mercredi 10 février 2016

Avec Deutsche Bank, une vraie régulation bancaire se rappelle au bon souvenir de tous

Avec Deutsche Bank, une vraie régulation bancaire se rappelle au bon souvenir de tous

Martine Orange, sur le site de Mediapart, nous offre un article excellent sur le naufrage de Deutsche Bank. En conclusion de son analyse dont nous donnons ici un extrait, bien que sans mentionner le retour au Glass-Steagall Act que défend Cheminade et Solidarité & Progrès, elle note l'urgence d'une telle solution : Un mois à peine après son entrée en vigueur, le mécanisme européen de sauvetage bancaire donne déjà de sérieux signes d'avarie. Les banques risquent de se retrouver en proie à des (...)

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L’Arabie saoudite contre l’Iran : la plaque tectonique du pétrole de Qatif

L'Arabie saoudite contre l'Iran : la plaque tectonique du pétrole de Qatif

L'escalade entre l'Arabie saoudite (première puissance pétrolière mondiale, 27,7 millions d'habitants, dont 80 % de sunnites et 20 % de chiites concentrés à Qatif et dans la province orientale) et l'Iran (81,1 millions d'habitants dans un pays indo-européen à grande majorité chiite et puissance gazière mondiale) découle d'une rivalité géo-politique bien plus que d'un conflit religieux ou ethnique, n'en déplaise à ceux qui s'en tiennent au prisme israélo-anglosaxon, qui déforme pour balkaniser.

À l'époque où régnait le Shah Reza Pahlevi, l'Arabie saoudite était le grand allié de l'Iran, sous la férule US. L'escalade actuelle, complexe, est un reflet de la fracture globale, comportant la mise à feu du « Moyen-Orient élargi », la rivalité pour le pouvoir sur le monde islamique et celle sur l'OPEP.

La fracture géostratégique entre les USA d'un côté, et la Russie et la Chine de l'autre, a pour fond le piège démographique ourdi par Zbigniew Brzeziński/Stratforavec leur « carte islamique » [1] destinée à déstabiliser en profondeur le bloc RIC (Russie, Inde, Chine).

La Russie compte 20 % de Tatars sunnites ; quant à l'Inde, puissance nucléaire, elle est la première puissance islamique au monde en nombre, avec 20 % de musulmans ; et la Chine à son tour compte 10 millions d'Ouigours et de Mongols sunnites, et une part de peuplement turc dans la province autonome du Xinjiang, éminemment stratégique, car riche en gaz et en uranium.

L'ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon avait dessiné le Moyen-Orient selon une ligne horizontale allant du Maroc jusqu'au Cachemire (les protestations contre l'Arabie saoudite ont atteint ces deux extrêmes) et une ligne verticale depuis le Caucase, le bas-ventre de la Russie, jusqu'à la corne de l'Afrique.

L'Organisation de coopération islamique (57 États) comprend 1,6 milliard de fidèles, soit 22 % du genre humain, dont 80 % de sunnites —un univers qui est loin d'être homogène, les écoles juridiques d'interprétation du Coran étant diverses— et presque 20 % de chiites, eux aussi divisés par la présence de multiples sectes (Alaouites de Syrie, Houthis/Zéyidies au Yémen, Alévis en Turquie, Ismaélites en Inde, etc).

Les minorités chiites se distinguent en Inde, au Pakistan et en Afghanistan, pays déstabilisé par le grand jeu géostratégique US contre les RIC. En Irak, les chiites sont majoritaires (85 %), au Bahreïn également (85 %) ; au Liban ils sont 50 %, et les minorités chiites en Inde, au Pakistan et en Afghanistan sont pléthoriques. Enfin, les 400 millions de chiites environ sont répartis dans une centaine de pays, mais 80 % sont concentrés en Iran (81,8 millions), en Inde (45,4 millions), au Pakistan (42,5 millions), en Irak (24,5 millions) et en Turquie (20 milllions).

