jeudi 29 mars 2012

Vendre aux Chinois les routes d' Angleterre : le dernier délire de David Cameron

David Cameron et son gouvernement, qui préparent un nouveau paquet de mesures d'austérité , tentent de moderniser le réseau routier anglais saturé. On parle même du retour des péages sur les axes secondaires.


Le gouvernement britannique s'apprête à lancer une nouvelle phase de privatisation du secteur public. Le premier ministre, David Cameron, a lancé lundi une consultation sur la possibilité d'utiliser des fonds privés afin de moderniser les routes surchargées du pays. «Nous perdons 7 milliards de livres (8,4 milliards d'euros) par an en raison des embouteillages - et pourtant le dernier gouvernement n'a construit que 25 miles (40 kilomètres) de nouvelles autoroutes, ce qui, au passage, est moins que le nombre de ministres de Transports de ce gouvernement», a justifié le premier ministre. Il a insisté sur les dangers pour l'économie britannique d'un sous-investissement dans ses infrastructures, alors que son gouvernement est engagé dans un vaste programme de réduction de la dépense publique, dont le budget 2012-2013 présenté mercredi sera de nouveau l'illustration.


Pour résoudre cette quadrature du cercle, le gouvernement veut faire appel au financement privé, émanant de fonds d'investissement, de fonds souverains ou autres investisseurs. Le ministre de l'Économie, George Osborne, s'est récemment rendu en Chine pour tenter de convaincre Pékin d'investir dans les programmes d'infrastructures britanniques. Il espère pouvoir attirer 20 milliards de livres (24 milliards d'euros) de fonds pour financer routes, chemins de fer, centrales nucléaires ou réseau Internet à haut débit. Selon la doctrine libérale en vigueur à Downing Street, des entreprises privées seraient mieux à même que l'État de gérer efficacement à moindre coût l'entretien et la modernisation du réseau routier vieillissant.


Taxe sur les véhicules
Environ 3% des routes du pays, les plus fréquentées, seraient confiées en concession de longue durée (plusieurs décennies) à des entreprises privées. Mais, afin de ne pas s'attirer les foudres du puissant lobby automobile, David Cameron a promis qu'aucun péage ne serait autorisé sur les axes existants. Une seule portion d'autoroute, au nord de Birming­ham, est soumise à péage et reste du coup sous-utilisée. Lorsque Tony Blair avait évoqué en 2007 l'idée de multiplier les péages, il avait dû battre en retraite après une pétition signée par plus de 1,8 million de citoyens. Cameron laisse entendre que seules les augmentations de capacité pourront justifier des péages.


Le schéma envisagé consisterait à confier aux concessionnaires une partie du budget des autoroutes issu de la taxe sur les véhicules, qui rapporte 6 milliards de livres par an (7,2 milliards d'euros). «Il n'y a pas encore de business model déterminé, explique Alasdair Reisner, de la Civil Engineering Contractors Association, qui va être associé à la consultation. On peut imaginer un péage virtuel, versé par le ­gouvernement en fonction d'un nombre de voitures circulant sur un axe déterminé. Si la route n'est pas utilisable à un moment donné, la subvention ne serait pas ­versée.»


David Cameron cite la privatisation des réseaux d'eau britanniques sous Margaret Thatcher comme le modèle à suivre. Ce à quoi des associations de consommateurs réagissent en dénonçant les fortes augmentations de factures subies depuis par les ménages. «Au lieu d'alléger le fardeau qui pèse sur les automobilistes, le gouvernement est prêt à laisser des entreprises privées s'emparer du réseau routier stratégique et à en faire payer le prix aux conducteurs», dénonce Maria Eagle, responsable des transports au Parti travailliste.


guardian.co.uk

Bruxelles et sa seule politique possible tue la démocratie

Critiquer les médias révèle en général l' absence de reflexion profonde sur les politique menées : cela revient à observer passivement, avec un zeste d'indignation, le pouvoir résolu du camp d'en face : le Capital . Critiquer les soutiens et les valets de l' oligarchie libérale masque opportunément l'impuissance idéologique et stratégique de ceux qui feignent de se révolter contre sa domination.


Mais, en l’occurrence, il est difficile de passer sous silence le traitement indigne que les principaux canaux d’information ont appliqué aux derniers mouvements sociaux ayant agité la Belgique. Ce traitement peut difficilement être décrit autrement que dans les termes d’un subtil mélange de radioguidage et de dénonciation de l’irresponsabilité syndicale. Perex et Itinera semblent en effet fournir désormais les principales ressources analytiques à la disposition du journalisme wallon et bruxellois.


