Bahar Kimyongür à Algerie patriotique : « La Belgique a sous-estimé le cancer wahhabite »

Bahar Kimyongür à Algerie patriotique : « La Belgique a sous-estimé le cancer wahhabite »

Source : Algérie Patriotique, Mohamed El-Ghazi, 24-03-2016

Des membres d'une organisation extrémiste tolérée par les autorités belges. D. R.

Des membres d’une organisation extrémiste tolérée par les autorités belges. D. R.

Algeriepatriotique : La capitale belge vient d'être frappée par deux attentats meurtriers. Quelle lecture en faites-vous ?

Bahar Kimyongür : La même lecture aujourd'hui partagée par tous les Belges, du chef de l'Etat au simple citoyen. Tout le monde savait que les terroristes allaient frapper Bruxelles de manière lâche et sauvage. Le drame était théoriquement prévisible et attendu, Bruxelles étant une cible facile. L'autre raison qui laissait p28enser à une attaque imminente est le nombre phénoménal de djihadistes belges par tête d'habitant. La Belgique compte proportionnellement le plus grand nombre de nationaux dans les rangs de Daech par rapport à son nombre d'habitants. Officiellement, 117 djihadistes belges sont revenus du front syrien. La plupart d'entre eux ne sont même pas passés par la case prison.

Le déploiement de militaires et les mesures de sécurité prises depuis des mois, en Belgique, n'ont pas pu empêcher ce drame. Comment l'expliquez-vous ? 

A moins d'un réflexe miraculeux, aucun moyen de détection ne peut stopper des kamikazes déterminés qui débarquent par surprise au milieu de la foule, ni à Bruxelles, ni à Beyrouth, ni à Homs, ni à Bagdad. Les attaques suicides sont imparables. Signalons aussi qu'à l'entrée de l'aéroport de Zaventem, il n'y a jamais eu de portique de sécurité. Quand bien même la sécurité à l'aéroport aurait été plus sérieuse, nous n'aurions pas pu éviter l'attentat. Il se serait probablement produit à l'entrée de l'aéroport…

Comment va réagir le gouvernement belge, concrètement, après ces attentats ? 

Avec une certaine impuissance. L'Etat belge accueille le siège de l'Otan, vend des armes, participe de manière symbolique à des coalitions guerrières, mais n'est pas du tout préparé à une guerre asymétrique menée sur son propre territoire. La Belgique n'a plus connu la guerre sur son sol depuis plus de 70 ans. Ses polices, son armée, ses citoyens n'ont ni le bagage politique ni militaire pour affronter cette situation de guerre larvée face à un ennemi extrêmement imprévisible et difficile à identifier.

La Belgique a toléré, et parfois encouragé, l'existence de bandes armées salafistes sur son sol lesquelles profitent d'une législation très souple en matière de surveillance. Le gouvernement belge réussira-t-il à endiguer ces cellules terroristes implantées depuis les années 1990, lorsque la Belgique donnait refuge aux terroristes du GIA ?

La Belgique a commis plusieurs fautes. Durant les années 60 et 70, le roi Baudouin s'est rapproché de l'Arabie Saoudite en pensant que la religion prêchée par la monarchie pétrolière allait pouvoir encadrer les travailleurs immigrés originaires de pays musulmans comme le Maroc ou la Turquie. Cet accord belgo-saoudien s'est traduit par la mise à disposition et la transformation du pavillon oriental du parc du Cinquantenaire en siège de la Grande Mosquée de Bruxelles. Les comportements de repli sur soi et de rejet de l'autre ont peu à peu gagné les diverses communautés musulmanes en partie à cause des prédicateurs formés en Arabie Saoudite. Malheureusement, la Belgique a sous-estimé le cancer djihadiste en pensant que le takfirisme wahhabite était un phénomène culturel relevant de la liberté d'expression et non d'une idéologie terroriste, voire génocidaire. A l'époque de la guerre froide, cette idéologie arrangeait bien le patronat belge et les hautes sphères du pouvoir. Le travailleur musulman bigot était en effet bien moins revendicatif que les ouvriers italiens ou espagnols davantage coutumiers des luttes syndicales et de l'activisme politique au sein de partis communistes.

