mardi 26 avril 2016

L’UE, encore et toujours au service de Monsanto #NonauRoundUp

L'UE, encore et toujours au service de Monsanto #NonauRoundUp

Dans l'incroyable feuilleton législatif et légal européen sur les produits que vend Monsanto, la prolongation de l'autorisation de commercialisation de son produit fétiche, le Roundup, révèle à nouveau à quel point les institutions européennes sont prêtes à tout pour défendre les intérêts de cette firme.


Comment passer outre l'avis des peuples européens ?

C'est la question que semble bien se poser la commission européenne depuis des années. Elle avait déjà eu recours aux procédures complètement antidémocratiques de l'UE, nécessitant une majorité qualifiée pour l'empêcher d'interdire d'interdire le fameux maïs MON 810 de Monsanto. Que va-t-elle inventer pour tenter de prolonger la commercialisation du Roundup ? Déjà, fin mars, elle avait préféré repousser un vote, faute d'une majorité. Le Monde révèle aujourd'hui qu'elle va proposer une polongation de 10 ans et non de 15, aux Etats-membres, qui devraient se prononcer les 18 et 19 mai. Les réticences étatiques sont renforcées par le classement, par l'OMS, de la substance comme « cancérogène probable », alors que le processus européen a conclu, au contraire que cela était « improbable ».

Les parlementaires européens se sont donnés bonne conscience en proposant une autorisation pour sept ans, assortie, il est vrai, de plusieurs restrictions, dont aucune n'a été retenue par le projet de la commission. Malheureusement, on peut craindre qu'un compromis soit trouvé dans quelques semaines, qui permettra à la multinationale controversée de poursuivre ses affaires très lucratives en Europe, alors même que de gros soupçons planent sur la dangerosité de ses produits pour notre santé ! La commission lui demande juste de rendre public ses études ! Il est donc important de se mobiliser le plus possible pour dire notre ras-le-bol de la manière dont ce monstre européen fonctionne et tenter, par les opinions publiques, de faire pression sur la décision qui devra être prise dans les prochains jours.

Pour ceux qui pouvaient encore en douter, la persévérance des institutions européens à toujours appuyer les produits de Monsanto, alors même que de nombreux scientifiques pointent les dangers de ses produits, lève un voile sur les motivations de ce projet européen détestable.

Lire :

LuxLeaks : ouverture du procès contre le lanceur d'alerte français Antoine Deltour

LuxLeaks : ouverture du procès contre le lanceur d'alerte français Antoine Deltour

Source: AFP 

Le lanceur d'alerte Antoine Deltour risque une lourde peine de prison et un million d'euros d'amende pour avoir dénoncé les «LuxLeaks», impliquant les évasions fiscales de plusieurs multinationales, en collusion avec les autorités au Luxembourg.

Deltour, un Edward Snowden pour la France, risque de 5 à 10 ans de prison et une amende salée pouvant s'élever jusqu'à 1,25 millions d'euros pour sa dénonciation des manigances corporatives irrégulières et criminelles au Luxembourg. Deux autres personnes sont accusées en sa compagnie. 

Les prévenus ont organisé la fuite et la diffusion de documents fiscaux du cabinet d'audit luxembourgeois PricewaterhouseCoopers, dévoilant les pratiques d'évasion fiscale de multinationales, dans ce qu'on appelle dorénavant les «LuxLeaks». Ce sont 28.000 pages de documents fiscaux en tout, révélés en deux temps, en 2012 par Antoine Deltour, puis en 2014, par Raphaël Halet, un deuxième lanceur d'alerte accusé. Pour sa part, le journaliste Edouard Perrin (le troisième accusé) avait révélé le scandale des «LuxLeaks» en mai 2012, dans l'émission Cash Investigation, sur la chaîne publique France 2

Les trois sont prévenus de vol domestique, de divulgation de secrets d'affaires, de violation de secret professionnel et de blanchiment.

Ce dont la justice les accuse est grave, mais ce qu'ils ont dévoilé l'est peut-être beaucoup plus. Ils ont fait éclater au grand jour un système frauduleux mis en place par les cabinets d'audit pour des firmes multinationales comme Apple, Ikea, Pepsi, Verizon, Amazon, Heinz, FedEx et bien d'autres encore, pour leur sauver des milliards de dollars en impôts, avec l'aval de l'administration luxembourgeoise visiblement au-dessus de ses propres lois. Ces LuxLeaks datent de l'époque où le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker était aussi Premier ministre du Luxembourg. Ce dernier a été fustigé comme l'ordonnateur de la stratégie économique consistant à faire de son pays la plate-forme clandestine d'optimisation fiscale des grandes entreprises en Europe.

