samedi 21 mars 2015

Bon anniversaire, M. Lavrov. Russie Sujet Géopolitique



Bon anniversaire, M. Lavrov.










Texte est paru ce samedi 21 mars sur le site « Ruskaia Cila », à l'occasion du soixante cinquième anniversaire du Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie. Il se termine par quelques commentaires de l'intéressé à propos de la situation en Ukraine.



C'est aujourd'hui que Sergueï Viktorovich Lavrov, chef de la diplomatie de la Russie, fête son soixante-cinquième anniversaire. En 2004 il prit la charge qu'il continue à honorer aujourd'hui. Auparavant, le diplomate fut représentant permanent de la Russie à l'ONU. Trois fois successivement, il a donc été choisi pour être Ministre des Affaires étrangères.


Le 21 mars 1950 Sergueï Viktorovich Lavrov, naquit à Moscou. En 1972, il termina le cycle d'études universitaires du Département de l'Orient de la Faculté des Relations internationales de l'Université d'État de l'URSS MGIMO à Moscou, maîtrisant l'Anglais, le Français et le Cingalais. Ce fut donc au Sri Lanka que l'on envoya travailler le jeune diplomate. Il y exerça les fonctions de traducteur, chef du protocole, secrétaire personnel et assistant de l'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l'URSS au Sri Lanka, Rafik Nichanov. En 1981, Sergueï Lavrov se rendit aux États-Unis, où il fit son entrée au sein de la Représentation Permanente de l'URSS à l'ONU, à New York. Il y œuvra en qualité de premier secrétaire, conseiller et ensuite conseiller principal. De 1988 à 1994, le diplomate travailla dans l'équipe de direction du Ministère des Affaires étrangères à Moscou, devenant en 1992, Vice-Ministre des Affaires étrangères de la République Fédérale, Andreï Kozyrev étant Ministre. De 1994 à 2004, Sergueï Lavrov fut représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l'Organisation des Nations Unies, avec le rang d'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Fédération de Russie. En mai 2006, il fit son entrée au sein de l'état-major opérationnel fédéral du Comité antiterroriste de Russie.


Quasi immédiatement après qu'il ait pris la tête du Ministère des Affaires étrangères, la Russie, pour la première fois en 10 ans, fit usage de son droit de veto au Conseil de Sécurité de l'ONU, dans la question du referendum au sujet de l'unification de Chypre. En octobre 2011, Lavrov participa de nouveau à la décision de la Russie de recourir au droit de veto. Cette fois, il s'agissait d'un projet de résolution concernant la Syrie, où la guerre civile avait éclaté au printemps de cette année-là. A de nombreuses reprises, le Ministre des Affaires étrangères avait réitéré l'impossibilité de s'immiscer dans les affaires politiques intérieures d'un pays tiers, et il s'employa de toutes ses forces à empêcher que se répète en Syrie le scénario qui fut imposé à la Libye.


Le chef de la diplomatie de la Russie apprécie la littérature, et il a écrit lui-même une série de textes consacrés aux réalisations des diplomates de Russie. L'un d'eux, intitulé « Le Prikaz de l'Ambassadeur » conte l'histoire compliquée du Ministère des Affaires étrangères. Il est également l'auteur de l'hymne officiel de l'Université MGIMO. Des poèmes de Lavrov relatifs à certains pays étrangers, ont été publiés dans le magazine « Le Pionnier Russe ». « Le diplomate de carrière pourrait parler longuement de l'étranger, même sans dévoiler les secrets de la cuisine diplomatique. Mais ce serait une prose de diplomate sur les choses de sa vie quotidienne ». Le chef du Ministère des Affaires étrangères a une autre passion : le rafting, au fil des rivières de montagnes. C'est pourquoi il préside le Comité de Patronage de la Fédération russe de slalom aviron. Le portail informatique de cette fédération explique en effet, que pour pouvoir se développer, elle avait non seulement besoin d'une structure, mais aussi de ressources financières, d'installations et équipements sportifs, et de la capacité de nouer des liens. Il était clair qu'il fallait un chef qui soit en mesure d'attirer de telles ressources. C'est ainsi qu'en 2006, Sergueï Lavrov accepta de devenir Président. « C'est à ce moment qu'à réellement commencé l'histoire de notre fédération », raconte son président actuel Sergueï Papouchine. Selon le Ministre, c'est son ami Sergueï Milekhine qui l'intéressa au slalom aviron, alors qu'ils effectuaient un séjour rafting dans l'Altaï.



La carrière diplomatique de Lavrov est émaillée d'un détail intéressant, lorsqu'il fut nommé à la tête du Ministère des Affaires étrangères, Sergueï Viktorovich convint avec le chef de l'État qu'il serait autorisé chaque été à s'éclipser pour pratiquer ses voyages sportifs au fil de l'eau. « Sergueï Lavrov joua un rôle important dans le démarrage de la construction de canaux adaptés au slalom. Pour l'instant, on est occupé à en construire trois, Rushydro, Okoulovka et Oufa. Dans chacun de ces projet, Sergueï Viktorovich a pris une part importante ; il a mené les négociations avec les responsables desquels dépendaient les autorisations de construire. Il faut quelqu'un à la barre, quelqu'un aux avirons, quelqu'un pour entraîner, et quelqu'un comme Sergueï Lavrov pour résoudre les questions importantes liées au développement du sport. Il est toujours disponible et fait tout ce qu'il peut pour favoriser le développement du slalom aviron ».


L'épouse du Ministre, Maria Alexandrovna Lavrova est philologue de formation. Elle enseigne la langue et la littérature russes. Elle a travaillé à la bibliothèque de la Représentation Permanente de la Russie auprès de l'ONU. Les époux Lavrov ont une fille, Ekaterina, diplômée de l'Université Columbia à New York, elle a également étudié le droit à Londres.


Citations de Sergueï Lavrov :


« Le monde contemporain n'est pas un jardin d'enfants dans lequel les éducateurs infligeraient n'importe quelle punition, à leur discrétion. »

« Par définition, la valse est un mouvement circulaire, c'est pourquoi, la valse ne convient pas. Le tango, il s'agit d'une sorte de mouvement brusque. Le twist, on sait ce que c'est. Dès lors, deux pas en avant, un pas en arrière, finalement, c'est une tendance positive ».

« Dans les forums internationaux, il y a toujours l'un ou l'autre ministre de pays qui ont imposé des sanctions à la Russie, pour me tirer de côté, et me demander, en faisant tourner un bouton de ma jaquette, de me mettre à sa place. Vous savez, nous on ne voulait pas, mais on était bien obligés. Consensus, solidarité ».

« Attaquer les citoyens de Russie, c'est attaquer la Russie ».

« Il ne faut pas oublier que la violence étalée lors du maïdan, et qui se termina avec des dizaines de victimes, on l'appelle démocratie. Mais les protestations pacifiques qui se produisent dans le Sud-Est [de l'Ukraine N.d.T.], on les appelle terrorisme et on s'en sert pour justifier le recours à l'armée pour mener de soi-disant opérations antiterroristes ».


Dans une déclaration faite au cours d'un entretien diffusé sur la première chaîne de télévision « Rossia 1 », Sergueï Lavrov a précisé ceci : « Kiev devrait aussi faire des compromis. Ils ont refusé de reconnaître les élections dans les républiques populaires de Donetsk et Lougansk. De plus, Kiev a commencé à expliquer qu'ils discuteront des élections et du statut particulier uniquement avec des personnes choisies sur base de conditions que le pouvoir de Kiev est occupé à définir. Elles comprendront notamment le fait que Kiev contrôlera ces territoires. C'est un pur non-sens. Si c'est cela qu'ils cherchent, alors, ils ne veulent pas octroyer un statut spécial. Je rappelle que les dirigeants actuels, Alexandre Zakharchenko et Igor Plotnitski, sont acceptés par tous. C'est tout de même pour cela qu'ils ont signé les accords de Minsk, qui furent à leur tour ratifiés par le Conseil de Sécurité de l'ONU ».


Le Ministre n'estime pas important le fait que les signatures de Plotnitski et Zakharchenko au bas des accords de Minsk ne soient pas accompagnées de leur fonction. Ce n'est pas important ; les accords de Minsk sont officiellement intégrés dans le texte de la résolution 2202 du Conseil de Sécurité et en constituent une partie indissociable. Les noms de famille de ces deux personnes sont scellés dans le document approuvé par consensus au Conseil de Sécurité de l'ONU.Plus encore, lors des étapes préparatoires, dans le cadre du groupe de contact (en Ukraine N.d.A.) lorsque Lougansk et Donetsk désignèrent leurs représentants plénipotentiaires aux négociations, les autorités de Kiev ne voulurent pas les rencontrer. Aujourd'hui, c'est « ce doit être Zakharchenko, ce doit être Plotnitski ». Ceux-ci ont donc une certaine légitimité aux yeux de Kiev. », ajoute Lavrov. Selon le Ministre, cette inconséquence est visible de tous. Mais « le malheur, c'est que les Américains, et les Européens, dans une moindre mesure, se sentent très mal à l'aise quand ils sont forcés de critiquer Kiev. Par tous les moyens ils essaient d'y échapper. Ils ont « mijoté » ce nouveau pouvoir ukrainien, ils l'ont soutenu, ils lui pardonnent beaucoup. Mais en vain, termina Lavrov.


21 mars 2015


Source :


Russie Sujet Géopolitique



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Ma France Jean Ferrat (1967)



Ma France – Jean Ferrat (1967)


De plaines en forêts de vallons en collines

Du printemps qui va naître à tes mortes saisons

De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine

Je n'en finirai pas d'écrire ta chanson

Ma France


Au grand soleil d'été qui courbe la Provence

Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche

Quelque chose dans l'air a cette transparence

Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche

Ma France


Cet air de liberté au-delà des frontières

Aux peuples étrangers qui donnait le vertige

Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige

Elle répond toujours du nom de Robespierre

Ma France


Celle du vieil Hugo tonnant de son exil

Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines

Celle qui construisit de ses mains vos usines

Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille

Ma France


Picasso tient le monde au bout de sa palette

Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes

Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes

De dire qu'il est temps que le malheur succombe

Ma France


Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une

Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs

En remplissant l'histoire et ses fosses communes

Que je chante à jamais celle des travailleurs

Ma France


Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches

Pour la lutte obstiné de ce temps quotidien

Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche

l'affiche qu'on colle au mur du lendemain

Ma France


Qu'elle monte des mines descende des collines

Celle qui chante en moi la belle la rebelle

Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines

Celle de trente-six à soixante-huit chandelles

Ma France




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POUR UN PUISSANT FRONT NATIONAL UNI Jacques Duclos (octobre 1952)


La nation veut l'indépendance et la paix.

