lundi 20 janvier 2014

Oubliez Berlusconi, Avec Hollande l'Europe A Son Nouveau Clown!


Hollande est vraiment «le président du ridicule», écrit Ruth Dudley Edwards


François Hollande n'est pas seulement une catastrophe en tant que Président de la Cinquième République française: il conteste à Silvio Berlusconi son titre de premier clown d'Europe .


Hollande n'est pas flamboyant comme le milliardaire Berlusconi, poussé à la démission pour corruption et "bunga bunga" avec une prostituée mineure. Cela lui avait valu des insultes de la foule criant  "bouffon", "mafioso" et " dictateur ". Avec Hollande, les épithètes sont «mauviette», «incompétent» et «rigolo» ce qui est nettement plus approprié.

La semaine dernière, François Hollande a été forcé d'admettre lors d'une conférence de presse, qu'après 18 mois de politique socialiste, l'économie était en crise et qu'il avait du forcément se transformer en social-démocrate ce qui permettrait de réduire les impôts des entreprises ainsi que les dépenses publiques. 

Les journalistes français ont posé des questions polies (leur penchant pour coucher avec les politiciens est une des raisons pour lesquelles ils évitent les questions dérangeantes sur leur vie privée), mais ce qui était à l'esprit de tout le monde, c'est les trois "petites amies" de François Hollande: Ségolène Royal, la mère de ses quatre enfants; Valérie Trierweiler , sa Première "girl friend" et Julie Gayet , une actrice de près de 20 ans sa cadette.

Hollande a batifolé avec la journaliste Trierweiler tout en vivant avec Royal, mais il n'a pas voulu  l'admettre publiquement jusqu'à la défaite de la mère de ses enfants lors de l'élection présidentielle de 2007 qui a vu la victoire de Nicolas Sarkozy . Il aurait démarré sa liaison avec Gayet depuis un an avant son élection en 2012. 


Quand Hollande a promis que "à tout moment en tant que président son comportement sera exemplaire» il ne parlait pas de sa vie sexuelle mais soulignait que contrairement à Sarkozy, trop public sur sa liaison passionnée avec son épouse Carla Bruni, il resterait discret. Pourtant, après 18 mois de mandat, sa vie privée est maintenant devenu objet de la risée internationale.

Sa plus grande erreur a été de se rendre à ses rendez-vous galants avec mademoiselle Gayet sur un scooter avec chauffeur. Comme le souligne Sarkozy - qui espère revenir au Palais de l'Elysée à la prochaine élection - avec une joie mal mal dissimulée: 

«Quelle photo de Hollande sortant de l'appartement de sa maîtresse avec un casque de moto! 
Hollande est totalement ridiculisé aux yeux de tous, Il est désormais le président du ridicule. "

Malheureusement, Hollande n'est pas seulement la tête d'un gouvernement inefficace: il est le chef de l'Etat. Et son ineptie associé à un sens inné du ridicule menacent les fondements mêmes de la Ve République.

Hollande a été mieux connu comme le premier secrétaire de l'échec du Parti socialiste en 2007, qui l'a désigné pour 2012  uniquement parce que Dominique Strauss-Kahn a été détruit par le scandale du SOFITEL.

Hollande va t il remplacer Trierweiler par Gayet? Si oui, cette femme orageuse restera t elle tranquille longtemps? 
Est-il vrai que Ségolène Royal - dont la carrière politique a été stoppé net par Valérie Trierweiler - a t elle malicieusement mis en relation Hollande avec Gayet? 
C'est un délicieux feuilleton que les Français vont déguster lentement...

Mais d'autres, sont profondément malheureux et en chefs sages se demandent s'il le temps est venu d'enterrer la Ve République et de revenir à une démocratie parlementaire avec une présidence de cérémonie. 
En l'état, ils sont coincés jusqu'en 2017 avec un président qui déclenche le ricanement du monde et ne peut donc pas faire le travail pour lequel les français l'ont élu.

ruthdudleyedwards.com @ RuthDE

Irish Independent






Le Japon Provoque Des Tensions Internationales Pour Dissimuler Fukushima Et Ses Conséquences



