mardi 29 janvier 2013

La Grèce glisse lentement vers le chaos total




Hellénologie

Le chaos politique en Grèce : radicalisation, terrorisme d'extrême gauche, milices d'extrême droite, stratégie de la tension de l'Etat profond


de 

ανταρσία
Publié le 22 janvier 2013
Et si l'économie n'était pas la cause de tous les maux grecs ?


Une attaque armée visant le siège du parti au pouvoir en Grèce, Nouvelle-Démocratie, a eu lieu la semaine dernière. La crise économique qui traverse le pays s'est immédiatement transformée en crise politique, et les grands partis pourraient disparaître au profit des extrêmes.


Stathis Kouvelakis

Stathis Kouvelakis est enseignant de sciences politiques à l'université anglaise de King's College. Il est spécialiste de la France et de l'Europe.

Atlantico : Une attaque armée visant le siège du parti au pouvoir Nouvelle-Démocratie a eu lieu lundi 14 janvier en Grèce, selon l'AFP. Des coups de feu ont été tirés très tôt selon la police, et une balle a été retrouvée dans le bureau du Premier ministre Antonis Samaras. Cette fusillade intervient après une série d'incendies criminels contre les locaux de partis politiques, et la police grecque a évoqué le possible retour de Lutte révolutionnaire, un groupe d’extrême-gauche qui a déjà mené plusieurs actions violentes. La Grèce est-elle au bord de l’explosion politique ? 

Stathis Kouvelakis : Il y a une grande tension politique en Grèce, liée à l'intensité de la crise économique, sociale, et bien entendu politique. C'est dans ce contexte qu'il faut analyser les éléments d'une "stratégie de tension" qui se met en place. Ceci étant, il faut avoir des éléments sérieux pour identifier les auteurs de la récente attaque. Le scénario de la police parle d'une possible résurgence d'un terrorisme d'extrême gauche.

C'est aussi le discours tenu par le gouvernement, qui utilise cette attaque pour mettre en accusation Syriza, le principal parti d'opposition de la gauche radicale, en le sommant de se dissocier de cette attaque, ce qui est ridicule. Il laisse entendre qu'il serait moralement responsable de cette attaque du fait de la politique d'opposition qu'il mène.

J'observe que cette attaque n'a pas été revendiquée alors que traditionnellement, les groupes d'extrême gauche revendiquent leurs actes à travers des textes très longs car il s'agit pour eux de faire de la propagande leurs idées.

Les attaques de ces dernières années  (2000-2010) dans la foulée des événements de décembre 2008, ne provenaient pas du tout des groupes d'extrême-gauche classiques des années 1970-1980, mais plutôt de la mouvance anarchiste ou autonomiste qui existe en Grèce. Elle est extrêmement fragmentée et opaque. 
Les divers sigles qui apparaissent ne renvoient pas à des entités identifiables. On est donc dans le brouillard le plus complet, et il faut comprendre que le climat économique est tendu.
La situation économique de la Grèce joue-t-elle un grand rôle dans la crise politique qui traverse le pays?

La crise économique qui traverse la Grèce s'est immédiatement transformée en crise politique. La mise en place de ces mémorandums signifie en réalité que le Parlement grec n'est plus le centre de décision du pouvoir, et les gouvernements grecs ne font que mettre en place des politiques qui sont décidées ailleurs. Les tensions sociales sont extrêmement fortes car la mise en œuvre de la politique a des conséquences dramatiques en matière d'appauvrissement de la population, de récession, de chômage - le chômage est à 28%. Un tiers de la population vit en dessous ou sur le seuil de pauvreté, selon les chiffres officiels.

Cette situation a provoqué des affrontements sociaux extrêmement vifs. Durant ces affrontements, la répression policière a été très forte. Les images de la répression contre les manifestations aux abords du parlement grec sont devenues monnaie courante. Nous y sommes habitués depuis maintenant près de trois ans.

Il y a une extrême droite néo-nazie extrêmement violente qui se développe aussi, et qui bénéficie de l'appui ouvert de la police. Ce courant est important, et ce sont des choses qu'on a déjà vu dans le passé. D'un côté une crise sociale, un véritable cataclysme, de l'autre côté un affaissement de l'autorité de l'État. On sait par l'expérience de l'histoire que ces groupes ne peuvent opérer une percée que lorsque l'État apparaît comme incapable d'assurer des fonctions essentielles, des fonctions de service public, social, jusqu'aux services de l'ordre et de la sécurité.Ces groupes peuvent bénéficier d'un soutien important de la population, et c'est cela qui est nouveau. 
Hormis les contestations sociales dans le pays, les groupes politiques sont-ils un moyen de lutter contre les réformes mises en place ? Est-ce un réflexe inhérent à la Grèce de résister via des organisations extrêmes ?