Au total, 548 accords confidentiels et plus de 340 multinationales issues de 82 pays ont été dévoilés par ces lanceurs d'alerte.

Lire aussi : Les pays de l'UE ne veulent pas donner leurs documents fiscaux aux députés européens

Lors de la fuite initiale, Antoine Deltour avait eu accès à ces documents sur la banque de données de son employeur (PwC) et les avait copiées avant son départ de l'entreprise en 2010. Il ne regrette pas son geste, malgré la lourde peine de prison pesant sur lui : «Je ne comprends pas comment je pourrais être victime d'une lourde peine lorsque j'ai agi dans l'intérêt général», a-t-il expliqué. 

Un procès sous la loupe des ONG

Le procès sera suivi de près par plusieurs ONG anti corruption, dont Anticor, Oxfam, Tax Justice Network, CCFD-Terre solidaire et Transparency International, qui se sont mobilisées jusqu'à organiser des voyages en bus pour que les militants viennent remplir le tribunal. Ces ONG réclament à l'unisson la protection contre les représailles et les procédures judiciaires dont devraient bénéficier tous les lanceurs d'alerte. 

Selon Transparency, Antoine Deltour devrait être protégé et félicité, plutôt que poursuivi en justice. 

L'affaire tombe à pic pour le Luxembourg, déjà affublé d'une lourde image de havre fiscal pour les entreprises, et survient au juste au moment où les nerfs de l'opinion publique sont déjà à vifs avec l'éclatement du scandale similaire des «Panama papers».

La majorité des pays européens n'ont pas de lois pour la protection des lanceurs d'alerte, et ceux qui en ont comme le Luxembourg, ont souvent conçu des lois inadéquates pour les protéger efficacement. Selon celle du Luxembourg, Deltour n'est pas considéré comme un lanceur d'alerte parce que la législation ne couvre que les affaires de corruption. De plus, cette loi ne prévient que la responsabilité, mais ne prévient pas un procès éventuel. 

En savoir plus : Un rapport de l'ONU appelle à protéger les lanceurs d'alerte au lieu de les poursuivre

Abandonné par les autorités françaises

Malgré les interpellations des ONG, ni Manuel Valls, en visite au Luxembourg en avril dernier, ni François Hollande, qui y était venu un an plus tôt, n'ont dit un mot pour soutenir Antoine Deltour. Pourtant, Hollande avait déclaré lors de la fuite des Panama papers : «Les lanceurs d'alerte font un travail utile pour la communauté internationale, ils prennent des risques, ils doivent être protégés.» Irène Frachon, la pneumologue brestoise qui avait démontré la nocivité du Mediator dans une tribune du quotidien Le Monde va encore plus loin : «Il faudrait pouvoir punir ceux qui les attaquent. Il risque jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et plus d'un million d'euros d'amende, pour avoir dénoncé les conventions scandaleuses passées par des grandes entreprises, notamment françaises, pour contourner les impôts des pays où elles exercent leurs activités.»

Les gens se mobilisent

Dans la foulée de ces événements, les gens se sont mobilisés sur internet pour dénoncer ces accusations. La pétition «Soutenons Antoine Deltour !», hébergée sur Change.org, a déjà récolté près de 125.000 signatures et demande d'ailleurs à François Hollande d'intervenir en faveur du citoyen français. Plusieurs soutiennent aussi unanimement ces courageux lanceurs d'alerte via Twitter. 

 

 

Source : Rt.com 

Informations complémentaires :

 

[SCOOP] L’explosive émission 60 Minutes sur les 28 Pages du 11 Septembre

[SCOOP] L'explosive émission 60 Minutes sur les 28 Pages du 11 Septembre

Nous vous proposons aujourd’hui la vidéo (sous-titrée par les lecteurs de ce blog)) qui a mis le feu aux poudres aux États-Unis à propos du rôle supposé de l’Arabie Saoudite dans la 11 Septembre.

Le reportage a été diffusé sur CBS dans l’émission 60 Minutes, probablement la plus prestigieuse émission de reportages aux États-Unis, sorte d’Envoyé spécial.

Il a donc été vu par un peu moins de 20 millions d’Américains

Comme nous l’avons vu, cela n’a pas intéressé les médias français :

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Pas intéressant ? “Selon certains” ? Notez bien qui sont les “certains”…

Le Monde, une publicité vivante pour le retour du pilori

À vous de juger en tous cas, vous en avez désormais les moyens… :)

L’émission 60 Minutes du 10 avril 2016 :

Pour celles et ceux qui n’ont pas vu la 1ère vidéo de notre série “28 pages”, présentant plusieurs témoignages de parlementaires les ayant lues, elle est là.

