lundi 21 mars 2016
[Propagande] Trop fort Bruno Denaes, le médiateur de Radio France !
[Propagande] Trop fort Bruno Denaes, le médiateur de Radio France !
Petit coup de gueule du soir. Radio France dispose d’un médiateur pour “porter votre parole auprès des unités de programmes et des rédactions.” Après un nouvel accès de racisme ordinaire anti-russe sur les ondes, un auditeur a réagi en saisissant le médiateur :
Demander une pluralité de vues pour mieux comprendre les problèmes complexes actuels ? Quel rêveur ! Voici la réponse de Bruno Denaes, nouveau médiateur de Radio France :
J’avoue avoie été scié – mais bon, après tout, le médiateur ne s’informe-t-il qu’en écoutant Radio France, ce qui doit expliquer tout ceci… Je précise que Bruno Denaes a été rédacteur en chef en charge de la journée, et qu’il intervient régulièrement à l'Institut de journalisme de Bordeaux-Aquitaine, de l'Ecole de journalisme de Toulouse et de l'ESJ Lille.
Je rappellerai que, bien évidemment, comme l’explique Chomsky par exemple (il est enseigné à l’ESJ ?), les médias de chaque pays réalisent une propagande qui va dans le sens de leur gouvernement. Et que, oui, la propagande en Russie est souvent plus intense que chez nous – la différence étant cependant que les Russes, eux, on facilement accès à des sources alternatives étrangères… Mais la propagande en Russie est le problème des Russes, le nôtre est de limiter au maximum celle que nous subissons en France – a fortiori si elle est subventionnée par nos propres impôts… Alors pour répondre à cette prose, je rappellerai par exemple :
Et je re-précise qu’on peut dire ceci sans être le moins du monde un soutien de Vladimir Poutine – il suffit juste d’avoir une certaine idée de l’éthique de la profession de journaliste. Bref, M. Denaes, n’hésitez pas à demander qu’on invite au hasard, Jacques Sapir, Pascal Boniface, Fabrice Balanche, Frédéric Pichon, Georges Malbrunot – vous allez apprendre plein de trucs ! Sans rancune – on compte vraiment sur vous – il n’y a pas de Démocratie sans Pluralisme…
Alors, si vous aussi vous avez des choses à dire au Médiateur, n’hésitez pas, on peut lui écrire ici, ou le contacter sur Twitter ici – c’est important de ne pas laisser passer… |
URL: http://www.les-crises.fr/propagande-trop-fort-bruno-denaes-le-mediateur-de-radio-france/
Près de 90 % des Français(es) jugent la politique économique du gouvernement mauvaise...
Près de 90 % des Français(es) jugent la politique économique du gouvernement mauvaise...
Si tout le monde est d'accord qu'est-ce que l'on attend pour les virer ???![]() Le Premier ministre Manuel Valls (c) accompagné de la ministre du Travail Myriam El Khomri, et du ministre de l'Économie Emmanuel Macron, à Matignon à Paris, le 11 mars 2016 - THOMAS SAMSON AFP Leur opinion est ferme et sévère. Près de neuf Français sur 10 jugent «mauvaise» la politique économique du gouvernement, mais une majorité d'entre eux préfère le ministre de l'Economie Emmanuel Macron au Premier ministre Manuel Valls, selon un sondage Odoxa pour les Echos à paraître lundi.Selon cette enquête réalisée pour le quotidien économique et Radio Classique auprès de 1016 personnes de 18 ans et plus les 17 et 18 mars, 87% des Français jugent la politique économique du gouvernement «plutôt mauvaise» ou «très mauvaise». Les patrons jugés gagnants de la politique du gouvernementUn chiffre préoccupant pour le chef de l'Etat à un an de la présidentielle et de sa possible candidature à un nouveau mandat, note Gaël Sliman, président d'Odoxa. A titre de comparaison, en mars 2011, sous Nicolas Sarkozy, 75% des Français jugeaient sa politique économique «mauvaise». Ce chiffre de mars 2016 est très proche de celui de décembre 2014, rappelé par Odoxa, quand 86% des sondés avaient une mauvaise opinion de la politique économique. Une majorité de Français estime que les grands gagnants de cette politique sont les chefs d'entreprise (58%), suivis des salariés du secteur public (44%) puis des chômeurs (40%). Macron reste