samedi 9 février 2013

Un Arcelor Mittal perd un oeil à Strasbourg : Merci Manuel Valls


Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche, s'est dit vendredi "écoeuré" après la blessure subie par un manifestant d'ArcelorMittal qui a perdu un oeil après un tir de flashball et a demandé à Manuel Valls, "responsable", de s'expliquer.


Le ministre français de l'Intérieur Manuel Valls © reuters.
Dans un communiqué, l'eurodéputé et ex-candidat à l'Elysée s'insurge: "Un salarié d'ArcelorMittal a perdu l'usage d'un oeil suite à un tir de flashball de la police mercredi devant le Parlement européen, à Strasbourg. Je suis écoeuré par la bestialité des consignes qui ont conduit à cette violence".
"Le ministre de l'Intérieur est responsable. Il doit s'expliquer sur cet acte et ses conséquences dramatiques", ajoute M. Mélenchon. "La police républicaine ne doit pas être mise au service de la vindicte de M. Mittal contre les salariés qui lui tiennent tête", écrit-il.
Un intérimaire belge du groupe sidérurgique, blessé lors d'une manifestation des métallurgistes mercredi à Strasbourg, a perdu l'usage de son oeil après avoir été touché par un tir de flashball, ont indiqué jeudi plusieurs sources syndicales.
Par ailleurs, les directions générales de la police et de la gendarmerie françaises ont demandé jeudi chacune à leurs inspections de mener une enquête.

Le couple Royal - Hollande coupable de fraude fiscale : Même Le Monde et le Canard Enchainé en ont parlé !


François Hollande fraude-t-il le fisc ?


de 



Dans un état de droit, un président soupçonné par des journalistes de fraude fiscale verrait son patrimoine inspecté à la louche par les efficaces agents du fisc.
Je corrige.
HollandeDans l’état de droit français, un président soupçonné par des journalistes de fraude fiscale verrait son patrimoine inspecté à la louche par les efficaces agents du fisc, sauf si le président est de gauche.

Pour déclencher un contrôle fiscal – et je ne pense pas que la fonction de président de la république l’immunise, encore faut-il que des pressions s’exercent. Il faut que des médias nationaux s’acharnent. Que la mayonnaise monte. Un peu comme pour le ministre Jérôme Cahuzac, qui subit les assauts du délateur Médiapart.

 Mais on ne s’attaque pas à un président de gauche…
Le Monde en 2007: « Le couple Royal-Hollande a sous-estimé son ISF »
Le 7 mars 2007, le Monde, citant le Canard enchaîné titrait « Le couple Royal-Hollande a sous-estimé son ISF »(1).
Il n’a pas choisit de reprendre l’info après le 6 mai 2012. Ou juste avant. Est-ce l’éthique journalistique du journal de référence, que de cacher une information que l’on a soit même publiée, afin de ne pas gêner son candidat ?
Dreuz indiquait le 19 mai 2012 que Hollande continuait à sous-évaluer son patrimoine pour échapper à l’impôt (2).
Le Canard enchaîné est resté silencieux. Le Monde aussi. Je ne parle même pas du mouchard à dénonciation variable, Mediapart.
La gauche morale peut confortablement se poser en donneur de leçon quand le contre pouvoir médiatique mange à son râtelier.


Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info
PS: Pour Le Monde, la « juste » valeur du patrimoine du couple Hollande Royal était presque le double de ce qu’il a déclaré au fisc.

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Mr Hollande et la valeur de son patrimoine au journal officiel, là le mensonge commence.

Mali : L'Opération SERVAL glisse dans la guerre asymétrique


Rien de nouveau à l'horizon

Rien de nouveau à l'horizon de la lutte contre les islamistes. Tout le monde savaient que les enturbannés se replieraient et que les choses sérieuses commenceraient après. Les médias, de ce point de vue, ont été prudents. Hollande, un peu moins.


C'est le retour des formes de menaces comme il en existait avant les problèmes maliens depuis début 2012. Des possibilités d’attentats, d’enlèvements, voire d’accrochages avec des services de sécurité ne sont pas à exclure dans des pays comme le Niger, la Mauritanie ou l’Algérie, même si par ailleurs, ces pays font des efforts très grands pour combattre ces différentes formes de menace. Autre inquiétude, plus politique celle-là, c’est que l’on a assisté dans la zone, et en particulier en Mauritanie, dans certains milieux religieux, à une véritable condamnation de l’intervention française. Ces positions, parfois prises par des oulémas reconnus, alimentent des représentations type « choc des civilisations » ou « nouvelle colonisation » chez nombre de jeunes gens.


Quand les militaires maliens s'entretuent

L'entrée du camp de Djicoroni à Bamako, en mai 2012.


A Bamako, des troubles ont éclaté vendredi matin 8 février à l’aube dans le camp militaire des bérets rouges. Il y aurait au moins un mort et six blessés. Quant à savoir ce qu'il s'est réellement produit à l'intérieur, les versions divergent en fonctions des sources. Une attaque menée par des forces de l'ordre pour les uns, une révolte interne pour les autres.
Les "inévitables" kamikazes
Le soleil se levait à peine vendredi à Gao, dans le nord du Mali, lorsqu’une détonation a retenti: un kamikaze à moto s’est fait exploser à un poste de contrôle de l’armée malienne, trouvant la mort dans la première attaque de ce style au Mali qui rappelle celui des insurgés afghans.
Sur la voie de sable, un grand panneau de deux mètres sur deux porte encore l’emblème noir et blanc des islamistes. Le kamikaze « est arrivé à notre niveau à moto, c’était un Tamashek (Touareg), et le temps de l’approcher, il a fait exploser sa ceinture », explique l’adjudant Mamadou Keita, posté au check-point.
Ce dernier consiste en quelques gros pneus barrant la voie bordée de petits arbres. Non loin traîne la carcasse tordue et calcinée de la moto – le moteur rattaché à la roue avant, le reste a été annihilé par l’explosion.

« On a peur »
« On a peur », résume Youssouf Cissé, approuvé par la foule. « On n’était pas du tout habitués à ça, les kamikazes », poursuit l’homme arborant boubou bleu et calot blanc pour ce jour de prière.
« Il faut que les services de sécurité prennent toutes les mesures pour protéger la population », martèle-t-il.
Un voeux pieux: une seconde explosion a eu lieu vendredi matin près de Gao, selon une source militaire française qui n’a su préciser sa localisation, mais suspecte « une roquette ».
Eparpillés dans les petits villages de brousse très difficiles à contrôler – le Mali fait deux fois la France -, des islamistes armés restent actifs autour de la ville. Ils avaient déjà tiré une volée de roquettes mardi, tombée à l’extérieur de Gao, au sud.
 


Mali: que s'est-il vraiment passé dans le camp de Djicoroni ? - Mali - RFI

Que sont donc en train de préparer les islamistes au Mali ? | Atlantico

Attaque kamikaze à l’aube à Gao, la première du conflit malien | Mali Actualités

L' Euro sauvé : Un mensonge de plus des eurocrates



anothereuropenow

“Non, toujours pas!” estiment Thomas Coutrot, économiste, coprésident d’Attac France et Felipe Van Keirsbilck, secrétaire général de la CNE, membre de la coordination del’Altersummit dans une tribune accordée au journal Mediapart« L’austérité compétitive organise une récession qui gagne l’ensemble du continent, Allemagne incluse », et quoiqu’en dise François Hollande.

Texte intégral:
En ce début d’année, l’orage qui secoue la zone euro depuis trois ans semble s’être éloigné. Selon les termes employés par François Hollande dans ses vœux de nouvel an, « la zone euro a été sauvegardée et l’Europe a enfin mis en place les instruments de stabilité et de croissance qui lui manquaient ». Pour en juger, peut-être vaut-il mieux examiner les failles initiales du projet de monnaie unique, que de s’en remettre à des vœux pieux – fussent-ils présidentiels.
 