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Le texte suivant est une retranscription de « 28 pages » diffusée le 10 avril 2016. Steve Kroft est le journaliste. 

Vous pouvez retrouver le verbatim original ici.

L’ancien sénateur Bob Graham et d’autres exhortent l’administration Obama à déclassifier les pages expurgées d’un rapport contenant des secrets sur le 11-Septembre.

Dans 10 jours, le président Obama se rendra en Arabie saoudite à un moment de profonde défiance entre les deux alliés et de doutes persistants sur l’engagement saoudien dans la lutte contre l’extrémisme islamique violent.

Cela survient également à un moment où la Maison-Blanche et les responsables du renseignement examinent la possibilité de déclassifier un des documents les plus sensibles du pays – connu sous le nom de « 28 pages ». Elles concernent le 11-Septembre et l’existence éventuelle d’un réseau saoudien de soutien aux pirates de l’air lorsqu’ils étaient aux États-Unis.

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Pendant 13 ans, les 28 pages ont été enfermées dans un coffre secret. Seul un petit groupe de personnes les ont vues. Ce soir, vous entendrez quelques-unes des personnes qui les ont lues et pensent, tout comme les familles des victimes du 11-Septembre, qu’elles devraient être déclassifiées.

Bob Graham : Je pense qu’il n’est pas plausible que 19 personnes, dont la plupart ne parlaient pas anglais, dont la plupart n’avaient jamais été aux États-Unis auparavant, dont beaucoup n’avaient pas fait d’études secondaires – aient pu effectuer une tâche si compliquée sans un certain soutien à l’intérieur des États-Unis.

Steve Kroft : Et vous croyez que les 28 pages sont cruciales pour cela ? Vous comprenez…

Bob Graham : Je pense qu’elles sont un élément clé.

L’ancien sénateur américain Bob Graham a essayé d’obtenir la publication des 28 pages depuis le jour où elles ont été classifiées en 2003, lorsqu’il a joué un rôle majeur dans la première enquête du gouvernement sur le 11-Septembre.

Bob Graham : Je reste profondément troublé par la quantité de contenu qui a été censuré dans ce rapport.

À l’époque, Graham était président du Comité sénatorial sur le renseignement et coprésident de l’enquête bipartite conjointe du Congrès sur les défaillances du renseignement entourant les attaques. La Commission d’enquête mixte a examiné un demi-million de documents, a interrogé des centaines de témoins et a produit un rapport de 838 pages, moins le dernier chapitre qui a été masqué – retiré par l’administration Bush pour des raisons de sécurité nationale.

Bob Graham ne discutera pas des informations classifiées dans les 28 pages, il dira seulement qu’elles décrivent un réseau de personnes dont il pense qu’elles ont aidé les pirates de l’air lorsqu’ils étaient aux États-Unis.

Steve Kroft : Vous êtes convaincu que le soutien est venu de l’Arabie saoudite ?

Bob Graham : En grande partie.

Steve Kroft : Et quand nous disons « les Saoudiens », vous voulez dire le gouvernement, le —

Bob Graham : Je veux dire —

Steve Kroft : – des personnes riches du pays ? Des fondations —

Bob Graham : Tout cela à la fois.

Graham et d’autres pensent que le rôle des Saoudiens a été minimisé afin de protéger une relation délicate avec un royaume compliqué où dirigeants, royauté, richesse et religion s’entremêlent tous profondément dans ses institutions.

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Bob Graham | CBS NEWS

Porter Goss, républicain qui, au titre de la Chambre des représentants, coprésidait l’enquête mixte avec le sénateur Graham, et devint plus tard directeur de la CIA, estime vraiment qu’une version non censurée des 28 pages devrait être incluse dans le rapport final. Les deux hommes l’ont fait valoir au FBI et à son directeur de l’époque, Robert Mueller, lors d’une réunion en tête à tête.

Porter Goss : Et ils résistaient fermement à propos des 28 pages et disaient « Non, ça ne peut pas être déclassifié en ce moment. »

Steve Kroft : Auriez-vous demandé au directeur du FBI pourquoi c’était classifié ?

