vendredi 17 août 2012

Des enfants travaillent au coeur de Paris


 Travail clandestin d’enfants au coeur de Paris

Une boutique de luxe qui vend des chaussons de danse chic. L’inspecteur du travail demande comment le catalogue de promotion publicitaire des produits est fabriqué. On lui explique que la société fait elle-même les photos pour ses catalogues, par des séances, avec des photographes et des studios engagés et loués par ses soins, à partir de jeunes modèles sélectionnés… sur leur bonne mine et selon la bienveillance des clients parents.
Comment une maison aussi réputée peut-elle violer un droit aussi fondamental que celui concernant le travail des enfants ? Il apparaît que c’était une pratique ancienne et persistante chez eux. Pourtant chacun sait depuis le célèbre « bébé Cadum » que ce travail est extrêmement réglementé : autorisations préalables, passage par des agences agréées, contrôle contre les employeurs et parents abusifs. Là rien de tout ça : l’inspecteur découvre des listings de petites filles, avec des annotations manuelles sur leurs caractéristiques physiques, sur les séances photographies et même un synopsis de film tourné en « deux jours » avec des scènes bien précises :

Extraits :
« Le visage angélique de la petite fille apparaît… Elle se dirige immédiatement à l’une des barres ou d’autres petites filles sont déjà alignées » « Le professeur s‘approche de l’une d’elles et la redresse avant qu’elle ne tombe… » « Nous remontons le long des jambes pour découvrir une danseuse d’une dizaine d’années… ; » « Son visage juvénile est éprouvé par l’effort et la concentration… » « On finit sur le visage de la jeune fille exténuée »
Ce n’est pas un petit tournage, mais un travail de professionnels. Sans professionnelles !
Car le droit des enfants a été totalement violé ! Il n’y a pas eu de déclaration préalable à l’embauche, pas de passage par une agence agréée pour le travail des enfants, pas de demande d’autorisation auprès des services publics de contrôle concernés, le travail est demeuré dissimulé de bout en bout, il n’y a pas eu de bulletin de paie, les enfants ont été spoliés d’éléments de salaires qui devaient être conservés jusqu’à leur majorité, ils n’ont pas suivi de visites médicales, la durée du travail a dépassé ce qui est autorisé pour des enfants de cet âge. L’entreprise a réalisé de solides économies d’agences, de gestion, de salaires, de cotisations sociales, en pratiquant ainsi. les enfants sont payés en “bons d’achat” maison ! Ceci existe en plein coeur de Paris, dans une entreprise riche et connue !
C’est devenu à la mode chez les patrons : le responsable de l’entreprise tente de discréditer la visite de l’inspecteur contraint, sinon il devenait l’accusé, de rétablir point par point la légalité de ses contrôles. Au lieu de reconnaître les faits, l’employeur tente de les nier, puis de les minorer, se déclarant « surpris », allant jusqu’à feindre l’ignorance des lois et s’étonnant de se voir poursuivi.

Chronique « au boulot » HD n°93 : travail clandestin d’enfants au coeur de Paris – Le blog de Gérard Filoche

Israël se suiciderai en attaquant unilatéralement l' Iran


Guerre contre l’Iran : Israël se prépare au suicide


Ce n’est plus une prédiction enflammée de quelques complotistes en mal de sensations. Mais la déclaration résolue de Matan Vilnaï, ministre israélien de la Défense civile : oui, les autorités politiques d’Israël préparent bien à une guerre contre l’Iran. Un assaut qui surviendrait avant l’élection présidentielle américaine de novembre, à travers une attaque des sites nucléaires iraniens.



Préparer la population

Préparer une guerre, c’est d’abord préparer sa population aux conséquences qu’elle devra subir. Et accepter. Matan Vilnaï, interviewé par le quotidien israélien Maariv :

« Je m’attends à ce que des centaines de missiles s’abattent quotidiennement sur les villes israéliennes et fassent jusqu’à 500 morts. Il pourrait y en avoir moins ou plus, mais c’est le scénario auquel nous nous préparons. »

Mais aucune raison de s’inquiéter selon le ministre :

« Il n’y a aucune forme d’hystérie, la Défense passive israélienne est prête comme jamais auparavant. Tout comme les Japonais sont prêts à être frappés par un tremblement de terre, les Israéliens doivent réaliser que quiconque vit dans ce pays doit s’attendre à des tirs de missiles sur le territoire hébreu. »

La nouvelle fait le tour des rédactions sans que quiconque ne s’en formalise vraiment. Les autorités américaines regardent ailleurs en affirmant que les négociations continuent. Et les 200 pacifistes israéliens qui allèrent protester dimanche soir à Tel Aviv devaient se sentir bien seuls. Bref, tout est fin prêt pour un grand raout final bien saignant.

La damnation du lemming humain

Fidèle à sa stratégie compulsive du lemming, ce petit mammifère qui, dit (faussement) la légende, se précipitait en troupeau du haut des falaises norvégiennes en un suicide collectif, Israël, tête de pont moyen-oriental d’un empire occidental en pleine dissolution, s’apprête à franchir (réellement) le pas ultime d’une fuite en avant suicidaire, à commettre l’irréparable.

Non pas que l’on puisse dédouaner l’Iran de ses troubles intentions, ni attendre de ce pays sous férule islamique une capacité à lui seul de réagir et d’enrayer les velléités belliqueuses d’Israël. Mais par l’engrenage meurtrier dans lequel un Etat, issu d’une innommable et insupportable Shoah, est en train de sombrer.

Faut-il rappeler à nos amis israéliens, ou américains – oui, oui, je dis bien, et sans arrière-pensées, « amis », comme je peux dire « amis iraniens » – que rarement dans toute l’histoire de l’humanité un agresseur ne sortit durablement vainqueur du conflit qu’il avait engagé. Cela va de Napoléon à Hitler, du Vietnam des Américains à l’Afghanistan des Soviétiques ou de l’Otan.

Mais est-il encore utile d’en appeler à la raison ? Derrière la froideur clinique de leurs propos, les autorités israéliennes et américaines, tout comme celles du camp d’en face, sont probablement déjà dépassées par les calamités qu’elles sont en train de mettre en branle.

« Le cerveau de l’homme, c’est trois cerveaux superposés : le cerveau reptilien qui déclenche les comportements de survie immédiate, le cerveau de l’affectivité, le cortex cérébral.

Les deux premiers fonctionnent de façon inconsciente. Nous ne savons pas ce qu’ils nous font faire… Le troisième fournit un langage explicatif qui donne toujours une excuse, un alibi au fonctionnement inconscient des deux premiers. » (Henri Laborit).

Israël se prépare bien à une guerre contre l'Iran – Metro

Guerre contre l’Iran : Israël se prépare au suicide | Le Yéti, voyageur à domicile | Rue89 Les blogs

La France avait tous les moyens de ne pas capituler en juin 1940


1940, et si la France avait continué la guerre...