Au-delà de la rivalité pour la direction religieuse du monde musulman, entre l'Iran et l'Arabie saoudite, avec l'enjeu de la garde des lieux saints de La Mecque et de Médine, Riyad a perdu deux alliés privilégiés parmi les sunnites : Saddam Hussein, qui gouvernait la majorité chiite en Irak (situation symétrique de la Syrie, où Bachar el-Assad est issu des 15 % de population alaouite face aux 80 % de sunnites) et Hosni Moubarak en Égypte, balayé par le « printemps arabe » artificiel, à l'instigation des US et du Royaume-Uni ; au même moment, l'Iran étendait son influence au Liban avec le Hezbollah, et en Syrie avec les Alaouites en guerre contre l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie ; au Yémen, l'Arabie saoudite livre une guerre contre les Houthis ; au Bahreïn, Riyad est intervenu militairement pour étouffer la rébellion de la majorité chiite [2].

L'escalade a atteint un paroxysme avec la mort en masse de pèlerins iraniens à La Mecque, un simple accident, selon Riyad, l'assassinat délibéré de 500 personnes pour l'Iran, parmi lesquels l'ex-ambassadeur de l'Iran au Liban [3].

Outre les plans de multi-balkanisation de l'Iran et de l'Arabie saoudite annoncés par le Pentagone [4] et le New York Times  [5], il convient de signaler trois pistes éminemment radioactives :
- les réserves en devises des six pétromonarchies arabes du Golfe persique : ces pays ont envisagé de lancer la monnaie unique du golfe [6] ;
- la parité fixe du rial, divise saoudienne, avec le dollar [7],
- et le pétrole de Qatif.

L'Arabie saoudite et l'Iran n'ont pas intérêt à poursuivre l'escalade, tandis que Riyad en est à consolider la succession du roi Salmane, et l'Iran retient son souffle en attendant l'imminente levée des sanctions, qui lui permettra de récupérer ses 150 milliards de dollars séquestrés par Washington, en échange de la désactivation de son projet nucléaire. Rappelons que l'Iran n'a que 109 milliards de dollars de réserve, face aux 650 milliards de dollars de l'Arabie saoudite.

47 exécutions, pour 43 sunnites terroristes et djihadistes, se réclamant d'Al Qaïda, qui cherchaient à renverser la maison royale des Saoud, plus 4 chiites, dont le cheikh Nimr al-Nimr, originaire de Qatif, vénéré par la jeunesse, et qui menaçait de faire sécession, et trois autres membres du clergé : cela a déclenché la fureur du chiisme universel, lorsque le Hezbollah a accusé les USA d'être derrière ces décapitations.

Stratfor, le centre israélo-texan qui se fait connaître comme la main de la CIA dans l'ombre, estime que la controverse sur le prélat al-Nimr bouillonne depuis des années [8] en effet, il avait été arrêté en juillet 2012 pour avoir incité les militants chiites de la région pétrolière qui constitue la province orientale, alors que durant le « printemps arabe », Riyad était déjà intervenu au Bahreïn, son petit voisin à majorité chiite, pour renforcer l'ordre sunnite dans toute la péninsule arabe.

Comme lors de la guerre Irak/Iran visant à épuiser tant Saddam Hussein que la révolution islamique chiite de l'ayatollah Khomeiny, les USA ont vendu des armes aux deux parties pour les saigner. S'agit-il à nouveau pour Washington d'appliquer son programme hémorragique, cette fois-ci tant à l'Arabie saoudite qu'à l'Iran ?

Ambrose Evans-Pritchard, le féroce porte-parole de la maison royale britannique, estime pour sa part que la collision entre les deux pays se rapproche dangereusement du cœur du marché pétrolier mondial. Il affirme que la minorité chiite offensée, soit 15 % de la population saoudienne d'après lui, « réside sur les gigantesques champs pétroliers saoudiens, en particulier dans la ville de Qatif » [9].