C'est dans ce contexte que l'Etat belge a laissé prospérer certains imams ultra-conservateurs. Au lendemain de la chute du mur de Berlin, lorsque le théoricien néo-con Fukuyama a frauduleusement décrété la «fin de l'histoire», les terroristes du GIA ont profité du vide laissé par la défaite du camp socialiste. En tant qu'allié historique des États-Unis, la Belgique a contribué à l'effondrement des idéaux et des valeurs progressistes au sein du monde arabe et musulman comme le socialisme, le panarabisme et la laïcité. L'émergence du djihadisme en Belgique est le résultat de plusieurs décennies de collaboration avec les ennemis arabes du progressisme arabe. Ceux qui ont connu les luttes sociales des années 70 et 80 ont une meilleure vision du processus d'érosion culturelle et idéologique qui a gagné l'immigration musulmane en Belgique sous l’action des mosquées salafistes. Il y a 50 ans, personne n'aurait pu prévoir la djihadisation des esprits dans les rues de Bruxelles. Mais dès 2012, les autorités belges ont laissé partir les jeunes musulmans vers la Syrie dans l’espoir qu’ils liquident Assad. Cette erreur de calcul a été fatale, car pour Daech, il n’y a aucune différence entre la Syrie «mécréante» et la Belgique «mécréante». Vous évoquez les législations belges trop souples en matière de surveillance. Il y a en effet l'illusion que l'Etat de droit peut suffire à désamorcer des bombes.

Depuis que la menace terroriste cible l'Europe, les Occidentaux promettent une lutte sans merci contre le terrorisme transnational. Seulement, sont-ils, selon vous, disposés à s'attaquer à la racine d'un mal qui arrange leurs intérêts ? 

Comme vous le dites, ce n'est pas dans leur intérêt. Du moins à court terme. S'ils avaient raisonné en tant que leaders politiques responsables et respectueux de leurs citoyens, ils auraient réfléchi par deux fois avant de se coucher devant les djihadistes en col blanc comme Erdogan ou en dichdacha blanche comme le roi Salmane (d’Arabie) ou le prince Mohammed Ben Nayef (d’Arabie – décoré de la légion d’honneur).

Les empires occidentaux ont miné ou détruit tous les États arabes souverains, laïcs et modernes au nom des droits de l'Homme et de la lutte contre les dictateurs. Résultat : l'Etat irakien de Saddam a été remplacé par une entité défaillante assistée par des milices confessionnelles. L'Afghanistan laïc s'est transformé en polygone de tirs pour les seigneurs de guerre et les drones américains. Les ruines de la Libye débarrassée de Kadhafi servent de décor pour une guerre entre clans et tribus. Quiconque connaît la fragilité de ces pays en l'absence d'un Etat peut aisément anticiper le scénario catastrophe. Avec la multiplication des fronts djihadistes de par le monde, on peut aujourd'hui parler d'une apocalypse de longue durée.

La Belgique, comme la France, a développé une politique de harcèlement, de diabolisation, de mépris et de racisme vis-à-vis de la communauté musulmane. Comment protéger cette dernière d'éventuelles représailles d'extrémistes de droite, selon vous ? 

En cultivant l'unité entre musulmans et non-musulmans. Dans la foulée des attentats de Bruxelles, des milliers de musulmans se sont engagés corps et âmes dans la campagne citoyenne d'entraide avec les victimes des attentats, qui en servant de chauffeur, qui en ouvrant sa porte, qui en ouvrant son cœur. Ce sursaut citoyen qui s'est exprimé dans les rues de Bruxelles est la meilleure réponse à donner aux ennemis du genre humain, qu'ils se réclament de l'islam ou de l'anti-islam.

Interview réalisée par Mohamed El-Ghazi

Source : Algérie Patriotique, Mohamed El-Ghazi, 24-03-2016

Pere Daniël : Lettre Ouverte a son Excellence Monsieur Didier Reynders Ministre Belge des Affaires Etrangères

Pere Daniël : Lettre Ouverte a son Excellence Monsieur Didier Reynders Ministre Belge des Affaires Etrangères

La vision d’un prêtre chrétien belge en Syrie.

Source : Bid 24 Uur, Daniël Maes, 11-03-2016

Père Daniël

Père Daniël

LETTRE OUVERTE

 

A son Excellence Monsieur Didier Reynders Ministre Belge des Affaires Etrangères,

Excellence,

Permettez-moi, comme compatriote belge en Syrie, de me diriger vers vous pour vous informer sur ma situation et celle du peuple syrien, afin de vous demander la protection nécessaire dans la mesure que vous la pouvez donner.

En 2010 moi, Daniel Maes, père Prémontré de l'abbaye flamande Postel-Mol je suis arrivé en Syrie, au service de la communauté religieuse de Mar Yakub à Qâra, Qalamoun, Syrie. Malgré les préjugés et les méfiances, le contact avec le peuple et le pays m'a donné vraiment un choc culturel. C'est vrai, les libertés, personnelles politiques n'étaient pas si nombreuses ni désirées (ce qui a entre-temps profondément changé, à travers l'acceptation de plusieurs partis politiques). De l'autre côté, c'était une société harmonieuse où les différentes religions et groupes ethniques vivaient entre eux en paix pendant des siècles. L'hospitalité orientale était une qualité bien vécue et on vivait une sécurité que nous n'avons jamais connue dans notre pays. Le phénomène de vol et de vandalisme était quasi inexistant. Le pays n'avait pas de dettes et il n'y était pas de sans-logis. Au contraire, des centaines de milliers des refugiés d'autres pays étaient accueillis ici et entretenus comme les propres habitants. La vie journalière était bon marché. Les écoles, les universités, les hôpitaux étaient gratuits, même pour nous, les étrangers résidants dans une communauté syrienne.

