mardi 9 février 2016

Qui veut la peau de William Bourdon, l’avocat qui lutte contre Guantanamo et la CIA ?

Qui veut la peau de William Bourdon, l'avocat qui lutte contre Guantanamo et la CIA ?

William Bourdon est le défenseur de torturés de Guantanamo, celui des victimes des débordements industriels de la finance mondialisée, comme les travailleurs forcés de Birmanie exploités par Total.

Le mot saloperie vous connaissez ? Vous croyez que… Alors qu'il est urgent de le réinventer afin de qualifier au plus juste les turpitudes de quelques barbouzes. Celles qui entendent « faire la peau » de William Bourdon.

Pour ceux qui ne suivent pas mètre par mètre la carrière de ce maître, je vous explique ce pourquoi il se bat. Ça donne une idée du front auquel ce franc-tireur doit faire face. Bourdon est le défenseur de torturés de Guantanamo, celui des victimes des débordements industriels de la finance mondialisée, comme les travailleurs forcés de Birmanie exploités par Total.

Comme on le fait d'un chat pour son pipi égaré, il a obligé le fisc français à mettre son nez dans les comptes clandestins de la banque HSBC. Ah la grande évasion ! Et il lutte à la hache contre ces dirigeants, par exemple le dictateur rouge sang Sassou Nguesso, qui dilapident l'argent du peuple dans l'achat d'immobilier parisien. Bourdon est l'aiguilleur en chef dans la lutte contre les « biens mal acquis ». Ajoutons, pour la honte de ceux qui ont poursuivi le philosophe, que le plaideur a obtenu la relaxe d'Edgar Morin, juif et Résistant, accusé d'être « antisémite ».

Je ne vais pas vous imposer sa notice Wikipédia, rien qu'un extrait, un « Bourdon pour les Nuls », mais même un résumé est aussi long qu'une facture d'Orange tant le bretteur a d'épées. Tant il y a de causes gagnées, de cause perdues aussi mais qui font l'honneur de l'homme à la barre.

Philosophiquement j'aurais tout dit en précisant que le maître est le grand protecteur des « lanceurs d'alertes, ces emmerdeurs planétaires et qu'il a écrit un livre de la même eau, vivifiant : « Petit manuel de désobéissance citoyenne ».

Un avocat des « terroristes » de Tarnac, c'est lui. Dire qu'il est le conseil du palestinien accusé de l'attentat de la rue Copernic, c'est le crucifier et mettre au jour que Bourdon n'a pas que des amis. Mais plutôt de puissants méchants ennemis.

Qu'arrive-t-il aujourd'hui à cet homme ? La pire blessure que l'on puisse faire à l'honneur d'un vivant : la rumeur. Morin, pour en revenir à lui, à propos d'un bobard qui a jadis empoisonné Orléans, a décrit le poison du mensonge sans visage. Sa nature n'a pas changé : il tue. Et ceux qui n'en meurent pas restent blessés. La rumeur est un crime.

Mais qu'a donc commis Bourdon pour mériter ce châtiment exécuté par des lâches. Selon ce que l'on sait d'un « dossier » qui n'aurait pas dû quitter une étagère de latrines, papiers forgés par une officine façon STASI, l'avocat aurait un compte de 6,8 millions de dollars planqué dans une banque chinoise, à Hangzhou… Allons donc.

Personne, sous la robe noire de l'homme aux cheveux blancs, n'avait jamais entendu le cliquetis des lingots ? Peu importe, il faut allonger Bourdon. Pour le compte. C'est la troisième tentative du genre. Les fois précédentes l'argent, soi-disant évadé, se cachait au Costa Rica ou à Bahreïn !

De tout cela, il n'est rien. Zéro. Jamais de comptes en Amérique Centrale ni dans les Emirats et les chinois les plus chinois viennent de déclarer que, dans la banque citée comme « abritant le compte dénoncé, le numéro n'existe pas ». Pas grave. Pour couper la tête de Bourdon, on va insister et c'est Bercy qui prend le relais.

Les barbouzes, c'est mieux connu depuis l'affaire Ben Barka, ont un tapis rouge qui les conduisent aisément jusqu'au cœur du pouvoir. Cette fois, les calomniateurs anonymes réussissent à convaincre le fisc français de la réalité de leur mensonge, outil de haine qu'ils ont patiemment forgé. Oui, oui, l'avocat de l'ONG Sherpa –celle qui traque les présidents corrompus-, le défenseur des vrais Droits de l'Homme a bien un compte en Chine !