Il cite Ali al-Ahmed, directeur de l'Institut des Affaires du Golfe, dont le siège est à Washington, d'après lequel Qatif est le centre névralgique de l'industrie pétrolière saoudienne, la grande station centrale où débouchent 12 oléoducs, pour fournir les immenses terminaux pétroliers de Ras Tanura et Dharan, fort vulnérables au demeurant, en cas d'attaque surprise.

Evans-Pritchard insiste : la plus grosse part des 10,3 millions de barils journaliers produits par l'Arabie saoudite, surveillée par 30 000 gardes, traverse le cœur du chiisme, en pleine ébullition ; une interruption de quelques jours peut provoquer un pic pétrolier, atteignant 200 dollars ou plus le baril, et nourrir une crise économique globale. C'est la manne géopolitique dont rêvent les spéculateurs des fonds spéculatifs de Wall Street et de la City de Londres…

Il convient de suivre au microscope électronique les positions turques (la seule puissance sunnite de l'Otan), et celles du Pakistan (la seule puissance nucléaire musulmane), qui a jusqu'à présent adopté une prudente attitude neutre, mais cela surtout pour les liens tissés récemment avec la Russie et la Chine, et par répulsion pour les Frères musulmans (qu'encouragent la Turquie et le Qatar), et certainement pas par amour de l'Iran.



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Ted Cruz PsyOp: Une équipe spécialisée dans les opérations psychologiques tente de fabriquer un candidat à l’élection présidentielle US

Ted Cruz PsyOp: Une équipe spécialisée dans les opérations psychologiques tente de fabriquer un candidat à l'élection présidentielle US

Les « opérations psychologiques » (Psy Ops) sont des « ruses de guerre » à l'image du Cheval de Troie. Sous l'influence du général Edward Lansdale, les États-Unis ont doté leurs armées et la CIA d'unités spécialisées, d'abord aux Philippines, au Vietnam et contre Cuba, puis de manière permanente [1].

Les opérations psychologiques sont beaucoup plus complexes que la propagande qui ne vise qu'à déformer la perception de la réalité. Par exemple, durant la guerre contre la Syrie en 2011, la propagande alliée consistait à convaincre la population que le président el-Assad allait fuir, comme le président Ben Ali l'avait fait avant lui en Tunisie. Les Syriens devaient donc se préparer à un nouveau régime. Tandis que, début 2012, une opération psychologique prévoyait de substituer aux chaînes de télévision nationale de faux programmes mettant en scène la chute de la République arabe syrienne de sorte que la population n'oppose plus aucune résistance [2].

De même qu'il existe aujourd'hui des armées de mercenaires, tel que Blackwater-Academi, DynCorp ou CACI, il existe pareillement des compagnies privées spécialisées dans les opérations psychologiques dont la britannique SCL (Strategic Communications Laboratories) et sa filiale états-unienne Cambridge Analytica. Dans le plus grand secret, elles aident la CIA à l'organisation de « révolutions colorées » et s'essaient désormais à la manipulation des électeurs. Depuis 2005, elles participent au salon britannique Defense Systems & Equipment International (DSEi) et vendent leurs services au plus offrant [3]. Dans l'exemple syrien, SCL a travaillé début 2011 au Liban où elle a étudié les possibilités de manipulation de la population communauté par communauté.

Opérations psychologiques et électorat

Dans les sociétés modernes, les autorités politiques sont désignées par la voie électorale. Cela peut aller d'un simple choix —selon leurs qualités personnelles— entre des candidats pré-sélectionnés jusqu'à la désignation de personnalités porteuses d'un projet politique déterminé. Dans tous les cas, les candidats doivent s'appuyer sur des militants ou sur des employés pour mener leur campagne. On sait que le vainqueur est presque toujours celui qui est parvenu à rassembler derrière lui le plus grand nombre de militants. Il convient donc, non seulement de fabriquer un candidat, mais aussi un parti ou un mouvement pour le soutenir. Or, les électeurs hésitent aujourd'hui à s'inscrire dans une organisation et les employés coûtent cher. SCL a eu l'idée d'utiliser les techniques comportementales pour fabriquer un parti politique qui portera son client au pouvoir. Ses psychologues ont dressé le profil-type du militant sincère et manipulable, puis ils ont collecté des données sur la population-cible, ont déterminé qui correspondait à leur profil-type, et ont déterminé les messages les plus efficaces pour les convaincre de soutenir leur client.

