mercredi 30 mars 2016

Des PDG de sociétés technologiques et des dirigeants du Parti Républicain s’unissent dans une conspiration anti-Trump

Des PDG de sociétés technologiques et des dirigeants du Parti Républicain s'unissent dans une conspiration anti-Trump

Et après, on s’étonne qu’il y ait des “complotistes”…

A leur assemblée secrète, des PDG de sociétés technologiques et des dirigeants du Parti Républicain s’unissent dans une conspiration anti-Trump

Source : The Huffington Post, le 07/03/2016

Karl Rove a transmis ses trouvailles sur des groupes cibles permettant aux pontes du GOP d’espérer réussir.

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SEAISLAND.COM

Décrit sans imagination mais avec précision comme « opulent », Sea Island, en Géorgie, a accueilli un groupe de dirigeants républicains et de PDG de sociétés technologiques pour le forum mondial annuel de l’American Enterprise Institute.

Des milliardaires, des PDG de sociétés technologiques et des membres haut placés du Parti Républicain se sont envolés vers une station balnéaire privée sur une île au large de la Géorgie pour le Forum mondial annuel de l’American Enterprise Institute, d’après des sources familières de ce rassemblement secret.

Le principal sujet de ces conciliabules inaccessibles à la presse ? Comment arrêter le grand favori républicain, Donald Trump.

Le PDG d’Apple, Tim Cook, le cofondateur de Google, Larry Page, le créateur de Napster et investisseur de Facebook, Sean Parker, le grand manitou de Tesla Motors et Space X, Elon Musk, étaient tous présents ; ainsi que le représentant de la majorité au Sénat, Mitch McConnell (Républicain, Kentucky), le gourou politique Karl Rove, le président de la Chambre Paul Ryan, les sénateurs républicains Tom Cotton (Arkansas), Cory Gardner (Colorado), Tim Scott (Caroline du sud), Rob Portman (Ohio), et Ben Sasse (Nebraska) qui a récemment fait parler de lui en affirmant qu’il “ne peut soutenir Donald Trump”.

En plus de Ryan, le parlement était représenté par le président du comité “Énergie et Commerce” Fred Upton (Michigan), le député républicain Kevin Brady (Texas) et le quasi-porte-parole Kevin McCarthy (Californie), selon nos sources, avec l’important personnage qu’est Cathy McMorris Rodgers (Washington), le président du comité du budget Tom Price (républicain, Géorgie), le président du comité des services financiers Jeb Hensarling (Texas) et Diane Black (Tennessee).

Philip Anschutz, le donateur milliardaire du GOP dont la société a une participation dans le complexe immobilier de Sea Island, était également présent avec le sénateur démocrate John Delaney, qui représente le Maryland. Arthur Sulzberger, l’éditeur du New York Times était aussi là. Une porte-parole du Times l’a confirmé.

Kristol écrivit qu'”un spectre hantait ce forum global – le spectre de Donald Trump,” dans un compte rendu électronique de la conférence. Il a emprunté ici l’introduction du manifeste communiste de Karl Marx. “L’émergence [de Trump] a mis tout le monde mal à l’aise et a fait beaucoup parler de lui à tort et à raison sur les raisons de son succès et sur les espoirs de le voir battu.”

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En route pour le “AEI World Forum”. Beaucoup d’invités intéressants. Comme ce n’est pas un forum officiel, veuillez considérer mes tweets comme étant officieux.

“La tâche essentielle maintenant, pour encore paraphraser Karl Marx, n’est pas de comprendre Trump mais de le stopper,” écrivit Kristol. “En général, il y a ici trop de mea-culpa, de froncements de sourcils et de fatalisme et pas assez de détermination à sauver le parti et le pays d’une nomination puis d’une élection à la présidence de quelqu’un qui ne devrait même pas être dans la course.”

Un grand moment de la réunion fut une conférence de Rove sur ses conclusions, établies à l’aide de groupes témoins, sur Trump. La plus grande faiblesse du nabab des affaires, selon Rove, est que les électeurs ont beaucoup de peine à le voir “présidentiable” et comme un exemple pour leurs enfants. Il le voit aussi comme quelqu’un de fantasque ne devant jamais avoir ses (petits) doigts près du bouton nucléaire.

La présentation de Rove concernait la façon dont William McKinley gagna en 1896, selon un agenda obtenu après la réunion par le HuffPost. Rove vient d’écrire un livre dont le titre est The Triumph Of William MaKinley: Why the Election of 1896 Still Matters. Le directeur de campagne de McKinley, Mark Hanna, est souvent présenté comme le premier Karl Rove – le premier ingénieur politique du système américain. McKinley affrontait William Jennings Bryan, un populiste et un raciste qui rassemblait les masses en attaquant les élites de la côte et les banquiers. La campagne eut lieu durant le premier “âge d’or” (des barons voleurs, NdT). Avec le second âge d’or (de leurs descendants, NdT), le parallèle est clair.

Cook n’assista pas à la séance de Rove et évita toute manipulation politicienne, selon une source proche de ce dernier. Musk a tweeté mercredi qu’il a participé à la réunion pour parler de “Mars et des énergies renouvelables”, pas de Trump.

Des sources internes à la réunion – qui demandèrent à rester anonymes car le forum est officieux – dirent que la plus grande part des conversations tournait beaucoup autour de Trump et des raisons de cet événement et peu autour des façons de l’arrêter.

Trump, qui dispose déjà d’un tiers des délégués dont il a besoin pour obtenir la nomination du GOP, affrontera la semaine prochaine des primaires en Floride et dans l’Ohio qui orienteront la suite de sa course. S’il gagne les deux États, il n’aura besoin que de la moitié des délégués restants pour être sûr de sa nomination.

Il n’était pas le seul sujet de cette ample conférence. À un moment, Cotton et Cook d’Apple ont violemment débattu sur le cryptage des téléphones cellulaires, selon une source du HuffPost présente à la discussion. “Cotton était carrément dur avec Cook,” selon la source et “chacun se sentait un peu mal à l’aise devant l’hostilité de Cotton.” (Apple est au milieu d’une bataille juridique avec le département de la justice et le FBI au sujet d’un iPhone crypté qui appartenait à l’un des tireurs de San Bernardino.)

AEI organise ce forum de Sea Island depuis des années. Il est si secret que Bloomberg News, en 2105, s’est plaint que personne ne parlerait du temps qu’il y a fait.

Selon les statistiques de la “Federal Aviation Administration” accessibles sur FlightAware.com, une flotte d’avions privés a atterri et décollé des petits aéroports près de Sea Island ce weekend. Cinquante-quatre ont quitté l’aéroport de St. Simons Island, Georgia, dimanche – près de quatre fois plus que le dimanche précédent.

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Bien. Je suppose que c’est presque fini car les gros jets bruyants décollent les uns après les autres.

La plupart de ces avions sont enregistrés dans des sociétés de location comme NetJets et Flexjet ou des compagnies de service comme Jetsetter. Au moins deux d’entre eux sont allés directement à San José, Californie, un lieu de grande concentration des géants de la technologie, ce dimanche.

Un autre avion, arrivé d’Eaton au Colorado mercredi et reparti dimanche, est enregistré chez “Monfort Aviation, LLC”, un trust privé libre d’impôts. Les registres de la FAA n’indiquent pas qui possède Monfort Aviation, mais il est homonyme de Monfort Dick et Charlie, les héritiers d’une fortune faite dans l’emballage de la viande qui possède l’équipe de baseball du Colorado, les Colorado Rockies. L’avion est un Raytheon Hawker 800XP de 15 places. Anschutz, le milliardaire dont la société a une part de Sea Island est aussi du Colorado.

Un autre jet privé, un Canadair Challenger, traversa le pays depuis St. Simons à l’aéroport de Van Nuys en Californie du Sud ce vendredi dernier. Cet aéroport est lié à des millionnaires et des milliardaires se disputant assez violemment pour des places sur le tarmac pour que les médias en parlent occasionnellement.