Le 3 octobre 1952, ce texte de Jacques Duclos, « Pour un puissant front national uni », a ouvert à Montreuil les travaux du Comité Central du Parti Communiste Français. Celui-ci a adopté l'appel que ce rapport comportait.

Il s'agit d'un document historique rare, qui confirme que Jacques Duclos (dont il convient de rappeler qu'il a dirigé la Résistance nationale et antinazie du PCF pendant l'Occupation) avait compris la nécessité de barrer la route à l'impérialisme étasunien et à ses agents en France. A la tête de ceux-ci, se trouvaient déjà les dirigeants socialistes.


Pendant 7 ou 8 mois, cette stratégie politique particulièrement lucide et pertinente, liant les questions sociale et nationale, sera celle du PCF. Le 10 avril 1953, à son retour de Moscou où il se soignait, Maurice Thorez était-il porteur de « critiques soviétiques » ? En tout cas, cette voie privilégiant le maintien de l'indépendance nationale et de la souveraineté – alors que les dirigeants socialistes ont déjà ouvertement fait acte d'allégeance envers les dirigeants étasuniens – est abandonnée dès la deuxième partie de 1953. En 1954, le XIIIe Congrès du PCF préconise à nouveau la recherche de l'unité avec ces socialistes, malgré leur vassalisation et leurs responsabilités dans les guerres coloniales.


Après bien des péripéties, ce choix stratégique de la direction du PCF conduira à la catastrophique ligne politique d'union de la gauche, à l'élection de François Mitterrand, à Maastricht, à l'euro et à l'euro-dictature, c'est-à-dire à la régression sociale, à la trahison nationale et à la perte de la souveraineté du peuple nation…Elle continue à nous entrainer aujourd'hui vers la fusion euro-transatlantique, les guerres à répétition pouvant entrainer une troisième guerre mondiale.


L'appel de Jacques Duclos était, l'histoire l'a démontré, totalement justifié. La politique dont il était potentiellement porteur était certainement difficile à concrétiser, mais l'exemple de la Résistance et du CNR encore très proche indiquait un chemin possible.


En 1966, le Centre Marxiste-Léniniste de France avait retrouvé et repris cet appel de Jacques Duclos et du Comité Central du PCF en soulignant son actualité.


Dans les ouvrages du PCF concernant son histoire, cet appel est quasiment effacé, un peu comme si cette démarche politique n'avait jamais existé, alors qu'aujourd'hui encore nous pensons qu'il indique, en substance, la voie de l'union du peuple de France, qui seule permettra de rétablir l'indépendance nationale, la souveraineté populaire, la démocratie et le progrès social. Le Comité Valmy s'est depuis de longues années prononcé pour la création d'un front patriotique de progrès…


L'expérience du Comité Valmy, qui depuis 1991 rassemble des militants de sensibilités diverses, et notamment des gaullistes et des communistes, confirme le caractère réaliste de cette démarche politique. Nous sommes heureux de pouvoir remettre en lumière cet appel « oublié » (et si difficile à trouver) sur le site du Comité Valmy.


Claude Beaulieu



POUR UN PUISSANT

FRONT NATIONAL UNI


La nation veut l'indépendance et la paix


Dans les circonstances présentes, alors qu'il s'agit de sauver le pays, d'empêcher qu'il ne sombre dans la ruine et la honte d'une politique de trahison, le devoir qui s'impose est d'unir la classe ouvrière et de rassembler avec elle, en un puissant Front national uni, l'immense masse des Français et Françaises qui « sont résolus à lutter pour la paix et l'indépendance de la patrie sans aucune distinction d'opinions politiques, de croyances religieuses ou de situation sociale ».


De plus en plus nombreux sont ceux qui en arrivent à penser que la situation actuelle, conséquence de la politique du gouvernement Pinay, ne peut plus durer, que le plan Schuman et la mainmise américaine, tant politique qu'économique, sur notre pays, ont des conséquences désastreuses auxquelles il faut mettre un terme, que le réarme¬ment de l'Allemagne de l'Ouest, avec les menaces qu'il comporte pour la sécurité de la France, est inacceptable.


Il faut dire en effet et répéter que l'action des masses, si elle atteint un degré de puissance suffisant, peut non seulement faire triompher telles ou telles revendications économiques, atteindre tels ou tels objectifs politiques immédiats comme, par exemple, le dégonflement du complot, mais elle peut aussi aboutir à des victoires bien plus grandes.


L'action des masses peut imposer non seulement un changement de gouvernement, ce qui ne serait rien si la même politique devait être poursuivie avec un autre gouvernement plus ou moins semblable, mais elle peut imposer aussi, et c'est cela qui est important, un changement de politique.


L'intérêt de la classe ouvrière et de l'ensemble du peuple, l'intérêt de la France, exigent que tout soit mis en œuvre pour imposer le départ du gouvernement actuel et pour rendre inefficaces les intrigues de ceux qui, comme les dirigeants socialistes, font semblant de combattre Pinay tout en manœuvrant pour assurer sa survie ministérielle ou tout au moins la continuation de sa politique.


Pour ne citer qu'un exemple de l'état d'infériorité et de dépendance dans lequel la politique gouvernementale place notre pays, il suffit de comparer la situation actuelle de la sidérurgie française avec les prévisions que la Commission de modernisation de la sidérurgie faisait en novembre 1946, c'est-à-dire avant la marshallisation de la France dont le socialiste Ramadier fut le sinistre initiateur.


Cette commission prévoyait une production pour 1949 de 10 millions de tonnes d'acier, de 12 millions pour 1951 et de 15 millions par la suite.


De telles ambitions n'étaient nullement au-dessus des possibilités françaises, mais avec la politique de marshallisation le développement économique de la France devait être forcément entravé.


C'est si vrai que pour 1951, la production de la sidérurgie française, tributaire de l'Allemagne occidentale pour ses approvisionnements en coke sidérurgique, n'a été que de 9.800.000 tonnes, cependant que la sidérurgie allemande produit déjà 13.500.000 tonnes et atteindra 22 millions de tonnes en 1957.


Les trusts allemands sont entrés avec une supériorité évidente dans le pool charbon-acier qui va verser 350 mil¬lions de marks au criminel de guerre Krupp, et cette supériorité va être encore accrue par le règlement de la question de la Sarre, quelle que soit la solution adoptée.


Ce sont donc les trusts allemands qui vont être les grands bénéficiaires de l'opération de trahison des intérêts français que constitue le plan Schuman. Εt des usines françaises dont le développement était prévu par la Com¬mission de modernisation de la sidérurgie, sont vouées à la disparition avec le chômage qui en résultera et avec l'affaiblissement de la France qui en sera la conséquence.


Notre pays est ainsi réduit à une situation mineure, ce qui ne peut manquer de provoquer des mécontentements non seulement dans les rangs de la classe ouvrière, mais jusque dans les milieux de la bourgeoisie lésés dans leurs intérêts.


Ainsi se manifestent les contradictions qui minent le système impérialiste. Ces contradictions sont la consé¬quence inévitable de l'action des forces économiques internes du capitalisme, la conséquence de sa décadence générale.


Ces contradictions sont aggravées à la fois par la politique agressive du capital monopoliste américain et par la résistance active des masses à cette politique.


Comme on le sait, la politique des États-Unis vise à réduire la France au rôle d'une puissance de second rang et l'armée européenne sous commandement américain, avec les divisions de l'Allemagne occidentale comme élément de choc, est destinée non seulement à faire la guerre à l'U.R.S.S. et aux démocraties populaires, mais aussi à poursuivre l'asservissement de l'Europe occidentale et, en premier lieu, l'asservissement de la France.


Tout dernièrement, la presse italienne a fait état d'un accord secret entre Washington et Bonn prévoyant le transfert de troupes fascistes allemandes en France et en Italie, en cas de nécessité.


En présence d'une telle situation et des réactions qu'elle provoque inévitablement, la réalisation d'un Front national uni pour la reconquête de l'indépendance nationale et la défense de la paix, apparaît non seulement comme une impérieuse nécessité, mais elle doit pouvoir, grâce à d'audacieux et persévérants efforts, devenir une possibilité proche.


C'est seulement l'existence d'un puissant Front national développant son action de masse à travers le pays qui peut imposer les changements correspondant aux exigences de la situation et faire triompher une politique nouvelle.


Le changement de politique et ses conditions


Nul ne saurait contester que des millions de Français et de Françaises ont l'ardent désir de voir disparaître le gouvernement Pinay, de mettre fin à sa politique et de voir se constituer un gouvernement répondant à leurs vœux et à leurs préoccupations immédiates.


Εt nul ne saurait prétendre que le problème de la constitution éventuelle d'un tel gouvernement laisse indifférents les travailleurs, les démocrates, les patriotes, mais ce qu'ils doivent savoir, ce que nous leur disons avec force, c'est que tout dépend d'eux, c'est-à-dire de nous tous.


C'est seulement dans la mesure où notre action unie sera assez forte pour exercer une pression suffisante jusque dans les milieux parlementaires que cette éventualité deviendra une possibilité.


Sans doute y a-t-il en ce moment un nombre important de Français qui n'approuvent pas entièrement le programme communiste que nous considérons, quant à nous, comme répondant seul pleinement aux besoins et aux intérêts présents et à venir de notre pays, mais beaucoup de ces Français sont cependant d'accord avec nous sur un certain nombre de points et peuvent constituer avec nous un puissant Front national uni qui se fixerait des objectifs politiques et économiques répondant aux exigences de l'heure.


Le Front national uni rassemblant des hommes et des femmes de toutes opinions, de toutes croyances et de toutes conditions sociales pourrait sans aucun doute, avec l'assentiment de tous, se fixer pour tâches de rétablir l'indépendance de la France, d'imposer l'abrogation du plan Schuman, de s'opposer résolument à la remilitarisation de l'Allemagne occidentale, de lutter pour aboutir à une solution pacifique du problème allemand et de mettre fin à la guerre du Viêt-Nam.


Le Front national uni pourrait aussi, avec l'accord de tous, se fixer pour tâche de promouvoir une politique éco¬nomique, financière et sociale assurant, dans le cadre d'une économie de paix, le relèvement de l'industrie et de l'agri¬culture françaises, la satisfaction des revendications les plus pressantes des masses laborieuses, l'épanouissement de relations commerciales fructueuses avec tous les pays, la mise en œuvre de grands projets de reconstruction et de construction de maisons d'habitation.