Si l’on veut bien oublier Bison futé quelques instants, force est de reconnaître que, dans la critique formulée par Itinera, au moins un argument touche juste. Il prend la forme d’une question simple : quelle alternative ? Face au durcissement néolibéral du Traité budgétaire et de la mise sous tutelle commissionnaire, non pas seulement de la Grèce mais de l’ensemble des pays européens, quelle est la stratégie des opposants, quel est leur horizon et quel est leur agenda ? Quelle est la colonne vertébrale idéologique qui soit les unit, soit structure chacun d’entre eux séparément, dans l’attente d’un arbitrage global ?


"Il est temps de prendre la mesure complète de la crise qui nous impose de sortir des cadres de pensée antérieurs."
Cette construction d’une alternative crédible, qui prendrait la forme d’un projet et pas seulement d’un refus, et tiendrait compte des dégâts sociaux de la crise en même temps que des défis environnementaux dont sa sortie – le retour à la croissance – pourrait être riche, demeure aujourd’hui encore balbutiante. Entre la stratégie de rupture et celle du moindre mal, les galaxies qui composent le mouvement social balancent, au gré, notamment, de l’estimation qu’elles font de la profondeur de la crise et de la question centrale qui en découle : faut-il plus craindre l’arrivée au pouvoir de la N-VA, ou le démantèlement de l’État social par une partie des héritiers de ceux qui l’ont construit ? Reconnaître cette indécision n’est pas jouer le jeu de l’ennemi, c’est simplement jeter un regard lucide sur "l’état des luttes".


Certes, mais quoi en face ?


Quel projet, quel horizon, quelle alternative ?


Depuis le cimetière des idées, c’est en effet bel et bien le néolibéralisme le plus obtus qui apparaît comme le vainqueur surprise de cette course à étapes et à rebondissements qu’est la crise. Ce sont en effet ses prescrits, usés jusqu’à la corde et discrédités jusque dans les facultés d’économie, qui continuent à dicter leur loi, tel un rouleau compresseur en roue libre. Un spectre continue à hanter l’Europe et ce n’est – malheureusement – pas celui qu’on croit. Comparaison historique pour comparaison historique, on en viendrait presque à préférer, à celle, maintes fois rabâchée, de la crise de 1929, le souvenir de l’Europe de l’Est de 1988 : une nomenklatura entièrement coupée du monde vécu de ceux qu’elle a vocation (ou profession) à gouverner, répète sans conviction un dogme fossilisé, dans lequel elle ne croit pas plus que ceux qui sont tenus de l’écouter. Cette forme de repli, de surdité et de coupure condamne, à échéance plus ou moins brève, l’architecture européenne, ses élites et son idéologie à un effondrement qui, pour être difficilement pensable aujourd’hui, apparaîtra sans doute avec la force de l’évidence, ex post.


Au moins autant que de dénoncer les calomnies colportées par les médias au sujet de la mobilisation sociale, il importe de se demander pourquoi ils se focalisent sur les points aveugles des discours syndicaux, qui partagent peut-être l’absence d’agenda et la stratégie floue, mais un peu moins les responsabilités et le pouvoir de décision. Mais, de l’autre côté, il est temps de prendre la mesure complète de la crise qui nous impose de sortir des cadres de pensée antérieurs. L’articulation entre termes court et long, sauvetage environnemental et relance économique, protection sociale nationale et justice globale impose en effet une refonte radicale des modes de pensée, d’action et de contestation, que la mobilisation actuelle peine encore à offrir.


politique.eu.org

l' Espagne en route vers faillite s'attire les foudres de l' Europe

Récession , déficit qui explose, toutes les réformes et les coupes budgétaires à répétitions ne sortent pas l' Espagne de la crise ; au sein de la zone euro on commence vraiment à envisager le pire.


Cent jours après son investiture en tant que président du gouvernement, Mariano Rajoy peut se targuer de trois grandes réformes économiques : le travail, la finance et la stabilité budgétaire.


Elles vont toutes dans le même sens : satisfaire les exigences de Bruxelles et rassurer les marchés. On peut penser ce qu’on voudra de cette politique, mais on ne peut pas accuser d’inaction le gouvernement PP , Parti populaire, conservateur.


Toutefois, jusqu’à présent, les résultats obtenus ne sont pas ceux escomptés. L’UE reste sceptique et l’Espagne coiffe l’Italie au poteau : elle devient la lanterne rouge des investisseurs de la zone euro, sa prime de risque atteignant des sommets.