 Victime d’une «attaque» dans la nuit du 12 au 13 juin 1940, le maréchal Pétain est mort le 7 septembre 1940, à l’hôpital parisien de la Salpêtrière, sans jamais avoir retrouvé ses fonctions cérébrales normales. Ainsi, le vainqueur de Verdun n’a pas pu voir la France continuer la guerre contre l’Allemagne et l’Italie, aux côtés du Royaume-Uni. Il n’a pu que comprendre sa propre défaite politique, lors d’un Conseil des ministres particulièrement houleux, au château de Cangé près de Tours, le 12 juin au soir, alors que le gouvernement avait déjà évacué Paris.

Vice-président du Conseil, Pétain estime alors que «la France a perdu la guerre et [qu’]il faut cesser le combat» car «la poursuite du conflit serait fatale au pays». Il se heurte à la vive opposition du président du Conseil, Paul Reynaud, soutenu par son ministre de l’Intérieur, Georges Mandel, et son sous-secrétaire d’Etat à la Guerre, Charles de Gaulle. Le ton monte. Peu après minuit, Pétain propose au président Lebrun de former, dès le lendemain, un nouveau cabinet et d’ouvrir aussitôt les «négociations» avec l’Allemagne pour «obtenir de l’ennemi une paix dans l’honneur». Pour Paul Reynaud, une telle proposition relève de la «haute trahison» et la police reçoit l’ordre d’arrêter aussitôt le maréchal. Le vieillard (84 ans) sort de la salle du Conseil, sous le choc. Il sera victime d’un accident cérébral vasculaire dans la nuit. Avant de se séparer à 1 h 35, le 13 juin, le gouvernement Reynaud est remanié. Les partisans de l’armistice s’en vont. Le socialiste Léon Blum est nommé vice-président du Conseil au côté de Georges Mandel. Le général De Gaulle devient ministre de la Défense nationale. La guerre continue.

Vous l’aurez compris, il s’agit d’une fiction (1). Malheureusement… Les spécialistes appellent cela une uchronie, un genre littéraire qui repose sur une réécriture de l’histoire à partir d’un «point de divergence». Un genre historique, aussi, même s’il est peu fréquenté en France (2). Les Britanniques en sont les maîtres sous le nom d’histoire «contre-factuelle» ou «alternative». Outre-Manche, des universitaires très sérieux se posent des questions comme : que serait-il passé si l’Invincible Armada espagnole l’avait emporté contre la flotte anglaise ? Si Napoléon avait triomphé à Waterloo ? Si les colonies d’Amérique n’étaient pas devenues indépendantes ? Si les Allemands avaient gagné la Première Guerre mondiale ? «What if ?», se demandent-ils. Il ne s’agit pas de romans, au sens où seule l’imagination serait à l’œuvre, mais d’études extrêmement sérieuses sur les scénarios possibles. Evidemment, plus on s’éloigne du «point de divergence», plus la fiction règne.

Depuis plusieurs années, une équipe française se confronte au tournant de mai-juin 1940. Elle nous livre aujourd’hui la première partie de ces travaux sous la forme d’un ouvrage : 1940. Et si la France avait continué la guerre…, chez Tallandier. Un jeu intellectuel ? Pas seulement. «Nous voulions répondre à l’idéologie dominante sur 1940. Car, ainsi que le dit l’historien américain Robert Paxton, Vichy a finalement gagné la bataille de la mémoire - en parvenant à convaincre nos contemporains que la IIIe République ne pouvait qu’aboutir à la déroute. Nous pensons qu’un autre futur était possible», assure Jacques Sapir, l’un des promoteurs de ce projet. «La France aurait pu rester dans la guerre. Au sein du gouvernement, une majorité était pour la poursuite, mais ils ont fini par céder à l’intimidation de Pétain et Weygand», le commandant en chef des armées. Ce tournant politique, lors du Conseil des ministres du 16 juin (et non du 12, comme dans l’uchronie), a été récemment raconté par l’historien Eric Roussel (3). Au sujet de la nomination du maréchal Pétain, l’historien se demandait «par quelle aberration le président de la République [Albert Lebrun, ndlr] et le président du Conseil [Paul Reynaud], tous deux hostiles à l’armistice, après avoir consulté le président du Sénat [Jules Jeanneney] et le président de la Chambre des députés [Edouard Herriot], également opposés à toute faiblesse, appelèrent au pouvoir l’homme dont ils savaient que le premier geste serait de prendre contact avec l’Allemagne».

Le cauchemard de Hitler
D’une telle «aberration», il n’est pas question dans Et si la France… Pétain sur la touche, que se passe-t-il ? A la mi-juin 1940, il est trop tard pour redresser la situation militaire. La Bataille de France est perdue. «L’armée française était stratégiquement battue, mais pas tactiquement en déroute», explique Jacques Sapir. Les combats pouvaient donc se poursuivre encore quelques semaines, d’autant que l’armée allemande commençait à rencontrer de sérieux problèmes logistiques, à cause de l’élongation de ses lignes vers le sud et l’ouest de la France. «L’idée d’une France ne capitulant pas était le cauchemar de Hitler», affirment les auteurs sur la base des travaux récents d’historiens militaires allemands. Pour arriver jusqu’à la Méditerranée, les troupes allemandes auraient dû mener encore de longs et durs combats - d’autant qu’on sait aujourd’hui que la Blitzkrieg (guerre éclair) relève davantage de la propagande de Goebbels que de la réalité militaire.

La France glorieuse
L’uchronie fixe au 7 août 1940 la fin de la Bataille de France, avec la prise de Port-Vendres dans les Pyrénées-Orientales. Durant ces huit semaines supplémentaires de guerre, provoquées par ce que les historiens ont appelé le «Sursaut», le gouvernement français a organisé le «Grand Déménagement», c’est-à-dire le transfert d’hommes, d’armes et d’équipement en Angleterre et surtout en Afrique du nord. Plus d’un demi-million de soldats français y sont rassemblés, ainsi que des Polonais et des Belges. Parmi les moyens évacués de métropole, des savants, du matériel de laboratoire et de l’eau lourde. Ils serviront de point de départ au programme «Concorde», qui aboutira, avec Londres et Washington, à la production d’une arme nucléaire. D’Afrique du Nord, le combat continue contre l’Axe, aux côtés de la Grande-Bretagne.

1940 : only the beginning
Les auteurs ne racontent pas seulement l’année 1940. Français et Britanniques, appuyés par ce qui reste des armées polonaises et belges, s’en prennent à l’Italie fasciste. Le 14 juillet, l’armée française lance l’opération Scipion à partir de l’Afrique du nord, qui va aboutir à la conquête de la Libye, alors colonie italienne. Un officier français s’y illustrera : un certain Philippe de Hautecloque, dit «Leclerc». Puis, en septembre, c’est l’opération Marignan, le débarquement en Sardaigne. Tous ces combats sont décrits avec force détails, en tenant compte des capacités techniques et logistiques de l’époque. Une sorte de Kriegspiel (jeu de guerre) très réaliste.