Pour la première fois, cela vient d'avoir lieu à une grande échelle : aux États-Unis avec Ted Cruz.

Le slogan de campagne de Ted Cruz : « TrusTed », jeu de mot signifiant « Ted, celui en qui l'on croit ».

Le financement de l'opération

Robert Mercer, un des dix principaux donateurs de la vie publique états-unienne, a indirectement payé plus de 15 millions de dollars à SCL-Cambridge Analytica pour qu'il prenne en charge la campagne de Ted Cruz [4].

Inventeur d'un logiciel de reconnaissance vocale, Mercer est aujourd'hui le patron de Renaissance, une société de placement parmi les plus efficaces au monde. Ainsi son célèbre fonds Medaillon a-t-il réalisé de 1989 à 2006 en moyenne 35 % de profit par an tout en mettant au point un système d'évasion fiscale pour ses clients [5].

Robert Mercer ne s'est jamais exprimé publiquement sur ses opinions politiques et les commentateurs US ne savent pas trop comment classer ce « républicain ». On ignore par exemple ses positions sur les problèmes de société comme le droit à l'avortement ou le mariage gay. Tout au plus sait-on qu'il ne croit pas que les changements climatiques soient provoqués par l'activité humaine. Toujours est-il qu'il combat clairement Hillary Clinton et son ami Donald Trump, et qu'il est proche de John Bolton.

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Source : Bloomberg
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Source : The Guardian

Comment cuire son bacon sur la canon de son fusil.

La collecte des données personnelles

Pour sélectionner les citoyens susceptibles de devenir des militants, SCL/Cambridge Analytica a secrètement réuni des données personnelles sur des millions d'électeurs [6].

Le docteur Aleksandr Kogan a acheté les données d'Amazon, le géant de la vente en ligne aux États-Unis, puis il a payé environ 1 dollar supplémentaire par client pour qu'un questionnaire lui soit adressé via Mechanical Turk (MTurk). En acceptant de s'identifier via Facebook, l'internaute laissait MTurk avoir accès à ses données personnelles qui les croisait avec celles d'Amazon et les transmettait via la société de Kogan, Global Science Research (GSR), à SCL. Bien que le docteur Kogan ait assuré le Guardian ne travailler qu'à des fins de recherche scientifique et uniquement sur des données anonymes, elles sont aujourd'hui en possession de SCL [7].

En quelques mois, SCL disposait d'une base de donnée détaillée sur plus de 40 millions d'électeurs US, à leur insu.

En 2008, la Cour internationale de justice décida de contraindre les États-Unis de réviser le procès d'un Mexicain condamné sans avoir bénéficié d'assistance juridique consulaire. Cependant Ted Cruz, alors sollictor general du Texas, plaida devant la Cour suprême qu'un État fédéré n'était pas astreint à obéir à une Cour étrangère tant que le Traité signé par Washington n'était pas transcrit en droit interne. Il gagna, les États-Unis dénoncèrent le protocole additionnel à la Convention de Vienne, et le condamné fut exécuté.

L'interprétation des données personnelles

Cambridge Analytica a alors procédé à une évaluation de chaque profil selon la méthode OCEAN, c'est-à-dire :
- « Ouverture » (appréciation de l'art, de l'émotion, de l'aventure, des idées peu communes, curiosité et imagination) ;
- « Conscienciosité » (autodiscipline, respect des obligations, organisation plutôt que spontanéité ; orienté vers des buts) ;
- « Extraversion » (énergie, émotions positives, tendance à chercher la stimulation et la compagnie des autres, fonceur) ;
- « Agréabilité » (tendance à être compatissant et coopératif plutôt que soupçonneux et antagonique envers les autres) ;
- « Neuroticisme » (tendance à éprouver facilement des émotions désagréables comme la colère, l'inquiétude ou la dépression, vulnérabilité).