Porter Goss : Oui, nous avons demandé ça, en substance, et la réponse était : « Nous l’avons dit, ça doit être classifié. »

Goss dit qu’il ne savait pas pourquoi le dossier était alors classifié, et il ne sait pas pourquoi il l’est toujours. Les pages sont enfermées sous le Capitole dans des abris protégés appelés Centre d’informations compartimenté sécurisé, ou SCIF en jargon gouvernemental. Et c’est là le plus loin où ont pu aller nos caméras. Une zone ultra réservée où les membres du Congrès ayant les autorisations nécessaires peuvent lire les documents sous haute surveillance. Aucune prise de note n’est autorisée.

Tim Roemer : Tout va mener à ça, Steve.

Tim Roemer, un ancien élu démocrate du Congrès et ambassadeur des États-Unis en Inde, a lu les 28 pages plusieurs fois. Une première fois en tant que membre de l’enquête mixte et plus tard comme membre de la commission de sages du 11-Septembre qui reprenait les investigations quand celles du Congrès ont pris fin.

Steve Kroft : Est-il vraiment difficile de pouvoir lire les 28 pages ?

Tim Roemer : Très difficile. Il est difficile de mettre les yeux dessus.

Roemer et d’autres qui ont en effet pu lire les 28 pages les décrivent comme un document de travail similaire à un rapport de jury d’accusation ou de police comprenant des attestations perturbantes – certaines vérifiées, d’autres non. Elles exposent la possibilité d’une assistance officielle saoudienne pour deux des pirates de l’air établis en Californie du Sud. Cette information contenue dans les 28 pages a été remise à la commission du 11-Septembre pour de plus amples recherches. Il a été répondu à certaines questions dans le rapport final de la commission, mais pas à toutes.

Steve Kroft : Est-ce qu’il y a des informations dans les 28 pages qui, si elles étaient déclassifiées, surprendraient les gens ?

Tim Roemer : Évidemment, elles vont vous surprendre. Et vous allez être surpris par certaines réponses qui attendent là aujourd’hui dans le rapport de la Commission du 11-Septembre, sur ce qui s’est passé à San Diego et ce qui s’est passé à Los Angeles. Et quelle était l’implication saoudienne.

Beaucoup de ces informations surprenantes sont enfouies dans des notes en bas de page et dans des annexes du rapport du 11-Septembre, en partie dans les archives publiques officielles, mais la plupart inconnues du grand public. Voici certains faits, mais pas tous :

En janvier 2000, le premier pirate de l’air a atterri à Los Angeles après avoir assisté à un sommet d’al-Qaïda à Kuala Lumpur en Malaisie. Les deux ressortissants saoudiens, Nawaf al-Hazmi et Khalid al-Mihdhar, sont arrivés avec des compétences très limitées en langue et sans expérience de la culture occidentale. Pourtant, grâce à une incroyable série de circonstances, ils sont arrivés à obtenir tout ce dont ils avaient besoin, d’un logement à des leçons de pilotage.

Tim Roemer : L.A., San Diego, vous savez, c’est vraiment un nid de guêpes. C’est vraiment à cela que je continue à penser, presque quotidiennement.

Durant leurs premiers jours à L.A., des témoins repèrent les deux futurs pirates de l’air à la mosquée du roi Fahd en compagnie de Fahad al-Thumairy, un diplomate du consulat saoudien connu pour ses opinions extrémistes. Plus tard, les enquêteurs du 11-Septembre le jugeront menteur et suspect ; en 2003, on le soupçonnera d’avoir des liens avec une activité terroriste : on lui interdira de rentrer aux États-Unis.

Tim Roemer : C’est une personne très intéressante en ce qui concerne le volet “qui a aidé qui ?” du 11-Septembre – à Los Angeles et San Diego, avec ces deux terroristes qui se trouvaient en terre inconnue.

Des factures de téléphone montrent que Thumairy était aussi en contact régulier avec un homme : Omar al-Bayoumi, un mystérieux saoudien devenu le plus grand mécène des pirates de l’air. C’était un employé fantôme avec un travail fictif chez un sous-traitant saoudien de l’aviation, à l’extérieur de Los Angeles. En même temps, il percevait un salaire du gouvernement saoudien.

Steve Kroft : Vous pensez que Bayoumi était un agent saoudien ?

Bob Graham : Oui, et –

Steve Kroft : Qu’est-ce qui vous fait penser cela ?

Bob Graham : – Eh bien, tout d’abord, même avant le 11-Septembre, il était sur les listes du FBI comme agent saoudien.

Le matin du 1er février 2000, Bayoumi s’est rendu au bureau du consulat saoudien où travaillait Thumairy. Il est ensuite allé déjeuner dans un restaurant oriental sur Venice Boulevard où il prétendra, plus tard, avoir fait, par hasard, la connaissance des deux futurs pirates de l’air.

