lundi 23 juillet 2012
Mélenchon : Le Nouvel Observateur c'est l'opium du peuple
Le député européen, co-président du Parti de Gauche a mis en ligne lundi un long texte dans lequel il critique à nouveau les journalistes.
Cible du jour : Laurent Joffrin du Nouvel Observateur, qualifié de "médiacrate enragé"
Jean Luc Melenchon :
- "Lisez l’éditorial ahurissant de Joffrin à propos de PSA pour comprendre à quel point ce système peut durcir ses méthodes d’intoxication mentale. Deux grammes de protestation avant trois couplets d’appel à la soumission aux normes dominantes et de dénonciation de l’idéologie anti-mondialisation. Le médiacrate social libéral enragé voit dans l’affaire PSA, « le cimetière des illusions idéologiques françaises »! Intellectuellement c’est révulsif. Surtout venant de gens qui se disent de gauche. Mais, politiquement, nous n’avons pas meilleur allié. Ces gens maintiennent tout le monde dans un état de stupeur qui ne se résout pour finir que par des explosions du type de celles qui ont eu lieu en Amérique latine. Car à la fin des fins, les lecteurs du « Nouvel Observateur » aussi, même intoxiqués à mort par ce qu’ils lisent, eux aussi savent qu’ils « ont des familles » ! Et ce n’est pas l’opium de Joffrin qui leur permettra de les nourrir ou de leur assurer un vécu décent ! Le mur de béton que construisent de tels médias hallucinogènes explique pourquoi tant de gens des classes moyennes et moyennes supérieures se tournent vers nous comme vers une alternative intellectuelle.
Chez nous, en France, le système de confrontation que constitue la « crise » prend aujourd’hui le chemin des usines. PSA aujourd’hui. Ce n’est pas le pire cas pour nous. En effet, il s’agit d’un milieu ouvrier fortement structuré par le syndicalisme. La bataille va donc prendre une forme contrôlée et dirigée qui affaiblit la portée des manœuvres et coups tordus gouvernementaux ou patronaux. Ce matin jeudi, à Caracas, j’y ai tout de suite pensé quand je me suis levé avec l’annonce des plans de licenciements massifs chez PSA. Les camarades m’alertaient depuis le site d’Aulnay et la ville où milite une section du Parti de Gauche. Mais aussi depuis notre équipe nationale où cette affaire déclenche une grosse émotion militante. Moi aussi je bouillais. Je suis si loin ! Mais sur place évidemment tout notre dispositif est en place. Les copains se disposent donc pour aller à la rescousse si on les y invite à le faire. Comme d’habitude, nous sommes à la disposition des syndicats des travailleurs. Nous appliquerons les consignes qui seront données par ceux qui luttent. C’est notre doctrine. Pour autant nous ne sommes pas inertes politiquement. Le Parti de Gauche vient de rappeler sa prise de position pour une loi en faveur de l’interdiction des licenciements boursiers et pour un moratoire sur les licenciements de cet été. Je voudrais rappeler que la loi contre les licenciements boursiers a été présentée au Sénat l’an passé par Dominique Watrin, sénateur du Front de Gauche, et qu’elle a été votée alors par les socialistes. Ils pourraient donc la mettre en débat à l’Assemblée et elle pourrait être effective avant la fin de la session parlementaire. Le cycle qui commence est un temps de confrontations sociales ouvertes. Je pense que le nouveau gouvernement ne l’analyse pas de cette façon. Il ne sera pas le seul. Comme par le passé, beaucoup vont examiner le problème comme un « vrai problème économique », lié à la « compétitivité des entreprises ». Et ainsi de suite. Vous connaissez tous la chanson. Mais combien vont souligner que PSA fait tout de même plus de cinq cent millions d’euros de bénéfices ? Et combien vont rappeler cette évidence : le marché n’est malade que de son ouverture incontrôlée. Exemple : trois Renault sur cinq qui se vendent en France viennent d’usines délocalisées. C’est là le modèle économique que veut appliquer dorénavant à son tour PSA. Il ne le fait qu’en raison de l’impunité dont ont bénéficié les autres constructeurs en agissant de cette façon. C’est