Le Japon agressif, sa “‘stratégie du choc” et le cover-up de Fukushima


Depuis l’arrivée de Shinzo Abe comme Premier ministre, en décembre 2012, le Japon suit une ligne nationaliste “dure” conduisant à des tensions avec la Chine et la Corée du Sud. On dira aussitôt et avec une très grande fermeté que la particularité de ce “nationalisme” est d’être complètement faussaire et totalement inverti. Le nationalisme, qui est une notion douteuse dans le maniement et l’entendement du mot, devrait avoir au moins comme certitudes de sa définition une référence irréfragable aux notions d’indépendance et de souveraineté nationales. Dans le cas du Japon, il apparaît que ce nationalisme faussaire garde le pire du concept et trahit ce qu’on y trouve de vertueux. Le “nationalisme” de Shinzo Abe, fondé en vérité sur la corruption absolue d’une classe politique japonaise dévorée par la subversion d’elle-même, s’opérationnalise selon une situation du passé complètement faussaire et selon une situation présente de complète inversion du concept. Le Japon de Shinzo Abe est essentiellement agressif envers la Corée du Sud et la Chine qui ne menacent en rien son indépendance et sa souveraineté nationales (quelles que soient leurs intentions et leurs politique), en s’appuyant sur l’alliance US, la force subversive et destructrice essentielle de son indépendance et de sa souveraineté nationales. Il s’agit donc d’une parfaite intégration-Système par son caractère complet d’inversion, dont l’un des effets antiSystème pour l’instant accessoire mais potentiellement intéressant est de rapprocher un autre satellite des USA, la Corée du Sud, de la Chine.
A part certains exercices de démonstration d’affirmation dans des querelles de territoires contestés (des îles) et une rhétorique à mesure, Shinzo Abe affirme notamment une politique de communication appuyé sur un symbolisme agressif (célébration, au travers de divers gestes symboliques, du Japon expansionniste vis-à-vis de la zone considérée dans son cycle apparu au tout début des années 1930, dont eurent à souffrir horriblement la Chine et la Corée du Sud). (La Corée du Sud et la Chine développent eux aussi, à côté de “démonstrations d’affirmation dans des querelles de territoires contestés”, des gestes symboliques basés sur la célébration du passé marquant l'expansionnisme japonais à leur encontre, comme on peut le lire en début de l’article du 2 janvier 2014.)
Mais il y a un autre aspect dans la politique dite-“nationaliste” de Shinzo Abe, qui apparaît à première vue complémentaire du reste et qui est gros d’une dimension spécifique fondamentale, potentiellement bien plus plus dramatique et déstructurante : la constitution d’un véritable “État de Sécurité Nationale” à l’aide de lois d’urgence, dite de “secret d’État”, effectives depuis novembre-décembre 2013. Cette démarche “recopie” le modèle du National Security State (NSS) établi en 1947 par les USA ; bien entendu, les USA, au nom d’unepolitique-Système aveuglément poursuivie, apporte un soutien enthousiaste à Shinzo Abe après avoir pressé le Japon d’aller dans ce sens, depuis 2009 (tiens, depuis l’arrivée de saint-BHO, l’homme qui devait changer la “politique de l’idéologie et de l’instinct” de GW Bush). L’aspect le plus notable et le plus terrible est le lien qui est établi entre cette construction sécuritaire contraignante et la catastrophe de Fukushima avec ses conséquences plus que jamais en plein développement : il apparaît manifeste à nombre d’activistes japonais, avec nombre d’arguments complètement fondés, que ces lois sont également faites pour dissimuler (cover-up) les conséquences en cours etsurtout à venir de la catastrophe de Fukushima.
(On notera que le niveau des radiations à Fukushima a atteint ces jours derniers un record, selon Russia Today le 18 janvier 2014 : «A record high level of beta rays released from radioactive strontium-90 has been detected at the crippled Fukushima nuclear power plant beneath the No. 2 reactor's well facing the ocean, according to the facility’s operator. Tokyo Electric Power Company (TEPCO) measured the amount of beta ray-emitting radioactivity at more than 2.7 million becquerels per liter, Fukushima’s operator said as reported in Japanese media. The measurements were taken on Thursday.»)
Une interview par Amy Goodman, de Democracy Now! (le 15 janvier 2014), du professeur Koichi Nakano, de l’université Sophia de Tokyo et directeur de l’IGC (Institute of Global Concern), illustre de façon critique cette nouvelle situation japonaise dans tous ses caractères. En voici un extrait.
Amy Goodman : «And talk about state secrets. What are these state secrets?»
Koichi Nakano: «Well, it’s very poorly defined. It, of course, concerns primarily security issues and anti-terrorist measures. But in the parliamentary exchange, it became increasingly clear that the interpretation of what actually constitutes state secret could be very arbitrary and rather freely defined by government leaders. And, for example, anti-nuclear citizen movements can come under surveillance without their knowledge, and arrests can be made if it turns out that they obtain some information that they didn’t even know constituted state secrets.»
Amy Goodman : «You talk about a Japanese shock doctrine.»