L'histoire de la Grèce est jalonnée par l'action de groupes violents liés à l'État, liés à a droite et aux fractions les plus dures de l'État grec qui ont à plusieurs reprises joué la carte de la déstabilisation comme lors de l'affaire Z en 1961. Des groupes paramilitaires ont assassiné un député de gauche.

C'est banal que ce type de groupes jouisse d'un soutien, et interagisse avec des fractions de l'appareil d'État et notamment la police. On sait que dans les unités spéciales de la police, peut-être la moitié des membres a voté pour Aube Dorée. Concrètement, sur le terrain, à chaque fois que des groupes d'extrême droite se livrent à des pogroms contre des immigrés, des migrants ou des militants de gauche, ils bénéficient systématiquement de l'appui et de la couverture de la police locale, comme c'est le cas dans certains quartiers d'Athènes.

L'opinion répandue dans les milieux d'opposition de gauche est que cette stratégie de la tension serait plutôt le fait d'éléments venant de l'Etat profond lui-même. Il chercherait à créer un climat d'instabilité et de peur pour faire barrage à la montée de la gauche et à la perspective d'un changement politique. Ce sont les termes du débat actuel.

Six mois après l’accord trouvé suite aux élections législatives en juin, comment sont perçus les "partis politiques classiques" par la population ?

L'aspect le plus spectaculaire est la disparition du Pasok. Ce parti a dominé la vie politique du pays les trois, quatre dernières décennies. C'est un parti qui il y à peine quatre ans avait remporté les élections législatives en 2009 avec 45% des voix. Il s'agit maintenant d'un groupuscule qui ne sera probablement même pas représenté au prochain Parlement.

C'est l'aspect le plus remarquable de l'effondrement du système politique tel qu'il existait auparavant. La percée de la gauche radicale d'un côté, et la montée de l'extrême-droite de l'autre sont d'autres expressions du même phénomène, dans une bien moindre mesure. Le parti de droite qui gouverne Nouvelle-démocratie est le seul parti qui tienne encore de l'ancien système politique, mais en se "droitisant" lui-même de plus en plus. C'est un parti qui apparaît d eplus en plus comme là pour maintenir l'ordre et faire barrage à la montée de la gauche. Le parti de M. Samaras n'est plus le parti de centre-droit modéré,  relativement ouvert sur certaines questions sociales et de politique étrangère. Le climat politique actuel est à des années lumières de cela.

La Grèce était un modèle de stabilité politique depuis la chute de la dictature des colonels en 1974 jusqu'à la fin des années 2000. Deux partis alternaient au pouvoir (centre-gauche et centre droit) et réunissaient plus de 80% des voix depuis le début des années 80. Il y avait des éléments de crise politique qui étaient déjà à l'état latent. Cependant, ce qui est venu mettre brutalement un terme est la thérapie de choc appliquée à la Grèce.

Comme le précise la journaliste canadienne Naomi Klein dans de nombreux écrits, la seule originalité du cas grec est que c'est la première fois qu'une telle thérapie est appliquée à un pays occidental membre de l'Union européenne et de l'eurozone. Par contre, ces recettes ont déjà été appliquées par le FMI dans des pays du sud, et ont partout produit les mêmes résultats: les anciens systèmes politique se sont tous effondrés. En Amérique Latine, l'ensemble de l'ancien personnel politique qui a eu à gérer ce type de programme de réajustement structurel a été complètement balayé par ce processus. C'est pour ça qu'on se retrouve en Amérique Latine avec des gouvernements de gauche, anti libéraux. C'est ce qui se produit en Grèce sous nos yeux. 
Des tranches d’aides doivent encore être versées sous condition à la République hellénique. Peut-on s’attendre à plus de contestations dans le pays ?

Les nouvelles mesures du troisième mémorandum votées par le Parlement grec en novembre dernier vont entrer en application à compter de ce mois-ci. Elles prévoient de nouvelles mesures d'austérité (batterie de nouvelles taxes, réduction de salaires, …) et cela dans un climat où la récession et le chômage  a connu tout ce qu'on connaît en Europe occidentale depuis la fin de la guerre. Le cataclysme ne peut que s'approfondir, et une nouvelle série de réaction est  inévitable.

