mardi 22 mars 2016

Le ministre égyptien des Transports et l'Institut Schiller présentent le rapport sur la Nouvelle route de la soie

Le ministre égyptien des Transports et l'Institut Schiller présentent le rapport sur la Nouvelle route de la soie

Le 17 mars, un séminaire a été organisé au siège du ministère égyptien des Transports pour présenter à la presse une version en langue arabe du rapport spécial de l'Executive Intelligence Review (EIR) sur le projet de la Nouvelle route de la soie.
C'est le ministre égyptien des Transports, Saad El Geyoushi, en personne, qui a présidé l'évènement et qui a introduit Hussein Askary de l'Institut Schiller, un des auteurs du rapport.
Aussi bien lors de son propos introductif que lors de ses commentaires sur (...)

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Serge Dassault renvoyé en procès devant les juges pour blanchiment de fraude fiscale

Serge Dassault renvoyé en procès devant les juges pour blanchiment de fraude fiscale

Les choses bougent, si même Dassault se fait toper, c'est que ça évolue. Je vous rappelle mes conclusions sur le sujet de l'évasion fiscale, c'est qu'à mon avis, si le gouvernement ne fait rien, c'est que les mêmes canaux opaques leurs servent pour toucher des dessous de table… Ah coco ! Tu veux la construction du stade dans ma ville, pour ton entreprise ? Hé bien, tu n'oublies pas mon compte aux Îles Caïmans… CQFD, ce qui expliquerait, par exemple, pourquoi Manuel Valls a 1,3 million d'euros de patrimoine au nom de sa femme (contrairement au 93.000 € qu'il déclare en son nom).


Serge Dassault participe à la présentation des résultats de son groupe, le 10 mars 2016 à Saint-Cloud
(Hauts-de-Seine).  (ERIC PIERMONT / AFP)

La justice le soupçonne d'avoir dissimulé plusieurs millions d'euros au Luxembourg et au Liechtenstein.

Serge Dassault devant les juges. L'industriel et sénateur a été renvoyé en procès pour blanchiment de fraude fiscale dans l'enquête sur son patrimoine, lundi 21 mars. La justice le soupçonne d'avoir dissimulé plusieurs millions d'euros au Luxembourg et au Liechtenstein. L'audience devrait se tenir le 4 juillet devant le tribunal correctionnel de Paris. Sollicité lundi après-midi, son avocat, Me Pierre Haïk, n'a pu être joint dans l'immédiat.

Le parquet national financier (PNF) a délivré début mars une citation directe visant le sénateur Les Républicains de 90 ans, PDG de l'un des fleurons de l'industrie française, a confirmé une source judiciaire. Serge Dassault devra aussi comparaître pour omission de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).

Un système présumé d'achats de voix

Cette instance, chargée de vérifier les situations patrimoniales des élus, avait émis un "doute sérieux" sur "l'exhaustivité, l'exactitude et la sincérité" des déclarations de Serge Dassault, le soupçonnant d'avoir omis de déclarer des avoirs détenus à l'étranger. Le PNF a ouvert une enquête en novembre 2014. En cause, selon une source proche de l'enquête, l'existence présumée de comptes détenus au Liechtenstein et au Luxembourg par l'industriel.

L'existence de "cagnottes" dans ces deux pays avait déjà été évoquée dans le cadre de l'enquête sur un système présumé d'achats de voix lors des campagnes municipales de Corbeil-Essonnes (Essonne) en 2009 et 2010. Une enquête dans laquelle Serge Dassault est mis en examen avec sept autres personnes, dont l'actuel maire, Jean-Pierre Bechter (Les Républicains).

Dassault conteste toute corruption

En octobre 2014, une des personnes poursuivies, Gérard Limat, avait livré un témoignage-clé. "Grand ami" de la famille, il avait confié avoir utilisé deux comptes au Luxembourg, appartenant en réalité au sénateur, pour distribuer jusqu'en 2010 des fonds à des intermédiaires dans le cadre des campagnes à Corbeil.

Les investigations ont notamment montré que près de 4 millions d'euros ont été transférés à partir d'un des comptes vers "des œuvres prétendument caritatives en Algérie et en Tunisie sur la période 2009 et 2010", selon une source proche de l'enquête. "Ce n'est pas mon argent qui a transité dessus (...) Tous ces bénéficiaires m'ont été indiqués par Serge Dassault", avait confié Gérard Limat aux enquêteurs, d'après cette source.