appréciéPour autant, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron reste apprécié : 61% des Français le préfèrent à Manuel Valls, contre 34% qui préfèrent ce dernier. Une nette amélioration par rapport à novembre 2015, où ils étaient 48% à le préférer au chef du gouvernement, contre 46% se disant en faveur de M. Valls. Enfin, 86% des personnes interrogées ne croient pas en la volonté réformatrice du gouvernement en 2016, et estiment que ce sera une année blanche en termes de réformes. Source : 20minutes.fr Informations complémentaires : Crashdebug.fr : L'Union européenne était une idée AMÉRICAINE... Crashdebug.fr : Olivier Delamarche : « Aujourd'hui, économiquement on est géré par des guignols ! » Crashdebug.fr : L'éclatante faillite du nouveau credo, par Maurice Allais (1999) Crashdebug.fr : La route vers la démocratie... |
Elections américaines : les positions des candidats sur 44 questions par Stephane Trano
Elections américaines : les positions des candidats sur 44 questions par Stephane Trano
Source : Marianne, Stephane Trano, 14-03-2016 Il est temps de se pencher sur les programmes des candidats à la présidence américaine. A la veille d’un nouveau “Super Tuesday”, voici l’état de leurs propositions
© Stéphane Trano / Marianne – Mars 2016 – Mention Obligatoire Super Tuesday – Mardi 15 Mars 2016: Les EnjeuxNombre de délégués acquis au 14 Mars 2016 Nombre de délégués à élire
TOTAL: Républicains: 367 Démocrates: 792 A NOTERLa journée est particulièrement importante car elle marque l’une des premières fois où le gagnant peut remporter tous les délégués d’un État. Les primaires passées attribuaient les délégués proportionnellement, le candidat ayant le plus de votes obtenant le plus de délégués. Le 15 Mars, le candidat obtenant le plus de votes remporte tous les délégués en Floride, dans le Missouri et dans l’Ohio. Source : Marianne, Stephane Trano, 14-03-2016 |
Ivan Budenchyk, activiste du Maïdan : “C’est vrai, je leur ai tiré derrière la tête”
Ivan Budenchyk, activiste du Maïdan : "C'est vrai, je leur ai tiré derrière la tête"
Source : Bird In Flight, le 19/02/2016 IVAN SIIAK, le 19 février 2016Le 20 février 2014, le jour où les manifestants se sont fait tirer dessus dans la rue Instytutska, les premières personnes qui sont mortes n’étaient pas des activistes du Maïdan, mais des officiers de police des forces spéciales du Berkout. Ivan Bubenchyk, de Lviv, déclare qu’ils ont été abattus par son fusil. Ivan Siyak l’a rencontré pour écouter son histoire. Il n’y a pas de date plus importante dans l’histoire moderne de l’Ukraine que le 20 février 2014. Ce jour-là dans les rues de Kiev, 48 activistes du Maïdan et 4 officiers de police se sont fait tuer. Peu de temps après, le président de l’époque, Viktor Ianoukovytch fuit le pays, l’annexion de la Crimée commença, et après cela, la guerre au Donbass. Si nous généralisons, c’est le jour qui prédestina l’Ukraine à perdre 7% de son territoire et plusieurs milliers de vies. Personne ne pouvait rien savoir de cela au petit matin du 20 février. Après deux jours de combat acharné avec la police, qui donna lieu à la mort de 31 activistes et 8 membres des forces de l’ordre, les manifestants étaient laissés avec beaucoup moins de terrain. La police maintenait des positions au sein même de la place Maïdan. Il n’y avait aucun doute sur le fait que la prochaine attaque mettrait un terme au soulèvement, et qu’alors dans les futurs livres d’école ils appelleraient cela rien de plus que des “révoltes de masse”. “Ses actions tactiques ciblées ont fait fuir les forces de l’ordre et ont empêché le péril de la Révolution de la Dignité” – le Wikipedia ukrainien est vague à propos du rôle d’Ivan Bubenchyk dans l’histoire. Il donna le premier récit détaillé de ses agissements en ce jour dans le film Captifs de Volodymyr Tykhyy. L’avant-première de ce documentaire s’est déjà déroulée et il sera à l’affiche des cinémas ukrainiens le 25 février. Juste avant l’avant-première, Ivan Siyak rencontra Ivan