samedi 26 mars 2016

Guerre : nous sommes sous l’autorité d’incapables ! Par Bruno Bertez

Guerre : nous sommes sous l'autorité d'incapables ! Par Bruno Bertez

Puisque la Nation n'existe plus, puisque la Patrie est enterrée, être Français signifie maintenant une seule chose : être placé sous l'Autorité de l'Etat et du Gouvernement. Etre Français se définit par la servitude, par ce à quoi et ceux à qui nous sommes soumis.

Réfléchissez, vous verrez, vous apercevrez que nous avons raison. Etre Français n'a plus rien à voir avec tout ce que vous croyiez. Une terre, une culture, une langue, un héritage, etc. Nous n'insistons pas, vous nous avez compris. Un examen serré des propos de nos dirigeants montre que, pour eux, être Français se définit essentiellement comme être soumis aux lois de l'Etat et à l'Autorité du gouvernement.

Le Français se définit comme un sujet, et précisément un sujet obéissant. C'est l'obéissance à une Autorité supérieure qui définit le Français. Si on y regarde de plus près, c'est un renversement total par rapport à ce qui définissait auparavant la Nation et la Patrie. Auparavant, ce qui était à la racine de l'appartenance venait « du bas », de l'histoire ; maintenant, ce qui définit l'appartenance, c'est la soumission à quelque chose du présent, qui vient « du haut ». En d'autres termes, ce qui est au cœur de l'appartenance au groupe ex-National, c'est l'Autorité.

Tout ceci ne fait qu'émerger progressivement, le système ne révèle sa logique que par rares irruptions du sens. L'interprétation par conséquent est délicate. Il faut relier les pointillés pour obtenir une ligne explicative cohérente et opérationnelle. Pour bien comprendre et nous familiariser avec l'idée que nous défendons, il faut partir du domaine fiscal. L'Etat et le gouvernement définissent le sujet fiscal. Le sujet fiscal ne se définit plus en dehors du corpus des textes. Les textes nous disent si nous rentrons dans la communauté ou si nous n'y rentrons pas. Et bien entendu l'extension des textes n'obéit qu'à une logique de prédation.  S'agissant de l'idée que nous avançons, à savoir qu'être français procède de la même logique, il vous suffit de transposer. Et c'est tout à fait normal, si on veut bien tenir compte du fait que nos Etats sont dominés par l'économisme, par la fiscalité, bref, par le pouvoir souverain de prélever.

Nous sommes revenus en fait à la logique féodale, le seigneur exerçant son autorité sur ses serfs. En revanche cependant la féodalité reposait sur la protection. Le seigneur protégeait ses sujets. Il protégeait son bien, il ne se disait pas : si je les perd, je les remplace par des immigrés. C'était sa responsabilité. Si nous en jugeons par la terreur qui envahit nos populations, nos Maîtres actuels exercent bien mal cette responsabilité. La contrepartie de l'Autorité c'est la responsabilité, la responsabilité d'assurer la sécurité.

Que penser de la déclaration de l'Élysée : « l'objectif, à la suite de l'arrestation d'Abdeslam et de plusieurs de ses complices, est de faire le point sur les opérations menées et sur la lutte contre les filières terroristes en France et en Europe… »

Aucun média grand public n'a relevé. Que signifie « faire le point » ?

Aucune analyse, rien sur la cavale de Abdeslam, comment elle a été possible au nez et à la barbe des soi-disant services de renseignements. Aucune démission, aucune remise en cause de l'efficacité des dispositifs cosmétiques mis en place ; aucune critique des conceptions mêmes qui sont à la base de la terreur : nous sommes en guerre, mais la priorité n'est pas de s'assurer de la sécurité des populations. La priorité est « de faire le point ».

L'arrestation d'Abdeslam est une opération de pieds nickelés. Elle aurait dû être menée dans la plus grande discrétion, en douceur, afin d 'assurer non seulement le succès de la neutralisation, mais surtout le contrôle de la suite des événements. Seule la discrétion permet de récolter et de traiter les informations. En particulier la discrétion aurait permis de tirer sur les fils, de se préparer à des répliques et représailles. D'éviter qu'il y ait plus de morts.

Nos zozos ont déclaré des guerres illégitimes, des guerres où nous n'avons aucun intérêt légitime à défendre. Ils ont déclaré des guerres alors que nos populations comportent une fraction de plus de 10% de gens qui sont concernés par ces guerres et qui sont susceptibles de sympathie pour nos ennemis. Pour des conflits de ce type, jamais vus dans l'histoire, il faut inventer, l'art traditionnel de la guerre ne s'applique pas. Tout cela demande une intelligence, un doigté, considérables. Ils n'ont rien de tout cela.

Nous faisons une modeste proposition, puisqu'ils sont sommes toute incapables d'assurer notre sécurité, nous proposons que celle-ci soit sous-traitée à des gens compétents, des opérationnels qui ont fait leurs preuves, qui sont équipés et qui sont motivés. Nous proposons que les incapables européens sous-traitent la sécurité de leurs ressortissants/ sujets aux Israéliens !

 

 Les Juifs et Israël voient d'un mauvais œil la tolérance européenne vis-à-vis des musulmans

 

« Un ministre israélien réagissant aux attentats de Bruxelles a accusé mardi l'Europe d'avoir ignoré le danger posé par des cellules terroristes islamiques sur son sol, préférant critiquer Israël.

Je le répète : nombreux sont ceux en Europe qui ont préféré s'adonner à la folie qui consistait à condamner Israël, à étiqueter ses produits, et à le boycotter, (alors qu'au) même moment, sous le nez des citoyens du continent, croissaient des milliers de cellules terroristes (…), a affirmé le ministre des Sciences, de la Technologie et de l'Espace, Ofir Akounis, sur sa page Facebook.

M. Akounis, réputé proche du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, faisait référence à la décision de l'Union européenne (UE) d'étiqueter les produits en provenance des colonies dans les territoires occupés par Israël pour les distinguer de ceux fabriqués en Israël. »

Accusation Explosive : la Belgique disposait à l'avance de renseignements précis sur les attaques terroristes, et n'a rien fait (ZEROHEDGE)

 

En plus des services russes  des responsables israéliens de la sécurité auraient mis en garde les autorités belges contre les mesures de sécurité « insuffisantes » à l'aéroport de Bruxelles quelques semaines avant les attentats meurtriers de mardi, a rapporté mercredi la chaîne israélienne Arutz 2.

En effet, des inspecteurs israéliens chargés d'évaluer la sécurité dans les aéroports internationaux ont identifié des « failles de sécurité » et en auraient informé les autorités belges, mais la sécurité à l'aéroport serait restée laxiste.

Par ailleurs, selon le quotidien israélien Ha'aretz, les services de sécurité belges, ainsi que d'autres agences de renseignement occidentales, disposaient de renseignements précis concernant les attaques terroristes de Bruxelles de mardi.

Selon le journal, les services de sécurité savaient, avec un degré élevé de certitude, que les attaques contre l'aéroport et le métro bruxellois avaient été planifiées dans un futur très proche.

Selon certaines sources à confirmer, l'attaque aurait été prévue pour le week-end de Pâques, mais a été anticipée en raison de l'arrestation de Salah Abdeslam.

