[Propagande] Trop fort Bruno Denaes, le médiateur de Radio France !

[Propagande] Trop fort Bruno Denaes, le médiateur de Radio France !

Petit coup de gueule du soir.

Radio France dispose d’un médiateur pour “porter votre parole auprès des unités de programmes et des rédactions.”

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Après un nouvel accès de racisme ordinaire anti-russe sur les ondes, un auditeur a réagi en saisissant le médiateur :

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“Depuis un moment déjà une sorte de propagande anti-russie semble régner au sein de la rédaction comme de certaines émissions sur tout les “fronts” (intérieur, personnel/Poutine, Syrie, Crimée, etc.). Celle-ci s’entend dans les tournures des journalistes eux-mêmes mais surtout dans les interventions des correspondants et des “experts” choisis pour intervenir et dont l’orientation est assez systématique. Il n’est pas rare d’entendre deux et même trois de ces dernier(e)s invités en même temps et défendre un point de vue identique, ce qui de surprenant devient ridicule de caricature. On a l’impression d’écouter radio-OTAN… faire son travail de désinformation pour formater l’opinion. Un minimum de pluralité de vues serait bienvenue.”

Demander une pluralité de vues pour mieux comprendre les problèmes complexes actuels ? Quel rêveur !

Voici la réponse de Bruno Denaes, nouveau médiateur de Radio France :

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“Non, il ne s’agit pas de propagande, mais de faits et d’explications de ces faits. A défaut, justement, d’être aveugle ou… militant, il est difficile d’admettre que la Russie soit un havre de démocratie (les médias sont à la solde du gouvernement), qu’elle défend les droits de l’homme en Syrie (elle s’est engagée auprès du dictateur qui dirige ce pays), qu’elle ne soit pas “impérialiste” (elle s’approprie la Crimée, appartenant pourtant à un pays légitime, l’Ukraine)… “

J’avoue avoie été scié – mais bon, après tout, le médiateur ne s’informe-t-il qu’en écoutant Radio France, ce qui doit expliquer tout ceci…

Je précise que Bruno Denaes a été rédacteur en chef en charge de la journée, et qu’il intervient régulièrement à l'Institut de journalisme de Bordeaux-Aquitaine, de l'Ecole de journalisme de Toulouse et de l'ESJ Lille.

 

Je rappellerai que, bien évidemment, comme l’explique Chomsky par exemple (il est enseigné à l’ESJ ?), les médias de chaque pays réalisent une propagande qui va dans le sens de leur gouvernement.

Et que, oui, la propagande en Russie est souvent plus intense que chez nous – la différence étant cependant que les Russes, eux, on facilement accès à des sources alternatives étrangères… Mais la propagande en Russie est le problème des Russes, le nôtre est de limiter au maximum celle que nous subissons en France – a fortiori si elle est subventionnée par nos propres impôts…

Alors pour répondre à cette prose, je rappellerai par exemple :