Un troisième avion, un trimoteur Dassault Falcon 900, arriva jeudi à St. Simons, de Westchester County, New York, et en est reparti dimanche. Il est enregistré chez “Northwood Investors LLC”, dirigé par John Kukrai dont la biographie officielle rapporte qu’il a été mêlé à des opérations immobilières de plus de 40 milliards de dollars.

“L’évènement est privé et officieux. Par conséquent, nous cessons toute déclaration sur le contenu et les participants,” a déclaré Judy Stecker, porte-parole d’AEI. Elle a décrit le forum comme “une réunion informelle de penseurs de haut niveau, venant de tous les horizons idéologiques, venus discuter des défis que les États-Unis et le monde libre affrontent en économie, en sécurité et prospérité de la société.”

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DAVID BOHRER/ASSOCIATED PRESS/THE WHITE HOUSE

L’ancien vice-président Dick Cheney participe à la cérémonie d’inauguration du 26ème forum mondial d’AEI en 2007. Ce forum a été conçu par l’ancien président Gérald Ford et attire des meneurs politiques et économiques du monde entier.

Le complexe touristique de Sea Island – qui annonce trois parcours de golf et un centre de spa et de remise en forme d’une superficie de 6 000 mètres carrés qui remplirait presque les deux tiers d’un Home Depot – est célèbre pour son isolement. Il est entouré par des marais et assez loin du plus proche aéroport commercial d’importance. En 2004, quand le président George W. Bush reçut le sommet annuel du G8 sur cette île, le centre de presse était à Savannah en Géorgie à 80 miles de là.

La Anschutz Corp., Starwood Capital Group Global, Avenue Capital Group et le Oaktree Capital Management ont acheté le complexe en faillite à l’époque – et qui recouvre toute l’île – en 2010 pour 212,4 millions de dollars.

“Ce n’est vraiment pas l’endroit pour découvrir l’Amérique moyenne,” écrivit The New York Times sur Sea Island en 2004. “Mais c’est un endroit parfait pour se couper du reste du monde quand on observe l’usage d’une architecture ostentatoire et les plages pratiquement sans accès pour le public.

En 2015, le gala de Sea Island organisé par l’AEI attira la plupart des hommes qui devaient devenir les candidats républicains à la présidence selon un agenda obtenu par Bloomberg à l’époque. Les orateurs prévus incluaient l’ancien gouverneur de Floride, Jeb Bush, le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, le sénateur du Texas, Ted Cruz, le sénateur de Caroline, Lindsay Graham, le gouverneur de Louisiane, Bobby Jindal et l’ancien sénateur de Pennsylvanie, Rick Santorum. (Il se peut que certains orateurs annoncés ne soient pas venus à cause d’une tempête de neige qui perturba les transports ce week-end.)

AEI paya 32 490,97 dollars pour les 11 membres du Congrès qui assistèrent à la conférence en 2015 selon les registres publiés sur Legistorm.com.

Les officiels démocrates comme le sénateur Cory Booker du New Jersey, Jason Furman, président du conseil des économistes de Barack Obama, Gene Sperling, un autre important conseiller d’Obama en économie, et l’ancien secrétaire au trésor Larry Summers, étaient sur la liste des participants de l’édition de 2015, selon ce qu’en a rapporté Bloomberg à l’époque.

Christie devait ouvrir la conférence de cette année par ses remarques préliminaires.

Il y a quelques semaines, il a déclaré son soutien à Trump.

Jennifer Bendery a contribué au reportage.

Source : The Huffington Post, le 07/03/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

François Hollande : « J’ai décidé [...] de clore le débat constitutionnel »

François Hollande : « J'ai décidé [...] de clore le débat constitutionnel »

Enfin une très bonne nouvelle ! Aussi, on ne fait pas la fine bouche, et on vous la passe tout de suite ; ))))

François Hollande le 29 mars à Paris. AFP

Confirmant des informations de «Libération», le chef de l'Etat a annoncé mercredi qu'il ne convoquera pas de Congrès pour réviser la Constitution et donc n'y inscrira pas l'état d'urgence et la déchéance de nationalité pour les terroristes.

C'est terminé. Déplorant «profondément» l'attitude de la droite, François Hollande a annoncé mercredi qu'il renonçait finalement à réviser la Constitution et ne convoquerait pas de Congrès à Versailles, confirmant ainsi les informations de Libération. «J'ai décidé [...] de clore le débat constitutionnel», a déclaré le président de la République. Pas de déchéance de nationalité dans la Loi fondamentale, pas d'état d'urgence non plus et pas de réforme du conseil supérieur de la magistrature.

«Je constate aujourd'hui, quatre mois après, que l'Assemblée et le Sénat ne sont pas parvenus à se mettre pas d'accord et qu'un compromis paraît même hors d'atteinte sur la déchéance», a affirmé le chef de l'Etat lors d'une allocution solennelle à l'Elysée, pendant laquelle il a fait porter toute la responsabilité de l'échec sur la droite. 

«Je constate aussi qu'une partie de l'opposition est hostile à toute révision constitutionnelle qu'elle porte sur l'état d'urgence ou même sur l'indépendance de la magistrature», a-t-il souligné, rappelant que s'il avait proposé cette révision de la Constitution c'était «en appelant à un dépassement des frontières partisanes» et «pour rassembler les Français».

«Je déplore profondément cette attitude», a ainsi critiqué Hollande, visant notamment l'ex-Premier ministre François Fillon opposé à cette révision constitutionnelle. «Nous devons tout faire dans les circonstances que nous connaissons et qui sont graves pour éviter les divisions et pour écarter les surenchères», a-t-il ajouté avant de promettre, sans toutefois apporter de précisions, qu'il ne «dévierai[t] pas des engagements [...] pris au lendemain des attentats [...] pour assurer la sécurité de notre pays et pour protéger les Français contre le terrorisme.» «C'est mon devoir et ma responsabilité. Je l'assumerai jusqu'au bout et avec la force nécessaire», a-t-il lancé en conclusion de son allocution.

Juste avant cette prise de parole dans le salon Napoléon III de l'Elysée, Hollande avait annoncé au gouvernement réuni en conseil des ministres son intention de parler sans préciser ce qu'il allait dire «pour que nous ne parlions pas avant lui», avait confié un participant à la sortie du conseil des ministres.

Quatre mois après les attentats de Paris et de Saint-Denis, c'est donc la fin d'un débat qui a fait exploser la gauche sur la déchéance de nationalité mais aussi de l'inscription de l'état d'urgence dans la Constitution, un sujet beaucoup moins polémique au Parlement.

À lire aussi Déchéance de nationalité : des volte-face à n'en plus finir

Lors de son examen au Sénat, le projet de loi constitutionnel avait été totalement réécrit par la droite. «La droite s'est empêtrée dans sa primaire et s'extrême-droitise. Mais personne ne veut écrire cette histoire préférant chroniquer une reculade Hollande», lâche un ténor socialiste.

Source : Liberation.fr

Informations complémentaires :

Les gènes de Néandertal ont amélioré l'immunité de l'Homme Moderne

Les gènes de Néandertal ont amélioré l'immunité de l'Homme Moderne

Le croisement des hommes modernes et des néandertaliens en Europe il y a des milliers d'années, a donné aux hommes des variations génétiques qui ont augmenté la capacité de ceux qui les portent à lutter contre les infections.

Cet héritage de l'Homme de Néandertal aurait aussi laissé certaines personnes plus sujettes aux allergies.

Ces découvertes, rapportées dans deux études indépendantes dans l'American Journal of Human Genetics en janvier dernier montrent le rôle important des relations interspécifiques dans l'évolution humaine et plus spécifiquement dans le système immunitaire inné, qui sert de première ligne de défense de l'organisme contre l'infection.