Koichi Nakano: «Right. The state secrecy law that was passed in December last year, just a month ago, basically two years after the big earthquake and tsunami and the nuclear power accident, that still continues to literally kind of shake Japan, and in the climate of anxiety and insecurity, the government basically is pushing in the classic sort of Naomi Klein kind of way of shock doctrine. And for the Japanese, it is particularly worrisome because it reminds us of what happened before the Second World War, actually, when Tokyo was destroyed by a huge earthquake in 1923. And the peace preservation law that eventually led to the birth of state secret police and the brutality of the military regime was also enacted two years right after the big earthquake that destroyed Tokyo back in the 1920s. So, the parallel is quite spooky.»
Amy Goodman : «And the parallel now with Fukushima, what it would mean in a cover-up of what’s been happening? And we’re not talking about the past now»... [...]
Koichi Nakano: «Exactly. The continuous contamination of water, of ocean, of the soil, and the continuous danger with the spent fuels in the nuclear reactors in Fukushima—I think there are lots of concerns, and citizens are trying to know the truth. But I think the state secrecy law is potentially going to make it easier for the government to cover up information...»
Bien entendu, ce qui doit nous intéresser particulièrement, c’est ce qui nous apparaît comme un processus-Système caractéristique. C’est l’ensemble du processus, entre les dimensions spécifiques concernés et les circonstances en cours, établissant un lien entre un événement de politique d'urgence sécuritaire classique (création d’un NSS japonais) et un événement eschatologique intégrant une catastrophe naturelle peut-être lié au dérèglement climatique accéléré sinon suscité par les activités de notre contre-civilisation (du Système) et un aspect de surpuissance (le nucléaire) directement lié liés à une perception catastrophiste du développement de la contre-civilisation dans le domaine du système du technologisme, tout cela dans le chef de l’événement catastrophique de Fukushima en 2011. Plus précisément dit, il s'agit donc de l'existence incontestable d'un rapport délibéré, quasiment directement de cause à effet, entre le processus NSS-japonais et la politique de cover-up, de dissimulation, des conséquences catastrophiques de Fukushima, déjà développée et qui devrait donc s’amplifier encore. (Les références du tremblement de terre de Tokyo de 1923 et de ce qui a suivi, données par le professeur Koichi Nakano, sont particulièrement impressionnantes pour ce qu’ils nous disent du précédent manipulatoire à cet égard, mais alors sans la dimension eschatologique qui distingue dramatiquement la situation actuelle.)
Cette interprétation probablement complètement justifiée constituerait, constitue même une “première” extrêmement impressionnante, à cause de l’importance de la puissance du Japon et de ses capacités d’une éventuelle nuisance catastrophique, à la fois stratégiques et de communication. Elle nous donnerait à voir le premier cas de l’ère d’urgence catastrophique symboliquement ouverte avec 9/11, et finalement le premier cas de cette sorte pour l’époque commencée avec le “déchaînement de la Matière“, où le choix d’une politique humaine contraignante, sécuritaire et éventuellement militariste jusqu’à bouleverser la structure d’un gouvernement, voire de l’État, est dans une part très importante lié directement à la lutte par dissimulation et à la tentative de suppression de la vérité d’une situation en partie causée par une catastrophe naturelle et en partie par l’effet du développement conduisant à la destruction du monde par le Système. Il s’agit alors d’un événement eschatologique de première grandeur, où l’élément humain, la sapiens soi-même, joue par sa position de relais aveugle du Système un rôle central d’outil de dissimulation et de simulacre. Cette occurrence est bien eschatologique parce qu’elle tend à dissimuler les éléments fondamentaux de la destruction du monde, pour permettre objectivement, quelles que soient les intentions et la conscience des choses des sapiens-exécutants, la poursuite en mode accéléré de cette destruction du monde. (Et l’on insister bien ici : “pour poursuivre ... [la] destruction du monde“ et non, par exemple, “la poursuite de la domination du monde”, – la nuance (!) est eschatologique et métaphysique.) Le sapiens, donc, exécutant de la surpuissance suscitant la destruction du monde, également exécutant des conditions d’autodestruction du Système puisque le caractère eschatologique de la chose ne peut qu’y conduire. Voilà au fond qui est une poursuite logique de la catastrophe qui a abouti à la situation du Japon, c’est-à-dire successivement sa politique des années 1930, sa destruction effective et symbolique par l’arme atomique, par son adversaire assurant la vassalisation et la transmutation du pays, jusqu’à ces conditions actuelles achevant le dessein surpuissance-autodestruction du Système.
On comprend que, dans des conditions qui pourraient s’aggraver notablement, un Shinzo Abe s’arrangerait bien d’un conflit avec l’un ou l’autre dans la région, pour encore mieux dissimuler les conséquences de Fukushima. Là aussi, il s’agirait bien plus d’eschatologie que de géopolitique, alors que semble régner au Japon une psychologie générale de terreur sourde suscitée par Fukushima («the climate of anxiety and insecurity» mis en évidence par le professeur Koichi Nakano). Nous mentionnons cette possibilité dans sa seule élaboration de projet et de préparation du projet, car il nous semblerait complètement improbable qu’un tel “plan” puisse aboutir à sa concrétisation du type géopolitique normal en fonction des multiples interférences, contestation et contradictions exposées par le système de la communication. Là aussi, le développement ne serait nullement géopolitique mais eschatologique et d'autodestruction du Système selon l'orientation dans ce sens permise sinon favorisée par l'ère psychopolitique.