Tout cela est indigne, pas sérieux, relève de la torture psychologique, mais l'administration opère comme si Bourdon était Al Capone. Bercy agit avec audace, comme jamais il ose le faire face aux avides des comptes au Luxembourg ou aux Caïman : le « Directeur des enquêtes fiscales », homme important de Bercy, se fend d'une lettre au FBI. Il demande aux fédéraux de l'aider à traquer le Bourdon !

L'affaire est si cocasse qu'elle pourrait être l'argument d'une prochaine série sur les chaînes OCS. Demander aux Etats-Unis des informations concernant un avocat qui lutte contre Guantanamo, et qui défend aussi un ancien agent de la CIA -une jeune femme qui a démissionné pour ne pas couvrir les infamies de son agence- voilà une bonne idée. La prochaine fois, conseillons à ce sage du fisc d'écrire aux autorités de Buenos Aires (poste restante aux Malouines), afin de connaitre leur point de vue sur Londres.

Le courrier à peine adressé aux successeurs d'Edgar Hoover, notre admirable fisc en livre copie à ses « informateurs », aux reitres qui sont à l'origine de la calomnie. Hourrah, Bercy a donné corps au poison.

C'est maintenant avec en main du papier tamponné « Etat Français », la lettre de Bercy aussi volée que celle de Poe, que les tueurs hors calibres peuvent continuer leur guerre. Les dictateurs et autres monstres de pouvoir, ceux que Bourdon combat à longueur de jour n'auront qu'un mot : « Bercy beaucoup ».

Jacques-Marie Bourget




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Tuer une nation. L’assassinat de la Yougoslavie

Tuer une nation. L'assassinat de la Yougoslavie

Le « plus grand défi militaire » – d'après l'expression de Clinton – de l'histoire de l'OTAN, fut en fait un passage à tabac sadique d'un petit pays par les forces militaires les plus puissantes du monde.

Après le renversement du communisme en Europe de l'Est et en Union soviétique, la République fédérale de Yougoslavie est restée le seul pays de la région à n'avoir pas rejeté ce qui restait de son socialisme pour installer à la place un système de marché sans entrave à la pénétration du capital.

La Yougoslavie avait en effet refusé l'ouverture totale de son économie, de son secteur public important et de ses ressources nationales à prix bradés aux investisseurs et aux créanciers internationaux. C'est pour cette dissidence face au catéchisme inquisiteur capitaliste, et pour rien d'autre, que la Yougoslavie fut attaquée, démantelée et dévastée.

Bien sûr il a fallu habiller cette vérité concrète dans la narration mensongère imposée ad nauseam par les médias et les pouvoirs politiques occidentaux : enrôler la question ethnique pour servir des intérêts de classe, en diabolisant Milošević comme le génocidaire absolu, et arriver à faire croire, malheureusement même à l'honnête homme, que l'OTAN, pourtant bras armé du capitalisme prédateur, avait effectué une « conversion humanitaire ».

L'on tenait enfin une « guerre juste », des bombardements capitalistes humanitaires !

Michael Parenti montre ici au contraire que la plupart des opérations de nettoyage ethnique à travers l'ex-Yougoslavie ont été perpétrées non pas par les Serbes mais contre eux !

Et que le « plus grand défi militaire » – d'après l'expression de Clinton – de l'histoire de l'OTAN, fut en fait un passage à tabac sadique d'un petit pays par les forces militaires les plus puissantes du monde.

Et comble de déréliction pour les Yougoslaves : ces puissances occidentales, pourtant entièrement responsables de l'effusion de sang et de la dévastation, ont pu apparaître comme… des sauveurs !

Dès la fin de la Guerre froide donc, la nature hideuse du capitalisme, désormais libéré de la bride que le monde communiste concurrent lui imposait jusqu'alors, a pu se révéler sans plus aucune retenue.

Ces bombardements impitoyables sur la Yougoslavie furent les premières concrétisations d'une longue série d'agressions prédatrices réalisées par une institution non élue, l'OTAN, qui se place au-dessus des lois, des nations et des peuples.