Pour chaque sujet, il est parvenu à établir un graphique de personnalité en utilisant les 240 questions des tests NEO PI-R (Neuroticism-Extraversion-Openness Personality Inventory-Revised).

Sur cette base, SCL a identifié les individus qui constitueraient des militants sincères et manipulables, puis elle a élaboré des arguments personnalisés pour les convaincre.

On pourrait penser que des études de personnalité élaborées à l'insu des sujets seraient trop approximatives. Et pourtant…

Brillant juriste, Ted Cruz a défendu le monument des Dix Commandements installé au Capitole de l'État du Texas. Il a rédigé le mémoire des procureurs généraux de 31 États, selon qui l'interdiction des armes de poing enfreint le droit au port d'armes garanti par le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis. Il a également défendu la récitation du Serment d'allégeance au drapeau des États-Unis, une « Nation sous Dieu », dans les écoles publiques.

Le candidat Ted Cruz

Le candidat qu'il s'agit de porter à la Maison-Blanche, Ted Cruz, est un excellent juriste, brillant orateur et débatteur. Il a notamment plaidé plusieurs fois avec succès à la Cour suprême des États-Unis. C'est un libertarien plutôt qu'un conservateur.

Son père, le pasteur évangélique Rafael Cruz, est un émigré cubain qui prêche le mandat que Dieu aurait donné aux hommes de foi de gouverner « l'Amérique ». Il assure qu'à la fin des temps, qui ne saurait tarder, Dieu donnera aux justes les richesses des méchants [8].

L'épouse de Ted, Heidi Cruz, était directrice pour l'Amérique du Sud au Conseil national de sécurité à l'époque de Condoleezza Rice, puis vice-présidente de Goldman Sachs chargée de la gestion de fortune des clients du Sud-Ouest du pays [9].

Au début de la campagne présidentielle, Ted Cruz était crédité de peu d'opinions favorables et la presse rapportait sa personnalité très peu empathique. Cependant, grâce à l'aide de SCL/Cambridge Analytica, il s'est rapidement constitué un vaste groupe de soutien et a gagné les primaires républicaines de l'Iowa.

En 1988, Ted Cruz affirmait son idéal dans la vie : « Prendre le contrôle du monde. La domination mondiale, tout gérer, être riche, puissant, ce genre de trucs ».

Son éventuelle accession à la Maison-Blanche prouverait la possibilité de subvertir une campagne électorale en recourant aux techniques des opérations psychologiques.

[1Edward Lansdale's Cold War, Jonathan Nashel, university of Massachusetts Press, 2005.

[2] « L'OTAN prépare une vaste opération d'intoxication », par Thierry Meyssan, Komsomolskaïa Pravda (Russie), Réseau Voltaire, 10 juin 2012. « PsyOp imminente de l'OTAN contre la Syrie », Réseau Voltaire, 20 juillet 2012.

[3] "You Can't Handle the Truth. Psy-ops propaganda goes mainstream", Sharon Weinberger, Slate, September 2005.

[4] "The Man Who Out-Koched the Kochs", Annie Linskey, Bloomberg, October 23, 2014.

[5] "Renaissance Avoided More Than $6 Billion Tax, Report Says", Zachary R. Mider, Bloomberg, July 22, 2014.

[6] "Cruz partners with donor's 'psychographic' firm. The GOP candidate's campaign is working closely with a data company owned by Cruz's biggest donor", Kenneth P. Vogel and Tarini Parti, Politico, July 7, 2015. "Cruz-Connected Data Miner Aims to Get Inside U.S. Voters' Heads", Sasha Issenberg, Bloomberg, November 12, 2015. "Cruz campaign credits psychological data and analytics for its rising success", Tom Hamburger, The Washington Post, December 13, 2015.

[7] "Ted Cruz sing firm that harvested data on millions of unwitting Facebook users", Harry Davies, The Guardian, December 11, 2015.