Tim Roemer : Hazmi et Mihdhar sont, comme par magie, tombés sur Bayoumi dans un restaurant, ce qui, comme le prétend ce dernier, est une coïncidence, et ce dans l’une des plus grandes villes des États-Unis.

Steve Kroft : Et il décide alors de les prendre sous son aile.

Tim Roemer : Il décide non seulement de les prendre sous son aile, mais aussi de les aider à déménager à San Diego et à s’y établir.

À San Diego, Bayoumi leur a trouvé un appartement dans son propre immeuble, leur a avancé la caution, et a été cosignataire de leur bail. Il a même donné une petite fête en leur honneur et les a présentés à d’autres musulmans à même d’aider les pirates à se procurer des papiers, et à s’inscrire à des cours d’anglais et à une école de pilotage. Il n’y a pas de preuve que Bayoumi ou Thumairy aient su ce que les futurs pirates envisageaient de faire, et il est possible qu’ils aient seulement essayé d’aider des coreligionnaires.

Mais le jour même où les pirates arrivaient à San Diego, accueillis par Bayoumi, on a téléphoné quatre fois du portable de ce dernier à l’imam de la mosquée de San Diego, Anwar al-Awlaki, dont le nom devrait vous être familier.

Awlaki, né en Amérique, allait avoir, une décennie plus tard, la sinistre réputation d’être responsable de la propagande d’al-Qaïda et important agent au Yémen, jusqu’à ce qu’un drone de la CIA ne l’abatte. En janvier 2001, toutefois, un an après être devenu le conseiller spirituel des pirates, il a quitté San Diego pour Falls Church, en Virginie. Quelques mois plus tard, Hazmi, Mihdhar et trois autres pirates allaient l’y rejoindre.

Tim Roemer : Ça fait beaucoup de coïncidences, et beaucoup de fumée. Est-ce que c’est assez pour qu’on se sente mal à l’aise, et pour qu’on ait envie de creuser plus profondément et de déclassifier ces 28 pages ? Absolument.

Personne, peut-être, n’est plus avide de lire ces 28 pages que les avocats Jim Kreindler et Sean Carter qui représentent les proches des victimes du 11-Septembre dans l’action en justice qu’ils intentent contre le royaume saoudien. Ils soutiennent que les institutions de ce pays ont fourni de l’argent à al-Qaïda, en sachant que ce groupe menait une guerre contre les États-Unis.

Jim Kreindler : Ce que nous faisons devant le tribunal, c’est évoquer l’histoire qui doit sortir. Mais cela a été difficile pour nous, parce que pendant de nombreuses années nous n’obtenions ni la franchise ni la coopération qu’à notre avis notre gouvernement doit au peuple américain, et surtout aux familles de ceux qui ont été tués.

Le gouvernement des États-Unis a même soutenu la position saoudienne au tribunal – ils ne peuvent être assignés en justice parce qu’ils disposent de l’immunité des États souverains. Selon le rapport de la commission du 11-Septembre, l’Arabie saoudite a depuis longtemps été considérée comme la source essentielle de financement d’al-Qaïda grâce à ses riches citoyens et au soutien substantiel du gouvernement. Cependant, quand le rapport a été publié, la phrase qui a attiré le plus l’attention est la suivante :

« Nous n’avons trouvé aucune preuve que le gouvernement saoudien en tant qu’institution, ou que de hauts fonctionnaires saoudiens à titre individuel, aient financé l’organisation. »

Selon l’avocat Sean Carter, c’est la ligne du rapport du 11-Septembre qui a été rédigée avec le plus de soin et qui a été la plus mal comprise.

Sean Carter : Quand les auteurs affirment ne pas avoir trouvé de preuve que de hauts fonctionnaires saoudiens aient individuellement financé al-Qaïda, il est remarquable qu’ils n’excluent pas que des personnes, qui étaient des responsables mais qu’ils ne considéraient pas comme de hauts fonctionnaires, aient agi dans ce sens. C’est là qu’est le fond de l’action en justice des familles : des membres du gouvernement et des responsables de niveau inférieur, qui sympathisaient avec la cause de Ben Laden, ont aidé à accomplir les attentats et contribué au soutien du réseau de l’organisation.

Pourtant, pendant plus d’une décennie, le royaume a prétendu que cette phrase-là le disculpait en ce qui concerne le 11-Septembre, sans tenir compte de ce qui pouvait bien se trouver dans les 28 pages.

Bob Kerrey : Ils ne sont pas disculpés. Nous l’avons dit, avec ce rapport, nous n’avons pas disculpé les Saoudiens.