Une représentation d'artiste de l'Homme de Néandertal au Rheinisches Landesmuseum Bonn, Germany. Celldex, Wikimedia Commons

"Nous avons découvert que le croisement avec les hommes archaïques, les Néandertaliens et Dénisoviens, ont influencé la diversité génétique dans les génomes actuels, dont trois gènes de l'immunité innée appartenant à la famille récepteurs de type Toll." rapporte Janet Kelso de L'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste à Leipzig en Allemagne.

"Ces gènes d'immunité inné, et d'autres, présentent des niveaux plus élevés d'ascendance de Néandertal que le reste du codage du génome", ajoute Lluis Quintana-Murci de l'Institut Pasteur et du CNRS à Paris, "cela souligne l'importance que les événements d'introgression  (le mouvement des gènes entre les espèces) ont pu avoir dans l'évolution du système immunitaire inné de l'homme".

De précédentes études avaient montré qu'un à six pourcent des génomes d'eurasien moderne étaient hérités d'anciens hominidés, comme les néandertaliens ou dénisoviens.

Quintana-Murci et ses collègues sont partis à la découverte de l'évolution du système immunitaire inné dans le temps. Ils ont eu à disposition de vastes quantités de données disponibles à partir des individus d'aujourd'hui, grâce au Projet 1000 Génomes, ainsi que les séquences du génome d'anciens hominidés.

L'équipe de Quintana-Murci s'est concentrée sur une liste de 1500 gènes, connus pour jouer un rôle dans le système immunitaire inné. Ils ont alors examiné  les modèles de variation génétique et l'évolution des changements dans ces régions relatives au reste du génome à un niveau de détail sans précédent.

Finalement, ils ont estimé le moment du changement dans le système immunitaire et dans quelle mesure la variation de ces gènes a été transmis par les néandertaliens.

Ces investigations ont révélé peu de changements sur de longues périodes de temps pour certains gènes immunitaires inné, en raison de fortes contraintes. D'autres gènes ont subi des balayages sélectifs dans lesquels une nouvelle variante a rapidement augmenté jusqu'à proéminence, peut-être en raison d'un changement dans l'environnement ou bien suite à une maladie épidémique.

Cette carte du monde montre les fréquences d'ADN de type TLR néandertalien dans la base 1000 Génomes. La taille de chaque point est proportionnel au nombre d'individus dans une population. Credit: Dannemann et al./American Journal of Human Genetics 2016

La plupart des adaptations dans les gènes codant des protéines se sont produits dans les derniers 6000 à 13000 ans, alors que les populations humaines passaient de la chasse et de la cueillette à l'agriculture.

Cependant, Quintana-Murci précise que la plus grande surprise pour eux "a été de trouver que le groupe TLR1-6-10 est parmi les gènes ayant des ancêtres de Néandertal les plus élevés à la fois chez les européens et les asiatiques."

Dans la seconde étude, Kelso et ses collègues sont arrivés à la même conclusion, mais ils n'ont pas cherché à étudier le système immunitaire. Leur intérêt était de comprendre l'importance fonctionnelle des gènes hérités des hommes archaïques de façon plus générale.
Ils ont analysé les génomes humains actuels pour trouver des groupes ayant des grandes similarités avec les génomes des néandertaliens et des dénisoviens. Ils ont alors examiné la prévalence de ces groupes dans les hommes actuels de différentes parties du monde.

Ces analyses les ont conduit aux mêmes trois gènes TLR. Deux de ces variantes génétiques sont plus similaires au génome de Néandertal, alors que le troisième est plus similaire au génome du Dénisovien, rapporte le groupe de Kelso.


Bien que cette plus grande sensitivité puisse protéger d'une infection, cela peut aussi augmenter la sensibilité des gens actuels aux allergies.

"Ce qui a émergé de notre étude comme dans d'autres travaux sur l'introgression est que le croisement avec les hommes archaïques a en effet des implications fonctionnelles pour l'homme moderne, et que les conséquences les plus évidentes ont été dans l'élaboration de notre adaptation à notre environnement, améliorant la façon dont nous résistons aux pathogènes et métabolisons les nouveaux aliments." explique Kelso.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, cela a beaucoup de sens, estime-t-elle. Néandertal, par exemple, a vécu en Europe et dans l'ouest de l'Asie pendant environ 200000 ans avant l'arrivée de l'homme moderne. Ils étaient donc probablement bien adaptés au climat local, aux aliments et aux pathogènes. Aussi, le croisement avec les hommes archaïques, nous a apporté ces adaptations avantageuses.


Source:

Derniers articles sur l'Homme de Néandertal:

Sévices sur les animaux : la France ordonne des inspections dans tous les abattoirs du pays

Sévices sur les animaux : la France ordonne des inspections dans tous les abattoirs du pays

Je ne commenterai pas ces vidéos, que je n'ai même pas voulu voir. Mais, hélas, j'ai vu des images, et cela m'a profondément choqué. Aussi, je me réjouis que le gouvernement prenne le problème à bras le corps.

Update 30.03.2016IMPORTANT : Je vous rappel notre appel a l'aide pour conduire une analyse SEO professionnel du site, nous avons besoin de vos dons, 10€, 20€ ou plus, vue le nombres de visiteur ils n'en faudrait pas beaucoup pour atteindre le budget de 299 €

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f.

© Gaizka Iroz, AFP | Une vidéo montre des mauvais traitements infligés à des animaux à l'abattoir
intercommunal du Pays de Soule, à Mauléon-Licharre (Pyrénées-Atlantique).

Stéphane Le Foll a ordonné aux préfets de procéder d'ici un mois à des inspections relatives à la protection des animaux dans tous les abattoirs de France. Des vidéos publiées par l'association L214 ont fait état de cruauté envers les animaux.

Les abattoirs sont désormais dans le viseur des autorités françaises. Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a ordonné, mardi 29 mars, aux préfets de procéder d'ici un mois à des "inspections spécifiques sur la protection animale dans l'ensemble des abattoirs" du pays.

"En cas de défaut avéré constaté à l'occasion de ces inspections", Stéphane Le Foll demande "la suspension sans délai de l'agrément de ces établissements", précise le ministère dans un communiqué.

Des animaux visiblement mal étourdis ou brutalisés

C'est une vidéo tournée en caméra cachée dans un abattoir du pays Basque qui a mis le feu. Publiée par l'association de défense des animaux L214, elle montre des mauvais traitements infligés à des animaux à l'abattoir intercommunal du Pays de Soule, à Mauléon-Licharre (Pyrénées-Atlantiques), dont l'agrément a aussitôt été suspendu par les autorités. Sur les images, tournées pendant la période d'activité intensive précédant Pâques, on peut voir des animaux visiblement mal étourdis ou brutalisés, des moutons saignés alors qu'ils présentent encore des signes de conscience, ainsi qu'un agneau écartelé encore vivant.

Les résultats de ces inspections "seront transmis à la commission d'enquête parlementaire annoncée le 22 mars". Sur cette base, le ministre "prendra les mesures qui s'imposent pour renforcer la responsabilité des opérateurs, en particulier sur la surveillance des postes d'abattage", selon le communiqué.

"Malgré le renforcement des contrôles [...], il s'agit de la troisième vidéo révélant de tels actes de cruauté envers les animaux", précise le ministre, qui souligne avoir demandé en novembre aux préfets de "s'assurer de la prévention de tout acte de maltraitance lors de l'abattage et rappelé la responsabilité des opérateurs".

Deux autres vidéos similaires ont été publiées par L214 en octobre et en février, tournées respectivement dans les abattoirs d'Alès et du Vigan (Gard).

Source(s) : France24.com avec Afp

La politique monétaire a joué un rôle central dans le déclenchement de la crise financière, par Jacques de Larosière

La politique monétaire a joué un rôle central dans le déclenchement de la crise financière, par Jacques de Larosière

Source : Académie des sciences morales et politiques, le 01/12/2010

Université de Columbia, 1er décembre 2010, par Jacques de Larosière

publishable

La thèse que je vous présente aujourd’hui est tirée d’un article que j’ai publié dans Central Banking au début de 2010. C’était le résultat d’une réflexion et d’un travail dans lequel je m’étais embarqué quelques années auparavant.

