty Images

Alors que la pression pour la déclassification des 28 pages impliquant les Saoudiens dans le 11-Septembre s’intensifie, l’establishment de Washington serre les rangs autour de nos “amis” saoudiens.

Dimanche, le directeur de la CIA, John Brennan, a mis en doute la crédibilité du chapitre de l’enquête du Congrès datant de 2002 sur le 11 Septembre, qui traite du soutien étranger des attaques, chapitre que son patron, malgré les promesses réitérées aux familles des victimes du 11-Septembre, refuse de rendre public.

Brennan a dit, lors de l’émission “Meet the Press” [émission de télévision politique américaine sur NBC, NdT], qu’il est “assez perplexe” quant à la campagne bipartisane pour la communication des pages censurées, qui relieraient des représentants du gouvernement saoudien à certains des pirates de l’air via, entre autres preuves, des documents financiers et téléphoniques. Il les rejette comme étant un méli-mélo “d’informations non confirmées et non vérifiées” et “juste une collecte d’informations en provenance des dossiers du FBI.”

En fait, une grande partie des informations vient des propres dossiers de Brennan à Langley.

On m’a dit que la toute première page du chapitre cite un mémorandum de la CIA en date du 2 août 2002 qui a trouvé “d’incontestables preuves d’un soutien à l’intérieur du gouvernement saoudien au profit de ces terroristes.” Brennan était directeur adjoint de la CIA à cette période.

Euh, alors ça, c’est inédit !!!

Les remarques de Brennan font écho à celles des coprésidents de la Commission sur le 11-Septembre, Tom Kean et Lee Hamilton, qui la semaine dernière ont rédigé un article dans USA Today afin également de discréditer les 28 pages et de faire douter de la nécessité de les révéler au public – bien qu’un récent sondage national montre que presque trois quarts des Américains veulent que le gouvernement communique tout ce qu’il sait au sujet du complot.

Kean et Hamilton ont suggéré que la commission a “minutieusement” enquêté sur les pistes saoudiennes et finalement innocenté les représentants saoudiens cités.

Ils se sont même fait un devoir de suggérer qu’ils avaient disculpé un des principaux représentants saoudiens identifiés dans les 28 pages – Fahad al-Thumairy – alors qu’en réalité les rapports internes de la commission que j’ai obtenus révèlent que les enquêteurs ont conclu que l’ancien membre du consulat saoudien basé à Los Angeles n’avait pas été honnête sur sa relation avec les pirates de l’air.

« Seulement un salarié du gouvernement saoudien mentionné dans les 28 pages, Fahad Al-Thumairy, a été impliqué dans notre enquête sur le complot. Il a été employé par le ministère saoudien des Affaires islamiques et était imam d’une mosquée à Los Angeles, » ont-ils écrit. « La précédente commission parlementaire ne l’a pas interrogé ni aucun autre saoudien. Notre équipe l’a vraiment interrogé en Arabie saoudite. C’est aussi ce qu’a fait le FBI. »

« Mais, en fin de compte, nous avons reconnu dans notre rapport que nous n’avions ‘trouvé aucune preuve’ qu’il ait aidé les deux futurs pirates de l’air qui sont passés par Los Angeles, » ont-ils ajouté.

C’est de l’impunité

Les notes internes de la commission sur l’entretien en 2004 avec Thumairy en Arabie saoudite – qui s’est tenu dans un palais royal sous l’œil vigilant de gardes militaires saoudiens – révèlent que le témoin, à plusieurs reprises lors de l’interrogatoire, a dissimulé quelque chose qui a contrarié les enquêteurs, ce qu’ils ont clairement reconnu dans leur rapport non publié.

