Si l'on comprend bien, il y a deux hypothèses également terribles pour Hollande, à propos du compte Cahuzac.
Première hypothèse, il savait, et il n'a rien fait. L'offensive monte, pour expliquer que la DCRI était forcément alertée de l'existence d'un compte suisse du ministre.
On peut lire par exemple cette enquête de Sud-Ouest. A l'instant, c'est Antoine Peillon, journaliste à La Croix et auteur de "Ces 600 milliards qui nous manquent" qui expliquait à Patrick Cohen que la DCRI ne se signalait pas par son zèle à poursuivre l'évasion fiscale.
Pourquoi ?
Peillon ne l'a pas précisé, mais ça se résume ainsi: tous mouillés. Tous ou presque détenteurs de comptes, de parts de sociétés offshore, tous adeptes de l'optimisation fiscale ? Pas forcément, mais pire: tous pantouflards en puissance, dans des banques, dans les grandes sociétés françaises qui offshorent à tours de bras, chez des conseillers en optimisation fiscale. Tous en attente de quitter la vieille barque trouée de l'Etat, pour tripler ou décupler leurs revenus à l'extérieur.
Seconde hypothèse, et elle est presque pire: Hollande ne savait pas. Lors des fameuses séances d'explications "les yeux dans les yeux" avec Cahuzac, à aucun moment il n'a cuisiné son ministre sur la fameuse bande enregistrée, dont Cahuzac avait tant de mal à assurer que ce n'était pas lui qui s'y exprimait. Pire ? Oui. Que penser d'un président incapable d'obtenir la vérité de l'un de ses ministres ? Qu'il est incompétent, ou qu'il est tenu ? Réjouissante alternative.
La stupéfaction a laissé place à l’effarement, voire à la panique
« Dites-moi, on fait quoi maintenant ? Comment on sort de ça ? » Depuis mardi, à l’Élysée et dans les ministères, la stupéfaction a laissé place à l’effarement, voire à la panique. « On est chez les fous », lâche un ministre à la lecture des informations du Monde sur les relations de Jérôme Cahuzac avec des anciens du GUD. La mise en cause du trésorier de la campagne de François Hollande, Jean-Jacques Augier, dans le cadre des “offshoreleaks”, a été un coup de massue de plus.
« la crise de légitimité »
Dans l’un de ses derniers articles, Jacques Sapir se demande si nous allons « vers une crise du régime », sachant que seuls 33 % des Français disent faire confiance à Hollande et 30 % à Ayrault. L’auteur nous parle de deux records imbattables sous la Vème République, sous-tendant ce qu’il appelle « la crise de légitimité » qui inaugure celle du régime dans son intégralité.
La « conjonction de la colère politique et de la colère sociale », imminente et très difficilement maniable, pourrait conduire vers « une guerre civile » entre autres motivée par la remise en cause de l’idéal démocratique perçu, quand il s’agit de hauts-fonctionnaires, comme l’hypostase accomplie du laxisme. En revanche, rien de plus restrictif sous de faux airs de connivence avec le peuple quand il s’agit d’aboutir à ses fins au détriment de celui-ci. Ces constations accumulées, il ne s’agit pas d’être la Pythie de Delphes pour en conclure à l’échéance de bouleversements plus ou moins proches qui montent déjà en lames de fond.
En attendant, je soumets à votre intention l’analyse de l’affaire Cahuzac qui a été faite par M. Dimitri de Kochko, l’un des doyens du journalisme français.
Arrêt sur images - Le traître et l'optimisateur