Bubenchyk à Maïdan pour écouter son récit des événements. Ivan Bubenchyk. Ivan Bubenchyk parle ukrainien, la traduction a été réalisée par Bird In Flight. Je veux ouvrir une école de pêche pour les enfants. C’est ce que je faisais avant Maïdan. Quand à Lviv les étudiants manifestaient contre Ianoukovytch, je suis venu pour les soutenir. Tout le monde disait que nous devions aller à Kiev, donc j’y suis allé. C’est difficile de se souvenir des dates, mais c’était le premier jour. J’ai été à la Place Maïdan dès le premier jour. Au début, nous nous tenions près du Monument de l’Indépendance et on gardait les étudiants. Plus tard, des “centaines” se sont formées, et j’ai joint la Neuvième centaine. J’habitais dans la rue Honchara, dans le bâtiment du Mouvement Populaire d’Ukraine (Roukh) (parti politique nationaliste de centre droit, fondé en 1989 comme mouvement politique citoyen – Ed.), et chaque nuit à 23h30 nous venions pour garder le métro sous Maïdan. Nous contrôlions toutes les sorties car les officiers des services spéciaux pouvaient en sortir à tout moment pour tenter un quelconque sabotage ou simplement pour nous disperser. Je me souviens qu’il y avait des troupes nationales dans la rue Hrushevskoho, ils ne nous laissaient pas remonter [vers le quartier des bâtiments gouvernementaux]. Nous sommes venus avec une lettre qui disait que nous étions citoyens de l’Ukraine et que nous pouvions nous déplacer librement à l’intérieur du territoire de notre pays. Nous avons dit que si nous ne pouvions pas exercer ce droit d’ici au lendemain, nous attaquerions. Et c’est ce qui s’est passé. Le jour suivant il y eut des pierres et des cocktails Molotov. Le 20 février les services spéciaux de Ianoukovytch ont tout fait pour éliminer le Maïdan. Ils ont brûlé le bâtiment des Syndicats, qui était très important pour nous. Nous vivions et dormions là, utilisions les toilettes, mangions, et recevions des soins médicaux. Après qu’ils l’eurent fait, le matin suivant Dieu nous donna l’opportunité d’entrer dans le Conservatoire de Musique. Nous avons aidé un enfant Rom à entrer par la fenêtre. Il ouvrit les portes de l’intérieur. Nous pouvions dormir un peu là. Certains dormirent une heure, d’autres une demi-heure – nous ne pouvions pas dormir plus avec tout le bruit terrible qu’ils nous infligeaient. Tout le monde était désespéré sauf moi. J’ai une forte croyance dans le pouvoir et la justice de Dieu. Dans le Conservatoire de Musique, il y avait des gars avec des fusils de chasse. Ils tiraient à la grenaille sur les forces spéciales qui étaient à environ 70 mètres de nous. Mais je les ai chassés des fenêtres, alors que la police a commencé à nous lancer des cocktails Molotov afin de brûler notre unique refuge. Les tirs de grenaille les irritaient. A ce moment-là, je priais pour 40 fusils automatiques pour Maïdan. Après quelque temps j’ai réalisé que j’en demandais trop. Alors j’en ai demandé vingt. Le matin du 20 février, ce gars est venu et a apporté une kalachnikov dans un sac de tennis et 75 cartouches. Beaucoup aimeraient entendre que l’on a pris le fusil aux titushkas (mercenaires qui soutenaient les forces de police – Ed.) pendant les affrontements du 18 février. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. 1. Batiment des Syndicats. 2. Les barricades telles qu’elles étaient le 20 février. 3. Position de Bubenchyk. 4. Là où les forces de police étaient situées. 