Thumairy a prétendu invraisemblablement qu’il ne connaissait que l’entraîneur présumé des pirates de l’air – l’agent de renseignement saoudien Omar al-Bayoumi – sur des photos diffusées à la télé, malgré les rapports du FBI faisant état d’une grande quantité d’appels téléphoniques entre Thumairy et Bayoumi, tant sur le téléphone portable de Thumairy que sur sa ligne fixe au cours d’une courte période en décembre 1999 – juste avant que les pirates de l’air n’arrivent à Los Angeles. Il a aussi insisté sur le fait qu’il n’y avait jamais rencontré Bayoumi, malgré les témoins oculaires qui ont dit avoir vu les deux hommes se rencontrer plusieurs fois dans une mosquée de Los Angeles contrôlée par le consulat saoudien.

Kean et Hamilton ont également affirmé que tous « les membres de la Commission sur le 11-Septembre et le personnel concerné ont eu accès aux 28 pages, » mais au moins une enquêtrice de haut rang a été renvoyée par le directeur de la commission pour avoir demandé l’accès aux 28 pages, bien qu’elle en ait eu l’autorisation et travaillait avec des dirigeants saoudiens. Et Hamilton lui-même a admis l’an dernier dans un entretien qu’il « ne lirait jamais » la section de 28 pages – « Je ne sais pas ce qu’il y a dedans. Personne n’est jamais venu me voir pour me dire que je devais lire ces pages. »

L’an dernier, tant Kean que Hamilton ont déclaré qu’ils ont voulu diffuser dans leur totalité toutes les 28 pages, ajoutant qu’ils étaient « gênés qu’elles ne soient pas déclassifiées. » Maintenant, soudainement, ils poussent vers une sortie sélective, voire aucune, et minimisent l’idée il y ait quoi que ce soit d’explosif à découvrir.

Ouais, y’a rien à voir ici, les gars, circulez.

Source : New York Post, le 02/05/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

La gifle démocratique des Américains à l’empire médiatique, par Stéphane Trano

La gifle démocratique des Américains à l'empire médiatique, par Stéphane Trano

Toujours un fantastique travail de Stéphane Trano, lisez son blog !

La gifle démocratique des Américains à l'empire médiatique

Source : Marianne, Stéphane Trano, 05-05-2016

Donald Trump et Bernie Sanders ne sont populistes et dangereux qu'aux yeux de journalistes et d'analystes qui se veulent gardiens de la morale et se répètent les uns les autres et qui sont eux-mêmes les acteurs de l'effondrement du politique.

Donald Trump est désormais le seul candidat républicain en lice.

Donald Trump est désormais le seul candidat républicain en lice.

La plupart des médias y ont cru jusqu'où bout, mais ce mardi 3 mai 2016 ont fait voler en éclat leurs arguties. En éliminant ses concurrents dans la féroce compétition pour la nomination républicaine, à travers une victoire écrasante dans l'état de l'Indiana, . Bernie Sanders, quant à lui, a mis en échec Hillary Clinton, une victoire qui n'entame guère les probabilités que l'ancienne secrétaire d'état porte les couleurs démocrates le 8 novembre, mais dont les conséquences seront sensibles sur la suite des événements. Les deux candidats qui s'opposent au système washingtonien et qui n'ont cessé d'être caricaturés par le journalisme corporatiste sont portés par la force la plus consternantes pour les élites : le peuple lui-même. Les électeurs ont opposé une fin de non-recevoir à la mission civilisatrice des partisans d'une démocratie autoritaire et bien-pensante.

Rejet du “politiquement correct”

En dépassant la barre des dix millions d'électeurs alors que neuf primaires restent à venir avant la convention nationale républicaine, qui se tiendra à Cleveland en Juillet, Donald Trump a d'ores et déjà mobilisé plus d'électeurs que durant toute la campagne de son prédécesseur, Mitt Romney. Le terme de populiste est le plus impropre qui puisse être employé par les nombreux détracteurs de l'homme d'affaires américain. Avec différents taux de réussite, Trump a néanmoins entrainé dans son sillage toutes les catégories de population, des mineurs du Midwest aux diplômés du Nord-Est, des afro-américains de Brooklyn aux Hispaniques du Sud, des femmes New Yorkaises aux militants LGBTQ, des plus jeunes aux plus âgés, ainsi que de nombreux indépendants et jusqu'à cent mille démocrates. Leur point commun : un rejet du « politiquement correct », une volonté de déblocage des institutions paralysées depuis près de huit années, un constat d'échec de la politique extérieure menée par Barack Obama, une méfiance profonde à l'encontre d'Hillary Clinton, et de manière plus générale, une exaspération face aux annonces apocalyptiques torrentielles engendrées par une intense campagne médiatique.