Voici l'article de Zero Hedge :

Si elle est vraie, c'est l'allégation la plus incendiaire de la journée, le journal israélien Haaretz rapporte que les services de sécurité belges et d'autres agences de renseignement occidentales « disposaient à l'avance de renseignements précis » concernant les attentats de mardi. Selon le journal, « les services de sécurité savaient, avec un degré élevé de certitude, que les attaques avaient été planifiées dans un très proche avenir pour l'aéroport et, apparemment, pour le métro aussi ».

Selon Haaretz : 

Les services de sécurité belges, ainsi que d' autres agences de renseignement occidentales, avaient à l'avance des renseignements précis concernant les attaques terroristes en Belgique mardi, a appris Haaretz.

Les services de sécurité savaient, avec un degré élevé de certitude, que les attaques avaient été planifiées dans un très proche avenir pour l'aéroport et, apparemment, pour le métro aussi.

Malgré l'avertissement préalable, l'intelligence et la préparation de la sécurité à Bruxelles, où la plupart des agences de l'Union européenne se trouvent, a été limitée dans sa portée et insuffisante par rapport la gravité et l'immédiateté de l'alerte.

Pour autant que l'on sache, les attaques ont été planifiées par le siège de l'Etat islamique (ISIS) à Raqqa, en Syrie, qu'il a choisi comme capitale de son califat islamique.

La cellule responsable des attentats à Bruxelles mardi est étroitement associée au réseau derrière la série d'attentats à Paris en novembre dernier. A ce stade, il semble que les deux faisaient partie de la même infrastructure terroriste, relié au sommet par le terroriste Salah Abdeslam, qui a participé à la fois à la préparation des attentats de Paris et à leur mise en œuvre.

Abdeslam s'était échappé de Paris après les attentats de novembre, se cacha à Bruxelles et a été arrêté la semaine dernière par les autorités belges.

L'arrestation de Abdeslam était apparemment le déclencheur des attaques de mardi, en raison de l'inquiétude parmi ISIS qu'il pourrait donner des informations sur les attaques prévues dans le cadre des interrogatoires, en particulier à la lumière des rapports disant qu'il coopérait.

Le témoignage du terroriste détenu, aux côtés d'autres informations du renseignement, dont une partie concerne les opérations d'ISIS en Syrie, aurait donné lieu à une préparation beaucoup plus stricte de la sécurité dans les lieux publics bondés à Bruxelles, avec une recherche accrue de la cellule.

Si ce rapport est exact, elle conduit à de nombreuses questions désagréables et franchement inquiétantes pour les locaux ainsi que les autorités internationales, comme la raison pour laquelle à la suite de la capture Salah Abdeslam la Belgique n'a pas au moins été mise en état ​​d'alerte, comme en novembre à la suite des attentats à Paris, quand la nuit de Bruxelles ressemblait à une ville fantôme de l'armée, au moins, elle était  sûre.

Rappel de notre rapport Novembre sur la façon dont Bruxelles ressemblait à une zone de guerre après l'attaque terroriste de Paris :

     

Cette fois, cependant, la police locale n'a rien fait et le résultat a été plus de 30 morts et des centaines de blessés.

En ce moment, le troisième suspect est toujours en fuite, comme Haaretz nous le rappelle : « La recherche se concentre sur le terroriste Najim Laachraoui, qui a créé les gilets explosifs utilisés par les kamikazes et s'est échappé de l'aéroport au dernier moment. »

Il est à craindre, cependant, que d'autres cellules connectées à ISIS en Europe occidentale vont tenter de mener des attaques supplémentaires dans un avenir proche, que ce soit en Belgique ou dans d'autres pays impliqués dans la guerre contre l'organisation terroriste en Syrie et en Irak.

Comment l'Europe va gérer les retombées meurtrières, en cours de l'éclatement de cette cellule terroriste, sera étroitement surveillé, et si  l'événement de mardi devrait se reproduire lorsque les autorités locales ont été mis en garde contre une prochaine attaque terroriste, ne conduisant à aucune action spécifique, peut-être que certains vont enfin se demander si les gouvernements locaux ont été au moins partiellement complices de la mort de dizaines de personnes innocentes, pour des motifs dont la  première allusion fut faite dans cet infâme présentation de 2008 par AIG Banque qui a, jusqu'ici, prédit avec une précision absolue de l'avenir de la zone euro.

Zero Hedge – resistanceauthentique

Sénateur russe : la Russie a prévenu la Belgique de potentiels attentats

 

Les services spéciaux belges ont ignoré la mise en garde leurs collègues russes sur de potentielles attaques à cause de leur russophobie, a déclaré le sénateur russe Igor Morozov, en qualifiant les attentats d'échec des services spéciaux européens.

«Les services spéciaux russes ont prévenu leurs homologues de Bruxelles, ce qui, il faut le souligner encore une fois, est un échec des services spéciaux européens. Nous nous rappelons de la tragédie de Boston, que le FSB [Service fédéral de sécurité de Russie] avait prévenu ses collègues du FBI sur les frères Tsarnaev, et cela n'avait pas été pris en compte», a déclaré Igor Morozov, le membre du Comité des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération, chambre haute du parlement russe.

D'après ses dires, c'est leur russophobie qui a empêché les services spéciaux belges d'évaluer de manière objective et adéquate la menace terroriste.

Le sénateur russe estime aussi que la série d'attentats était préparée de longue date et n'est pas liée à l'arrestation de Salah Abdeslam. «Trop de cibles et de considérables efforts ont dû être engagés, ce n'est pas possible de faire cela en un jour», a-t-il indiqué.

Une série d'explosions a secoué la capitale belge le 22 mars. Un attentat-suicide à l'aéroport de Zaventem a ensuite été suivi par des explosions dans le métro, en plein centre de la capitale belge.

https://francais.rt.com/international/17742-senateur-russe–russie-a

 

Source : Leblogalupus.com

Information complémentaire :

Crashdebug.fr : Terrorisme, guerres, la chape de plomb commence à se soulever par Bruno Bertez...

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Bachar al-Assad : “Lorsque les États occidentaux auront la volonté de faire leur devoir, nous n’aurons plus de problème pour arrêter le cauchemar en Syrie”

Bachar al-Assad : "Lorsque les États occidentaux auront la volonté de faire leur devoir, nous n'aurons plus de problème pour arrêter le cauchemar en Syrie"

Source : Le Grand Soir, 11-03-2016

Entretien accordé par le Président syrien à la télévision allemande « ARD » [Texte intégral]

arton30057-74bfaJournaliste : Monsieur le Président, je vous remercie infiniment pour avoir accordé cette entrevue à la télévision allemande ARD.

Le Président al-Assad : Bienvenue à vous en Syrie

Question 1 : Hier, alors que nous filmions à la Mosquée des Omeyyades, nous nous sommes entretenus avec les gens sur le cessez-le feu. Un vendeur de Chawerma nous a dit « c'est peut-être un jour historique ». Ma question est, Monsieur le Président, êtes-vous d'accord que ce serait là un jour historique, et vivons-nous un moment particulier de l'histoire syrienne ?