Quelles étaient ces failles ? Dénoncées dès le traité de Maastricht par ses opposants de gauche, elles sont désormais largement reconnues. La zone euro, ouverte aux mouvements de marchandises et de capitaux provenant du monde entier, est ainsi soumise à une intense pression commerciale et spéculative ainsi qu’à des chocs majeurs comme celui de 2008. En son sein, elle a organisé la concurrence fiscale, qui a entraîné la chute des recettes publiques et creusé les déficits. Elle a aussi promu la compétition salariale et sociale vers le bas, compétition remportée par l’Allemagne avec ses mesures Hartz prises  – paradoxalement – par les sociaux-démocrates et les Verts au début des années 2000. Elle a interdit à sa Banque centrale de financer ses déficits, laissant ainsi les spéculateurs jouer avec les dettes publiques. L’Union européenne a maintenu son budget au niveau anecdotique de 1% de son PIB, s’interdisant ainsi toute politique de développement et de solidarité. Guidée par des indicateurs purement financiers, la convergence des trajectoires économiques des pays de la zone euro a totalement échoué. La démocratie a été marginalisée au nom de l’efficience des marchés.
Une seule de ces failles a-t-elle été traitée par les « instruments de stabilité et de croissance » récemment mis en place ? La réponse est claire : non.
 
Certes, début 2012, la Banque centrale européenne a inondé les banques européennes de liquidités à très bon marché – 1 000 milliards d’euros à 1% sur trois ans – pour éviter qu’elles ne s’effondrent. Cette manœuvre a réussi, et les banques européennes ont recommencé à se prêter les unes aux autres, ce qu’elles avaient cessé de faire depuis la crise de 2008. Elles ont aussi pu souscrire aux émissions d’obligations de leurs États, empochant au passage un joli bénéfice (les taux payés par les États variant de 1,5% pour l’Allemagne à 7% pour l’Espagne).
 
Pour le reste, peu de choses. La taxation sur les transactions financières est annoncée pour onze pays de la zone euro en 2013, mais il est à craindre qu’elle n’exempte les opérations en devises et les produits dérivés, ce qui la viderait de toute ambition régulatrice. L’une des opérations spéculatives les plus aberrantes (la fameuse « vente de CDS souverains à nu et à découvert ») a été interdite par un règlement européen fin 2012, mais le marché des CDS souverains (ces titres qui permettent de s’assurer contre le défaut d’un État sur sa dette) représente 0,3% des transactions sur des marchés de produits dérivés qui continuent de proliférer (700 000 milliards de dollars en 2011!). L’Union bancaire européenne prévue pour 2014 et la possibilité de recapitalisation directe des banques par les instances européennes n’éloignent aucunement le risque de krach systémique que la finance folle ne manquera pas de produire à nouveau. Et ne parlons pas de ce soi-disant « Pacte de croissance » vide de contenu qui n’a servi qu’à justifier la ratification par la France du Pacte budgétaire.
 
Pire encore, l’Union s’enfonce dans ses pires errements. Loin de lancer la transition écologique en finançant un vaste plan européen de substitution des énergies fossiles, elle se déchire pour savoir si elle va conserver ou réduire son rachitique budget. Au nom de la compétitivité, elle pilote le démantèlement des protections sociales et salariales au Sud de l’Europe. En France, au nom de la baisse du coût du travail, le « pacte de compétitivité » de François Hollande rajoute 20 milliards d’euros à une déjà très coûteuse politique qui dope plus les dividendes que l’emploi. L’austérité compétitive organise ainsi une récession qui gagne l’ensemble du continent, Allemagne incluse. Car dans ce jeu à somme négative, si tous jouent, tous perdent. Rien ne dit que les peuples aujourd’hui les plus touchés par ces politiques cruelles, inutiles et antidémocratiques continueront à les supporter très longtemps. Des ruptures politiques importantes, sources de nouvelles incertitudes, ne sont pas à exclure pour 2013 en Grèce, en Espagne ou au Portugal.
 
C’est donc peu dire que le pari de relancer la croissance pour inverser la courbe du chômage à la fin 2013 est irréaliste. L’aveuglement écologique allant de pair avec la cécité économique, le risque est fort qu’au nom de la croissance à tout prix, nos dirigeants ne multiplient les grands projets inutiles et ne se lancent dans la folle course aux gaz de schistes pour suivre l’exemple américain. Ce qui revient à appuyer sur l’accélérateur à l’approche du mur. 
Si l’on écarte l’hypothèse d’imbécillité simultanée de tous les dirigeants européens, il ne reste à ces choix qu’une explication : nos dirigeants ont choisi de mettre la crise à profit pour parachever en peu d’années le basculement du modèle social européen vers un « paradis » néo-libéral.
 
Comme toujours dans l’Histoire, quand les élites perdent le contact avec le réel, c’est le peuple qui les y ramène brutalement. Les populistes d’extrême droite aspirent à jouer ce rôle par le repli nationaliste ; les effets délétères de l’austérité sont d’ailleurs leur principal soutien. Ils pourraient bien y parvenir si n’émerge pas rapidement un mouvement social européen porteur d’alternatives solidaires définies en commun, à la fois suffisamment radicales et suffisamment crédibles. En novembre dernier à Florence, un large collectif d’organisations associatives et syndicales issues de 20 pays ainsi que d’importantes personnalités européennes ont lancé un processus d’Altersommet européen. Des coalitions nationales se mettent en place dans les pays. Ces organisations vont s’engager dans des actions citoyennes coordonnées partout en Europe, contre la toute-puissance et l’impunité des banques à l’occasion du sommet de Davos fin janvier, puis à l’occasion du sommet de printemps des chefs d’États européens en mars, pour culminer – provisoirement – début juin par un sommet alternatif, probablement à Athènes, l’un des hauts lieux de la résistance populaire européenne – pour que le berceau de la démocratie ne soit pas son tombeau. Il s’agit de sauver l’Europe de ses soi-disant sauveurs ; de mobiliser la société pour que la construction européenne se refonde sur la solidarité, l’écologie, l’égalité et la démocratie avant qu’il ne soit trop tard. 
 
Article publié sur le blog “les invités de Mediapart”

Syrie : De Stalingrad à Damas


source : 



DE STALINGRAD A DAMAS…


Il y a 70 ans l'URSS infligeait à l'Allemagne nazie à Stalingrad une défaite magistrale qui allait changer le cours de la guerre et allait la conduire deux ans plus tard à terrasser et à faire capituler le régime hitlérien à Berlin.


Cette liquidation, d'un régime raciste ouvertement barbare dont le programme écrit et proclamé visait à l'extermination : des slaves, des tziganes, des juifs, et autres « sous-hommes », au nom d'une « race supérieure » a changé le cours de l'histoire mondiale.


Elle le fut au prix d'un effort collectif gigantesque : plus de 25 millions de morts, une économie dévastée, des destructions estimées à 100 milliards de dollars de l'époque,


Cet effort se fit sous la conduite d'un homme : Joseph Staline qui a été depuis systématiquement diabolisé par tous ceux qui ne veulent pas admettre que ce rapport étroit entre un dirigeant (et son équipe) et un peuple entier sont le fruit d'une situation politique exceptionnelle, d'une adhésion de masse à un combat et à un projet. La traduction française, attendue pour cette année, de l'ouvrage fondamental de l'historien irlandais Geoffrey Roberts « STALIN'S WARS » devrait permettre à une opinion publique française, souvent privée par les éditeurs nationaux de l'accès à de grands travaux d'historiens étrangers, de resituer l'homme à sa juste place.


La victoire de STALINGRAD a été commémorée ces derniers jours, modestement en France mais l'initiative est à saluer, plus glorieusement en Russie où il a été à nouveau souligné et à juste titre que l'URSS avait tout simplement vaincu le fascisme, forme politique que le capitalisme se proposait alors d'imposer à l'espèce humaine pour en finir avec la lutte des classes.