5. Là où les activistes se sont fait tirer dessus dans la rue Instytutska. Je tirais depuis la fenêtre qui donnait sur Maïdan, derrière les colonnes au deuxième étage. Je pouvais voir clairement les officiers de police avec leurs boucliers au Monument de l’Indépendance. Il y en avait à peu près deux cents là-bas derrière les sacs de sable, il n’y avait pas de place pour plus. Des groupes d’assaut avec des fusils à pompe était en train d’avancer de là-bas. Ils tiraient à bout portant sur les barricades, sans aucune honte. Je visais ceux qui dirigeaient. Je ne pouvais pas les entendre, mais je voyais leurs gestes. La distance était courte, alors pour deux commandants j’avais seulement besoin de deux tirs. J’ai appris à tirer quand j’étais dans l’Armée soviétique. J’ai étudié à leur école du renseignement militaire. Nous étions entraînés pour des opérations en Afghanistan et dans d’autres zones de conflits. Ils disent que je leur ai tiré derrière la tête, et c’est vrai. Il se trouve qu’ils se tenaient debout en me tournant le dos. Je n’avais pas le temps d’attendre qu’ils se retournent. Après Dieu les a tournés dans ce sens, et c’est de cette manière que cela a été fait. Il n’y avait pas besoin de tuer les autres, seulement leur tirer dans les jambes. Je suis sorti du conservatoire de musique et j’ai commencé à me déplacer le long des barricades. Alors que je leur tirais dessus, je voulais que la police croie qu’on avait vingt ou quarante fusils. J’ai demandé aux gars de créer des petites brèches dans leurs boucliers pour moi. Cela peut être désagréable à entendre pour certaines personnes… mais ils en pleuraient de joie. Ils savaient qu’on ne pouvait pas tenir sans armes. La distance était courte, alors pour deux commandants j’avais seulement besoin de deux tirs. J’ai rejoint le bâtiment des Syndicats et je n’avais plus de cartouches. Cependant, ça avait déjà marché, et la police commençait à courir. Ils ont tout laissé derrière. Ils se grimpaient dessus comme des rats. Les unités de police ne pouvaient pas toutes échapper aux militants. Les gars ont escaladé les barricades et les ont poursuivis. Ils ont fait des groupes de dix ou vingt prisonniers et les ont conduits derrière Maïdan, à l’Hôtel de Ville de Kiev. En revanche, les plus courageux de nos héros ont continué à poursuivre la police dans la rue Instytutska, et très rapidement la police a reçu l’ordre de tirer sur les militants. Ce fut un moment difficile, quand j’ai réalisé que je pouvais arrêter la fusillade. Différentes personnes à Maïdan – je ne vous dirais pas qui ils étaient, mais ils avaient du poids – m’ont promis des cartouches. Je les ai crues, j’ai couru d’un endroit à un autre… C’était les minutes les plus difficiles de ma vie, j’étais complètement sans défense. Ils disent qu’il y avait beaucoup d’armes à Maïdan. Ce n’est pas vrai. S’il y en avait beaucoup, personne n’aurait laissé la police tirer sur nos gars. Ihor Serdiuk et Bohdan Vaida, de ma centurie, sont morts dans la rue Instytutska. van Bubenchyk. Je protège ma Patrie et mon peuple. Quand je n’avais plus de cartouches, c’était comme si on avait enlevé son scalpel à un chirurgien. Le patient a besoin d’aide en urgence, mais le chirurgien n’a pas de scalpel… Et la personne meurt pendant que le docteur regarde. J’ai rencontré des officiers du Berkout qui se battent pour l’Ukraine dans la zone OAT (Zone d’Opération Anti-Terroriste, terme souvent utilisé par le gouvernement et les médias d’Ukraine pour identifier le territoire dans lequel a lieu la guerre du Donbass – Ed.). Mais j’ai essayé de communiquer avec les gens qui sont comme moi, ou mieux que moi. Il y a eu certains désaccords entre nous… S’ils sont en guerre de manière consciente, pas pour le statut d’ancien combattant ou pour l’argent, alors cela pourrait les purifier. Mais je ne souhaite pas communiquer avec eux. A Maïdan, nous avons fait un pas dans la bonne direction, et reçu une leçon qui nous permettra d’avancer. Néanmoins, mon pays n’est toujours pas un État de droit, et je pense toujours que toutes les polices dans notre pays sont illégales. Donc je ne souhaite pas communiquer avec eux. Veulent-ils s’adresser à moi ? Je pense qu’ils le voudront après l’avant-première du documentaire. Mes victimes sont des criminels, des ennemis. Je dois parler franchement, pour que les autres gens sachent comment ils doivent s’occuper de leurs ennemis. Toutes photos par Alexander Chekmenev. Source : Bird In Flight, le 19/02/2016 Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source. |