Michael Parenti

Tuer une nation. L'assassinat de la Yougoslavie

Préface de Diana Johnstone, auteure entre autres de La Croisade des fous. Yougoslavie, première guerre de la mondialisation, Le Temps des Cerises, Paris, 2005.

19 euros

Référence : 978-2-915854-65-7

Michael Parenti est né en 1933 à New-York. Docteur en science politique (Université de Yale), il a enseigné dans de nombreuses Universités aux Etats-Unis et à l'étranger. 

Il a été traduit dans des dizaines de langues (italien, japonais, russe, serbe, allemand, chinois, espanol, arabe…). Il est l'auteur de 24 livres. Son site personnel (en anglais)




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Beyoncé rend hommage aux Black Panthers au Super Bowl 50 (vidéo)

Beyoncé rend hommage aux Black Panthers au Super Bowl 50 (vidéo)

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Tandis que Flint est empoisonnée, GM enregistre des profits records en 2015

Tandis que Flint est empoisonnée, GM enregistre des profits records en 2015

General Motors a annoncé mercredi dernier des profits records avant impôts de 11 milliards $ pour l'année 2015. Le géant de l'auto basé à Detroit, le troisième plus gros constructeur automobile au monde, a engrangé 6,3 milliards $ de profits pour le quatrième trimestre seulement, excédant les prévisions de Wall Street.

Une fois de plus, GM a enregistré le gros de ses revenus dans ses opérations manufacturières en Amérique du Nord où depuis des décennies la société cherche à réduire les coûts, avec l'appui total de l'United Auto Workers (UAW, syndicat des Travailleurs unis de l'automobile), et surtout depuis 2009, lors de la restructuration de l'entreprise par l'administration Obama.

GM a eu une marge bénéficiaire de 10,3% en Amérique du Nord, atteignant son objectif de 10% un an plus tôt que prévu et dépassant les marges obtenues à ses entreprises associées en Chine. Ces résultats ont pu être accomplis grâce à l'exploitation des travailleurs qu'a imposée l'UAW, incluant l'augmentation incessante de la cadence de travail, des heures supplémentaires obligatoires et des salaires de misère pour une nouvelle génération de travailleurs qui ne peut pas se payer les voitures qu'elle construit. La journée même où GM annonçait ses profits, un travailleur qualifié a fait une chute mortelle à une usine GM dans la ville de Defiance en Ohio.

La crise économique mondiale a entraîné une baisse des profits pour GM en Chine et d'importantes pertes en Amérique du Sud et en Europe. Le constructeur automobile ferme des usines et supprime les emplois de milliers de travailleurs de production et de cols blancs au Brésil et en Allemagne. En Russie, GM met fin à ses opérations manufacturières.

Les ventes records de voitures aux États-Unis sont dues à la remontée de la demande qui avait été limitée après le krach de 2008, à la chute du prix de l'essence et aux faibles taux de prêts-auto. Cette situation a fait gonfler les revenus de GM, surtout du côté du marché très profitable des camionnettes et des VUS. Les gros investisseurs prévoient cependant la fin de ce boom des ventes de voitures en 2016 et la baisse des marges bénéficiaires. Cela a entraîné une liquidation des titres de GM mercredi, faisant diminuer sa valeur de 2,5%. Durant la dernière année, les actions de GM ont perdu 13% de leur valeur.

«Nous comprenons que nous sommes dans un domaine d'activité cyclique et qu'il est très difficile pour quiconque de prévoir une baisse», a dit le PDG Mary Barra à des investisseurs lors d'une téléconférence mercredi, «mais nous allons maximiser les gains tout au long du cycle». Elle a affirmé que GM prévoyait réduire ses coûts d'exploitation de 5,5 milliards $ d'ici 2018 et offrir 16 milliards $ en dividendes et rachats d'actions durant cette période.

La restructuration de GM par le gouvernement en 2009 et l'assaut continu, appuyé par l'UAW, sur les emplois, les salaires, les régimes de santé et de retraite des travailleurs de l'auto avaient pour but d'assurer une entrée constante d'argent pour les gros investisseurs dans quasiment n'importe quelles conditions du marché. Une grande part du revenu des travailleurs est basée sur le «partage des profits» et peut être réduite considérablement lors d'un ralentissement économique. L'UAW laisse aussi à l'entreprise la liberté de supprimer des emplois et fermer des usines selon les «conditions du marché».