  • que non, tous les médias en Russie ne sont pas “à la solde du gouvernement”, il existe une presse d’opposition férocement anti-Poutine – et on lira dans ces journaux d’opposition des choses d’une virulence introuvable en France
  • que tous NOS journaux appartiennent à des milliardaires, et qu’il n’en existe aucun d’opposition au Système actuel
  • que je ne sais pas si la Russie est “un havre de Démocratie”. Je sais qu’elle dispose d’un Président élu, populaire à 80/90 %, d’un Parlement élu, à la proportionnelle où tous les partis sont représentés équitablement, etc. Je sais que ce n’est pas parfait, mais quand on voit le parcours en 30 ans, on peut être optimiste.
  • que je sais en revanche que la France n’est pas une Démocratie – qui s’entend comme “le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple” – puisque nous avons “le gouvernement du peuple, par les énarques, pour le compte du 0,1 %”. Bien entendu, seuls les sots penseront que le contraire de la Démocratie est la Dictature, alors que le ce contraire de la Démocratie est la “non-Démocratie”. La Dictature est une non-Démocratie, mais le système de non-Démocratie libérale dans laquelle nous sommes en est une aussi – évidemment bien plus confortable que la Dictature, vu que je peux (pour le moment) écrire ceci sans risquer une balle dans la tête demain. Mais notre combat devrait être d’instaurer la Démocratie chez nous (du genre “réaliser des référendums régulier et les respecter”, “ne pas espionner sa population”, “limiter les inégalités”, “lutter contra la corruption du système politique”, “arrêter d’effrayer la population en parlant sans cesse de terrorisme” etc). Quand on voit le parcours en 30 ans, on peut être très pessismite
  • que je ne connais aucun gouvernement qui “défende les Droits de l’Homme en Syrie”, ni ailleurs. C’est un compte pour enfants, comme le père Noël.
  • que je connais un gouvernement, le mien, qui défend des Djihadistes et leur a livré des armes (Hollande l’a lui même reconnu, ce qui est évidemment totalement illégal au niveau du droit international, mais chut), entrainant la mort de dizaines de milliers de troufions syriens (mais l’appelé du contingent syrien étant une “non-personne”, sa mort n’émeut jamais un journaliste occidental), qui décore de la légion d’honneur un prince moyenâgeux d’un pays qui finance le terrorisme (l’Arabie), et négocie l’entrée dans l’UE d’un autre pays sponsor du terrorisme, qui vient d’ailleurs de la rançonner de 6 milliards d’euros (la Turquie)
  • dans notre Démocratie exemplaire, avec des Médias aussi indépendants, j’attends toujours l’enquête sur l’Élysée qui aurait trafiqué le rapport devant nous convaincre de bombarder Assad en 2013, et plus largement sur le rôle de la France dans la guerre en Syrie Je recommande enfin l’écoute de cette formidable émission de France Inter : Daesh : autopsie d'un monstre, dont le reste de l’antenne de Radio France ferait mieux de s’inspirer…
  • qu’oser éructer sur “l’impérialisme” de la Russie en dit long sur les œillères du locuteur – surtout quand on appartient au pays qui a détruit la Libye (avec le soutien de Radio France qui a par exemple ouvert ses ondes à BHL pour qu’il y délivre sa propagande – à quel titre, on ne le saura jamais) , ultime victime d’une litanie de souffrance que nous avons causées dans le monde
  • que, quand la France, ancienne puissance coloniale, s’occupe de la Syrie, en aidant les allahuakbars locaux, c’est juste pour l’aider, hein…
  • que, comme au Kosovo, le Parlement de la République Autonome de Crimée a voté son indépendance (et si ça s’appelle justement République Autonome, cela a des implications, hein…), mais qu’à la différence du Kosovo, la population (majoritairement russe) a voté pour son indépendance (le Parlement avait même demandé des observateurs de l’OCDE, mais l’Occident a refusé). Et que de nombreux juristes contestent le rattachement de la Crimée à l’Ukraine en 1954 (Lire par exemple ici, ici ou ici – ça sert à ça le pluralisme…). L’Ukraine a eu le droit de quitter l’URSS, mais la Crimée n’aurait donc pas le droit de quitter l’Ukraine – pourquoi, on ne le saura pas…
  • et qu’enfin, je ne sais pas ce qu’est “un pays légitime” hein…

Et je re-précise qu’on peut dire ceci sans être le moins du monde un soutien de Vladimir Poutine – il suffit juste d’avoir une certaine idée de l’éthique de la profession de journaliste.

Bref, M. Denaes, n’hésitez pas à demander qu’on invite au hasard, Jacques Sapir, Pascal Boniface, Fabrice Balanche, Frédéric Pichon, Georges Malbrunot – vous allez apprendre plein de trucs ! :)

Sans rancune – on compte vraiment sur vous – il n’y a pas de Démocratie sans Pluralisme…

 

Alors, si vous aussi vous avez des choses à dire au Médiateur, n’hésitez pas, on peut lui écrire ici, ou le contacter sur Twitter ici – c’est important de ne pas laisser passer…

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Près de 90 % des Français(es) jugent la politique économique du gouvernement mauvaise...

Près de 90 % des Français(es) jugent la politique économique du gouvernement mauvaise...

Si tout le monde est d'accord qu'est-ce que l'on attend pour les virer ???