À l’époque, l’article n’a reçu quasiment aucune réaction. Mais durant ces dix dernières années, un certain nombre d’économistes ont aussi écrit sur le sujet. De plus, les banquiers centraux ont dernièrement commencé à faire attention aux liens entre la politique monétaire et les bulles d’actifs. En outre, la création récente en Europe et aux États-Unis de Comités du risque systémique implique pour les banques centrales un devoir d’analyser en permanence les risques macroéconomiques et financiers et d’en tirer des recommandations (y compris sur les questions de politique monétaire) pour éviter le retour de crises comme celle que nous venons de traverser avec ses conséquences dramatiquement négatives sur la croissance, l’emploi et les politiques fiscales.

Un certain nombre de banquiers centraux et leurs conseillers économiques considèrent que la politique monétaire n’a joué aucun rôle ou un rôle mineur dans le déclenchement de la crise. De ce point de vue, le bouleversement financier était principalement le résultat d’un choc macroéconomique externe mal géré par certaines institutions financières imprudentes.

Leur argument peut se résumer de la façon suivante :

  • l’inflation (Indice des prix à la consommation, IPC) a été faible et stable au fil des années ; par conséquent, l’objectif fondamental de la politique monétaire (la stabilité des prix) a été rempli ;
  • la crise financière fut essentiellement le fruit d’un « excès d’épargne » et du surplus dans la balance des paiements des grandes économies émergentes. Cela entraîna la montée des prix de l’immobilier et d’autres actifs, et permit le financement du déficit courant des États-Unis. L’excès de liquidité généré par ces déséquilibres ne fut pas provoqué par la politique monétaire ;
  • un autre facteur expliquant la crise est le comportement d’un certain nombre d’institutions financières (en particulier les établissements « non-bancaires », les hedge funds, les banques d’investissement…) qui allèrent trop loin avec l’effet de levier de leur capital.
  1. Je crois que cet argument est singulièrement fallacieux et que l’explosion du crédit — qui est un phénomène monétaire — fut un facteur majeur derrière la crise.

Par exemple, aux États-Unis, le ratio entre la dette du secteur privé et le PIB a explosé, passant de 112% en 1976 à 295% en 2008. En Grande-Bretagne, le ratio entre la dette hypothécaire des ménages et le revenu disponible est monté en flèche, passant de 80% en 1911 à 140% en 2008. Aux États-Unis, le crédit s’est accru d’environ 10 à 15% par an entre 2004 et 2008, alors que la croissance économique en valeur nominale tournait autour de 5% (les chiffres équivalents pour la zone euro étaient de 8 à 10% pour une croissance du PIB en valeur nominale de 4%).

Cette explosion de la dette ne pouvait qu’engendrer des conséquences monétaires. « Les crédits font les dépôts » comme nous l’enseignent les manuels scolaires. De nombreuses banques centrales — et en particulier la Réserve fédérale qui permit aux taux d’intérêts réels de planer autour de zéro pendant plusieurs années — alimentèrent l’expansion du crédit ; ce qui, en retour, affecta les agrégats monétaires.

Sur le plan extérieur, nous savons — d’après les recherches menées par Jacques Polar dans les années 60 — que c’est l’évolution des actifs intérieurs nets (les crédits à l’économie et au secteur public) qui est le déterminant principal des déséquilibres du déficit courant.

Donc, étant donnée l’importance du crédit pour la stabilité monétaire à la fois domestique et extérieure, il semble quelque peu mystérieux que les banques centrales ne lui aient guère prêté attention en tant qu’indicateur, et ce alors que le développement du crédit est traditionnellement un élément majeur dans l’analyse et la boîte à outils des décideurs en matière de politique monétaire. La moindre des choses eût été que l’ampleur de la bulle du crédit soulève des questions quant à la pertinence des politiques monétaires.

La réponse des banquiers centraux à cette vision des choses fut quelque chose comme : « puisque l’inflation (IPC) demeurait morose, il aurait été irresponsable de notre part de resserrer nos politiques et d’augmenter les taux d’intérêt, au risque d’entraver la croissance économique et d’augmenter le chômage ». Mais ce qu’implique une telle réponse, c’est de limiter les opérations de politique monétaire à la réussite d’un concept strict de cible d’inflation — les prix des biens et services (ou d’une cible de croissance potentielle non inflationniste, comme c’est le cas pour les États-Unis).

À présent, après le passage de la crise et les pertes massives dans son sillage (aux États-Unis : une variation du PIB de -4,5% entre 2007 et 2009 et près de 10% de chômage), même les défenseurs les plus acharnés des politiques passées des banques centrales devraient concéder qu’il aurait été approprié de surveiller les indicateurs de crédit de plus près et d’agir sur eux. En tout cas, ils adhèrent à la proposition d’un « Conseil du risque systémique » afin d’éviter une répétition de l’expérience passée. Certains sont même d’accord pour dire que si les instruments de régulation se révélaient insuffisants, la politique monétaire pourrait être utilisée comme outil complémentaire.

À ce point de l’analyse, je voudrais souligner cinq des aspects « monétaires » de la bulle du crédit :

  • L’expansion du crédit qui alimenta la demande intérieure fut un puissant contributeur de l’augmentation du prix des actifs. De surcroît, des prix d’actifs élevés engendrent des effets de richesse qui, à leur tour, alimentent la bulle du crédit (plus vous croyez être riche, plus vous êtes tenté d’emprunter lorsque le secteur bancaire — c’était particulièrement vrai aux États-Unis et en Grande-Bretagne — est capable d’« extraire de la valeur » de la montée des prix du logement). Un fort appétit pour le risque dans un environnement de taux d’intérêts bas provoqua une détérioration de la qualité du risque, un affaiblissement de la diligence raisonnable et des écarts de taux très minces. De plus, l’adoption de la méthode d’évaluation « à la valeur du marché » aggrava la hausse du prix des actifs et ses effets de richesse, puisque les profits « de papier » et les valorisations augmentaient quand « ça allait bien » et donnaient l’impression que les garanties étaient légion et de bonne qualité.
  • Les faibles taux d’intérêt aux États-Unis (qui étaient même négatifs en termes réels de la fin 2002 jusqu’au milieu 2005) provoquèrent un cercle vicieux : plus les taux étaient bas, plus les risques pris étaient grands. En conséquence, la probabilité d’une crise augmentait. Lorsqu’elle éclata, la crise exigea à son tour de faibles taux d’intérêts afin de préserver le système financier. C’est ce que l’on appelle le « piège des faibles taux d’intérêts » [1].
  • Le rattachement systématique au dollar d’un certain nombre de monnaies des pays dégageant un excédent structurel (Chine, pays du Moyen-Orient, etc.) entraîna un accroissement significatif de la liquidité et une baisse des taux d’intérêt. Personne ne peut nier qu’intervenir sur les marchés de change est une décision de politique monétaire. Le Fonds monétaire international et ses actionnaires ont permis l’accumulation massive d’un surplus de réserves libellées en dollars par les pays excédentaires, tolérant ainsi la déferlante de liquidités internationales.
  • La dérégulation et l’innovation financière ont permis aux institutions financières (en particulier aux banques d’investissement et aux hedge funds) d’accroître leur effet de levier [2]. L’abus des opérations hors bilan (véhicules d’investissements structurés, « conduits », etc.) et la titrisation de produits complexes et opaques ont significativement conduit à l’expansion du crédit. Pour une quantité donnée de fonds propres réglementaires, ces institutions pouvaient prêter bien plus en accélérant  la « rotation » de leur capital et sortir du bilan les prêts qu’ils avaient étendus à leurs clients. La conjonction d’une politique monétaire complaisante et d’une faible régulation ont favorisé le développement de produits financiers (comme les emprunts hypothécaires à taux variable) avec des taux indexés sur les faibles taux d’intérêt à court terme. Cela a considérablement augmenté le canal de transmission de la politique monétaire et contribué à la crise.
  • Les « bulles de crédit » (comme la bulle du logement dont les États-Unis ont fait l’expérience dans les années 2000) « peuvent être bien plus néfastes que les bulles qui ne sont pas financées par de la dette comme la bulle Internet » [3]. Le système bancaire en était de plus en plus venu à compter sur le financement en gros et la « finance de l’ombre » [shadow banking] qui pouvaient accroître leur effet de levier sans contraintes réglementaires. En conséquence, une bonne part de la bulle du crédit était financée à très court terme (essentiellement des prêts garantis à un jour). Tant que le prix des actifs était haut, les sociétés pouvaient aisément emprunter étant donnée la valeur plus haute de leur garantie. Mais cet accroissement des emprunts conduisit à une surcapacité de l’économie, avec pour résultat final un ralentissement féroce. Lorsque le cycle s’inversa, la « spirale des pertes » eut d’énormes effets amplificateurs. En effet, dès que la valeur des actifs des investisseurs a dégringolé, leur valeur nette s’est effondrée, et ils ont donc vu leur capacité à emprunter diminuer. Il ne leur restait plus qu’une seule solution : réduire leurs positions en vendant des actifs dont les prix chutaient. Pour empirer les choses, les appels de marge et les décotes commencèrent à faire mal aux investisseurs lorsque les prix des actifs ont décliné, forçant la vente de ceux-ci, ce qui continua encore de déprécier les actifs et d’augmenter les appels de marge.