«Nos premiers scénarios ont d’ailleurs été testés sur les ordinateurs du centre de simulation des armées, avec l’aide de jeunes officiers», confie Jacques Sapir.

Le projet date de 2004 et il est, à l’origine, le fruit de la collaboration de deux équipes (française et australienne) qui se sont constituées sur des forums internet spécialisés. Le scénario s’élabore progressivement sur le Web, grâce au site http://www.1940lafrancecontinue.org/, miroir en français de «Fantasque Time Line». Dans la version numérique, les textes sont légèrement différents, avec notamment la présence de personnages de fiction que l’on ne retrouve pas dans le livre. Surtout, le projet est beaucoup plus avancé dans le temps, puisque les auteurs en sont déjà au mois de novembre 1942, alors que l’ouvrage s’arrête brutalement le 31 décembre 1940.

Les auteurs espèrent pouvoir publier la suite de leur uchronie, dont ils commencent à envisager l’issue : une victoire alliée en Europe fin 1944 - après un débarquement en septembre 1943. Et en Asie, une défaite du Japon à la même date que dans la véritable histoire mais dans des conditions différentes, suite à l’entrée en guerre plus rapide de l’URSS.

L’équipe française rassemble une douzaine de participants, dont Frank Stora, spécialiste des Wargames, Loïc Mahé, un informaticien, et le maître d’œuvre intellectuel, l’économiste Jacques Sapir. Chercheur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Jacques Sapir est passionné de stratégie et d’histoire militaire, en particulier celle de l’Union soviétique. Il a beaucoup travaillé sur la méthodologie de l’élaboration du scénario : «Nous avons introduit la notion de réalisme décisionnel. Il s’agit de se mettre dans la peau des décideurs de l’époque et de tenir compte de leurs capacités à évoluer. Ou pas.» Les lions ne deviennent pas des ânes - et inversement - au gré de la fantaisie des auteurs. Ainsi, les «collabos», quoique privés de la figure du maréchal Pétain, vont bien collaborer en formant, le 13 août, un gouvernement sous la présidence de Pierre Laval. On y retrouve Doriot, Déat, Bergery, qui, très vite, se divisent et s’affrontent.

Pour nourrir son «réalisme décisionnel», Jacques Sapir a mis à contribution des historiens de premier plan, dont Ian Kershaw, le grand biographe de Hitler. Très familier du monde russe, Sapir s’est fait ouvrir des archives à Moscou, travaille avec des experts italiens et connaît parfaitement les capacités de l’industrie américaine de l’époque.

Ce savoir académique n’empêche pas la présence de bonnes trouvailles romanesques. Ainsi, le «point de divergence» initial trouve son origine anecdotique dans la mort prématurée d’Hélène de Portes, la maîtresse de Paul Reynaud, aussi influente qu’hostile à la poursuite de la guerre. Dans l’histoire vraie, elle meurt dans un accident de voiture, le 28 juin. Dans le livre, c’est le 6 juin, place de l’Alma… Quant à la journée du 18 juin, elle est «marquée par un curieux incident» : «Un journaliste de la radio nationale vient informer le général De Gaulle qu’on l’attend en studio pour son intervention.» De Gaulle est surpris : «J’ai dit le 14 à la France ce que j’avais à lui dire. Pourquoi voulez-vous que je parle aujourd’hui ? Pour l’anniversaire de Waterloo ?» Comme le constatent les auteurs : «On ignorera toujours l’origine de ce malentendu.»

1941-1942, et si la France avait continué la guerre


(1)  «1940. Et si la France avait continué la guerre…», sous la direction de Jacques Sapir, Frank Stora, Loïc Mahé, Ed. Tallandier, 2010.

(2) Fabrice d’Almeida et Anthony Rowley, «Et si on refaisait l’histoire», Odile Jacob, 2009.

(3) Eric Roussel, «le Naufrage», Gallimard, 2009. «Libération» du 26 novembre 2009.

[Cet article est également paru dans Libération du 3 juin]

Les fruits et légumes mutants de Fukushima






                                                            C'est un jardin extraordinaire !

Pour la Finlande l' Euro c'est fini





Le ministre finlandais des Affaires étrangères Erkki Tuomioja, cité vendredi par le Daily Telegraph, estime que les dirigeants européens doivent se préparer à la possibilité d'un éclatement de la zone euro. 

Un éclatement de la zone euro est une possibilité à laquelle il faut se préparer, a déclaré vendredi le ministre finlandais des Affaires étrangères, tandis que son homologue autrichien préconise l'expulsion des Etats membres qui ne respectent pas leurs engagements.

Helsinki a élaboré un "plan opérationnel" pour parer à toute éventualité en cas de disparition de la monnaie unique, a déclaré le chef de la diplomatie finlandaise Erkki Tuomioja, cité vendredi dans le Daily Telegraph britannique.

"C'est quelque chose que personne ne préconise en Finlande - même les Vrais Finnois (parti d'opposition eurosceptique, NLDR) - surtout pas le gouvernement. Mais nous devons nous y préparer", a-t-il dit, ajoutant qu'il y a au niveau européen "un consensus pour dire qu'un éclatement de la zone euro pourrait être plus coûteux à court et moyen terme qu'une gestion de la crise".

Dans la foulée de ces propos, son collègue des Affaires européennes Alexander Stubb a cependant déclaré à Reuters qu'Helsinki était "engagé à 100%" dans l'euro.

"Je veux dire clairement que les spéculations du ministre des Affaires étrangères ne reflètent pas la position du gouvernement", a-t-il dit.

Alexander Stubb est une proche allié du Premier ministre Jyrki Katainen. Les deux hommes appartiennent à la Coalition nationale, première formation politique du pays qui affiche ses convictions en faveur de l'euro.

Erkki Tuomioja est membre du Parti social démocrate, le deuxième plus important représenté au gouvernement finlandais, qui exige de strictes contreparties en échange des aides internationales accordées au pays en difficulté.

"CAMISOLE DE FORCE"

Pour sauver la monnaie unique, le chef de la diplomatie autrichienne plaide de son côté pour un mécanisme qui permettrait l'expulsion de la zone euro des pays qui ne respectent pas les objectifs de déficit budgétaire.

"Il faut que nous ayons la possibilité d'éjecter de l'union monétaire (...) les pays qui ne tiennent pas leurs engagements", dit Michael Spindelegger dans un entretien publié vendredi par le journal autrichien Kurier.

Cette idée, ajoute-t-il, a été discutée entre dirigeants européens et bénéficierait du soutien de pays comme l'Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Finlande, les quatre derniers pays de la zone euro bénéficiant encore d'une note de crédit triple A de la part des trois principales agences de notation.

A la question de savoir s'il visait spécifiquement la Grèce, le ministre autrichien a répondu : "Si une telle règle existait, on aurait déjà eu à en tirer les conséquences."

En octobre 2009, le nouveau gouvernement grec a reconnu que le déficit budgétaire était de 13% du produit intérieur brut et non 6% comme Athènes l'avait jusqu'alors assuré, marquant le début de la crise de la dette.