La spécificité française est la détestation des élites envers la nation


"Les élites françaises ont honte de la France" (M.-F. Bechtel)


Publié le 20 janvier 2014 par Olivier Demeulenaere

Le phénomène n’est pas nouveau, De Gaulle le déplorait déjà. Il explique largement la fuite en avant dans un fédéralisme européen mortifère pour les libertés et la souveraineté du peuple français. On aurait aimé une analyse un peu plus poussée sur le rôle des institutions et des lobbies mondialistes qui détiennent le vrai pouvoir dans notre pays. Mais venant d’une représentante ô combien éminente du système oligarchique, un discours aussi décapant ne peut qu’être salué. OD


"L’ancienne directrice de l’ENA, députée de l’Aisne apparentée au groupe socialiste, livre ici un regard très critique sur le rapport des classes dirigeantes françaises à notre nation. De sa fréquentation des politiques à celle des élèves des grandes écoles, Marie-Françoise Bechtel a rapporté de nombreuses anecdotes édifiantes".

Marianne : Vous venez d'affirmer dans un entretien publié dans l'Expansion que «la spécificité française tient surtout à la détestation des élites envers la nation». Pouvez-vous préciser cette pensée et la justifier par quelques exemples ? 

Marie-Françoise Bechtel : C'est une idée qui me poursuit depuis assez longtemps. Je me souviens l'avoir soutenue pour la première fois dans un entretien accordé à Joseph Macé-Scaron dans le Figaro fin 2000. Je lui avais dit que j'étais très frappée de voir à quel point les élites britanniques étaient fières de leur nation. Aujourd'hui, pour moi, c'est plus que jamais un constat absolu et évident. Les élites françaises ont honte de la France, ce qui n'empêche qu'elles peuvent avoir un comportement extrêmement arrogant, même si cela peut paraître paradoxal. Je cite souvent l'exemple de Jean-Marie Messier. Ce pur produit des élites françaises avait qualifié les Etats-Unis de «vraie patrie des hommes d'affaires», et ce, juste avant de s'y installer. Ici, le propos est chimiquement pur. Toutes les élites ne sont pas aussi claires, mais beaucoup n'en pensent pas moins. 

Ça ne fait qu'un exemple ! 