L’ancien sénateur Bob Kerrey est un autre des dix membres de la commission du 11-Septembre à avoir lu les 28 pages, et il pense qu’on devrait en autoriser la diffusion. Il a fait une déclaration sous serment pour soutenir l’action en justice des proches des victimes du 11-Septembre.

Bob Kerrey : On ne peut pas fournir de l’argent aux terroristes et puis dire : « Je n’ai rien à voir avec ce qu’ils font. »

Steve Kroft : Pensez-vous que toutes les pistes esquissées dans les 28 pages ont trouvé des réponses dans le rapport du 11-Septembre ? Toutes les questions qui ont été posées ?

Non, non. En règle générale, la commission du 11-septembre n’est pas entrée dans chaque détail du complot. Non. On n’a pas eu le temps, on n’a pas eu les moyens. On n’est certainement pas allés jusqu’au fond de l’enquête en ce qui concerne l’Arabie saoudite.

Steve Kroft : Selon vous, peut-on attribuer à des coïncidences tout ce qui s’est passé à San Diego ?

John Lehman : Je ne crois pas aux coïncidences.

John Lehman, qui était secrétaire d’État à la Marine dans l’administration Reagan, affirme que lui et les autres anciens membres de la commission du 11-Septembre souhaitent en majorité que les 28 pages soient publiées.

John Lehman : Nous ne sommes pas une bande de ploucs venus à Washington pour la première fois, pour cette commission. Je veux dire, nous, enfin vous savez, on n’est pas nés de la dernière pluie, on en a vu des politiques de sécurité nationale. On a tous, au cours de notre carrière, traité de sujets top secret et cloisonnés relatifs aux divers aspects de la sécurité. On sait bien quand quelque chose doit rester confidentiel. Et là, franchement, ces 28 pages n’entrent absolument pas dans cette catégorie.

Lehman ne doute pas que certains hauts fonctionnaires saoudiens savaient qu’al-Qaïda recevait de l’aide, mais il ne croit pas que cela n’ait jamais été une politique officielle. Il ne croit pas non plus que cela blanchisse les Saoudiens.

John Lehman : Ce n’était pas un accident si 15 des 19 pirates étaient des Saoudiens. Ils sont tous allés dans des écoles saoudiennes. Ils ont baigné, depuis leurs premiers jours d’école, dans ce type d’islam particulièrement intolérant.

Lehman parle du wahhabisme, cette forme d’islam, ultraconservatrice et puritaine, qui est implantée ici et qui s’insinue dans tous les secteurs de la société. Il n’y a pas de séparation de l’Église et de l’État. Après le pétrole, le wahhabisme fait partie des plus grandes exportations du royaume. Les religieux saoudiens, à qui l’on confie les sanctuaires les plus sacrés de l’islam, ont un immense pouvoir et disposent de milliards de dollars pour propager leur foi. Ils construisent à travers le monde des mosquées et des écoles religieuses, qui sont devenues des terrains de recrutement pour extrémistes violents. John Lehman, membre de la Commission du 11-Septembre, affirme que tout ceci est mis en évidence dans les 28 pages.

John Lehman : Il ne va pas y avoir là de preuves irréfutables qui vont provoquer une énorme controverse. Toutefois ces pages illustrent, de façon très condensée, le genre d’événements qui ont eu lieu et elles aideraient vraiment le peuple américain à comprendre pourquoi, quoi, comment. Comment se fait-il que ces gens surgissent soudain, partout dans le monde, pour participer au djihad ?

Tim Roemer : Vous voyez, les Saoudiens ont même dit qu’ils soutenaient la publication de ces pages. Nous devrions les déclassifier. Est-ce que c’est explosif, Steve ? Est-ce que ça ne serait pas un peu comme ouvrir la boîte de Pandore, voir des serpents en sortir ? Bien sûr, mais je pense que nous avons besoin d’avoir, avec les Saoudiens, une relation où les deux pays collaborent contre le terrorisme. Ce qui n’a pas toujours été le cas.

Fin de l'émission diffusée

Bonus Internet de l’émission 60 minutes (non diffusé – source à 1'00)

Question : “D'autres noms sont-ils mentionnés ?
John Lehman : Oui… Le spectateur moyen de 60 minutes les reconnaîtrait immédiatement.