Michael Spindelegger distingue la situation de la Grèce de celle de l'Espagne, qui pourrait devenir le prochain pays à solliciter un plan de sauvetage international après celui accordé à ses banques.

"Il y a eu un éclatement de la bulle immobilière là-bas, mais les Espagnols ne nous ont pas trompés", dit-il.

Les propos de Michael Spindelegger, qui font écho à ceux de la ministre des Finances Maria Fekter, autre membre éminente du Parti populaire autrichien.

Illustration d'un sentiment hostile dans les pays les plus riches d'Europe pour les pays du sud de la zone euro fragilisés, le chef du parti des Vrais Finnois, également cité dans le Daily Telegraph, affirme que les contribuables finlandais sont furieux.

"Il n'y a pas de règle sur la façon de sortir de l'euro, mais ce n'est qu'une question de temps. Le Nord ou le Sud va quitter (la zone euro) parce que cette camisole de force plonge des millions de gens dans la misère et détruit l'avenir de l'Europe", dit Timo Soini.

"C'est une catastrophe absolue. Nous allons nous retrouver sur la paille au train où vont les choses. Mais aucun pays en Europe ne veut être le premier à sortir de l'euro et à supporter seul les critiques."

La Finlande, dont un veto pourrait bloquer tout nouveau plan de sauvetage européen, a insisté pour que les aides à la Grèce et aux banques espagnoles ne soient pas inconditionnelles.

La Finlande se prépare à un éclatement de la zone euro


L’intervention en Syrie : un échec avant même d'avoir débuté




Des dizaines de milliers de soldats nécessaire !
L’évaluation que rapporte Reuters, ce 17 août 2012, porte d’une façon spécifique, non sur une intervention étrangère en Syrie de type “classique”, mais sur une intervention qu’on jugerait “partielle”, pour s’assurer des armes chimiques et biologique syriennes. Mais, compte tenu des circonstances actuelles, on doit considérer qu’il s’agit du cas typique d’une intervention “étrangère” (dito, du bloc BAO) en Syrie, selon un processus d’engrenage qui s’envisage presque automatiquement. Pour l’instant, toute possibilité d’“intervention humanitaire” (terme convenu) pour assurer une no-fly zone, avec ce que cela suppose d’ambiguïtés, est hors de question en raison de la situation opérationnelle et de l’incapacité des “rebelles” de préparer le terrain à une telle possibilité. Le cas envisagé est celui de l’urgence et porte sur la sureté des armes chimiques et biologiques, et il présuppose l’hypothèse agitée et chaleureusement souhaitée depuis longtemps par le bloc BAO de l’effondrement du régime Assad. C’est dire si nous sommes dans le champ théorique par rapport à la vérité de la situation. Cette option d’urgence implique effectivement une intervention d’abord pour s’assurer le contrôle des armements chimiques, ce qui suppose également un rétablissement de l’ordre et un contrôle de la situation, au moins d’une partie du pays (là aussi, il s’agit d’un aspect complètement hypothétique, quant à l’extension des zones devant être contrôlées).

Le scénario du pire
Reuters indique que des discussions secrètes ont lieu entre alliés (bloc BAO) et pays limitrophes de la Syrie pour ce cas d’une invasion, le “worst-case scenario”. Il n’y a aucune précision concernant les pays éventuellement impliqués dans une telle opération théorique.

«A U.S. official, speaking on condition of anonymity to explain the sensitive discussions, said the United States still had no plans to put boots on the ground in Syria. […] “There is not a imminent plan to deploy ground forces. This is, in fact, a worst-case scenario,” the official said, adding U.S. forces would likely play a role in such a mission.

»Two diplomatic sources, also speaking on condition of anonymity, said as many as 50,000 or 60,000 ground forces may be needed if officials' worst fears are realized, plus additional support forces. Even a force of 60,000 troops, however, would not be large enough for peacekeeping and would only be the amount required to secure the weapons sites – despite some of the appearances of a Iraq-style occupation force, the diplomatic sources cautioned… […]

»While there is no complete accounting of Syria's unconventional weapons, it is widely believed to have stockpiles of nerve agents such as VX, sarin and tabun. The U.S. official said there were potentially dozens of chemical and biological weapons sites scattered around the country. Securing them could not be left to an aerial bombing, which could lead to the dispersion of those agents, the official said. “There could be second-order effects that could be extremely problematic,” the official said of aerial bombing.»


Les armes de destruction massive (encore!)
Le scénario nous est présenté comme celui de la sûreté de ces armes dites de “destruction massive” (ADM), donc un scénario limité même si c’est le pire envisagé (“worst-case scenario”). Il est tout à fait raisonnable d’envisager qu’un tel scénario conduirait nécessairement à une extension graduelle de l’engagement, ne serait-ce que par la pression des circonstances puisqu’il s’agirait d’une Syrie plongée dans le chaos ; les pressions, humanitaires et autres, seraient très fortes pour approfondir l’engagement et étendre la mission à un rétablissement de l’ordre et à l’établissement d’une nouvelle structure d’État, selon illusions et les thèses inteerventionnistes en cours dans les pays di bloc BAO. Notre “worst-case scenario” à nous, ce serait donc le “worst-case scenario” concernant les ADM, étendu aux autres aspects du chaos dans le pays, et donc conduisant cahin-caha, mais plutôt vite, vers une intervention totale. C’est dire si l’hypothèse des 50.000-60.000 hommes est une hypothèse minimale pour un engagement conséquent, – ce que laissent d’ailleurs entendre les diplomates consultés.

On voit donc dans quelles limites les planificateurs raisonnent… Les 50.000-60.000 hommes de l’option minimale du “worst-case scenario” figurent les forces sur le terrain, chiffre qu’il faut donc au moins tripler pour y inclure toutes les structures de soutien logistique en tous genres. Un élargissement de la mission impliquerait un renforcement à mesure des forces impliquées, conduisant à un doublement, sinon plus, de ces forces qui seraient effectivement engagées. Cela signifie des engagements majeurs de pays limitrophes autant que de forces de pays BAO plus lointains, et, également, des USA, pour une mission qui ne serait plus très loin d’approcher les engagements en Irak et en Afghanistan. Le cœur de la mission restant la sûreté des ADM, il y aurait en effet une nécessité de participation de forces US (et israéliennes), par les exigences de ces pays pour le contrôle direct de ces armes. D’autre part, en fonction des chiffres avancés, il y aurait également une nécessité de participation importante des forces turques notamment, et il se existerait des problèmes potentiels entre les Turcs et les Israéliens dont les rapports restent très tendus. C’est une question qui est rarement évoquée, mais la concurrence entre Turcs et Israéliens, depuis la rupture de 2009, subsiste et porte, du côté israélien, sur tous les efforts possibles pour que les forces turques soient le moins possible équipées d’armes “spéciales”, dont les ADM syriennes font partie.