Les plus fervents supporters de Donald Trump ne croient pas un instant qu'il souscrive lui-même à ses déclarations les plus outrancières. Ils ont mesuré avec une acuité très inhabituelle le sens de cette tactique qui a progressivement désarmé ses pires adversaires. Ses plus féroces adversaires ? Les partisans de la foi évangélique,  – totalement ignoré par la plupart des médias malgré sa dangerosité – et des centristes soutenant le gouverneur de l'Ohio, John Kasich, qui ne diffère que très peu de son adversaire directe, Hillary Clinton. Mais il a fallu que Cruz et Kasich jettent l'éponge, au terme d'une hystérie anti-Trump, pour que les premières failles apparaissent – très momentanément – dans le mur médiatique compact des analystes politiques et des perroquets correspondants répétant à l'identique le contenu des agences de presse.

Ainsi, l'éditorialiste du Washington Post Ruth Marcus a-t-elle publié, dans la soirée, un article estimant qu'après cette journée peu ordinaire, « les démocrates, les républicains et les médias doivent faire un sérieux examen de conscience. » La journaliste estime malgré tout que « l’explication purement commerciale pour ce manquement serait que les médias, la télévision en particulier, ne voulaient pas tuer la poule aux œufs d’or de l'audience. C’est trop simpliste – et trop sinistre » et que les journalistes ont fait leur travail en exposant les outrances de Donald Trump. Mais le malaise est perceptible et prémonitoire de la prochaine vague médiatique qui s'abattra sur Trump dans son combat face à Hillary Clinton.

Sanders, boussole d’une jeunesse désemparée et contestataire

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Reste le cas Sanders, qui fait étrangement écho à celui de Trump. Le vieux fou socialiste révolutionnaire était dès son irruption dans la campagne tout ce que l'establishment déteste : il est devenu la boussole d'une jeunesse désemparée et contestataire, qui a déverrouillé les lourdes portes du parti démocrate, plombées par des années d'Obamania aveugle et par l'aristocratie clintonienne. L'Amérique avance, sûre d'elle dans sa capacité à se renouveler et à défier l'ordre établi. Elle continue d'opposer son vote aux incantations moralisatrices et à appeler un chat un chat. Traitée de puritaine et intolérante, elle a offert, du côté républicain, un candidat noir, avec Ben Carson et deux candidats d'origine cubaine, avec Marco Rubio et Ted Cruz. Traitée d'interventionniste et de dominatrice, elle a porté loin dans la course un socialiste prônant l'égalité et la mise à contribution des pouvoirs financiers. Enferrée dans l'idéologie antirusse et pro-asiatique menée par Barack Obama, elle lui oppose un Trump pragmatique qui dénonce les guerres de ses prédécesseurs comme les plus grandes catastrophes de l'Histoire américaine.

Passés à l'heure de la prise de parole populaire, les Américains viennent d'infliger une claque magistrale au journalisme intellectuel qui pour sa part, a démontré son incapacité corporatiste à penser son époque en dehors de ses réflexes habituels et de l'auto-contemplation.

Source : Marianne, Stéphane Trano, 05-05-2016

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Apocalypse Trump ou la phobie de la démocratie

Féroce, le médiatiquement correct est pire que le politiquement correct. Il prend pour cible des candidats et fait fi du choix des électeurs. Un état d’esprit qui ne peut qu’entretenir le rejet, de plus en plus fréquent et soutenu, de ceux pour lesquels le mot démocratie a un sens.