Étant donné le haut effet de levier des banques d’investissement des États-Unis, on comprend à quel point le système financier avait sombré dans la dette (c’est-à-dire qu’aux États-Unis, de 1978 à 2008, la dette nette des institutions financières rapportée au PIB s’est élevée de 16% à 121%). D’où les terribles conséquences provenant du cercle vicieux précédemment décrit. Quelqu’un peut-il raisonnablement affirmer que les cinq problèmes monétaires que je viens d’analyser n’ont rien à voir avec la politique monétaire et la responsabilité des banques centrales ?

Lorsqu’il y a une poussée de la liquidité et du crédit dans un environnement de taux d’intérêt faibles alors que l’IPC reste stable (en grande partie à cause du faible coût des salaires associé aux importations des pays émergents), tant que la flexibilité du taux de change ne peut plus jouer son rôle de soupape de sécurité, la seule issue est l’augmentation du prix des actifs. Les bulles ont naturellement accompagné les faibles taux d’intérêt et une posture monétaire asymétrique inappropriée. En effet, l’assouplissement de la politique monétaire pour éviter une récession a été décidé avec une rapidité et une détermination bien plus grandes que ce qui a été affiché pendant des périodes de resserrements progressifs lorsque l’économie était en surchauffe. C’était une invitation au danger moral, puisque cela a créé les prévisions que les banques centrales prendraient des mesures correctrices en cas de chute du prix des actifs. [4]

Une illustration de cette approche asymétrique de la politique monétaire est l’injection de liquidité par la Fed pour prévenir en 2002 une tendance déflationniste redoutée, mais fausse. Cette sur-réaction a produit une bulle massive de la demande. [5]

  1. Pour éviter la répétition de tels événements, les banques centrales devront recommencer à surveiller l’expansion du crédit et donc les bulles.

L’objectif n’est surtout pas de « viser » les prix des actifs. Les banques centrales ne peuvent évidemment pas déterminer la « juste » valeur des actifs. Cette « cible » est souvent présentée par les défenseurs d’un « statu quo » des banques centrales comme la solution alternative. C’est en partie destiné à discréditer l’idée que nous avons besoin que les banques centrales réagissent suffisamment tôt à l’émergence de bulles.

L’objection est souvent que les banquiers centraux ne sont pas en position d’identifier une bulle.

Cela semble être un argument particulièrement faible. Vous n’aviez pas besoin de déterminer scientifiquement la « juste » valeur, par exemple, des maisons aux États-Unis en 2005-2006 pour savoir qu’il y avait une augmentation excessive des prix. Tout le monde le savait. Nous le savions certainement d’autant mieux que nous pouvions prévoir l’inflation ou les écarts de production, ce sont des jugements considérés comme « normaux » que les banques centrales peuvent porter. Le National Bureau of Economic Research a récemment publié une étude [6] qui montre comment « l’augmentation du prix des maisons, la chute du taux des crédits hypothécaires et les refinancements plus efficaces […] ont appâté les masses de propriétaires pour qu’ils refinancent leur maison et extraient de la liquidité de leur hypothèque en même temps, augmentant le risque systémique du système financier ». L’étude établit que ces trois tendances donnent des résultats explosifs lorsqu’elles sont utilisées simultanément. Elle montre que « l’extraction seule de liquidité de son logement peut être à l’origine d’une augmentation dramatique du risque systémique posé par le marché résidentiel aux États-Unis, qui a été l’épicentre de la crise financière de 2007-2008 ».

Que devraient faire les banques centrales devant des circonstances aussi inquiétantes ? Devraient-elles rester inactives ? Attendre l’éclatement et ensuite « passer la serpillière » avec une relance ? Au contraire, je crois qu’elles devraient « aller à contre-courant » et qu’elles peuvent utiliser différentes options politiques pour ce faire.

  1. Elles devraient aller contre le courant pour « améliorer la performance macroéconomique en réagissant systématiquement aux décalages du prix des actifs, au-delà de leur réaction aux projections d’inflation et d’écarts de production » [7].

La raison de ce point de vue est que les bulles du prix des actifs créent des distorsions dans l’investissement, la consommation et l’inflation et mènent ainsi à des augmentations excessives puis à de graves chutes à la fois dans la production réelle et dans l’inflation. [8]

La politique monétaire peut adoucir et modérer ces excès et fluctuations au travers de mesures sur le taux d’intérêt. Mon opinion est qu’une banque centrale réaliserait une meilleure performance si elle intégrait dans son processus de ciblage d’inflation l’évolution du prix des actifs, et pas seulement l’inflation de l’IPC et les écarts de production.

On devrait garder en tête que le coût des bulles peut être très haut. Le FMI a estimé sur la base de l’expérience passée que l’éclatement des bulles immobilières prend en moyenne 5 ans pour revenir à la normale, et est associé à des pertes de production qui peuvent atteindre 8% du PIB.

Puisque les variations du prix des actifs affectent bien, et sont le reflet, des anticipations d’inflation, et étant donné que l’objectif des banques centrales est de limiter l’inflation, pourquoi ne prennent-elles pas en compte l’inflation du prix des actifs dans leurs instruments politiques ?

  1. Les banques centrales ont à leur disposition différentes options politiques :
  1. Adopter une politique monétaire moins accommodante. Cela enverra les bons signaux au marché, rendra plus crédible la posture anti-inflationniste (dans sa définition la plus complète) et aidera ainsi à ancrer les anticipations futures des prix. Si le marché savait ex ante que la politique monétaire réagirait à des bulles émergentes du prix des actifs, cela pourrait réduire la possibilité de bulles.
  2. Adopter des dispositions réglementaires pour modérer l’expansion du crédit en général ou dans des secteurs spécifiques (c’est-à-dire opter pour un provisionnement dynamique, augmenter les obligations de constitution de réserves, établir des règles plus rigoureuses en ce qui concerne les rapports prêt/valeur, etc.). Elles pourraient être utilisées comme alternative au point a) ou comme complément.

On pourrait objecter que le point a) est un instrument trop brutal pour empêcher l’explosion d’une bulle et que des mesures réglementaires ne sont pas toujours de la compétence des banques centrales. Ces arguments ne sont pas convaincants : les taux d’intérêt devraient être utilisés quand c’est nécessaire, pour aller contre le sens du courant, et les dispositions réglementaires devraient être mises en avant par les banques centrales si on exige d’elles qu’elles préviennent l’instabilité financière. C’est la raison pour laquelle le rapport du Système européen de supervision a proposé la création d’un « Conseil du risque systémique » regroupant les banquiers centraux de l’UE et les superviseurs pour détecter suffisamment tôt les risques systémiques et proposer des mesures précises (y compris réglementaires) pour les traiter. [9]

Enfin, certains peuvent estimer que si les banques centrales étaient responsables non seulement de la stabilité des prix mais aussi de la stabilité financière, cela pourrait entraîner des conflits entre les deux objectifs et pourrait affaiblir leur mission principale (la stabilité des prix) ou même leur indépendance.