Cette victoire en rendait d'autres possibles : la révolution chinoise et la décolonisation.


Cette évidence est largement partagée dans la Russie actuelle que ce soit parmi les survivants de la guerre ou dans les générations plus récentes.


Aussi quand une journaliste russe se rend en Syrie, ce qu'elle y voit fait nécessairement écho à l'histoire de son pays et rend l'énervement des chroniqueurs occidentaux contre le veto russe à une attaque occidentale de la Syrie, méprisable et misérable.


L'article qui suit a été traduit et publié par le mensuel NOUVELLES D'URSS (publié par l'association ASSAMUNSOV 30 rue de Trois Frères 75018 Paris).


Il souligne en particulier la volonté des « démocrates sanglants » d'éliminer physiquement tout l'encadrement de la société syrienne : enseignants, journalistes, chercheurs, médecins, pilotes…projet déjà mis en œuvre en Irak depuis 2003.


Il faut y ajouter, en particulier dans la région d'Alep, les déménagements systématiques d'ateliers et d'usines dont le matériel a été transporté hors du pays par les « rebelles pillards ».



***

LES ACTES DES SICAIRES SYRIENS, FASCISME ORDINAIRE

Article publié dans le n° 9 (347), du journal russe « Mîsl' »
Note de Comaguer : traduits du russe, les noms de personnes et de localités syriennes sont probablement un peu écorchés. Nous remercions les lecteurs syriens ou arabophones de nous indiquer les corrections nécessaires.


Souvenons-nous des années de guerre…
Après la libération de nos villes et villages de l'occupation fasciste, pendant longtemps encore nos rues ont pansé les plaies laissées par les scélérats. Mais le plus tragique, c'est lorsque nous avons découvert un entassement en masse de citoyens soviétiques. Des victimes de fusillades, d'exécutions sommaires, parfois simplement abandonnées là, sous le soleil et 1a pluie... Vous souvenez-vous du poème de Sel'vinski pour lequel il a été déclaré ennemi personnel de Hitler ?


Ce poème est dédié à la tragédie du village de Baguérovo dans la presqu'île de Kertch' où les fascistes ont aménagé une fosse commune dans une tranchée.


On peut ne pas croire les légendes entendues,
Non plus que les journaux, les nouvelles extrêmes,
Mais moi je l'ai vu. De mes propres yeux, vu.
Comprenez-vous ? Je l'ai vu. Moi-même.
Voici la route. Et là-bas une hauteur.
Entre elles, une sorte de ravin.
De ce ravin s'exhale le malheur.
Un malheur sans fin ni terme aucun.

Et voilà qu'il m'a été donné de vair quelque chose de semblable en Syrie. De mes propres yeux. Dans la banlieue de Damas, dans le secteur de Tada¬moun. Un pays beaucoup plus petit que le nôtre, proportionnellement plus petit, mais où la nature fasciste des brigands est pareille à celle des fascistes hitlériens, ne s'en différenciant en rien.


Ce secteur martyr, accablé de souffrances, a passé deux semaines sous la plus authentique occupation de l'« opposition » syrienne.


D'innombrables blessures lui ont été portées, des véhicules complètement incendiés, des murs noircis d'inscriptions obscènes et couvets de dessins représentant le drapeau des émeutiers : le drapeau vert-blanc-noir du temps de 1a domination française de la Syrie.


Mais tout cela sera guéri. Car le principal est que l'armée syrienne légitime a libéré le secteur des cambrioleurs. Mais le plus horrible est ailleurs ...


Le plus horrible, c'est ce que les occupants ont laissé après leur départ il est difficile de trouver un autre mot - c'est une fosse commune des victimes des représailles des bandits.


Une énorme fosse qui était restée d'un ancien chantier de construction … Y avaient été entassés des gravas, en plus, durant plusieurs années, on y avait également amassé des ordures ménagères. C'est précisément à cette fosse que le sort a destiné de devenir un cimetière pour ceux que les sicaires de l'« opposition syrienne » suspectaient de sympathie pour le gouvernement légitime de la Syrie. Neuf corps en ont été retirés en notre présence. Les travaux se sont encore poursuivis après notre départ, nous, les journalistes. Le soir, la télévision syrienne a fait savoir que 20 corps avaient déjà été retirés. Les travaux de fouille de 1a terrible fosse se poursuivent.


Parmi ceux que l'on est parvenu à identifier, il y a trois institutrices de l'école locale. Ce n'est déjà pas la première fois que les sicaires tuent des instituteurs. Des cas d'exécutions sommaires de représentants de la professiez la plus pacifique ont déjà eu lieu à Homs, à Dar'à, à Deir an -Zor. Les bandits ont incendié plus de 900 écoles depuis le début de l'émeute. En effet, à quoi bon enseigner la « démocratie » aux enfants ? A quoi bon apprendre à lire et à écrire à ceux que les néo-colonialistes, qui paient les émeutiers, voudraient revoir comme un peuple soumis ? Autrement, comment peut-on expliquer que la profession d'instituteur soit devenue l'une des plus dangereuses se Syrie, que l'on ne les épargne pas, sans tenir compte ni de leur sexe, ni de leur âge ?


J'ai été témoin d'un crime de guerre de l'« opposition » syrienne. Mais où êtes-vous donc, les défenseurs des droits de l'homme ? Où êtes-vous donc, Freedom Heuse et Amnesty International ? Où sont donc tous ceux qui ont accusé le gouvernement de Syrie d'« employer la violence » ? Est-il possible que vous préfériez à nouveau fermer les yeux sur les crimes de vos émeutiers favoris que vous qualifiez de grands combattants de la liberté !


Après cela, on peut tracer sans hésiter une croix gammée sur Les étendards de l'« opposition » syrienne » Quel que soit leur pelage, les fascistes ont tous les mêmes méthodes !


Où est la communauté internationale* ?
La communauté internationale siège dans les Luxueux bâtiments de l'Assemblée générale de l'O.N.U. où l'on adopte toujours de nouvelles résolutions anti syriennes. Ce sont les initiateurs de la « lutte pour la liberté des tueurs » de Syrie qui tentent de contourner le Conseil de Sécurit de l'O.N.U. au moyen duquel ils ne parviennent toujours pas à faire passer subrepticement leurs résolutions anti syriennes à cause du veto russo-¬chinois. Il est asses curieux que l'auteur de la résolution anti syrienne adoptée par l'Assemblée générale de l'O.N.U. soit l'Arabie Saoudite au sujet de laquelle des informati8ns sont parvenues ce même jour relatives à des heurts de manifestants contre la police et à la mort, d'un manifestant et d'un policier. Mais cela n'empêche pas pendant ce temps l'Arabie Saoudite de « lutter pour la liberté en Syrie »


Fort heureusement, à la différence du Conseil de Sécurité de l'O.N.U., l'Assemblée générale ne formule que des recommandations qui n'ont pas de caractère contraignant. C'est-à-dire que la résolution n'est qu'une déclaration que l'on peut utiliser dans la guerre médiatique centre la Syrie. Mais rien de plus que cela,
Quant aux sicaires syriens, que l'on peut à présent, après la terrible fesse de Tadameun, qualifier sans hésiter de fascistes, ils continuent chaque jour de perpétrer leurs crimes. Ainsi, ils ont tué l'un des meilleurs pilotes de l'aviation civile de Syrie, F'araz Asafi. Cela s'est produit lorsqu'il se rendait par la route de l'aéroport chez lui à Damas. Les terroristes avaient organisé une embuscade. C'est là encore un acte sanglant de leur plan d'extermination des meilleurs cadres nationaux.