Le Président Al-Assad : Disons plutôt que je l'espère, étant donné que nous avons accepté l'accord sur la « cessation des hostilités » la semaine dernière. Parlons plutôt d'une lueur d'espoir pour les Syriens et pour nous tous. Mais en général, un cessez-le-feu, une cessation des hostilités, ou n'importe quel accord de ce type est bilatéral. Il va donc être difficile de le maintenir et de le sauver, puisqu'il est multilatéral. Je veux dire par là que vous parlez d'une centaine de factions de terroristes et de nombre de pays qui les soutiennent. Autrement dit, vous parlez de deux camps ayant des objectifs contradictoires en ce qui concerne cet accord. C'est pourquoi, disons que nous allons faire notre travail pour qu'il fonctionne, quoique la bonne volonté ne soit pas suffisante.

Question 2 : Que faites-vous, vous et le gouvernement syrien, pour sauver ce cessez-le feu ?

Le Président Al-Assad : Dans les faits, il a commencé il y a moins de 48 heures et, comme vous êtes ici depuis quelques jours, je pense que vous savez que les terroristes l'ont violé dès la première heure. Quant à l'armée syrienne, nous nous sommes abstenus de riposter pour lui laisser une chance de se maintenir. Voilà ce que nous pouvons faire, mais finalement toute chose a ses limites et cela dépend de l'autre partie.

Question 3 : Pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour arriver à un accord ?

Le Président Al-Assad : Il n'a pas fallu si longtemps pour arriver à un accord. Il a fallu longtemps pour que les autres pays qui supervisent les terroristes, notamment les États-Unis, se mettent à travailler là-dessus. Ils ont commencé à en parler il y a seulement quelques mois ; alors que, dès le début, nous avions initié ce processus sur une base interne que nous avons désigné par « Réconciliation locale ». Un processus qui mène à la cessation des hostilités à partir du moment où vous accordez l'amnistie aux miliciens afin qu'ils rejoignent l'armée syrienne ou retournent à une vie civile normale. C'est un processus que nous avons lancé depuis quelques années et qui a réussi dans plusieurs régions. La seule différence est que cet accord de cessation des hostilités est plus global, bien qu'il ne soit pas total.

Question 4 : Il y a trois jours, nous étions à Daraya. Nous avons vu le bombardement intensif de cette ville. Je pense que l'un des problèmes de la Syrie est : « qui décide que ceux que vous frappez sont des terroristes de l'EIIL et du Front al-Nosra ou des rebelles ? ». Je pense que vous êtes le seul à en décider et que la paix est entre vos mains. Non ?

Le Président Al-Assad : Qu'entendez-vous par « la paix entre mes mains » ?

Question 5 : Votre décision de frapper ou de ne pas frapper. C'est vous qui définissez qui sont ces gens ?

Le Président Al-Assad : Vous avez raison. Lorsque vous avez un tel accord, vous devez vous poser deux questions : sur quelles cartes militaires devez-vous travailler et quels sont les critères ou les mécanismes de surveillance du cessez-le-feu ? Or, comme je viens de le dire, la cessation des hostilités a été décrétée il y a 24H et, jusqu'à cet instant précis, nous ne disposons toujours pas de ces cartes. Par conséquent, disons que l'accord n'est pas encore arrivé à maturité. Lorsque ce sera le cas, vous pourrez dire que j'en assume la responsabilité en tant que partie prenante de la survie de cet accord.

Question 6 : maginez, Monsieur le Président, que je sois un rebelle et non un terroriste de l'EIIL ou du Front al-Nosra, un rebelle de l'armée syrienne libre [ASL]. Que devrais-je faire pour que vous m'acceptiez de nouveau comme civil syrien ? 

Le Président Al-Assad : Juste que vous déposiez vos armes et que vous n'ayez aucun autre agenda politique. Que vous décidiez de rejoindre le processus politique ou que vous vous en désintéressiez, n'a pas d'importance. Le plus important pour moi, d'un point de vue légal et constitutionnel, en me basant sur l'intérêt du peuple syrien et sur le principe valable pour tout État, est qu'en tant que citoyen vous n'êtes pas autorisé à user de vos armes pour nuire aux personnes et aux biens. C'est tout ce que nous demandons et rien d'autre. Comme je l'ai dit, nous leur offrons une amnistie totale. C'est déjà arrivé, certains ayant rejoint l'armée syrienne, d'autres s'étant intégrés dans la vie politique.

Question 7 : C'est donc une réelle amnistie que vous offrez à tous les rebelles ? 

Le Président Al-Assad : Nous l'avons fait, et cela a fonctionné.

Question 8 : Pourquoi le gouvernement syrien ne peut-il accepter l'existence de deux sortes de groupes [armés] : l'un correspondant aux terroristes, tels ceux de l'EIIL et du Front al-Nosra ; l'autre correspondant aux rebelles, disons, plus civils ? Pourquoi dites-vous toujours que vous combattez uniquement des terroristes ? 

Le Président Al-Assad : Dun point de vue légal, celui qui porte des armes contre les civils ou contre les propriétés privées ou publiques est un terroriste. Je crois qu'il en est de même pour mon pays et le vôtre. Vous n'acceptez pas qu'une soi-disant « opposition modérée » use de ses armes pour atteindre ses objectifs. Aucun pays ne l'accepterait. C'est l'un des aspects de votre question.

L'autre aspect est que nous ne disons pas que tout milicien est un extrémiste. Nous disons qu'actuellement la majorité des groupes armés qui contrôlent certaines régions sont essentiellement des groupes terroristes. L'autre partie, promue comme modérée, est marginale et sans importance. Elle n'a aucune influence sur le terrain et c'est pourquoi la plupart de ses bases rejoignent les extrémistes, non parce que ses éléments sont nécessairement des terroristes, mais par peur, pour l'argent ou le salaire. Donc, si nous disons que nous combattons des terroristes, c'est parce qu'aujourd'hui le vrai ennemi est constitué par des groupes terroristes, principalement Daesh, Al-Nosra, Ahrar al-Cham, et Jaïsh al-Islam.

Question 9 : N'avez-vous pas le sentiment qu'en réalité il y a quand même une différence entre ces deux groupes ? Ces terroristes viennent de l'étranger, d'Arabie Saoudite, de Tchétchénie et de partout dans le monde ; alors que les rebelles sont finalement des Syriens et viendra le moment où vous devrez discuter avec eux. Pourquoi ne pouvez-vous pas commencer dès aujourd'hui ?

Le Président Al-Assad : Nous l'avons fait. Nous l'avons déjà fait. C'est ce que j'ai signifié en évoquant les réconciliations locales. Dans ce cas, vous parlez avec les milices [armées] qui se battent sur le terrain, non avec l'opposition politique. Je suis donc d'accord avec vous sur ce point.

En revanche, lorsque vous parlez de deux sortes de groupes, les Syriens que vous désignez par « rebelles » et les autres, vous négligez qu'en réalité, ils travaillent ensemble. Vous n'avez pas, en Syrie, un groupe [terroriste] composé exclusivement d'étrangers. Vous avez des [terroristes] étrangers mélangés avec des Syriens partageant la même idéologie qui refuse quiconque ne leur ressemble pas et les mêmes espoirs, notamment celui de créer ce qu'ils appellent l'« État islamique » ou équivalent.