[8] "Ted Cruz's Father Fires Up Campaign Rhetoric. Rafael Cruz's Bible-laced speeches appeal to conservatives, but could alienate swing voters", Janet Hook, Wall Street Journal, June 21, 2015. "Ted Cruz's dad is even more frightening than Ted Cruz", Robert Leonard, Salon, September 24, 2015.

[9] "Heidi Nelson Cruz, Ted's Wife : 5 Fast Facts You Need to Know", Tom Cleary, Heavy, March 23, 2015. "Heidi Nelson Cruz : A Political Spouse Making Sacrifices and Courting Donors", Steve Eder & Matt Flegenheimer, The New York Times, January 18, 2016.

Thierry Meyssan : Consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L'Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.



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Crise agricole : de qui se moque-t-on ?

Crise agricole : de qui se moque-t-on ?

Porc, bœuf, lait. Les mois passent et la crise perdure. Les prix s'effondrent, les petites et moyennes exploitations périclitent et les suicides des producteurs endeuillent nos campagnes.
En dépit des aides ponctuelles distribuées par le gouvernement, les manifestations, les blocages des axes routiers et les visites impromptues dans les centres commerciaux se multiplient dans tout le pays. Un syndicaliste qui craint de perdre tout contrôle sur sa base, confesse :
Quand on ne gagne plus rien (...)

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Helga Zepp-LaRouche : La beauté, une nécessité politique ?

Helga Zepp-LaRouche : La beauté, une nécessité politique ?

Une scène d'Electre, de Sophocle.
Jamais nos pays n'ont connu de crises aussi graves. Pourquoi alors si peu de contestation contre cet ordre inique imposé par Washington, Londres et Bruxelles, cette nouvelle mouture de l'Empire britannique ? Ce n'est pas par ignorance, car tout est désormais accessible sur internet. Pour le grand poète, dramaturge, philosophe et politique que fut Friedrich Schiller, la solution est à chercher du côté de ce que de Gaulle appelait le caractère – le courage de se lever (...)

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La route de la Chine au Moyen-Orient

La route de la Chine au Moyen-Orient

Le président chinois a fait une tournée au Moyen-Orient en rencontrant les représentants politiques des différents camps, une visite en Arabie saoudite étant compensée par une visite en Iran.

Les déclarations les plus importantes de Xi ont été adressées à la Ligue arabe, où il a ouvertement réaffirmé – pour la première fois depuis des décennies – l'engagement de la Chine à l'égard du peuple palestinien. «La Chine soutient le processus de paix au Moyen-Orient», a-t-il dit, et elle soutient «la création d'un État palestinien dont la capitale est Jérusalem-Est».

C'est cette dernière phrase qui a fait frémir les Israéliens.

Ils ont refusé de céder sur Jérusalem-Est, aujourd'hui une poudrière violente. Les remarques de Xi en faveur des Palestiniens doivent être entendues dans ce contexte. Elles défendent le point de vue palestinien et rejettent entièrement celui des Israéliens.

C'est ce qui a valu quelques manchettes à Xi, sans plus.

Il ne fait aucun doute que la déclaration de Xi manifeste une franchise nouvelle de la part du gouvernement chinois par rapport au Moyen-Orient. Depuis les années 1990, la Chine avait été réticente à donner ouvertement sa position. C'est le commerce qui commandait l'ordre du jour, pas la politique.

La Chine, aux Nations Unies du moins, parlait de la nécessité de solutions pacifiques et en faveur du multilatéralisme. Ces idées louables trouvaient peu de preneurs à une époque où les États-Unis menaient leur politique à coups de bombes.

Les réticences de la Chine à l'égard du régime de sanctions contre l'Irak dans les années 1990, puis de la guerre en Irak en 2003, ne se sont pas transformées en révolte. Ses diplomates ont émis des protestations feutrées, puis  se sont retirés.

Lorsque le vote sur la Libye est venu devant le Conseil de sécurité de l'ONU en 2011, la Chine – avec les autres pays des BRICS – a décidé de s'abstenir. Mais lorsque l'Occident a outrepassé le mandat de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU, la Chine – avec la Russie – a décidé de prendre une position plus ferme dans la région.