parce qu’on a laissé faire que tout empire ! De même la question de la nécessaire transition écologique de l’industrie automobile qui doit venir à l’ordre du jour. Là encore le problème ne peut plus être traité en fonction de nos propres desiderata. En effet toute la recherche et développement de cette grande entreprise a été déjà délocalisée à l’occasion du précédent plan l’an passé ! De nouveau, on a laissé faire et tout empire. On notera aussi la discrétion des « analystes » sur le bilan de la politique de « réduction des coûts salariaux », menée pourtant sans désemparer par le précédent gouvernement. Je pense en particulier à la suppression de la taxe professionnelle ! Un somptueux cadeau de douze milliards d’euros aux « entreprises », offert sans aucune contrepartie ! C’est cependant dans cette voie de la réduction des coûts salariaux que veut persister le nouveau gouvernement. Donc il n’y a pas de solutions au problème posé sans prendre à bras le corps la question de l’organisation du modèle économique national et européen. Cela dépasse donc ce que peuvent faire seuls les travailleurs localement. Leur lutte doit rencontrer une volonté d’appui déterminée, gouvernementale et législative. C’est ce que ferait une majorité parlementaire dirigée par le Front de Gauche. Nous allons voir à présent les bavards du « vote utile » au pied du mur des réalités de la lutte sociale. Hélas. "
Chevenement tacle Hollande : Pétain c'était pas la France
Vel d'Hiv : Chevènement pas d'accord
(n'oubliez jamais !)
Le président du MRC Jean-Pierre Chevènement s'est dit lundi en désaccord avec les propos du président François Hollande pour qui la rafle du Vel d'Hiv avait été commise par la France, ce qui revient selon lui à faire comme si Pétain était la France.
Le président Hollande, dans son discours du 22 juillet, a malheureusement omis de dire que les crimes commis par les policiers et les gendarmes français, lors de la rafle du Vel d'Hiv, l'ont été sur l'ordre de l'Etat français de Vichy collaborant avec l'Allemagne nazie, relève le sénateur du territoire de Belfort, sur son blog.
C'est occulter les accords passés avec la gestapo par René Bousquet, alors secrétaire général de la police, agissant pour le gouvernement de Vichy. C'est faire comme si Pétain était la France et comme si le véritable coup d'Etat opéré le 10 juillet 1940 par un gouvernement de capitulation n'avait pas existé, argumente-t-il.
M. Chevènement rappelle que deux présidents de la République, Charles de Gaulle et François Mitterrand, avaient tenu sur la ligne selon laquelle l'Etat français de Vichy n'était ni la République ni la France.
Selon le fondateur du MRC, la France a besoin de retrouver confiance en elle-même et ne pourra le faire que sur la base d'une conscience claire de son Histoire. La vérité exige que le débat continue, ajoute-t-il.
Nous devons aux martyrs juifs du Vélodrome d'Hiver la vérité sur ce qui s'est passé il y a 70 ans et la vérité, c'est que ce crime fut commis en France, par la France, a déclaré dimanche le chef de l'Etat, à l'occasion du 70e anniversaire de la rafle de juillet 1942.
lci.politique
France : les banques vont devoir rembourser des milliards à 10 millions de ménages
France: les banques pourraient devoir rembourser des milliards à leurs clients
Le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative française, a ouvert la voie à la restitution de bénéfices de contrats d'assurance-emprunteur aux consommateurs pour la période allant de 1996 à 2007, en déclarant illégale une ancienne disposition du code des assurances.
Dans cette affaire, l'UFC-Que Choisir accuse les banques françaises d'avoir indûment perçu des assureurs 16 milliards d'euros, correspondant aux surprimes n'ayant pas servi à couvrir la réalisation des risques.
Il s'agit de 11,5 milliards d'euros pour les prêts immobiliers entre 1996 et 2005 et 4,5 milliards pour les crédit à la consommation entre 1997 et 2007, a précisé l'association de consommateurs dans un communiqué diffusé lundi.