Je crois, au vu de ce qui s’est passé ces deux dernières années, que ce n’est pas un argument convaincant.

Premièrement, les banques centrales ont traditionnellement la charge des deux missions. La pratique de ces dix dernières années ne devrait pas nous faire oublier les faits historiques de base. Par ailleurs, un certain nombre de banques centrales ont la charge de micro-superviser les banques. Deuxièmement, accorder aux banques centrales et aux régulateurs la responsabilité de l’action dans la prévention des crises financières ne peut que renforcer leur autorité (et leur indépendance). Et enfin, considérons les conséquences monétaires qu’aurait une inaction dans la prévention des bulles. Nous avons vu :

  • Les effets de richesse des prix des actifs et les conséquences d’une expansion excessive du crédit : ils ont, en soi, contribué à la surcapacité, à la volatilité de la production et enfin ont affaibli les fondations d’un système financier stable (le processus de désendettement en cours aura des conséquences économiques négatives majeures en particulier dans les économies les plus endettées comme les États-Unis ou le Royaume-Uni). N’aurait-il pas été plus judicieux de les renforcer avant, ce qui aurait sans aucun doute été douloureux, plutôt que de laisser une bulle de crédit énorme grossir et éclater, causant une récession profonde et une poussée du chômage qui semble sans aucune mesure avec ce qui serait arrivé avec les hypothèses d’un renforcement précoce ?
  • Une fois que le prix des actifs a commencé à chuter, tout le secteur financier s’est pratiquement effondré : il a fallu d’énormes injections de liquidité des banques centrales, à court et moyen terme, et l’aide publique. Nous voyons la difficulté qu’il y a pour les banques centrales de commencer à penser à une stratégie de sortie. Cette intervention massive et la politique d’assouplissement quantitatif sont-ils cohérents avec une stabilité monétaire sur le long terme ? Certains craignent que l’inflation revienne lorsque l’énorme liquidité créée trouvera son chemin jusqu’au financement de l’économie réelle. Certains pensent que le degré de relâchement actuel indique plus un risque de déflation. Le fait que ces explications sont si différentes pose un nouveau défi aux banques centrales et à leur crédibilité.

Au final, il ne me semble pas y avoir de doute que la politique monétaire a contribué significativement à l’émergence de la crise.

Ainsi le moment est venu de remettre en question le « modèle opérationnel » de la politique monétaire qui a prévalu ces dix à quinze dernières années. Ses principes basiques ont été essayés tout au long de la crise et n’ont pas résisté à l’épreuve, c’est mon point de vue.

C’est quelque peu paradoxal, dans un monde où la complexité financière augmente, les banques centrales ont trop tendu à simplifier leur politique opérationnelle. Un unique objectif étroitement défini a prévalu (avec quelques variations limitées) : cibler l’IPC. Un unique outil politique a dominé : l’utilisation des taux d’intérêt officiels. Et la plupart a fermé les yeux sur l’expansion du crédit et la poussée du prix des actifs. En fait, extraire de la valeur d’un prix d’actifs élevé est devenu l’un des instruments principaux pour certains décisionnaires pour soutenir la croissance. Nous avons vu les dangers de telles méthodes artificielles, destruction de valeur et récession généralisée. Je voudrais aussi souligner que ce « consensus » sur la politique monétaire est assez récent et que l’histoire des banques centrales nous fournit une foule d’objectifs et outils opérationnels plus détaillés.

À ce sujet, on peut observer que le ciblage de l’inflation tel qu’il a été pratiqué était basé sur des prévisions de l’IPC sur deux à trois ans. Cet horizon à court terme a eu pour effet de pondérer insuffisamment les décalages des prix qui sont à la source des bulles des actifs.

Contrairement au soi-disant consensus et en évitant toute approche dogmatique, je considère que :

  • la stabilité financière devrait être indissociable de l’objectif de favoriser des conditions monétaires stables ;
  • les banques centrales sont capables de reconnaître et peuvent éventuellement agir sur les bulles des actifs [10] ;
  • l’expansion du crédit devrait être suivie de près et modérée quand il le faut ;
  • quand une action doit être prise, plus tôt elle est prise mieux c’est ;
  • les mesures et les outils devraient être diversifiés (taux d’intérêt, réserves, changement de réglementation, etc.). De ce point de vue, les ratios prêts/valeur sont des outils puissants pour empêcher une expansion excessive du crédit ;
  • ancrer les anticipations de l’inflation sur le long terme est crucial ;
  • introduire une dimension anticyclique dans la politique monétaire (c’est-à-dire établir un provisionnement dynamique les bons jours et le réduire dans les mauvais).

Rien de tout cela n’affaiblirait l’indépendance des banques centrales. Au contraire, confier aux banques centrales un mandat de stabilité détaillé ne pourrait qu’améliorer leur crédibilité.

Le thème sous-jacent de cette analyse est que les institutions financières jouent un rôle fondamental dans les mécanismes de transmission de la politique monétaire. Cependant, les autorités monétaires n’étaient pas préparées, ni analytiquement ni opérationnellement, à prévenir ou à modérer les excès de l’expansion du crédit qui a fini par mettre le système à terre.

Un grand nombre de banques dans lequel le modèle anglo-saxon « octroyer et céder » prévalait, fournissait aux investisseurs des produits financiers opaques et mal compris dont les notes des agences de crédit étaient sans fondement. Cet approvisionnement en produits financiers complexes était satisfait par une demande croissante de la part d’investisseurs dont la liquidité était abondante, en particulier à cause de déséquilibres internationaux massifs et de taux d’intérêt bas. À travers le processus de titrisation, les banques pouvaient « réutiliser » leur capital pour octroyer et céder à nouveau. [11] Des taux d’intérêt très bas avaient, par conséquent, un effet de transmission beaucoup plus fort que par le passé lorsque les déséquilibres mondiaux, la titrisation de produits complexes, la mondialisation financière et l’existence d’un vaste système de shadow banking n’existait pas ou peu.

Les conséquences étaient inévitables : plus la liquidité était abondante, plus le financement à court terme était facile à travers les marchés interbancaires et de papier commercial, pour les institutions (banques, fonds communs, fonds de pension, hedge funds, etc.) qui se sont engagées à investir dans ces produits financiers complexes.

La marée montait irrésistiblement mais les banques centrales se focalisaient sur l’inflation de l’IPC.

Il est à noter que les économistes avaient étudié avec soin et précision les dangers d’un « canal du crédit » dans les années de la Grande dépression. Ils avaient à juste titre montré que les banques pouvaient être les transmetteurs majeurs et les « artisans » des politiques monétaires : les banques pouvaient resserrer leurs prêts à cause de défauts à venir, à cause du risque élevé des emprunteurs, et, par conséquent, à cause du coût élevé du capital.

Pourquoi alors est-ce que ces économistes n’ont pas fait plus attention, pendant les années de prospérité, au risque inverse mais symétrique que comportait l’attitude des institutions financières ? Leurs profits étaient artificiellement gonflés par les normes comptables, leurs effets de levier et leur propension au risque étaient élevés dans un contexte de taux d’intérêt bas, et les inquiétudes sur le risque du crédit des emprunteurs étaient réduits puisque la titrisation était censée « disperser » le risque.