Le Premier ministre Manuel Valls (c) accompagné de la ministre du Travail Myriam El Khomri, et du ministre de
l'Économie Emmanuel Macron, à Matignon à Paris, le 11 mars 2016 - THOMAS SAMSON AFP

Leur opinion est ferme et sévère. Près de neuf Français sur 10 jugent «mauvaise» la politique économique du gouvernement, mais une majorité d'entre eux préfère le ministre de l'Economie Emmanuel Macron au Premier ministre Manuel Valls, selon un sondage Odoxa pour les Echos à paraître lundi.

Selon cette enquête réalisée pour le quotidien économique et Radio Classique auprès de 1016 personnes de 18 ans et plus les 17 et 18 mars, 87% des Français jugent la politique économique du gouvernement «plutôt mauvaise» ou «très mauvaise».

Les patrons jugés gagnants de la politique du gouvernement

Un chiffre préoccupant pour le chef de l'Etat à un an de la présidentielle et de sa possible candidature à un nouveau mandat, note Gaël Sliman, président d'Odoxa. A titre de comparaison, en mars 2011, sous Nicolas Sarkozy, 75% des Français jugeaient sa politique économique «mauvaise».

Ce chiffre de mars 2016 est très proche de celui de décembre 2014, rappelé par Odoxa, quand 86% des sondés avaient une mauvaise opinion de la politique économique. Une majorité de Français estime que les grands gagnants de cette politique sont les chefs d'entreprise (58%), suivis des salariés du secteur public (44%) puis des chômeurs (40%).

Macron reste apprécié

Pour autant, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron reste apprécié : 61% des Français le préfèrent à Manuel Valls, contre 34% qui préfèrent ce dernier. Une nette amélioration par rapport à novembre 2015, où ils étaient 48% à le préférer au chef du gouvernement, contre 46% se disant en faveur de M. Valls.

Enfin, 86% des personnes interrogées ne croient pas en la volonté réformatrice du gouvernement en 2016, et estiment que ce sera une année blanche en termes de réformes.



Source : 20minutes.fr

Informations complémentaires :

 




Elections américaines : les positions des candidats sur 44 questions par Stephane Trano

Elections américaines : les positions des candidats sur 44 questions par Stephane Trano

Source : Marianne, Stephane Trano, 14-03-2016

Il est temps de se pencher sur les programmes des candidats à la présidence américaine. A la veille d’un nouveau “Super Tuesday”, voici l’état de leurs propositions