Des contrats d'assurance couvrant le décès, l'incapacité et l'invalidité sont souscrits lorsque des prêts immobiliers sont contractés auprès des banques.
Selon l'UFC, ces dernières captaient les bénéfices de ces contrats, alors que la loi prévoit un reversement aux assurés par le biais de la participation aux bénéfices.
Le fait d'avoir reversé indûment ces bénéfices aux banques constituait donc bel et bien, plus qu'un arrangement inadmissible, des marges arrière illégales, a fait valoir l'UFC-Que Choisir.
La décision du Conseil d'Etat balaie donc définitivement les arguments fallacieux des assureurs pour opposer un refus aux consommateurs leur ayant demandé leur part de bénéfices et lève en conséquence l'obstacle insurmontable ayant, jusqu'à présent, empêché les victimes d'agir, ajoute-t-elle.
La Fédération bancaire française n'a souhaité faire de commentaire pour le moment. Jusqu'à présent, les banques avançaient notamment que les sommes que leur reversaient les assureurs n'étaient pas des bénéfices mais des commissions.
L'association de consommateurs signale que les assurés disposent désormais d'un délai de deux ans pour effectuer une demande de remboursement aux assureurs et indique qu'elle travaille à la mise en place d'outils pour simplifier ces démarches.
La décision du Conseil d'Etat concerne plusieurs dizaines de millions de ménages français.
http://www.lexpress.fr/actualites/1/economie/france-les-banques-pourraient-devoir-rembourser-des-milliards-a-leurs-clients_1141533.html
21000 milliards de dollars détenus par des individus fortunés dans les paradis fiscaux
Au moins 21000 milliards de dollars d'actifs financiers étaient détenus par des particuliers fortunés dans des paradis fiscaux à la fin 2010, a estimé dans une étude l'association Tax Justice Network (TJN).
"Cela représente le poids cumulé des économies des Etats-Unis et du Japon", souligne l'organisation non-gouvernementale dans cette étude publiée dimanche et menée par un ancien expert du cabinet McKinsey, James Henry.
Selon la fourchette haute de son estimation, le montant des actifs financiers (hors oeuvres d'art, biens immobiliers...) détenus dans des territoires offshore à l'abri des administrations fiscales pourrait atteindre 32'000 milliards de dollars.
Dans l'hypothèse où ces sommes rapporteraient un "modeste" rendement de 3% par an et si un prélèvement de 30% était appliqué sur ce revenu, TJN affirme que cela générerait entre 190 et 280 milliards de recettes fiscales, soit près du double du l'aide au développement versée chaque année par les pays riches de l'OCDE.
"Ce nouveau rapport se concentre sur un énorme trou noir de l'économie mondiale (...) à un moment où les gouvernements à travers le monde manquent de ressources", a souligné M. Henry, cité dans un communiqué.
D'après son étude, les cinquante premières banques destinées aux clients fortunés ont collectivement géré en 2010 plus de 12'100 milliards de dollars dans des investissements transfrontaliers (contre 5400 milliards en 2006), via notamment des trusts qui permettent de dissimuler le nom du bénéficiaire réel de ces placements.
Les établissements UBS, Credit Suisse et Goldman Sachs forment le trio de tête des banques ayant géré le plus d'actifs offshore pour le compte de leurs clients fortunés, selon cette étude baptisée "The Price of Offshore revisited" ("Nouveau regard sur le coût de l'offshore").
http://www.romandie.com/news
La nouvelle guerre mondiale viendra t elle d' Asie ?
En Europe, le doux commerce n'a pas pacifié le vieux continent mais ce sont bien les deux puissances (Russie et USA), qui en prenant en étau les pays européens avec la bombe nucléaire qui ont assuré la paix. C'était une paix basée sur la terreur atomique.