Depuis 2011, la Chine et la Russie ont bloqué toute tentative de l'Occident d'obtenir une résolution du Conseil de sécurité en faveur d'une guerre en Syrie. La Chine et la Russie, ainsi que la majeure partie de l'hémisphère Sud, s'opposent à de nouvelles opérations visant à des changements de régime. La Libye a été la goutte de trop.

Cela a poussé ces pays, qui occupaient le siège arrière depuis le début des années 1990, à défendre leurs alignements politiques avec plus de détermination. La Chine a commencé à mener des exercices militaires avec la Russie, qui comprenaient un important exercice naval en Méditerranée l'été dernier.

C'était une importante démonstration de force de ces deux puissances mondiales.

Les interdépendances commerciales actuelles de la Chine empêchent toutefois tout virage radical. Lors de sa visite, Xi a dû consolider les relations de la Chine avec l'Arabie saoudite et l'Égypte.

L'Arabie saoudite étant le principal fournisseur de pétrole de la Chine, Xi a dû produire des sons agréables à l'oreille des Saoudiens à propos de leur guerre au Yémen, au sujet de laquelle les diplomates chinois expriment discrètement leurs préoccupations.

La compagnie pétrolière de l'État chinois, Sinopec, et celle de l'Arabie saoudite, Aramco, ont signé un important accord-cadre de coopération stratégique. Les discussions concernant la vente d'une partie d'Aramco sur le marché n'ont pas remis ces liens en cause qui vont durer, que le capital d'Aramco soit dilué ou non.

La Chine a réaffirmé ses liens avec l'Égypte, à la veille du cinquième anniversaire de la révolution égyptienne, principalement parce que la Chine dépend du canal de Suez, une voie de passage majeure pour les produits chinois à destination de l'Europe.

Les relations de la Chine avec l'Arabie saoudite et l'Égypte sont fondées sur le présent : l'économie chinoise compte pour le moment sur le carburant et les voies de transport fournis par ces puissances. La visite de Xi à l'Iran laisse présager que cette dépendance ne sera pas éternelle.

La Chine est aussi le principal partenaire commercial de l'Iran et lui a procuré une bouée de sauvetage pendant l'imposition des sanctions. Xi et le président iranien Hassan Rouhani ont dit l'un et l'autre que le maintien des liens pendant cette période avait instauré une grande confiance entre Téhéran et Pékin. «La Chine est prête à augmenter le niveau des relations bilatérales avec de la coopération», a dit Xi à la télévision iranienne, maintenant que la période des sanctions est terminée. L'Iran propose de vendre davantage de pétrole à la Chine et d'en accroître le volume de manière spectaculaire pendant les dix prochaines années.

Cela rendra la Chine moins dépendante du pétrole saoudien.

Au cours de la dernière décennie, la Chine était affairée à construire la Nouvelle route de la soie, qui devrait s'étendre des côtes chinoises à l'Europe en passant par l'Asie centrale et l'Iran. Des réseaux de chemin de fer et de routes ont été construits au nord de l'Iran pour relier l'Afghanistan à la Turquie.

L'an dernier, le China Railway Group [entreprise chinoise de travaux publics, connue aussi sous l'acronyme CREC, NdT] a remporté un contrat pour construire une partie du chemin de fer qui doit relier Budapest et Belgrade. La Nouvelle route de la soiepart maintenant de la zone industrielle de Shenzhen, sur la mer de Chine méridionale, pour aboutir au cœur de l'Europe de l'Est.

La dépendance au canal de Suez ne fera pas partie des calculs stratégiques de la Chine encore longtemps.