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Crime & Justice Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
Maintenir la peine de mort Oui Non Oui Oui Incertain Oui
Le President Obama doit-il choisir le successeur du Juge Scalia? Oui Oui Non Non Non Non
Economie & Taxes Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
Réduire la taxation des entreprises pour favoriser l’emploi Incertain Non Oui Oui Oui Incertain
Augmenter le salaire minimum légal Oui Oui Non Incertain Non Non
Augmenter les impôts (niveau fédéral) Oui Oui Non Non Non Incertain
Adopter un impôt unique sur le revenu Non Non Oui Non Non Incertain
La loi Glass-Steagall doit-elle être réinstaurée?* Non Oui Incertain Incertain Incertain Incertain
Faut-il privatiser la sécurité sociale Non Non Oui Oui Non Incertain
Le Traité de Libre Echange Transpacifique (TPP) est-il bon pour l’Amérique? Non Non Incertain Incertain Oui Non
Elections Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
La décision de la Cour Suprême sur Citizens United est-elle bonne pour l’Amérique?* Non Non Oui Incertain Oui Non
Les criminels ayant purgé leur peine doivent-ils être autorisés à voter? Oui Oui Incertain Incertain Incertain Incertain
Les électeurs devraient-ils être obligés de présenter une pièce d’identité avec photo pour voter? Non Non Oui Incertain Oui Incertain
Politique étrangère Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
La Chine est-elle une menace militaire ou économique pour l’Amérique? Oui Incertain Oui Incertain Oui Oui
Faut-il maintenant l’embargo sur Cuba? Oui Non Oui Incertain Oui Non
L’Accord sur le nucléaire iranien est-il bon pour l’Amérique? Oui Oui Non Non Non Non
Faut-il un état palestinien indépendant? Oui Oui Incertain Incertain Incertain Incertain
Mariage Gay Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
La décision de la Cour Suprême de légaliser le mariage gay était-elle bonne? Oui Oui Non Incertain Non Incertain
La liberté religieuse doit-elle autoriser des individus à refuser un service pour un mariage gay? Non Non Oui Non Oui Incertain
Armes / Second Amendement Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
Faut-il de nouvelles lois contre la prolifération des armes chez les particuliers? Oui Oui Non Incertain Non Non
Le gouvernement fédéral doit-il lancer une enquête sur le lien entre violence et port d’arme? Incertain Oui Incertain Incertain Incertain Incertain
Les personnes inscrites sur la liste d’interdiction de vol devraient-elles pouvoir acheter une arme? Non Non Oui Non Oui Non
Santé, Avortement & Fin de Vie Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
L’avortement doit-il être légal? Oui Oui Non Incertain Non Incertain
L’autorisation parentale doit-elle être donnée pour pratiquer un avortement? Non Non Oui Oui Oui Incertain
L’euthanasie ou le suicide assisté doivent ils être légalisés? Oui Oui Incertain Incertain Incertain Incertain
Tous les Américains doivent-ils bénéficier d’une assurance santé? Oui Oui Incertain Incertain Incertain Oui
Immigration Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
Le gouvernement fédéral doit-il être autorisé à effectuer des arrestations massives contre les illégaux? Non Non Oui Incertain Incertain Oui
Tout employeur doit-ils obligatoirement vérifier le statut d’un immigrant? Incertain Incertain Oui Incertain Oui Oui
Les Etats-Unis doivent-ils poursuivre la construction du mur frontalier avec le Mexique? Incertain Non Oui Oui Oui Oui
Les immigrants illégaux doivent-ils être autorisés à devenir citoyens américains? Oui Oui Incertain Oui Oui Non
Les villes sanctuaires doivent-elles continuer à percevoir des aides de l’Etat? Incertain Oui Non Incertain Non Incertain
Les Etats-Unis doivent-ils donner l’asile politique aux réfugiés syriens? Oui Oui Non Non Non Non
Marijuana Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
L’usage de la marijuana à usage thérapeutique doit-il être légalisé? Oui Oui Incertain Incertain Oui Oui
La marijuana à usage récératif doit-elle être légalisée? Incertain Oui Incertain Non Non Incertain
Armée & Lutte antiterroriste Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
Les Etats-Unis doivent-ils poursuivre leurs frappes par drônes à l’étranger? Oui Oui Incertain Oui Oui Incertain
Les Etats-Unis doivent-ils envoyer des troupes au sol pour lutter contre DAESH? Oui Non Oui Oui Oui Oui
Les Etats-Unis doivent-ils fermer Gunatanamo? Oui Oui Non Non Non Non
Le buget militaire doit-il être augmenté? Incertain Non Oui Oui Oui Non
La NSA doit-elle continuer de collecter les données issues des téléphones et emails des citoyens américains? Non Non Non Oui Oui Oui
Certaines techniques d’interrogatoire considérées comme de la torture doivent-elles devenir une option légale? Non Non Oui Incertain Incertain Oui
Problèmes raciaux Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
Les Collèges and Universités doivent-ils utiliser la discimination positive pour les admissions? Oui Oui Non Oui Incertain Oui
Le mouvement Black Lives Matter est-il bon pour l’Amérique? Oui Oui Non Incertain Incertain Incertain
Science & Environnement Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
L’activité humaine est-elle responsable du changement climatique? Oui Oui Non Incertain Incertain Non
Les produits contenant des organismes génétiquement modifiés (GMO) devraient-ils tous être labellisés? Oui Oui Non Incertain Non Non
Faut-il autoriser le pipeline Keystone XL Pipeline pour importer le pétrole de sable bitumineux du Canada? Non Non Oui Oui Oui Oui
Etablie en 1933 et abrogée en 1999 par Bill Clinton, la loi Glass Steagal consistait en l’incompatibilité entre les métiers de banque de dépôt et de banque d’investissement ; le système fédéral d’assurance des dépôts bancaires; le plafonnement des taux d’intérêt sur les dépôts bancaires
*Citizens United: le 21 janvier 2010, la Cour Suprême a rendu un arrêt au terme duquel la participation des entreprises au financement des campagnes électorales est légal. Elle est suffisamment floue pour autoriser le financement par des entreprises étrangères.