Le commerce n'empèche pas la guerre
Souvent dans l’Histoire, on ne regarde pas au bon endroit et le destin frappe là où on l’attend le moins. Ainsi, l’Asie du Nord Est, Chine, Japon, Taïwan, Vietnam, Corée du Sud, est-elle généralement commentée sous un angle exclusivement économique : on s’extasie des succès, indéniables, de cette région, on se demande si là-bas se trouve le moteur de la croissance mondiale ? Mais vues de près, les nations concernées nous racontent une autre histoire qui doit moins aux performances économiques qu’aux rancœurs ethniques. Il ne s’agit encore que d’incidents minuscules, portant sur des enjeux d’apparence insignifiante : mais la guerre de 1914 n’est-elle pas née d’un incident insignifiant dans une petite ville des Balkans ? On devrait donc envisager que des lieux dont on ignore souvent le nom, l’île de Senkaku, celles de Dokdo , l’archipel des Paracels (ou Spratley) deviennent des détonateurs ou du moins des révélateurs de conflits militaires possibles entre pays rivaux en Asie. Ce qui contrevient à bien des théories reçues. La première est que le commerce adoucit les mœurs, que l’échange annihile la tentation même du conflit belliqueux. Les guerres en Europe ont disparu lorsque leur furent substituées les solidarités concrètes du commerce.
Le Sarajevo asiatique
En Asie, les solidarités sont indubitables : il devient impossible pour une production donnée de démêler les éléments qui circulent d’une usine à l’autre, en fonction des spécialisations de chacun, de la Chine au Japon, du Japon à la Corée du Sud, vers le Vietnam et les Philippines et retour. Or le gouvernement sud coréen vient de refuser toute esquisse d’une simple coordination militaire avec le Japon, au prétexte que le Japon ne reconnaît pas la souveraineté coréenne sur deux îlots inhabitables, à mi-chemin des deux pays, connus sous le nom de Dokdo en coréen et Takashima en japonais. Chaque gouvernement invoque des traités anciens pour faire valoir ses droits sans qu’il soit véritablement possible de trancher. Les deux pays refusent un arbitrage qui réglerait le débat en droit : en Corée du Sud, Dokdo est devenu le symbole de la résistance à l’impérialisme japonais. Il se trouve aussi que la Corée du Nord soutient la Corée du Sud dans sa revendication territoriale, le seul point d’accord entre ces deux frères ennemis.
Les partis de droite coréens actuellement au pouvoir envisagent tout de même que la Corée du Sud accède à la capacité nucléaire puisque tous ses voisins, Chine, Corée du Nord et Japon sont déjà des puissances nucléaires ou le sont potentiellement Dokdo/Takashima pourrait devenir une sorte de Sarajevo oriental.
Senkaku
Au Sud de l’archipel japonais, le statut de Senkaku ( Diaoyu pour les Chinois) est aussi flou que celui de Dokdo, opposant les revendications chinoises , taiwanaises et japonaises. Il est constant qu’autour de Senkaku rôdent des vaisseaux chinois qui harcèlent et parfois coulent des bateaux de pêche japonais. Les amateurs de rationalité évoquent les ressources économiques potentielles de ces îlots dont la propriété détermine les zones de pêche et de supposés gisements de gaz et de pétrole. Mais ces explications ne sont guère convaincantes tant les ressources de la Mer de Chine et de l’Océan pacifique sont vastes et inexploitées.
L’affrontement est en vérité symbolique, motivé par un sentiment national, avec la volonté toute asiatique de faire perdre la face à l’autre. Après que des navires chinois eurent éperonné des chalutiers japonais en 2010, le gouvernement japonais n’a pas rétorqué, perdant ainsi la face ; cette année, il cherche sa revanche en proposant de nationaliser Senkaku ( qui appartient à des propriétaires privés japonais ) , que les Chinois considèrent comme partie intégrante de leur Empire.