L'automne dernier, l'UAW a forcé l'acceptation, malgré une opposition de masse, d'une nouvelle convention collective de quatre ans aux 49.600 travailleurs à taux horaire de GM aux États-Unis. Ce contrat, comme les ententes similaires chez Fiat Chrysler et Ford, maintient les deux échelles de salaires et d'avantages sociaux, multiplie la possibilité d'embauche de travailleurs temporaires à bas salaire, impose une franchise aux travailleurs plus âgés qui reçoivent des prestations du régime de santé et garde l'augmentation totale des coûts de main-d'oeuvre en dessous du taux d'inflation.

Pendant que la société offre des milliards à ses plus riches investisseurs, les résidents de Flint au Michigan – la ville d'origine de GM – sont empoisonnés au plomb, en grande partie à cause des toxines déversées dans la rivière Flint par le constructeur durant des décennies. Tandis que les représentants municipaux et de l'État faisaient fi des résidents qui se plaignaient du goût, de la couleur et de l'odeur de l'eau, GM a discrètement cessé de s'approvisionner à l'eau de la rivière à son usine de moteur en décembre 2014, en raison de l'effet corrosif de l'eau. Les fontaines et les machines à glace dont se servaient les employés de l'entreprise ont cependant continué d'utiliser l'eau empoisonnée.

Flint a besoin d'une mobilisation massive de ressources pour réagir aux dommages irréversibles qu'ont subis les enfants et d'autres résidents, mais les 80 millions $ qu'a promis Obama pour Flint équivalent à moins de trois jours de profits de GM l'an dernier.

Les profits records de GM viennent s'ajouter à des annonces similaires qui ont été faites par Ford et Fiat Chrysler (FCA) la semaine dernière. FCA a fait état d'un profit de 410 millions $ pour 2015, une baisse par rapport à 2014 en raison d'un plus grand nombre de rappels et des coûts d'investissement plus élevés.

Lors d'une téléconférence, le PDG de FCA Sergio Marchionne a dit aux investisseurs que la société mettrait fin à sa production de modèles plus petits et moins profitables, la Dodge Dart et la Chrysler 200, pour se concentrer sur les véhicules plus gros. Marchionne a affirmé que FCA pourrait «s'associer» avec d'autres constructeurs automobiles pour continuer à vendre de plus petits modèles. Dans les nouvelles conventions collectives, l'UAW a approuvé la délocalisation de la production des petites voitures à des usines à plus bas salaire au Mexique et a promis de rouvrir les conventions locales et d'imposer des accords «concurrentiels» pour maintenir la production de plus petites voitures aux États-Unis.

Les énormes profits chez GM sont l'expression du complot entre l'entreprise, le gouvernement et les syndicats contre la classe ouvrière, et de la domination de l'aristocratie financière sur presque tous les aspects de la vie aux États-Unis.

En 2009, l'administration Obama a essentiellement offert GM et Chrysler aux spécialistes du «redressement» de Wall Street. L'an dernier, le gestionnaire de fonds spéculatif Harry Wilson, ancien membre de l'«Auto Task Force» d'Obama, a fait pression pour que GM accorde 5,7 milliards $ aux actionnaires, y compris 3,5 milliards $ en rachats d'actions et 2,2 milliards $ de dividendes. GM dit maintenant aux investisseurs qu'il va étendre un programme de rachats d'actions de 5 à 9 milliards $ d'ici fin 2017. L'UAW, qui est détenteur du plus grand bloc d'actions de GM, a salué la mesure.

Pendant que ces parasites de la finance engrangent de vastes fortunes, l'entreprise crée la désolation dans son sillage: non seulement pour les travailleurs de l'auto et leur famille, mais aussi pour des centaines de clients qui ont été tués ou blessés en raison d'interrupteurs d'allumage défectueux.

Au cours de la restructuration de 2009, l'administration Obama a essentiellement immunisé la société et ses plus riches actionnaires contre les conséquences des décisions criminelles prises par la direction. Le département du Trésor a scindé l'entreprise en deux entités: un «vieux» GM, responsable du gros des dettes encourues par les poursuites au sujet de pièces défectueuses ou de la pollution causée par les usines de GM, et un «nouveau» GM, qui serait en mesure de faire parvenir les profits aux gros investisseurs en minimisant les déductions.