© Stéphane Trano / Marianne – Mars 2016 – Mention Obligatoire 

Super Tuesday – Mardi 15 Mars 2016: Les Enjeux

Nombre de délégués acquis au 14 Mars 2016

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Nombre de délégués à élire

  • Floride:
    • 246 démocrates
    • 99 républicains
  • Illinois: 
    • 182 démocrates
    • 69 républicains
  • Missouri: 
    • 84 démocrates
    • 52 républicains
  • Caroline du Nord:
    • 121 démocrates
    • 72 républicains
  • Iles Mariannes: 
    • 9 républicains
  • Ohio: 
    • 159 démocrates
    • 66 républicains

TOTAL:

Républicains: 367

Démocrates: 792

A NOTER

La journée est particulièrement importante car elle marque l’une des premières fois où le gagnant peut remporter tous les délégués d’un État. Les primaires passées attribuaient les délégués proportionnellement, le candidat ayant le plus de votes obtenant le plus de délégués. Le 15 Mars, le candidat obtenant le plus de votes remporte tous les délégués en Floride, dans le Missouri et dans l’Ohio. 

Source : Marianne, Stephane Trano, 14-03-2016

Ivan Budenchyk, activiste du Maïdan : “C’est vrai, je leur ai tiré derrière la tête”

Ivan Budenchyk, activiste du Maïdan : "C'est vrai, je leur ai tiré derrière la tête"

Source : Bird In Flight, le 19/02/2016

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IVAN SIIAK, le 19 février 2016

Le 20 février 2014, le jour où les manifestants se sont fait tirer dessus dans la rue Instytutska, les premières personnes qui sont mortes n’étaient pas des activistes du Maïdan, mais des officiers de police des forces spéciales du Berkout. Ivan Bubenchyk, de Lviv, déclare qu’ils ont été abattus par son fusil. Ivan Siyak l’a rencontré pour écouter son histoire.

Il n’y a pas de date plus importante dans l’histoire moderne de l’Ukraine que le 20 février 2014. Ce jour-là dans les rues de Kiev, 48 activistes du Maïdan et 4 officiers de police se sont fait tuer. Peu de temps après, le président de l’époque, Viktor Ianoukovytch fuit le pays, l’annexion de la Crimée commença, et après cela, la guerre au Donbass. Si nous généralisons, c’est le jour qui prédestina l’Ukraine à perdre 7% de son territoire et plusieurs milliers de vies.

Personne ne pouvait rien savoir de cela au petit matin du 20 février. Après deux jours de combat acharné avec la police, qui donna lieu à la mort de 31 activistes et 8 membres des forces de l’ordre, les manifestants étaient laissés avec beaucoup moins de terrain. La police maintenait des positions au sein même de la place Maïdan. Il n’y avait aucun doute sur le fait que la prochaine attaque mettrait un terme au soulèvement, et qu’alors dans les futurs livres d’école ils appelleraient cela rien de plus que des “révoltes de masse”.

“Ses actions tactiques ciblées ont fait fuir les forces de l’ordre et ont empêché le péril de la Révolution de la Dignité” – le Wikipedia ukrainien est vague à propos du rôle d’Ivan Bubenchyk dans l’histoire. Il donna le premier récit détaillé de ses agissements en ce jour dans le film Captifs de Volodymyr Tykhyy. L’avant-première de ce documentaire s’est déjà déroulée et il sera à l’affiche des cinémas ukrainiens le 25 février. Juste avant l’avant-première, Ivan Siyak rencontra Ivan Bubenchyk à Maïdan pour écouter son récit des événements.

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Ivan Bubenchyk.

Ivan Bubenchyk parle ukrainien, la traduction a été réalisée par Bird In Flight.

Je veux ouvrir une école de pêche pour les enfants. C’est ce que je faisais avant Maïdan. Quand à Lviv les étudiants manifestaient contre Ianoukovytch, je suis venu pour les soutenir. Tout le monde disait que nous devions aller à Kiev, donc j’y suis allé. C’est difficile de se souvenir des dates, mais c’était le premier jour. J’ai été à la Place Maïdan dès le premier jour.