La Septiéme Flotte
La possibilité d’un conflit est plus aigu encore, plus au Sud, dans l’archipel des Spratley, revendiqué par la Chine, le Vietnam, les Philippines, Taïwan et la Malaisie. Là aussi, des rumeurs de réserves de gaz, confèrent au Spratly une valeur qui fonderait le conflit sur des bases rationnelles. Ces ressources étant inconnues, ce sont en réalité des nationalismes qui s’affrontent. Aux Spratley comme à Senkaku, un certain impérialisme chinois teste la résistance de ses voisins, tandis que ceux-ci envisagent de se constituer en ligue de résistance à la Chine. Le gouvernement des Etats-Unis s’en mêle en appuyant la constitution de cette ligue, à la fureur des dirigeants chinois. L’ombre des Etats-Unis plane sur la région puisque au bout du compte, la Septiéme Flotte américaine garantit la sécurité des voies maritimes : sans cette Flotte , l’imbrication économique des pays d’Asie aurait été impossible et un ou plusieurs conflits entre eux auraient éclaté depuis longtemps.
la crise réchauffe le chaudron du pacifique
Ce chaudron du Pacifique bouscule une idée reçue selon laquelle il ne saurait survenir de conflits militaires entre régimes démocratiques. Or la Corée du Sud et le Japon sont des démocraties inaptes à négocier sur une affaire triviale ; pire, la Corée du Sud est plus proche dans cette affaire des dictatures nord coréenne et chinoise que de la démocratie japonaise.
En somme le poids de l’histoire – contre l’impérialisme japonais de jadis – et celui de la civilisation – la sinitude– l’emportent sur les considérations politiques et économiques contemporaines . Pareillement, autour des Spratley, la ligue potentielle de résistance à la Chine, allie des démocraties (Philippines, Taïwan, Malaisie) à la dictature vietnamienne en principe aussi communiste que celle de la Chine.
Il est possible mais pas certain, que les circonstances présentes exacerbent ces conflits symboliques : l’économie ralentit en Asie , plusieurs gouvernements sont faibles (Japon), en transition (Corée du Sud, Chine) ou en quête de légitimité (Vietnam, Chine). Le nationalisme agressif peut être un exutoire , mais si on en juge par le contraste entre la dimension réelle de ces îles et les passions qui en résultent, on doit s’inquiéter . L’économie en Asie ne dissout pas les passions nationales et la démocratie non plus : peut-être devrions-nous réviser quelques théories sur le sujet qu’à tort nous croyons universelles.
news-republic.com
contrepoints.org
Le commerce n'empèche pas la guerre
Souvent dans l’Histoire, on ne regarde pas au bon endroit et le destin frappe là où on l’attend le moins. Ainsi, l’Asie du Nord Est, Chine, Japon, Taïwan, Vietnam, Corée du Sud, est-elle généralement commentée sous un angle exclusivement économique : on s’extasie des succès, indéniables, de cette région, on se demande si là-bas se trouve le moteur de la croissance mondiale ? Mais vues de près, les nations concernées nous racontent une autre histoire qui doit moins aux performances économiques qu’aux rancœurs ethniques. Il ne s’agit encore que d’incidents minuscules, portant sur des enjeux d’apparence insignifiante : mais la guerre de 1914 n’est-elle pas née d’un incident insignifiant dans une petite ville des Balkans ? On devrait donc envisager que des lieux dont on ignore souvent le nom, l’île de Senkaku, celles de Dokdo , l’archipel des Paracels (ou Spratley) deviennent des détonateurs ou du moins des révélateurs de conflits militaires possibles entre pays rivaux en Asie. Ce qui contrevient à bien des théories reçues. La première est que le commerce adoucit les mœurs, que l’échange annihile la tentation même du conflit belliqueux. Les guerres en Europe ont disparu lorsque leur furent substituées les solidarités concrètes du commerce.
Le Sarajevo asiatique
En Asie, les solidarités sont indubitables : il devient impossible pour une production donnée de démêler les éléments qui circulent d’une usine à l’autre, en fonction des spécialisations de chacun, de la Chine au Japon, du Japon à la Corée du Sud, vers le Vietnam et les Philippines et retour. Or le gouvernement sud coréen vient de refuser toute esquisse d’une simple coordination militaire avec le Japon, au prétexte que le Japon ne reconnaît pas la souveraineté coréenne sur deux îlots inhabitables, à mi-chemin des deux pays, connus sous le nom de Dokdo en coréen et Takashima en japonais. Chaque gouvernement invoque des traités anciens pour faire valoir ses droits sans qu’il soit véritablement possible de trancher. Les deux pays refusent un arbitrage qui réglerait le débat en droit : en Corée du Sud, Dokdo est devenu le symbole de la résistance à l’impérialisme japonais. Il se trouve aussi que la Corée du Nord soutient la Corée du Sud dans sa revendication territoriale, le seul point d’accord entre ces deux frères ennemis.