En outre, au cours des derniers jours, l’économie espagnole a été très vivement critiquée par les principaux titres de la presse économique mondiale, par plusieurs rapports de banques d’affaires, et, comble du paradoxe, par le Premier ministre italien, Mario Monti.


“L’Espagne donne à toute l’Europe des sujets de grande préoccupation”, a-t-il déclaré. En montrant l’Espagne du doigt, Monti cherchait sans doute à éviter que les marchés ne s’intéressent de trop près aux difficultés de l’Italie et à la fragilité politique de ses réformes. Ce type de politique du chacun pour soi et qui consiste à nuire à son voisin n’était pas rare pendant la Grande Dépression.


Une gestion de la méfiance
Les critiques unanimes sur la politique économique espagnole sont de trois ordres : la crainte que les plafonds de déficits ne soient pas respectés cette année, dans la mesure où le retard pris dans l’adoption du budget va obliger à concentrer sur 8 mois les efforts de réductions des coûts et la hausse des impôts; le fait que la réforme financière soit bien moins “extrêmement agressive” (selon les mots du Ministre des Finances Luis de Guindos) que la réforme du marché du travail et qu’elle avance au ralenti, car la morosité gagne du terrain et le crédit se resserre ; l’absence, enfin, de mesures de relance de la croissance.


Dans ce contexte inquiétant, le budget 2012 va être présenté vendredi 30 mars. Nul doute que ce budget va acheminer l’Espagne vers une sorte d’économie de guerre, toutes proportions gardées.


Le gouvernement va être confronté à deux exigences légitimes et contradictoires : les attentes des citoyens (s’attaquer avant tout au chômage, supérieur à celui de tous les autres pays de l’OCDE, et préserver la protection sociale) et les pressions extérieures (avec pour priorité la réduction du déficit public).


Cette contradiction, toujours plus présente, a poussé Ivan Krastev, fondateur du Conseil européen des affaires étrangères (ECFR), à définir un dilemme croissant : “nous assistons à un effondrement de la confiance dans les élites politiques et économiques. (…) Les élections perdent leur signification de choix entre plusieurs options. Ainsi, la démocratie n’est plus fondée sur la confiance, elle se réduit plutôt à une gestion de la méfiance”.


Besoin d'un compromis 
Certains analystes commencent à penser qu’on va peut-être vers une sortie de crise différente de ce qui fut la sortie de la Grande Dépression. Restant à la merci de nouveaux soubresauts (hausse du pétrole ou des matières premières, crise dans les pays émergents), le monde pourrait cependant se remettre peu à peu de ses problèmes, tandis que l’économie de certains pays, notamment l’Espagne, resterait bloquée dans une sorte de “L” dont la barre horizontale continuerait à s’allonger assez longtemps, nous vouant sur le long terme à une stagnation.


Pour éviter cela, il faudrait un consensus sur le diagnostic et un accord entre les principales forces politiques, économiques et sociales. Le marasme est tel qu’il ne suffit probablement pas de disposer d’une majorité aussi large que celle de l’actuel gouvernement.


Ce dont notre pays a besoin, c’est d’un compromis historique entre des forces diverses qui représentent la majorité des citoyens, sans soumettre son contenu à une idéologie et en faisant des concessions mutuelles. Il faut œuvrer au bien-être de la population par un pacte transversal qui tienne compte des différentes collectivités et prévoie non seulement des mesures d’assainissement et des réformes structurelles, mais aussi  des politiques de croissance.


elpais.com

Chine : des condamnés à mort recyclés en produits de beauté ?

Une entreprise de produits cosmétiques en Chine a décidé de se servir de la peau des condamnés à mort afin d'élaborer une gamme de produits de beauté des tinés au marché européen." 


Une enquête ahurissante sur le marché des cosmétiques, met le projecteur sur des méthodes qualifiées de "traditionnelles" par des employés de la compagnie chinoise interrogés. Il s'agit de récupérer du collagène, une protéine fibreuse que l'on trouve en abondance dans la peau, les os et les tendons, couramment utilisée en chirurgie esthétique pour gonfler les lèvres et réduire les rides. Toujours de même source, le journal note qu'en Chine, il est d'usage de récolter "la peau des condamnés exécutés et les fœtus avortés, rachetés par des sociétés de 'biotechnologie' situées dans la province septentrionnale de Heilongjiang". Les produits sont exportés vers l'Europe via Hong Kong.


En Europe, le marché de l'industrie cosmétique et de la chirurgie plastique, toutes deux consommatrices de collagène, n'est pas ou peu réglementé. Le fait est que ces produits se trouvent dans une sorte de "zone grise" légale : ils ne sont soumis ni aux réglementations concernant les médicaments, ni à ceux concernant les produits de beauté, c'est-à-dire uniquement des substances appliquées à la surface de la peau et non en injections.