Au début, nous nous tenions près du Monument de l’Indépendance et on gardait les étudiants. Plus tard, des “centaines” se sont formées, et j’ai joint la Neuvième centaine. J’habitais dans la rue Honchara, dans le bâtiment du Mouvement Populaire d’Ukraine (Roukh) (parti politique nationaliste de centre droit, fondé en 1989 comme mouvement politique citoyen – Ed.), et chaque nuit à 23h30 nous venions pour garder le métro sous Maïdan. Nous contrôlions toutes les sorties car les officiers des services spéciaux pouvaient en sortir à tout moment pour tenter un quelconque sabotage ou simplement pour nous disperser.

Je me souviens qu’il y avait des troupes nationales dans la rue Hrushevskoho, ils ne nous laissaient pas remonter [vers le quartier des bâtiments gouvernementaux]. Nous sommes venus avec une lettre qui disait que nous étions citoyens de l’Ukraine et que nous pouvions nous déplacer librement à l’intérieur du territoire de notre pays. Nous avons dit que si nous ne pouvions pas exercer ce droit d’ici au lendemain, nous attaquerions. Et c’est ce qui s’est passé. Le jour suivant il y eut des pierres et des cocktails Molotov.

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Le 20 février les services spéciaux de Ianoukovytch ont tout fait pour éliminer le Maïdan. Ils ont brûlé le bâtiment des Syndicats, qui était très important pour nous. Nous vivions et dormions là, utilisions les toilettes, mangions, et recevions des soins médicaux. Après qu’ils l’eurent fait, le matin suivant Dieu nous donna l’opportunité d’entrer dans le Conservatoire de Musique. Nous avons aidé un enfant Rom à entrer par la fenêtre. Il ouvrit les portes de l’intérieur. Nous pouvions dormir un peu là. Certains dormirent une heure, d’autres une demi-heure – nous ne pouvions pas dormir plus avec tout le bruit terrible qu’ils nous infligeaient. Tout le monde était désespéré sauf moi. J’ai une forte croyance dans le pouvoir et la justice de Dieu.

Dans le Conservatoire de Musique, il y avait des gars avec des fusils de chasse. Ils tiraient à la grenaille sur les forces spéciales qui étaient à environ 70 mètres de nous. Mais je les ai chassés des fenêtres, alors que la police a commencé à nous lancer des cocktails Molotov afin de brûler notre unique refuge. Les tirs de grenaille les irritaient.

A ce moment-là, je priais pour 40 fusils automatiques pour Maïdan. Après quelque temps j’ai réalisé que j’en demandais trop. Alors j’en ai demandé vingt. Le matin du 20 février, ce gars est venu et a apporté une kalachnikov dans un sac de tennis et 75 cartouches. Beaucoup aimeraient entendre que l’on a pris le fusil aux titushkas (mercenaires qui soutenaient les forces de police – Ed.) pendant les affrontements du 18 février. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé.

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1. Batiment des Syndicats. 2. Les barricades telles qu’elles étaient le 20 février. 3. Position de Bubenchyk. 4. Là où les forces de police étaient situées. 5. Là où les activistes se sont fait tirer dessus dans la rue Instytutska.

Je tirais depuis la fenêtre qui donnait sur Maïdan, derrière les colonnes au deuxième étage. Je pouvais voir clairement les officiers de police avec leurs boucliers au Monument de l’Indépendance. Il y en avait à peu près deux cents là-bas derrière les sacs de sable, il n’y avait pas de place pour plus. Des groupes d’assaut avec des fusils à pompe était en train d’avancer de là-bas. Ils tiraient à bout portant sur les barricades, sans aucune honte.

Je visais ceux qui dirigeaient. Je ne pouvais pas les entendre, mais je voyais leurs gestes. La distance était courte, alors pour deux commandants j’avais seulement besoin de deux tirs. J’ai appris à tirer quand j’étais dans l’Armée soviétique. J’ai étudié à leur école du renseignement militaire. Nous étions entraînés pour des opérations en Afghanistan et dans d’autres zones de conflits.