Par ailleurs, les tranches d'aide accordées à la Grèce évoquées dans la question ne vont pas dans l'économie du pays, ou les besoins de l'Etat et donc de la population. Ce sont des prêts, accordés pour rembourser d'autres prêts aux créanciers. 

Propos recueillis par Ann-Laure Bourgeois
Source : http://www.atlantico.fr/decryptage/et-economie-etait-pas-cause-tous-maux-grecs-stathis-kouvelakis-607655.html

Remède de Goldman Sachs pour la France : Baisser les revenus d'un tiers !


Goldman Sachs propose de baisser votre salaire… de 30%


de 

Goldman Sachs propose de baisser votre salaire… de 30%
Quand les banquiers de Goldman Sachs donnent leur avis sur les solutions miracles à prodiguer à la France pour enrayer la crise, cela fait… mal ! Huw Pill, économiste en chef de Goldman Sachs, l’une des banques d'investissement les plus prestigieuses et sulfureuses du monde –ce n’est pas pour rien qu’elle est surnommée le « diable de la finance »- a été interviewé par le Huffington Post. D’après lui, il faudrait purement et simplement baisser les salaires de tous les Français d’environ un tiers. Rien que ça !

Pour commencer, le « Monsieur Europe » de Goldman estime que, comparée à la Grèce, la France « a tout pour elle » mais qu’elle a deux (petits) problèmes : son « manque de compétitivité » et des « déséquilibres dans ses comptes ». Tiens donc ! Et qui grève les finances ? « Le secteur public », accusé d’être « bien trop important ». Les fonctionnaires apprécieront. Ceci dit, les dépenses de fonctionnement de l'Etat représentaient en effet 34,7% du total des dépenses en 2010 (contre 41% en 1960 !), soit le deuxième poste de dépenses derrière les prestations sociales (45,3% en 2010). 

Alors pour sortir du marasme dans lequel l’Hexagone se trouve, l’économiste a une idée : « une baisse des salaires générale », afin de « regagner de la compétitivité ». 3%, 5%, 10%... ? Non ! « On estime que la France devrait réduire sa moyenne salariale d’environ un tiers » explique celui qui travaille dans une entreprise où, comme le souligne Time to sign off, les bonus accordés en actions aux douze membres de l’équipe dirigeante ont dépassé les 102 millions de dollars en 2012, et où le salaire moyen annuel a dépassé les 410 000 dollars... soit  une augmentation de 9% en un an !

Pour autant, Huw Pill se dit « persuadé que la France peut se réformer », dans les « trois à cinq ans », et ainsi« prendre la bonne direction ».

Quant à la zone euro, elle devrait selon lui « connaître une contraction moins importante » cette année qu’en 2012, mais, prévient-il, les lendemains ne vont pas chanter tout de suite. 2016, il faudra attendre 2016 selon ses estimations « pour retrouver une croissance modeste ». Patience, donc ! « L’Europe va s’en sortir doucement, mais sûrement ». Si un expert de Goldman Sachs le dit, nous voilà rassurés…

Gérard Collomb et le "gouvernement de merde" : Ça ne s'arrange pas entre Solférino et la Province



Gérard Collomb est fâché. Le maire socialiste de Lyon en veut au gouvernement. C'est le mensuel Lyon Capitale qui le relate dans une brève : 
Je ne veux plus voir à Lyon un seul putain de ministre de ce gouvernement de merde !
Dans son édition de février 2013Lyon Capitale reproduit ainsi la colère de l'édile, auprès de sa secrétaire, précise le magazine, comme le remarquait @gbat12 sur Twitter : 




L'objet de son courroux ? 

La non-sélection de Lyon comme ville pour accueillir la Cité de la gastronomie. La Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires (MFPCA) a préconisé un réseau de trois villes pour mettre en place cette nouvelle institution : Dijon, Paris-Rungis et Tours. Un choix validé par le gouvernement. 

La candidature de Lyon a séduit les membres de la MFPCA, mais son projet ne répondait que "trop partiellement aux ambitions qu'aurait pu nourrir la première 'capitale mondiale de la gastronomie'".

Mais c'est une candidature qui peut être "repensée et refondée" dit la mission. Lyon ne doit donc "pas être exclue du schéma proposé, mais devrait faire l'objet d'une nouvelle réflexion".