De la Nouvelle Angleterre au Nebraska, de la Floride à l’Orégon, il y aurait donc là, dehors et à ce jour, une douzaine de millions d'électeurs enragés, comparables à ceux qui portèrent démocratiquement au pouvoir un homme semblable à leur candidat, en Allemagne au siècle dernier.

Il y aurait, également, quelques idéologues qui répandent, à travers les médias, des idées pestilentielles et moyenâgeuses. Pire encore: il en aurait une autre dizaine de millions, lancés derrière un vieux sénateur hystérique, déterminé à abattre les élites et les ors de la république. Une tragédie. Une réplique du pacte germano-soviétique. Le retour de Ribbentrop et Molotov et, bientôt, si la raison ne l'emporte pas, la guerre, la terreur et le sang.

Ces gens aveugles, en colère ou méchants, n'entendent pas les appels des gardiens de la paix, qui défendent des valeurs au nom desquelles des générations ont combattu et luttent contre le cancer du populisme, qui menace de gagner tous les continents.

La plus grande menace, cette fois, se lève à l'Ouest, dans un pays déjà à l'origine de tous les maux du monde. Voilà, où nous en sommes.

A rire ou à pleurer ?

Amis fascistes, collaborateurs, décérébrés et toxiques, irresponsables et ennemis de l'humanité, racistes et misogynes, misanthropes et néo-nazis, nostalgiques et vicieux, et vous autres, anticapitalistes forcenés, il est urgent de s'incliner et de relire les sages. Il est tout simplement inconcevable de poursuivre dans la négation du péril que nos médias soulignent inlassablement, jour après jours, dans toutes les langues et sur tous les tons. La peste rouge-brune ne passera pas.

Dans les colonnes de Libération, un très grand spécialiste en sciences politique, Laurent Murat, a : « En 1980, Ronald Reagan, moqué comme «un acteur de série B» devenu entre-temps gouverneur de Californie, avait ravi l'élection présidentielle. En 2000, c'était George W. Bush, «le fils à papa» gouverneur du Texas, qui accédait à la charge suprême, dans les conditions que l'on sait. Le monde s'étonnait des tournants que pouvait prendre la vie politique de «la plus grande démocratie du monde». Aujourd'hui, c'est un homme d'affaires outrancier, délirant, misogyne, raciste, démagogue et sans expérience politique, qui aurait sa chance – contre un autre candidat républicain, fanatique religieux et tout aussi délirant. » Sur un ton mesuré, à la neutralité d'un expert, étayé par des statistiques, Laurent Murat estime que le temps est venu, « fini de rire. » On est d'accord.

On notera simplement au passage quelques erreurs, sans doutes d'inattention, que l'on rectifie bien volontiers. Ronald Reagan, lorsqu'il fut élu, en 1980, à la Maison-Blanche, avait déjà été gouverneur de Californie vingt-cinq ans auparavant et déjà candidat à la nomination face à Gérald Ford en 1976, un « entre-temps » considérable. En 2000, George W. Bush était bien élu, mais on ne voit pas à quoi « les conditions que l'on sait » se réfèrent, et si – par pur hasard – cela concernait le 11-Septembre, on notera simplement que l'événement est survenu huit mois après son arrivé à la Maison-Blanche, mais peut-être d'autres « conditions » nous échappent-elles (à moins que l'auteur ne se rapporte à la rumeur persistante selon laquelle Al Gore aurait en réalité emporté l'élection de novembre 2000, mais cela n'a pas été validé par la justice américaine). Peut-être, simplement, notre spécialiste aurait-il du éviter de publier son article une semaine avant que les adversaires de Donald Trump ne jettent l'éponge, ce qui aurait permis à son article de vivre un peu plus longtemps. Mais le principal y est, fini de rire, et comme on ne donne pas de cours à la prestigieuse université de Los Angeles, on n'ira pas contester les arguments du politologue, probablement supérieurement intelligent.