Entretemps une terrible guerre a éclaté. Avec nos propres yeux nous avons vu comment cette révolte a commencé dans notre village et comment des étrangers (pas des syriens) ont organisé des manifestations contre le gouvernement. Eux même faisaient des photos et vidéos, qui étaient diffusées par la TV station Al Jazeera à Qatar, avec le message mensonger que tout le peuple était en révolte contre une dictature. Ils invitaient les jeunes du village de les rejoindre. Des meurtres et des attentats se multipliaient, une fois dans un milieu sunnite, et après dans un milieu chrétien pour faire croire qu'il s'agissait d'une revanche pour but de provoquer une guerre civile interne. Malgré toute tentative de déstabilisation les syriens sont restés unis. Comme une seule famille ils ont résisté à la provocation de la haine entre les différents groupes. Ensemble ils ont manifestés contre les terroristes de l'extérieur et contre les pays qui les soutenaient. Des centaines de milliers de victimes innocentes ont été tuées, dont principalement des soldats et des gens de la sécurité. Des écoles, des hôpitaux et l'infrastructure ont été détruits. Quelques millions de gens ont quitté le pays mais la plupart des réfugiés restaient dans le pays même. Ils ont déménagé vers une zone protégée par l'armée. Le gouvernement avait notamment décidé de ne pas protéger les puits de pétrole dans le désert, mais bien le peuple, y compris toutes les minorités. En novembre 2013 nous étions nous aussi la cible. Les attaques et les tirs étaient si forts qu'il n'y avait plus d'espoir de les survivre. Dieu merci, nous sommes tous restés en vie jusqu'ici, à une manière plus que miraculeuse, ainsi que le peuple de Qâra, grâce à l'armée. Puis l'intervention russe, à la demande du gouvernement syrien, a vraiment repoussé les groupes terroristes d'une manière efficace. Et le peuple syrien est très reconnaissant pour cette aide militaire. Les citoyens reprennent espoir, bien que le flux continue des djihadistes du monde entier, armés, entrainés et payés grassement, par des puissances extérieures.

Ainsi nous vivons la plus grande tragédie humanitaire d'après la deuxième guerre mondiale. Nous tâchons de faire le possible pour soulager les souffrances de chaque personne ou famille qui est en détresse. Avec notre communauté nous étions capables d'ériger trois centres d'aides humanitaires : à Damas, à Tartous et dans notre monastère à Qâra. En outre nous étions capables de distribuer récemment plus que 8.500 paquets d'aides humanitaires, une ambulance et le quatrième « hospitainer » (un très précieux hôpital mobile). C'est pourquoi, mère Agnès-Mariam, la fondatrice et supérieure de ce monastère, a reçu à Moscou dernièrement, au nom du monastère, le prix important Femida pour un engagement exceptionnel de paix et de justice. Bien sûr, cette aide n'est possible que grâce à nos innombrables bienfaiteurs, de quelques organisations internationales et de quelques pays comme les Pays-Bas, qui veulent nous aider.

Avec une grande confiance nous nous dirigeons maintenant vers vous pour demander de ne plus soutenir la désinformation grave des médias mais de reconnaître en toute honnêteté ce qui ce passe réellement en Syrie. N'oublions jamais l'exemple des tragédies récentes. Avec de gros mensonges des peuples et des pays ont été massacrés et détruits. Apparemment certains pouvoirs mondiaux voulaient avoir le pétrole, l'or, les banques et la réserve des armes. Aussi notre pays a activement aidé à transformé certains pays dans le chaos complet, comme nous les trouvons maintenant. Pourquoi?

La Syrie est un pays souverain, le berceau des civilisations les plus anciennes et de la plus précieuse foi chrétienne. Il a un gouvernement soutenu par une grande majorité du peuple avec toutes ses différentes religions et groupes ethniques, ses minorités et ses majorités, sa diversité. Il n'y a aucune loi qui permet à un étranger de s'ingérer en lieu et place du peuple lui-même. Toute intervention en dehors des accords internationaux est illégale et inhumaine. Et il appartient aussi exclusivement au peuple syrien de décider sur son future et son gouvernement. Nous attendons de vous que vous rejetez fermement toutes les manipulations et mensonges que vous avez diffusé pour légitimer le massacre du peuple et la destruction du pays. Est-ce-que le flux misérable des réfugiés doit encore s’agrandir ? Est-ce-que cela vous plait que tout un peuple soit précipité dans la plus grande misère et souffre sous des sanctions, qui ne sont rien d'autre que du terrorisme économique, à cause d'une pipe-line, à cause du pétrole ou du gaz, ou à cause du lieu stratégique extrêmement important ? La paix et la sécurité pour ce peuple exigent la préservation de l'intégrité territoriale, de l'indépendance, de l'unité nationale et de l'identité culturelle. En outre, la cessation actuelle des hostilités, bien que fragile, doit-elle être détruite par des nouvelles actions militaires illégales?