Question 10 : Monsieur le Président, vous avez accepté un processus de transition. Quelles sont les prochaines étapes ?

Le Président Al-Assad : C'est un processus qui doit aboutir à un gouvernement d'union nationale auquel se joindront ceux qui souhaiteront en faire partie. Ce gouvernement devra préparer la prochaine Constitution, laquelle sera suivie d'élections législatives qui définiront la forme de la prochaine ou de la nouvelle Syrie. Telles sont les principales étapes de la période de transition.

Question 11 : J'étais ici il y a quatre ans, au moment ou se sont déroulées les élections législatives de 2012. Comment pouvez-vous dire qu'il serait possible de tenir des élections pendant la guerre civile ?

Le Président Al-Assad : Tout d'abord, il n'y a pas de guerre civile. Une telle définition est fausse. Il y a guerre civile quand existent des lignes de démarcation sociales correspondant à des différences sectaires, ethniques, ou autres. Nous n'avons toujours pas cette sorte de lignes, vu le mélange manifeste dans les zones contrôlées par le gouvernement où coexistent toutes les couleurs du spectre social syrien. Vous ne pouvez donc pas parler de cette guerre comme d'une guerre civile. C'est vraiment les terroristes contre tout le reste.

Quant aux élections, il ne s'agit pas d'un passe-temps, de l'opinion du Président ou de l'humeur du gouvernement. Elles renvoient à la Constitution. Notre guerre est motivée par l'indépendance de notre pays, parce que d'autres pays, principalement en Occident veulent, avec l'Arabie Saoudite et le Qatar, détruire notre pays et transformer la Syrie en État confessionnel comme au Liban et, peut-être, comme en Irak.

La Constitution est aujourd'hui le symbole de l'unité, de la souveraineté et de l'indépendance du pays. Nous devons la défendre. Or, la Constitution n'est pas une simple rédaction sur papier. C'est la manière dont vous la mettez en pratique, notamment en organisant des élections, lesquelles n'appartiennent pas de droit au gouvernement mais à chaque citoyen. C'est aux citoyens de décider s'ils en veulent ou pas. Et si vous interrogez les Syriens, tous souhaitent un nouveau Parlement.

Question 12 : Est-ce que la Constitution et donc la stabilité en Syrie valent plus que des centaines de milliers de vies ?

Le Président Al-Assad : Il n'y a pas de contradiction qui ferait que nous ayons à juger de l'importance de l'un de ces sujets par rapport à l'autre, car sans stabilité vous perdriez des milliers de vies, alors que la stabilité retrouvée vous permettrait de les sauver. Vous ne pouvez donc pas dire que ceci est plus important que cela, la stabilité et la Constitution étant très importantes pour épargner des vies.

Question 13 : L'écrasante majorité des pays et organisations du monde disent qu'il ne pourrait y avoir de solution à la question syrienne avec vous au pouvoir. Êtes-vous prêt à l'abandonner ?

Le Président Al-Assad : Pour ces pays et ces fonctionnaires ? Non, bien sûr que non, car ce n'est pas leur affaire. C'est pourquoi je ne leur ai jamais répondu. Cela fait cinq ans qu'ils le répètent et que nous n'avons accordé le moindre intérêt à ce qu'ils disent. C'est notre affaire. C'est l'affaire de la Syrie. Seuls les citoyens syriens ont le droit de dire qui ils veulent pour président. En tant qu'Allemand, vous n'accepteriez pas que moi ou n'importe qui d'autre vous dicte quel devrait être votre Chancelier ou votre système politique. Vous ne l'accepteriez pas, comme nous ne l'acceptons pas. Par conséquent, non, quoi qu'ils disent, mon destin politique est uniquement lié à la volonté du peuple syrien.

Question 14 : Plus généralement, si les conditions étaient telles que le peuple syrien le voulait, seriez-vous prêt à vous retirer ?

Le Président Al-Assad : Certainement et sans aucun doute. Je le ferais immédiatement sans aucune hésitation, car si vous voulez réussir en tant que fonctionnaire élu à un poste de Président, de Premier ministre ou de n'importe quelle autre fonction, vous avez besoin du soutien du peuple. Sans ce soutien, vous ne pouvez rien accomplir. Alors, que feriez-vous à votre poste ? La volonté du peuple et votre capacité à accomplir quelque chose sont donc liées l'une à l'autre.

Question 15 : Avez-vous déjà une idée sur le timing de cette étape ? Vous savez que plusieurs dates ont été évoquées. Une information issue du Bureau de De Mistura dit que la date la plus probable serait en 2018. 

Le Président Al-Assad : Non, non, ce n'est pas leur affaire. Cela ne fait partie d'aucun plan. Comme je l'ai dit, seuls les Syriens peuvent en décider.

Question 16 : Êtes-vous d'accord que ce que nous voyons en Syrie est une catastrophe humanitaire ?

Le Président Al-Assad : Bien sûr, sans aucun doute.

Question 17 : Alors, pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps pour que vous autorisiez le plein accès aux zones assiégées ?

Le Président Al-Assad : Non, ce n'est pas vrai. Nous n'avons pas mis si longtemps à en autoriser l'accès. En réalité, ce sont les médias occidentaux qui ont mis beaucoup de temps à reconnaître ce qui se passait sur le terrain. Je vais être très franc avec vous. Posons une question logique et réaliste à la fois : ces zones dont vous parlez, lesquelles seraient assiégées depuis des années par l'armée tout en continuant à la combattre jusqu'aujourd'hui et à lui envoyer bombes et tirs de mortiers ainsi que sur les villes voisines, comment aurions-nous pu les empêcher de recevoir aides et nourriture alors que nous n'avons pas pu les empêcher de recevoir des armes ? Est-ce logique ? Non, ça ne marche pas. Soit l'embargo est total, soit vous ne pouvez pas faire d'embargo. Et si nous n'avons pas fait d'embargo c'est pour plusieurs raisons. Mis à part l'aspect humanitaire, les valeurs auxquelles nous croyons et le sens des responsabilités de notre gouvernement à l'égard de tous les Syriens, imposer un embargo aurait précipité les civils habitant ces régions dans le giron des terroristes.

Une autre raison concrète est pourquoi assiégerions-nous ces villes, citées par vous et récemment par beaucoup d'autres médias, pendant que nous continuons à envoyer des vaccins et les salaires des fonctionnaires à des villes comme Raqqa, laquelle est sous contrôle de l'EIIL ? Comment pouvons-nous faire un embargo ici et ne pas faire un embargo là-bas ? Ce que vous dîtes est contradictoire et irréaliste.

Question 18 : Maintenant que vous avez la couverture du cessez-le-feu, vous est-il possible de garantir aux organisations de secours un accès permanent à ces zones assiégées ?

Le Président Al-Assad : Elles ont travaillé ici au cours de ces dernières années. Nous n'avons jamais dit non. Mais leur travail doit passer par le gouvernement. Elles ne peuvent pas faire comme si le gouvernement n'existait pas. Ceci dit, il est évident que la réalité sur le terrain peut parfois faire obstacle en zones de combats. D'autres fois, il arrive que des conflits surgissent entre ces organisations et les fonctionnaires de notre gouvernement. Mais du point de vue décision politique, nous ne posons aucun problème à l'arrivée des aides partout en Syrie, et nous les soutenons.

