Sale temps pour les donneurs de leçons
Syndicats, partis, associations militantes : ces corps intermédiaires viennent de faire, une fois de plus, la démonstration de leur illégitimité. Ils ont montré, ce week-end, qu’ils n’étaient plus suivis par ceux qui ne les écoutent plus. Samedi, les manifestations antiracistes auxquelles appelait la gauche officielle partout en France ont été très faiblement suivies, y compris à Paris. Il fallait évidemment s’attendre à un tel fiasco, tant l’antiracisme s’est décrédibilisé dans ses accusations politiquement instrumentalisées. Dimanche, la mobilisation du Front de gauche contre la fiscalité n’a pu rivaliser avec celle des Bonnets rouges, cibles des railleries de Jean-Luc Mélenchon. Là où le tribun, aidés de professionnels de la contestation, ont mobilisé à Paris quelques milliers de personnes (7000 selon la préfecture, 100.000 (!) selon les organisateurs), ils étaient entre 17.000 et 35.000, la veille, à Carhaix (Finistère), à avoir répondu aux appels de citoyens en colère contre l’ensemble de leurs représentants, incapables de les comprendre.
Le vent de l’histoire porte cette société civile qui balaye ces syndicats, ces partis et ces associations militantes. Elle n’écoutera pas davantage le "monde de la culture", qui entend se mobiliser à son tour, ce lundi soir, au Théâtre du Rond Point.
C’est la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, qui a envoyé les cartons à cette soirée très parisienne. Les mondains entendent dénoncer le Front National, qui "flatte les plus bas instincts", comme l’a rappelé, ce matin sur RTL, Mme Filippetti. Elle a aussi déclaré : "La préférence nationale, c’est de la xénophobie". Sur ce point, les donneurs de leçons ne sont pourtant pas exemplaires. L’exception culturelle française, ce principe auquel le monde la Culture est particulièrement attaché, n’est rien d’autre qu’une protection accordée prioritairement aux nationaux par rapport aux artistes ou créateurs étrangers.
Quand en 2010, l’Association nationale pour le développement des arts de la mode (Andam) a décerné son grand prix au créateur turc Hakaam Yildrim, cette récompense, attribuée à un étranger, a été contestée dans les rangs de la profession. Une semblable polémique, née dans le milieu prétendument ouvert de la culture, vient d’accompagner l’éventualité de nommer un Allemand, Max Hollein, à la tête du musée d’art moderne Georges Pompidou. Donné comme favori, il vient de jeter l’éponge. J’attends que la ministre s’indigne de la xénophobie de ce milieu culturel, qui la dénonce chez les autres...
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