Excellence, un vrai homme d'état prépare l'avenir, il respecte les lois internationales, il reconnaît la souveraineté d'autres peuples comme il veut que son identité soit respectée et dont il est le serviteur (ce qui est en latin la signification du mot « « ministre »). Soyez courageux, prenez contact avec le gouvernement syrien, enlevez immédiatement toutes les sanctions et offrez votre soutien nécessaire et possible, de la part du peuple belge. Celui qui sert, au contraire, les intérêts des pouvoirs étrangers pour aider à massacrer des peuples innocents est un leader des terroristes, indigne d' être nommé un politicien digne. Nous vous supplions de ne plus vous mettre à côté des meurtriers, mais à côté des victimes innocentes. Voilà, ce que nous, le peuple syriens et tant de gens de bonne volonté en Belgique et ailleurs attendent de vous. Nous tous, vous en serions très reconnaissants et l'histoire vous honorera comme quelqu'un qui mérite d'être nommé un vrai homme d'état.

Veuillez accepter nos sentiments de reconnaissance ensemble avec notre cri de cœur,

P. Daniel Maes (de Postel-Mol) – Deir Mar Yakub, Qâra, Syrië – 11 mars 2016

Source : Bid 24 Uur, Daniël Maes, 11-03-2016

[Propagande] Donald Trump, un dictateur 100 % made in America

[Propagande] Donald Trump, un dictateur 100 % made in America

Trump bashing, de plus en plus fort…

Source : Slate, Jacob Weinberg, 20-03-2016

Donald Trump en meeting à Las Vegas, le 22 février 2016. Ethan Miller / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP.

Donald Trump en meeting à Las Vegas, le 22 février 2016. Ethan Miller / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP.

Son autoritarisme n'est pas comparable aux dérives extrêmes européennes: c'est une idéologie purement américaine.

En 1935, Sinclair Lewis publia Impossible ici, un roman aujourd'hui davantage cité que lu, qui imaginait le fascisme arrivant aux États-Unis. Le leader du mouvement, Buzz Windrip, y était un démagogue populiste promettant «de refaire de l'Amérique un pays fier et riche», qui punissait les nations qui le défiaient et augmentait démesurément les salaires tout en maintenant les prix au ras du plancher.

Impossible de lire le roman de Lewis aujourd'hui sans penser à Donald Trump. Windrip est un bonimenteur démagogue, un homme «inspiré qui sait deviner quelles doctrines politiques plairont au peuple», qui comprend comment manipuler les médias et considère la vérité comme n'ayant pas la moindre pertinence. Son électorat composé d'hommes blancs économiquement défavorisés bêle devant son nationalisme xénophobe et ses promesses absurdes. Après avoir remporté les élections de 1936, Windrip prend le contrôle de la presse, boucle ses opposants et place des hommes d'affaires compétents aux commandes du pays.

Ce roman n'est pas excellent en réalité, mais Lewis le développe autour d'une vision clé: si le fascisme arrivait aux États-Unis, il prendrait la forme de variations sur des thèmes américains et non européens. L'Américain à cheval ressemblerait davantage au Sudiste Huey Long qu’à Benito Mussolini, à un opportuniste folklorique plutôt qu'à un idéologue rougeaud. Lewis avait eu du nez en devinant qu'un leader américain fasciste se présenterait sûrement comme un opposant au fascisme européen.

Contexte américain moderne

C'est un point que comprennent mal certains de ceux qui accusent Donald Trump de fascisme –y compris de nombreuses personnes de droite. C'est vrai, à l'occasion Trump ne dédaigne pas de retweeter une citation du Duce tout en se demandant ce qu'on peut bien y trouver à redire. Certes, ses meetings flirtent avec les violences raciales. Encore une fois, début mars, des voyous suprémacistes blancs ont énergiquement éjecté des manifestants noirs d'un de ses événements. C'est vrai, les dirigeants mondiaux que M. Trump admire sont les dictateurs, pas les démocrates. Sans aucun doute, lui-même ressemble à un dictateur.

