samedi 2 mars 2013

Crise Politique en Italie : Mario Monti n'a rien résolu





Depuis des mois, la société de mutuelle admiration européenne ne manque pas une occasion de faire l’éloge de Mario Monti. Tout le monde minaude autour du Super Mario, qui est un "ancien" de la Commission et de Goldman Sachs, conditio sine qua non pour une carrière européenne transalpine.
Le premier ministre Mario Monti aura échoué : il n’a pas réussi à mettre en place l’austérité et a laissé filer la dette. Il aura à son actif une augmentation de 100 milliards d’euros.
Dans ce contexte, c’est l’aveuglement qui règne face à un endettement excessif ou l’absence de contrôle par le gouverneur de la Banca d’Italia, Mario Draghi, face aux manœuvres de Monte dei Paschi, soutenue par… le Partito Democratico. Celui-ci vient en tête des élections. Les problèmes sont d’une gravité qui menace l’ensemble de l’Europe, et singulièrement la France.
On vient d’apprendre que la BCE détenait dans le cadre du Securities Market Program  près de la moitié de ce programme en dette italienne : 107 milliards d’euros.
Il n’y a évidemment aucune corrélation avec le leadership de la BCE.

La menace italienne est réelle, présente et sous-estimée
L’Italie est le dernier bastion avant une déferlante contre la France. Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, est prêt à intervenir "sans limites" avec les deniers européens pour empêcher une hausse des taux italiens et espagnols. On n’est jamais servi si bien que par soi-même.
Mario Monti, Mario Draghi et le ministre des finances, Vittorio Grilli, n’ont rien fait pour restructurer la dette italienne, dont la vie moyenne est descendue d'un an à un peu plus de six ans.
En refusant de consolider au bon moment cette dette de 2 000 milliards d’euros, soit 127 % du PIB italien, l’Italie s’est lancée dans une stratégie financière suicidaire : raccourcir les échéances en empruntant a court terme.
Le résultat est inquiétant : il faudra trouver 400  milliards en 2013, soit 20 % de la dette italienne. Plus de la moitié de ce refinancement se fera sur une dette à court terme dont rien ne dit que les investisseurs sont disposés à remettre l’argent au pot. (la source de ce tableau est le site du Tesoro italien)
Une irresponsabilité à tous les niveaux
C’est tant au niveau de la Banque centrale européenne, de la Commission européenne, du gouvernement de Mario  Monti et de la Banca d’Italia que l’inadmissible léthargie a servi de réponse complaisante à une situation qui aurait pu être atténuée. Le déni régnait partout.
Mais l’électorat italien, en donnant plus de 50 % des sièges sénatoriaux à deux bouffons, dont l’un est un artiste et l’autre un dépravé sexuel malhonnête, a envoyé un message dangereux. Nous sommes arrivés au stade où les politiciens italiens ont tellement perdu leur crédibilité que la commedia dell'arte est préférée à la gestion de l’Etat.
Devrons-nous rappeler à nos amis transalpins la fable de La Cigale et la Fourmi, chère à Jean de la Fontaine ? Comment un peuple qui a eu le destin de l’Europe entre ses mains dans l’Antiquité, et donne des artistes, des écrivains et des penseurs parmi les plus exceptionnels de l’Europe, a-t-il pu exprimer un tel vote de dégoût. Ce n’est même plus du populisme, c’est un rejet qui contient les ferments d’une évolution qui n’exclut pas l’insurrection.
La crise souveraine européenne est devant nous, pas derrière
Dans ce contexte, il ne nous reste plus qu’à attacher nos ceintures. Wall Street a perdu 200 points sur les nouvelles des élections italiennes : c’est l’ensemble des économies mondiales qui sont concernées.
Personne n’a les moyens d’enrayer une vente massive de dette italienne. Elle entraînerait avec elle l’entièreté de l’Europe, et plus encore.
Les calamars grecs n’étaient qu’un hors-d’œuvre. Maintenant arrive le plat de résistance : les pâtes italiennes. Elles sont six fois plus lourdes à digérer.

http://finance.blog.lemonde.fr/2013/02/25/i-cry-for-you-italia/#xtor=RSS-32280322