Dans l'enquête menée par les juges d'instruction, plusieurs témoignages accréditent un système d'achat de voix. Si Serge Dassault ne nie pas les dons, il conteste toute corruption et tout lien avec les élections. 


Source : FranceTv Info.fr

Informations complémentaires :

Crashdebug.fr : Vers la guerre civile ?
 

Le témoignage de Rachid, "embauché" pour faire... par leparisien

 

Les derniers jours de Tomas Young, par Chris Hedges

Les derniers jours de Tomas Young, par Chris Hedges

Je suis retombé sur cette poignante histoire.

C’est ça la guerre…

Source : truthdig, le 16/11/2014, Par Chris Hedges

Posté le 16 novembre 2014

 
Tomas Young lit « Un Message d’un ancien combattant mourant, » sa lettre à George W. Bush et Dick Cheney qui a été d’abord publiée sur Truthdig, dans cette copie d’écran de « Démocratie maintenant ! » Avec lui, sa femme, Claudia Cuellar.

En Irak en avril 2004 quand Tomas Young et une vingtaine d’autres soldats américains, voyageant à l’arrière d’un camion de l’armée, ont été pris en embuscade, il a reçu un coup de feu qui l’a laissé paralysé à partir de la taille. Il est mort de ses blessures le 10 novembre 2014, âgé de 34 ans. Ses derniers mois ont été marqués par sa lutte désespérée contre la douleur terrifiante qui a rongé son corps brisé et par la froide indifférence d’un gouvernement qui l’a considéré comme faisant partie de la chair à canon jetable nécessaire à la guerre.

Young a écrit une poignante lettre ouverte à Bush et Cheney au moment du 10e anniversaire du début de la guerre d’Irak. Il savait qu’eux, et d’autres stupides partisans de la guerre, étaient responsables de sa paralysie et de sa mort imminente.

Young, qui n’était en Irak que depuis cinq jours lors de l’attaque de 2004, a été touché par deux balles. L’une l’a frappé au genou et l’autre a coupé sa moelle épinière. Il était déjà cloué au lit quand je lui ai rendu visite en mars 2013 à Kansas City. Il ne pouvait pas s’alimenter lui-même. Il prenait environ 30 pilules par jour. Son corps en partie paralysé avait subi un deuxième choc en mars 2008 lorsqu’un caillot sanguin s’est formé dans son bras droit (qui portait un tatouage coloré d’un personnage de Maurice Sendak “Where the Wild Things Are” [Max et les Maximonstres, NdT]). Il a été emmené à l’hôpital des Anciens Combattants à Kansas City, Missouri, où on lui a donné de la Coumadine, un anticoagulant, puis on l’a laissé sortir. Un mois plus tard l’hôpital lui a supprimé la Coumadine. Le caillot a migré vers un de ses poumons. Il a subi une embolie pulmonaire massive et est entré dans le coma. Quand il s’est réveillé à l’hôpital son langage était inarticulé. Il avait perdu presque toute la mobilité de la partie supérieure de son corps et la mémoire à court terme. Il a commencé à sentir une douleur épouvantable à l’abdomen. Une opération chirurgicale lui a enlevé son colon, afin d’atténuer la douleur abdominale. Il a été appareillé d’un sac de colostomie. La douleur a disparu quelques jours et est ensuite revenue. Il ne pouvait pas garder la plupart des aliments, même sous forme de purée. Les médecins ont dilaté son estomac. Il ne pourrait manger que de la soupe et des flocons d’avoine. Et ensuite il a continué avec un tube d’alimentation.

Young s’est accroché tant qu’il pouvait. Maintenant il est parti. Il a compris ce que les maîtres de guerre lui avaient fait, comment il avait été utilisé et transformé en déchet humain. Il a été un des premiers anciens combattants à protester contre la guerre d’Irak. En projetant de se tuer en coupant son tube d’alimentation, il a écrit une poignante lettre ouverte, « La Dernière Lettre » à George W. Bush et Dick Cheney en mars 2013 au moment du 10e anniversaire du début de l’invasion de l’Irak par les États-Unis. Il savait que Bush et Cheney, ainsi que d’autres stupides va-t-en-guerre, y compris mon ancien employeur le New York Times, étaient responsables de sa paralysie et de son proche décès. Après la publication de la lettre, Young a changé d’avis à propos du suicide, déclarant vouloir avoir plus de temps avec sa femme, Claudia Cuellar, qui a consacré sa vie à prendre soin de lui. Young et Cuellar savaient qu’il n’en avait pas pour longtemps. Le couple se déplacerait de Kansas City à Portland, Oregon, et ensuite à Seattle, où Young est mort.