Question 19 : Vous avez parlé d'élections en avril prochain. Ne serait-ce pas consulter une fraction du peuple, puisque nombre de Syriens ont quitté le pays pour fuir le chaos ?

Le Président Al-Assad : Oui, mais pour autant la Syrie n'est pas vidée. La majorité des Syriens vit toujours en Syrie, non l'inverse. Ce fut le discours précédant les élections présidentielles, mais le monde a été surpris de voir un pourcentage élevé de réfugiés, à l'extérieur de la Syrie, participer à ces élections. Par conséquent, je crois que chaque Syrien aimerait un tel renouveau dans son pays, parce qu'il redonnera de l'espoir et que c'est naturel pour tout pays et toute culture.

Question 20 : Le gouvernement syrien apprécie-t-il le rôle de l'Allemagne pour son accueil d'un grand nombre de Syriens ?

Le Président Al-Assad : Disons que nous l'apprécions d'un point de vue humanitaire. Nous ne pouvons pas dire que ce n'est pas bien d'accepter des réfugiés ayant quitté leur pays en raison des difficultés qu'ils y rencontrent. Mais ne serait-il pas plus humain de les aider à rester dans leur pays ? Parce que si vous posiez cette question à l'un d'entre d'eux, il vous répondrait qu'il aimerait pouvoir y retourner. Ne serait-il pas moins coûteux d'adopter ou de mener des politiques plus sages et plus prudentes en ce qui concerne la crise syrienne, et de permettre à ces personnes de vivre dans leur pays, en travaillant contre le terrorisme, pour la stabilité de la Syrie, sans s'ingérer dans ses affaires ? Ce serait plus humain.

Question 21 : Y a-t-il un rôle précis attribué à l'Allemagne dans l'ensemble de la question syrienne, ou bien est-elle considérée au même titre que d'autres pays étrangers, tels les États-Unis et l'Arabie Saoudite ?

Le Président Al-Assad : Nous espérons que chaque pays puisse jouer son rôle, particulièrement les pays européens dont l'Allemagne, qui a la plus forte économie et qui est censée mener l'Union européenne non seulement économiquement mais aussi politiquement ; un rôle que nous n'avons toujours pas constaté en pratique, car ce rôle suppose la volonté et que la volonté suppose l'indépendance. La question est donc : combien de fonctionnaires européens sont-ils indépendants de la politique et des politiciens étatsuniens ? Jusqu'à présent, ce que nous avons vu est un copier-coller de ce qu'ils disent et de ce qu'ils font. Par conséquent, je ne peux pas parler de rôle s'il n'y a pas d'indépendance.

Question 22 : Lors de mon dernier voyage en Syrie, je suis allé à Alep. Cette fois-ci, je me suis rendu à Homs. Ce sont des images incroyables, telles des images de l'Apocalypse. Je suppose qu'il n'y a pas de doute sur le fait que l'armée syrienne est en partie coupable de ce qui est arrivé ici. Ma question personnelle, Monsieur le Président, êtes-vous capable de dormir la nuit ?

Le Président Al-Assad : La question plus importante est : suis-je capable de travailler ? Peu importe que vous dormiez ou non. Pour les gens, ce qui importe est de savoir ce que le Président peut faire et de combien de terroristes nous pouvons nous débarrasser, à défaut de les convaincre de reprendre une vie normale. C'est ce que nous faisons tous les jours. Donc, si nous ne pouvons pas dormir, c'est parce que nous devons travailler. C'est précisément de cela qu'il s'agit.

Question 23 : L'ONG « Médecins Sans Frontières » a déclaré qu'en 2015, 94 hôpitaux ont été bombardés, avec le soutien de l'État. Comment est-ce possible ? Je veux dire, vous ne pouvez pas prétendre que, disons-le, ces crimes de guerre ont été commis seulement par la coalition américaine. La Russie et la Syrie ont leur part de responsabilité.

Le Président Al-Assad : Si nous avions voulu commettre ce genre d'actions, nous l'aurions fait depuis longtemps. Nous ne savons pas qui a commis le dernier bombardement [signalé par cette ONG]. Nous n'avons aucune raison de bombarder un hôpital. Quant à ce que vous décrivez comme un crime, c'est évidemment un crime. Mais cela dépend des critères sur lesquels vous vous basez pour user de ce terme. Si c'est sur nos critères à nous, c'est certainement un crime. En revanche, si vous vous basez sur les critères occidentaux, ce n'est plus le cas, pour la simple raison que l'Occident n'a toujours pas appliqué ce terme à sa guerre de 2003 en Irak, où plus d'un million et demi d'Irakiens ont été tués. L'occident ne parle pas non plus de crimes de guerre au Yémen, où les Saoudiens ont commis des atrocités. Il ne parle pas de crimes de guerre en Syrie, quand les groupes armés tuent des milliers d'innocents par des tirs de mortiers et des attentats de kamikazes. Franchement, cela dépend des critères et, selon nos critères, ce sont des actes criminels.

Question 24 : Pour être clair, la plupart des observateurs imputent le bombardement des écoles et des hôpitaux à l'armée syrienne et à la force aérienne russe, précisant qu'il s'agit d'une stratégie de guerre, non de dommages collatéraux. N'est-ce pas un fardeau sur vos épaules ?

Le Président Al-Assad : Une question simple que vous devriez vous poser devant un tel discours : quel serait notre intérêt à agir de la sorte ? Mettant de côté les valeurs et les principes, je vous réponds : non. Non, parce que c'est le gouvernement qui a construit ces installations et ces infrastructures et qu'il a besoin que la population soit de son côté. Pour cela, c'est plutôt lui qui offre les services de base. Une simple question : que gagnons-nous ? Rien. Nous perdons. Nous n'avons donc aucun intérêt à ce faire et c'est un non définitif. Non, nous n'avons pas bombardé cet hôpital, il nous appartient, nous savons que ce sont des médecins qui l'occupent et non des terroristes. Il en est de même pour l'hôpital de Raqqa où sévit l'EIIL et où, comme je vous l'ai déjà dit, nous expédions des vaccins à la population. Pourquoi attaquerions-nous l'hôpital de cette ville ? C'est contradictoire !

Question 25 : Il y a deux ans, au moment où l'armée syrienne était affaiblie et en défaite, nous avons vu le Hezbollah intervenir comme, par exemple, à Al-Qusayr près de la frontière libanaise. Vers la fin de l'année dernière et alors que vous étiez sur le point de perdre Alep, nous avons vu les Russes intervenir pour vous aider, ainsi que nombre de combattants et de conseillers venus d'Iran. Qu'attendent-ils de vous en retour ?