Ils disent que je leur ai tiré derrière la tête, et c’est vrai. Il se trouve qu’ils se tenaient debout en me tournant le dos. Je n’avais pas le temps d’attendre qu’ils se retournent. Après Dieu les a tournés dans ce sens, et c’est de cette manière que cela a été fait.

Il n’y avait pas besoin de tuer les autres, seulement leur tirer dans les jambes. Je suis sorti du conservatoire de musique et j’ai commencé à me déplacer le long des barricades. Alors que je leur tirais dessus, je voulais que la police croie qu’on avait vingt ou quarante fusils. J’ai demandé aux gars de créer des petites brèches dans leurs boucliers pour moi. Cela peut être désagréable à entendre pour certaines personnes… mais ils en pleuraient de joie. Ils savaient qu’on ne pouvait pas tenir sans armes.

La distance était courte, alors pour deux commandants j’avais seulement besoin de deux tirs.

J’ai rejoint le bâtiment des Syndicats et je n’avais plus de cartouches. Cependant, ça avait déjà marché, et la police commençait à courir. Ils ont tout laissé derrière. Ils se grimpaient dessus comme des rats.

Les unités de police ne pouvaient pas toutes échapper aux militants. Les gars ont escaladé les barricades et les ont poursuivis. Ils ont fait des groupes de dix ou vingt prisonniers et les ont conduits derrière Maïdan, à l’Hôtel de Ville de Kiev. En revanche, les plus courageux de nos héros ont continué à poursuivre la police dans la rue Instytutska, et très rapidement la police a reçu l’ordre de tirer sur les militants.

Ce fut un moment difficile, quand j’ai réalisé que je pouvais arrêter la fusillade. Différentes personnes à Maïdan – je ne vous dirais pas qui ils étaient, mais ils avaient du poids – m’ont promis des cartouches. Je les ai crues, j’ai couru d’un endroit à un autre… C’était les minutes les plus difficiles de ma vie, j’étais complètement sans défense. Ils disent qu’il y avait beaucoup d’armes à Maïdan. Ce n’est pas vrai. S’il y en avait beaucoup, personne n’aurait laissé la police tirer sur nos gars. Ihor Serdiuk et Bohdan Vaida, de ma centurie, sont morts dans la rue Instytutska.

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van Bubenchyk.

Je protège ma Patrie et mon peuple. Quand je n’avais plus de cartouches, c’était comme si on avait enlevé son scalpel à un chirurgien. Le patient a besoin d’aide en urgence, mais le chirurgien n’a pas de scalpel… Et la personne meurt pendant que le docteur regarde.

J’ai rencontré des officiers du Berkout qui se battent pour l’Ukraine dans la zone OAT (Zone d’Opération Anti-Terroriste, terme souvent utilisé par le gouvernement et les médias d’Ukraine pour identifier le territoire dans lequel a lieu la guerre du Donbass – Ed.). Mais j’ai essayé de communiquer avec les gens qui sont comme moi, ou mieux que moi. Il y a eu certains désaccords entre nous… S’ils sont en guerre de manière consciente, pas pour le statut d’ancien combattant ou pour l’argent, alors cela pourrait les purifier. Mais je ne souhaite pas communiquer avec eux.

A Maïdan, nous avons fait un pas dans la bonne direction, et reçu une leçon qui nous permettra d’avancer. Néanmoins, mon pays n’est toujours pas un État de droit, et je pense toujours que toutes les polices dans notre pays sont illégales. Donc je ne souhaite pas communiquer avec eux. Veulent-ils s’adresser à moi ? Je pense qu’ils le voudront après l’avant-première du documentaire.

Mes victimes sont des criminels, des ennemis. Je dois parler franchement, pour que les autres gens sachent comment ils doivent s’occuper de leurs ennemis.

Toutes photos par Alexander Chekmenev.