Ainsi commence-t-on à mesurer ce que serait une intervention en Syrie si elle avait jamais lieu… Pour cette raison, on mettra l’accent essentiellement sur ce “jamais”, dans un sens prévisionnel, tant les conditions envisagées vont conduire tous les participants éventuels et leurs chefs militaires à accentuer encore leurs efforts pour tenter par tous les moyens d’écarter la nécessité d’une intervention. Certaines déclarations commencent à montrer, involontairement, la considération secrète qui pourrait sans doute exister de plus en plus nettement, que l’insupportable gouvernement Assad, qui doit tomber tous les matins, qui aurait déjà du tomber depuis longtemps, serait finalement aussi bien là où il est pour assurer la sécurité de ces choses (les ADM notamment) qu’on ne voudrait pas voir se répandre dans la nature ou entre des mains finalement incertaines ; ainsi est-il finalement étrange, ou bien moins étrange qu’il n’y paraît, d’entendre le porte-parole de la Maison-Blanche (à propos de cette planification en cours) faire une déclaration où il admoneste le gouvernement Assad pour qu’il assume avec brio et sérieux ses responsabilités de gouvernement : «In addition to monitoring their stockpiles, we are actively consulting with Syria's neighbors – and our friends in the international community – to underscore our common concern about the security of these weapons, and the Syrian government's obligation to secure them…»
Dedefensa.org : Avant d’exister, l’intervention en Syrie est déjà un bourbier

Mis en ligne le 17 août 2012 à 12H18



Nucléaire iranien : mourir pour la Mecque ?


TOUTES LES ROUTES (DE LA GUERRE) MÈNENT À LA MECQUE




par Pepe Escobar pour Asia Times
Asia Times Online :: All (war) roads lead to Mecca


Ce fut sans doute ENORME. Tout le monde et son voisin étaient là. L’émir du Qatar, le président Morsi de l’Égypte, le président Gül de Turquie, Mahmoud Abbas de l’Autorité palestinienne, Hamid Karzaï l’Afghan, le président Asif Ali Zardari du Pakistan, Moncef Marzouki le nouveau leader tunisien, le roi Abdallah de Jordanie, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad lui-même. Les 57 Etats membres – de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) – qui représentent pas moins de 1,5 milliard de musulmans dans le monde.

Arab News n’a pas pas résisté a obséquieusement cirer les pompes. Nous y voilà…

« A la Mecque, la nuit dernière la Kaaba et la Grande Mosquée étaient baignées de vives lumières. La Tour de l’Horloge géante brillait de ses feux verts par une nuit claire sans lune. Alors que la voix réconfortante du muezzin résonnait dans la ville montagneuse de Isha, les dirigeants du monde [musulman], siégeant au Palais Al-Safa jouxtant la Grande Mosquée, puis ont réitéré Allah-o-Akbar après lui. »

Allah Akbar en effet – et puis ont filé tout droit aux affaires auxquelles ces « dirigeants » excellent : se quereller – et suspendre la Syrie de l’OCI. Voilà pour l’idée générale parrainée par le « leader respecté du monde islamique », le gardien des Deux Saintes Mosquées « le roi Abdullah » dans la façon « d’unifier et de renforcer le monde musulman face à la crise qui le déchire. »

Mais concrètement les véritables questionnements – inaccessibles au commun des mortels – étaient de quoi les Saoudiens, les Iraniens et les Turcs ont effectivement débattus derrière ces portes à la Mecque, après que le muezzin à la voix chaleureuse se mit au lit.

Pour la séance, les notables de la Mecque ont adopté trois résolutions. Ils ont suspendu la Syrie; reconnu la Palestine en tant qu’Etat souverain (une fois de plus, notez que la Palestine a été traitée comme une question secondaire), et a défendu la cause des Rohingyas au Myanmar (l’armée de Naypyidaw n’a pas du vraiment trembler dans ses bottes).

Le spectacle du gardien

Ce que le « gardien des Deux Saintes Mosquées » semble avoir perpétré est un avisé coup de com’ dans la pure tradition de Washington. Il a évidemment fait asseoir Ahmadinejad à sa gauche et l’émir du Qatar à sa droite. Le message adressé, de ce triumvirat était – deux puissances sunnites wahhabites, une chiite khomeyniste – décideront de l’avenir du Moyen-Orient. Nous – les wahhabites – n’avons pas l’intention d’anéantir ces infidèles chiites.

Pas si vite. Mon collègue Kaveh Afrasiabi a soutenu que Téhéran était peut-être tombé dans un piège, qu’ils s’attendaient à un véritable effort de médiation et de dialogue au lieu de la prioritaire question de – la suspension et de l’éventuelle expulsion de leur allié, la Syrie (Voir Saudis use summit to isolate Syria, Iran, Asia Times Online, 15 Août, 2012).

Derrière les manigances sirupeuses, le fait est que la Maison des Saoud et Téhéran n’ont pas – et ne peuvent pas – être d’accord sur quoi que ce soit, ce qui sonnerait plutôt comme un « parlons toujours » – une version de la Mecque du bon vieux téléphone rouge USA-URSS. Le « gardien » a appelé à « la solidarité, à la tolérance et à la modération »; difficile de voir cela concrètement vu que la Maison des Saoud – et le Qatar – militarisent les gangs de rue et toute une panoplie de joyeux coupeurs de tête djihadistes salafistes en Syrie.

L’OCI a défendu dans son ensemble « l’intégrité, l’unité, la souveraineté et l’indépendance territoriale » de la Syrie, exactement comme la Maison des Saoud et le Qatar font tout ce qu’ils peuvent pour laminer tout ceci. Voici l’OCI comme une extension du Conseil de Coopération du Golfe dirigé par l’Arabie (les autres membres étant le Bahreïn, le Koweït, Oman, Qatar et Émirats arabes unis). Un petit nombre de pays – d’Asie du Sud à l’Afrique – sont très mal à l’aise avec toute cette affaire, mais le mot de la fin revient au « gardien ».

Le « gardien » veut aussi mettre en place un « centre de dialogue » à Riyad. Le verdict est ouvert à savoir si ce centre se penchera sur qui est vraiment responsable de ce qui est maintenant pratiquement une guerre entre sunnites et chiites à travers toute la Oummah. Imaginez si un centre comme celui-ci tirait la conclusion que les protestations au Bahreïn étaient légitimes; aussi légitime que les manifestations dans la province orientale de l’Arabie Saoudite. Et aussi légitime que ce qui s’est passé l’an dernier au Caire sur la place Tahrir (tout le monde se souvient de la grande panique de la Maison des Saoud ralliée à l’Egyptien Hosni Moubarak alors qu’il était défié par des dizaines de jeunes citadins).

Le « gardien » dit aussi, « La nation islamique vit dans une Etat de sédition et de désunion qui ont ensanglanté son peuple en ce mois sacré dans de nombreuses régions de notre monde islamique »

Sur la sédition – fitna en arabe – il est impensable que le « gardien » et sa coquette Maison des princes Saoud ne soient pas familiers avec le plan Yinon [1] et d’innombrables autres, dont la règle de base est exactement de diviser et exhorter à une interminable guerre entre sunnites et chiites, avec un casting de subdivisions tels que musulmans contre chrétiens, Arabes contre Perses, Turcs contre Perses, Arabes contre Turcs et, pourquoi pas, Kurdes contre Turcs.