La relation qui se bâtit entre la Chine et l'Iran, autrement dit, pourrait réduire l'importance de l'actuelle dépendance de la Chine à l'Arabie saoudite – pour le pétrole – et à l'Égypte – pour le transport. Les diplomates chinois disent en privé que l'orientation pro-occidentale des États arabes du Golfe est un obstacle pour les planificateurs chinois. Ils souhaiteraient plus de souplesse dans leurs engagements commerciaux. L'entrée récente de l'Égypte dans l'orbite de l'Arabie saoudite accroît ces préoccupations. La Chine disposerait d'une marge de manœuvre limitée si l'Occident exerçait des pressions autres qu'économiques sur ces pays pour couper l'herbe sous le pied de Pékin.

C'est cette crainte des alliés occidentaux en mer de Chine méridionale et dans le détroit de Malacca, comme Singapour, qui a conduit la Chine à construire les ports de Kyaukpyu, au Myanmar, et de Gwadar, au Pakistan. Ces ports permettent d'éviter les goulets d'étranglement en Asie du Sud-Est. La Nouvelle route de la soie contournera le canal de Suez.

Xi est connu pour ses positions sur la nécessité du multilatéralisme dans les affaires mondiales. Le lien entre la Russie et la Chine a été renforcé après la crise ukrainienne de 2014, que les Chinois considèrent comme une tentative orchestrée par l'Occident pour affaiblir la Russie.

L'engagement de Xi envers le bloc des BRICS est représentatif de sa volonté de créer différents pôles comme contrepoids à l'hégémonie occidentale. Son voyage dans le monde arabe doit être vu sous ce jour, comme une tentative de consolider le soutien de partenaires commerciaux nécessaires pour le moment (l'Arabie saoudite et l'Égypte), tout en manifestant son soutien à ceux qui donneront à la Chine librement accès au pétrole et aux marchés (l'Iran).

La déclaration de Xi sur la Palestine n'est pas une réminiscence du soutien historique de la Chine à la cause palestinienne. Nous sommes loin de 1964, le moment culminant de la solidarité sino-palestinienne. Cette année-là, la Chine avait été le premier État non arabe à reconnaître l'OLP.

Pendant son voyage dans la région, Zhou En-Lai avait dit : «Nous sommes prêts à aider les pays arabes à regagner la Palestine. Quand vous serez prêts, dites-le nous. Nous serons prêts aussi. Nous sommes disposés à vous donner tout ce dont vous avez besoin, des armes et des volontaires.»

La Chine avait promis cette année-là d'honorer le boycott d'Israël du Secrétariat de la Ligue arabe en annonçant qu'aucun navire israélien ne serait autorisé dans les eaux territoriales chinoises. Une délégation de l'OLP, dirigée par Ahmad Choukeiri, s'est rendue à Beijing en 1965. Mao a déclaré le 15 mai Journée de Solidarité avec la Palestine.

Lors d'un rassemblement de masse, en présence de la délégation de Choukeiri, Mao a établi un lien entre Israël et Taïwan (Formose), en tant que «bases de l'impérialisme en Asie». «Vous êtes la porte d'entrée du grand continent, a-t-il dit. Et nous sommes la porte arrière.» L'Occident utilise Israël et Taïwan comme des tremplins vers l'Asie, a-t-il affirmé. «La bataille arabe contre l'Occident, a dit Mao, est la bataille contre Israël. Donc boycottez l'Europe et l'Amérique, ô Arabes !» (al-Anwar, 6 avril 1965).

Xi ne parle pas comme ça. Sa manière est plus douce. Il unit la sensibilité commerciale de Deng Xiaoping à la vision anti-occidentale de Mao. La suspicion sur les motivations occidentales est partagée par de nombreux responsables parmi les dirigeants chinois et iraniens.

Mais les jours tranquilles de la Chine semblent révolus. Parler ouvertement de la Palestine et de son droit sur la partie orientale de Jérusalem ne concerne pas seulement ce bout de terre, mais révèle aussi la confiance de la Chine à dire ouvertement ce qu'elle n'a dit qu'en privé pendant des décennies.

Vijay Prashad

Article original : China's road to the Middle East,  The New Arab, 2 février 2016

Traduit par Diane, vérifié et relu par Ludovic et Daniel pour le Saker francophone




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