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Elections Américaines : Pourquoi les médias enragent, par Stephane Trano

Elections Américaines : Pourquoi les médias enragent, par Stephane Trano

Excellent Stéphane Trano, journaliste habitant aux États-Unis, comme d’habitude

Source : Marianne, Stephane Trano, 21-04-2015

Etonnante démocratie américaine, où la somme des intérêts aboutit, malgré tous les efforts du quatrième pouvoir pour maintenir le politiquement correct, à l’expression de toutes les tendances de la population.

New York, le 19 avril 2016 - Photo: AlJazeera

New York, le 19 avril 2016 – Photo: AlJazeera

Les faiseurs d'opinion font grise mine. Dans le monde idéal souhaité par les mass médias, les journalistes ont une mission civilisatrice : eux seuls peuvent trier le bon grain de l'ivraie.

Le truculent Donald Trump dérange au plus haut point ces sociologues improvisés, ils offrent donc à son principal concurrent, l'ultra-conservateur Ted Cruz, la Une du Time, les honneurs de CNN, les caricatures anti-Trump du Boston Globe et, bien sûr, les machines de guerre du Washington Post ou du Huffington Post. Tous de grands prescripteurs de démocratie, à l’instar de nos Vincent Bolloré et Jacques Séguéla, ou de vrais penseurs comme les très distinguées Apolline de Malherbe ou Léa Salamé, en France.

Le sénateur du Texas proclame à longueur de discours sa foi évangélique et, dans la pure tradition de ces acharnés de Dieu, le principe que toute éducation, toute justice et toute action politique ne valent que si elles sont précédées par la vérité divine. Une vérité qui place au sommet de la Constitution américaine le fameux Bill of Rights, lequel, comme son nom ne l'indique pas, assure la liberté religieuse dans ses plus grandes largeurs, c'est à dire le droit de récuser l'altérité lorsque celle-ci ne suit pas à la lettre l'immaculée conception de la famille pure et propre.

Mais cela va très bien à l'empire médiatique de Ted Turner et consorts : le TorquemaCruz de la politique américaine est un homme du système, bien éduqué, au langage acéré mais poli, qui peut vous regarder droit dans les yeux pour denier votre droit à exister mais avec un sourire exquis. A l'inverse, ce Donald Trump bouffi, rougeaud, un monument de la coiffure curieuse, donne des hauts le cœur aux civilisateurs : il traite les femmes comme les hommes, quitte à s'en prendre à leur physique de fer à repasser, s'en prend aux illégaux mexicains qui font commerce de la drogue aux Etats-Unis – ce qui à l'évidence n'est pas vrai puisque CNN l'a démenti – et dit tout haut que les Arabes n'aiment pas l'Amérique, ce qui est forcément faux puisque comme chacun le sait, ils ont un amour fou pour cette terre de liberté. Ils ont trouvé l'analogie – Hitler -, et ont convaincu les médias internationaux, français compris, de se joindre à leur effort pour faire échouer ce nouveau génocide annoncé, pire, cette troisième guerre mondiale et donc la fin du monde, qui surviendra en cas d'élection du candidat Trump.

Mais voilà, les faiseurs d'opinion font quand même grise mine. Ils ont un gros problème : le peuple parle. Même New York, le farouche état dominé par les démocrates, a offert 60 pour cent de ses suffrages au milliardaire éructant, chassant Cruz de ses terres et le renvoyant à ses manœuvres de coulisses.

De Trump à Sanders, ces électeurs qui font un bras d’honneur au système

En attendant que le parti républicain ne trouve la parade pour enrayer la progression de Trump et les moyens de lui faire échec lors de la convention de Cleveland, nos amis médiatiques s'en prennent désormais à l'autre durillon qui les fait souffrir dans leurs chaussures : Bernie Sanders. Une horreur.

Un type de 74 ans qui prétend que le pouvoir de l'argent pose problème, ce qui est fort malsain au pays de Google. Un sénateur d'un état rural ouvertement socialiste – abomination – qui pousse le vice jusqu'à parler de « révolution » et entraîne de nombreux jeunes imbéciles dans son sillage, les détournant de leur devoir premier : devenir des consommateurs surendettés et respectueux du système qui leur veut du bien.

Ils ont donc décrété que la campagne aigre mené par cet « indépendant » (donc pas démocrate) contre Hillary Clinton va finir par blesser sérieusement le parti, ce qui serait fâcheux. Juif, pro-palestinien, détesté par la plupart des noirs américains, partisan de l'infâme taxe Tobin, défendant le programme le plus ambitieux pour faire basculer l'économie américaine du côté des énergies propres, ainsi que le principe inconcevable d'une assurance santé universelle (autre chose que la catastrophe de l'Obamacare), le bonhomme pousse le bouchon franchement trop loin. Tout sauf lui. Quitte à élire Hillary Clinton, quand bien même celle-ci n'est que la réplique d'Obama – mais les Noirs, les Mexicains et les Musulmans adorent, et l'Amérique a besoin d'un lifting pour effacer les cicatrices irakiennes, syriennes, libyennes et ainsi de suite. Menteuse? Vilaine menteuse, très probablement. Mais tellement polie et sympa avec CNN.