C’est exactement ce qui se passe à l’instar de la Syrie – intentionnellement ou pas – avec le blowback de la guerre par procuration.

Pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups ?


Ainsi, le « gardien » semble avoir vendu l’idée que l’Iran et le CCG parlementent – alors que littéralement ils s’entre-déchirent. Mais l’ordre du jour de la Maison des Saoud reste extrêmement délicat, elle ne peut rêver d’un Iran éclaté, mais plus certainement d’un Iran affaibli, que ce soit par des années de sanctions occidentales ou par une éventuelle attaque israélienne. Ce n’est un secret pour personne que le CCG souhaiterait vraiment qu’Israël attaque l’Iran, il pourrait alors profiter des avantages d’un pouvoir chiite affaibli de l’intérieur, ravir un pouvoir régional, tout en condamnant publiquement l’agression unilatérale d’Israël.

Cette farce, de toute façon, est loin d’être terminée. La suite se déroulera plus tard ce mois-ci, Téhéran a invité le « gardien » pour le Mouvement des pays non-alignés (MNA). Voyons si la Maison des Saoud, le CCG et l’Iran seront vraiment prêts à mettre fin à la fitna bien au-delà d’une séance de photos. Rien n’indique encore que les « dirigeants » des 1,5 milliard de musulmans accorderont leurs violons. Pas même Dieu lui-même ne leur fera voir ce jour.

Pepe Escobar
Toutes les routes (de la guerre) mènent à la Mecque | MecanoBlog

L'Epée de Nétanyahou suspendue au dessus de la paix mondiale


Les menaces d'Israël génèrent un conflit régional


Selon l'estimation du ministre de la Défense américain Leon Panetta, Israël n'a pas encore pris la décision d'attaquer les installations nucléaires de l'Iran, bien que ses intentions se fassent toujours plus pressantes. Par une action préventive, le Premier ministre Benyamin Nétanyahou risquerait d'ébranler l'actuelle stabilité politique israélienne, analyse le quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung : "Avec ses menaces de guerre, Nétanyahou se présente comme vainqueur sur un large front. … Plus personne dans le pays ne manifeste contre le coût élevé de la vie maintenant que des masques à gaz sont mis gratuitement à disposition. Les Américains et les Européens ne dérangent plus avec leurs exhortations régulières à reprendre le processus de paix et ils ne se prononcent plus sur la colonisation. … [Mais] une attaque militaire individuelle contre l'Iran pourrait faire perdre d'un coup à Nétanyahou tout ce qu'il a gagné. L'Occident, qui le prend maintenant dans le sens du poil, ne lui pardonnera vraisemblablement pas de provoquer un nouveau conflit dans cette région, au beau milieu de la révolution arabe, et pour couronner le tout, de déséquilibrer l'économie mondiale en faisant grimper les prix du pétrole."


Eté meurtier pour l' Euro


L’euro : bientôt la fin ?

La crise qui frappe l’Union européenne vient de franchir, à la faveur du congé estival, un nouveau seuil d’aggravation. En effet, l’Espagne et, dans une moindre mesure, l’Italie viennent de rejoindre le club de moins en moins fermé des pays au bord de la faillite. Relativement au Portugal, il suffit que l’Espagne dévisse encore quelque peu pour que celui-ci soit totalement ébranlé.

Si l’on observe une carte géographique de l’Europe, on voit que les pays du sud latins sont tous criblés de dettes et l’on ne peut que s’interroger face à une telle cohérence culturelle dans la chute. Y aurait-il un lien entre culture latine et propension à la faillite. Si l’on se penche sur le cas particulier de la France, dernier pays latin à ne pas être encore touché, on ne peut qu’être inquiets face à ce que j’appellerais les premiers symptômes d’une grippe économique qui risquerait de se transformer en septicémie totale effondrant toute la latinité européenne. Si la France tombe, ce sera la fin !

Le coup de grâce hollandais
L’élection récente de M. Hollande comme Président de la République française constitue probablement un pas de plus dans la direction faisant des pays latins d’Europe un trou noir financier. De fait, la volonté de M. Hollande de faire alliance avec les autres capitales latines (son dernier voyage à Rome en est le témoignage) au détriment d’une consolidation toujours plus effective de l’axe Paris-Berlin – que M. Sarkozy avait si bien cultivé – induit de mortelles fissures au cœur même du pilier qui soutient tout l’édifice européen. Tels les acteurs d’une tragédie grecque qui, à leurs corps défendant, accomplissent les actes qui feront advenir leur funeste destin, les membres actuels du gouvernement français s’évertuent à dégoupiller les grenades qui risquent de faire exploser l’Europe en deux morceaux culturellement distincts : une Europe germanique faite d’austérité, de précision, d’industries lourdes et d’exaltation étatique et une Europe latine faite d’endettements, de gabegie fiscale et de relances à crédit.

Certes, je force ici le trait mais il est très intéressant de constater à quel point d’anciennes frontières médiévales ressurgissent à l’aune de l’actuelle crise.

Union ou empire ?
La volonté idéaliste d’unifier à tout prix, et à marche forcée, des nations de cultures différentes, tournées historiquement vers des territoires extra-européens, aux enjeux géopolitiques disparates me semble un pari audacieux. La volonté de dépouiller in fine les gouvernements nationaux de leurs prérogatives régaliennes au profit d’une Commission européenne dont les mécanismes intimes échappent presque totalement à la réalité psychique de terrain vécue par les peuples est potentiellement dangereuse dès lors qu’une crise économique prive ces mêmes peuples d’une capacité à se saisir de leur propre futur.

Mais, comble de l’idéalisme béat et désincarné, la création de l’euro fut, selon moi, l’introduction au sein de ce tissu occidental déjà fragile, d’une bombe à retardement qui, douze ans plus tard, explose à la face de toute la population européenne à partir d’un épicentre gréco-latin. Quoi de plus humiliant et quelle ironie de l’Histoire que de voir le mal qui vous tue surgir d’Athènes et de Rome, de la sagesse du Parthénon et des mamelles de la Louve qui nourrit Romulus et Remus ! Il semblerait que le début et la fin ne coïncident point.

Napper toutes ces nations disparates d’un sirop nommé « monnaie euro » fut une funeste décision. Comment a-t-on pu créer une monnaie unique sous-tendue par des Etats dont la fiscalité est hétérogène ainsi que les taux d’inflation et les taux obligataires ? N’a-t-on pas vu que cela allait déchirer cette nappe monétaire ? A-t-on cru qu’en créant cette monnaie aussi vite et aussi mal, on allait ensuite forcer les Etats à s’harmoniser totalement et à abandonner leur pouvoir gouvernemental, leurs us et coutumes économiques et culturels au profit d’une lointaine Commission bruxelloise qui serait la synthèse ultime de toute décision ? N’a-t-on pas vu que l’on privait ainsi les Etats de leurs freins et accélérateurs économiques naturels qui étaient la possibilité de dévaluer leurs monnaies eux-mêmes ? Quelle inconscience que de laisser des Etats livrés à une Banque Centrale Européenne qui ne peut y intervenir directement !