L’administration des Anciens Combattants, pendant les huit derniers mois de la vie de Young, ont réduit son traitement médicamenteux pour la douleur, l’accusant d’être devenu toxicomane. Une décision qui l’a plongé dans une atroce agonie. L’existence de Young est devenue une bataille constante avec l’Administration des Anciens Combattants. Il a souffert d’infernales « douleurs paroxystiques ». Les AC étaient indifférents. Ils ont réduit sa prescription de médicaments analgésiques de 30 jours à sept jours. Quand les pilules n’arrivaient pas, Young était comme crucifié. Cuellar, dans un échange de plusieurs courriels avec moi depuis la mort de Young, s’est rappelée avoir un jour entendu son mari au téléphone supplier un médecin des AC et finalement lui dire : « Donc vous voulez dire que c’est meilleur pour moi de vivre en souffrant que mourir à cause de médicaments analgésiques dans cet état de handicap ? » La nuit, dit-elle, il gémissait et criait.

« C’était un rapport de forces, » m’a dit Cuellar dans un des courriels. « Nous étions en train de perdre. A Portland on passait notre temps à essayer d’obtenir ce dont nous avions besoin pour être confortablement à la maison et sans souffrance. C’EST TOUT CE QUE NOUS VOULIONS, ÊTRE À LA MAISON ET SANS SOUFFRANCE, profiter de chaque moment qui nous restait. »

Le dernier mois ils se sont déplacés de Portland à Seattle. Ils seraient plus proches d’un bon service pour les blessures de moelle épinière. Washington était aussi un des États qui avaient légalisé la marijuana, dont Young faisait une grande consommation.

Quand j’ai vu Young à Kansas City l’an dernier, il m’a dit qu’il avait pensé à faire disperser ses cendres sur un carré de terrain sur lequel serait plantée de la marijuana, « mais alors j’ai eu peur que personne ne veuille la fumer. » Après qu’ils se soient déplacés vers Seattle, lui et Cuellar ont de nouveau supplié les AC pour avoir plus de médicaments analgésiques, mais l’équipe des AC a dit que Young devrait être évalué après une période de deux semaines par « une équipe spécialisée en soins palliatifs ». L’équipe de soins palliatifs ne pouvait pas le voir avant la dernière semaine de novembre. Il est mort avant.

« La semaine dernière j’ai appelé parce que la douleur horrible a réapparu pendant toute la journée, » a dit Cuellar dans un courriel. « J’utilisais de plus en plus de morphine et de Lorazepam. J’étais à court de pilules. Il avait une grande résistance à la souffrance, mais cela empirait. J’ai appelé pour signaler au médecin que cela empirait rapidement. Je n’aurais pas assez de pilules jusqu’au rendez-vous du 24. Le docteur était indifférent. Il m’a donné un cours condescendant sur les règles strictes appliquées aux stupéfiants. J’ai dit “mais mon mari souffre, qu’est-ce que je fais ?” »

Young a essayé de prendre assez de somnifères pour endormir la douleur. Mais il ne pouvait se reposer un certain temps qu’à des intervalles de quelques jours. La douleur et l’épuisement ont commencé à détruire son corps frêle. Il était déprimé. Il s’affaiblissait visiblement. Il se sentait humilié.

« Peut-être qu’endurer tout cela l’avait tant épuisé qu’il n’est jamais revenu de son dernier sommeil, » a écrit Cuellar. « Ma conclusion est qu’il est mort de douleur en s’épuisant à la combattre. Lundi matin de bonne heure, quand je pensais qu’il dormait, j’ai entendu un silence que je n’avais jamais entendu auparavant. Je ne pouvais pas entendre sa respiration. J’ai eu peur, mais je savais. La première chose que j’ai faite a été de le libérer de tous les tubes et les sacs de son corps. J’ai coupé le tube d’alimentation. J’ai enlevé les sacs Ostomy. J’ai enlevé le cathéter Foley. J’ai nettoyé son corps. J’ai joué de la musique. Nous avons fumé un dernier joint ensemble. J’ai fumé à sa place. J’ai commencé à passer des coups de téléphone. »

« Les pompes funèbres m’ont chargée d’appeler la police, » écrivit-elle. « Ils sont arrivés et ont conclu qu’il n’y avait pas de problème, mais étant donné son jeune âge ils ont dû se référer au médecin légiste. Le médecin légiste est venu. Il a tranché qu’en raison de son âge, ils devraient effectuer une autopsie. J’ai dit, « Eh ! Regardez son corps, ne pensez-vous pas qu’il a été assez mutilé ? Allez-vous profaner son corps encore plus ? » Il a donc été découpé un peu plus. »

Le bureau des Anciens Combattants l’a appelée pour demander le rapport d’autopsie.