Les partis de droite coréens actuellement au pouvoir envisagent tout de même que la Corée du Sud accède à la capacité nucléaire puisque tous ses voisins, Chine, Corée du Nord et Japon sont déjà des puissances nucléaires ou le sont potentiellement Dokdo/Takashima pourrait devenir une sorte de Sarajevo oriental.
Senkaku
Au Sud de l’archipel japonais, le statut de Senkaku ( Diaoyu pour les Chinois) est aussi flou que celui de Dokdo, opposant les revendications chinoises , taiwanaises et japonaises. Il est constant qu’autour de Senkaku rôdent des vaisseaux chinois qui harcèlent et parfois coulent des bateaux de pêche japonais. Les amateurs de rationalité évoquent les ressources économiques potentielles de ces îlots dont la propriété détermine les zones de pêche et de supposés gisements de gaz et de pétrole. Mais ces explications ne sont guère convaincantes tant les ressources de la Mer de Chine et de l’Océan pacifique sont vastes et inexploitées.
L’affrontement est en vérité symbolique, motivé par un sentiment national, avec la volonté toute asiatique de faire perdre la face à l’autre. Après que des navires chinois eurent éperonné des chalutiers japonais en 2010, le gouvernement japonais n’a pas rétorqué, perdant ainsi la face ; cette année, il cherche sa revanche en proposant de nationaliser Senkaku ( qui appartient à des propriétaires privés japonais ) , que les Chinois considèrent comme partie intégrante de leur Empire.
La Septiéme Flotte
La possibilité d’un conflit est plus aigu encore, plus au Sud, dans l’archipel des Spratley, revendiqué par la Chine, le Vietnam, les Philippines, Taïwan et la Malaisie. Là aussi, des rumeurs de réserves de gaz, confèrent au Spratly une valeur qui fonderait le conflit sur des bases rationnelles. Ces ressources étant inconnues, ce sont en réalité des nationalismes qui s’affrontent. Aux Spratley comme à Senkaku, un certain impérialisme chinois teste la résistance de ses voisins, tandis que ceux-ci envisagent de se constituer en ligue de résistance à la Chine. Le gouvernement des Etats-Unis s’en mêle en appuyant la constitution de cette ligue, à la fureur des dirigeants chinois. L’ombre des Etats-Unis plane sur la région puisque au bout du compte, la Septiéme Flotte américaine garantit la sécurité des voies maritimes : sans cette Flotte , l’imbrication économique des pays d’Asie aurait été impossible et un ou plusieurs conflits entre eux auraient éclaté depuis longtemps.
la crise réchauffe le chaudron du pacifique
Ce chaudron du Pacifique bouscule une idée reçue selon laquelle il ne saurait survenir de conflits militaires entre régimes démocratiques. Or la Corée du Sud et le Japon sont des démocraties inaptes à négocier sur une affaire triviale ; pire, la Corée du Sud est plus proche dans cette affaire des dictatures nord coréenne et chinoise que de la démocratie japonaise.
En somme le poids de l’histoire – contre l’impérialisme japonais de jadis – et celui de la civilisation – la sinitude– l’emportent sur les considérations politiques et économiques contemporaines . Pareillement, autour des Spratley, la ligue potentielle de résistance à la Chine, allie des démocraties (Philippines, Taïwan, Malaisie) à la dictature vietnamienne en principe aussi communiste que celle de la Chine.