Le Front national uni pourrait aussi, fort d'une approbation unanime, s'assigner pour tâche d'assurer la défense des libertés démocratiques contre toutes les attaques de la réaction et du fascisme.


Ainsi donc la constitution d'un puissant Front national uni plongeant ses racines dans les profondeurs de la nation et entraînant les masses à l'action peut rendre possible ce que certains s'acharnent à proclamer irréalisable pour justifier leurs agissements favorables à la poursuite de la politique de Pinay.


Seul un Front national réalisant l'union de tous les patriotes avec les communistes peut promouvoir une politique conforme aux intérêts du pays et imposer la formation d'un gouvernement décidé à appliquer cette politique.


Un changement de politique n'est possible, en effet, qu'avec le concours des communistes qui, eux, veulent l'unité d'action la plus large au sein d'un puissant Front national uni, pour ιimposer ce changement.


Et les tenants de l'anticommunisme doivent être considérés par tous ceux qui veulent ce changement, comme travaillant pratiquement en faveur de la continuation de la politique actuelle.


Cela, il faut le faire comprendre au pays, en démasquant le rôle joué par les dirigeants socialistes en tant que soutiens de la politique de Pinay.


Nous devons montrer clairement aux masses que c'est seulement par leur union et leur action au sein d'un Front national uni fort du soutien des Français et des Françaises dignes de ce nom, qu'elles peuvent s'assurer la possibilité de mettre un terme à une politique malfaisante qui conduit à France à la ruine, de barrer la route au fascisme, à la guerre, de promouvoir une politique répondant aux intérêts de la nation, au rétablissement de l'indépendance nationale, à la sauvegarde de de la paix et d'imposer la constitution d'un gouvernement véritablement français qui fera enfin une politique française.


Aidons au succès

de la Conférence nationale paysanne pour la paix


Cela dit, je tiens à préciser que la mobilisation des masses populaires pour la défense de la paix se pose devant notre Parti d'une manière très concrète pour la prochaine période.


Il s'agit, en effet, de préparer la Conférence nationale paysanne pour la paix qui se tiendra à Paris les 22 et 23 novembre et le Congrès mondial des peuples pour la paix qui, je le répète, se réunira le 5 décembre à Vienne.


Notre Parti a pour devoir de participer activement à la préparation de ces deux assemblées qui porteront de nouveaux coups aux plans criminels des fauteurs de guerre.


Le Comité national d'initiative qui a convoqué la Conférence nationale paysanne, dont fait partie notre camarade Waldeck Rochet, ardent défenseur des paysans de France, est composé d'agriculteurs, de membres de l'enseignement et de la recherche agronomiques, d'ingénieurs et de techniciens de l'agriculture.


Dans son appel pour la convocation de la Conférence nationale paysanne pour la paix, le Comité national d'initiative souligne avec raison :


« que la paix ne s'attend pas, mais se gagne et que la paysannerie peut jouer un rôle important dans la défense de la paix ».


C'est parfaitement juste et chacun peut comprendre aisément qu'on pourra d'autant plus sûrement faire reculer la guerre si à la lutte résolue de la classe ouvrière contre les chercheurs d'aventures, s'ajoute une résistance opiniâtre des paysans qui, en cas de guerre, constitueraient la piétaille sacrifiée d'avance par les fauteurs de guerre américains et qui verraient leurs villages et leurs hameaux disparaître dans les horreurs de la terre brûlée, de la guerre atomique et bactériologique que Ridgway réserve à la France.


D'ailleurs, les paysans ne voient pas seulement le danger de guerre sous l'angle des destructions qu'entraînerait un nouveau conflit si, par malheur, nous ne parvenions pas à l'empêcher.


Les paysans sont à même de constater chaque jour les effets désastreux que comporte pour eux la politique de préparation à la guerre avec les milliards qu'elle engloutit, tandis que la situation de l'agriculture ne cesse de s'aggraver.


Les personnalités agricoles de diverses opinions qui composent le Comité d'initiative départemental du Loir-et-Cher pour la Conférence nationale paysanne de la paix ont, comme nous l'apprend « La Terre », tenu à souligner cet état de choses en précisant dans leur appel aux agriculteurs de leur département :


« Nous savons que si l'on a manqué de moyens efficaces pour lutter contre la fièvre aphteuse et si l'on a supprimé 20 milliards de crédits à l'équipement rural, c'est parce que l'on engloutit, toujours plus d'argent dans les dépenses militaires. »


Et ces personnalités ajoutent ensuite :


« Nous savons que si tous les produits sont frappés de multiples taxes et impôts (ce qui explique l'écart croissant entre les prix à la production et les prix à la consommation), c'est encore pour alimenter le budget de la guerre. »


Ainsi, la solution des problèmes économiques d'importance vitale pour eux, est vue par les paysans en rapport direct avec l'action politique de masse indispensable pour imposer qu'un terme soit mis à l'actuelle politique de guerre.


Et ce ne sont pas les récentes promesses faites par Pinay en vue de semer de nouvelles illusions qui changeront quoi que ce soit à la situation des paysans, légitimement mécontents. La démagogie gouvernementale ne changera rien au fait qu'il n'est pas possible de dépenser des sommes fabuleuses pour la guerre sans réduire d'autant les crédits nécessaires à l'équipement du pays et au développement de son activité pacifique.


Il est indispensable que partout les communistes prennent une part active à la préparation de la Conférence nationale paysanne pour la paix, qu'ils contribuent à assurer le succès des assemblées de village où les paysans discuteront de l'action à mener pour combattre la politique de guerre poursuivie par le gouvernement et pour promouvoir une politique de paix.


Au cours de toutes ces discussions où toutes les opinions s'exprimeront en pleine liberté, les communistes pourront, montrer le véritable visage de notre parti et exposer sur les problèmes en discussion la position exacte de notre parti que la propagande ennemie s'emploie à déformer.


Ils pourront travailler, efficacement à réaliser dans les villages l'union la plus large des masses paysannes pour telles ou telles actions, sans jamais oublier que c'est seulement l'action qui rend l'union féconde et durable.


La préparation de la Conférence nationale paysanne pour la paix va contribuer de toute évidence à préparer le Congrès mondial des peuples pour la Paix dans les campagnes françaises.


Les organisations du parti dans les villages, les communistes militant dans les organiserions paysannes ont pour devoir de déployer une très grande activité pour assurer le succès de cette Conférence et pour en faire une nouvelle et grande victoire de la cause de la paix.


Participons activement à la préparation

du Congrès des peuples pour la paix


Et, partout, les organisations et militants du parti doivent consacrer de très grands efforts pour qu'une vaste consultation populaire soit á la base de la préparation du Congrès mondial des peuples pour la paix, qui peut être chez nous un puissant facteur d'unification de toutes les énergies nationales.


Les communistes ne sauraient manquer de participer activement avec l'ensemble des partisans de la paix au placement massif de la carte éditée à l'occasion du Congrès et, il ne s'agit pas là d'une opération destinée seulement à recueillir des fonds : il s'agit en réalité d'une activité politique qui, grâce au porte-à-porte, peut permettre de toucher des gens qui restent en dehors du champ d'action de la propagande des défenseurs de la paix et à qui il est possible d'ouvrir des horizons nouveaux.


Avec beaucoup d'audace et d'esprit de résolution, nous devons nous engager dans la voie d'un travail de masse qui ne manquera pas d'être fructueux pour la cause de la paix.


Il est vrai, comme l'a indiqué Frédéric Joliot-Curie dans sa lettre aux Comités nationaux de la paix que :


« de nouveaux milieux s'élèvent à la conscience du péril - des hommes et des femmes de toutes tendances et de toutes opinions voient plus clairement le nécessité de lutter pour la paix. En les entraînant dans l'action, nous pouvons faire triompher la paix. »


En faisant connaître à l'immense masse des Français et des Françaises les solutions proposées par le Conseil mondial de la paix aux problèmes angoissants de l'heure, il est sûr que nous trouverons des échos favorables dans des milieux qui, jusqu'à présent, sont restés fermés à la pénétration de nos arguments.


Quand le Conseil mondial de la paix préconise le règlement pacifique du problème allemand, la cessation immédiate de la guerre de Corée, la réduction rigoureusement contrôlée de tous les armements, l'interdiction des armes atomiques, chimiques et biologiques, et la signature d'un pacte de paix entre les cinq grandes puissances, il va sans aucun doute au-devant des pensées et des préoccupations de l'immense masse de nos compatriotes.


Au cours des discussions qui vont se dérouler pour préparer le Congrès des peuples, les militants communistes sauront écouter avec attention les opinions des autres et ils ne marqueront pas de montrer fraternellement ce qu'est la politique de paix de notre grand Parti.


Ils contribueront, par cela même, à faire tomber des opinions erronées sur notre compte et ils contrecarreront aussi l'activité malfaisante des fauteurs de guerre qui tendent à diviser des hommes et des femmes qu'un même désir de paix doit unir dans un même effort pour barrer la route aux fauteurs de guerre.


Les communistes doivent donc être d'actifs participants au mouvement de la paix, aux côtés d'hommes et de femmes de bonne volonté, de toutes opinions et de toutes croyances. Ils doivent être aux premiers rangs des organisateurs de Comités de la paix dans les entreprises, dans les localités.


Et la participation active des organisations et des militants du parti à l'action des masses pour la préparation du Congrès des peuples pour la paix ne doit nullement empêcher le parti d'appeler les travailleurs à l'action contre la guerre sur ses propres mots d'ordre qui peuvent n'être pas ceux du mouvement de la paix.


Renforçons les efforts en direction des militants

et des organisations de base du parti socialiste


Dans la lutte de masse pour la défense de la paix, nous devons faire de très grands efforts en direction des militants et des organisations de base du parti socialiste.


Le fait qu'un certain nombre de travailleurs socialistes se sont dressés contre le complot témoigne de possibilités grandissantes d'unité d'action à la base entre communistes et socialistes.


Il est aisé de faire comprendre que les attaques dirigées contre les libertés démocratiques par le gouvernement Pinay ne peuvent se séparer de la préparation à la guerre qu'il poursuit sous l'égide des impérialistes américains.