Les derniers jours de Young, a déclaré Cuellar, étaient souvent « désespérés et humiliants ».

C’est une vieille histoire. C’est l’histoire de la guerre. Deux jours après les attaques du 11 septembre, Young s’enrôla dans l’armée, espérant il serait envoyé se battre en Afghanistan. Il a été séduit par le chauvinisme et les appels à une croisade contre le mal, qui, a-t-il finalement réalisé, étaient le masque de mensonges et de tromperie. Il est devenu une voix pour d’autres jeunes qui ont porté les cicatrices physiques et émotionnelles de la guerre. Il est devenu notre conscience. Il a exprimé une vérité sur la guerre, une vérité que beaucoup ne veulent pas entendre. Et il a condamné nos criminels de guerre et a exigé justice. Il a écrit dans sa « Dernière Lettre » à Bush et Cheney :

J’ai souffert, comme beaucoup d’autres anciens combattants handicapés, de soins inadéquats et souvent médiocres fournis par l’Administration des Anciens Combattants. Je me suis rendu compte, comme beaucoup d’autres anciens combattants handicapés, que nos blessures mentales et physiques ne sont d’aucun intérêt pour vous, peut-être d’aucun intérêt pour aucun politicien. Nous avons été utilisés. Nous avons été trahis. Et nous avons été abandonnés. Vous, M. Bush, prétendez à grand bruit être un chrétien. Mais le mensonge n’est-il pas un péché ? Le meurtre n’est-il pas un péché ? Le vol et l’ambition égoïste ne sont-ils pas des péchés ? Je ne suis pas un chrétien. Mais je crois en l’idéal chrétien. Je crois que ce que vous faites au moindre de vos frères, vous le faites finalement à vous, à votre propre âme.

Mon jour du jugement dernier approche. Le vôtre viendra. J’espère que vous passerez en jugement. Mais surtout j’espère, pour votre salut, que vous trouverez le courage moral de faire face à ce que vous m’avez fait et à beaucoup, beaucoup d’autres qui méritaient de vivre. J’espère qu’avant la fin de votre temps sur Terre, comme le mien se termine maintenant, vous trouverez la force de caractère de faire face au public américain, au monde et en particulier aux Irakiens, et demanderez pardon.

Nous devons pleurer pour Tomas Young, pour tous les hommes et toutes les femmes gravement blessés qui se dissimulent dans des pièces isolées, pour y subir leurs intimes souffrances, pour leurs familles, pour des centaines de milliers de civils morts en Irak et en Afghanistan, pour notre propre complicité dans ces guerres. Nous devons pleurer une nation qui s’est égarée, aveuglée par la psychose de guerre permanente, qui tue des êtres humains à travers le monde comme s’ils n’étaient guère plus que des insectes. C’est un gâchis. Nous partirons battus d’Irak et d’Afghanistan ; nous partirons accablés par une dépense de trillions de dollars et responsables d’amas de cadavres et de nations en ruine. Young, et là est la tragédie, a été sacrifié pour rien. Seuls les maîtres de guerre, ceux qui ont profité des fleuves de sang, se réjouissent. Et ils savent que les morts ne peuvent pas parler.

« Quelqu’un n’est-il jamais revenu des morts, un seul parmi les millions qui ont été tués, l’un d’eux n’est-il jamais revenu pour dire Dieu, que je suis heureux d’être mort car la mort est toujours meilleure que le déshonneur ? » a écrit Dalton Trumbo dans son grand roman contre la guerre, « Johnny got his gun », « ont-ils dit que je suis heureux d’être mort pour sauvegarder la démocratie mondiale ? Ont-ils dit que je préfère la mort à la perte de la liberté ? L’un d’eux n’a-t-il jamais dit que c’est bon de penser que mes boyaux ont éclaté pour l’honneur de mon pays ? L’un d’eux n’a-t-il jamais dit, regarde-moi, je suis mort mais je suis mort au nom de la dignité et ça vaut mieux qu’être vivant ? L’un d’eux n’a-t-il jamais dit me voilà, j’ai pourri pendant deux ans dans une tombe étrangère mais il est merveilleux de mourir pour sa terre natale ? L’un d’eux n’a-t-il dit, hourra, je suis mort pour les femmes et je suis heureux de voir comme je chante, bien que ma bouche soit étouffée par les vers ? »