Il est possible mais pas certain, que les circonstances présentes exacerbent ces conflits symboliques : l’économie ralentit en Asie , plusieurs gouvernements sont faibles (Japon), en transition (Corée du Sud, Chine) ou en quête de légitimité (Vietnam, Chine). Le nationalisme agressif peut être un exutoire , mais si on en juge par le contraste entre la dimension réelle de ces îles et les passions qui en résultent, on doit s’inquiéter . L’économie en Asie ne dissout pas les passions nationales et la démocratie non plus : peut-être devrions-nous réviser quelques théories sur le sujet qu’à tort nous croyons universelles.
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Le FMI dissimule des informations sur la crise financière
Un économiste du Fonds monétaire international (FMI) démissionnaire accuse l'institution d'avoir caché des informations concernant la crise financière mondiale et la crise de la dette en zone euro.
Le FMI aurait-il failli à sa tâche ? Dans une lettre de démission datée du 18 juin, envoyée au conseil du FMI (fonds monétaire international) et à des cadres dirigeants de l'organisation, Peter Doyle estime que l'incapacité du Fonds à sonner l'alerte à temps sur les crises de 2007-2008 et de l'euro représente une "défaillance de premier ordre" et que ce type de comportement tend à s'ancrer plus profondément dans le fonctionnement du FMI. Sa lettre, dont l'agence Reuters a consulté une copie, met en lumière les tensions internes qui couvent autour de la crédibilité du Fonds.
Des employés de l'institution, qui ont demandé à ne pas être identifiés, ont précisé à Reuters qu'ils sont nombreux à penser que le FMI a accordé des prêts à l'Europe sans respecter le même degré d'indépendance que dans d'autres dossiers, notamment pour le sauvetage des économies des pays émergents.
Le FMI a toujours eu "un temps de retard"
Peter Doyle, chef de la division pour la Suède, le Danemark et Israël au sein du département européen du FMI au moment de sa démission, reproche aussi à la direction du Fonds d'être "corrompue" par son processus de sélection qui garantit la nomination d'un Européen à la tête de l'organisation. Il estime que le FMI a toujours eu un temps de retard dans les dernières tentatives pour sauver la zone euro. Le FMI fait partie de la "troïka" des trois prêteurs internationaux, qui comprend également la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE), engagée dans la mise en place des plans de sauvetage de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal.
Des nominations sans légitimité
Peter Doyle, qui a travaillé pour le FMI pendant 20 ans, juge aussi que les nominations des dirigeants du Fonds au cours des dix dernières années ont été "désastreuses". "Même la directrice en exercice est biaisée, ni son sexe, ni son intégrité, ni son élan ne pouvant compenser l'absence fondamentale de légitimité du processus de sélection", écrit l'économiste concernant la nomination de Christine Lagarde, première femme à prendre la tête du FMI, l'an dernier.
Le FMI a déjà reconnu dans le passé un certain nombre des manquements mis en avant par Peter Doyle, notamment dans des rapports de 2009 et 2011 qui avaient reconnu que le Fonds n'avait pas su dégager correctement les racines de la crise financière et n'avait pas été assez loin dans ses avertissements aux dirigeants politiques concernant la crise en cours.
Les manquements du FMI sont ...déjà publics
"Les remarques de Peter (Doyle) sont clairement exposées dans des rapports publics, notamment des rapports publiés par le Bureau d'évaluation indépendante, via la revue de surveillance triennale, ainsi que dans de nombreux communiqués du directeur général, y compris sur les conclusions de ces différents rapports", a répondu le porte-parole du FMI William Murray. "Nous n'avons aucune preuve que ses positions aient été occultées, ni (qu')aucune position n'ait été occultée."
latribune.fr
Paul Krugman : "le programme d’austérité du gouvernement Espagnol n’a aucun sens
“LE PROGRAMME D'AUSTÉRITÉ ESPAGNOL N'A AUCUN SENS”
Paul Krugman, prix Nobel d'économie, analyse la crise qui secoue l'Espagne et fait trembler l'Europe
Vous étiez la semaine dernière à Madrid, épicentre actuel de la crise financière européenne. Quel est votre diagnostic ?
Paul Krugman. Je suis inquiet. L’économie ne s’améliore pas. Et le nouveau programme d’austérité que vient d’annoncer le gouvernement Rajoy n’a aucun sens.