Mais Trump ne s'inspire pas des traditions de totalitarisme européen, ni ne semble même y connaître quoi que ce soit d'ailleurs. Il n'est pas rongé par des griefs historiques, il n'est pas antisémite, il n'a pas essayé de construire un parti pour les masses et il n'exige pas un retour à la tradition ou à un ancien ordre moral. D'ailleurs, en tant que star de la téléréalité et cyberharceleur de sa troisième épouse, il est lui-même une bonne illustration du délitement de tout ordre moral qui aurait éventuellement survécu.

Trump représente plutôt des tendances autocratiques inscrites dans un contexte américain moderne. Il est hostile envers le libre-échange, la liberté de la presse et la liberté de culte tout en faisant semblant d'en reconnaître les mérites. Il est xénophobe, entretient une vision du monde complotiste, il admire la violence et la torture, méprise les faibles et n'entend pas tolérer la critique ou la contestation pacifique –mais le tout au nom de la nécessité de corriger les excès de tolérance. Diverses comparaisons mondiales et historiques éclairent son style et son mode de réflexion: Perón, de Gaulle –sur certains aspects–, Silvio Berlusconi, Vladimir Poutine et d'autres. Mais Trump n'est pas en train d'importer le caudillismo latin ou le despotisme russe. Il tyrannise ceux qui lui résistent dans le dialecte contemporain de la culture américaine des célébrités.

L'autoritarisme de Trump est un amalgame, non pas de la droite et de la gauche, mais de la gauche cinglée et de la droite cinglée

C'est pour cela que ceux qui avancent que les politiques de Trump sont plus modérées que celles de ses rivaux sont à côté de la plaque. L'autoritarisme de Trump est un amalgame non pas de la droite et de la gauche mais de la gauche cinglée et de la droite cinglée: il pense que George W. Bush était responsable du 11-Septembre et que les musulmans devraient se voir interdire l'accès aux États-Unis. Croire ces deux choses ne fait pas de M. Trump un centriste –ça en fait un extrémiste éclectique. Quant aux politiques, en réalité, il n'en a aucune au sens conventionnel du terme.

Le conflit de la campagne de 2016 ne se résume plus à Trump contre les rivaux de son parti; c'est désormais Trump contre le système politique américain. Ce système est sur le point de rater une occasion en or de le mettre hors jeu. Depuis le Super Tuesday, la réaction du parti républicain face à Trump est un peu encourageante, avec la diffusion de spots anti-Trump à la télévision et des hommes politiques pleins de principes, tel Mitt Romney, qui le dénoncent au milieu de volées d'attaques personnelles. Félicitations au sénateur Lindsey Graham, qui a qualifié Trump de «taré» et affirmé que le parti républicain était devenu «complètement cinglé». D'autres Républicains ont entrepris de qualifier Chris Christie, qui a lâchement soutenu Trump au début du mois, de «républicain de Vichy.» Mais tout cela est probablement insuffisant et arrive trop tard.

Si les Républicains sensés échouent à faire dérailler Trump, la tâche en incombera à Hillary Clinton et aux électeurs de novembre. Selon un sondage YouGov, 55% d'entre eux affirment qu'ils ne voteraient jamais pour Trump. Il existe néanmoins un risque non négligeable qu'il remporte les élections. Les fondateurs des États-Unis ont conçu un ordre constitutionnel visant à éviter l'exercice d'un pouvoir tyrannique. Mais le pays n'a semble-t-il jamais eu à affronter un président dictateur (à ne pas confondre avec les actions dictatoriales d'un président). On peut croire en l'efficacité du système sans pour autant avoir envie de le voir mis à l'épreuve de cette manière.

Une Amérique où Trump peut représenter un des plus grands partis n'est pas du tout le pays dans lequel beaucoup d'entre nous pensions vivre jusqu'à présent. Comme beaucoup, j'ai été beaucoup trop complaisant. Cela pourrait très bien arriver ici, et ça nous pend au nez.

Donald Trump, un nouveau Mussolini?

Source : Le Temps, Joseph s. Nye, JR, 17-03-2016

Les Etats-Unis possèdent des garde-fous institutionnels qui n'existaient pas dans l'Italie de 1922, mais les dégâts causés par le discours de Donald Trump sont considérables, analyse Joseph s. Nye, JR., professeur à Harvard et conseiller d'Hillary Clinton

La cote de Donald Trump dans la course à la nomination au statut de candidat républicain à la présidentielle ne cesse de susciter la consternation. Si l'establishment républicain craint qu'il ne soit pas capable de battre Hillary Clinton, qui sera très probablement désignée par les Démocrates, un certain nombre de Républicains vont jusqu'à redouter encore davantage la perspective d'un Donald Trump élu président. Certains voient même en Trump le risque d'une sorte de Mussolini version américaine.