Les sicaires ont attaqué le camp palestinien de Yarmouk, dans la banlieue de Damas. Ils ont froidement ouvert le feu sur les gens ; 20 personnes pont mortes et il y a eu des dizaines de blessés. C'était une vengeance parce que les Palestiniens refusaient de soutenir l'émeute. En outre, ils ont cyniquement rejeté la responsabilité de leur crime sur l'armée pour essayer de brouiller les Palestiniens avec le gouvernement légitime,


Et dans la localité à 'al-Hadjeb, province d'Aleppa, il s'est produit un cas plutôt curieux. Des émeutiers tentaient de faire sauter le bâtiment de l'autogestion locale. Mais l'un de leurs engins explosifs de fabrication artisanale a explosé au moment de son installation, il n'y avait personne des employés dans le bâtiment et il n'y a donc pas eu de victimes. Mais le bâtiment a subi d'importants dommages matériels.


Le 6 août, un attentat ordinaire a été perpétré contre le fondement même de la démocratie : la liberté de parole. Des terroristes ont fait exploser le troisième étage du bâtiment de la Télévision d'État à Damas. Heureusement, il n'y a pas eu de victimes. Quelques employés de la télévision ont été blessés. L'appareillage de la télévision a été détruit. Mais c'est loin d'être la première attaque contre les moyens syriens d'information de masse. Je rappellerais que le 27 juin, des sicaires ont fait irruption dans les studios de la chaîne d'information syrienne AI-I.bariy. Trois Journalistes ont été tués d'une façon particulièrement barbare : ils leur ont lié les mains, les ont mis à genoux et les ont fusillés, après quoi ils ont fait exploser le bâtiment. En plus des journalistes, les gardiens des studios de télévision ont également été tués.


Puis, à la mi-juillet, le célèbre présentateur de la chaîne officielle de la T.V. syrienne Multam¬mad al-Sa'i a été enlevé. Quelques jours auparavant, les émeutiers l'avaient condamné à mort peur son refus de collaborer, Dans ce même malheureux secteur de Tadameun, le journaliste de la chaîne de télévisiez satellitaire syrienne Karim Chibani a été blessé par balle d'un tireur d'élite. Tandis qu'à Alep, c'est le bâtiment de la télévision d'Etat qui a été la cible des sicaires : ils ont lancé quelques milliers de nervis armés jusqu'aux dents à l'assaut de ce bâtiment, mais heureusement, l'armée l'a défendu victorieusement.


Mais jusqu'à quand les actes de représailles massifs contre ceux qui suivent le gouvernement légitime de la Syrie, les explosions d'immeubles, les attentats contre les journalistes, jusqu'à quand donc tout cela sera-t-il fait passer pour de la « lutte pour la liberté et la démocratie » ?
Tout cela n'est rien d'autre que du fascisme ordinaire,


Yéléna GROMOVA
DAMAS.

Note du traducteur
(Publié avec quelques légères réductions) Source :mif_news *
N'oubliez jamais, camarades, que lorsque vous entendes parler de communauté internationale, il ne s'agit en gros que du ramassis de dirigeants marionnettes des gouvernements des pays capitalistes plus ou moins complètement soumis et asservis à l'impérialisme américain (comme, par exemple, celui de la France) et qui sont tous complices de toutes les agressions, de tous les actes de barbarie fasciste qui se commettent partout sur la planète. Ne confondez pas communauté internationale avec opinion publique mondiale qui est l'opinion des peuples du monde, Souvent déjà victime de la dite communauté internationale, et auxquels nul ne demande jamais leur avis. (J. L.)

Le non cumul des mandats renvoyé en 2017 : Quand c'est flou...


L'APPLICATION DU NON-CUMUL DES MANDATS REPOUSSÉE À 2017




PARIS (Reuters) - Le non-cumul des mandats ne sera pas appliqué avant les élections municipales de 2014 mais sera mis en oeuvre avant la fin du mandat de François Hollande, en 2017, assure le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone.
Lors de ses voeux aux parlementaires en janvier, François Hollande avait entretenu le flou sur le calendrier de cette réforme en promettant qu'elle s'appliquerait durant son quinquennat sans trancher sur la question de savoir si elle s'appliquerait au scrutin municipal.
Cette promesse électorale du chef de l'Etat, confirmée dans le rapport sur la modernisation de la vie politique de Lionel Jospin remis en novembre à l'Elysée, prévoit d'interdire tout cumul d'un mandat exécutif local avec un mandat parlementaire.
La réforme est largement soutenue par l'opinion. Dans un sondage LH2 pour Le Nouvel Observateur, 71% des personnes interrogées se déclaraient en faveur du non-cumul des mandats.
Mais elle est rejetée par de nombreux élus de droite comme de gauche qui justifient cette pratique par la nécessité d'avoir un ancrage local pour mener à bien leur mandat parlementaire.
"Comme cette évolution nécessite une révision constitutionnelle, le non-cumul ne pourra pas s'appliquer d'ici les municipales", dit Claude Bartolone dans Libération de jeudi. "Notre contrat avec les Français sera de l'appliquer en 2017"
Le président de l'Assemblée nationale met par ailleurs en garde les élus réfractaires : "Attention, vous ne pourrez pas aller devant le peuple français défendre le cumul des mandats, donc acceptez une sortie par le haut : même règle pour tous les parlementaires - députés, sénateurs -, pas de seuil d'application en fonction de la taille de la ville pour éviter la surreprésentation de la ruralité."
Pour éliminer une sorte de "mini-dissolution" à l'occasion de la réforme, un élu renonçant à son siège de député doit être remplacé par son suppléant et non plus par le vainqueur d'une élection législative partielle, insiste-t-il.
Cette disposition pourrait rassurer certains parlementaires socialistes qui craignent que le PS, majoritaire à l'Assemblée, ne perde des sièges lors des dizaines de législatives partielles qui découleraient de l'application de la loi.
DIVERGENCES
Le flou entourant le calendrier d'application de cette réforme a été entretenu par des déclarations contradictoires de responsables socialistes et de membres du gouvernement.
Le ministre chargé des relations avec le Parlement, Alain Vidalies, avait assuré en janvier que le projet de loi sur le cumul des mandats serait examiné durant l'été, en juillet.
Le Premier secrétaire du Parti socialiste Harlem Désir a pris pour sa part position pour que la loi soit appliquée dès 2014.
Le chef de file des sénateurs socialistes François Rebsamen, qui défendait jusque-là le cumul des mandats, a indiqué fin janvier qu'il pourrait voter son interdiction si elle ne s'appliquait qu'en 2016, soit après les élections de 2014.
Europe Ecologie-Les Verts plaide pour une mise en oeuvre rapide du non-cumul alors que selon un rapport du Sénat de février dernier, 83% des députés et 78% de sénateurs exercent un autre mandat électif.
CALENDRIER
Le calendrier dépend notamment de la date choisie par le chef de l'Etat pour convoquer le Parlement en Congrès afin de procéder à une révision de la Constitution, indispensable pour la mise en oeuvre de l'interdiction du cumul de fonctions ministérielles avec l'exercice de tout mandat local, le droit de vote des étrangers ou le statut juridique du président.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault reçoit depuis plusieurs jours des responsables politiques pour voir s'il y a un consensus pour procéder à un telle réforme constitutionnelle.
Il a ainsi reçu le président du groupe PS à l'Assemblée, Bruno le Roux, vendredi dernier, et son homologue du Sénat, François Rebsamen, ce mercredi.
Jeudi, c'était au tour du chef du groupe UMP du Palais-Bourbon, Christian Jacob, d'être reçu à Matignon, suivi du président du groupe UDI à l'Assemblée nationale, Jean-Louis Borloo et d'Eliane Assassi, présidente du groupe CRC au Sénat.
Christian Jacob a d'ores et déjà annoncé que son groupe s'opposerait aux réformes constitutionnelles.
"Qu'ils ne comptent pas sur nous", a-t-il prévenu début février à la presse en parlant de la majorité. "Nous sommes opposés à la quasi totalité de leurs propositions, principalement le vote des étrangers et la limitation du cumul des mandats."
Marine Pennetier avec Elizabeth Pineau et Emile Picy, édité par Yves Clarisse