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En un seul coup, le prestigieux Boston Globe explique qu’en 2017 avec Trump, les expulsions vont commencer, que les marchés s’effrondrent en vue de la guerre commerciale, que les émeutes se poursuivent dans le pays et que le couvre-feu s’étend à plusieurs villes du pays. Du Pulitzer comme il en faut.

OB : cette Une “pastiche” imprimée dans un grand journal défie l’entendement… Et devrait pouvoir relever de poursuites, pour abus de pourvoir médiatique…

Hitler et Staline vs. Les vertueux

Hitler veut donc construire un mur – déjà construit aux deux-tiers – à la frontière mexicaine, ramener les industries américaines à la maison pour éviter la propagation des canapés à deux balles et de la bouffe pour chien contaminée chinoise, rappeler aux Arabes américains qu'on émigre dans un pays parce qu'on aime y vivre sans cracher sur son drapeau, et renvoyer les immigrés illégaux, qui pourront toujours déposer une demande d'immigration légale, s’ils n’ont pas organisé un gang ou un circuit de mariages bidons dans leur quartier. De quoi frémir et imaginer l'apocalypse en 2017. Staline, lui, veut taxer les milliardaires pour financer des mesures infâmes, dont le dénominateur commun est l'égalité, une idée abracadabrante et obscène. Un affront pour les élites bienveillantes qui veillent à l’esprit de compétition, symbole de jeunesse éternelle.

Alors, vos correspondants et agences de presse espèrent que Torquemada et Obamette vont finir par ce sortir de ce bourbier. Il ne faut pas leur en vouloir: ils ne veulent pas se fâcher avec leurs puissants confrères, ils sont impressionnés de travailler en Amérique, ils ont leurs entrée à la Maison Blanche et être correspondant, cela demande de la discipline. Ce n'est pas grave, qu’un texan allumé dessine un projet à vous glacer le sang, puisqu'il parle bien et qu'il respecte le système. Ce n'est pas grave, que l'autre, secrétaire d’Etat du temps de la catastrophe syrienne, appuie un peu trop sur le bouton pour piloter les drones tueurs, c'est une femme – et comme on le sait, toute femme est pure, pacifiste et non-violente, Renaud nous l'a enseigné à l'époque de Thatcher -, et les minorités l'adorent.

Seulement le peuple parle, et il adore les emmerdeurs, alors évidemment, il y a des parasites sur la ligne. Tout ce que nos amis doivent savoir aujourd'hui sur l'élection américaine en cours est qu'elle est, malgré tout, une bouffée d'air extraordinaire et une démonstration démocratique puissante : l'Amérique se passionne pour ces élections, s'engueule, ses pouvoirs frissonnent de rage, ses élites tapent du pied, sa jeunesse s’emballe pour un vieux gaucho, ses fachos lèvent le bras la bible en main, et un bâtisseur d'immeubles affreusement kitsch et à la mèche défiant tout entendement fait rire au détriment des huiles médiatiques.

Démocratie: on aime, ou pas.

Elle est comme ça, l’Amérique: les Texans y vivent au rythme des éxécutions capitales, les Washingtoniens y fument leur pétard dans les rues, les Arizoniens vont au bordel et en Californie du Nord, la ville de Sébastopol brandit fièrement le drapeau communiste. Les gays, lesbiennes, bisexuels et transgenres – Dieu sait quoi d’autre encore – s’envoient en l’air sur les plages de South Beach et de Long Island, les vilains du Ku Klux Klan s’agitent dans leurs robes et sous leurs chapeaux pointus en brûlant des croix au find fond du Tennessee ou de l’Orégon pour impressionner les vilains nègres, on peut commander sa panoplie de SS sur Internet ou se faire livrer un fusil d’assaut, des antisémites sans tabou se tapent sur la cuisse et les partisans de la conspiration font fortune en vous assurant toujours que le coup du World Trade Center était bidon. Intenables, vous dit-on. Alors évidemment, ça fait du monde aux portillon des élections. Franchement, on a vu pire, comme démocratie, mais pour le quatrième pouvoir, c’est affreux.

Source : Marianne, Stephane Trano, 21-04-2015