Source : truthdig, le 16/11/2014

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Le soldat en colère

Source : counterpunch, le 17/11/2014

Le 17 novembre 2014

Par Ralph Nader

Le courageux voyage de l’ancien combattant de la Guerre d’Irak grièvement blessé, Tomas Young, a pris fin lundi dernier, presque onze ans après qu’il ait été pris en embuscade dans un camion militaire complètement exposé. Il est décédé à Seattle, affectueusement soigné par sa femme Claudia.

Tomas ne s’en est pas allé sans bruit, malgré le bas de son corps paralysé, la douleur torturante, les comas et la dépendance au personnel soignant. Il est devenu un militant pacifiste contre la guerre, envoyant des convocations et répondant à autant de demandes d’entretien que son état qui le torturait le lui permettait.

J’ai eu des renseignements sur Tomas quand sa mère, Cathy Smith, m’a appelé de l’hôpital militaire Walter Reed en 2004, où son fils était soigné. Elle a dit que Tomas aimait lire et voulait que je lui rende visite. J’ai appelé le légendaire présentateur de talk-show Phil Donahue et lui ai demandé de se joindre à moi pour apporter à Tomas une pleine caisse remplie d’une trentaine de livres. Nous avons appris qu’il s’était enrôlé dans l’armée deux jours après les attaques du 11 septembre, parce qu’il voulait aider à traduire en justice les criminels responsables de ces attaques et aussi pour se constituer quelques économies pour aller à l’université. Au lieu de cela, il a été envoyé en Irak, qui n’avait aucun rapport avec le 11 septembre ni avec aucune menace sur la sécurité nationale aux États-Unis. Selon ses propres mots, « Nous avons été utilisés. Nous avons été trahis. Et nous avons été abandonnés. »

Phil a été si touché par son histoire qu’il est resté en contact étroit avec Tomas et sa famille et l’a aidé à diffuser son histoire. Avec Ellen Spiro, Phil Donahue a produit un documentaire frappant fondé sur l’histoire de Tomas, « Body of War », en 2007. L’histoire reposait sur les atroces expériences de Tomas Young, lequel a réussi à se déplacer pour quelques projections du film afin de soutenir les soldats « s’exprimant contre cette guerre. »

Un des clips les plus mémorables de « Body of War » montrait George W. Bush plaisantant et cherchant autour de lui des armes de destruction massive (sa meurtrière invention) au dîner des correspondants de radio et de télévision en 2004.

Une autre scène mémorable, de celles qui élèvent l’esprit humain, a été l’échange personnel entre le sénateur Robert Byrd (Démocrate – Ouest Virginie) et Tomas, pendant qu’un enregistrement de Tomas et du sénateur Byrd lisant la liste des sénateurs qui annonçaient leur vote contre l’invasion de l’Irak était diffusé en arrière-plan. Le sénateur Byrd a estimé que ces législateurs étaient « les 23 immortels. »

Après avoir reçu l’appel qu’il avait redouté pendant dix ans, Phil m’a dit que le corps et l’esprit de Tomas « ont accusé tous les coups » mais qu’il s’est battu pour vivre plus d’une décennie. Phil s’était engagé dans ces dix ans de survie héroïque, en l’aidant dans sa quête pour obtenir une amélioration des services médicaux et de la réadaptation, en l’encourageant à continuer à aller de l’avant et en facilitant la voix de Tomas Young à trouver sa place dans les annales de l’histoire. Cette amitié qui s’est développée à partir d’une situation aussi désespérée est un livre en soi.

C’était à l’approche du 10e anniversaire de la guerre d’Irak que, près de mourir et hospitalisé, Tomas Young a envoyé une « Dernière Lettre » à George W. Bush et Dick Cheney. Voici certaines des paroles accablantes de cette lettre, que, bien sûr, ni les deux criminels de guerre ni leur personnel financé par le contribuable ne se sont donné la peine de même reconnaître.