CSA : Cachez ces mort au Mali que nous ne saurions voir


Les censeurs du CSA et les morts qu’il ne faut pas montrer

Le Blog de Thierry Desjardins

Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel fait partie de ces innombrables « trucs » dont la France a le génie mais dont les Français se demandent à quoi ils peuvent bien servir si ce n’est à caser confortablement des petits copains qui ont fait preuve d’une constante et obséquieuse soumission et qui, tels les vieux caniches, sont encore prêts à obéir à leurs maitres.
Et voilà que, soudain, ce « truc » en question, sans doute pour faire croire qu’il sert à quelque chose, veut jouer les arbitres des élégances et donner des mauvais points à ceux qui font leur métier (de journaliste) sans tenir compte des règles de bienséance établies par la pensée unique, le politiquement correct et le régime.
A la suite d’un reportage de France 2 sur la guerre du Mali, ce ramassis d’incapables confortablement vautrés dans les fauteuils-clubs du CSA vient de publier un communiqué qui vaut son pesant de moutarde.
« Le CSA a constaté la diffusion sur France 2, dans le magazine Envoyé spécial, d’images difficilement soutenables, notamment pour les jeunes téléspectateurs, à l’occasion d’un reportage consacré au conflit qui se déroule au Mali. Considérant que les plans répétés et particulièrement insistants sur les corps de personnes décédées, sans analyse correspondante, étaient susceptibles de constituer une atteinte à la dignité humaine, le Conseil a décidé de mettre fermement en garde les responsables de France Télévisions contre le renouvellement de tels manquements » (Sic !)
Mais dans quel pays vivons-nous ? Comment neuf illustres inconnus, nommés par le président de la République, le président du Sénat et le président de l’Assemblée, peuvent-ils se permettre de juger le travail de journalistes et de jouer les censeurs comme dans les pires dictatures du Tiers-monde ou les républiques soviétiques d’antan ? Le pouvoir considère-t-il vraiment les Français comme des débiles qui ne pourraient pas supporter la vue du sang ?
Le CSA s’imagine-t-il que la guerre se fait encore « en dentelles » ? Comment peut-il parler de « personnes décédées » alors qu’il s’agit tout simplement de « morts » tués par l’armée française ? Et quand il ose affirmer que « les plans répétés et particulièrement insistants sur les corps de ces personnes décédées sont susceptibles de constituer une atteinte à la dignité humaine » ne pense-t-il pas que c’est plutôt la guerre elle-même qui constitue et depuis quelques siècles « une atteinte à la dignité humaine » ?
En fait, ne soyons pas dupes. Ces pitres sont « aux ordres ». Jamais, d’ailleurs, ils ne se sont indignés devant les images des « personnes décédées » en Syrie, en Irak, en Afghanistan ou ailleurs.
Oui, mais tout est soudain très différent car « le mort malien » n’est pas comme les autres. Il est (en principe) un djihadiste tué par nos Rafales, nos hélicoptères ou nos troupes de choc et, bien sûr, sur ordre du président de la République. Ce mort-là, il ne faut donc pas le montrer.
Cela pourrait choquer l’opinion publique française, ternir un peu la belle opération Serval, faire comprendre que, quand on veut exterminer des rebelles islamistes, on tue forcément un peu les gens. Cela pourrait aussi déplaire dans certains quartiers de non-droit de nos banlieues où des islamistes en herbe ou en puissance font la loi.
Dans un communiqué rendu public aujourd’hui, l’Association du Prix Albert Londres (dont l’hôte de ce modeste blog est membre) « s’étonne de la mise en garde du CSA pour la diffusion d’images qui auraient porté atteinte à la dignité humaine » et demande « Qui porte atteinte à la dignité humaine dans une guerre ? Ceux qui le mènent ou ceux qui en rendent compte ? ». Elle rappelle aussi que « La diffusion de ce reportage était accompagnée, à juste titre, du sigle « interdit aux moins de 10 ans ». Et, en conclusion, « Elle s’inquiète de cette intrusion du CSA dans le travail journalistique et d’une éventuelle censure ou autocensure d’images qu’une telle condamnation impliquerait à l’avenir ».
En fait, le plus inquiétant est de voir qu’une fois de plus ce pouvoir qui prônait le langage de la vérité et la transparence nous ment, veut nous cacher la vérité et nous prend pour des imbéciles.
Le CSA va, sans doute, bientôt interdire, et toujours au nom de la dignité humaine, les images, difficilement soutenables, elles aussi, des usines qui ferment les unes après les autres et des gens, de plus en plus nombreux, qui font la queue devant les Restos du cœur.

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