Le Président Al-Assad : Tout d'abord, concernant ce que vous qualifiez de « défaite », toute guerre est en réalité une somme de batailles, certaines que vous perdez, d'autres que vous gagnez. Nous étions donc en train de perdre en un endroit et de gagner en un autre, la situation ne pouvant se ramener à une victoire ou une défaite. Ce n'est pas une guerre facile. Nous nous battons contre des dizaines de pays qui soutiennent ces mercenaires terroristes. Nos alliés et amis, ayant rejoint cette guerre directement ou indirectement, ont une vision différente de la vôtre. Ils ne sont pas venus en Syrie pour aider le président syrien ou le gouvernement syrien. Ils sont venus parce qu'ils savent que lorsque le terrorisme s'installe dans une région, il ne reconnaît pas les frontières. La preuve en est l'EIIL : de Libye, à l'Irak, à la Syrie, il n'a plus de frontières. Ils savent que si le terrorisme finit par contrôler cette région, il débordera ailleurs et non seulement dans les pays voisins. Leur vision de la situation est donc très claire. Ils ne se contentent pas de nous défendre, mais se défendent aussi. Ils ne sont pas venus pour me demander quoi que ce soit. Tous nos amis respectent notre souveraineté sans rien nous demander en retour.

Question 26 : Monsieur le Président, pouvez-vous encore dire que la Syrie est un État souverain. Votre politique n'est-elle pas d'ores et déjà définie à Téhéran ou au Kremlin ?

Le Président Al-Assad : La souveraineté est un terme relatif. Avant la crise, Israël occupait déjà une partie de notre terre. Par conséquent, nous considérions que notre souveraineté ne serait pas totale tant que nous n'aurions pas libéré cette terre. Actuellement, nombre de terroristes traversent nos frontières et nombre d'avions américains et de ce que l'on désigne par « la Coalition » violent notre espace aérien. Donc, en effet, notre souveraineté est incomplète. En même temps, tant que vous avez une Constitution, que les institutions fonctionnent, que l'État fait son travail au service de la population même à un niveau minimal, et surtout tant que le peuple syrien n'est soumis à aucune puissance étrangère ; cela signifie que vous êtes toujours souverain, même si ce n'est pas au sens plein de ce terme.

Question 27 : Revenons cinq ans en arrière quand les soulèvements dans le monde arabe ont commencé, ainsi qu'à Daraa, ville située au sud de la Syrie à la frontière syro-jordanienne. Notre impression est que des jeunes ont été emprisonnés pour avoir inscrit des graffiti sur un mur et que les Forces de sécurité ont frappé très fort lorsque les parents ont manifesté pour les récupérer. Était-ce une bonne idée de réprimer si durement cette sorte de jeunes fous et de déclencher toute la guerre civile qui a suivi ?

Le Président Al-Assad : Pour commencer, toute cette histoire n'a pas existé. Elle n'a pas eu lieu. Ce ne fut que de la propagande. Je veux dire que nous avons entendu parler d'eux, mais que nous n'avons jamais vu ces jeunes prétendument emprisonnés à ce moment là. Ce récit est donc faux. Supposons qu'il soit vrai, ce qui n'est pas le cas, et comparons-le avec ce qui s'est passé aux États-Unis l'année dernière, quand tout le monde discutait et condamnait plusieurs meurtres de citoyens noirs américains par la police. Quelqu'un a-t-il demandé aux gens d'user de leurs mitrailleuses pour tuer, juste parce qu'un policier a commis une erreur ? Ce n'était pas justifiable. Par conséquent, même si les choses s'étaient passées comme vous le dites, ce qui n'a pas eu lieu, ce n'est pas une excuse qui vous permettrait de prendre votre mitrailleuse, de combattre le gouvernement et de tuer des civils et des innocents.

L'autre question : quelles contre-mesures adopteriez-vous face à des gens qui tuent dans vos rues et attaquent les propriétés ? Vous leur diriez : faites ce que bon vous semble, quoi que vous fassiez je reste ouvert, je ne vous répondrai pas ? Ce n'est pas possible. Nous avons une seule option, celle de les arrêter et de les empêcher de continuer à tuer. Face à des mitrailleuses, nous n'allons pas répondre par un lâcher de ballons. Nous devons utiliser nos armes. C'est notre seule option.

Question 28 : La guerre en Syrie déstabilise toute la région, les États voisins comme la Turquie, l'Irak, la Jordanie, le Liban. De plus, elle affecte déjà l'Europe. Ceci fait qu'une large partie du monde est touchée par la guerre syrienne. Que faites-vous pour arrêter ce cauchemar ?

Le Président Al-Assad : Ce cauchemar ne dépend pas uniquement de la Syrie. Depuis le début de la crise, nous avons adopté deux pistes de travail : établir le dialogue avec tout le monde, les pays, les factions et les miliciens, afin de rétablir la stabilité ; combattre les terroristes qui refusent de déposer leurs armes. Mais la question est : à quoi sont prêtes les parties adverses ? Car une part de la catastrophe, ou du cauchemar dont vous parlez, est due à l'embargo occidental qui affecte tous les citoyens syriens sans exception et non seulement aux terroristes qui tuent et détruisent. Qu'est-ce qu'elles sont prêtes à faire pour arrêter le cauchemar et soulager la douleur des Syriens ? Sont-elles prêtes à faire pression sur des pays comme la Turquie, l'Arabie Saoudite et le Qatar, lesquels soutiennent les terroristes, afin de les obliger à arrêter le passage clandestin de terroristes, la contrebande de toutes sortes d'armes et la fourniture de toutes sortes de supports logistiques ? Telle est la question. Lorsque tous ces États se seront mis d'accord ou, disons-le, auront la volonté de faire leur devoir à ce sujet, je puis vous assurer que nous n'aurons pas de problème pour arrêter ce cauchemar en Syrie.

Question 29 : Ma dernière question, Monsieur le Président. Lorsque votre père Hafez est décédé en 2000, vous avez quitté Londres où vous exerciez votre métier d'ophtalmologiste, pour rentrer à Damas et accéder à vos fonctions. Ayant à l'esprit tout ce qui s'est passé ces cinq dernières années, le feriez-vous encore ? Reviendriez-vous à Damas, ou bien resteriez-vous à Londres ?

Le Président Al-Assad : En fait, dans cette région, la politique fait partie intégrante de la vie de chaque citoyen syrien étant donné les circonstances qui font qu'elle affecte son quotidien. Vous ne devenez donc pas un homme politique par goût, mais par nature. Il en est de même pour moi, d'autant plus que je suis issu d'une famille politique et que j'ai hérité de cette passion. Mais cette passion ne se réduit pas à un passe temps ou à un domaine qui vous plaît. Elle vous ramène à la façon dont vous pouvez servir votre pays. J'étais un médecin dans le secteur public. Je suis désormais un homme politique. Je suis donc passé d'un secteur public à un autre secteur public plus large. C'est toujours le même principe. Et, bien sûr, tant qu'il s'agit d'aider le peuple syrien vous devez être prêt à aider de plus en plus, à continuer encore et encore, jusqu'à ce que vous n'en soyez plus capable et que le peuple syrien ne veuille plus de vous à ce poste.

Journaliste : Je vous remercie beaucoup.

Le Président Al-Assad : Merci à vous

Docteur Bachar al-Assad, Président de la République arabe syrienne, 01/03/2016

Source : SANA [ Syrian Arab News Agency]

http://sana.sy/en/?p=70991

Texte traduit par Mouna Alno-Nakhal

Source : Le Grand Soir, 11-03-2016

Apple versus FBI : le choc des pipeaux, par Jef Mathiot

Apple versus FBI : le choc des pipeaux, par Jef Mathiot

Source : Reflets, Jef Matiot, 24-02-2016

hippies-backdoor

Depuis une grosse semaine, l'affaire Apple vs. FBI c'est le choc des titans. À ma gauche, Apple, championne de la vie privée. À ma droite le FBI, assisté du Department of Justice. L'objet de la querelle ? Le déverrouillage de l'iPhone de l'un des assassins de la tuerie de San Bernardino au mois de décembre. À lire certains commentaires, la seconde Guerre de la Crypto serait déclarée, le sort du monde se déciderait sous nos yeux inquiets.