“Je vous écris cette lettre pour le 10è anniversaire de la guerre en Irak au nom de mes collègues vétérans de la guerre en Irak. Je vous écris cette lettre au nom des 4 488 soldats et Marines qui sont morts en Irak. Je vous écris cette lettre au nom des centaines de milliers de vétérans qui ont été blessés et au nom de ceux dont les blessures, physiques et psychologiques, ont détruit leur vie. Je suis l'un de ces blessés graves. J'ai été paralysé dans une embuscade d'insurgés en 2004 à Sadr. Ma vie touche à sa fin. Je vis en soins palliatifs.

Je vous écris cette lettre au nom des maris et des femmes qui ont perdu leurs époux, au nom des enfants qui ont perdu un parent, au nom des pères et des mères qui ont perdu des fils et des filles et au nom de ceux qui prennent soin des milliers de mes camarades vétérans qui ont des lésions cérébrales. Je vous écris cette lettre au nom de ces vétérans dont le trauma et l'auto-répulsion pour ce qu'ils ont vu, enduré et fait en Irak ont conduit au suicide et au nom des soldats en service et des Marines qui commettent, en moyenne, un suicide par jour. Je vous écris cette lettre au nom de près des un million de morts Irakiens et au nom des innombrables blessés Irakiens. Je vous écris cette lettre au nom de nous tous – les détritus humains que votre guerre a laissés derrière elle, ceux qui passeront leur vie dans une douleur et un chagrin sans fin.

Je vous écris cette lettre, ma dernière lettre, M. Bush et M. Cheney. Je ne vous écris pas parce que je pense que vous saisissez les terribles conséquences humaines et morales de vos mensonges, de vos manipulations et de votre soif de richesse et de pouvoir. Je vous écris cette lettre parce que, avant ma propre mort, je veux qu'il soit clair que moi, et les centaines de mes camarades anciens combattants, ainsi que des millions de mes concitoyens, comme les centaines de millions d'autres en Irak et au Moyen Orient, sachent réellement qui vous êtes et ce que vous avez fait. Vous pouvez échappez à la justice mais à nos yeux vous êtes chacun coupable de crimes de guerre flagrants, de pillages et, finalement, d'assassinats, y compris l'assassinat de milliers de jeunes Américains – mes camarades vétérans – dont vous avez volé l'avenir.

Vos postes de dirigeants, vos millions de dollars de richesse personnelle, vos consultants en relations publiques, vos privilèges et votre pouvoir ne peuvent masquer la vacuité de votre caractère. Vous nous avez envoyé combattre et mourir en Irak après que vous, M. Cheney, ayez esquivé la conscription pour le Vietnam, et vous, M. Bush, vous vous soyez porté AWOL (« absent without official leave » c'est-à -dire « absent sans permission officielle », synonyme dans le langage militaire de désertion – NDT) de votre unité de la Garde Nationale. Votre lâcheté et votre égoïsme ont été démontrés il y a des années. Vous n'étiez pas prêts à risquer votre vie pour notre nation mais vous avez envoyé des centaines de milliers de jeunes hommes et de femmes se sacrifier dans une guerre insensée, sans plus de réflexion qu'il n'en faut pour sortir les poubelles.

J'ai rejoint l'armée deux jours après les attaques du 11 septembre. J'ai rejoint l'armée parce que notre pays avait été attaqué. Je voulais riposter à ceux qui avaient tué près de 3 000 de mes concitoyens. Je n'ai pas rejoint l'armée pour aller en Irak, un pays qui n'avait pas pris part aux attentats du 11 septembre 2001 et ne constituait aucune menace à ses voisins, encore moins pour les Etats-Unis. Je n'ai pas rejoint l'armée pour « libérer » les Irakiens ou pour fermer les installations mythiques d'armes de destruction massive ou pour implanter ce que vous avez appelé cyniquement la « démocratie » à Bagdad et au Moyen-Orient. Je n'ai pas rejoint l'armée pour reconstruire l'Irak, dont vous avez prétendu à l'époque qu'il pourrait être payé par les ressources pétrolières de l'Irak. Au lieu de cela, cette guerre a coûté aux Etats-Unis environ 3000 milliards de dollars. Je n'ai surtout pas rejoint l'armée pour mener à bien une guerre préventive. La guerre préventive est illégale au regard du droit international. Et en tant que soldat en Irak, je le sais maintenant, j'étais complice de votre stupidité et de vos crimes. La guerre en Irak est la plus grande erreur stratégique de l'histoire américaine. Elle a fracassé l'équilibre des forces au Moyen-Orient. Elle a installé un gouvernement pro-iranien corrompu et brutal à Bagdad, installé solidement au pouvoir par la torture des escadrons de la mort et la terreur. Et elle a laissé l'Iran comme une puissance dominante de la région. A tous points de vue – moral, stratégique, militaire et économique, l'Irak a été un échec. Et c'est vous, M. Bush et M. Cheney, qui avez commencé cette guerre. C'est vous qui devriez en payer les conséquences.