Si l'on n'était pas convaincu du contenu proprement délirant de nos propos, ici, dans les colonnes bienveillantes de Marianne, il suffirait de se reporter aux chroniques de Fred Kaplan pour , au sondage de l'IFO et du JDD relayé par et autres, ou pire encore, aux sombres prévisions de Jean Jouzel sur, élevant le niveau de la réflexion au degré suprême, celui de la planète et donc de l'univers.

De retour sur Terre, et ce chien de Trano n'en démordant pas, passons au principal, dans la série “La démocratie, on aime, ou pas”.

Cruz, ex-candidat tueur

Loin d'être éliminé du champ de bataille, l'ultra-conservateur Ted Cruz ne s'est retiré de la course aux primaires que pour réenclencher la guerre en coulisses. Un jeu auquel le sénateur texan excelle, celui-là même qui lui a valu d'être traité de « Lucifer » par l'ancien président de la Chambre des représentants, John Boehner.

Bien décidé à faire dérailler la convention nationale républicaine qui doit se tenir à Cleveland du 18 au 21 Juillet, Cruz maintient une forte pression sur les délégués et consulte à tout va, avec l'idée de faire émerger une nouvelle candidature purement conservatrice.

Paradoxalement, Donald Trump est dans une situation difficile. Bien que seul candidat désormais en piste pour la nomination, il fait face à un front du refus qui s'étend de l'ancien candidat Mitt Romney à son ancien colistier de 2012, l'actuel président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, en passant par le reaganien Lindsey Graham, une liste qui s'étend désormais à une centaine de personnalités républicaines à travers le pays. Trump a pris acte de cette défiance, samedi soir, en déclarant qu'il n'est pas le candidat des conservateurs mais des républicains. Une nuance chargée de sens, pour un homme qui utilise un langage moins châtié habituellement, et qui, à elle seule, définit le périmètre de son électorat qui semble désormais exclure l'aile droite républicaine, et sa partie centriste très liée au Congrès. Il trouve, en revanche, un appui du côté du farouchement contestataire Tea Party – le gouverneur de l'Alaska, Sarah Palin, vient de lui apporter son soutien – ainsi que d'une partie des indépendants très opposés au jeu institutionnel washingtonien.

Trump et les mauvais coucheurs

Trump peut-il être le candidat légitime des républicains face à Hillary Clinton ? La question est posée puisqu'après Mitt Romney et Jeb Bush, le sénateur de l'Arizona, John McCain, a décidé lui aussi de boycotter la convention républicaine, et la liste s'allonge de jour en jour. Une tactique mise en place par Ted Cruz et qui consiste à vider la convention de sa substance.

Trump a t-il une chance de l'emporter sur Hillary Clinton sans l'appui des électeurs ultra-conservateurs et centristes du parti républicain ? Les calculs vont bon train. Alors qu'il n'a pas encore réussi à sortir du piège dans lequel l'enferme un vacarme médiatique obstiné et déterminé à faire feu de la moindre de ses envolées désormais légendaires, Trump peine à faire émerger un programme lisible par les électeurs qui ne l’ont pas encore rejoint et qui, pour l'instant, ne s'y retrouvent pas.

Un nouvel obstacle s'est matérialisé dans sa course à la présidentielle, avec les premiers signes d'apaisement donnés, cette semaine, par le sénateur du Vermont, Bernie Sanders, vis-à-vis d'Hillary Clinton. En ne rejetant pas l'hypothèse d'une vice-présidence – pourtant improbable – et en évoquant de futurs pourparlers, Sanders s'est engagé dans un virage serré, et tout dépendra de la capacité de ses électeurs à avaler une telle pilule. Si le parti démocrate parvient à faire émerger une plateforme commune cet été, il n'en sera que plus compliqué pour Trump de puiser dans le réservoir des anti-Clinton.