L'an dernier, l'administration Obama a donné une tape sur les doigts à GM en lui imposant une amende de 900 millions $ pour le scandale des interrupteurs d'allumage défectueux et aucun haut dirigeant impliqué dans la dissimulation de l'affaire n'a été poursuivi en justice.

Les luttes de masse des travailleurs de l'auto, y compris les grèves d'occupation à Flint dans les années 1930 qui ont mené à l'établissement de l'UAW, ont entraîné une importante hausse des conditions de vie des travailleurs et, en 1960, Flint avait l'un des revenus par personne les plus élevés aux États-Unis. La transformation de la «Ville du véhicule» en l'une des villes les plus pauvres du pays est le résultat des trahisons commises par l'UAW, qui, depuis la fin des années 1970, a étouffé toute résistance des travailleurs aux fermetures d'usines, licenciements et baisses de salaire au nom de la «compétitivité» et de la profitabilité des constructeurs automobiles américains.

Jerry White

Article paru d'abord en anglais, WSWS,  le 4 février 2016




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Que doit faire l’Amérique latine face à la tourmente financière ?

Que doit faire l'Amérique latine face à la tourmente financière ?

Inévitablement, lors du quatrième sommet de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) qui s'est tenu le 27 janvier dans la ville de Quito, en Équateur, l'économie, le développement et l'intégration régionale ont été parmi les sujets les plus discutés par les participants.

Ce n'est pas un secret que les économies latino-américaines ont été gravement touchées à la suite de la chute drastique des prix des matières premières.

En 2015, le PIB en Amérique latine a diminué de 0.4%, ce qui a marqué sa pire performance depuis la récession de 2009. Et selon les estimations de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), le taux de croissance de l'année ne sera que de 0.2%. La situation économique a été encore plus sombre dans les pays exportateurs de produits primaires : le taux de croissance du PIB de l'Amérique du Sud s'est effondré à 1.6% l'an dernier et sera négatif en 2016.

Sans aucun doute, la phase d'expansion liée à l'exportation de matières premières est épuisée. En 2015, le commerce extra-régional en Amérique latine a chuté de 14% pendant que le commerce intra-régional a, pour sa part, régressé de 21%. La déflation (baisse des prix) a également frappé l'investissement direct étranger visant à l'exploitation des ressources naturelles (agriculture, métaux, minerais, pétrole, etc.), qui s'est contracté de plus de 20% au cours des six premiers mois de l'an passé. Les prix des matières premières resteront bas, de sorte qu'il faudra miser sur une diversification de la production.

 

Nous vendrons tout ! La panique des investisseurs à la répétition de la crise de 2008

 

Il n'y a pas de temps pour la contemplation, les dirigeants d'Amérique latine ont besoin de passer des paroles aux actes, sinon la récession sera plus profonde. Si le système de la Réserve fédérale (FED) des États-Unis remonte le taux d'intérêt des fonds fédéraux, les pays d'Amérique latine courent le risque d'une crise de liquidité dans des proportions énormes. Si ce scénario se produit ce sera un revers majeur en termes sociaux : des centaines de milliers de personnes retourneront à la pauvreté.


Dans un univers parallèle : Peña Nieto voit le Mexique comme le pays ayant le plus grand potentiel

 

La question se pose de savoir quoi faire. Pour surmonter un tsunami financier, les actions conjointes sont plus efficaces que le chacun pour soi. En ce sens, lors de son dernier sommet la CELAC a de nouveau mis sur la table la nécessité de tirer le potentiel maximum de l'architecture financière régionale. Par exemple, pour amortir la fuite massive de capitaux il faut mettre en œuvre le Fonds du Sud. Il est inconcevable que l'épargne de l'Amérique Latine serve à financer les pays du G7 – composé de l'Allemagne, le Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni. Au lieu de cela, les réserves internationales des banques centrales d'Amérique latine devraient être administrées ensemble pour stabiliser les balances des paiements et éviter de tomber dans le piège des dévaluations compétitives.

D'autre part, il est à noter qu'il y a une quinzaine de jours, j'ai soutenu que pour avoir cédé à la pression des entreprises, le ministère brésilien des Affaires étrangères était le principal responsable de la paralysie bureaucratique de la Banque du Sud, une nouvelle banque de développement régional chargée de soutenir le financement des projets productifs et des infrastructures. En effet, les pays d'Amérique latine doivent faire des investissements annuels de 320 milliards de dollars pour répondre à leurs exigences en matière d'infrastructures d'ici à 2020, selon les estimations de la CEPALC.