Au Royaume-Uni, les autorités sont préoccupées par les questions éthiques comme par les risques d'infection et de transmission de virus. Une enquête commandée par le ministère de la Santé britannique a souligné le besoin d'instaurer de nouvelles réglementations. "Mais le ministère de la Santé veut néanmoins s'en remettre à la Commission européenne, et cela pourrait prendre plusieurs années avant qu'une législation entre en vigueur", note The Guardian.


Les autorités chinoises réfutent pour leur part qu'il soit possible de prélever la peau ou tout autre partie du corps de condamnés à mort sans que ceux-ci donnent leur consentement. Mais il y a de sérieux doutes, d'après The Guardian, qui rappelle les révélations faites en juin 2001 devant le Congrès américain par un ancien médecin militaire chinois, Wang Guoqi. Ce dernier a assuré "avoir participé aux prélèvements d'organes de plus de 100 prisonniers exécutés. Les chirurgiens disséquaient les corps dans des camions garés sur les lieux d'exécution." Wang a avoué avoir procédé au prélèvement de la peau d'un condamné exécuté mais dont le cœur battait encore...


guardian.co.uk

Violences et grève générale en Espagne

Près de dix bléssés dont la moitié de policiers en Espagne . 58 manifestants ont été arrétés lors de la grève générale en Espagne contre la réforme du travail et la politique d'austérité du gouvernement de Mariano Rajoy. Les groupes de manifestants ont bloqué depuis le matin les sorties des entreprises de transports et les entrées dans les centres commerciaux. Ils comptent ainsi empêcher le passage des employés qui avaient refusé de participer à la grève.


C'est l'incident le plus grave depuis le début de la grève en Cantabrie. Un hotellier de Torrelavega a attaqué à coup de couteau une femme gréviste qui était posté devant son etablissement. Le propriétaire l'a poignardée alors qu'elle tentait de placarder des affiches sur la vitrine d'un hotel restaurant.


L'auteur présumé, Lucio Ortiz, propriétaire de l'Hôtel-Restaurant Monte Dobra, a été arrêté par la police.


L'Espagne va vivre au ralenti jeudi lors d'une grève générale   contre la réforme du travail et la politique d'austérité du gouvernement de droite.


Ce dernier présente vendredi un budget 2012 marqué par de nouvelles coupes, sous l'oeil inquiet de Bruxelles.


Dès minuit, des piquets de grève devaient se mettre en place partout dans le pays, à l'appel des grands syndicats, Comisiones Obreras (CCOO) et UGT.


Toute la journée, les transports fonctionneront en service minimum, tandis que les Espagnols sont appelés à manifester dans une centaine de villes.


Cette grève générale est la sixième depuis le rétablissement des libertés syndicales en 1977. La précédente remonte au 29 septembre 2010, sous le gouvernement socialiste.


"C'est la juste réponse à une réforme brutale de notre marché du travail", a expliqué Ignacio Fernandez Toxo, secrétaire général de CCOO.


Chômage record


Les syndicats dénoncent cette réforme destinée à combattre un chômage record, représentant 22,85% des actifs. Pour eux, son seul effet sera d'aggraver le fléau, alors que le gouvernement lui-même prévoit la destruction de 630'000 emplois en 2012 et un chômage à 24,3% en fin d'année.


L'impact de la grève pourrait cependant être limité par l'accord de service minimum conclu entre les syndicats et les pouvoirs publics, sans compter le souci de nombreux Espagnols de ne pas perdre une journée de salaire dans un contexte de rigueur.


A Madrid, 30% des métros et des bus devraient circuler en moyenne. Les services de santé fonctionneront comme un jour férié. Ecoles et garderies seront ouvertes pour accueillir les enfants.


Dans le reste du pays, 30% des trains régionaux circuleront de même que 20% des trains nationaux. Les compagnies Iberia, Air Nostrum et Vueling ont annulé en moyenne 60% de leurs vols.


Un chemin difficile


Cent jours après l'arrivée au pouvoir du gouvernement de Mariano Rajoy, les nuages s'amoncellent sur l'Espagne, qui fait désormais figure d'élève turbulent de la zone euro: retour à la récession, exaspération sociale grandissante, dérapage budgétaire à hauts risques, chômage galopant.


La santé financière du pays sera d'ailleurs à l'ordre du jour de la réunion vendredi à Copenhague des ministres des Finances de la zone euro, au moment même où, à Madrid, le Conseil des ministres étudiera le budget 2012.