Peur médiatique et politique

Inquiets face à une économie dont le signes de ralentissement se multiplient – les créations d'emploi sont en baisse de plus de 40 pour cent par rapport au rythme connu depuis de nombreux mois – les Américains sont de plus en plus sensibles aux conséquences de l'élection du prochain président.

L'intense campagne menée contre les options de Trump – représentées comme isolationnistes, inflationnistes, susceptibles de faire flamber les taux d'intérêts et de provoquer un choc commercial en défaveur des Etats-Unis – fait son chemin. Sur le plan social, une forte mobilisation de l'électorat hispanique est déjà perceptible, tandis que parmi les Noirs américains, le soutien et la mobilisation en faveur d'Hillary Clinton atteignent déjà celui de Barack Obama en 2008.

Donald Trump dispose encore de plusieurs armes. Tout d'abord, le choix de son colistier pour la vice-présidence. Les refus s'étant multipliés dans le camp républicain, ce choix est pour le moment compliqué. Doit-il tenter de rattraper l'électorat ultra-conservateur ? Doit-il tenter celui du centre ? Doit-il choisir une femme ? Doit-il viser le potentiel des indépendants ? Une quadrature du cercle.

Au-delà de ce choix symbolique sur le plan institutionnel mais qui peut faire une sérieuse différence parmi les électeurs, Trump peut également laisser filtrer ses choix pour son futur gouvernement : les électeurs républicains veulent savoir qui conduira la politique fiscale et judiciaire, qui incarnera les options militaires et la politique étrangère, qui remettra sur la table de travail la politique d'immigration et celle en matière de santé, et sont fébriles face à la future orientation de la Cour Suprême des Etats-Unis.

Enfin, Trump dispose de l'arme financière : en vue du renouvellement de quelques 469 sièges au Congrès en novembre (35 au Sénat et 435 à la Chambre), le parti républicain a besoin de fonds très conséquents. Le parti démocrate n'est qu'à cinq sièges de la majorité au Sénat, dans une compétition complexe pour les républicains, et l'enjeu est d'autant plus fort qu'il concerne non seulement la majorité mais également la confirmation ou nom du Juge Garland à la Cour Suprême. Du côté de la Chambre, la possibilité pour le démocrates d'inverser la tendance en leur faveur est moindre – il leur manque trente sièges – mais toujours possible en cas de débâcle républicaine. Là encore, le temps est compté, et Trump, auquel revient la charge de récolter les fonds dont a besoin le parti qu'il représente pour l'instant, a beaucoup à gagner ou à perdre.

Abattre Trump et sauver Clinton : la lutte finale

Dans une campagne qui n'est plus à court de rebondissements, deux choses sont certaines, pour le moment : la féroce opposition médiatique à Donald Trump est en passe de redoubler, pour atteindre des sommets rarement connus lors d'une campagne électorale américaine ; la confrontation s'annonce très dure pour Hillary Clinton, qui voit revenir le passé au galop et sera bientôt sommée de s'expliquer sur plusieurs dossiers qu'elle évite soigneusement d'évoquer pour l'instant. Indéniablement favorite de ces élections 2016, la candidate du parti démocrate, derrière laquelle Barack Obama jette désormais toutes ses forces, dispose d'un trésor de guerre impressionnant et commence à tirer bénéfice de la campagne Sanders. Clinton ne serait pas la première à briser la méfiance populaire en accédant à la Maison-Blanche, mais le passé lui a prouvé que son destin pouvait être têtu.

Dans l'attente de nouveaux coups de théâtre, on laisse les partisans de l'Apocalypse Trump, et à regret, aux mains du journalisme corporatiste et éducatif, et de ses correspondants perroquets. Qu'ils ne soient pas trop durs avec eux : une phobie est toujours difficile à combattre, surtout lorsqu'elle concerne le peuple idiot.

Source : Marianne, Stéphane Trano, 09-05-2016

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NS N°10/2016 — Obama prépare son départ... en guerre

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