Et comment ne pas voir que la volonté de Pinay d'éliminer les communistes de la vie publique pour pouvoir plus aisément poursuivre la politique de guerre dictée par le gouvernement de Washington est le prolongement de l'opération faite en 1947 par les dirigeants socialistes qui, par ordre des Américains, éliminèrent les communistes du gouvernement pour pouvoir adopter le plan Marshall et s'engager dans la voie de l'aliénation de notre indépendance nationale ?


Rien ne devrait pouvoir empêcher les communistes et les travailleurs socialistes de s'unir pour lutter en commun et c'est parce que les dirigeants socialistes le savent fort bien qu'ils imposent d'en haut une criminelle politique de division contraire aux intérêts des travailleurs socialistes, et de l'ensemble de la classe ouvrière.


Nous devons dénoncer vigoureusement cette politique en montrant aux travailleurs socialistes que leurs dirigeants font le jeu de Pinay dont la force est faite de la division des victimes de sa politique, qu'ils font le jeu des exploiteurs capitalistes dont Pinay est le chargé d'affaires, qu'ils font le jeu des fauteurs de guerre et de leurs chefs de file, les impérialistes américains.


Et, en même temps, il est indispensable que les organisations du parti fassent des propositions d'action commune aux organisations de base du parti socialiste, dont trop souvent on ne se préoccupe pas.


C'est dans cette voie qu'il faut agir avec beaucoup d'audace et de ténacité sans perdre jamais de vue qu'il faut toujours voir le problème de l'unité sous l'angle de propositions d'actions communes, car le front unique, c'est l'ac¬tion, et c'est seulement dans l'action que l'unité peut trouver les éléments, d'un développement fructueux pour tous.


Le développement de l'action unie des masses

est indispensable


J'ai tenu à insister beaucoup dans ce rapport sur le développement indispensable de l'action des masses pour la défense de la paix, parce que du développement de cette action dépend la possibilité de mettre fin à la politique de trahison, de guerre, de misère et de fascisme qui conduit la France à la ruine, à la servitude et à la catastrophe.


Et maintenant, en conclusion, je veux souligner la nécessité pour notre parti de se mobiliser et de se lancer résolument dans un travail de grande envergure pour alerter les masses laborieuses des villes et des campagnes et prendre part activement, dans tous les domaines, à leurs luttes contre la politique de misère, de fascisme et de guerre poursuivie par le gouvernement Pinay.


Les plus grands efforts doivent être déployés afin que facticité des cellules d'entreprise et des cellules locales corresponde aux nécessités de l'heure, afin que les sections, les fédérations soient à la hauteur des événements.


Et, si la lutte contre le complot a déterminé des travailleurs, des démocrates, des patriotes à rejoindre les rangs de notre grand Parti, il est hors de doute que le développement de notre action à la tête des masses pour défendre les revendications des populations laborieuses, pour sauvegarder les libertés démocratiques, pour sauver la paix et pour imposer, par la manifestation de la volonté du peuple, les changements politiques dont notre pays a un pressant besoin, aura pour conséquence de susciter de nouvelles adhésions au parti de Maurice Thorez.


En intensifiant au maximum le travail de masse de notre parti, nous mettrons complètement en échec les plans criminels des comploteurs, nous renforcerons nos positions et nous serons à même de remplir avec honneur les taches qui nous incombent.


Armés de la doctrine invincible de Marx-Engels-Lénine-Staline, notre grand Parti, le grand Parti de Maurice Thorez saura améliorer sans cesse son travail en faisant preuve d'un grand esprit de responsabilité et sans jamais perdre de vue que le contentement de soi, l'insouciance sont des sentiments étrangers à l'esprit révolutionnaire des communistes.


Notre parti saura, en mobilisant toutes ses forces, jouer un rôle déterminant dans l'organisation de l'action unie des masses. Il saura s'inspirer de l'exemple du glorieux Parti Communiste (bolchévik) de l'U. R. S. S. à propos duquel l'hebdomadaire « Pour une paix durable, pour une démocratie populaire », écrivait récemment :


« L'expérience du glorieux Parti Communiste de l'Union Soviétique a une importance inappréciable pour tous les partis communistes et ouvriers. Durant toute son histoire, toujours et dans toutes les circonstances, le parti des bolchéviks a orienté ses organisations, ses membres vers le travail parmi les masses, vers la conquête de la confiance des masses, et c'est la raison de ses succès et de son invincibilité. Le parti des bolchéviks ne s'est jamais replié étroitement sur lui-même, il s'est fondu avec les masses et, après avoir écrasé tous ses ennemis, les ennemis du peuple, il a remporté des victoires historiques d'importance mondiale. »


Camarades, nous pouvons envisager l'avenir avec confiance et nous pouvons avoir la certitude que, grâce à nos efforts incessants, se constituera un puissant Front national uni qui, en développant l'action des masses d'un bout à l'autre du pays, changera le cours des événements, sauvera la France de la misère, de la ruine, du fascisme, rétablira la patrie dans son indépendance et assurera la victoire de la paix. (Applaudissements prolongés.)


***


LA RÉSOLUTION

DU COMITÉ CENTRAL








Le Comité Central du Parti Communiste Français, réuni à Montreuil les 3 et 4 septembre 1952, approuve le rapport présenté par le camarade Jacques Duclos sur « l'action du Parti Communiste Français dans le rassemblement des masses populaires pour la défense de la paix ».

Le Comité Central appelle les organisations et les militants du Parti à s'inspirer de ce rapport, avant tout pour réaliser l'unité d'action de la classe ouvrière, pour établir le contact avec les travailleurs socialistes et chrétiens ainsi qu'avec leurs organisations de base.

Cette unité d'action de la classe ouvrière est le meilleur gage de la victoire dans le grand combat pour les revendications des masses laborieuses et des classes moyennes à la ville et à la campagne, pour le succès du Congrès des Peuples pour la Paix et la réalisation du Front national uni de lutte pour l'indépendance du pays et pour la paix
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Mise en ligne : 15 décembre 2014



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Une conférence à Athènes Par Jacques Sapir



Une conférence à Athènes


Par Jacques Sapir


16 mars 2015


La conférence organisée par l'hebdomadaire The Economist sur les relations entre la Grèce et ses créditeurs a permis un débat très franc sur la possibilité d'une sortie de la Grèce de l'Euro. Cette idée, si elle provoque toujours un sentiment de peur et d'incertitude dans une partie du public (et ce dernier représentait ce que l'on appelle communément les « élites économiques ») commence désormais à être beaucoup mieux acceptées. L'une des hypothèses qui a été ainsi discutée dans le cadre de cette conférence a été celle d'une « sortie de velours » (velvet exit). On notera la référence avec la processus de séparation de la République Tchèque et de la Slovaquie, qui avait en son temps était appelé la « scission de velours ». Le fait que cette hypothèse ait pu être discutée, et qu'elle soit envisagée par un nombre de participants, tant grecs qu'étrangers à cette conférence, est un signe indubitable de la progression de l'idée d'une sortie de l'Euro. Elle correspond à ce que l'ancien Président français, M. Valery Giscard d'Estaing a appelé, il y a quelques semaines, le « friendly GREXIT ».


Cette conférence réunissait, sous la présidence éclairée de Mme Joan Hoey, qui dirige les éditions locales de The Economist et qui est aussi une analyste confirmée de la situation locale, autour du vice-Ministre des Affaires Etrangères M. Euclid Tsakalatos et de Nikos Vettas, directeur de la Fondation pour les recherches économiques et industrielles et professeur d'économie à l'université d'Athènes, divers universitaires : 1.Andreas Nölke, professeur d'économie, et de relations internationales, à l'université Goethe de Francfort.

2.Henk Overbeek, professeur de relations internationales à l'université d'Amsterdam.

3.Giovanni Dosi, professeur d'économie et directeur des études économiques à l'Université de Pise,


Ainsi que votre serviteur.


La position officielle de SYRIZA.


Cette position fut présentée par M. Tsakalatos. Il a d'emblée reconnu qu'il y avait une contradiction entre les principes de la démocratie et ceux de l'Union Economique et Monétaire (EMU, plus connu sous le nom de Zone Euro). L'architecture de l'EMU a été fautive dès le début (1999) et ne peut faire face, dans les conditions et les structures actuelles, aux problèmes qu'elle rencontre. Après avoir souligné la nature provisoire de l'accord conclu entre la Grèce et ses créanciers (l'Eurogroupe mais aussi le FMI) il a insisté sur les difficultés actuelles de la Grèce, qui fait face à une fuite des capitaux hors du système bancaire (12 milliards d'Euros pour le mois de février) ainsi qu'à une incertitude financière sur sa capacité à effectuer les remboursements de sa dette. M. Tsakalatos a aussi souligné le problème du chômage, qui touche aujourd'hui plus de 26% de la population active et de la fuite des cerveaux, qui présente le risque de vider la Grèce de ses éléments les plus brillants et les plus prometteurs. Dans ces conditions, l'Eurogroupe a pris la responsabilité d'exercer des pressions politiques et économiques de plus en plus fortes sur le gouvernement grec. Mais, il est clair pour tous en Grèce, et ceci a été confirmé par diverses réactions, qu'il est désormais impossible de revenir en arrière, au statu-quo ante tel qu'il était avant le 25 janvier.


Les autorités européennes commettent une grande erreur en décrivant SYRIZA comme un parti populiste. C'est un parti qui a un programme et qui l'appliquera. Les alliances politiques qu'il a passé avec le parti AN.EL. (les « Grecs Indépendants ») et qui mettent une partie de la gauche libérale européenne tant en fureur (tout comme Mme Merkel…) sont de ce point de vue parfaitement logiques. En réalité, le problème se pose pour les partis sociaux-démocrates dans le reste de l'Europe. En adoptant des politiques qui sont de plus en plus éloignées des soucis de leurs électorats, ce sont ces derniers partis qui font le lit des mouvements populistes, voire nationalistes, que ce soit en France, en Italie et même en Grande-Bretagne. Si l'élection d'un nouveau parlement n'impliquait pas des changements importants dans la politique d'un pays, cela signifierait que la démocratie n'existe plus. La question de la souveraineté nationale est donc cruciale.


La dette ou la compétitivité ?


L'une des questions qui fut immédiatement abordée fut celle de savoir si la principale question était celle de la dette ou si celle-ci ne faisait que traduire un problème bien plus important de productivité, pour la Grèce mais aussi pour nombre des pays de la zone Euro. Dans la présentation que j'ai faite (et à laquelle on peut se reporter sur ce blog ici) j'ai indiqué que la dette avait fortement augmenté à partir de 2008 non seulement en pourcentage du PIB (graphique 1) mais aussi en milliards d'euros. Cela traduisait à la fois la forte hausse des taux d'intérêts qui a commencé à pénaliser la Grèce mais aussi les effets délétères des politiques d'austérité.