Le Hezbollah classé “organisation terroriste” : qui veut la peau du Liban ? Par Pierre Haski
Le Hezbollah classé "organisation terroriste" : qui veut la peau du Liban ? Par Pierre Haski
Source : Le Nouvel Obs, Pierre Haski, 11-03-2016 ![]() Des soldats du Hezbollah lors des funérailles de l'un des hauts commandants du groupe, Ali Fayyad, le 2 mars 2016. (Mohammed Zaatari/AP/SIPA) Le Liban a l'habitude de vivre au-dessus du volcan. Lors de mon dernier voyage à Beyrouth, j'avais été surpris par l'atmosphère festive qui y régnait, alors que le pays semblait progressivement happé par le conflit dans la Syrie voisine. Un ami m'avait expliqué : “C'est justement parce que nous savons que tout peut s'arrêter d'un jour à l'autre que nous faisons la fête…” Philosophie imparable, surtout quand l'ampleur des problèmes vous échappe. Une nouvelle fois, donc, le Liban risque de devenir le théâtre d'une crise par procuration, alors que le fragile et parfois étrange équilibre confessionnel et politique issu de la guerre civile tient vaille que vaille depuis plus d'un quart de siècle. Le coup est parti de l'Arabie saoudite, qui a choisi le Liban pour viser son grand rival régional, l'Iran, au risque de plonger le pays dans les affres de la division et peut-être de la guerre. Riyad, qui n'a toujours pas digéré l'accord sur le nucléaire ayant permis à Téhéran de retrouver une place centrale dans le jeu moyen-oriental, a lancé une offensive dans le monde arabe pour désigner le Hezbollah, le mouvement politico-militaire chiite libanais lié à l'Iran, comme “organisation terroriste”. Le Liban a toutefois souhaité rester neutre au nom de son nécessaire équilibre avec un parti représenté au Parlement et littéralement intouchable, provoquant la colère de Riyad. L'Arabie saoudite a annulé le financement de près de 2,3 milliards d'euros d'armes françaises destinées à l'armée libanaise, et déconseillé à ses ressortissants de se rendre au Liban. Beyrouth redoute l'étape suivante que serait l'expulsion de plusieurs centaines de milliers de Libanais vivant et travaillant dans le Golfe. La situation délicate de la FranceL'Arabie saoudite conteste le poids du Hezbollah dans la vie politique libanaise, qu'elle juge incompatible avec son rôle dans la guerre de Syrie, au côté de l'armée de Bachar al-Assad et de conseillers iraniens. Riyad a pourtant des amis (ou des “clients”) au Liban, comme Saad Hariri, chef de file du Courant du Futur et fils de l'ancien Premier ministre assassiné Rafic Hariri qui avait fait sa fortune en Arabie saoudite. Mais Saad Hariri est engagé dans des tractations pour permettre de désigner – enfin ! – un président, et cela nécessite une entente avec le Hezbollah. Riyad lui a coupé les vivres, fragilisant fortement ses entreprises. Le roi Salmane peut-il prendre le risque de précipiter le Liban dans la crise, accentuant la déstabilisation d'une région qui n'en a guère besoin (quelque deux millions de réfugiés syriens se trouvent au Liban) ? La haine de l'Iran peut-elle valoir ce prix ? Il ne faut pas sous-estimer la capacité des acteurs régionaux, sur lesquels les “parrains” traditionnels n'ont plus guère de prise, à s'engager dans de telles fuites en avant. Cette situation met la France dans une position délicate : “protecteur” traditionnel du Liban, elle s'est progressivement alignée sur l'Arabie saoudite ces dernières années. Vendredi 4 mars, en pleine pression de Riyad sur le Liban, le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Nayef, était reçu par François Hollande qui lui remettait la Légion d'honneur “pour ses efforts dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme” (oubliant le poids de l'idéologie wahhabite dans la montée de l'islam radical). Mais, surtout, Riyad annonçait que le contrat de 2,3 milliards d'euros avec l'industrie d'armement française serait bien honoré, non plus au profit de Beyrouth mais à celui de l'armée saoudienne… Il serait tragique que le Liban soit passé par pertes et profits. Pierre Haski Source : Le Nouvel Obs, Pierre Haski, 11-03-2016 |