Le gouvernement espagnol n’a donc rien compris à la crise ?
Sur la dette, sa politique n’aura aucun impact significatif. En revanche, elle va provoquer une augmentation du taux de chômage, qui en est déjà à 25 %, et un gel voire une baisse des salaires. Donc, le programme Rajoy, c’est du sang et des larmes pour rien, ou pour pas grand-chose.
L’Espagne, c’est une nouvelle Grèce ?
La Grèce a été irresponsable sur le plan fiscal, alors que, jusqu’à une date récente, l’Espagne affichait un excédent budgétaire. Certes, il reposait sur du sable. Mais il n’y a pas eu d’abus comme en Grèce. Les maux espagnols viennent de la spéculation immobilière. La bulle a éclaté. Les banques sont fragiles. Elles ont besoin d’être aidées. Je ne vois rien venir. Il n’y a aucun rebond économique en perspective. Et aujourd’hui je m’inquiète pour la stabilité politique du pays.
Si vous étiez Premier ministre espagnol, que feriez-vous ?
Je ferais alliance avec le président du Conseil italien, Mario Monti, et j’irais voir les Allemands pour leur dire : “L’euro va mourir si on ne change pas de politique économique au niveau communautaire.” J’ai caressé en vain l’espoir que Rajoy le fasse. Car son problème numéro un, c’est la compétitivité. L’Espagne doit relancer ses exportations. Bien sûr, elle peut le faire en sortant de l’euro. C’est l’arme nucléaire. Personne ne veut appuyer sur le bouton. Donc, il faut dire aux Allemands : “Je reste dans l’euro mais, si on ne change pas le cap, mon gouvernement y laissera sa peau, et vous n’aimerez pas celui qui me succédera…”
Et c’est l’inverse qui se produit…
Oui, l’Europe impose des sacrifices aux Espagnols sans que personne soit capable d’en chiffrer précisément les bénéfices. Et Madrid dit oui…
Vous avez récemment signé un éditorial dans le “New York Times” titré “La grande illusion européenne”. De quelle illusion parlez-vous ?
L’éclatement de l’euro serait une catastrophe. Mais certains pensent que, pour cette raison, on met tout en œuvre pour l’éviter. C’est cela, la grande illusion.
Et la France, dans quel état est-elle ?
Les déficits budgétaires seront plus importants que prévu, mais ce n’est pas grave. Actuellement, les marchés ne voient pas la France comme un pays à risque. Les taux d’intérêt français à court terme sont bas. Ils sont 100 points de base au-dessus de ceux de l’Allemagne, ce qui n’est pas bon mais constitue un gros progrès par rapport au passé. Les taux d’intérêt sont même négatifs, ce qui me semble excessif, mais prouve que la France n’est pas sous pression financière. Il n’y a donc aucune raison de mener une politique d’austérité. Et l’élection de François Hollande n’a pas entraîné la panique sur les marchés que certains prédisaient. Le différentiel entre les obligations françaises et allemandes n’a pas bougé.
François Hollande doit vous adorer…
Je donne à l’université un cours consacré à l’économie des Etats providence. J’utilise toujours la France comme l’exemple qui montre qu’en économie on peut faire des choix différents. La France et les Etats-Unis ont de nombreux points communs, notamment au niveau de la productivité élevée. Mais la France accorde de longues vacances et des départs à la retraite très avancés. D’où un PIB par tête inférieur de 25 % à celui de l’Amérique. Mais l’économie française fonctionne très correctement, quoi qu’en disent les conservateurs de tout poil.
Que conseillez-vous à François Hollande ?
Il n’a pas beaucoup de marge de manœuvre. Il ne peut pas relancer l’économie par la dépense publique, comme je le recommande pour la Grande-Bretagne et les Etats-Unis [qui ont le contrôle de leur monnaie]. La seule chose qu’il puisse faire, c’est modifier l’équilibre des pouvoirs en Europe. La France doit être du côté des pays qui souffrent. Il faut ressusciter l’empire romain Italie-France-Espagne. L’euro ne sera sauvé qu’au niveau européen.
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