Quelles que soient ses difficultés, l'Amérique d'aujourd'hui ne saurait pour autant être comparée à l'Italie de 1922. Les garde-fous institutionnels prévus par la Constitution, alliés à une justice impartiale, devraient permettre de maîtriser un showman de téléréalité. Le véritable danger réside moins dans ce que pourrait accomplir Trump, s'il parvenait à gagner la Maison Blanche, que dans les dégâts provoqués par le discours du candidat lors de sa campagne.

Les grands dirigeants savent éveiller leurs partisans au monde

Nous jugeons nos dirigeants non seulement sur l'efficacité de leurs décisions, mais également sur la signification de ce qu'ils créent et de ce qu'ils enseignent à leurs successeurs. La plupart des leaders obtiennent du soutien en faisant appel à l'identité existante et à la solidarité de leur groupe. Mais qualité plus rare, les grands dirigeants savent éveiller leurs partisans au monde, au-delà de leur groupe immédiat.

Après la Seconde Guerre mondiale, dans une France envahie trois fois par l'Allemagne en 70 ans, le leader français Jean Monnet décide qu'une revanche contre l'Allemagne vaincue ne ferait qu'engendrer un nouveau désastre. Il préférera élaborer un plan de développement progressif d'institutions, qui évolueront jusqu'à former l'Union européenne, laquelle rendra dorénavant impensable une telle guerre.

Mandela a œuvré pour élargir l'identité de ceux qui le soutenaient

Autre personnalité aux grandes qualités de leadership, Nelson Mandela aurait aisément pu choisir de définir son groupe comme celui des Sud-Africains noirs, et chercher à venger l'injustice de plusieurs décennies d'apartheid, de même que son propre emprisonnement. Au lieu de cela, Mandela œuvrera sans relâche pour élargir l'identité de ses partisans, à travers ses mots comme au travers de ses actes.

Dans un geste célèbre et hautement symbolique, Mandela apparaîtra lors d'un match de rugby vêtu du maillot des Springboks d'Afrique du Sud, équipe qui un certain nombre d'années auparavant représentait la suprématie blanche sud-africaine. Songez d'une part aux efforts fournis par Mandela pour inculquer une identité large à ses partisans, en comparaison d'autre part à l'approche étroite entreprise par Robert Mugabe au Zimbabwe voisin. Contrairement à Mandela, Mugabe a exploité la douleur de l'époque coloniale pour gagner en soutien, et use désormais de la force pour se maintenir au pouvoir.

Une minorité significative se sent menacée par les changements

Dans l'Amérique d'aujourd'hui, bien que l'économie soit croissante et que le taux de chômage se situe à un faible niveau de 4,9%, de nombreux citoyens se sentent exclus de la prospérité dont jouit le pays. Beaucoup attribuent le creusement des inégalités observé ces dernières décennies à la présence d'étrangers, plutôt qu'aux progrès technologiques, et il est facile de rallier une opposition face à l'immigration et à la mondialisation. Outre ce populisme économique, une minorité significative de la population se sent également menacée par les changements sociaux liés aux différentes couleurs de peau, cultures et ethnies, bien que rien de tout cela ne soit bien nouveau.

Il incombera au prochain président américain d'enseigner à ses concitoyens la manière de gérer un processus de mondialisation considéré par beaucoup comme une menace. Les identités nationales sont des communautés nées de l'imaginaire, en ce sens que peu d'individus partagent directement une expérience auprès des autres membres. Depuis un ou deux siècles, l'État-nation constitue par excellence la communauté imaginée pour laquelle les individus sont prêts à donner leur vie, de même que la plupart des chefs d'État font des questions nationales leur charge suprême. Cette réalité est inévitable, mais elle ne suffit plus dans un monde globalisé.

Des diasporas connectées par-delà les frontières

Sur cette planète mondialisée, la plupart des individus appartiennent à un certain nombre de communautés imaginées – locales, régionales, nationales ou cosmopolites – qui sont autant de cercles entrelacés, entretenus par Internet et par le prix plus abordable des voyages. De véritables diasporas sont aujourd'hui connectées par-delà les frontières nationales. Les catégories professionnelles telles que les avocats appliquent des normes transnationales. Les groupes militants, aussi bien écologistes que terroristes, se lient indépendamment des frontières. La souveraineté n'apparaît plus aussi absolue qu'elle semblait l'être.

L'ancien président Bill Clinton a confié qu'il regrettait de n'avoir pas su réagir efficacement au génocide perpétré au Rwanda en 1994, même s'il n'était pas le seul concerné. Si Clinton avait tenté d'y envoyer des troupes américaines, il se serait heurté à une vive résistance de la part du Congrès. De nos jours, les dirigeants même les plus compétents se trouvent bien souvent tiraillés entre d'une part leur intérêt pour l'international, et d'autre part leurs obligations plus traditionnelles à l'endroit des citoyens qui leur ont confié le pouvoir – comme l'a découvert l'été dernier la chancelière allemande Angela Merkel, après avoir fait preuve d'un leadership audacieux face à la crise des réfugiés.