Graphique 1


Dette publique de la Grèce en % du PIB



Graphique 2


Dette publique de la Grèce en volume



Source : Graphiques 1 et 2, donnée du FMI.


Cependant, si l'on cherche à présenter le problème de la Grèce comme un problème de dette, c'est bien en réalité d'un problème de productivité et de compétitivité dont il s'agit. Sur ce point les interventions de Dosi, de Nölke ainsi que les miennes ont été convergentes. A partir du moment où des pays sont dans une union monétaire avec un pays largement plus avancé (l'Allemagne) il est impératif que se constitue un budget fédéral important pour transférer des ressources vers ces pays. Faut de la faire les distorsions économiques entre le pays le plus avancé et les autres pays ne peuvent que s'aggraver puisque le mécanisme « naturel » d'ajustement, la dévaluation par rapport au pays le plus avancé n'existe plus. La comparaison de l'évolution des coûts unitaires du travail par rapport à l'Allemagne est à cet égard extrêmement instructive.


Graphique 3


Ecart du coût unitaire vis-à-vis de l'Allemagne



Sources : données de l'OCDE


La question de la dette n'est ainsi que le révélateur de déséquilibres structurels bien plus profond et de l'absence de tout mécanisme correcteur. MM. Dosi et Vettas ont souligné le fait qu'aux Etats-Unis des écarts très importants de productivité et de compétitivité existaient entre Etats. Mais, ceci n'est tolérable que parce qu'il y a un énorme budget fédéral (qui fait entre 63% et 65% des dépenses). En fait, nous vérifions aujourd'hui la prédiction faites par Georges Brown, alors Chancelier de l'Echiquier du Royaume-Uni dans les années 1970, lors d'une conférence qui s'était tenue à l'institut Européen de Florence. Certes, une monnaie européenne constituerait un avantage, mais pour qu'elle fonctionne il faudrait que chaque pays accepte de donner 10% de son PIB à un budget fédéral. On sait qu'aujourd'hui on atteint à peine 1,23%.


En réalité, la réponse à la crise de la zone Euro qui demande plus de fédéralisme se heurte au fait suivant : il faudrait que l'Allemagne accepte de transférer de 8% (calcul de J. Sapir) à 12% (calcul de P. Arthus) de son PIB tous les ans et sur une période d'à peu près 10 ans pour que l'on ait une véritable convergence. Le problème alors n'est pas que les allemands ne veulent pas d'une telle contribution mais qu'ils ne peuvent pas y consentir sans provoquer un démantèlement de leur économie. Tout discours qui ne prend pas en compte cette froide réalité se condamne à n'être qu'un discours dans le monde des bisounours.


La question de l'austérité.


Les différents intervenants, qu'il s'agisse de G. Dosi, de Nölke ou d'Overbeek ont tous insisté sur les effets destructeurs de la politique d'austérité, non seulement dans le cas de la Grèce mais aussi dans celui du Portugal, de l'Espagne et de l'Italie. Giovanni Dosi a ainsi rappelé que le multiplicateur des dépenses fiscales avait été grossièrement sous-estimé par les autorités de l'Union Européenne, et cela même après la publication de l'étude fameuse de Blanchard datant de janvier 2013[1]. Très clairement les politiques mises en œuvre sous le nom de « Mémorandum » non seulement ne fonctionnent pas, mais elles ont de plus des effets destructeurs très importants sur l'économie. Ces politiques, et il y a eu un large consensus entre les quatre intervenants étrangers, n'ont pas été mises sur pied pour « aider » la Grèce, mais bien uniquement pour permettre aux pays créditeurs d'être remboursés. Ceci a été reconnu dernièrement dans une note du FMI. Mais, sur ce point aussi, elles se révèlent contre-productives. En effet, il est clair que la Grèce, à la suite des divers Mémorandums, ne pourra pas rembourser sa dette. La politique mise en œuvre pour sortir ce pays de l'insolvabilité l'a, au contraire, plongé dans l'insolvabilité.


Se pose alors la question de savoir si cette politique n'obéissait pas en réalité à d'autres objectifs. Tant le professeur Nölke que le professeur Overbeek ont émis l'hypothèse que cette politique avait pour but de faire de la Grèce un exemple tant pour les autres pays de l'Europe du Sud que pour les pays de l'Europe du Nord pour montrer jusqu'à quel point il était possible d'appauvrir une population et de détruire la classe moyenne. L'effet d'exemplarité recherché vise à convaincre les organisations syndicales des autres pays et les partis politiques qu'il vaut mieux accepter un démantèlement relativement ordonné des lois sociales (ce qui se produit en France par exemple avec la « Loi Macron » mais qui a lieu aussi en Italie) que d'être dans une situation comme celle de la Grèce ou de l'Espagne. Cette explication rendrait compte alors de la très grande rigidité de l'Eurogroupe dans les négociations actuellement en cours.


Mais, une autre explication est possible, qui n'est d'ailleurs pas contradictoire avec celle formulée par Nölke et Overbeek. L'Allemagne ferait pression sur la Grèce pour obtenir la garantie que l'austérité – et cela quel qu'en soit le prix – sera maintenue et éviter ainsi que ne s'engage un processus conduisant à ce qui la terrifie réellement : la transformation de la « zone Euro » dans une « union de transfert » où la contribution demandée à l'Allemagne irait chaque année grandissant. On peut parfaitement penser que cette hypothèse, que j'ai formulé et qui a eu l'assentiment du professeur Nölke pourrait tout à fait se conjuguer avec l'idée de l'exemple fait sur la Grèce (et dans une moindre mesure l'Espagne et le Portugal) à destination des autres pays européens.


Quelles marges de manœuvre ?


Sur ce point, le débat a été plus ouvert entre le groupe des 4 économistes étrangers et les deux représentants grecs. Avec des nuances (le professeur Overbeek se montrant un peu plus optimiste que Dosi, Nölke et moi-même) nous considérons que l'attitude des autorités de Bruxelles et de l'Eurogroupe revient a exiger une capitulation sans condition de la Grèce. C'est clairement la position de l'Allemagne et, dans les faits, il faut noter le ralliement de la France et de l'Italie à la position de Berlin. Le « front uni » contre la Grèce qui se manifeste aujourd'hui est, en réalité, une alliance de circonstance. On voit bien les intérêts de l'Allemagne à briser l'espoir que représente le gouvernement de Syriza. Pour le gouvernement espagnol, c'est la crainte de voir surgir Podemos comme une force politique majeur qui le motive, outre les liens (et l'on a parlé d'une corruption de fait) entre les dirigeants conservateurs espagnols et allemands. La France, elle, espère (ou s'illusionne) obtenir de Bruxelles et de l'Allemagne un traitement de faveur dans la réduction de son déficit en échange d'un soutien à Berlin. Il en est de même pour l'Italie. Mais, ceci signifie que, en un sens, la peur du changement a unifié les positions autour de celles des plus réactionnaires, c'est à dire l'Allemagne. La trahison des élites nationales, en France, en Italie et en Espagne, atteint alors de nouveaux sommets. Mais il est aussi clair que Syriza a sous-estimé ce phénomène. La Grèce n'a rien à attendre de gouvernants faillis qui ont abdiqué toute vision du futur de leur propre pays et ne semblent plus motivés désormais que par des dérisoires manœuvres destinées à les maintenir, pour quelque temps encore, au pouvoir.


Cependant, l'Allemagne non plus n'a pas beaucoup de marges de manœuvre. Si elle pousse la Grèce à bout, et il semble qu'elle sous estime le consensus patriotique et anti-allemand qui aujourd'hui règne à Athènes, la Grèce sortira de l'Euro. Or, les conséquences d'un tel acte sont absolument imprévisibles. Mais, si l'Allemagne au dernier moment accepte de transiger, elle fera la preuve que l'on peut avoir des brèches importantes dans l'austérité. En réalité, tant la Grèce que l'Allemagne sont sur des trajectoires dont elles ne peuvent dévier qu'à un coût politique absolument exorbitant. C'est ce qui rend probable et crédible l'hypothèse d'une sortie de la Grèce de la zone Euro, ce que l'on appelle le « GREXIT ».


La « sortie de velours » est-elle possible ?


Une partie de la discussion, et les discussions « off » qui sont bien souvent le moment le plus intéressant dans ce type de conférence, à tourné autour de l'hypothèse de la fameuse « sortie de velours ».


Sur un pur plan technique, cette solution présenterait bien des avantages. Pour la Grèce, elle s'accompagnerait d'un compromis sur tout ou partie de sa dette, et d'une politique monétaire retrouvant ses degrés de liberté avec un contrôle des capitaux et la possibilité de la part de la Banque Centrale d'alimenter les banques et l'économie en liquidité. En échange d'un compromis sur la dette, qui éviterait aux pays de l'EMU de devoir affronter les pertes qu'impliqueraient un défaut, ces pays consentirait un prêt de 20 milliards à la Banque Centrale de Grèce pour la période de transition le temps que la drachme soit stabilisée.


Mais, politiquement, on a du mal à voir comment les positions actuelles seraient compatibles avec une sortie négociée. Le risque, pour l'Eurogroupe, est de voir l'intangibilité de l'Euro remise en cause et, de proche en proche, un mécanisme de dissolution de la zone euro se mettrait en place. Il est clair qu'en même temps que la Grèce, ou immédiatement après, ce serait le tour de Chypre. Comment les investisseurs réagiraient-ils alors, et ne peut-on penser qu'ils estimeraient que le Portugal sont les prochains sur la liste. Puis, une fois ces pays de fait contraints de sortir, ce serait le tour de l'Italie et de la France. Ceci fait d'une sortie non négociée, le « GREXIT conflictuel », une hypothèse hélas bien plus probable. La Grèce ferait alors défaut sur sa dette (comme la Russie a fait défaut en 1998). Les pays de la zone Euro bloqueraient la circulation des « euros » grecs sur leur territoire et la Grèce se verrait obligée de la renommer drachme. Le problème de la stabilisation de la drachme se poserait alors, et la Grèce devrait très probablement avoir recours à l'un des grands pays des BRICS (la Chine ou la Russie) pour la constitution d'un fond de stabilisation. L'impact sur la zone Euro d'une sortie conflictuelle de la Grèce serait encore plus fort que dans le cas de la « sortie de velours ». Cette sortie conflictuelle serait un immense et flagrant aveu d'échec des institutions européennes.