Les décisions importantes concernant l'intégration régionale de l'Amérique du Sud ont besoin de l'approbation des plus grands pays : le Brésil, l'Argentine et le Venezuela. Malheureusement, mon hypothèse s'est finalement vérifiée : un peu plus de huit ans après sa signature, cinq pays seulement sur sept ont ratifié la charte fondatrice. Le Brésil et le Paraguay ne l'ont pas encore fait, selon Andres Arauz, représentant de l'Équateur au conseil de la Banque du Sud.

Ainsi, bien que les règlements, les détails techniques et les contributions par pays soient déjà décidés, l'institution est, dans les faits, inexistante. Selon Veronica Artola, directeur adjoint de la planification et de la régulation de la banque centrale de l'Équateur, la condition préalable pour faire fonctionner la Banque du Sud, est de nommer au moins quatre des sept membres du conseil exécutif. L'Équateur, le Venezuela et la Bolivie ont leurs représentants. Alors que, dans le cas de l'Uruguay, il manque la ratification du nouveau gouvernement dirigé par Tabaré Vázquez. L'Argentine, le Brésil et le Paraguay n'ont pas encore envoyé leurs propositions.

En conclusion, la baisse des prix des matières premières a installé une situation grave pour les économies de la région. Aujourd'hui, il est plus clair que jamais que le coût de l'inertie de certains gouvernements a été trop élevé. Il faut rapidement débloquer le Fonds et la Banque du Sud, les outils de l'Amérique latine pour s'en sortir avant la tempête financière …

Ariel Noyola Rodríguez

Article original en espagnol : ¿Qué debe hacer América Latina frente a la tormenta financiera?, RT, 29 janvier 2016

Traduit et édité par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

Ariel Noyola Rodríguez est économiste, il a fait ses études supérieures à l'Université nationale autonome du Mexique. Contact: [email protected]. Twitter:@noyola_ariel.




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Palestine : A quoi joue Laurent Fabius?

Palestine : A quoi joue Laurent Fabius?

Le 29 janvier dernier, au cours d'une cérémonie de vœux au corps diplomatique, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a réactivé une vieille idée de la diplomatie française : une conférence régionale-globale pour relancer les discussions de paix entre israéliens et palestiniens. Cette conférence rassemblerait autour des deux parties leurs principaux partenaires : les Etats-Unis, l'Union européenne et les pays de la Ligue arabe. En cas d'échec, Laurent Fabius a répété que Paris reconnaîtrait de façon unilatérale l'Etat de Palestine. Diantre !

De celle de Madrid en 1991 à celle d'Annapolis en 2007, les conférences israélo-palestiniennes ont toujours demandé un énorme travail de préparation et de mise en condition. Et dans le contexte actuel, rien ne laisse augurer que de telles dynamiques soient envisageables. La sortie de Laurent Fabius, qui doit quitter son poste dans quelques jours pour aller pantoufler à la présidence du conseil constitutionnel, est d'autant plus incompréhensible que François Hollande n'a cessé de donner des gages à Benjamin Netanyahu depuis son arrivée à l'Elysée. Entre autres, chacun se souvient du communiqué de l'Elysée – du mercredi 9 juillet 2014, après plusieurs journées de bombardements israéliens meurtriers sur la bande de Gaza – par lequel la France éternelle « condamnait fermement » les tirs de roquettes du Hamas.

La présidence de la République estimait qu'il « appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces ». Le président de la République rappelait aussi « la nécessité de prévenir l'escalade des violences », sans autre indication et, surtout sans un mot pour les victimes civiles palestiniennes ! Alerté par ses nombreux conseillers en communication sur les effets dévastateurs d'un tel communiqué propre à désespérer la banlieue, l'Elysée rectifiait le lendemain en s'inquiétant un peu tard des victimes civiles… Trop tard, sans parler de Tel-Aviv sur Seine et plages ! Et malgré cette dernière tentative de rééquilibrer le curseur israélo-palestinien, François Hollande et le Parti socialiste abordent, désormais la prochaine élection présidentielle avec une indécollable image pro-israélienne…