Dans un monde au sein duquel les individus s'organisent principalement en communautés nationales, tout idéal de pur cosmopolitisme s'avère irréaliste. En témoigne cette réticence généralisée à laquelle nous assistons face à l'immigration. Qu'un chef d'État affirme avoir pour obligation de réduire les inégalités de revenus à l'échelle mondiale ne peut revêtir de crédibilité; en revanche, le fait qu'un tel dirigeant invite à accomplir davantage pour lutter contre la pauvreté, combattre la maladie, et venir en aide aux populations dans le besoin, contribue à éduquer les citoyens.

L'interdiction d'entrée des musulmans se heurterait à un obstacle constitutionnel

Les mots ont leur importance. Comme l'exprime le philosophe Kwame Anthony Appiah, «Tu ne tueras point est un commandement que l'on respecte ou pas. Tu honoreras ton père et ta mère est en revanche une règle que chacun applique à des degrés différents.» Il en va de même du cosmopolitisme par opposition à l'insularité.

À l'heure où le monde entier observe les candidats à la présidence américaine s'affronter autour de questions de protectionnisme, d'immigration, de santé publique globale, de changement climatique et de coopération internationale, efforçons-nous d'identifier à quels aspects de l'identité américaine ces candidats font appel, et observons s'ils s'attachent ou non à éveiller leurs partisans autour de significations plus étendues. Les candidats s'efforcent-ils d'élargir l'angle de vue identitaire des Américains, ou se contentent-ils de mobiliser les intérêts les plus étroits?

Il est fort peu probable que la proposition de Donald Trump consistant à refuser aux musulmans l'entrée aux États-Unis, ou que sa volonté de faire financer par le Mexique la construction d'un mur censé faire obstacle aux migrations, soient admises sur le plan constitutionnel et politique si Trump accédait à la présidence. Encore une fois, nombre de ses suggestions ne consistent pas en mesures politiques destinées à être appliquées, mais en simples slogans visant à attiser la propension populiste et insulaire que démontre une partie de la population.

Étant donné chez lui l'absence de noyau idéologique fort, et sa passion pour «l'Art de la négociation», Trump pourrait bien faire un président pragmatique, malgré son narcissisme. Cependant, les bons dirigeants sont ceux qui nous aident à définir qui nous sommes. Et sur ce point, Trump a d'ores et déjà échoué.


Joseph s. Nye, JR., professeur à Harvard, est l'auteur de l'ouvrage intitulé Is the American Century Over? Il est conseiller d'Hillary Clinton. Project Syndicate, 2016.
www.project-syndicate.org, traduit de l'anglais par Martin Morel.

Source : Le Temps, Joseph s. Nye, JR, 17-03-2016

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Royaume-Uni : le projet de budget provoque une crise gouvernementale, par Romaric Godin

Royaume-Uni : le projet de budget provoque une crise gouvernementale, par Romaric Godin

Source : La Tribune, Romaric Godin,  

Iain Duncan Smith, ministre de l'emploi et des retraites a quitté avec fracas le gouvernement Cameron (Crédits : Bloomberg)

Iain Duncan Smith, ministre de l’emploi et des retraites a quitté avec fracas le gouvernement Cameron (Crédits : Bloomberg)

Le ministre de l’emploi de David Cameron a démissionné vendredi soir en dénonçant les choix budgétaires du gouvernement. Une polémique gênante pour Downing Street en pleine campagne référendaire.

David Cameron, déjà soumis à des sondages très serrés sur la question de l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne, n’avait certainement pas besoin de cela. La présentation du projet de budget 2016-2017 jeudi dernier a provoqué une fronde inédite au sein même du gouvernement de Sa Majesté, déjà divisé entre pro- et anti-UE. Vendredi soir, le secrétaire (ministre) à l’Emploi et aux Retraites, Iain Duncan Smith, a annoncé sa démission dans une lettre cinglante envoyé au Premier ministre.