M.-F.B. : Je peux vous en trouver des dizaines. Prenons celui des grands patrons dont les groupes investissent à l'étranger et qui se soustraient au versement de leurs impôts en France. Vous ne pouvez pas dire que ce sont des comportements patriotiques... Total ne paie quasiment pas d'impôts en France. Bien sûr, à l'étranger, nombreux sont les groupes qui ont les mêmes comportements, mais ils savent être présents quand leur pays a besoin d'eux. Regardez aussi la façon dont on traite les commémorations de la guerre de 1914-1918 : les élites, dont le PS, incriminent les nations. On oublie que les peuples ne voulaient pas la guerre, et que c'est le déni de la nation qui nous entraîne aujourd'hui dans une Europe qui ne cesse de faire monter l'extrême droite. Autre exemple qui m'a été raconté de première main et qui illustre ce mélange de déni et d'arrogance. Dans les négociations européennes de 1997 à 1999, en vue de la conclusion du traité de Nice, Pierre Moscovici, alors ministre délégué aux Affaires européennes, avait traité les petits pays avec une morgue incroyable, coupant la parole aux uns, leur demandant d'abréger leur discours, exigeant que le représentant de la Belgique se taise. C'est ce même Pierre Moscovici, toute son action le démontre, qui est persuadé que la nation française a disparu, que nous sommes devenus une région de la grande nébuleuse libérale et atlantisée. 

Face à ça, dans cette période de crise, en France, le peuple se replie sur la nation, et comme on lui interdit d'être fier de son pays, qu'à longueur d'émission de télévision on lui explique que la France est une nation rance et sur le déclin, il prend le mauvais chemin, une mauvaise direction. Tous ces petits messieurs font le jeu du Front national. 

Mais il est intéressant aussi de se demander quand ce mépris de la nation a commencé à se développer chez nos élites. Je pense qu'une réponse se trouve dans les écrits de Jean-Pierre Chevènement. Il a pour la première fois, me semble-t-il, abordé cette question dans la République contre les bien-pensants, dans les années 90, il l'a ensuite développée dans La France est-elle finie ? En substance, il démontre que cette haine de la France et du peuple date de l'immédiat après-guerre, et je partage cette idée. Je pense que les élites ont trahi le peuple, qu'elles se sont compromises avec le régime de Vichy et qu'elles portent sur leur dos la défaite de 1939, «l'étrange défaite». C'est à ce moment-là que tout se joue. J'ai recueilli à travers des entretiens qui vont d'ailleurs être prochainement publiés les souvenirs du dernier membre vivant du CNR, Robert Chambeiron. Il explique avec beaucoup de précision l'état des partis politiques en 1940. La situation était catastrophique ! Ils n'ont plus aucune légitimité. Robert Chambeiron raconte ce discrédit et la façon dont peu à peu les principaux partis se sont reconstitués en admettant la nécessité d'une union nationale. Il raconte le premier entretien dans une pissotière entre Daniel Mayer, qui représente la SFIO, et l'envoyé du PC. L'entrée en matière est violente. Le premier envoie à l'autre les accords Molotov-Ribbentrop, l'alliance entre Staline et Hitler. Le communiste s'offusque et lui répond : «Comment pouvez-vous nous faire la morale après Munich ?» Tout le monde s'était déballonné devant Hitler. La chance des partis, il faut bien le dire, ça a été les Etats-Unis. Les Américains se méfiaient de De Gaulle, ils voulaient s'assurer du soutien des partis et des syndicats. C'est Washington qui les a réellement remis en selle. 

Après la guerre, la droite a eu une chance, c'est ce même de Gaulle. De Gaulle a racheté la droite. C'est pour cela que toute la droite s'est retrouvée gaulliste pendant de longues années. Mais cela n'a pas duré... 

Si de Gaulle a racheté la droite, qui pourrait racheter la gauche ? 

M.-F.B. : C'est une bonne question, celle de savoir si la gauche est rachetable. Je ne vois qu'une seule personne pour la racheter, c'est Jean-Pierre Chevènement. Pierre Mendès France y a participé à sa manière et je ne pense pas que François Mitterrand mérite tout le mal que de nombreuses personnes disent de lui. Mais je ne dirais pas qu'il a racheté la gauche parce qu'il a fait l'Europe telle qu'elle est aujourd'hui. 

Aucune partie de nos élites ne trouve grâce à vos yeux ? 