Selon plusieurs de ses très proches, Laurent Fabius est littéralement obsédé par la trace qu'il laissera dans l'histoire de la diplomatie française, sinon dans l'histoire tout court et bien-sûr, il la souhaite la plus valorisante possible. Par ailleurs, rien n'énerve autant le ministre des Affaires étrangères sortant que les éloges régulièrement tressés à la gloire de son éminent prédécesseur Hubert Védrine, et tout spécialement dans sa gestion « équilibrée » du conflit israélo-palestinien. De Laurent Fabius, l'histoire retiendra surtout qu'il s'est opposé, et jusqu'au dernier moment, à la finalisation de l'accord historique sur le nucléaire iranien. Jusqu'à son inéluctable signature, le 14 juillet 2015 à Vienne, le ministre français des Affaires étrangères a servilement relayé critiques et demandes israéliennes. Au nom de quels intérêts ? Français et Européens ? A voir… Toujours est-il que Laurent Fabius a voulu épater la galerie avant de partir, se souciant comme d'une guigne de la concrétisation de sa proposition lancée à la cantonade.

Sur ce dossier essentiel pour la stabilité et la paix mondiales, Laurent Fabius a toujours été à contretemps. Fin août 2014, en clôture de la conférence des ambassadeurs, il lâche sans élaborer davantage qu' « il faudra bien, à un moment, reconnaître l'Etat palestinien ». Une nouvelle opération meurtrière de l'armée israélienne venait de s'achever (2300 victimes palestiniennes), après les vaines tentatives du secrétaire d'Etat américain John Kerry de relancer la négociation. A l'automne 2014, Paris présente au Conseil de sécurité le projet d'une résolution inédite qui imposerait aux protagonistes un calendrier contraignant ainsi que des paramètres sur les grandes questions (droit au retour des réfugiés palestiniens, Jérusalem capitale des deux Etats, reconnaissance mutuelle, etc.) Le 28 novembre 2014, un débat avait lieu à l'Assemblée nationale, avant un vote sur une résolution symbolique reconnaissant la Palestine. Laurent Fabius évoquait devant les députés la nécessité de trouver le bon tempo pour cette mesure unilatérale.

A la fin décembre 2014, Paris doit déchanter. Non seulement, les Etats-Unis ne soutiennent pas la démarche française, mais les Palestiniens préfèrent pousser un projet de résolution concurrent, via la Jordanie. Le texte est rejeté. Les efforts de la France sont balayés et les observateurs ébaubis devant un tel amateurisme. Commence alors un cycle de six mois de négociations intenses sur le programme nucléaire iranien. Paris relaie scrupuleusement toutes les demandes israéliennes et le voyage de Laurent Fabius au Proche-Orient, à la fin de juin 2015, est – sans surprise – un coup d'épée dans l'eau.

En marge de l'Assemblée générale de l'ONU, le 30 septembre, a lieu une réunion du Quartet (ONU, UE, Russie et Etats-Unis), élargie à la Jordanie, l'Egypte et l'Arabie saoudite. Le lendemain débute un nouveau cycle de violences, encore en cours et dans lequel 25 Israéliens et près de 160 Palestiniens (dont de nombreux agresseurs) ont été tués. Israël et les Etats-Unis, de leur côté, sont occupés à mettre la touche finale à un nouveau mémorandum qui fixera pour dix ans le montant de l'aide militaire américaine. Tel-Aviv annexe 150 hectares de terre palestinienne dans l'indifférence générale, y compris celle de la France et de son ministre des Affaires étrangères si soucieux de son image d'homme de paix.

Dans ces perspectives de déshérence, une diplomatie sérieuse aurait du, d'abord par dresser la nouvelle géopolitique de la question palestinienne. Depuis l'assassinat d'Yitzhak Rabin, le 4 novembre 1995 par un terroriste israélien, le processus de paix est au point mort et le mouvement palestinien a été cassé en plusieurs morceaux, les territoires de Cisjordanie et de Gaza aussi. De Tel-Aviv regardant la Palestine, on affectionne le bon mot de Mauriac disant qu'il aimait tellement l'Allemagne qu'il préférait donc en avoir deux.