Une backdoor pour les gouverner tous

Lorsque l'heureux possesseur d'un iPhone, iPad, ou iPod Touch, souhaite y accéder, le fonctionnement est, très schématiquement, le suivant. Il saisit d'abord son passcode. Celui-ci est transmis au système d'exploitation (l'OS). Un compteur du nombre de tentatives effectuées est incrémenté, puis le passcode est transmis à une fonction de dérivation cryptographique. Cette dernière est intégrée dans le SoC (système sur une puce). Il s'agit d'un élément matériel qui contient différents composants essentiels, notamment le micro-processeur. Un identifiant unique (ou UID), un nombre aléatoire et différent sur chaque iTruc, est codé lui aussi directement dans le matériel, dans le SoC. Cet UID est combiné avec le passcode par la fonction cryptographique, qui « dérive » une clé cryptographique (AES 256 bits en l'occurence) qui est ensuite utilisée par l'OS pour déchiffrer les données.

Au fur et à mesure que le nombre de tentatives infructueuses (le nombre de passcodes incorrects) augmente, et pour ralentir les vélléités d'un éventuel attaquant, le délai entre deux essais s'allonge progressivement. Au delà d'un certain seuil (dix essais par défaut), l'iPhone se verrouille et devra être débloqué par une procédure via le logiciel iTunes. Ou, si le propriétaire a choisi cette option plus radicale, les données contenues par l'appareil seront totalement effacées.

Pour déverrouiller le bazar, il y a plusieurs possibilités. Les deux plus évidentes sont à écarter en l'espèce, puisqu'il s'agit de disposer du passcode (merci Captain Obvious) ou de le deviner en moins de dix essais (merci Élizabeth Tessier).

Ceux qui ont du temps à perdre peuvent s'attaquer en force brute à la sortie de la fonction de dérivation qui fournit la clé. Autant le dire tout de go, c'est pas gagné-gagné. En fait, ceux-là seront sans doute morts avant d'avoir réussi, en tout cas beaucoup plus proche de la tombe. 256 bits c'est tout de même un nombre avec 77 chiffres, ça se traite avec respect.

Les Experts : Cyber tenteront, à grand renfort d'acides et autres produits chimiques, de démonter le SoC pour lire l'identifiant unique (l'UID) avec un microscope qui envoie la ganzou. Si l'opération est théoriquement possible, elle est très compliquée en pratique, sinon infaisable. Il s'agit en effet de microscopiques composants électroniques présents dans une « puce » minuscule mais extrêmement dense. La probabilité de réussir est très faible, le risque d'endommager façon puzzle irrémédiablement le matériel est quand à lui extrêmement élevé.

Mission impossible, alors ? Et bien pas vraiment. En effet, la sécurité de l'engin repose sur l'impossibilité pour l'attaquant d'essayer très rapidement un grand nombre de passcodes. Si l'on court-circuite l'étage qui compte et retarde les tentatives – et in fine déclenche le verrouillage de l'appareil ou la destruction des données – on pourra donc enchaîner très rapidement les essais, jusqu'à ce que le sésame tant convoité soit révélé. Ce shuntage est tout à fait possible, si l'on peut démarrer avec une version de l'OS (et du logiciel de la Secure Enclave, sur les versions les plus récentes des appareils pommés) plus tolérante à cet égard.

« Mais alors, vous exclamez-vous, je suis foutu·e ! Les espions chinois soviétiques du FBI ils peuvent rentrer quand ils veulent dans mon iPhone à moi que j'ai !? » Qu'on se rassure, ce n'est heureusement pas si simple. En effet, le logiciel de démarrage intégré au matériel (la Boot ROM) vérifie que l'OS chargé est « signé » cryptographiquement par Apple, qu'il s'agit bien d'un logiciel autorisé par Cupertino. Apple étant en possibilité de signer n'importe quel OS, la firme peut donc développer une version permettant d'attaquer les passcodesen force brute, et c'est très exactement ce qu'un tribunal, le DOJ et le FBI lui demandent de faire.

Il ne s'agit donc pas d'une « backdoor », comme on a pu le lire ici ou là, mais d'un outil de forensics, d'expertise judiciaire. Apple, contrairement à ce que ses communiqués laissent entendre, peut tout à fait créer une version de l'OS qui ne démarre que sur l'iPhone visé. Pourquoi ? Parce qu'Apple est le seul acteur a pouvoir signer cryptographiquement un tel OS. Ses ingénieurs pourraient donc très probablement y implanter du code de vérification permettant d'identifier le matériel, faisant ainsi en sorte que l'OS refuse de démarrer sur d'autres appareils. Les autres acteurs, le FBI notamment, seraient dans l'impossibilité de signer leur propre version, donc de la faire démarrer sur d'autres appareils pour chaluter les données de leurs propriétaires respectifs.

Apple se défend en faisant valoir que cette version d'OS constituerait « l'équivalent d'une clé-maître, capable d'ouvrir des millions de verrous » :

Bien sûr, Apple ferait de son mieux pour protéger cette clé, mais dans un monde où nos données sont constamment menacées, elle serait attaquée sans relâche par les hackers (sic) et les cybercriminels (sic).

Ouh, ça fait peur ! Et vas-y que ça hurle à la backdoor et qu'on va tous mourir à cause que le FBI il demande à la gentille Apple de créer une clé maître. Sauf que l'argument est totalement bidon : cette « clé maître » existe déjà. Il s'agit de celle qui permet à Apple de signer son OS avant de le distribuer à ses clients. Pour quiconque à cette clé en main, c'est la fête du slip de l'iPhone troué. Apple a donc d'ores et déjà ce problème de sécurisation de « clé maître ». Il n'est donc pas tant question de « chiffrement », ou de l'existence ou non d'un OS FBI-friendly, que du processus de signature cryptographique qu'impliquerait sa création.

Chef, chef ! J'ai fait une iBoulette

Du côté du FBI ou du DOJ, c'est ceinture noire de mauvaise foi cynique, septième dan. Sur l'affaire, d'abord. Le FBI n'est visiblement pas démuni pour conduire son enquête – historique des déplacements, SMS, relevés d'appels, données Internet – ainsi qu'une sauvegarde relativement récente du téléphone dans iCloud. Tout cela sans parler des éléments et témoignages qui n'auront pas manqué d'être recueillis par ailleurs. De l'aveu même de Jim Schrödinger Comey, le quantique directeur du FBI :

Peut-être que le téléphone contient la preuve qui permettrait de trouver plus de terroristes. Ou peut-être pas.