Le gouvernement, qui tente de réduire à 5,3% du PIB en fin d'année le déficit public, après 8,51% en 2011, a déjà dévoilé des coupes budgétaires de 8,9 milliards d'euros et des hausses d'impôts pour 6,3 milliards.


Mais le chemin est encore long: différents économistes évaluent autour de 50 milliards d'euros le montant des coupes et/ou rentrées nécessaires sur l'année pour atteindre l'objectif, en tenant compte de la récession qui devrait réduire le PIB de 1,7% en 2012.


eldiariomontanes.es

La descente aux enfers de la Grèce et de son économie

La Grèce plonge dans la recession , chaque année est pire que la précédente. Un nouveau recul du PIB est attendu en 2012 , les économistes tablent sur -7%, peut-être même pire. Les causes d’un pareil décrochage sont multiples, et leurs conséquences funestes se télescopent pour provoquer en Grèce la pire crise économique depuis l' occupation allemande.


Il y a tout d’abord l’effet des mesures dites d’austérité qui en réalité étranglent l’économie et provoquent l’effondrement de la demande interne. L’investissement en Grèce est au point mort et la fuite des capitaux hors du pays atteint des proportions astronomiques. Il y a ensuite le fait qu’une partie des entreprises, en particulier dans le secteur des services, est en train de basculer dans ce que l’on appelle « l’économie grise ». Ces deux phénomènes se conjuguent pour provoquer une chute des recettes fiscales qui sera supérieure à la chute du PIB. On a vu ce phénomène à l’œuvre en Russie dans les années 1993-1998. Il en résulte que le déficit budgétaire va rester important mais cette fois non pas par excès des dépenses mais par effondrement des recettes. Le gouvernement Grec va se retrouver avec les mêmes problèmes de financement qu’en 2011 très rapidement, sans doute dès l’été 2012.


Le poids de la dette en proportion du PIB va donc à nouveau augmenter à la fois à cause de la hausse du numérateur (le déficit public entraînant une hausse en volume de la dette) mais aussi à cause d’une baisse du dénominateur (le PIB). On peut ainsi s’attendre à ce que le ratio dette/PIB soit en fait compris entre 125% et 130% à la fin de 2012, et qu’il continue de monter rapidement en 2013 et 2014. En réalité, la Grèce n’a obtenu qu’un répit de quelques mois par l’échange des dettes détenues par le secteur privé.
La question de la contagion aux autres pays en difficulté de la zone Euro, le Portugal et l’Espagne en premier lieu, mais ensuite l’Italie, se pose.


La situation économique se détériore rapidement dans la péninsule Ibérique. L’économie espagnole continue de se contracter et le nombre des chômeurs s’y accroît de près de 100 000 par mois. Les évaluations les plus optimistes tablent sur une chute du PIB de -3,5% en 2012. Dans ces conditions, le gouvernement du conservateur Rajoy aura bien du mal à limiter le déficit du budget à -5,8% du PIB, soit très sérieusement au-dessus de ce à quoi l’Espagne s’est engagée devant les autorités de la zone Euro. La question de la consolidation des arriérés de paiement qui ont été faits par les gouvernements régionaux se pose aussi, et pourrait provoquer une forte augmentation du déficit budgétaire, sans doute à hauteur de 15% du PIB. La situation au Portugal n’est guère plus brillante, et l’on s’attend à la poursuite d’une dépression importante. Quant à l’Italie, si la dépression y est plus limitée, le phénomène semble s’accélérer depuis le début de 2012.


Pour faire face à ces différents problèmes, la Banque Centrale Européenne a décidé de procéder à une nouvelle injection de liquidités à très bas coût (1%) au début du mois de mars. Une somme de 500 milliards vient s’ajouter aux 489 milliards qu’elle avait déjà injectés dans l’économie à la fin du mois de décembre. Si ces liquidités viennent aider les banques privées, et vont leur permettre de surmonter la crise latente qu’elles connaissent depuis septembre 2011, elles n’aideront ni les États ni l’économie réelle. Les banques n’ont rien eu de plus pressé que de faire sortir cet argent hors de la zone euro pour l’investir soit aux Etats-Unis soit dans les pays émergents, au risque d’ailleurs de provoquer dans ces pays des « bulles » d’actifs, que ce soit sur les actifs financiers ou immobiliers.


Nous sommes donc confrontés à une politique faite d’expédients d’une durée de vie plus ou moins courte. Le réveil sera brutal.


rian.ru