La véritable histoire du chameau malien offert à François Hollande


Le bébé chameau offert à François Hollande a été volé à un agriculteur dont la maison a été détruite par les bombardements français
Le bébé chameau offert au président François Hollande pour avoir «libéré» le Mali a été volé et ne sera pas autorisé à rester à Paris.
Le chameau, qui n’a pas de nom, appartenait en fait à un agriculteur, dont la maison a été détruite par les bombardements français lors de l’attaque de Tombouctou. Le véritable propriétaire du chameau vit maintenant dans un camp de réfugiés de Ambra, à la frontière avec la Mauritanie.
Cela signifie effectivement que l’animal a été volé, et que F. Hollande n’avait pas le droit de le sortir du pays. D’après un touareg, l’agriculteur a porté plainte de son camp, à Ambra.
Un diplomate de Monsieur Hollande se dit prêt à respecter la demande du Mali, le chameau retournera dans son pays natal en raison… de la rigueur du climat en France…mdr!!

Source: Daily Mail 

#volvemos1f : Les espagnols ne lachent rien !


#volvemos1f: Le retour des campements en Espagne?


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Suite à d’importantes manifestations le jeudi 31 janvier à Barcelone pour demander la démission du Premier Ministre Mariano Rajoy, des campements s’organisent peu à peu en Espagne et on apprend  par voie de presse que le mouvement est en marche dans toute le pays.

Cette décision populaire fait suite aux révélations du journal El Pais qui a diffusé une liste de personnalités politiques ayant touchés de l’argent d’entreprises privées. Le nom du Premier Ministre figure parmi celles-ci et c’est désormais la rue espagnole qui réclame explications et surtout, démission.
Le pays est toujours empêtré dans une crise financière interminable et les conséquences sont chaque mois plus lourdes à supporter. 

Depuis que le Parti Populaire (droite) est revenu aux affaires courantes, des vagues de réformes se sont succédé auxquelles la rue et les syndicats tentent de répondre avec plus ou moins de vigueur.

Cette nouvelle affaire va venir entacher un peu plus un gouvernement déjà aux abois et qui sous-couvert d’austérité, a plongé le pays dans une grave récession.
Nous vous tiendrons informés des évolutions des campements, en espérant que ce retour soit celui de la victoire.

AR.

Tout le Moyen Orient est en ébullition


“Toute la région est en ébullition”


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Entretien avec Gilbert Achcar

Gilbert AchcarGilbert Achcar

Il y a beaucoup de choses à discuter. Le Moyen-Orient fait la une que ce soit pour l’attaque contre Gaza ou la situation en Tunisie, la prise du pouvoir de Morsi en Egypte ou les menaces contre l’Iran, un grand nombre d’événements. Je commencerai par une question portant sur une appréciation générale du Printemps arabe, de ce que l’on a appelé le Printemps arabe, qui a commencé il y a deux ans, presque jour pour jour, le 17 décembre 2010 en Tunisie. Peux-tu nous indiquer des éléments d’une compréhension générale de ce que cela a signifié pour la région?

Gilbert Achcar: Le commentaire le plus général que je puisse faire est que, pour la première fois dans l’histoire de la région, les choses sont vraiment en train de bouger et de changer, et cela à un rythme très rapide de surcroît, de sorte que la région est entrée dans ce que j’appelle un processus révolutionnaire à long terme. Il s’agit là d’un changement énorme dans l’histoire de la région. Des blocages de toutes sortes sont en train d’exploser. Je pense que cette situation se maintiendra pour de nombreuses années à venir.

Tu mentionnes des blocages, songes-tu en partie à l’existence des régimes dictatoriaux sclérosés et vieillissants? Le premier serait la Tunisie. Peux-tu nous dire quelque chose à ce sujet ainsi que sur la situation présente dans ce pays?

Gilbert Achcar: Oui, mais je dois dire qu’il s’agit de bien plus que des seuls régimes dictatoriaux. Bien entendu, ceux-ci constituent la partie la plus visible du blocage, celle qui a été le plus directement touchée par les soulèvements dans les pays où ils ont obtenu des victoires jusqu’ici. Mais il ne s’agit que d’une partie seulement d’un blocage plus général qui comprend un blocage économique. La région reste à la traîne par rapport au reste du monde en termes de croissance économique et, plus généralement, de développement, malgré le fait qu’elle est dotée de ressources naturelles très importantes. Elle détient le record mondial des taux de chômage et cela depuis des décennies. Nous sommes ainsi en présence d’un blocage social, sans même parler du blocage très évident lié à la condition des femmes. Il y a donc tout un ensemble de blocages et je n’en ai mentionné jusqu’ici que quelques-uns, les plus frappants. Tout cela est en train d’éclater en une gigantesque explosion qui a débuté en Tunisie.

Tout a commencé en Tunisie le 17 décembre 2010. C’est la date à laquelle Mohamed Bouazizi s’est immolé par le feu, mettant ainsi le feu à l’ensemble du pays, puis à toute la région.

Le fait que cela ait commencé en Tunisie est lié aux luttes qui se sont déroulées dans ce pays au cours des années 2000, luttes qui sont elles-mêmes liées à l’existence d’une importante tradition de gauche, principalement active dans la centrale syndicale du pays, l’UGTT [Union générale tunisienne du travail]. C’est cette situation spécifique qui explique pourquoi c’est dans ce pays avant les autres que l’explosion a eu lieu, mais cela ne signifie pas que les conditions étaient plus mûres en Tunisie que partout ailleurs, comme l’atteste le fait que l’explosion en Tunisie a déclenché une série d’autres dans différents pays. Il n’y a presque aucun pays de langue arabe qui n’a pas été touché par le soulèvement, de la Mauritanie et du Maroc à l’ouest de la région jusqu’à la Syrie et l’Irak à l’est.

Il est apparu, à un certain moment, sans doute en raison des résultats électoraux en Egypte et, auparavant, en Tunisie, que les vainqueurs immédiats du Printemps arabe ont été des organisations islamistes telles que les Frères Musulmans en Egypte. Peux-tu dire quelque chose à ce sujet, tout d’abord par rapport à la Tunisie et, ensuite, à propos de l’Egypte?


Gilbert Achcar: Oui. C’était tout à fait prévisible. La prévision la mieux partagée au sujet de la région était qu’il y aurait ou qu’il y aura des explosions sociales, des explosions politiques: en lisant les rapports des ambassades des Etats-Unis dans la région, rendus publics par Wikileaks, on peut voir que les Etats-Unis eux-mêmes ne se faisaient pas beaucoup d’illusions. On savait à quel point la situation était tendue et dangereuse. En rapport avec cela, la prévision la plus commune était que ces explosions propulseraient le mouvement intégriste islamique au-devant de la scène à une époque où – vu depuis Washington – cela était considéré comme une menace pour les intérêts américains. Mais une fois que le soulèvement a commencé, il y a eu tendance à prendre des désirs pour des réalités et croire que, par quelque miracle, de nouvelles forces émergentes seraient capables de diriger et conduire l’ensemble du processus, en poussant les forces islamiques à l’arrière-plan.