On peut donc penser que les pays de l'Eurogroupe feront tout pour éviter d'en arriver là. Mais, d'un autre côté, ils ne peuvent – ni pour certains ne veulent – transiger sur l'austérité. Et c'est ici que se révèle la nature très perverse de l'Euro. Conçu politiquement comme devant être le couronnement de la construction européenne, il s'avère être en réalité le pire des poisons au sein de l'Union Européenne. Il est en train, d'abord à petit feu mais désormais de manière de plus en plus rapide et évidente, de tuer l'UE. Les politiques mises en place pour sauver l'Euro s'avèrent à la fois inefficaces et un déni profond et constant de la démocratie. Elle provoquent une polarisation de plus en plus violentes des pays les uns contre les autres.


Une conclusion s'impose.


Le cas de la Grèce est évidemment emblématique. Ce qui se joue dans ce malheureux pays nous concerne tous et, j'ose le dire, aura une influence sur notre propre sort. La liberté et la démocratie jouent leur peau à Athènes. Comme à Marathon, comme à Salamine, oui l'histoire pour un fois repasse les plats même si le barbare vient désormais du septentrion. Si nous ne mettons pas fin rapidement à l'expérience malheureuse de la « monnaie unique », il est à craindre qu'elle ne nous entraîne vers des catastrophes inouïes.


[1] Blanchard O. et D. Leigh, « Growth Forecast Errors and Fiscal Multipliers », IMF Working Paper, n°13/1, janvier 2013.


***








Jacques Sapir

Ses travaux de chercheur se sont orientés dans trois dimensions, l'étude de l'économie russe et de la transition, l'analyse des crises financières et des recherches théoriques sur les institutions économiques et les interactions entre les comportements individuels. Il a poursuivi ses recherches à partir de 2000 sur les interactions entre les régimes de change, la structuration des systèmes financiers et les instabilités macroéconomiques. Depuis 2007 il s'est impliqué dans l'analyse de la crise financière actuelle, et en particulier dans la crise de la zone Euro.




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LA LONGUE MARCHE DE TRAHISON NATIONALE DES MARIONNETTES US ET L'ERRANCE STRATEGIQUE DES PARTISANS D'UNE FRANCE LIBRE, REPUBLICAINE ET SOCIALE Claude Beaulieu


Pendant la guerre patriotique et antinazie de notre peuple, les dirigeants étasuniens se sont ingérés en permanence, dans la politique de la France résistante. Ils ont souhaité écarter De Gaulle, empécher l'alliance des gaullistes et des communistes, notamment à travers le Conseil National de la Résistance, dont ils ne voulaient pas. -Ils ont d'ailleurs pu obtenir que le CNR et son programme ne survivent pas à la Libération. En effet, même si des réformes importantes inspirées de son programme furent appliquées, le CNR, l'élan politique, l'esprit de Résistance et le chemin qu'ils traçaient, furent écartés- L'hostilité stratégique américaine envers Jean Moulin et sa mission unificatrice était telle, que l'on peut envisager sans extravagance, l'hypothèse que les dirigeants des USA aient joué un rôle décisif, dans la trahison qui a conduit à la mort de celui-ci. Ce qui est certain, c'est que les dirigeants étasuniens ont organisé en France pendant les années de guerre, une cinquième colonne de politiciens à leur service : les futurs fédéralistes euro-atlantistes. Ceux-ci, depuis la Libération et en dehors des parenthèses gaullistes, depuis plus de 60 ans, ont accaparé l'essentiel du pouvoir politique dans notre pays. Aujourd'hui encore, cette réalité de trahison nationale perdure.





Comment en est-on arrivé là ? A Sarkozy et à son culte de la personnalité omniprésent, à un pouvoir personnel en apparence tout puissant mais en réalité, à un Président de la République disposant certes contre la France et son peuple d'une immense capacité de nuire, tout en étant cependant vassalisé et sous contrôle, enserré dans le carcan euro-atlantiste.


Contribuer au décryptage de l'engrenage politique qui, depuis la Résistance, a conduit à l'actuelle situation d'échec du peuple laborieux, des forces réellement progressistes et anti-impérialistes, attachées à la souveraineté populaire et nationale, à la République et à la démocratie , impose quelques rappels historiques, nécessairement limités.


Dès le 6 juin 1942, dans une note accompagnant des documents et envoyée à Molotov par l'intermédiaire de l'Ambassadeur d'URSS à Londres, de Gaulle démontre que la priorité du combat antinazi ne l'empêche pas de percevoir très tôt, le danger que la politique concurrente d'hégémonie mondiale des Etats Unis, représente déjà pour l'indépendance, la souveraineté de la France et pour la paix dans le monde :


« L'impérialisme américain se manifeste sous des formes multiples et diverses. Certains de ses représentants raisonnent en terme de domination des USA sur le monde occidental… D'autres représentants, tenant de l'impérialisme économique, désirent que les USA instaurent un mode de vie pour le monde entier, qu'ils contrôlent et gèrent partout les ressources et le commerce ».


En mai 1942, en réaction à l'occupation britannique de Madagascar qui s'est faite à son insu, de Gaulle reçoit Bogomolov puis rencontre Molotov à Londres. Celui-ci l'assure du soutien de l'URSS dans cette épreuve. Le Général renforce, en accord avec Molotov, le partenariat stratégique franco-soviétique. La constitution de l'escadrille Normandie Niémen, élément symbolique de cette coopération, est accélérée à cette occasion.


En 1942 encore, le Front National est créé par les communistes et les FTP qui, par leur patriotisme et leur osmose avec la classe ouvrière, « restée seule dans son ensemble, fidèle à la France profanée » ( François Mauriac), ont conquis une position forte parmi les forces essentielles de la Résistance intérieure.


Fernand Grenier, ex-député communiste démobilisé en août 1940, a immédiatement repris ses activités militantes. Il est arrêté dés le 5 octobre et parviendra à s'évader du camp de Châteaubriant en juin 1941. Jacques Duclos le charge courant 1942, pour le Comité Cental clandestin du PCF, d'établir des relations avec les formations de la Résistance non communiste, et notamment avec les gaullistes. Fernand Grenier et Rémy arrivent à Londres, le 11 janvier 1943 où Grenier va rencontrer le Général de Gaulle. Il est porteur d'une lettre du Comité Central donnant « l'adhésion du PCF à la France Combattante pour la libération de la France » et, d'une seconde lettre signée Charles Tillon au nom des FTP. L'objectif du Parti Communiste, souligne Fernand Grenier, est de contribuer à l'unification de la Résistance. Le PCF et la CGT participeront à la création sous l'impulsion de Jean Moulin, du Conseil National de la Résistance, le 27 mai 1943.


Le 10 décembre 1944, après que De Gaulle et Staline aient eu à Moscou, des entretiens politiques, un traité franco-soviétique d'alliance et d'assistance mutuelle est signé par Molotov et Georges Bidault « dans le but d'éliminer toute menace de l'Allemagne et de faire obstacle à toute initiative de nature à rendre possible une nouvelle tentative d'agression de sa part ». Il est prévu que l'Allemagne de l'Ouest aurait la capacité de reconstituer rapidement ses forces et sa capacité de nuisance, le traité devra donc être reconduit 20 ans plus tard. Si ce traité est clairement orienté contre la traditionnelle volonté d'hégémonie allemande, il est probable que de Gaulle y ait également vu un élément d'équilibre par rapport à l'impérialisme américain, sorti seul renforcé de la guerre.



L'alliance franco-soviétique, qui s'était déjà exprimée à travers l'envoi sur le front de l'Est de l'escadrille Normandie- Niémen, ne résistera pas à la promotion de la guerre froide symbolisée, avant la lettre, par les bombardements atomiques américains d'Hiroshima et de Nagasaki.


Les vainqueurs des nazis refusent aux Allemands de l'Ouest un Etat unitaire et lui imposent un système fédéral. Les américains jouent un rôle moteur dans cette décision qui renforcera les partisans d'un fédéralisme mondialisé, contre les Etats Nations. Depuis, l'Allemagne utilise ce fédéralisme, qui était censé l'affaiblir, pour construire méthodiquement sa domination sur l'Europe fédérale des Länder, atlantiste et néo-libérale, qu'elle entend imposer aux peuples de notre continent. Dans cette démarche historique, liée à la mondialisation, elle est aussi secondairement, rivale des Etats-Unis.


Formé le 13 novembre 1945, le deuxième gouvernement de Gaulle comprend quatre ministres communistes. Deux participaient déjà au GPRF à Alger. Celui-ci avait dû imposer aux américains sa souveraineté sur les territoires à libérer. En effet, Roosevelt et Churchill craignaient l'union du peuple de France. Les Américains, comme de Gaulle l'avait vu dès 1942, entendaient tout comme aujourd'hui gouverner la planète. Ils redoutaient que l'alliance patriotique, républicaine et progressiste que représentait le Conseil National de la Résistance perdure après la libération et se traduise politiquement par une sorte de compromis historique. Ils tentèrent d'installer le Général Giraud, leur allié, à la tête du CFLN et préparèrent la mise en place en France de L'AMGOT, un gouvernement militaire américain d'occupation. La souveraineté et l'indépendance de la France ne devaient pas être rétablies, tandis qu'une monnaie supranationale, précurseur de l'Euro, serait imposée aux Français, dans une perspective euro- atlantique en gestation.


Le CNR adopte le 15 mars 1944 son Programme, plateforme politique clairvoyante et réaliste, pour la France libérée. Ce texte affirme que la « mission de combat (de la Résistance) ne doit pas prendre fin à la Libération ». C'est un programme républicain, d'indépendance nationale, de rénovation et de démocratie sociales, prévoyant une planification économique, des nationalisations, (celle des banques en particulier), la Sécurité Sociale, une presse libérée du pouvoir de la finance …



Photographie : 1945, avec Charles de Gaulle sur les Champs Elysées, le résistant communiste Georges Marrane.


Les acquis sociaux importants de la libération découlent pour l'essentiel de l'application de ce programme qui aurait dû servir de fondation à un vaste front uni majoritaire. Les bases objectives pour ce rassemblement existaient, en contradiction avec la politique des blocs que tramaient les dirigeants américains et leurs alliés ou agents, et qui allait se traduire par l'application du Plan Marshall, la création de l'OTAN en 1949 et la stratégie de construction à marche forcée de l'Europe fédérale.


