vendredi 2 août 2013

Fukushima En Mode "Syndrôme Chinois" TEPCO Impuissant

L’installation à moitié détruite de Fukushima Daiichi fuit toujours. Récemment, un robot y aurait été envoyé pour localiser les fissures du ciment. Fukushima risque de connaître le China’s syndrome : née dans un film de fiction, c’est l’hypothèse la plus grave en cas d’accident nucléaire, qui impliquerait que des éléments du cœur d’une centrale s’enfoncent dans la terre.



Tepco ne fait plus que de la com...

Manifestement, Tepco est débordé. Non seulement il doit toujours gérer l’arrivée de centaines de tonnes d’eau contaminée par jour, les fuites multiples et variées des réservoirs souterrains ou aériens et la contamination de la nappe phréatique et de l’océan qui sont de plus en plus radioactifs, mais il doit en plus trouver une solution à une découverte faite le 18 juillet 2013 par un ouvrier sous-traitant chargé de nettoyer les débris du niveau technique du réacteur n°3 : de la vapeur s’échappe du bâtiment en continu. Pour minimiser ce fait très gênant, Tepco l’explique en prétendant que de l’eau de pluie s’est infiltrée et s’évapore à cause de la chaleur.

En fait, Tepco fait semblant de ne pas savoir, comme d’habitude. 
On a souvent vu de la vapeur s’échapper des bâtiments depuis que Tepco et le gouvernement ont déclaré les réacteurs à froid en décembre 2011 (Se reporter aux vidéos collectées dans cette page : Arrêt à froid avec panaches)

Donc on sait bien que les coriums sont capricieux. Non seulement on ne sait pas où ils sont, mais en plus ils peuvent de temps en temps générer des recriticités (redémarrages localisés et chroniques de fissions), donc de la chaleur, d’où le bore préparé par Tepco pour calmer le monstre.


Jusqu'ici tout va bien...


Pour l’instant des techniciens rassurants affirment qu'il n'y a rien de vraiment catastrophique puisque sous cette dalle se trouve une protection supplémentaire : une coque d’acier qui englobe la totalité du cœur. Enfin, l’ensemble de la centrale repose sur une seconde dalle de béton, dont l’épaisseur atteint 7,6 m. 
Plutôt rassurant... 

Mais les avis divergent concernant la progression du combustible. Uehara Haruo, qui n'est autre que l’architecte du réacteur n°3, n’est pas si optimiste que les dirigeants de TepCo. Dans une interview accordée à un média japonais, il indique qu’il est impossible qu’en l’espace de huit mois, le corium n’ait pas traversé la coque d’acier et la dalle de béton


Si l’on se réfère à une étude réalisée par l’Oak Ridge National Laboratory qui évoque une simulation d’accident de ce type dans un réacteur à eau bouillante similaire à ceux de Fukushima Daiichi, on sait qu’il suffit de 5 heures pour que le cœur ne soit plus recouvert d’eau, 6 heures pour que le cœur commence à fondre, 6h30 pour que le cœur s’effondre, 7 heures pour que le fond de la cuve lâche, et 14 h pour que le corium traverse une couche de 8 m de béton avec une progression de 1,20 m/h . On peut donc raisonnablement supposer que la cuve du réacteur 1 de Fukushima Daiichi a été traversée par le corium dès le soir du 11 mars et que cette pâte incandescente est passée sous la dalle dès le 12 mars 2011.


Pour lui, il est inévitable que la fuite ait déjà atteint le sous-sol. C’est ce qu’on appelle le syndrome chinois (ce terme avait été forgé par les Américains, imaginant du combustible en fusion transpercer la Terre et arriver en Chine !).

Un tel événement serait bien entendu catastrophique d’un point de vue environnemental. Si l'uranium et le plutonium infiltrent le sol, en plus de le contaminer durablement, il y a fort à parier qu’ils puissent également atteindre les nappes phréatiques. La catastrophe de Fukushima semble donc loin d’être terminée...

Maintenant, on peut se demander pourquoi Tepco (et le gouvernement qui est actionnaire majoritaire) joue à ce petit jeu. Est-ce pour détourner l’attention de la contamination record de l’océan ? ou est-ce pour annoncer petit à petit, l’air de rien, que le Japon ne pourra pas gérer et payer tout seul cette catastrophe continuelle qui affecte le monde depuis 2 ans et demi?

sources de cet article

Tepco débordé à Fukushima Daiichi - Fukushima 福島第一

"Fukushima, le monde de l'absurdité" : entretien avec Kenichi Watanabe - Reporterre

Architect of Reactor 3 warns of massive hydrovolcanic explosion | Fukushima Diary

http://fukushima.over-blog.fr/article-le-corium-de-fukushima-1-description-et-donnees-81378535.html

Les Banques Française Otages Des Fonds Américains

En un an, l'exposition des fonds monétaires américains aux banques françaises a plus que triplé


Autre spectre susceptible de resurgir, en cas de « come-back » de la crise des dettes souveraine : le brusque tarissement des financements en dollars. Car, comme le souligne Christophe Nijdam, analyste chez Alphavalue, les banques françaises ont renoué avec leur imprudente habitude de rendre leur liquidité très dépendante des fonds monétaires américains : entre juin 2012 et juin 2013, l'exposition de ces fonds aux banques françaises a plus que triplé. Or les fonds monétaires américains avaient brutalement réduit leur exposition aux banques de la zone euro à l'été 2011, au plus fort de la crise grecque, plongeant ces dernières dans une crise de liquidité.