La lettre de démission : un réquisitoire contre la politique du gouvernement

Dans cette lettre, « IDS » dénonce les choix budgétaires du gouvernement. Après avoir affirmé sa « fierté des réformes de l’Etat providence » menée par le gouvernement au cours des cinq dernières années » et reconnu que « des coupes budgétaires difficiles étaient rendues nécessaires par la situation budgétaire périlleuse », le ministre rappelle qu’il « croit que les coupes auraient été plus justes (…) si nous avions voulu réduire les avantages pour les retraités les plus aisés. »   Mais, précise-t-il, « j’ai essayé de travailler dans les contraintes que vous (le premier ministre) et le chancelier de l’échiquier (le ministre des Finances) aviez posées. »

Aujourd’hui, cette patience semble s’épuiser pour Iain Duncan Smith qui a attaqué la stratégie du gouvernement, notamment la réduction des aides aux handicapés qui, pour lui, vont « trop loin. » « S’ils sont défendables en termes étroits, compte tenu du déficit budgétaire persistant, ils ne le sont pas dans le cadre d’un budget qui profitent aux contribuables les plus riches », a expliqué le ministre démissionnaire. C’est donc toute la stratégie du gouvernement conservateur qui est remise en cause : réduire les aides sociales pour financer des baisses d’impôts pour les plus riches censés in fine, attirer les investissements étrangers. « Je suis incapable de regarder passivement certaines politiques qui sont mises en œuvre pour remplir l’objectif budgétaire et qui imposent des restrictions qui, je crois, sont de plus en plus perçues comme clairement politiques plus que dans l’intérêt économique national », conclut Iain Duncan Smith qui, là encore, touche une corde sensible : celle de la stratégie d’attraction des investissements financiers plutôt que de la construction d’une demande intérieure.

Une stratégie budgétaire contestée

Iain Duncan Smith a frappé juste. Le projet de budget a provoqué en effet une levée de boucliers. Le gouvernement espère en effet économiser d’ici à 2020 4,4 milliards de livres (environ 6 milliards d’euros) en coupant dans l’allocation handicapés. Près de 370.000 personnes devraient ainsi perdre en moyenne 3.500 livres (environ 4.800 euros par an). Cette décision tranche avec la baisse annoncée de l’impôt sur les sociétés attendue de 20 % à 17 % sur la même période. Le financement de cette baisse pour retrouver un équilibre budgétaire dès 2019-2020 (le budget connaît un déficit de 5 % du PIB aujourd’hui) s’annonce difficile, mais la voie est montrée : elle sera atteinte par des coupes dans le système de protection sociale.

Duncan Smith plus à gauche que Corbyn ?

Iain Duncan Smith n’est pas n’importe qui. Cet Ecossais a été leader du parti conservateur de 2001 à 2003, élu avec le soutien de Margaret Thatcher. Certes, sa direction a été un désastre et il a été évincé rapidement par manque de charisme et de soutien. Il est le seul leader conservateur à ne pas avoir mené le parti à une élection générale. Mais il reste une figure dans le parti. Etrangement, sa lettre de démission et ses sorties télévisées ce week-end ont redonné à « IDS » une respectabilité nouvelle. Ce lundi 21 mars, le Daily Telegraph recommande même aux Travaillistes de choisir l’ancien ministre comme leader. « Maintenant que Iain Duncan Smith fait exactement les mêmes remarques sur le gouvernement que le leader travailliste Jeremy Corbyn, tout le monde l’écoute », souligne le quotidien.

Le journal conservateur est sans doute un peu dur. Le leader travailliste a plutôt bien utilisé ce budget pour mettre en avant le caractère « clientéliste » de la politique des Tories. Du reste, les sondages semblent le montrer. La dernière enquête de Yougov donnait le Labour devant les Tories (34 % contre 33 %) pour la première fois depuis l’arrivée de Jeremy Corbyn à la tête du parti. Cette « guerre civile » au sein du camp conservateur a peut-être un lien avec cet affaiblissement des Conservateurs.

Affaiblir le vote contre le Brexit

L’autre hypothèse émise par les observateurs est qu’il s’agit d’affaiblir encore la position de David Cameron avant le référendum sur l’UE du 23 juin prochain. Iain Duncan Smith est partisan de la sortie de l’UE. En démissionnant, il se positionne dans l’optique d’une défaite du maintien du Royaume-Uni dans l’union et prouve que le choix de maintenir dans le gouvernement des Eurosceptiques est une erreur. Mais c’est aussi un moyen d’identifier le camp du « maintien » à celui de l’austérité. Le Labour fait campagne pour le maintien, mais il refuse de mêler sa voie avec celle de David Cameron. Finalement, la chance des pro-Brexit dans le camp conservateur est de faire de ce référendum aussi un référendum pour ou contre David Cameron et ainsi d’attirer des voix à gauche. La démission d’Iain Duncan Smith entrerait dans cet objectif. Le dernier sondage, réalisé par Opinium et paru le 20 mars, donnait 41 % de votes pour le Brexit, 40 % pour le maintien dans l’UE et 19 % d’indécis. Avec une marge si étroite, une polémique comme celle liée à la démission d’Iain Duncan Smith peut jouer un rôle dans le résultat final.

Source : La Tribune, Romaric Godin,  

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