Il est vrai que de nouvelles forces ont émergé, en particulier parmi la nouvelle génération, parmi les jeunes. Il est vrai que de nouveaux réseaux de jeunes, utilisant toutes les ressources fournies par l’Internet, ont joué un rôle clé en façonnant, organisant et coordonnant tous ces soulèvements; il n’y a pas de doute à ce sujet. Mais avec des insurrections appelant à des élections libres – une revendication normale pour un peuple assoiffé de démocratie, comme c’est le cas – il était toutefois évident que des élections à court terme seraient remportées par ceux qui ont les moyens de les gagner. On ne peut gagner des élections par le seul moyen de l’Internet, comme vous le savez bien aux Etats-Unis. Il faut des appareils politiques, de l’argent, des organisations implantées à la base, là où se trouvent les masses d’électeurs, comme dans les régions rurales, etc. Cela ne peut pas s’inventer ou s’improviser en quelques semaines. Et c’est pourquoi il était tout à fait prévisible que les forces intégristes islamiques, en particulier les Frères musulmans avec leurs diverses branches et organisations, remporteraient les élections. Ces forces disposaient d’un potentiel accumulé au cours de nombreuses années consacrées à la construction de réseaux, en particulier dans des pays comme l’Egypte où ils pouvaient agir ouvertement. Ce n’était pas le cas en Tunisie, mais cela a été compensé par le fait que ces forces bénéficiaient de la manne des pays pétroliers et de l’impact de la télévision. Plusieurs chaînes de télévision dans la région servent ces types de groupes, que ce soit au travers de programmes religieux – il y a de nombreuses chaînes religieuses –  ou par le biais du rôle politique spécifique joué par la principale chaîne satellitaire de la région qui est Al JazeeraAl Jazeera agit de façon tout à fait manifeste pour le compte des Frères Musulmans, lesquels ont une présence notable dans son équipe de journalistes et sont sponsorisés par le gouvernement du Qatar, qui possède et gère Al Jazeera. Ils disposaient donc de ces ressources cruciales, ainsi que, bien entendu, de beaucoup d’argent en provenance des monarchies du Golfe.

Il était tout à fait prévisible que les Frères Musulmans obtiendraient la plus grande part des votes, ce n’était donc pas une surprise. Les gens qui prennent facilement leurs désirs pour des réalités ont réagi à ces élections en abandonnant les visions idylliques auxquelles ils avaient adhéré pour adopter une vision très sombre de la situation, avec des commentaires du type «le printemps se transforme en hiver». Le plus surprenant, en vérité, a été la faiblesse des victoires électorales des forces religieuses. Le cas le plus frappant est, bien sûr, l’Egypte, où l’on a pu voir combien la chute de l’influence et des scores électoraux des Frères Musulmans a été rapide. Il n’y a qu’à considérer le nombre de votes dont les Frères Musulmans ont bénéficié aux élections parlementaires puis à l’élection présidentielle, au premier tour de la présidentielle, et enfin au référendum sur la Constitution: il est évident qu’ils perdent de l’influence à très grande vitesse. Ils perdent du terrain, et c’est cela qui est le plus surprenant.
On peut dire la même chose à propos de la Tunisie, malgré le problème des divisions au sein de la gauche – laquelle était ridiculement fractionnée en un nombre incroyable de groupes et d’organisations: des douzaines de listes de la gauche et de la gauche radicale se sont affrontées lors des élections dans la capitale. Si l’on additionne les voix portées sur les diverses listes de gauche, on obtient un résultat qui se serait traduit par un nombre important de sièges au parlement, si les votes avaient été combinés. En dépit de tout cela, les Frères Musulmans tunisiens du mouvement Ennahda ont obtenu 40% des votes avec une participation électorale inférieure à la moitié, ce qui signifie en fait qu’ils ont obtenu 20% des votes des inscrits. Il ne s’agit pas précisément d’un raz-de-marée. La Tunisie a connu, depuis lors, une détérioration des conditions sociales et la coalition qui a accédé au pouvoir, menée par la force islamique dominante, a perdu du terrain. Elle est de plus en plus discréditée à cause de son incapacité à apporter un quelconque début de solution aux problèmes réels auxquels le pays fait face, à savoir ceux que j’ai déjà mentionnés : chômage, problèmes économiques, problèmes sociaux, etc.

Nous avons assisté aussi bien en Tunisie qu’en Egypte à une montée des luttes sociales, des luttes des travailleuses et des travailleurs, avec des affrontements croissants entre ces luttes sociales et les gouvernements dominés par les Frères Musulmans dans les deux pays.

Ce phénomène a atteint des niveaux dramatiques en Tunisie avec un affrontement entre l’UGTT et le gouvernement qui est devenu violent. Le pays se dirige vers de nouvelles élections mais, avant même ce nouveau tour électoral, les affrontements sociaux et politiques font rage, de sorte que la situation d’ensemble a atteint le point d’ébullition. Tout change à très grande vitesse. Tant la tendance à prendre ses désirs pour des réalités au début que les commentaires catastrophistes par la suite sont impressionnistes et erronés. La réalité est que nous faisons face à un bouleversement révolutionnaire à long terme, un processus révolutionnaire au long cours qui a débuté en décembre 2010 et va se poursuivre tant dans les deux pays qui ont vu le soulèvement aboutir à de premières victoires que dans ceux qui n’ont pas encore été affectés à un niveau majeur. Toute la région est en ébullition.

Que s’est-il passé avec l’appel de l’UGTT pour une grève générale, début décembre? Je crois qu’il a été annulé?

Gilbert Achcar: En effet, il a été annulé à la suite d’un compromis. Dans le fond, la direction de l’UGTT a craint que la confrontation tourne mal parce qu’il n’y a eu qu’un seul appel précédent à la grève générale dans le pays, en 1978, qui a mené à un affrontement très dur. Il y avait donc quelques craintes vis-à-vis de ce qui pouvait se produire. C’est pourquoi ils ont accepté de se replier sur un compromis avec lequel aucune des deux parties n’a perdu la face. Mais l’avertissement a toutefois été émis et l’UGTT n’a pas mâché ses mots dans ses attaques contre le gouvernement, dans ses critiques de la manière dont ils se comportent au pouvoir. Elle continue d’exiger la dissolution des milices contrôlées par le parti islamique. Les Frères Musulmans, tant en Egypte qu’en Tunisie, se sont montrés plus efficaces même que Moubarak dans le recours à ce type d’organisation de casseurs.

tunisie-revolutionVoilà donc comment la situation se présente. La perspective en Tunisie est très intéressante parce que c’est le seul pays de la région dans lequel un mouvement organisé de travailleurs dirige réellement le processus. Il se trouvait déjà à la tête du soulèvement de décembre 2010/janvier 2011. Ben Ali a fui le pays le jour où la grève générale a touché la capitale, le 14 janvier 2010. Ce sont les syndicalistes qui ont dirigé la lutte, de Sidi Bouzid, la ville où tout a débuté après le suicide de Bouazizi, jusqu’au jour où le soulèvement a culminé dans la capitale. Les militants syndicaux de base et cadres intermédiaires ont été la direction véritable de la lutte. Toutefois, après la chute de la dictature, il y a eu à la direction de l’UGTT un changement qui a placé la gauche, y compris la gauche radicale, à la barre. La gauche tunisienne a finalement tiré les leçons de son expérience récente et est parvenue à s’unifier dans ce qu’ils ont appelé Front populaire. Le fait que cette coalition des forces de gauche soit dominante au sein de l’UGTT est extrêmement important: cela place la Tunisie à un stade de la lutte plus avancé que dans n’importe quel autre pays de la région.


Si nous pouvons passer de la Tunisie à l’Egypte où, depuis l’élection de Morsi comme président l’été dernier, il y a eu une tentative d’unifier l’opposition contre les Frères Musulmans. Peux-tu nous dire quelque chose au sujet des forces de gauche depuis la révolution?

Gilbert Achcar: Oui, mais il y a une différence majeure entre l’Egypte et la Tunisie. Elle tient dans le fait que le rôle de la gauche en Tunisie est beaucoup plus important parce que la gauche y a été très active, pour une durée beaucoup plus longue, plusieurs décennies, au sein du mouvement syndical, dans la fédération syndicale, l’UGTT. Et cela même si, la plupart du temps, la direction bureaucratique du syndicat a été sous le contrôle ou l’influence du gouvernement. La gauche est constamment restée très active dans les sections syndicales locales; les militants syndicaux les plus connus appartiennent à la gauche.