M.-F.B. : Je n'ai aucune admiration pour la grande majorité des élites économiques, mais je pense qu'il y a des exceptions. Ainsi, par exemple, Jean-Louis Beffa, l'ancien patron de Saint-Gobain, me semble avoir encore une conscience nationale. En revanche, ce n'est pas du côté des banques qu'il faut chercher. L'épargne française est énorme, 17 % du revenu... Qu'en font-elles ? Rien, ou plutôt rien d'utile à notre pays. Quant aux élites politiques, je les fréquente au quotidien, ils sont atteints d'un double syndrome : d'une part, ce que mon ami Sami Naïr appelle le «bonisme», c'est-à-dire la bien-pensance vertueuse. D'autre part, elles sont obsédées par l'idée que la gauche manque de légitimité. Celle-ci doit donc être convenable et le montrer. A chaque fois que des ministres se font agresser par la droite, ils se défendent en disant qu'ils respectent les codes du monde libéral. Aujourd'hui, je ne vois guère qu'Arnaud Montebourg qui sorte du lot, même s'il y a quand même des ministres qui travaillent utilement, Michel Sapin par exemple. 

Dans les médias aussi, c'est un peu la Berezina. Le mot «nation» hérisse. Libération reste le journal du courant «libéral-libertaire», même si on y trouve encore quelques pépites ici et là. Le Monde ne cesse de me décevoir, cela remonte déjà à assez loin et c'est encore plus vrai ces derniers temps, il ne reste plus grand-chose de ce grand journal. Le Figaro ? Il est devenu l'organe officiel de la mise en accusation de la gauche au pouvoir et à peu près rien de plus. 

Et les hauts fonctionnaires ? En tant qu'ancienne directrice de l'ENA et en tant que conseillère d'Etat, vous en avez beaucoup côtoyé... 

M.-F.B. : Généralement, ils partagent l'idéal européiste angélique et vertueux. Ils ont tous appris que «l'Europe est notre avenir». Sur ce sujet, leur esprit critique est assez peu développé. Ils pensent tous que la France est une affaire dépassée. 

Mais il faut se méfier des amalgames. Dans cet univers, il y a d'abord et surtout Bercy. Le gros morceau, c'est le couple Trésor-Budget. C'est là où tout se joue, tout se décide. C'est impressionnant, le pouvoir qu'ils ont, et je pèse mes mots. Laisser faire Bercy, c'est une grave erreur. D'abord, ces messieurs se méfient des politiques. Ils font bloc. J'ai été membre de la mission d'enquête sur l'affaire Cahuzac, eh bien, nous n'avons rien obtenu des directeurs ou responsables de ces deux administrations. Rien. Aucune réponse ! Blanc ! C'était impressionnant. Mais il y a en même temps des différences entre les deux. Les gens du Trésor sont toute la journée dans l'avion, un jour à Singapour, le lendemain à New York, pour placer l'argent public. Ils pensent en anglais. Au bout d'un certain temps, ils ne connaissent plus la France, c'est juste leur employeur. L'autre administration de Bercy qui compte, c'est le Budget, et cette direction serait plutôt gangrenée par l'idéologie allemande, si j'ose dire. Elle est devenue obsédée par l'équilibre budgétaire. 

En dehors de ces deux administrations, certaines se tiennent encore bien. Je pense d'abord à mon corps d'origine, le Conseil d'Etat. La plus haute juridiction administrative française a longtemps résisté aux dérives européennes. 

Même si c'est fini aujourd'hui, et je le déplore, elle reste une instance irremplaçable de conseil. Je pense ensuite à la préfectorale. Le corps des préfets me semble être une institution qui résiste. Elle le fait d'abord parce qu'elle est un corps qui représente l'Etat et non les féodalités régionales. Ces hauts fonctionnaires sont en contact avec la diversité des problèmes, ils vivent en province, rencontrent quotidiennement les Français. Il y a aussi l'armée. Lorsque j'étais directrice de l'ENA, j'ai rencontré régulièrement les dirigeants de Polytechnique ou de Saint-Cyr. L'armée a fait un très gros effort pour s'ouvrir à la nation, après la malheureuse suspension du service national par Jacques Chirac. 

Mais vous avez une responsabilité dans cette histoire puisque vous avez sélectionné les élites et vous les avez formées lorsque vous étiez à l'ENA ! 