Ces acquis de la Libération ainsi que d'autres conquêtes populaires, seront systématiquement remis en cause par le pouvoir de la finance lié aux grandes banques américaines. La construction par étapes de l'Europe du capitalisme à perpétuité et de la concurrence libre et non faussée, accéléra cette régression économique, sociale et démocratique, qui fut d'abord masquée. Elle devint cynique et massive à partir de l'Acte unique, de Maastricht, d'Amsterdam et de Nice.


Elle fut menée à travers une forme de compétition -émulation ou dans une collusion sans fard, entre les gouvernements fédéralistes de droite et ceux qui se prétendaient de gauche. (cette collusion politique, cette complicité de classe des artisans de la politique du « pareil au même » s'afficha en particulier lors du sommet de Barcelone qui parmi d'autres décisions antisociales, vit le couple Chirac- Jospin voter la privatisation rampante d' EDF – GDF).



Le CNR a été constitué à l'initiative de Jean Moulin, malgré l'opposition affirmée d'Henri Frenay ( membre du 2ème Bureau de Pétain) dont les relations avec Vichy ne cessèrent qu'en fin 1942 et qui fut en relation politique et stratégique dès le 4 avril 1943, avec le centre américain de l'OSS (future CIA ) à Berne, en Suisse, notamment pour le financement du réseau Combat. ( "Un coup de poignard dans le dos du Général" estima Jean Moulin qui accusa Frenay d'être un agent des américains. )



Photographie : inauguration le 18 avril 1942, de l'exposition "la vie nouvelle" au Grand Palais à Paris à la gloire de l'Europe et de la collaboration franco-allemande.


Après la Libération, Henri Frenay combattra les idées du CNR et en particulier, sa politique d'indépendance et de souveraineté. Il deviendra Président d'une organisation hostile à la souveraineté populaire et nationale, l'Union Européenne des Fédéralistes dont il reconnaîtra en 1988 qu'avec de nombreuses autres officines elle fut, elle aussi, largement financée par les services américains à l'origine de la "construction" européenne et atlantiste.


Par anticommunisme, le CNR a très rapidement été sabordé, en particulier par son Président démocrate chrétien Georges Bidault créateur, du MRP, qui allait participer à la démarche supranationale européiste dont il fut l'un des promoteurs. Il devait d'ailleurs soutenir ensuite la tentative de coup d'Etat d'Alger en 1961.


Après la démission de Bidault, Louis Saillant lui succèdera le 15 septembre 1944 à la tête du CNR. En réalité, cet outil exceptionnel d'unité nationale et républicaine, de progrès social et démocratique, est volontairement écarté de la réalité politique, alors que l'esprit de la Résistance s'estompe chez certains anciens résistants. La responsabilité historique de ceux qui adoptèrent ce choix, soit pour des objectifs de classe et la mise en pratique d'une politique de trahison nationale, soit par cécité politique et crainte du peuple, s'avère aujourd'hui considérable.


Le Général de Gaulle démissionne de la Présidence du Conseil le 20 janvier 1946. Il désapprouve les institutions en préparation qui établiront un régime d'Assemblée alors qu'il souhaite, non sans raison face aux manigances des Américains et de leurs agents, un exécutif fort. Malgré son grand prestige populaire, de Gaulle est à ce moment isolé face aux partis politiques. Aucun d'eux ne le soutient.


Lui qui, à Londres avait demandé à Fernand Grenier si le PCF allait prendre le pouvoir, semble obsédé par l'influence et la puissance des communistes en effet considérables à cette époque. Le Général de Gaulle probablement influencé un temps, par la stratégie de la tension déjà développée par les Américains, s'est fourvoyé quand il n'a voulu voir dans les communistes que des « séparatistes », des agents de Moscou prêts à livrer la France à une Union soviétique souhaitant occuper notre pays. L'URSS exsangue n'était manifestement pas capable d'envahir la France et Maurice Thorez , en faisant déposer les armes aux milices patriotiques, avait démontré avec l'appui de Staline, que la direction du PCF n'avait aucune intention de sortir du légalisme.


Les communistes resteront au gouvernement jusqu'à leur exclusion en mai 1947 (par le socialiste Ramadier). Cette posture de Charles de Gaulle était aussi manifestement erronée et subjective que celle de Maurice Thorez l'accusant lui-même plus tard, devant le CC du PCF, d'être un fasciste aux ordres de la CIA. Des responsables communistes lucides, et qui avaient eu un rôle éminent dans la Résistance, tels que Laurent Casanova, Marcel Servin, Maurice Kriegel-Valrimont et d'autres, furent écartés de leurs responsabilités pour avoir notamment, contesté cette analyse non fondée de Maurice Thorez affaibli par la maladie. Kriegel-Valrimont, au cours d'un entretien avec la direction du Parti, s'est élevé contre l'idée que le gaullisme entrainerait la France dans une dépendance toujours plus grande à l'égard des Etats-Unis...


Dans les faits, cette vision non fondée allait entraîner le PCF dans l'engrenage d'une stratégie contre nature d'alliance privilégiée avec des dirigeants socialistes euro-atlantistes forcenés et, ultérieurement, à la promotion politique de François Mitterrand dont l'un des buts avoués était de marginaliser les communistes.


Ami de Frenay, Mitterrand qui a participé en mai 48, au congrès de La Haye qui allait consacrer la naissance sous direction américaine du Mouvement européen, allait, fidèle à son atlantisme sans rivage, être le promoteur du traité de Maastricht. Dans les derniers mois de son existence, il déclarait pourtant, dans un entretien accordé au journaliste Georges Marc Benamou : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l'Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans morts. Apparemment [...] Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. »


Cette lucidité étrangement tardive, n'enlève rien au fait que ses choix politiques concrets en ont fait, par anticommunisme, l'un des principaux agents de l'euro-atlantisme supranational en France.


L'interminable persévérance des dirigeants communistes, dans leur erreur stratégique, en le privant de son rôle d'avant-garde liant les questions sociale et nationale, conduira le PCF pas à pas, à devenir un supplétif d'un PS de plus en plus investi par les trotskystes, dont l'idéologie antinationale accentuera le dogmatisme fédéraliste.


Elle l'amènera inéluctablement à son état de déliquescence actuel, malgré le dévouement souvent admirable de ses militants. Sans qu'il n'y ait eu le moindre débat sur cette question dans les organisations de base du parti, et pour l'essentiel à l'insu des militants, les dirigeants du PCF se sont progressivement, dans les années qui suivirent le traité de Maastricht, alignés sur le fédéralisme sans nuance et dogmatique de la social-démocratie.


Pourtant, depuis la guerre et l'alliance dans la Résistance des gaullistes, des communistes et des autres républicains authentiques, les conditions existent -malgré la complexité des situations qui se sont succédées- qui permettraient une autre politique conforme aux réalités géo- politiques et aux conditions de la lutte en France comme dans le domaine international : celles du rassemblement autour du programme du CNR actualisé. Elles ne sont pas obsolètes.



Ainsi, un moment important de la politique du PCF tend à être occulté. Il confirme que cette question cruciale s'est bien posée pour les dirigeants communistes. Le 3 septembre 1952, lors de la réunion du Comité Central à Montreuil, pendant la guerre de Corée, et devant le risque d'extension du conflit, Jacques Duclos lance un appel à constituer « un puissant front national uni ». Il affirme très justement alors, dans les « Cahiers du communisme » : « C'est seulement l'existence d'un puissant Front national développant son action de masse à travers le pays, qui peut imposer les changements correspondants aux exigences de la situation et faire triompher une politique nouvelle ».


Cette démarche sera abandonnée, à ma connaissance sans explications critiques ou autocritiques, quelques mois plus tard. Ce renoncement semble correspondre chronologiquement au retour, en avril 1953, de Maurice Thorez d'URSS où il était soigné. Cette coïncidence pose la question du rôle éventuel du PCUS.


Le 29 octobre 1953, Maurice Thorez estime pourtant dans une interview :"...la question de l'indépendance nationale est maintenant posée avec force et se trouve placée au centre de toute la vie politique de la France... C'est pourquoi le front de lutte tend à englober toutes les classes laborieuses et en même temps d'autres milieux, c'est à dire tous les Français qui veulent reconquérir l'indépendance et la souveraineté nationales... L'union et l'action de toutes les énergies nationales et démocratiques constituent le problème décisif de l'heure, l'unité de la classe ouvrière étant la condition d'un tel rassemblement." (histoire du PCF page 551 - Editions Sociales- 1964).



Photographie : Maurice Thorez et Jacques Duclos le 1er mai 1945


En réalité, les conséquences de la démission de Charles de Gaulle en 1946, de son obsession anticommuniste, celles également de l'incapacité du PCF à promouvoir une stratégie durable, fondée sur le programme du CNR actualisé, et construit dans l'alliance des forces patriotiques, progressistes et républicaines, seront totalement délétères.


Elles conduiront à un quasi monopole du pouvoir, sur une très longue période historique, de l'ennemi de classe principal, le parti américain. Celui-ci, représenté par les organisations et les personnalités politiques les plus dangereuses, celles qui appliquent en France depuis la guerre et sous hégémonie germano-américaine, la politique stratégique de domination euro- atlantique et d'intégration européenne, tout en imposant un capitalisme de plus en plus barbare. Les mêmes atlantistes ou leurs continuateurs disposent aujourd'hui en France d'un pouvoir au totalitarisme grandissant.


En 1954, l'alliance de fait entre les députés gaullistes et communistes, qui voteront ensemble et unanimes, a permis à l'Assemblée Nationale de rejeter la CED le 30 août, et confirmé alors leurs convergences sur cette question essentielle de la souveraineté... Guy Mollet secrétaire général de la SFIO et son parti (en tant que tel) de même que François Mitterrand, sont naturellement lors de ce choix crucial, dans le camp atlantique du renoncement national.


Le retour du Général de Gaulle à la tête de l'Etat en juin 1958, ouvrit une parenthèse qui réinstalla l'intérêt national et pour l'essentiel, l'esprit républicain, au poste de commandement. La politique d'indépendance et de souveraineté réaffirmée, fut notamment traduite par le rejet des bases militaires américaines de notre pays, le retrait de la France du commandement militaire intégré de l'Otan en 1966, l'établissement de relations diplomatiques avec la République Populaire de Chine, la politique de détente, d'entente et de coopération avec l'URSS et les pays socialistes. Autres mesures clés : la condamnation de la guerre américaine contre le Vietnam, le discours de Pnom-Penh, la conversion en 1964, en leur valeur or, des réserves en dollars détenues par la Banque de France ainsi que la dénonciation du système monétaire américain qui lui permettait de faire financer par d'autres son déficit…


Les gaullistes, les communistes et d'autres républicains convergeront à nouveau en 1961 pour mettre en échec le putsch, à Alger, de généraux soutenus par la CIA, qui entendait favoriser l'éloignement du Général de Gaulle du pouvoir. Le parti communiste lança un appel à la grève générale qui fut suivi par 12 millions de Français. Lors de la crise de mai 1968, le PCF ne souhaita pas voir les atlantistes dits de gauche, toujours soutenus par les services américains et déjà conduits par Mitterrand, profiter des circonstances pour accéder au pouvoir.