Le canal de transmission du crédit était en fait beaucoup plus puissant que supposé. Effectivement, il a été mis en parallèle et amplifié par l’augmentation de l’effet de levier de certaines institutions financières (les banques d’investissement, particulièrement celles aux États-Unis, hedge funds, etc.) qui se comportaient comme des banques (en transformant des financements à court terme sur les marchés en actifs à plus long terme) mais en n’étant pas assujetties à des réglementations contraignantes comme les banques. Le résultat a été un arbitrage réglementaire énorme en direction des hedge funds, du hors-bilan, des placements structurés parrainés par les banques mais, en théorie, gérés de manière indépendante…

Ces « banques parallèles » se sont révélées être des « catalyseurs » de l’expansion du crédit et, par conséquent, ont contribué à détendre les conditions monétaires. La plupart avait peu de capital et était surendettée. La garantie qu’elles ont fournie à leurs créanciers était dans beaucoup de cas d’une qualité douteuse (les CDO étaient souvent acceptées).

Lorsque les marchés ont finalement compris que les prix de l’immobilier baissaient, toute la structure a été réduite en miettes. La pratique honteuse des États-Unis d’accorder des prêts hypothécaires subprime aux emprunteurs qui étaient connus des courtiers comme des banquiers et superviseurs comme incapables de servir leur dette, est devenue publique. Les produits financiers basés sur des produits de prêts en subprime dont des agences de notation ineptes avait accordé des notes triple A ont soudain été vus comme ce qu’ils étaient : c’est-à-dire sans aucune valeur. Les banques et les hedge funds ont soudain perdu leur financement à court terme et beaucoup n’avaient ni le capital ni la liquidité pour survivre. Ces banques imprudentes devaient être sauvées à grand frais pour les contribuables, et les hedge funds étaient sévèrement touchés pendant qu’ils aggravaient la chute des marchés à travers la vente de leurs actifs. La titrisation a pratiquement disparu. Loin de constituer un tampon institutionnel contre la chute des marchés, ce qu’elles avaient souvent été par le passé, les institutions financières étaient devenues tellement dépendantes des marchés financiers qu’elles ont été les premières à être affectées par la chute du prix des actifs et à accentuer la récession des marchés.

Et c’est ainsi qu’est réapparu le vieux canal « négatif » comme dans les années 30. Mais personne n’a vraiment tiré la sonnette d’alarme dans les années de sur-extension.

Qu’est-ce qui explique cette asymétrie ? Est-ce la Grande Modération de l’inflation ? Est-ce l’illusion que les marchés ne chuteraient jamais ? Est-ce l’obsession de la déflation qui est apparue il y a quelques années ? Est-ce à cause de la croyance tacite que les cycles avaient disparu et que les gains de productivité assureraient, pour toujours, une croissance potentielle haute et non-inflationniste ?

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la grande récession avec ses millions de chômeurs, ses milliers de milliards de renflouement, sa spectaculaire montée et la détérioration du bilan des banques centrales, ne peut pas être écartée à la légère comme le résultat de quelques accidents externes. Des questions difficiles ont besoin de réponses de la part des décideurs, gouvernements, banques centrales, régulateurs, superviseurs, tout comme des institutions financières. Il est essentiel qu’elles abordent les causes réelles de la crise (déséquilibres internationaux majeurs, politique monétaire inadéquate dans un contexte de bulles du prix des actifs, expansion excessive du crédit, manque de professionnalisme des superviseurs, procyclicité de la réglementation prudentielle et des règles comptables, liquidité insuffisante, levier excessif des banques d’investissement majeures et des hedge funds, mauvaise gouvernance menant souvent à des comportements moutonniers, biais et motivation court-termistes, etc.) et que les banques centrales participent vraiment à la stabilité financière, pour que le risque moral immense et inacceptable qui est un fléau pour le monde ne se reproduise pas.

Les efforts actuels pour réformer le système sont-ils adéquats ? Ce sont certainement, dans beaucoup d’aspects, un pas en avant dans la bonne direction. Mais l’accent sur l’augmentation de capitaux tampons dans le système bancaire me semble quelque peu déplacé. Un capital insuffisant était loin d’être la cause majeure de la crise. Une mauvaise supervision et la liquidité étaient les problèmes réels et nous devons y répondre d’une façon cohérente sans mettre en danger les fonctions vitales d’intermédiation et de transformation du système bancaire. Une attention plus grande devrait être consacrée à l’expansion probable du système de shadow banking qui tirera parti des contraintes plus fortes de capitaux des banques régulées. Et sans une surveillance macroéconomique internationale détaillée, les déséquilibres continueront de fleurir…

Dans ce contexte, la surveillance macro prudentielle devrait jouer pleinement son rôle en avertissant les gouvernements et les marchés des déviances naissantes ou des bulles. Espérons qu’ils rempliront leur mission avec indépendance, compétence et énergie.

[1] Voir Franceso Giavazzi – Alberto Giovannini. 19 juillet 2010 (© vox EU)

[2] Les contrôles traditionnels de l’expansion des crédits par les banques centrales ont été éliminés dans les années 70 et 80. En 2004, les banques d’investissement des États-Unis ont pratiquement été exonérées des ratios de levier. Cette décision a joué un rôle majeur dans l’expansion des crédits.

[3] Voir Markus K. Brunneheier: Bubbles, Liquidity and the Macroeconomy, NBER reports – n° 2, 2010

[4] Voir le Geneva  Report, Center for Economic and Policy Research et International Centre for Monetary and Banking Studies, 2000

[5] Voir l’étude de John B. Taylor, professeur à Stanford, Getting off track: how Government Actions and Interventions caused, prolonged and worsened the Financial Crises. Le Pr. Taylor affirme qu’il y a « une preuve évidente d’un excédent de monnaie pendant la période qui a mené au boom immobilier. »

[6] NBER: Systemic Risk and the Refinancing Ratchet Effect, document de travail n° 15362, par Amir Khandari, Andrew Lo et Robert Merton. Voir NBER Digest. Décembre 2009.

[7] Voir Sushil Wadhwani : Should monetary policy respond to asset price bubbles? Revisiting the debate, colloque du SUERF, Munich, 12 juin 2008

[8] Voir FMI, 2003 – World Economic Outlook

[9] Groupe de haut niveau sur la supervision financière de l’UE présidé par J. de Larosière, Bruxelles, 25 février 2009

[10] Le prix des actifs significativement plus haut que les « fondamentaux » (c’est-à-dire la valeur actuelle de probables futurs flux de trésorerie) sont un signe d’anticipations de l’inflation. Les banques centrales devraient essayer d’empêcher ou limiter de tels décalages pour améliorer la stabilité macroéconomique et limiter la taille de futures corrections des marchés.

[11] En 2007, sur 24 000 milliards de dollars d’encours de crédit aux États-Unis, les prêts titrisés représentaient 41%, alors que les prêts sur les livres de comptes des banque étaient de 35% et les obligations 24% (source : IIF Capital Markets Monitor, février 2010).

Source : Académie des sciences morales et politiques, le 01/12/2010

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source

Marcher les yeux fermés vers la catastrophe, par James W Carden

Marcher les yeux fermés vers la catastrophe, par James W Carden

Source : Consortiumnews.com, le 07/03/2016

7 mars 2016

Parce que les médias grand public américains restent dominés par les néoconservateurs, il y a eu peu de débats rationnels au sujet des risques de glisser vers une guerre nucléaire avec la Russie, comme l’écrit James W. Carden

Par James W Carden

Une question que les sans nul doute intrépides animateurs des prochains débats opposant Républicains et Démocrates pourraient méditer et poser aux candidats restants est : Étant donné que les États-Unis et la Russie s’encerclent l’un l’autre dans la mer Noire, en Ukraine, et dans le ciel de la Syrie, est-il possible que les responsables politiques ne soient pas pleinement conscients des risques inhérents à de telles manœuvres ?

La question vaut d’autant plus la peine d’être posée depuis que l’équilibre mondial en 2016 n’est pas seulement en danger, mais porteur de risques bien plus importants que la dernière fois où les grandes puissances ont accidentellement glissé vers la catastrophe. Après tout, contrairement à l’été 1914, aujourd’hui, toutes les grandes puissances mondiales ont l’arme nucléaire. Un bref examen de la Grande Guerre révèle de saisissants parallèles avec la situation actuelle.