Problèmes structurels


Une nouvelle étincelle pourrait faire fuir les créanciers américains. Et obliger la BCE à intervenir une fois encore. Or, les banques françaises dépendent déjà beaucoup de l’aide extérieure pour assurer leurs liquidités. L’Etat français a ainsi mobilisé 360 milliards d’euros en octobre 2008 sous forme de garantie de refinancement pour les banques françaises, tandis que la BCE leur avait consenti une injection de liquidités de 232 milliards à fin 2012.


Pour Christophe Nijdam, cette dépendance structurelle s’explique par leurs activités de marché et leur réseau international important. «En septembre 2011, BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole s’étaient engagées à maigrir de l’ordre de 300 à 400 milliards, rappelle-t-il. Elles n’ont maigri que d’une trentaine de milliards.»

Laquelle "tomberait" en premier ?

Selon le CRML de HEC Lausanne, qui modélise les risques bancaires, Crédit Agricole serait la plus touchée en cas de nouveau choc, avec un besoin en capital de 88 milliards. La BNP arrive en quatrième position – derrière Deutsche Bank et Barclays – avec 71 milliards, tandis que la Société Générale se classe en sixième position avec près de 53 milliards.

Les banques françaises risquent de se retrouver confrontées à leurs vieux démons

LeTemps.ch | La liquidité, talon d’Achille des banques françaises

Hollande Plus Impopulaire Que Son premier Ministre Comme l' Était Sarkozy

Hollande-Ayrault : une première défaite face au Sarkozysme


Par Emile Leclerc sur Délits d'Opinion | Au plus près de l'opinion publique

UN PRÉSIDENT  MOINS POPULAIRE QUE SON PREMIER MINISTRE DEPUIS 2007


Depuis le début de la Vème République, l’Ifop interroge régulièrement l’opinion publique sur la popularité du Président et celle de son Premier ministre. Hormis deux des trois cohabitations et trois  courtes périodes[1] durant lesquelles le Président cherchait un second souffle, les différents locataires de l’Elysée n’ont jamais pâti d’une popularité inférieure à celle de leur Premier ministre (en tous cas sur une période suffisamment longue pour qu’elle soit réellement significative).

Pendant un demi-siècle, Charles de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand  et Jacques Chirac  ont donc pu  profiter du rôle d’un Premier ministre en première ligne sans trop se soucier d’une quelconque concurrence de popularité. Celui-ci gérait les affaires courantes, permettant au Président de prendre un certain recul, d’agir sur la scène internationale et d’intervenir publiquement lorsque la situation l’exigeait.

Dans les faits, l’opinion percevait le Premier ministre comme le premier responsable de la politique menée et donc des conséquences positives ou négatives qu’elle engendrait.  Ce poste de Premier ministre « Airbag » est d’ailleurs devenu pour les analystes un véritable suicide politique à court terme[2] pour qui entretenait des ambitions présidentielles.

LE SARKOZYSME OU LE PRÉSIDENT-PREMIER MINISTRE

Hyperactif, réagissant immédiatement à l’actualité et se présentant comme principal instigateur et responsable de la politique appliquée par son « collaborateur » François Fillon, Nicolas Sarkozy a révolutionné la fonction de Président de la République. Nouvelle obligation du quinquennat, choix personnel de Nicolas Sarkozy ou mélange des deux, qu’importe, son mandat a enclenché une profonde modification de la fonction présidentielle.

D’abord plébiscité par l’opinion (plus populaire que son Premier ministre de 3 à 10 points entre mai 2007 et décembre 2007), le style Sarkozy a ensuite permis, dès début 2008, à François Fillon, de devancer de 3 points le Président en termes de cote de popularité. Jusqu’à la fin de son mandat, jamais Nicolas Sarkozy n’a réussi à inverser cette hiérarchie établie (terminant à 14 points de son Premier ministre en mars 2012 et flirtant régulièrement avec les 15 à 20 points d’écart). La crise débutant quelques mois plus tard, le Président a, dans un premier temps, réduit l’écart avec son Premier ministre (en moyenne dix points d’écart entre octobre 2008 et octobre 2009). Nicolas Sarkozy a alors bénéficié du fort dynamisme que l’opinion lui prêtait (85% des Français selon un sondage CSA de mai 2009). Son action face à la crise ne produisant  pas les résultats escomptés, les Français l’ont tenu comme seul responsable de l’enlisement de la France et l’écart qui le séparait de François Fillon a augmenté progressivement (jusqu’à 20 points au printemps 2011). L’opinion publique avait alors profondément assimilé la nouvelle fonction de Président-Premier ministre qu’il exerçait.