Un strapontin qui met très en colère le maire de Lyon. Avant cela, Gérard Collomb était déjà parmi les élus socialistes critiques envers le gouvernement. En septembre dernier, il faisait la leçon à François Hollande et Jean-Marc Ayrault, en jugeant qu'il y avait "un problème de ligne et de pédagogie".
  
Par ailleurs, il est opposé au non-cumul des mandats, comme le souhaite pourtant le président de la République. 

Blocage complet des relations stratégiques entre la Russie et les USA


Anatomie du durcissement russe

Une nouvelle déclaration officielle russe confirme le blocage complet des relations stratégiques avec les USA, notamment sur la question fondamentale pour la Russie du réseau antimissile (BDM et BMDE). Cette déclaration est du plus modéré des dirigeants russes, le Premier ministre Medvedev, qui était interrogé sur CNN, lors de l’émission de Fareed ZakariasGPSRussia Today a extrait de ces déclarations, ce 28 janvier 2013, celles qui concernent ce point de litige fondamental des deux pays qu’est la question des antimissiles.
Ces déclarations n’apportent rien de nouveau mais elles fixent encore plus précisément la vigueur de la détérioration du climat entre les USA et la Russie, compte tenu encore une fois de la position habituelle de Medvedev. Malgré la modération de ton propre à Medvedev, qui n’oublie pas de saluer le nouveau traité START de limitation des armements, le constat du blocage complet et de la dangerosité de la situation pour la Russie est énoncé clairement. (L’on sait, comme on l’a déjà vu le22 janvier 2013, que ce traité est lui-même en danger si la situation n’évolue pas, que les Russes n’hésiteront pas à en sortir pour pouvoir renforcer leur arsenal offensif face à la pression que va faire peser sur eux le réseau antimissile lorsqu’il sera mis en place en Europe en 2015.)
…Mais au lieu de la Russie et des USA, on devrait parler d’une façon plus générale de la détérioration du climat, de façon plus générale, entre la Russie et les pays du bloc BAO, c’est-à-dire également avec l’Europe. Cette détérioration porte d’ailleurs sur bien plus que la question des antimissiles (qui concerne elle-même également mais indirectement l’Europe, en raison du déploiement à venir des antimissiles en Europe, comme on le voit également dans le même texte référencé du 22 janvier 2013).
La situation générale est très singulière, notamment du côté des Européens et de l’UE, à un point où l’on ne devrait pas hésiter à la qualifier de schizophrénique. Alors que la situation spécifique des relations avec la Russie continue à se dégrader, essentiellement à cause du comportement des pays du bloc BAO d’une façon systématique vis-à-vis de la Russie, les milieux européens qui sont comptables de cette politique s’inquiètent parallèlement de plus en plus vivement de cette détérioration et de ses conséquences. Il existe un courant favorable à des tentatives qui seraient développées pour tenter d’améliorer ce climat, ou tenter au moins de freiner sa dégradation. Des contacts très informels devraient être ou sont d’ores et déjà lancés entre les deux partenaires et, pour ce qui nous concerne ici comme sources de nos appréciations, entre Européens et Russes, essentiellement sinon exclusivement à l’initiative des Européens. Le côté européens est dans une position un peu différente de celle du côté US ; il n’y a pas entre les Européens et la Russie un énorme point de blocage comme celui des antimissiles entre la Russie et les USA, mais bien ce constat d’une dégradation irrésistible des relations qui semble être la conséquence d’un climat évoluant dans ce sens, sans que rien ne puisse sembler être fait contre cela. Ce qui nous intéresse ici est donc moins la teneur concrètes de ces éventuels contacts, la situation circonstanciée de ces très mauvaises relations, etc., que l’état d’esprit des Russes tel qu’il a pu être mesuré et constaté au cours de ces constats.
On fera principalement deux remarques à partir des impressions recueillies de diverses sources.
• La première concerne la position des Russes en général (là aussi, hors de toute question spécifique, – on parle bien de l’état d’esprit et de la position politique générale). Il semble bien se confirmer que l’on arrive à une situation de blocage qui ne tient pas précisément à l’un ou l’autre dossier (bien que le blocage existe bien entendu dans l’un ou l’autre dossier), mais qui concerne l’attitude générale des Russes. Il semble qu’un seuil ait été franchi, qui est celui de la perte complète de confiance des Russes dans leurs “partenaires” du bloc BAO. D’une façon générale ressort la complète lassitude des Russes devant le comportement de leurs interlocuteurs du bloc BAO, qui fait que, dans toute rencontre, dans