Une telle situation n’existe malheureusement pas dans d’autres pays de la région, et cela comprend l’Egypte. En Egypte, l’opposition s’est organisée en une coalition de la gauche et des forces libérales, y compris certains restes de l’ancien régime. Bien sûr, cela pourrait se produire en Tunisie aussi dans la mesure où certains à gauche ou dans le syndicat pourraient être tentés par une alliance avec des restes de l’ancien régime dans la confrontation avec les Frères Musulmans, les forces intégristes islamiques. C’est déjà le cas, cependant, en Egypte, où Amr Moussa fait partie de la coalition. Moussa, il faut dire, représente la fraction libérale de l’ancien régime. Il n’est pas comme Ahmed Chafik, l’ancien candidat présidentiel, qui était perçu comme le représentant officiel de la continuité du régime Moubarak. Moussa, en fait, s’est porté candidat contre Ahmed Chafik à l’élection présidentielle. Ce que nous voyons en Egypte est donc une coalition gauche-libéraux. Dans la mesure où il s’agit d’un front uni autour de revendications démocratiques, l’alliance peut être perçue comme légitime. Le problème, toutefois, est qu’elle va bien au-delà de cela, en se transformant en alliance électorale.
La gauche large elle-même est surtout représentée par Hamdin Sabahi, le candidat qui a surpris tout le monde lors du premier tour de la présidentielle en arrivant en troisième position et en emportant même l’élection au Caire et à Alexandrie, les deux plus importantes concentrations urbaines. Ce fut une très grande surprise. Sabahi est parvenu à représenter ceux qui cherchent une alternative de gauche tant à l’ancien régime qu’aux forces islamiques. Il a fondé après les élections le Courant populaire, que la plupart des groupes de la gauche radicale ont rejoint. Le Courant populaire a, malheureusement, été éclipsé à présent par la coalition large plutôt que de développer le potentiel de gauche réuni autour de Sabahi lors du premier tour des présidentielles.

En Egypte, l’affrontement avec le régime dirigé par les Frères Musulmans pose la question du rôle de l’armée. Pourrais-tu nous faire part de tes réflexions à ce sujet? C’est-à-dire autant sur le rapport des forces que sur les développements probables au regard des problèmes économiques et politiques non résolus et un régime qui perd son soutien électoral ainsi que, en quelque sorte, sa légitimité électorale et politique?

Manifestation le 25 janvier 2013 contre la présidence Morsi...Manifestation le 25 janvier 2013 contre la présidence Morsi…

Gilbert Achcar: La rapidité avec laquelle Morsi perd du terrain et sa légitimité sont la véritable surprise. J’ai toujours estimé – et je ne suis pas le seul à l’avoir pensé – que les gens avaient besoin de passer par une expérience avec ces types au pouvoir de façon à comprendre ce qu’ils sont réellement et cessent d’être dupes de slogans creux tels que «l’islam est la solution», qui masquent l’absence de programmes alternatifs concrets. Mais cela se passe encore plus rapidement que prévu.

Une raison en est la façon très maladroite dont les Frères musulmans font face à la situation. Ils ont fait preuve de beaucoup d’arrogance, croyant qu’avec l’aide de Dieu leur jour était arrivé et qu’ils avaient les choses fermement en main. C’est là une très grande myopie politique. S’ils avaient été plus intelligents, ils auraient compris que c’était en réalité contraire à leurs intérêts de gouverner à ce stade. Quiconque essaye de diriger le pays avec le type de programme qu’ils ont – qui n’est rien d’autre que la poursuite du programme du régime précédent – est condamné à un échec cuisant. L’événement le plus significatif qui déroulé dernièrement en Egypte a été le moment où Morsi a signé l’accord avec le FMI. Il a signé un accord qui comprend des conditionnalités considérées comme fondamentales par tous les bailleurs de fonds potentiels de l’Egypte. Ils ont signé l’accord parce qu’il correspond à leurs propres vues néolibérales, bien entendu, lesquelles ne sont pas différentes de celles de l’ancien régime. La signature de l’accord est intervenue au plus mauvais moment. Alors même que les Frères Musulmans commençaient leur affrontement avec l’opposition, le gouvernement Morsi a décidé d’augmenter les prix des aliments de base et de modifier le système des impôts d’une façon qui n’affecte pas les plus riches. Cela a suscité un tel tollé que Morsi a dû annuler ces mesures quelques jours plus tard – sur sa page Facebook! C’est devenu une blague. Cela montre à quel point ces types n’ont pas la moindre idée quant à une solution réelle aux problèmes sociaux et économiques profonds du pays.

J’en viens maintenant à l’armée. Il y a eu beaucoup d’agitation autour du «coup d’Etat révolutionnaire» qu’aurait été l’écartement par Morsi de Tantaoui et de son adjoint à la tête du Conseil suprême des forces armes, le CSFA. Le fait est toutefois que cela a été fait en plein accord avec la hiérarchie militaire, qui tenait vraiment à se débarrasser de ces types qui se trouvaient en poste uniquement parce qu’ils avaient été imposés par Moubarak contre la volonté des militaires. Il n’a qu’à voir l’âge de Tantaoui, bien supérieur à la limite d’âge pour un poste dans l’armée. Nous savons, sur la base des rapports diplomatiques américains publiés par Wikileaks, que les officiers appelaient Tantaoui le «caniche de Moubarak». Le fait de l’envoyer à la retraite n’avait donc absolument rien de «révolutionnaire». Les deux officiers ont reçu des médailles et obtenu de généreuses sinécures, ainsi qu’une immunité les dispensant de rendre compte de ce qu’ils ont fait lorsqu’ils étaient à la tête du CSFA. La conviction selon laquelle la position de l’armée a été affaiblie est donc bien erronée.
Pensons à ce que s’est produit récemment lorsque l’affrontement entre Morsi et l’opposition a paru culminer. Le nouveau chef de l’armée a pris l’initiative de se présenter ouvertement comme arbitre de la situation et a appelé à une conférence qui aurait réuni, d’un côté, le président et le gouvernement et, de l’autre, l’opposition. Avant cela l’armée avait fait des commentaires qui sont la réplique exacte de ceux qu’elle avait faits lors de l’insurrection contre Moubarak en disant qu’ils ne réprimeraient pas le peuple. Le message était le suivant: «Nous n’avons pas accepté d’être utilisé politiquement par Moubarak et nous n’accepterons pas de l’être par Morsi.» L’armée joue donc ce jeu. On peut supposer que Washington lui conseille instamment de rester en dehors de la querelle, de se maintenir en position d’arbitre de sorte à ce qu’elle puisse jouer le rôle des «sauveurs» si la situation en venait à dégénérer complètement, avec la répétition de la séquence traditionnelle révolution, chaos, coup d’Etat. Le peuple égyptien est toutefois, à ce stade en tout cas, trop critique envers l’armée pour que quelque chose de ce type se produise à brève échéance. Mais personne ne peut prédire ce qui se passera à long terme.