Et l'on sait mieux, désormais comment les services israéliens ont misé, depuis le début des années soixante-dix sur les Frères musulmans, pour faire pièce à l'OLP laïque et marxisante de Yasser Arafat, en favorisant les factions qui se regrouperont sous la bannière du Hamas, et aujourd'hui celle de plusieurs factions jihadistes qui se sont proclamées en faveur de Dae'ch. Mais quoiqu'il arrive, Tel-Aviv poursuit inexorablement sa politique consistant à favoriser les factions islamistes extrémistes sur le refrain connu : c'est nous, l' « Etat juif » ou le chaos terroriste !

Jusqu'aux attentats du 11 septembre 2001, la question palestinienne avait conservé une certaine centralité dans les efforts de recréation d'une certaine stabilité aux Proche et Moyen-Orient. Mais avec sa déclaration de « guerre planétaire à la terreur », les deux gouvernements Bush successifs vont vouloir remanier et « démocratiser » le Grand-Moyen-Orient, des côtes du Maroc au fin fond de l'Indonésie. Avec leurs guerres en Afghanistan, dans les zones tribales du Waziristân, en Irak, en Libye, au Yémen et ailleurs – dont on peut mesurer quotidiennement les brillantes conséquences – les Etats-Unis et leurs supplétifs occidentaux ont poursuivi une politique obsessionnelle de changement de régime qui, elle-aussi s'est avéré catastrophique.

Dans ce nouveau contexte stratégique, la revendication palestinienne a perdu toute dimension politique pour se transformer en une simple question de sécurité et de maintien de l'ordre. La doctrine des néoconservateurs américains et de leurs émules européennes et tout particulièrement françaises, a fini par imposer une doxa dominante théorisée durant les années quatre-vingt par l'un de ses chefs de file, l'historien Bernard Lewis : ne plus parler d'un « monde arabe » et d'Etats-nations arabes… mais de tribus, de clans et de confédérations de clans ! A la trappe la question nationale palestinienne, la priorité étant exclusivement donnée à la lutte contre le terrorisme et ses multiples ramifications internationales rhizomatiques et toujours récurrentes…

Dans ce contexte stratégique et idéologique, on peut toujours relancer toutes les idées de toutes les conférences que l'on veut et rédiger tous les projets de résolutions dont on sait par avance qu'ils seront aussitôt abandonnés à la critique rongeuse des souris… Mais alors, plutôt que faire compliqué, pourquoi ne pas chercher à faire beaucoup plus simple ?

Le 29 janvier dernier, le secrétaire général des Nations unis, Ban Ki-moon a durement critiqué – et ce n'est guère son habitude – la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, appelant à un gel des constructions. La « frustration de Palestiniens s'accroît sous le poids d'un demi-siècle d'occupation et de paralysie du processus de paix », a-t-il déclaré en s'adressant au Conseil de sécurité lors d'un débat sur le Proche-Orient. Et de préciser que la poursuite de la colonisation « est un affront fait à la population palestinienne et à la communauté internationale (…) et soulève des questions fondamentales sur l'engagement d'Israël envers une solution à deux États ».

La réaction de Benjamin Netanyahu ne s'est pas fait attendre : « Les commentaires du secrétaire général de l'ONU encouragent le terrorisme ». Et pour qui n'aurait pas compris : « Il n'y a aucune justification au terrorisme. Les assassins palestiniens ne veulent pas bâtir un État, ils veulent détruire un État. » C'est avec la même arrogance que la ministre suédoise des Affaires étrangères Margot Wallström s'était trouvée le 13 janvier « interdite de séjour » en Israël et en Palestine pour avoir demandé des enquêtes approfondies sur les nombreux décès de Palestiniens qui s'apparentent à des exécutions extrajudiciaires.

Réactions de la France et de ces partenaires européens ? Rien à ce jour. On voit même au contraire des pays européens refuser jusqu'à la décision d'étiquetage des produits des colonies et laisser Netanyahu jouer la division de l'Europe. A l'heure où tout semble bon pour donner des gages aux soutiens inconditionnels d'Israël dans notre pays, on aimerait savoir si Paris et son ministre des Affaires étrangères sortant choisissent par leur silence de désavouer Ban Ki-moon ou s'ils se décident enfin à mettre en œuvre l'étiquetage des produits des colonies israéliennes, réclamé depuis longtemps. Cette prise de position sur ce dossier concret serait certainement plus efficace qu'un nouvel appel improbable à une conférence internationale tout aussi improbable !

Richard Labévière




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