M.-F.B. : Il y a deux choses que je dois d'abord préciser. En tant que directeur de l'ENA, vous ne formez personne, ce sont les grandes administrations qui désignent les enseignants dans l'école. En revanche, c'est moi qui proposais au ministre les membres du jury, et j'avais d'ailleurs à l'époque choisi un journaliste de Marianne. Notre regretté Philippe Cohen avait ainsi participé à la sélection des futurs hauts fonctionnaires. Le deuxième élément que le grand public ignore souvent, c'est que l'ENA fonctionne comme une école d'application de Sciences-Po. Car, ne nous trompons pas, c'est Sciences-Po, la grande école. C'est là que les étudiants sont formés, voire déformés. Or Sciences-Po est devenue «l'école du marché», selon les termes mêmes de Richard Descoings, qui a reformaté cette école. Cet homme, à la fois très intelligent et très dangereux, était persuadé que le marché était la loi et que la loi était le marché. Il n'avait d'ailleurs pas vu venir la crise. Mais il a légué à cette école un formatage sans précédent. La victoire du marché se mesure aussi parce qu'il y a de plus en plus d'élèves d'écoles de commerce, notamment de HEC, qui entrent à l'ENA, tout ce petit monde jurant, la main sur la poitrine, que depuis sa plus tendre enfance il rêve de servir l'Etat. La conséquence est dramatique, ils récitent des discours appris. Je me souviens que de nombreux membres du jury m'ont dit que ces étudiants étaient tellement formatés que c'était difficile, voire impossible de les choisir, et encore moins de les classer. Et quand ils sont choisis, je me suis aperçue que je ne pouvais plus grand-chose pour des gens aussi - comment dire ? - fermés sur des certitudes, aggravées par le manque de culture. 

D'où peut venir l'espoir ? 

M.-F.B. : Je suis d'un tempérament optimiste. Regardez les Allemands. Il y a un renouveau de la langue et, au-delà, de la fierté allemande. Il y a dix ans, douze ans, j'avais été invitée à un colloque sur un thème tout particulièrement intéressant aujourd'hui : l'Allemagne a-t-elle le droit d'avoir sa propre élite ? L'Allemagne était à ce moment-là dans un trou, elle n'allait pas très bien. Il y avait là un conseiller de Gerhard Schröder qui était un peu sa tête pensante, un homme très connu à l'époque, je lui ai fait remarquer ma surprise de voir des Allemands qui parlaient en anglais de l'avenir des élites allemandes. Cela me paraissait très paradoxal. Eh bien, ce jour-là, nos hôtes me faisaient part de leur envie : «Vous vous rendez compte, dès que vous avez une réunion publique, politique, vous avez la Révolution française derrière vous, cela vous porte, et nous n'avons pas d'équivalent. Pis, se référer au passé est difficile.» 

Je pense aussi que nous avons des bases solides. Nous sommes un très grand pays. Nous sommes encore la sixième puissance mondiale. Nous sommes encore une grande puissance économique, une grande puissance exportatrice, malgré notre déficit commercial. Je pense que tout cela est très mal enseigné. On devrait apprendre à nos élites le respect de cette histoire, de cette nation, et on leur apprend l'arrogance et la morgue. 

Troisième élément, et non des moindres : je ne sais pas si c'est la nation ou l'Etat qui résiste, mais quelque chose en nous résiste. Nos bases, jusqu'à un certain point, restent solides. 

Pour conclure, avec de tels propos, ne craignez-vous pas de rejoindre les intellectuels et politiques qui ont été qualifiés de «néocons» par l'hebdomadaire le Point ? Méfiez-vous, vous vous retrouvez en compagnie de Marine Le Pen... 

M.-F.B. : Oublions le ridicule inventaire du Point. Je pense que, si l'on avait davantage écouté Jean-Pierre Chevènement, mieux, si on l'avait élu en 2002, on verrait aujourd'hui ce qu'est la différence entre une conception ouverte, généreuse et patriotique de la nation et le repli frileux, pour ne pas dire infantile, sur des valeurs régressives. Le problème aujourd'hui est de faire comprendre aux Français que la nation bien comprise est source de modernité, non de repliement : mais comment le leur faire comprendre alors que, à gauche comme à droite, l'Europe telle qu'elle dérive est devenue «la grande illusion» ?



Marie-Françoise Bechtel fut directrice de l'ENA de 2000 à 2002. Elle est aujourd'hui députée de la 4e circonscription de l'Aisne, membre du Mouvement républicain et citoyen, apparenté au groupe socialiste. Elle est vice-présidente de la commission des Lois de l'Assemblée nationale. Mais elle est aussi un exemple de l'efficacité du système scolaire républicain. Fille d'instituteurs, elle est agrégée de philosophie et conseillère d'Etat.

http://olivierdemeulenaere.wordpress.com/2014/01/20/les-elites-francaises-ont-honte-de-la-france-m-f-bechtel/