Avant de te poser une question sur la Syrie, je voudrais juste te demander quel rôle est joué par la question des Palestiniens et de Gaza dans cette situation? La façon dont Morsi a aidé à la négociation d’un accord a été interprétée comme un bon coup pour lui. Le magazine Time, comme tu le sais, a baptisé Morsi l’homme le plus important du Moyen-Orient avant de le critiquer une semaine plus tard. L’ensemble de la question d’Israël et des Palestiniens occupe une place plus importante dans ce tableau. Peux-tu nous dire quelque chose à ce sujet?
Gilbert Achcar: 
Cette question porte en effet sur un point important. J’ai mentionné la morgue et l’arrogance des Frères Musulmans. Or, un élément clé qui explique leur attitude est le soutien dont ils disposent de la part de Washington. C’est un élément central dans leur conviction qu’ils sont aux commandes, qu’ils peuvent diriger. Washington a été en fait pris de court par le soulèvement à un moment où les Etats-Unis se trouvaient – et demeurent – à leur point le plus bas depuis l’apogée de leur influence en 1991, sous Bush père, lorsqu’un demi-million de soldats états-uniens furent déployés dans le Golfe lors de la première guerre dirigée par les Etats-Unis contre l’Irak. A cette époque, cet apogée de l’hégémonie des Etats-Unis a également conduit au soi-disant processus de paix entre Israël et les Etats arabes, puis à l’accord d’Oslo de 1993. Tout cela se trouve désormais derrière nous. Le facteur principal dans ce résultat est la politique menée par l’administration de George W. Bush et la catastrophe majeure pour l’Empire américain en général, pour l’impérialisme des Etats-Unis, que l’occupation de l’Irak s’est avérée être. Elle a tourné au désastre. Les forces armées des Etats-Unis ont dû se retirer d’Irak sans avoir atteint ne serait-ce qu’un seul des objectifs fondamentaux qu’ils s’étaient fixés en occupant le pays. Ils ont dû le quitter sans même y maintenir une seule base, rien, sans même exercer un contrôle sur le gouvernement, qui est bien plus sous l’influence de l’Iran. La première chose que le gouvernement irakien a faite à la suite du départ des troupes américaines a été de négocier un accord d’armement avec nulle autre que la Russie. L’Irak a été un désastre pour les Etats-Unis.

Ils se trouvent donc vraiment dans une position de grande faiblesse. Les Etats-Unis se sentent bien faibles dans la région et sont restés au deuxième rang lors des opérations de l’OTAN en Libye, gardant profil bas, contrairement à n’importe quelle opération précédente, qu’elle ait été menée par l’OTAN (comme au Kosovo ou en Afghanistan) ou non (comme en Irak). On peut constater très clairement l’impuissance de Washington dans le cas de la Syrie. Dans cette situation, la seule force sur laquelle ils pouvaient miser est constituée par les Frères Musulmans.
C’est l’émir du Qatar, en vertu de sa position de principal sponsor des Frères Musulmans depuis le milieu des années 1990, qui a arrangé l’entente. Washington en est venu à miser sur les Frères Musulmans parce qu’il a perdu ses alliés habituels tels que Moubarak et Ben Ali. Comme nous entrons dans une nouvelle phase dans l’histoire de la région, Washington a besoin désormais d’une force disposant d’une réelle base populaire. La seule force disponible qu’ils ont trouvée est celle des Frères Musulmans, envers lesquels ils sont d’autant mieux disposés qu’ils ont avec eux une longue histoire de collaboration. Au cours des années 1950, 60 et 80 et jusqu’aux années 1990, les Frères Musulmans étaient alignés en fait sur les Etats-Unis, en particulier durant les années 1950 et 1960, lorsqu’ils étaient vus dans l’ensemble de la région comme des collaborateurs de la CIA. C’est le rôle qu’ils ont joué en réalité, travaillant contre le président égyptien Nasser ainsi que contre l’influence soviétique en étroite collaboration avec la CIA, avec les Etats-Unis ainsi qu’avec le royaume saoudien. Ils étaient alors sponsorisés par les Saoudiens avant qu’ils ne passent au Qatar au cours des années 1990.
Washington mise donc à nouveau sur eux. Le rôle joué par Morsi dans l’épisode de Gaza n’est en fait que la poursuite du rôle que jouait le régime Moubarak par le passé avec toutefois une efficacité plus grande du fait que le Hamas constitue la branche palestinienne des Frères Musulmans. Ils disposent donc d’une plus grande influence sur le Hamas et ont pu, par conséquent, négocier cet accord et obtenir les félicitations des Etats-Unis. Washington mise sur ces types, que cela soit en Tunisie, en Egypte ou à l’avenir en Syrie, lorsque le régime tombera. Il n’y a pas un pays de la région dans lequel les Frères Musulmans ne sont pas présents et ne jouent un rôle important. C’est pour cela que Washington mise sur eux et s’est montré extrêmement réservé dans ses commentaires sur ce qui se passe en Egypte. L’administration Obama s’est montrée en fait plus dure dans ces critiques contre Moubarak que dans celles qu’elle adresse aux Frères Musulmans.
LivreAchcarPeux-tu dire quelque chose au sujet de la Syrie? En ce moment précis l’ensemble du processus est incroyablement difficile et violent du côté du gouvernement et il n’existe pas d’unanimité au sein de l’opposition, ni même au sein de la gauche opposée au régime dans la mesure où des segments de la gauche semblent soutenir le régime. Peux-tu commenter les développements en Syrie?

Gilbert Achcar: La Syrie ne fait pas exception par rapport à l’ensemble des soulèvements de la région en ce sens que nous nous trouvons face à un régime dictatorial, en réalité l’un des plus despotiques de la région (aux côtés de la Libye de Kadhafi et du Royaume saoudien). D’autre part, il s’agit d’un pays dans lequel la crise socio-économique a été très profonde, avec un taux de chômage très élevé, un taux de pauvreté s’élevant à 30%, et, en outre, une famille régnante concentrant le pouvoir et la richesse à un degré incroyable. Le cousin du président syrien contrôle 60% de l’économie du pays. Sa richesse personnelle est estimée à 6 milliards de dollars. Les ingrédients d’un cocktail explosif étaient réunis. Et il a explosé.

A gauche, il y a les communistes qui participent au gouvernement syrien. C’est une tradition qui existe depuis le temps de l’Union soviétique, qui entretenait des relations étroites avec le régime syrien – des relations qui se sont poursuivies avec la Russie de Poutine. La majorité de la gauche, pour ne pas dire toute la gauche au sens vrai du terme, est contre le régime. Le parti de gauche le plus important est représenté au sein du Conseil national syrien: il s’agit de l’aile dissidente des communistes, qui a scissionné dans les années 1970 et s’est opposée à la collaboration avec le régime.
Croire que le régime syrien est «de gauche» ou, pire, qu’Assad est « un socialiste, un humaniste et un pacifiste », ainsi que Chavez l’a déclaré de manière si embarrassante, est au mieux de l’ignorance. Quiconque se réclame de la gauche ne devrait pas avoir la moindre hésitation à soutenir complètement le peuple syrien dans sa lutte contre cette dictature brutale, exploiteuse et corrompue. Au-delà de cela, en Syrie comme dans n’importe quel pays de la région, on trouve parmi les forces qui luttent contre le régime des intégristes islamiques. C’était le cas aussi bien en Tunisie qu’en Egypte. Cela ne doit pas être pris comme prétexte pour dénigrer l’ensemble du soulèvement. En Syrie, comme partout ailleurs, la gauche doit soutenir sans hésitation le mouvement populaire contre la dictature et, ce faisant, encore plus lorsque les dictatures sont renversées, elle doit soutenir les forces les plus progressistes au sein du mouvement, en suivant ce processus de radicalisation au sein même de la révolution que Marx a nommé « révolution permanente ». (Traduction A l’Encontre, révisée par G. Achcar; entretien initial publié dans International Socialist Review, revue de l’ISO, Etats-Unis, entretien effectué en décembre 2012)

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Gilbert Achcar est professeur au SOAS-Université de Londres. Dans les jours qui viennent va paraître son dernier ouvrage, aux éditions Acte Sud, Sinbad, intitulé : Le peuple veut. Une exploration radicale du soulèvement arabe. Il est présenté ainsi: «La première étude de fond sur les soulèvements populaires dans le monde arabe, inaugurés par la révolution tunisienne en décembre 2010. L’auteur analyse les conditions économiques, sociales, politiques et idéologiques qui expliquent ces soulèvements et qui ont déterminé les formes particulières qu’ils ont revêtues dans chaque pays.»

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