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Plus tôt dans la crise syrienne, le président de la Russie Vladimir Poutine a accueilli le président Barack Obama au sommet du G20 au Palais Constantin de Saint-Pétersbourg en Russie, le 5 septembre 2013. (Photo officielle de la Maison-Blanche par Pete Souza)

Dans les jours qui ont immédiatement suivi l’assassinat de l’archiduc Ferdinand, personne n’aurait pu imaginer ce qui allait suivre – et cela apporte une leçon qui reste très pertinente aujourd’hui : que dans les relations internationales les intentions des autres États-nations sont en grande partie insondables. Ainsi, le statu quo précédant la guerre s’est effondré sous le poids de cette incertitude.

Ce qui suivit est un exemple éclatant de ce que le politologue Robert Jervis appelait « Le dilemme de la sécurité ». Il postule que lorsqu’un État adopte des mesures pour augmenter sa sécurité, ces mesures seront inévitablement perçues comme offensives plutôt que comme défensives par les autres États, qui prendront alors des contre-mesures pour augmenter leur propre sécurité, et ainsi de suite. En d’autres termes, les prétendues « armes de défense » n’apparaissent pas comme “défensives” aux yeux des États contre lesquels elles sont dirigées.

Comme l’éminent universitaire européen, le Pr David Calleo, l’a écrit, les Allemands ne se considéraient pas comme agresseurs. « Les Allemands de l’empire », écrivait-il, « maintenaient qu’ils faisaient la guerre avec des objectifs défensifs, ils protégeaient leur unité nationale de la fureur des Français qui étaient déterminés à la défaire. » Les puissances de l’Entente voyaient les choses différemment.

Il est aussi instructif de noter la manière dont les sociétés démocratiques se sont comportées durant la période qui a précédé la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, des think tanks bien financés et influents promeuvent l’idée que les États-Unis doivent s’engager dans une croisade pour apporter la démocratie à l’étranger car « les démocraties ne se combattent pas entre elles ». Pourtant la Grande Guerre a apporté la preuve contraire, tout particulièrement si l’on considère que le droit de vote en Allemagne était plus étendu que celui existant en Amérique à cette époque.

La théorie de la paix démocratique ignore également à dessein l’un des principaux problèmes de la démocratie, qui est que lorsqu’il est question de la guerre, ses citoyens sont enclins à tomber dans l’hystérie collective. Et l’hystérie collective et la fièvre de la guerre est exactement ce qui s’est emparé des démocraties en Europe dans la période précédant la Grande guerre.

Dans un éditorial publié une semaine avant que ne commencent les hostilités, le magazine Nation rapportait : « A Vienne, à Paris, à Berlin, à Saint-Pétersbourg, il y avait des signes d’une psychose aiguë affectant une large partie de la population. La psychologie de foule se montre souvent sous des formes démoralisantes et alarmantes, mais ce n’est jamais si repoussant et effroyable que lorsqu’elle est vue dans d’immenses foules appelant à la guerre. N’oublions pas en effet – qu’il n’y a rien que la foule oublie aussi rapidement que la guerre. »

L’éditorial concluait : “Si quelqu’un regardait uniquement ces manifestations de surface, il pourrait être tenté de conclure que l’Europe est en train de devenir une gigantesque maison de fous.”

Le Pr Calleo relate qu’après que le chancelier allemand, Bethmann-Hollweg, a été renversé, il écrivait qu’il considérait lui aussi le rôle de l’opinion publique comme « l’élément crucial – sinon comment expliquer le zèle passionné et insensé qui a conduit des pays comme l’Italie, la Roumanie, et même l’Amérique qui n’étaient à l’origine pas impliqués dans la guerre, à ne trouver de repos tant qu’ils n’auraient eux aussi plongé dans le bain de sang ? »

Notre hâte actuelle, également insensée et passionnée, à recommencer la guerre froide est largement le produit de la société d’admiration mutuelle qui a vu le jour entre le Pentagone, et ses responsables bellicistes, et leurs peu scrupuleux admirateurs dans les médias.

La propagande véhiculée par “l’ensemble médias-militaires–think tanks” de Washington aurait été bien familière aux poètes Wilfried Owen et Siegfried Sassoon, qui tous d’eux ont servi sur les lignes du front durant la Grande Guerre en France.

Le poème d’Owen « Dulce et Decorum est » a été écrit en 1917 et décrit la mort d’un camarade soldat qui a été gazé par les Allemands. Dans la dernière strophe du poème, Owen s’adresse directement à un propagandiste civil de guerre de retour en Angleterre, lui disant qu’il avait vu de ses propres yeux les horreurs de la guerre :

“Ami, avec ce bel entrain plus ne direz

Aux enfants avides de quelque gloire désespérée,

Ce mensonge de toujours : Dulce et decorum est Pro patria mori

Il est doux et glorieux de mourir pour sa patrie”

Owen a été tué sur le front une semaine avant que l’Armistice ne soit signée. Son ami Sassoon a survécu. Contrairement à Owen, Sassoon a vécu une longue vie et produit quelques-uns des plus célèbres textes de la littérature anti-guerre à ce jour.

Sur le front il a produit ce qui est peut-être un des plus mémorables de ses écrits, Suicide in the Trenches (Suicide dans les tranchées), dans lequel il fustige également la chaleureuse bande de propagandistes encourageant depuis les coulisses :

“Vous, les foules aux airs suffisants et aux yeux embrasés,

Qui applaudissez lorsque défilent les jeunes soldats,

Vous vous éclipsez chez vous en priant de ne jamais connaître

L’Enfer où succombent la jeunesse et les rires”

On ne peut s’empêcher de se demander ce que Owen et Sassoon auraient pu écrire des légions de généraux en pantoufles et des parasites de la politique étrangère qui leur sont assortis et composent les rangs s’étendant sans limite de la nouvelle guerre froide de Washington aujourd’hui.

James W. Carden collabore à The Nation et est rédacteur du Comité américain pour East-West Accord’s eastwestaccord.com. Il a précédemment servi de conseiller sur la Russie du représentant spécial des Affaires Intergouvernementales mondiales au Département d’État américain. [Cet article est adapté d’un cours donné aux étudiants à l’Université d’État de Moscou en février.]

Source : Consortiumnews.com, le 07/03/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Miscellanées du mercredi (Sapir, Béchade, Onfray, Erdogan, ScienceEtonnante)

Miscellanées du mercredi (Sapir, Béchade, Onfray, Erdogan, ScienceEtonnante)

I. Philippe Béchade

La minute de Béchade : Le pire scénario c’est l’anticipation du retour de l’inflation – 23/03

Philippe Béchade VS Sébastien Korchia (1/2): Les marchés financiers peuvent-ils s’adapter à la complexité du contexte géopolitique actuel ? – 23/03

Philippe Béchade VS Sébastien Korchia (2/2): Le rebond des matières premières peut-il actionner une hausse durable sur les marchés financiers ? – 23/03

II. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir: “Les indicateurs de l’emploi ne sont pas fiables” – 29/03

Jacques Sapir VS Régis Begué (1/2): Y-aurait-il des raisons objectives de s’inquiéter de la situation économique mondiale ? – 29/03

Jacques Sapir VS Régis Begué (2/2): La politique monétaire ultra accommodante de la BCE peut-elle soutenir la croissance économique de la zone euro ? – 29/03

III. Michel Onfray

Le Monde selon Michel Onfray : Samedi 26 mars 2016

IV.Erdogan

Incroyable (si Poutine avait ça…) :

erdogan

La vidéo (en allemand, mais Youtube la traduit très bien : en bas à droite, vous cochez Sous-titres, puis, juste à côté, dans Paramètres, vous choisissez pour les Sous-titres : Français)

V. ScienceEtonnante

La Théorie des Cordes — Science étonnante #5


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.