Source : Bird In Flight, le 19/02/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Le Hezbollah classé “organisation terroriste” : qui veut la peau du Liban ? Par Pierre Haski

Le Hezbollah classé "organisation terroriste" : qui veut la peau du Liban ? Par Pierre Haski

Source : Le Nouvel Obs, Pierre Haski, 11-03-2016

Des soldats du Hezbollah lors des funérailles de l'un des hauts commandants du groupe, Ali Fayyad, le 2 mars 2016. (Mohammed Zaatari/AP/SIPA)

Des soldats du Hezbollah lors des funérailles de l'un des hauts commandants du groupe, Ali Fayyad, le 2 mars 2016. (Mohammed Zaatari/AP/SIPA)

Le Liban a l'habitude de vivre au-dessus du volcan. Lors de mon dernier voyage à Beyrouth, j'avais été surpris par l'atmosphère festive qui y régnait, alors que le pays semblait progressivement happé par le conflit dans la Syrie voisine. Un ami m'avait expliqué : “C'est justement parce que nous savons que tout peut s'arrêter d'un jour à l'autre que nous faisons la fête…” Philosophie imparable, surtout quand l'ampleur des problèmes vous échappe.

Une nouvelle fois, donc, le Liban risque de devenir le théâtre d'une crise par procuration, alors que le fragile et parfois étrange équilibre confessionnel et politique issu de la guerre civile tient vaille que vaille depuis plus d'un quart de siècle. Le coup est parti de l'Arabie saoudite, qui a choisi le Liban pour viser son grand rival régional, l'Iran, au risque de plonger le pays dans les affres de la division et peut-être de la guerre. Riyad, qui n'a toujours pas digéré l'accord sur le nucléaire ayant permis à Téhéran de retrouver une place centrale dans le jeu moyen-oriental, a lancé une offensive dans le monde arabe pour désigner le Hezbollah, le mouvement politico-militaire chiite libanais lié à l'Iran, comme “organisation terroriste”.

Le Liban a toutefois souhaité rester neutre au nom de son nécessaire équilibre avec un parti représenté au Parlement et littéralement intouchable, provoquant la colère de Riyad. L'Arabie saoudite a annulé le financement de près de 2,3 milliards d'euros d'armes françaises destinées à l'armée libanaise, et déconseillé à ses ressortissants de se rendre au Liban. Beyrouth redoute l'étape suivante que serait l'expulsion de plusieurs centaines de milliers de Libanais vivant et travaillant dans le Golfe.

La situation délicate de la France

L'Arabie saoudite conteste le poids du Hezbollah dans la vie politique libanaise, qu'elle juge incompatible avec son rôle dans la guerre de Syrie, au côté de l'armée de Bachar al-Assad et de conseillers iraniens. Riyad a pourtant des amis (ou des “clients”) au Liban, comme Saad Hariri, chef de file du Courant du Futur et fils de l'ancien Premier ministre assassiné Rafic Hariri qui avait fait sa fortune en Arabie saoudite. Mais Saad Hariri est engagé dans des tractations pour permettre de désigner – enfin ! – un président, et cela nécessite une entente avec le Hezbollah. Riyad lui a coupé les vivres, fragilisant fortement ses entreprises.

Le roi Salmane peut-il prendre le risque de précipiter le Liban dans la crise, accentuant la déstabilisation d'une région qui n'en a guère besoin (quelque deux millions de réfugiés syriens se trouvent au Liban) ? La haine de l'Iran peut-elle valoir ce prix ? Il ne faut pas sous-estimer la capacité des acteurs régionaux, sur lesquels les “parrains” traditionnels n'ont plus guère de prise, à s'engager dans de telles fuites en avant.

Cette situation met la France dans une position délicate : “protecteur” traditionnel du Liban, elle s'est progressivement alignée sur l'Arabie saoudite ces dernières années. Vendredi 4 mars, en pleine pression de Riyad sur le Liban, le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Nayef, était reçu par François Hollande qui lui remettait la Légion d'honneur “pour ses efforts dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme” (oubliant le poids de l'idéologie wahhabite dans la montée de l'islam radical). Mais, surtout, Riyad annonçait que le contrat de 2,3 milliards d'euros avec l'industrie d'armement française serait bien honoré, non plus au profit de Beyrouth mais à celui de l'armée saoudienne… Il serait tragique que le Liban soit passé par pertes et profits.

Pierre Haski

Source : Le Nouvel Obs, Pierre Haski, 11-03-2016