Plus tard, face aux contradictions de la politique de programme commun, Georges Marchais dès l'automne 1974, et le 21 ème congrès du PCF, revint à plusieurs reprises, mais de manière velléitaire, sur l'hypothèse d'un rassemblement populaire liant la question sociale et la question nationale. Il lança le mot d'ordre d'union du peuple de France qui s'adressait aussi aux gaullistes, et aurait pu ouvrir une perspective et une alternative crédibles à la politique suicidaire d'union de la gauche, qui à toujours consisté à mener au pouvoir la fraction social- libérale des représentants de la bourgeoisie financière pro américaine et atlantiste.


Parmi les dirigeants politiques qui refusèrent la démarche de renoncement national et républicain, il faut citer Pierre Mendès France qui , s'abstint lors du vote sur la CED puis s'opposa au Marché Commun, avec une argumentation lumineuse, le 18 janvier 1957 à l'Assemblée Nationale :


« Le projet de Marché Commun tel qu'il nous est présenté est basé sur le libéralisme classique du XXème siècle selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes. L'abdication d'une démocratie peut prendre deux formes, soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d'une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique au sens le plus large du mot nationale et internationale. »


Aujourd'hui, les ralliements des Kouchner et autres Strauss-Kahn à Sarkozy, confirment qu'il n'y a rien à attendre de nouvelles variantes d'une politique dite d'union de la gauche autour des sociaux libéraux, ou d'alter- mondialistes souvent hostiles à l'Etat, à la Nation et à la République.


La majorité populaire, patriotique et de progrès social, du non à la constitution européenne, n'indique-t-elle pas la direction à prendre, celle du rassemblement et du renouveau de l'esprit de la Résistance, de l'exemple du CNR et de son programme aux principes si actuels ? C'est le chemin de l'union du peuple de France !





Post scriptum


Monde : Pour une stratégie populaire internationale solidaire, un front uni d'endiguement de la menace étasunienne et occidentaliste. Refus et rejet du nouvel ordre mondial impérialiste, dictatorial, et manipulateur des peuples. Pour le retrait de la France de l'OTAN.


Europe : Sortir de l'euro.| Retrait de la France de l'UE intrinsèquement perverse, néolibérale, antisociale et atlantiste. Dénonciation et mise en échec de toute démarche nécessairement belliciste, de construction transatlantique, c'est à dire de fusion des Etats-Unis et de l'Union Européenne en un seul bloc impérialiste et occidentaliste intégré.


Etablir en Europe et à travers le monde, des alliances et coopérations mutuellement avantageuses entre peuples libres et nations souveraines.


France : Pour un retour à l'Union et à l'Esprit de la Résistance. Actualisation du programme du CNR.


Construire un rassemblement républicain, anti oligarchique et de progrès économique et social : l'union du peuple de France, afin de rétablir la souveraineté populaire et l'indépendance de notre pays, solidaire du front uni anti-impérialiste en construction à l'échelle du monde !


Claude Beaulieu - juillet 2007


Pour aller plus loin, lire également :


LE FACTEUR DE TRAHISON - Alexandre Zinoviev


Comment l'Ouest fut conquis - Frances Stonor Saunders — Who Paid the Piper ?


L'esprit de la Résistance - Serge Ravanel




De Gaulle prédit la crise du Dollar en 1965 et préconise l'étalon Or




De Gaulle Prédit la Crise du Dollar en 1965 et... par Darwin_Kayser



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Dupont-Aignant à Russia Today : « On ne veut pas d'une politique qui sépare l'Europe à nouveau en deux blocs » (VIDEO)



Dupont-Aignant à Russia Today : « On ne veut pas d'une politique qui sépare l'Europe à nouveau en deux blocs »


18 mars 2015


RT a pu obtenir un entretien exclusif avec l'homme politique français Nicolas Dupont-Aignan, député à l'Assemblée nationale, maire de la ville de Yerres et président du parti Debout la France (DLF), à l'occasion de son séjour à Moscou.


Le député a évoqué plusieurs questions d'actualité en lien avec la politique internationale, et surtout les relations franco-russes.


La crise en Ukraine


La question de l'Ukraine doit être réglée au plus vite en vue de « lever enfin les sanctions », a déclaré le président de DLF. « Une majorité du peuple français […] ne veut pas d'une politique de sanctions, ne veut pas d'une politique qui sépare l'Europe à nouveau en deux blocs », a expliqué Nicolas Dupont-Aignan. Le but de sa visite en Russie était de faire savoir aux Russes « qu'il y a des personnalités politiques françaises qui veulent une belle relation avec la Russie ».


Travailler ensemble est, selon Dupont-Aignan, le seul moyen de « peser dans le monde ». A ce sujet, il a repris à son compte la fameuse expression du Général de Gaulle à propos de l'Europe qui « s'étend de l'Atlantique à l'Oural ».


La politique extérieure de la France


La France doit reprendre sa liberté vis-à-vis de Bruxelles, estime Nicolas Dupont-Aignan. « Le problème, c'est qu'on a confié trop de pouvoir à des gens à Bruxelles qui ne sont pas élus » et qui n'ont « aucune légitimité démocratique », a dit l'homme politique, avant de préciser que l'indépendance en matière de politique extérieure ne doit pas forcément impliquer une mauvaise relation avec les Etats-Unis.


« La relation d'amitié avec les Etats-Unis ne doit pas empêcher d'avoir d'autres amis et notamment la Russie, notamment la Chine, le Brésil », a dit le chef de DLF.


La situation au Moyen-Orient


Selon Dupont-Aignan, la crise en Ukraine monopolise trop l'attention, éclipsant le véritable danger qui est Daesh et la déstabilisation du Moyen-Orient en général. Pour lutter contre les massacres des chrétiens d'Orient et les attentats en Europe, il faut « traiter la cause du mal », qui sont justement les perturbations en Syrie, estime le député. « La France, comme les Etats-Unis, a eu tort de s'attaquer à Assad », a-t-il déclaré, parce qu'on a besoin de coopérer pour « éliminer le foyer terroriste qui est le vrai danger du XXIème siècle ».


Nicolas Dupont-Aignan, qui était candidat à l'élection présidentielle de 2012 mais n'a recueilli qu'1,8% des voix, adopte une position ferme sur la nécessité pour la France de sortir de l'Union européenne et appelle à un plus grande rôle de l'Etat dans l'économie. Son parti, « Debout la France », qui a été fondé en 2008, se présente comme étant essentiellement gaulliste et défend des principes national-républicains et indépendantistes.


L'homme politique français est venu en Russie pour prononcer un discours devant la Douma d'Etat (le Parlement russe) dans lequel il a réaffirmé l'attachement de la « grande majorité silencieuse du peuple français » au maintien des bonnes relations entre la France et la Russie.


L'intégralité de l' entretien exclusif accordé à RT par Nicolas Dupont-Aignan





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La Moldavie de plus en plus européenne par Karine Bechet-Golovko



La Moldavie de plus en plus européenne


Après un long chemin controversé qui a conduit la Moldavie sur la voie de l'association avec l'UE, en même temps que la Géorgie et dans le modèle de l'Ukraine, ce petit pays de l'Est, qui affirme ainsi "être enfin rentré à la maison", fait preuve d'une grande servilité envers ses nouveaux maîtres, pardon, partenaires européens et se lance, à l'image de l'Ukraine, dans la restriction des médias en langue russe et l'interdiction de journalistes. Bref, la Moldavie a compris quelles sont les nouvelles valeurs européennes.


A l'été 2009, avec l'arrivée d'un pouvoir de droite, la Moldavie s'est clairement prononcée pour une intégration à l'UE. Mais la route de l'intégration est longue et périlleuse, surtout avec une population fortement russophone, une immigration économique vers la Russie et des liens commerciaux naturels toujours fort dans cette direction. Or, il faut changer de cap, bien que le pays soit partagé par moitié. Situation qui rappelle l'Ukraine.


Dès 2013, la décision d'une association est prise, en 2014 un régime allégé pour les visas est offert à ce si gentil pays par l'UE, qui sait récompenser ses amis. La corruption bat sont plein, tout comme le chômage, mais peu importe. Mais les élections de novembre 2014 montrent une population plus que partagée, fatiguée de la politique conduite qui n'a pas franchement améliorée leur niveau de vie et se focalise sur la voie européenne pour 2016. Le parti au pouvoir n'arrive donc qu'en deuxième place, bien qu'un parti d'opposition ait été interdit de participer au dernier moment en raison de fausses déclarations financières. Ce qui explique aussi un taux de participation très faible ; les gens n'y croient plus, mais là aussi peu importe. Malgré toutes les ressources mises en oeuvre, le parti prônant une intégration avec l'Union douanière, et non l'UE, arrive en tête, certes de peu et pas suffisamment pour contrer une alliance contre lui, malgré le recul du parti au pouvoir. Bref, la Moldavie doit suivre la voie européenne coûte que coûte, comme l'Ukraine, comme la Géorgie et c'est cela qui est important, qu'en bloc ces pays sortent de l'influence russe, le fassent démonstrativement. C'est un pas politique. Presqu'une demande d'adoption.


Et justement le caractère politique, de soumission à l'UE plus que d'adhésion aux valeurs européennes, s'est manifesté récemment. Le ministère russe des affaires étrangères se dit inquiet de voir le nettoyage de l'espace médiatique russophone et l'interdiction de séjour de 5 ans prononcée à l'égard de deux journalistes, emblématiques russes, D. Kisseliov à la tête de l'agence d'informations Russie aujourd'hui et A. Kondrachov qui a réalisé le documentaire sur le retour de la Crimée.



Si chaque pays est libre de déterminer sa voie politique, il est dommage que le choix de la voie de l'UE se termine finalement, pour les pays qui le font, par un rejet des valeurs européennes.


Karine Bechet-Golovko

vendredi 20 mars 2015


Russie politics



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