Une union monétaire sans union économique qui l’accompagne est vouée à l’échec.

A contrario, il est évident que, pour la majorité des Etats, la volonté politique de céder leur souveraineté économique au niveau européen est aujourd’hui extrêmement limitée.

Malgré les appels du Président du Conseil européen Herman Van Rompuy, malgré le rapport rédigé conjointement par le Président de la BCE, Mario Draghi, le Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso et le Président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, les eurocrates ont récemment élaboré un plan pour la création d’une union économique monétaire. On reste très surpris de constater que ces hauts dirigeants se donnent dix ans pour la réaliser ! N’est-ce pas le témoignage du fait que les Etats ne sont guère pressés de l’accomplir ? Pour qu’une union bancaire soit soumise à une réglementation uniforme, pour qu’une politique budgétaire et économique soit commune, il faut nécessairement que cela s’accomplisse par l’abandon quasi-total de la souveraineté des nations à l’Europe. Si, douze ans d’existence ont suffi à mettre l’euro à l’agonie, dix années de plus ne suffiront-elles point à précipiter sa disparition ?

Il me semble qu’il n’existe en fait qu’une seule issue à la catastrophe actuelle : mettre un terme à l’union économique monétaire ainsi qu’à certains aspects de l’Union européenne tels qu’ils sont sous leurs formes actuelles.

Réfléchissons un instant : si le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la Grèce ne peuvent pas se financer à des taux raisonnables et que le reste de la zone euro n’arrive plus ou ne veut plus sauver de tels pays à coups de centaines de milliards d’euros, alors, on peut conclure sans ambages que l’un des principaux bienfaits de cette monnaie ‘euro’ a disparu. Les experts qui l’ont créée ne clamaient-ils point que cette monnaie engendrerait de faibles taux d’intérêts pour les Etats emprunteurs ? Si ces pays sont forcés de faire défaut sur leur dette, pourquoi n’iraient-ils pas jusqu’au bout de la logique qui consiste alors à ressusciter leur monnaie nationale ? Cela leur permettrait d’ajuster mécaniquement à la baisse leur dette publique et leurs prix. Ils pourraient dévaluer leur monnaie nationale et résoudre à moyen terme leurs problèmes de compétitivité. Il est encore temps de le faire car les Parlements nationaux, n’ayant pas encore été absorbés par le golem de Bruxelles, peuvent encore voter les lois édictant la résurrection de la lire nouvelle, de l’escudo nouveau, du drachme nouveau et de la peseta nouvelle.

Bien sûr, tout ceci créerait un choc immense sur le plan financier. On ne peut le nier pour le court terme. Le scénario de la création d’une zone de monnaies nationales dans le sud et d’une zone où l’euro survivant ne serait qu’une extension du deutsche mark dans le nord est désormais envisageable.

Comme je le disais déjà en 2009, dans un de mes éditoriaux de la revue European Finance, la crise des subprimes n’aura été que le déclencheur d’une crise plus gigantesque encore : une crise des dettes souveraines menant à la fin potentielle d’un projet de civilisation.

Stéphane Bleus

www.stephanebleus.org

Fukushima : risque d'effondrement sociétal


Anthropocène

L'anthropocèneprononciation est un terme créé et utilisé par certains scientifiques pour désigner une nouvelle époque géologique, qui aurait débuté à la fin du xviiie siècle avec la révolution industrielle, période à partir de laquelle l'influence de l'Homme sur le système terrestre serait devenue prédominante. Le terme popularisé par Paul Crutzen, prix Nobel de chimie, est aujourd’hui utilisé par une partie de la communauté scientifique.



les activités anthropiques seraient devenues la contrainte dominante devant toutes les autres forces géologiques et naturelles qui jusque là avaient prévalu ; l'action de l'espèce humaine serait une véritable force géophysique agissant sur la planète.




Fukushima, complexité et énergie nucléaire

 Dans ce contexte de l'Anthropocène, l'énergie nucléaire est de loin le système de génération d'énergie le plus complexe jamais conçu par l'homme. Il tient sa complexité de la nature même de cette source d'énergie à la fois très diluée à l'état primaire (minerai d'uranium) et très concentrée lors de la génération des vecteurs énergétiques (chaleur puis électricité) directement utilisable par la société. Toute la difficulté de la production d'électricité à l'aide de l'énergie nucléaire (fission) réside alors dans deux tâches suivantes : la concentration de l'uranium depuis son état naturel à son état de combustible (processus amonts de production du combustible) suivis du contrôle de cette énergie fortement concentrée (centrale nucléaire et processus avals de gestion des déchets). Ces deux étapes impliquent la multiplication des processus industriels, des capitaux (financiers, humains et matériels), des décisions, et de la connaissance scientifique indispensables pour faire fonctionner ce système énergétique. A titre de comparaison, l'exploitation des énergies renouvelables (rayonnement solaire, vent, marrées, etc.) qui sont également très diluées à l'état primaire ne requièrent que des efforts de concentration de façon à obtenir un vecteur énergétique (électricité) directement utilisable par la société, ce qui leur donne un avantage considérable par rapport à l'énergie nucléaire en terme de compétitivité biophysique (basée sur des données énergétiques et physique, et non pas sur des données monétaires comme c'est le cas des études économétriques conventionnelles).



L'énergie nucléaire est sans doute la source primaire d'énergie qui illustre le mieux l'ère hautement complexe qu'est l'Anthropocène. Cependant, comme tout système complexe, l'énergie nucléaire est également un système fragile comme récemment illustré par les accidents de Fukushima.



Le 11 mars 2011, un violent séisme suivi d'un fort tsunami s’abattaient sur la côte Est du Japon mettant en péril 4 des 6 unités appartenant au site de production d'électricité de Fukushima-Daiichi. Plus précisément, ce sont trois cœurs de réacteur qui sont entrés en fusion partielle, ainsi qu'une piscine de stockage de combustible usagés d'un autre réacteur qui a subi un incendie1  . L'ensemble de ces événements a obligé les autorités japonaises à classer la catastrophe nucléaire d'accident majeur – le niveau maximum sur l'échelle de l'INES (niveau 7) – toutefois plus d'un mois après le début des accidents. Il a d'ailleurs été largement admis que la gestion de la catastrophe nucléaire a démontré d'importantes lacunes que ce soit de la part de l'exploitant de la centrale TEPCO, des autorités japonaises ou de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (Brumfiel, 2011a) dont la principale conséquence a été le manque d'informations – parfois retenues intentionnellement (Taira et Hatoyama, 2011) – au sujet de l'état des réacteurs, de la situation sanitaire et de la radioactivité à l'échelle locale et globale. Cette mauvaise gestion de crise montre également la fragilité de ce système dont les enjeux et conséquences sont pourtant globaux.