Bien que critiqué pour son hyper présidence, Nicolas Sarkozy a profondément modifié dans l’opinion les critères de jugement de sa fonction (dynamisme permanent, seul responsable des résultats de la politique menée…) mais aussi de celle de son Premier ministre. De cette évolution est née la considération dans l’opinion d’une responsabilité accrue du Président face aux Français, celle d’un Président-Premier ministre en somme. François Fillon a alors dû composer avec cette nouvelle donne en jouant le rôle de « premier des ministres ». Cette position ne permettait plus au Président de disposer d’un Premier ministre « Airbag » qui le protégeait relativement auparavant.

Au regard de l’opinion publique, si l’élection présidentielle est la rencontre d’un homme et d’un peuple, l’exercice de la fonction par Nicolas Sarkozy est donc progressivement devenu la responsabilité d’un seul homme devant un peuple.

2012 : L’IMPOSSIBILITÉ D’UNE PRÉSIDENCE « À L’ANCIENNE »


François Hollande, durant sa campagne et le début de son mandat, s’est attaché à créer une véritable rupture avec le Sarkozysme symbolisée par la « présidence normale ». Les Français l’encourageaient d’ailleurs en ce sens : 67% appréciaient cette idée début juillet dans un sondage Viavoice pour Libération.

Et pourtant, le Président s’est très rapidement vu confronté à une opinion critique. BVA pour Le Parisien-Aujourd’hui en France révélait ainsi fin août 2012 que 40% des Français étaient satisfaits de ses  débuts  contre 62% en mai de la même année. Pire encore en période de crise, ce même sondage montrait que, selon les Français, l’exécutif n’allait pas assez loin dans les réformes (65%).

Là est donc toute la contradiction : l’opinion publique, qui l’a élu en grande partie pour sa rupture de style avec Nicolas Sarkozy, le juge sur des critères établis par son adversaire. Le principal problème pour François Hollande est que ces critères ne font pas partie de ses points forts. Ainsi, en juillet dernier dans un sondage TNS-Sofres pour Sopra Group/l’émission CQFD de iTélé, seuls 47% des Français considéraient qu’il était capable de prendre des décisions, 42% qu’il savait faire preuve d’autorité, 37% qu’il était expérimenté et 33% qu’il était charismatique.

Les rôles de Président et de Premier ministre ont changé pour nos concitoyens et François Hollande semble donc avoir déjà perdu un premier combat : faire oublier le style Sarkozy afin d’imprimer dans l’opinion ses marqueurs, ceux des présidents de l’avant Sarkozysme.

Comme un premier aveu de défaite dans le style, l’interview du 20H de TF1 le 9 septembre dernier a marqué un véritable tournant. Pour la première fois, il s’est inscrit dans la lignée du Sarkozysme, évoquant son rôle de Président « en première ligne » et directement responsable face aux Français : un rôle de Président-Premier ministre en somme. S’il n’a pas hésité à moquer les propos de début de mandat de Nicolas Sarkozy à l’encontre de son Premier ministre, François Hollande a tenu à passer un message : Jean-Marc Ayrault sera davantage le premier de ses ministres que son Premier ministre. Dès lors, celui-ci devra orchestrer l’agenda qu’il a fixé sur les deux prochaines années.

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Contraint par une opinion publique transformée par le Sarkozysme, François Hollande a depuis le 9 septembre une épée de Damoclès au-dessus de la tête.  Le Premier ministre « Airbag » qu’il souhaitait n’existe plus. Comme l’a souhaité l’opinion publique, le Président sera dorénavant seul responsable devant les citoyens, position qui n’est pas des plus confortables en temps de crise. Certes, s’il parvient à redresser la situation de la France d’ici la fin de son quinquennat, il profitera de l’ensemble des bénéfices de sa politique mais s’il n’y parvient pas, l’opinion n’hésitera pas à le sanctionner comme ce fût le cas pour Nicolas Sarkozy, jamais davantage populaire que François Fillon sur les quatre dernières années de son mandat.

[1] Laurent Fabius de novembre 1984 à novembre 1985, Pierre Bérégovoy d’avril 1992 à mars 1993 et Dominique de Villepin de juin 2005 à février 2006

[2] Jacques Chirac 1988, Édouard Balladur 1995, Lionel Jospin 2002

Rediffusion : Hollande-Ayrault : une première défaite face au Sarkozysme | Délits d'Opinion