Je n'écrirais pas cette lettre si j'avais été blessé en combattant en Afghanistan contre ces forces qui ont perpétré les attentats du 11 septembre. Si j'avais été blessé là -bas, je serais quand même malheureux à cause de ma détérioration physique et de ma mort imminente, mais j'aurais au moins la consolation de savoir que mes blessures seraient la conséquence de ma propre décision à défendre le pays que j'aime. Je ne serais pas obligé de rester couché dans mon lit, le corps rempli d'analgésiques, en train de mourir et d'avoir à faire face à des centaines de milliers d'êtres humains, y compris des enfants, y compris moi-même, qui ont été sacrifiés par vous pour rien de plus que la cupidité des compagnies pétrolières, votre alliance avec les émirs du pétrole d'Arabie Saoudite et votre folle vision de l'empire.

J'ai souffert, comme beaucoup d'autres anciens combattants handicapés, des insuffisances de soins souvent ineptes fournis par l'administration des vétérans. J'ai fini par réaliser, comme beaucoup d'autres anciens combattants handicapés, que nos blessures mentales et physiques ne sont d'aucun intérêt pour vous, peut-être d'aucun intérêt pour n'importe quel politicien. Nous avons été utilisés. Nous avons été trahis. Et nous avons été abandonnés. Vous, M. Bush, feignez beaucoup d'être chrétien. Mais mentir n'est-il pas un péché ? Tuer n'est-ce pas un péché ? Le vol et l'égoïsme ne sont-ils pas un péché ? Je ne suis pas chrétien. Mais je crois dans l'idéal chrétien. Je crois que ce que vous faites au plus insignifiant de vos frères vous le faites en définitive à vous-même, à votre propre âme.

Mon jour du jugement dernier approche. Le vôtre viendra. J'espère que vous serez envoyé devant un tribunal. J'espère que, pour le salut de votre âme, vous trouverez le courage moral pour affronter ce que vous avez fait, à moi et à beaucoup, beaucoup d'autres qui méritent de vivre. J'espère qu'avant que votre vie sur terre prenne fin, comme la mienne s'achève à présent, vous trouverez la force de caractère pour vous présenter devant le public américain et devant le monde, et en particulier devant le peuple Irakien, pour implorer leur pardon.”

bsp;

Dans les annales de l’histoire militaire, le courage moral est beaucoup plus rare que le courage physique, en partie à cause des sanctions durables contre les dissidents et ceux qui parlent vrai aux puissants à propos des fautes de notre propre société. Tomas Young avait un courage tant moral que physique. À l’avenir, son exemple devrait être suivi par les jeunes soldats lorsque leurs politiciens gravement déficients ordonneront de faire le sacrifice suprême pour les folies et les ambitions illégales de leurs chefs.

Source : counterpunch, le 17/11/2014

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Assad va partir (mais prévoir un délai svp..)

Assad va partir (mais prévoir un délai svp..)

13 mars 2016 :

assad-11

Ah les “modérés”…

Rappels

2011 :

assad-11

On notera la franchise “communauté internationale = UE + USA”

2012 :

assad-11

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assad-11

assad-11

2015 :

assad-11

assad-11

assad-11

On appréciera le démocratique “il est hors de question qu’Assad se présente aux élections” – tu m’étonnes…

Encore un “fanatique” :

assad-11

assad-11

Épilogue à propos du livre de Malbrunot :

assad-11

On comprend mieux – quelle importance a la réalité… ?

Jamal Maarouf : « L’Armée syrienne libre est sous la coupe d’Al-Nosra »

Jamal Maarouf : « L'Armée syrienne libre est sous la coupe d'Al-Nosra »

Source : Le Monde, Benjamin Barthe, 15-03-2016

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Jamal Ma’arouf, ici le 16 juin 2013 dans la province d’Idlib. DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Au sein de l'opposition syrienne, le nom de Jamal Maarouf suscite des commentaires diamétralement opposés. Certains sont reconnaissants à cet ex-ouvrier du bâtiment, qui commanda le Front des révolutionnaires syriens (FRS), une brigade rebelle modérée, d'avoir été le principal artisan de « la deuxième révolution syrienne », à savoir l'expulsion des djihadistes de l'Etat islamique (EI) des provinces d'Idlib, de Hama et de la ville d'Alep, en janvier 2014.