toute négociation, l’intervention de ces interlocuteurs des Russes est sempiternellement introduite par une leçon infligée aux Russes, de bonnes manières démocratiques, de bonne morale et de respect des divers droits (ceux de l’homme en priorité, certes), accompagnée du conseil à peine voilé de la nécessité pour la Russie d’abandonner un régime quasi-dictatorial pour un comportement civilisé. Les Russes considèrent ces interventions, non seulement comme infondées par rapport aux situations respectives des divers interlocuteurs (la situation de la démocratie aux USA, par exemple, étant considérée souvent du côté russe comme plus mauvaise et plus corrompue que cette situation en Russie, et avec nombre d’excellentes raisons), mais en plus comme des cas flagrant d’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain.
• Subsiste plus que jamais, et même grandit jusqu’à créer, pour les Russes eux-mêmes, un problème d’une dimension considérable, la question de l’incompréhension totale où ces mêmes Russes se trouvent de la politique des pays du bloc BAO, et spécifiquement de l’Europe dans ce cas, dans le chef de son élaboration, de son développement, etc. Les Russes se posent ces questions et les posent à leurs interlocuteurs : “Mais qui élabore ces politiques foncièrement et très durement antirusses, et qui violent tous les usages entre nations souveraines” ? “D’où viennent ces politiques”  ? “Quelles en sont les causes et les fondements” ? Etc. Peut-être devrait-on citer, comme amorce de réponse qui n’éclaircit rien sur le fond bien entendu mais au moins mesure l'ampleur du problème, cette remarque faite dans notre texte du 25 janvier 2013, qui donne un certain éclairage à la situation extraordinaire où se trouve le bloc BAO d’une façon générale. Cette remarque concerne la politique interventionniste dans le cadre du “printemps arabe” du bloc BAO, mais elle pourrait parfaitement s’intégrer comme explication des questions posées ici concernant la politique russe du bloc BAO : «Il n’étonnera que ceux qui veulent bien l’être, ou ceux qui ignorent comment faire autrement que penser comme ils pensent, d’apprendre que quelques personnalités du plus haut niveau, [du bloc BAO], y compris pour quelques très rares exemples dans la diplomatie française, conçoivent sans hésiter que les politique du bloc BAO ne sont pas humainement élaborées mais bien le fruit d’une dynamique machiniste dont personne ne peut saisir les modalités de fonctionnement, et donc que personne ne peut modifier ou arrêter.» (Cette situation extraordinaire est bien entendu résumée par nous par le simple fait qu’il n’existe plus de politique spécifique dans les pays du bloc BAO, mais simplement l’entraînement irrésistible de ce que nous nommons la “politique-Système, voulue par le Système.)
On sait que les Russes se doutent de quelque chose dans ce sens, depuis un certain temps. En son temps (le 4 août 2008), Rogozine avait déjà exprimé certaines hypothèses à cet égard, en observant que la politique occidentale (bloc BAO) était menée par un système (qu’il désignait comme “le technologisme”) plutôt que par délibération rationnelle et volonté affirmées d’atteindre un but spécifique ; et aussi Lavrov, le 6 juin 2011, lorsqu’il affirmait à des journalistes : «We think our Western partners understand that the events in Libya are taking an undesirable turn, but the decisions that have been taken are continuing by momentum…» Poutine lui-même a déjà exprimé à diverses reprises sa perplexité devant cette “politique” qui semble ne répondre à aucun processus rationnel malgré certaines apparences, – par exemple lorsqu’il observait que la politique du bloc BAO recherchait en Libye et en Syrie le “regime change” mais qu’elle s’avérait finalement “coûteuse, inefficace et largement imprévisible”, c’est-à-dire informe et répondant finalement à d’autres impulsions, manifestement mystérieuses (voir le 5 mars 2012) :
Les Russes ont désormais bien compris cela : que la politique du bloc BAO n’est pas quelque chose de rationnel, qui puisse être compris, discutée, négociée, mais une sorte de phénomène qui semble échapper à ceux qui semblent la conduire. A côté de ce constat, il semble également évident que les Russes ont décidé qu’ils n’en subiraient plus sans broncher les conséquences qui sont pour eux des désagréments inacceptables, ni sans durcir eux-mêmes leur propre politique pour éviter ces désagréments. La question des relations entre le bloc BAO et la Russie est donc en train de s’installer dans une situation de type crisique très aigue, comme quelque chose qui ressemble à une crise endémique comptable d’une tension grandissante et soumise à toutes les possibilités d’explosion selon les circonstances.