Pour prendre la mesure de la gravité de la catastrophe, il ne suffit pas de regarder les conséquences immédiates des accidents (radioactivité dans l'air et évacuation des populations) – qui ne sont que la partie émergée de l'iceberg – mais bel et bien l'ensemble des conséquences sanitaires, économiques et sociales que ces accidents auront à long terme. Pour rendre la situation encore plus dramatique, les accidents ne peuvent pas encore à ce jour – l'article a été écrit en décembre 2011, soit près d'un an après le début des accidents – être considérés comme techniquement terminés et resteront actifs tant que les réacteurs ne seront pas complètement refroidis, ce qui est normalement prévu pour le début de l'année 2012 (Brumfiel, 2011b).



Compte tenu de l'ampleur de la catastrophe nucléaire de Fukushima, on est en droit – et même dans le devoir – de s'interroger sur les raisons d'une telle catastrophe. Qu'a-t-il permis la perte totale de contrôle sur ces centrales et qui en porte la véritable responsabilité ? Ces questions sont d'autant plus importantes puisqu'elles concernent la viabilité et la désirabilité de l'énergie nucléaire qui entend être une source d'énergie alternative dans un contexte de crise globale de l'énergie. Pour répondre à cette question, je propose de discuter deux aspects : les phénomènes naturels qui ont provoqué les accidents de Fukushima et les méthodes employées pour estimer les risques liés à ces phénomènes.



A l'origine de la catastrophe nucléaire de Fukushima, il y a deux phénomènes naturels : un séisme et d'un tsunami. C'est la combinaison de ces deux phénomènes naturels – bien connus des géologues pour être dans certains cas couplés entre eux – qui est le plus souvent annoncée comme étant la cause des accidents. Or, les dernières expertises font état du fait que le séisme, seul, aurait été responsable des principaux dommages causés à la centrale et notamment aux pompes de secours qui étaient déjà hors d'état de fonctionner avant le tsunami – information retenue intentionnellement par TEPCO et délivrée aux institutions gouvernementales seulement 6 mois après le début des accidents (Taira et Hatoyama, 2011). A ce stade, qu'un séisme seul – pourtant pris en compte dans les études de risques – soit la cause principale d'une telle catastrophe nucléaire réduit d'autant plus le caractère de « jamais vu » utilisé pour décrire la catastrophe naturelle. Certes, le séisme lui-même était d'une magnitude inégalée dans la région, il n'en est pas moins qu'un séisme de magnitude supérieure à 9.0 a lieu tous les 6 ans environ dans le monde. Cela démontre les limites des études de risques vis-à-vis des phénomènes naturels, que ce soit au niveau de leur localisation, de leur amplitude et de leur récurrence.



Ce type de scénario – séisme et/ou tsunami – est bien connu et régulièrement pris en compte dans les calculs de sureté des installations nucléaires. Pourtant, malgré leur prise en compte dans le cas des réacteurs de Fukushima, cela n'a pas empêché d'aboutir à l'une des pires catastrophes nucléaires depuis le début de son développement. Cela signifie que les hypothèses prises au moment du développement de ces réacteurs dans les années 1970 ne furent pas suffisantes pour contenir les événements survenant en 2011 au large du Japon. Nous sommes ici en présence d'un scénario à faibles probabilités mais à grandes conséquences pour l'homme et pour l'environnement. Cette très grande sensibilité aux hypothèses critiques est caractéristique des projets complexes et représente leur fragilité. La fragilité de la sûreté des réacteurs nucléaires peut se résumer ainsi : l'énergie nucléaire est sûre jusqu'à ce qu'un accident survienne. L'exploitation de centrales nucléaires actuelles implique ainsi une inévitable situation de dualité en passant d'une sûreté totale à une situation de chaos juste par le fait que certaines hypothèses critiques peuvent être dépassées.



L'implication des hypothèses de calculs comme source profonde des accidents de Fukushima – les deux événements naturels n'étant que les facteurs déclencheurs – fait donc indéniablement porter la responsabilité sur l'industrie nucléaire en charge de ces calculs, et sur les autorités de régulation en charge de leur validation. Plus largement ce sont les méthodes probabilistes utilisées pour évaluer les risques liés à ce type de phénomènes – naturels ou non – qui peuvent être critiquées. On peut se demander en effet si la conception de telles centrales est faite en pleine connaissance des risques encourus. La réponse est de toute évidence négative, puisque de telles études sont affectées par la présence inévitable de « véritable ignorance » – ou « incertitude » – que l'on doit différencier de la simple « indétermination probabiliste » (Knight, 1921 ; Diaz Maurin, 2011b). Le physicien Richard P. Feynman, lauréat du prix Nobel de physique, disait à ce sujet en 1963 qu' « il est d'une importance primordiale, afin de faire progresser [la science], que nous reconnaissions cette ignorance et ce doute » (Feynman, 1998). Cela s'applique également au domaine de la technologie et donc de l'énergie nucléaire pour laquelle il est essentiel de reconnaître la présence d'ignorance et d'en identifier les sources. Or, l'une des principales sources est l'ignorance systémique affectant l'ensemble des études de risques indépendamment du type de réacteur nucléaire – à la conception aussi avancée soit-elle2   – et de sa localisation (Diaz Maurin, 2011b). De telles études de risques conventionnelles basées sur des calculs probabilistes ne peuvent donc pas – et ne devraient pas – être utilisées dans des situations où la présence d'ignorance est avérée, comme dans le cas de la sûreté nucléaire. Et si c'est encore le cas, compte tenu de la présence inévitable d'ignorance – comme lorsque l'on mène un projet à large échelle pour la première fois – il n'est pas recommandé de seulement se baser sur l'avis de « l'expert » qui n'a pas plus de raison d'être immunisé contre l'ignorance que n'importe quelle autre personne.



La présence de « véritable ignorance » pose donc la question de la désirabilité de l'énergie nucléaire pour laquelle on ne peut connaître les risques encourus. Poursuivre l'expérience à grande échelle de l'énergie nucléaire, d'une part, tout en refusant d'admettre les sources d'ignorance évidentes, d'autre part, démontre une certaine fermeture d'esprit loin de la sagesse et de l'imagination que requière la gestion de la crise énergétique globale qui représente sans doute la plus grande menace de l'ère de l'Anthropocène.



En effet, rien n'indique que la transition énergétique et sociétale impliquant une diminution rapide de la qualité de l'énergie – et donc de la quantité disponible pour la société – se passe nécessairement sans heurts vis-à-vis de l'organisation sociétale actuelle (Smil, 2008, 2010 ; Tainter, 2004). Il semble même très probable que la transition énergétique s'accompagne d'un « effondrement sociétal » global.

http://uab.academia.edu/Fran%C3%A7oisDiazMaurin/Papers/1273397/Fukushima_limites_anthropologiques_a_la_complexite_et_risque_deffondrement_societal