D'autres, vouent aux gémonies ce chef de guerre de 41 ans, éphémère favori de l'Arabie saoudite et des Américains, qui a sali l'image de la révolution et contribué à affaiblir son bras militaire, l'Armée syrienne libre (ASL), en se livrant à des exactions dans les régions sous son contrôle. Depuis son exil forcé en Turquie, à l'automne 2014, suite à l'écrasement de ses troupes par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaida, Jamal Maarouf était resté quasiment silencieux. Le Monde l'a rencontré en janvier dans une banlieue du sud de la Turquie où il réside. 22[…]

N'avez-vous pas vous-même contribué à cette situation ? On vous a accusé de racket, de trafic de pétrole et même d'avoir éliminé certains de vos opposants au sein de la rébellion.

Ces accusations ne reposent sur aucune preuve. Je n'ai pas de compte en banque, même pas d'appartement à moi, ni ici ni en Syrie. C'est le gouvernement turc qui me loge, me nourrit et pourvoit à toutes mes dépenses. Si quelqu'un pense que je suis corrompu, qu'il porte plainte et je répondrai devant un tribunal. Quant aux accusations d'assassinats, formulées par Nosra [les djihadistes s'étaient filmés en train de sortir des cadavres d'un puits, dans le QG de Maarouf, dans la province d'Idlib], c'est un stratagème pour me salir. Ce sont eux qui ont jeté des corps dans le puits. Où sont les parents de ces morts dont on m'accuse ?
Quant aux accusations d'assassinats, formulées par Nosra, c'est un stratagème pour me salir

Avez-vous gardé des contacts avec l'Arabie saoudite et les Etats-Unis qui vous ont armé et financé pendant un temps ?

Le MOM [la cellule de soutien aux rebelles, installée en Turquie, sous l'égide des services secrets américains] a cessé tout soutien le jour où j'ai fui en Turquie. Depuis, je n'ai plus eu de contact avec les Américains et les Saoudiens. A vrai dire, ils m'ont complètement lâché. Ils savaient que j'étais assiégé par Nosra. J'ai appelé le MOM et j'ai demandé des bombardements sur les positions de Nosra, en leur fournissant des coordonnées GPS. Mais ils n'ont pas réagi. Seule la Turquie a facilité ma fuite, en ouvrant la frontière sur mon passage.

Quels types de soutien receviez-vous du MOM ?

Aujourd'hui, l'ASL est sous la coupe de Nosra

Un soutien financier essentiellement. De juillet à octobre 2014, on a reçu chaque mois la somme de 250 000 dollars, à diviser entre 4 500 combattants, soit environ 50 dollars par personne. Le soutien militaire était plus faible. Ils nous fournissaient des balles principalement. On avait déjà des armes, qui provenaient pour l'essentiel des entrepôts du régime, dont nous nous étions emparés. Nous avons reçu une seule cargaison de missiles anti-tanks TOW [livrés par l'Arabie saoudite, avec l'assentiment de la CIA]. Il y en avait dix. L'offensive contre l'EI, en janvier 2014, a été menée sans le moindre soutien international. Pas une seule brigade de l'ASL n'a pu rééditer ce que nous avons fait à cette époque. Car aujourd'hui, l'ASL est sous la coupe de Nosra.

Que voulez-vous dire ?

Les chefs actuels de l'ASL sont obligés de composer avec Nosra, qui prélève une partie de l'aide humanitaire et militaire qui leur est envoyée. Les leaders de Nosra leur laissent les missiles TOW car ils ne sont pas bêtes. Ils savent que s'ils les saisissent, les livraisons cesseront aussitôt. Et ils ont besoin de ces missiles pour détruire les tanks du régime. En gros, Nosra dit à l'ASL où et comment les utiliser. Les principaux chefs de l'ASL, comme Farès Bayoush et Ahmed As-Saoud [le chef de la « divison 13 », dont les bases à Maaret Al-Nouman ont été récemment saisies par Nosra] sont obligés de se faire tout petits. L'ASL est terriblement handicapée, mais c'est toujours mieux que rien.

Suite à lire sur  Le Monde, Benjamin Barthe, 15-03-2016