Les deux assaillants avaient pris soin de détruire leurs téléphones personnels après l'attaque, mais pas l'appareil concerné. Il s'agit, qui plus est, du téléphone professionnel de l'un des deux tireurs, Syed Farook. La probabilité de trouver du nouveau sur cet iPhone paraît ainsi bien mince. Passons sur le fait, qui serait hilarant en d'autres circonstances, que ce soit les forces de l'ordre elles-mêmes qui aient maladroitement interrompu les sauvegardes iCloud en essayant d'accéder au compte. Oh, la boulette…

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Le DOJ avance que seul l'iPhone de Farook serait concerné. On peut légitimement douter de cet argument, dans la mesure où tout ce que les USA comptent de procureurs ou de policiers est déjà dans les starting-blocks pour demander la même chose, à commencer par le procureur de Manhattan avec ses 175 iPhones bien au chaud. Lesquels appareils n'ont pour l'essentiel aucun rapport avec des actions de terrorisme. Ce qui laisse à penser qu'Apple, ainsi que les Google, Facebook et cie, risquent le cas échéant de devoir recruter pour leur SAV des forces de l'ordre.

Autre argument du DOJ, Apple pourrait « conserver le logiciel en sa possession, le détruire une fois l'objectif atteint, et refuser sa dissémination en dehors d'Apple ». Cet argument est, une nouvelle fois, plutôt bancal à en croire un expert auprès des tribunaux US, Jonathan Zdziarski. Ce dernier nous explique que le FBI l'a joué fine, juridiquement parlant. Ainsi, d'un point de vue juridique, le FBI ne demande pas à Apple d'attaquer ses propres produits, chose qu'un juge aurait trouvé excessif. Au contraire, le FBI ne fait que solliciter « l'assistance raisonnable » d'Apple, la fourniture d'un outil, d'un « instrument ». Le FBI se chargera lui-même de « l'expertise ». L'expert précise ensuite les modalités administratives qui régissent la certification des « instruments » utilisés pour les procédures judiciaires (ici, l'OS modifié). Ce processus de validation, lourd et complexe, exigerait par exemple l'intervention du NIST (l'organe de normalisation technique US) pour les tests, d'un comité scientifique, d'experts de la défense, voire la communication du code source dans certains cas. On imagine mal comment cette procédure, qu'il faudrait de plus recommencer à chaque nouvelle modification, pourrait être compatible avec la stricte non-dissémination du logiciel, ou avec sa destruction.

Des perquisitions sous stéroïdes ?

Le « débat » ne brille donc pas par son honnêteté, nombre de propos tenant de la désinformation. Les arguments techniques, juridiques, politiques, affectifs, quoiqu'ils soient distincts (et parfois contradictoires), se superposent néanmoins allègrement dans un immense foutoir de communication alimentant l'opportunisme des uns et des autres. Le FBI et le DOJ instrumentalisent sans vergogne la peur du terrorisme à des fins politiques. Apple, qui collabore de manière routinière avec les forces de l'ordre, déroule impeccablement sa partition, quand la dite collaboration devient gênante, et enfile son costume de parangon de la privacy. Le commandement du tribunal, d'une portée limitée, a été ordonné par une cour subalterne. Apple fera sans doute appel de toutes les décisions lui étant défavorables, invoquera probablement tout un tas de raisons légales ou de procédures pour retarder l'éventuelle échéance et éviter qu'une décision fasse jurisprudence. L'affaire passerait alors de juridiction en juridiction, potentiellement jusqu'à la Cour Suprême, à la vitesse d'une moule lancée au galop. D'ici là, Apple annoncera en grande pompe la sortie de l'iPhone 12 et le dispositif technique, pour peu qu'il voie le jour, sera probablement obsolète depuis bien longtemps. En résumé, toute cette affaire est montée en épingle par les deux parties.

Néanmoins, la mesure sollicitée par le DOJ et le FBI s'inscrit dans un mouvement amorcé de longue date, visant à transformer certaines entreprises en auxiliaires de justice, de police ou du renseignement, au prétexte d'une opposition assez binaire entre vie privée individuelle et sécurité collective, que Reflets dénonçait dans un précédent épisode. Votre ordinateur, votre boîte mail, votre serveur ou votre smartphone se réduiraient à des projections de votre domicile dans le « monde extérieur », un peu comme l'est votre véhicule. Si l'on file l'analogie, ils ne devraient, selon toute logique, pas échapper aux capacités de perquisition de forces de l'ordre dûment mandatées. Après tout, si les amis du petit déjeuner peuvent venir vous faire un bécot défoncer votre porte à six heures du matin (ou au beau milieu de la nuit, état d'urgence oblige), il n'y a pas de raison que votre smartphone leur reste inaccessible. Les « nouveaux téléphones » (sic), d'après le procureur François Molins rendraient « la justice aveugle », excusez du peu. La question serait donc, pour reprendre les termes d'Olivier Ertzscheid, de savoir si votre smartphone devrait « résister à toute forme de perquisition ».

Mettons de côté l'affaire de San Bernardino, dans laquelle la culpabilité des assaillants ne fait, soit-dit en passant, aucun doute, iPhone ou pas. Une perquisition « classique » à votre domicile n'autoriserait qu'une collecte limitée d'informations. Une perquisition informatique – particulièrement sur un smartphone – permet de déterminer avec une précision diabolique l'historique de vos déplacements, vos centres d'intérêt, relations, et probablement une bonne partie de vos opinions. Cette expérience le démontre. Elle ne porte pourtant que sur des « métadonnées » collectées pendant une semaine. Vis-à-vis des perquisitions au domicile, les perquisitions informatiques constituent donc des intrusions beaucoup plus importantes dans la vie privée des personnes visées (présumées innocentes si ma mémoire est bonne), et dans celle de leurs relations. Ce n'est sans doute pas un hasard si les forces de l'ordre en sont si friands… Et si le législateur, tout à son combat pour la Liberté, fait en sorte qu'elles puissent être distribuées avec tant de générosité. Aveugle, la justice ? En y regardant de plus près, on dirait bien que la technologie la dote au contraire de sens hypertrophiés.

Finalement, la rhétorique sécuritaire en ce domaine peut se résumer à un unique argument : l'ubiquité du chiffrement gênerait le travail des forces de l'ordre. En se focalisant sur la cryptographie, on oublie souvent un fait tout simple : il existe des dizaines de choses qui gênent le travail de la police, qui ont été créées par les sociétés démocratiques pour éviter qu'elle ne soit omnisciente ou qu'elle ne dispose d'un pouvoir disproportionné. À ce qu'on nous a dit, certaines lois ont même été inventées tout exprès. Les drones de combats, les machines à voyager dans le temps et le pouvoir de lire dans les pensées, sont autant d'idées formidables qui rendraient sans doute le travail de la police plus efficace. Cela ne signifie pas qu'elles soient réalisables ou souhaitables.

Pourquoi pas, tant qu'on y est, interdire aux gens d'essayer de préserver leur vie privée ?

Oh, wait.

Mise à jour 09/03/2015 : fait qui nous avait échappé en première analyse, le FBI semble également mentir (on finit par se demander sur quoi l'agence ne pipeaute pas) sur la manière dont le redouté « auto-effacement » fonctionne. Ce ne sont pas les données qui sont effacées par cette dernière, mais une clé qui peut être sauvegardée et être restaurée entre les tentatives. Voir cet excellent article de l'ACLU pour les détails.

Source : Reflets, Jef Matiot, 24-02-2016